Carnet de bord 2004
TROISIEME PARTIE : La Turquie Sud Est
Remarque préalable : Nous sommes désolés auprès des amis turcs qui nous pourraient nous lire mais l’orthographe de leurs noms est rarement respectée. En effet, certaines de leurs lettres n’existent pas sur nos claviers (par exemple, le ‘i’ sans point, le ‘s’ cédille, le ‘g’ accent circonflexe inversé…) merci de leur compréhension !
Du 28 juin au 3 juillet GOLFE d’HISARONU
« Un décor de cinéma ! »
Six jours dans ce magnifique golfe au nom presque oriental, et toujours ce même éblouissement devant une telle beauté naturelle, judicieusement préservée par le Ministère de l’Environnement turc qui a su classer cette merveille de la nature en zone protégée, limitant ainsi les abus des promoteurs (ils n’ont pas dû se faire beaucoup d’amis parmi eux…).
Une côte nord pratiquement déserte dont les mouillages sont infiniment variés et souvent grandioses. Toujours le même bonheur d’ancrer Logos dans Tavsan avec ses montagnes rougeâtres dignes de Monument Valley, ou dans Kuyulu dont les pins se mirent dans l’eau. Une grande solitude, ces lieux magiques étant réservés aux seuls plaisanciers ou pêcheurs. Une eau maintenant à une température raisonnable : 24°/25°, et des oursins - en fait ceux que nous avions judicieusement laissés l’an passé… (Heureusement que nous n’avons apparemment pas de concurrents car les colonies seraient vite décimées…) Et des moments où l’on se contente d’ouvrir tout grands les yeux : spectacle des gülets (goélette en turc) ayant hissé leurs voiles pour faire rêver et redonner vie à ces grands bateaux dignes des gravures et tableaux du 18e siècle, va et vient des petites barques de pêcheurs posant leurs filets à la tombée de la nuit et lente remontée de ces derniers avec des gestes pleins d’élégance sous l’éclairage féerique de la lune.
Une visite plus rapide de la côte sud, trop « habitée » (une cinquantaine de maisons...!) avec un crochet par Marti Marina à l’entrée de Keçi Buku, une marina qui nous avait été recommandée. Un site assez exceptionnel certes, mais des infrastructures qui nous semblent moins importantes qu’à Yacht Marine, un prix plus élevé et un plus grand éloignement d’une ville ou d’un aéroport. La vaste baie bordée par une route nous parait « trop civilisée », de même que celle de Selimiye.
Aussi, après avoir de nouveau emprunté ce magnifique chenal entre îlots et côte rocheuse très escarpée tout en surveillant malgré tout notre sondeur, c’est à Dirsek, vaste baie à l’entrée sud du golfe que nous terminerons notre séjour dans ce site remarquable. Cette année, la baie est pratiquement déserte. L’eau transparente et les pentes rocheuses recouvertes de maquis n’en sont que plus belles (à croire que ce sont les « autres » qui gâchent un paysage… !).
Encore un coup de vent annoncé (il paraîtrait que cette année les records de durée et de force de vent sont battus). Il est donc plus sage de ne pas trop nous attarder et de contourner rapidement les deux caps d’entrée, à la réputation alarmante.
4 juillet 2004 et 5 juillet 2004 de DIRSEK à SERÇE LIMANI
« Un crayon pour des profs »
Sans nous attarder, c’est au moteur que nous contournons les caps gardant l’entrée du Golfe de Datça et remontons la côte nord en direction de Marmaris jusqu’à Serçe Limani, première étape de notre périple de 2 mois. Touchés par la gentillesse gratuite de l’accueil d’Hasan, nous nous étions promis d’y faire étape au retour. Deux mois après, jour pour jour, nous voici amarrés à la première bouée de «Captain Nemo », tout au fond de l’étroite crique, parmi les barques des pêcheurs où femmes et hommes s’affairent à préparer les filets.
Hasan est toujours là, efficace dans l’accueil des voiliers et tellement heureux de satisfaire chacun avant de jouer l’hôte parfait, le soir, dans le restaurant familial, aidé par ses frères tandis que mère et sœurs s’activent à la cuisine pour préparer légumes du jardin, poissons pêchés par l’oncle, chevreaux du troupeau, le tout dans une ambiance bon enfant. Nous assisterons même à la finale de la Coupe d’Europe de Foot avec d’autres voileux et la famille. Devinez qui turcs et nous-mêmes supportions… ! Dommage que cette belle équipe ait été grecque !!!
Pour compléter ce tableau quasi idyllique, une très belle côte rocheuse avec de bons gros oursins que nous n’osions espérer, et, excessivement rare puisque même Pierre n’en avait jusqu’à ce jour vus qu’en photographie, deux oursins « crayons », une espèce peu courante en Méditerranée. Tableau de pêche enrichi par la découverte d’une belle éponge presque prête à l’emploi, ainsi que de très nombreux morceaux de poteries que nous nous sommes contentés de regarder, et pour cause, la plupart étaient encastrés dans la roche !!! Assurément un très beau site à admirer au masque.
5 juillet 2004 de SERÇE LIMANI à MARMARIS « Yacht Marine »
« Une remontée foire du trône !!! »
Une petite pause révision à Yacht Marine s’impose avant de continuer notre croisière vers Gotçek, puis Antalya. Remontée pénible sur une mer très agitée, signe sans doute de mauvais temps au large, mais sans vent. Logos est donc ballotté, heureusement un peu stabilisé par la grand’voile et poussé par la houle arrière. Que dire du spectacle des nombreux bateaux d’excursion qui, ayant quitté Marmaris pour descendre le long de la côte, s’enfoncent à chaque vague, malmenant leurs passagers peu amarinés. Pas besoin d’aller au parc d’attractions !
23 longs milles avant d’entrer dans la baie de Marmaris et d’être appontés, enfin au calme, dans Yacht Marine. La marina est loin d’être vide, car de nombreux plaisanciers « retraités » ont, pour les mois de forte chaleur, regagné leur domicile et ne reviendront naviguer qu’en septembre et octobre. Un petit tour des pontons à la recherche de visages connus, Jean-Luc de « Lucky Jo » et Alain de « The Maid of Orlock » nous donnent des nouvelles des familiers.
6 au 11 juillet 2004 MARMARIS YACHT MARINE
« Deux ancres au look oreilles de Mickey »
Les quelques révisions sont vite entreprises par les employés de la marina, toujours aussi zélés et efficaces. Le nouveau promu, « Doktor mécanik», change quelques joints à Pépère Perkins ainsi que la pompe du moteur de Facétieuse. Nos deux ancres, la grande et la petite se font un peu relooker, style oreilles de Mickey, design de Pierre qui cherche à leur donner le maximum d’efficacité en toutes circonstances. Logos fait une petite toilette et s’orne de deux bobines de bouts à terre d’un beau bleu flashy. En fait, n’ayant jamais pris aucun poisson avec notre bobine de pêche, nous avons décidé de la rendre plus utile. Alain nous pardonnera ce détournement lorsqu’il verra les mouillages enchanteurs qu’elle nous permet de prendre. Pour nous, passagers, nous jouissons d’une paisible pause avant de repartir vers d’autres horizons.
La vie à Yacht Marine est toujours aussi agréable. Nous expérimentons même la « cantine » des employés où un repas complet vous est servi pour 4 millions… ce n’est pas tous les jours que l’on mange pour ce prix (2,5 Euros) !!!
La collecte de notre courrier à la poste de Marmaris nous permet de découvrir un marché très riche et de nous approvisionner de fraîcheurs directement aux étals des paysannes venues de la campagne environnante vendre leur production.
Et, ainsi, sans vraiment nous en être rendus compte, une semaine s’est écoulée en oubliant le vent qui souffle un peu fort au dessus de la baie.
12 juillet 2004 de MARMARIS à GÖCEK « Ragged Bay »
« Toujours se méfier des dires de certains navigateurs, fous furieux de la mer »
La météo est encore un peu incertaine, et quelques rafales de lever de soleil ralentissent notre ardeur, mais encouragés par « Carolina », notre voisin de ponton qui nous prévoit un gentil vent ¾ au portant … rien que du bon pour descendre sur Götçek … nous quittons notre appontement pour nous lancer sur la Grande Bleue. En fait de « tout bon », une mer très agitée avec des vagues de 1m50, 2 mètres, dont quelques déferlantes qui ne manquent pas de me faire prendre une douche. Que dire des allures ? Un départ grand largue, puis du prés, du vent, trop de vent et puis plus de vent du tout mais une mer très formée et, vers l’arrivée, du prés serré à 30 nœuds.
Pour résumer, une quarantaine de milles très peu confortables avant de contourner le dernier cap nous permettant de trouver un peu de calme dans le golfe de Fethiye. Avant de pénétrer dans le golfe de Götçek, derrière un îlot, une superbe petite crique, où seulement un bateau peut prendre place, est libre. Quelle aubaine ! aucune promiscuité possible. Ancres et bouts à terre sont vite expérimentés et nous permettent une douce nuit réparatrice.
13 juillet 2004 GÖTCEK « Ragged Bay »
« Désolés, nous étions les premiers »
À voir la mine dépitée des capitaines des voiliers et surtout des gülets qui se dirigent vers notre crique et la découvrent occupée, nous apprécions doublement la chance que nous avons eue de la trouver libre. Il s’agit vraiment d’un très beau mouillage. À terre, de vieux murs et des ruches abandonnées témoignent d’une vie passée.
Ce jour, seulement deux pêcheurs dans une petite barque viendront nous tenir compagnie. La côte rocheuse est très belle et offre de nombreuses petites grottes très colorées où de beaux poissons trouvent refuge. Nous rencontrerons même une farouche murène, à un mètre de la barque de pêche. Seuls les oursins sont pratiquement absents, dommage. Même une visite à l’îlot se révèle infructueuse, mais nous apprécions la promenade.
14 juillet 2004 GÖTCEK, de Ragged Bay à Sarsala
« Pas le moindre feu d’artifice !»
Seules les clochettes des chèvres tintent joyeusement dans la baie pour honorer notre fête nationale et nous permettent d’admirer l’autorité avec laquelle un superbe bouquetin aux longs poils blancs mène son groupe. Personne ne se permet d’avancer avant son signal…une belle leçon.
De crainte de nous installer, tant ce mouillage a de charme, nous décidons de faire un autre heureux qui pointe déjà la proue de son voilier à l’entrée et pénétrons dans le Golfe de Götçek.
Que les places sont chères. Pas question de Deep Bay, trop chargée, c’est dans la baie de Sarsala que nous ancrons Logos, au pied d’une magnifique falaise couverte de pins maritimes qui dévalent la pente et semblent plonger dans l’eau turquoise. Le mouillage est enchanteur, mais il nous faudra le partager avec de nombreux gülets et voiliers, une promiscuité à laquelle nous sommes peu habitués. La côte semble pauvre, mais cela n’empêche pas notre voisin, propriétaire d’une belle gület de Bozborun de poser un grand filet.
15 juillet 2004 GÖTCEK « Sarsala »
« Un nouveau filet tramail sur Logos »
Un léger bruit qui trouble à peine le grand calme du petit matin. C’est notre voisin qui relève son filet et nous offre ce spectacle dont on ne se lasse pas, la lente remontée du filet dans le bateau avec les poissons pris au piège. Est-ce le suspense, le grand calme du moment, la douceur des gestes ? Il y a réellement quelque chose de magique dans ce rituel. Depuis longtemps Pierre rêvait d’un « tramail », c'est-à-dire d’un filet formé de trois nappes de mailles de tailles différentes superposées. Ce matin, son rêve est exaucé puisque, une fois nettoyé, notre voisin nous cède ce filet pour un prix raisonnable, poissons en prime.
Le mouillage s’est peu à peu vidé, une barque nous a porté un beau pain traditionnel tout chaud. Certes il n’y a pas d’oursins, mais il nous semble difficile de nous plaindre.
16 et 17 juillet 2004 GÖTCEK « Deep Bay »
« Pas de place pour deux »
Quelle chance ! Une gület lève l’ancre juste au moment où nous longions la côte en reconnaissance, libérant une magnifique échancrure que nous annexons bien vite.
Deux bouts à terre en Y, la crique nous appartient.
Plus personne ne tentera de s’infiltrer. Un vrai grand hôtel avec piscine et plage privée. Les oursins sont au rendez-vous et 26 poissons viendront se prendre au piège de notre filet - encourageant pour une première, et un bon barbecue en perspective.
18 juillet 2004 de GÖTCEK à KALKAN
« Pas un mais sept… et sans vent ! »
Une quarantaine de milles au moteur par manque de vent (jamais contents ces voileux… !) et donc un passage très confortable de ces sept caps renommés pour être parfois surventés, avec tout le loisir d’admirer le très beau paysage. Quelques voiliers remontent vers Götçek… au moins quelques places libérées dans le port de Kalkan pour nous permettre de nous amarrer.
Etrange sentiment que de découvrir un port dont l’architecture des maisons n’est pas sans rappeler celle des maisons de Symi, élégantes maisons à fronton, style dit ici turco-italien. Le fin minaret d’une mosquée domine.
Rendez-vous est pris pour une journée plongée.
19 juillet 2004 KALKAN
« Deux vieux pots dans un champ d’amphores »
9 heures, nous voici à bord d’ « Osmanbey » pour une journée plongée. Beaucoup d’instructeurs, un matériel de qualité et peu de candidats. Nous allons être chouchoutés.
(NB: Sur la photo de gauche, c'est nous!!!)
Une première plongée sur un récif à l’extérieur de la baie de Kalkan, encadrés par Jane et Andrew, un couple anglais très sympathique qui vivent de leur passion tout en parcourant le monde. La mer est un peu houleuse en surface mais nous retrouvons bien vite le grand calme des profondeurs… soyons modestes, un peu plus de 25 mètres pour une longue promenade autour du récif. La traditionnelle dite « épave » est là. Cela fait toujours bien dans un programme de plongée, mais nous sommes loin du galion du 18e siècle qui fait rêver tous les plongeurs. C’est, en fait, une vague carcasse de bateau où se sont réfugiés de minuscules poissons scorpions… à ne fréquenter qu’avec précaution !!! Un mérou pointe son nez, une murène se love dans un creux de rocher, plus effrayée qu’effrayante, quelques bancs de poissons. Pas de barracudas ni de tortue aujourd’hui, dommage, ce sont les hasards des plongées (mais la photo, bien réelle, nous a été donnée par nos instructeurs). Seule la remontée dans le bateau me semblera plus périlleuse, les vagues venant s’éclater sur la plateforme et c’est avec soulagement que je me suis retrouvée soulevée par un turc (très fort !!!), bouteille et plombs compris puis déposée toute équipée sur la plateforme. Ouf !!!
Un repas frugal est servi dans une petite crique abritée de la baie. Quelques baptêmes de plongée en faible profondeur. Pour notre deuxième plongée, nous aurons le grand plaisir d’être autorisés à nous joindre à quelques plongeurs expérimentés, palanquée menée avec une grande maîtrise et beaucoup de sérénité par Robert, un autre anglais, pour la visite d’un site d’amphores voisin.
Quel émerveillement toutes ces amphores figées dans le rocher pour l’éternité. Le plus beau musée vivant qu’il est permis d’imaginer. Certaines amphores ont subi quelques dommages et leurs morceaux forment de très belles sculptures, d’autres sont pratiquement intactes et semblent simplement reposer sur le sol. Etrangement, peu de poissons y ont trouvé refuge, mais le spectacle est si beau. Pierre et moi-même ne nous lassons pas.
Nous finirons cette journée par une bière au café de la marina, et, avec beaucoup de gentillesse, Andrew et Robert, tous deux équipés d’appareils photos en boîtiers étanches, nous permettront de récupérer les images faites ce jour et les jours précédents. Magie de la technique.
20 juillet 2004 de KALKAN à KAS
« Une vraie réserve à poissons »
Une navigation style croisière turquoise entre des îlots jusqu’à l’entrée de la baie de Kas, fermée par l’île grecque de Castellorizo. En longeant une péninsule investie par quelques hôtels, tout à coup, un minuscule caillou nous tente pour une petite pause. La chaleur emmagasinée dans le port de Kalkan nous fait rêver d’une petite baignade avant d’amarrer à nouveau Logos à un quai - besoin d’un peu de fraîcheur, rêve d’oursins… Nous voici donc ancrés entre rivage et îlot dans un site qui offre, en faible profondeur, une côte rocheuse de toute beauté, investie par de nombreux poissons, en bancs ou solitaires comme ces longs poissons « aiguilles » …
C’est tellement beau et plein de vie que nous n’avons pas osé poser notre filet de peur de nuire à tant de richesse. S’agit-il d’une sorte de réserve, respectée par chacun pour préserver un site de baptêmes de plongées, plusieurs bateaux de plongeurs étant venus mouiller près de nous ? Il y a même un dauphin grandeur nature en marbre blanc au fond de l’eau, sans doute pour donner plus de rituel au baptême.
Cette pause se prolongera jusqu’au lendemain matin dans une grande et plaisante solitude.
21 juillet 2004 Port de KAS
« De beaux oiseaux dans le ciel »
En approche du port, nous remarquons de vastes ailes multicolores qui planent au dessus de la falaise dominant Kas. Spectacle magique qui se prolonge par l’atterrissage de ces grands oiseaux sur le quai où nous sommes amarrés. Et si nous cédions à la tentation ? Juste le temps de fermer Logos et nous voici tous deux embarqués dans le grand pick up 4x4 de Sky Sports pour l’ascension de la falaise. Au fur et à mesure de la montée, le paysage est époustouflant avec cette vue grandiose sur la vaste baie de Kas parsemée de nombreux îlots et fermée par l’île de Castellorizo. Au maquis succède un vaste plateau où, l’été, quelques paysans cultivent pois chiches, blé, oliviers et élèvent moutons et chèvres. Spectacle d’un autre temps, archaïsme qui peut surprendre le citadin, mais l’accueil réservé à nos jeunes instructeurs par ces paysans est très chaleureux. Nous serons mêmes invités à goûter du yoghourt en bouteille. Les pins ont remplacé le maquis.
Après une heure de montée, nous sommes à 1000 mètres au dessus du niveau de la mer, avec une vue si étendue que l’on se croirait sur le toit du monde. Tant de beauté nous ferait presque oublier le petit pincement d’angoisse que nous ressentons devant l’inconnu pour nous : une descente en paragliding (in French : parapente).
Aujourd’hui, nous nous contenterons du spectacle car Monsieur le Vent - que nous connaissons bien pour ses caprices - a eu la malicieuse idée de se lever et de souffler un peu trop fort, c'est-à-dire à plus de 50 Km/h. Compte tenu que le parapente se déplace à 40 Km/h, le vol est annulé ce jour et remis à demain matin 8 heures… quand Zéphir est sensé être encore au lit …
Redescente vers Kas en pick up à une vitesse telle que je me demandais parfois s’il n’eut pas été préférable de descendre en parapente - et encore, je ne savais pas que, le lendemain, j’allais voler avec celui que j’avais surnommé « Speedy Jamel ».
Nous avons maintenant tout le loisir d’admirer le joli petit port de Kas qui, dès le front de mer, sait se montrer accueillant avec toutes ces belles fresques peintes sur le mur surmontant l’enrochement. Face à nous, maisons et auberges aux balcons de bois sont nichées dans la verdure et les fleurs, au pied de cette majestueuse falaise où les lyciens ont trouvé moyen de creuser quatre tombeaux rupestres. Rien de clinquant, de tape à l’œil, une élégance qui révèle un certain art de vivre.
Notre promenade en « ville » nous permettra de découvrir trois majestueux sarcophages dispersés, un parc ombragé autour duquel se sont groupés marchands de souvenirs et restaurants. Et puis, en extérieur, à flanc de colline, dans les oliviers, un petit théâtre dont la scène est la mer. Un lieu de méditation au coucher du soleil.
Le port s’est animé. Promeneurs, marchands ambulants d’amandes présentées dans la glace, enfants proposant des böreks, déambulent en souriant.
22 juillet 2004 KAS
« Run ! Run ! run ! and fly … »
Surprise au réveil, un vaste podium est dressé non loin de Logos. J’avais bien entendu quelques bruits métalliques pendant la nuit mais qui ne pouvaient pas m’alarmer, appontés comme nous l’étions. La grande artillerie est là pour préparer le tournage d’une émission de télévision grand spectacle prévue le 23 juillet. Nous serons aux premières loges, mais gare aux watts.
Il est 8 heures, nous sommes prêts pour l’envol. Le soleil éclaire déjà le sommet de la falaise que nous allons regagner en compagnie de trois autres clients et des joyeux lurons qui seront nos pilotes : Murat, Sedar, Jamel.
L’aire d’envol est déjà investie par une société concurrente en attente de vent favorable… Ce matin il est « contraire », mais devrait s’inverser à 10 heures. Qu’importe cette attente devant un paysage dont on ne se lasse pas. 10 heures, effectivement, le vent tourne. Les premiers candidats à l’envol s’élancent sous nos yeux, combinaison de pilote, casque, siège de toile et derrière le pilote cet immense parachute rectangulaire soigneusement étalé au sol en attente d’une risée. Une consigne « Run ! Run ! Run ! » pour entraîner le parachute vers la pente au moment où il se gonfle. Plus facile à dire qu’à faire. Et puis notre tour arrive. Question indiscrète : « Combien pesez-vous ? ». Encore heureux que je ne sois pas américaine, comme la jeune fille qui nous accompagnait, il eut fallu plus que doubler le chiffre annoncé (leurs balances marquent les livres ….).
Pierre fera équipe avec Sédar, étudiant informaticien (j’imagine leur conversation en vol) et instructeur responsable et moi avec Jamel Fangio… Fichtre, s’il manie les « ficelles » du parapente avec autant d’ardeur que le champignon, sensations assurées. Pierre et Sédar s’envolent et planent déjà au-dessus de moi. Que c’est beau !!! Puis c’est mon tour avec Jamel. Le reportage est assuré par mon photographe attitré. « Run ! Run ! Run ! » Et hop, on vole. Le parapente s’élève doucement au gré des courants. Un long survol de la falaise, une belle promenade au-dessus de la baie, puis une lente descente vers la piste d’atterrissage. Trois quarts d’heure dans les airs à planer non loin de Pierre… Top !! Nous pouvons même communiquer par talkie walkie. Un grand moment vécu, de belles sensations, une expérience à conseiller.
Certes, nous avons maintenant les pieds sur terre, mais nous mettrons en fait longtemps à atterrir dans notre tête et c’est sans nous lasser que nous avons regardé les belles photographies faites par Pierre et la copie de la vidéo promotion sur cédérom, aimablement offerte par Sky Sports. Un organisme que nous ne manquerons pas de recommander pour leur dynamisme, leur compétence et leur gentillesse.
Le port de Kas fait le plein ce soir, deux gülets remplis d’étudiants encadrent Logos, l’ambiance est joyeuse pour cette fin de croisière.
23 juillet 2004 KAS
« Castellorizo, île morte »
Etrangeté politique, cette petite île grecque située seulement à 0,6 milles du port ferme la baie de Kas. Et si nous en profitions pour renouveler notre permis de séjour, 90 jours pour des individus, c’est vite venu et tout dépassement coûte très cher. Pas la peine d’entraîner Logos chez les grecs, lui, il a une permission d’une année.
Nous voici donc partis sur l’un de ces petits bateaux qui font la navette entre Castellorizo et Kas. En fait, les turcs amènent à Castellorizo des résidents étrangers pour effectuer une sortie de territoire puis une entrée avec nouveau tampon sur le passeport tandis que les grecs eux, sont autorisés à venir deux fois par semaine en Turquie pour faire leur approvisionnement hebdomadaire au marché de Kas - tolérance intelligente des turcs qui préservent un climat serein et font rentrer les sous dans les poches de leurs commerçants… !!!
Une vaste rade nous attend sur Castellorizo, bordée de maisons colorées, rappelant Symi (toujours ce style italiano-grec), une bien belle rade qui a abrité, au XIX siècle, un important port de commerce servant d’escale et d’abri aux grands voiliers revenant d’Orient avec leurs précieuses cargaisons. Elle pourrait accueillir de nombreux voiliers mais, surprenant, le port de Mandraki est vide de toute vie par bêtise bureaucratique, les tracasseries administratives grecques ayant fait fuir tous les bateaux. Les restaurants espèrent une clientèle mais savent qu’il est inutile de mettre leurs chaises en place. Faute de revenus, les habitants aussi ont quitté leur île et ceux qui sont encore là reçoivent des subventions de l’état grec pour les encourager à rester. Il faut dire qu’un ancien traité greco-turc stipule que le jour où Castellorizo aura moins de 200 habitants, celle île redeviendra turque… Pensez s’ils les chouchoutent… mais ne leur donne aucun dynamisme. Résultat, un port mort, dont seule la façade fait illusion, les ruelles arrière n’étant que ruine et misère.
Nous osons imaginer ce qu’en ferait rapidement les turcs en peu de temps, redonnant vie à cette belle petite île qui après tremblement de terre, puis bombardement, se meurt de la bêtise humaine.
Ne nous plaignons pas trop, au retour, un nouveau permis nous permettra de séjourner tranquillement en Turquie jusqu’à notre envol pour la France.
Nous sommes aux premières loges pour le spectacle de ce soir, une émission de variétés, style conte de fée en l’honneur d’un jeune couple de Kas très pauvre, dont le mariage, l’installation dans une maison, le nantissement ont été totalement pris en charge par la communauté de Kas et les sponsors de l’audiovisuel. À en pleurer d’émotion dans les chaumières.
Pour nous une belle occasion d’écouter, en live, quelques chanteurs en renom turcs, et de vivre une soirée très sympathique parmi les autochtones.
24 juillet 2004 de KAS à KEKOVA
« 2 ans après, Logos retrouve Vingt ans »
Kas a retrouvé en une nuit son aspect habituel. À part quelques confettis argentés sur le sol, il ne reste rien de cette imposante machinerie que nous avons vue s’animer hier soir.
Nous levons l’ancre avec les premières gülets pour rejoindre Monique et Pierre de « Vingt ans » qui nous attendent à Kekova.
Pas de vent, tout au moteur, mais un trajet enchanteur entre les îles qui bordent la côte. Deux heures et demi plus tard nous pénétrons dans la vaste rade presque fermée par l’île de Kekova et nous dirigeons vers la crique « Tersane » où Pierre V. veille à la proue de « Vingt ans ». Les places sont chères dans cette crique très étroite investie par les promène-couillons (et là, l’appellation est vraiment justifiée… une bande de demeurés concernés, ni par les fonds marins, ni par les ruines byzantines du rivage. À fond le crin crin et je te balance du popotin sur le pont supérieur du bateau. Pas la peine de venir encombrer un site aussi beau !!!
Nous jetons donc l’ancre à l’extérieur de la crique, c’est plus sûr, et nous réjouissons de retrouver Monique et Pierre à bord de « 20 ans » devant un bon repas. Depuis 2002 les routes de nos deux voiliers ont divergé, alors que nous sommes les deux seuls bateaux à avoir fait exactement le même trajet… mais à des moments différents.
Quelques beaux oursins nous attendent le long de la côte rocheuse. Un lieu engageant pour la pose du filet à la tombée du jour.
25 juillet 2004 KEKOVA « Pölemos »
«Aperlaï, cité portuaire lycienne »
Le teuf ! teuf ! d’une barque de pêche nous alerte. Et s’ils relevaient notre filet ??? Soulagement en voyant la barque s’éloigner.
7h30, moment magique dans le grand calme du matin, le filet est lentement remonté : 5 petites seiches et une vingtaine de poissons. Une bonne pêche qui fera un excellent complément d’apéro.
Pas question de subir une journée de plus l’agression de ces bruyants bateaux d’excursion. Nous levons rapidement l’ancre pour Pölemos, une vaste baie à l’ouest de Kekova. Le grand calme. Monique et Pierre nous entraînent dans une belle promenade à pied sur la côte jusqu’à une cité antique, en fait un ancien port lycien « Aperlaï », bâti autour d’une baie exposée séparée de Pölemos par un isthme. Une bonne demi-heure de marche entre cailloux, sable argileux rouge et maquis pour parvenir aux ruines du port englouti. Puis lente montée vers la forteresse qui domine, zigzaguant entre les oliviers et de nombreux sarcophages profanés pour en récupérer les trésors. Image digne de nos peintres et poètes romantiques.
Des remparts de la forteresse, une vue superbe (mais très méritée) nous est offerte.
Un agréable repas à la petite auberge de fond de baie… un poulet « bicyclette » (à grandes pattes pour mieux courir !!!) préparé au barbecue. Sympa.
26 juillet 2004 KEKOVA « Pölemos »
« Cool, cool »
Une journée farniente comme il en faut au moins une chaque semaine.
Logos et Vingt ans sont posés sur un vrai lac.
27 juillet 2004 KEKOVA-Wooden House Bay
« Encore un qui a le sens de la propriété »
Trois îlots nous ont fait un clin d’oeil lors de notre entrée dans Pölemos. L’un est annexé en permanence par un voilier qui semble protéger farouchement son paradis. Nous le soupçonnons même de passer une partie de ses vacances ici et de s’approvisionner en annexe… Le second îlot sera pour nous. De beaux rochers pour s’amarrer, une eau turquoise et la promesse d’une belle promenade en palmes autour de l’île. Promesse tenue. La présence de sources très proches rafraîchit même l’eau par endroits.
Un haut fond de sable proche me rappelle la baignoire de Joséphine en Martinique… mais Pierre ne m’y a pas offert le Ti-Punch… !!!
28 juillet 2004 KEKOVA « notre mouillage »
« Je suis certain que l’ancre a bien croché …. »
Un beau mouillage, non répertorié, nous invite à la pause, un peu profond peut-être, mais la chaîne de l’ancre a rencontré un beau rocher providentiel, coinçant ainsi fermement l’ancre. Du sûr, même si le vent qui semble avoir quelques velléités se renforce. Et effectivement après une magnifique promenade le long de la côte très accidentée et riche en couleurs, flore et faune, monsieur le vent s’énerve un peu … 20 nœuds, 30 nœuds, un vent de plus en plus chaud et sec… du sirocco. Le plan d’eau s’agite, les grandes gülets passent sans s’arrêter, toujours aussi majestueuses. Tout va bien, l’ancre a bien croché !!!
29 juillet 2004 KEKOVA « Kale Koy »
« Colchiques dans les prés »
Pour tenir, nous tenions bien, la chaîne s’étant bloquée autour de deux pointes du rocher. Intervention de mon plongeur à 14 mètres. Soulagement, nous n’allons pas finir nos jours attachés à ce rocher. D’abord cela s’est déjà fait…
Une tentative de mouillage à l’ancre à un îlot en face de Kale Koy, petit village construit sur un promontoire et surmonté d’un château fort et le choix judicieux du ponton flottant d’un des petits restaurants du village, chez « Likya » où nous sommes accueillis par Sidane (Colchique en français) et sa sœur. Nous sommes à pied d’œuvre pour visiter cette antique cité lycienne devenue maintenant un coquet village touristique égayé par de beaux bougainvilliers et les couleurs chaudes des tapis et draperies qui pendent le long des balustrades des terrasses de bois. Rien de tape à l’œil, une invitation discrète à faire honneur à l’artisanat local. Sidane nous guide gentiment, à travers les ruelles, nous signalant au passage son école, puis le bouleutérion salle de réunion de l’assemblée municipale et non odéon ou petit théâtre comme annoncé par certains guides, pour finir tout en haut devant le vaste panorama offert pat l’esplanade du château fort sur les baies et sur la nécropole hellénistique et romaine, dont les sarcophages reposent à l’ombre des oliviers et des caroubiers.
L’un d’entre eux semble avoir encore des rêves de croisière. Ne dit-on pas que les Lyciens étaient un peuple de la mer et que le nom de Lycie signifierait « pays des loups », sous entendu des loups de mer. Celui-ci a en effet préféré baigner dans une minuscule crique fermée par des rochers. Renommée assurée, c’est sûrement le sarcophage le plus photographié de toute la Lycie.
Le plan d’eau s’est agité et nous nous louons d’avoir apponté ainsi Logos devant la terrasse fleurie du restaurant. Plutôt sympa de dîner au restaurant avec son bateau sous les yeux… !!!
30 juillet 2004 KEKOVA « Uçagiz »
« Gülets en parade »
Extraordinaire spectacle que d’être parmi ces gülets qui, voulant satisfaire leurs clients… et se faire plaisir, ont paradé dans la rade de Kekova toutes voiles dehors.
Presque fermé, et gardé à l’entrée par l’îlot de Kale Koy, une sorte de vaste lagon verdâtre nous attend. Certes l’eau n’est pas très engageante pour la baignade, mais le village qui s’est niché sur une rive est suffisamment pittoresque pour mériter une visite. À part la batterie de restaurants avec pontons pour accueillir les bateaux de passage, et quelques marchands, tout semble comme figé dans le temps.
Un bon dîner chez Hasan, qui sait, par sa courtoisie et son dévouement, mériter la fidélité de ses clients…
31 juillet 2004 KEKOVA d’Uçagiz à Gökkaya Limani
« Monsieur le Maire, prenez en de la graine »
Nous avons la confirmation de la courtoisie d’Hasan, lorsque, alors que nous avions passé la nuit au mouillage dans la baie, Hasan nous fit porter, en hors bord un pain frais pour notre petit déjeuner… délicate attention.
L’avitaillement au village est succinct, mais nous ne mourrons pas de faim.
Un beau fjord nous attend non loin. Une promenade sinueuse entre les cailloux puis un vaste plan d’eau où chacun peut trouver son ancrage.
Nous opterons pour un imposant îlot, autrefois investi par une bruyante boite de nuit, fermée par les autorités turques… bien, très bien, un comportement à encourager partout !!! (Si le maire de St. Cyprien pouvait avoir les mêmes exigences !!!).
La côte vue à travers le masque est très belle, entaillée de profondes crevasses colorées où se réfugient les poissons et quelques oursins.
1er août 2004 KEKOVA « Gökkaya Limani »
« Un fjord d’eau chaude aux sources froides ! »
Logos est bien ancré, c’est donc en annexe que nous allons découvrir les méandres de ce fjord et faire notre provision d’oursins et de bigorneaux pour la journée. Pierre découvrira même deux belles huîtres… pas de jaloux. Une bien belle promenade en palmes autour d’un petit îlot. Surprenant tout de même cette couche d’eau froide qui flotte sur l’eau chaude. Des sources nous a-t-on affirmé.
Tout est bien calme autour de nous. Peut-être bénéficions nous d’une période de transition.
2 août 2004 en route pour la baie d’ANTALYA
« Nous l’appellerons la crique de l’épave »
Une belle échancrure très étroite bordée d’une dense forêt de pins nous invite à une étape ; certes un mouillage un peu « tendu », mais la beauté sauvage du site en vaut la peine, un site comme cela, il faut le mériter. C’était oublier la proximité d’Andraki, petit port d’où partent de nombreux bateaux d’excursion et pour lesquels cette crique est un lieu privilégié. Nous ne serons donc pas seuls, sauf la nuit. L’épave d’un grand bateau gît au fond de l’eau… voie d’eau, échouage volontaire… peu de touristes semblent concernés … serais-je un peu touriste parfois, préférant les jolis poissons colorés qui se cachent dans les rochers.
3 août 2004 FINIKE « Marina »
« Club Med 2… »
Au réveil, raid de trois puissants canots à moteur avec, à leur bord, de sages passagers qui semblent attendre les consignes de leur G.O… pas beaucoup d’initiative laissée à chacun… l’armée …
Hé bien oui, il s’agissait bien de passagers du « Club Med 2 » qui mouillait au large, dans la baie, autorisés à patauger ailleurs que dans la piscine du bord.
Une image un peu surprenante dans cet univers de « goélettes » d’un autre âge, que cet immense paquebot.
Il est temps de regagner Finike où nous voulons faire une petite pause et visiter quelques sites.
Une calme marina nous accueille, là aussi beaucoup de voiliers sont à « l’hivernage estival » leurs propriétaires ayant préféré fuir chaleur et fréquentation du mois d’août et ne reviendront qu’en septembre pour jouir d’une paisible arrière saison… heureux retraités…
Finike, vantée par quelques voyageurs rencontrés, nous apparaît comme une petite ville de province, un peu en retrait des circuits touristiques, ce qui en fait son attrait. Pas de hordes souvent braillardes, pas de commerces attrape-gogos… beaucoup d’authentique et un coût de la vie sûrement moindre que dans les opulentes stations balnéaires.
4 août 2004 FINIKE
« Un beau ventilateur pour Logos »
C’est sympa de pouvoir mettre les deux pieds à terre, mais les effets de la chaleur se font vite ressentir, surtout dans cette région, réputée pour être la plus chaude de toute la Turquie. Même la manche à air ne fait plus son effet. Et si nous achetions un ventilateur ? Recherche infructueuse, jusqu’au moment où un commerçant nous offre gratuitement son aide et un thé (c’est fou ce que Pierre peut maintenant boire de thé…). Voici donc Logos nanti d’un nouveau confort que nous ne manquerons pas d’apprécier.
Petit à petit, nous prenons nos marques dans Finike et commençons à apprécier cette agglomération, sans grand charme au premier coup d’œil, mais qui peu à peu se révèle. Un coquet parc promenade borde le bord de mer, planté de majestueux caoutchoucs, une petite rivière, enjambée par des ponts en bois, longe le vieux quartier. Ici, nulle presse, chacun semble prendre son temps avec bonhomie.
5 août 2004 FINIKE
« Noël Baba existe, nous l’avons rencontré à Myra »
Une Fiat Pallio, retenue pour deux jours au loueur de la Marina, va nous permettre de découvrir les environs de Finike et d’Antalya. Tout d’abord, une belle route de corniche en travaux d’élargissement, nous conduit vers une vaste lagune, reste du port antique ensablé de Myra (une des six grandes cités de la Confédération Lycienne au V siècle A.JC) puis dans une grande plaine où se dressent un grand nombre de serres où sont cultivées tomates et haricots. L’habitat composé essentiellement d’immeubles style H.L.M y manque un peu de charme.
Premier objectif de notre circuit : l’Eglise St Nicolas, ancienne basilique byzantine construite par Constantin en l’honneur de celui qui, par sa générosité et sa discrétion, allait devenir l’évêque de Myra, puis, générateur de belles légendes, avant d’être assimilé au Père Noël (« Noël Baba » en turc). En lisant son histoire, on comprend mieux la tradition anglo-saxonne des chaussettes devant la cheminée.
Nous honorerons St Nicolas puisqu’il est aussi le Saint Patron des marins.
Les ruines de cette basilique toute en rondeur, succession de chapelles coiffées de dômes, offrant encore au regard quelques belles fresques, ne laissent pas indifférent… Si le Père Noël existait encore !
Et puis la route nous conduit au site antique de Myra dont le majestueux théâtre, reconstruit par les romains après un tremblement de terre se dresse encore, voisinant avec une falaise de tombeaux lyciens, un vrai H.L.M, en fait une riche nécropole. La trop forte chaleur et le programme de visites chargé ne nous permettrons pas de grimper jusqu’aux ruines de l’acropole… ouf ! Gardons un peu d’énergie pour les autres sites dans la montagne voisine.
La route s’élève doucement, offrant des paysages différents : tout d’abord une vaste zone maraîchère où abondent les serres, de nombreuses plantations d’agrumes, et puis le paysage prend des tons d’automne. Les champs de céréales ont été fauchés et le foin jaunit au soleil.
Un premier site lycien, « Limyra », où tout au moins ce qui en reste après un tremblement de terre et des arabes. Quelques ruines dispersées le long de la route, un petit théâtre, une nécropole où trône fièrement un énorme sarcophage, dit être celui du frère de Périclès et surtout, en contrebas de la route, une vaste fontaine recueillant une source où viennent se désaltérer et se reposer les villageois voisins, scène bucolique, image du jardin d’Arcadie près d’une petite mosquée où reposent deux derviches tourneurs. Bien sûr, en ce lieu, loin de tout circuit de grand tourisme, nous générerons curiosité et sympathie.
Puis la route s’élève vers un second site, plus connu que le premier, mais pratiquement aussi désert, aucun autocar ne pouvant emprunter la piste qui nous y mène à flanc de montagne. Il s’agit d’ « Arycanda », surnommée « la Delphes lycienne » pour son emplacement sur un piton rocheux dominant la vallée, appellation peut-être un peu outrée car il est difficile d’égaler la beauté du panorama offert par Delphes. Une équipe d’archéologues met à jour un groupe de maisons, dégageant soigneusement chaque pan de mur découvert.
Dire qu’une majorité des sites turcs commencent seulement à être fouillés. Que de richesses doivent encore contenir leur sous-sol !!! Basilique byzantine, thermes, théâtre, stade, nous invitent à escalader le piton rocheux malgré la forte chaleur.
Nous reprenons notre ascension. La route est superbe, bien tracée, maintenant bordée de vignes hautes (ici on ne taille pas la vigne, les feuilles protégent les grappes. À l’inverse de Santorin où la vigne maintenue au niveau du sol peut ainsi bénéficier de l’humidité du sol, ici les pieds sont élevés, montés sur des piquets). Aux pins, succède un haut plateau, où nous croisons beaucoup de paysans afférés à rentrer la paille. Nous sommes à 1200 mètres d’altitude, dans une vaste zone agricole.
Près d’une source abondante, une sorte de torrent jaillissant de la montagne, quelques producteurs de fruits et légumes se sont installés. Bien sûr nous ne nous contenterons pas de remplir notre gourde, mais céderons aussi à la tentation d’abricots et de belles figues gorgées de sucre.
Un gros bourg pour drainer toute la production de ce plateau : Elmali. Peu de charme, à part quelques vieilles maisons ottomanes (c’est-à-dire avec balcon de bois), mais une intense activité, liée à la campagne environnante.
Et puis, à environ 35 kilomètres d’Antalya, l’entrée dans un vaste parc naturel, en pleine montagne de la chaîne du Taurus. C’est en créant de nombreuses zones protégées que les turcs s’efforcent de préserver leur environnement. Quelques kilomètres dans une épaisse forêt où serpente une rivière et nous voici devant le site de Termessos, un site à vous couper le souffle, colossal, titanesque, digne du Machu Picchu. Qui a pu avoir l’idée folle de construire une telle cité sur les parois de cet abrupt canyon, à flanc de falaise ? En tout cas, cité imprenable puisque même Alexandre le Grand a dû en abandonner le siège, brûlant de dépit les cultures servant à approvisionner ses citoyens.
Un site totalement inconnu jusqu’au 19e siècle et que nous avons encore l’impression de découvrir aujourd’hui, tant la nature s’est étroitement unie aux vieilles pierres. Il faut savoir grimper, ouvrir l’œil, décrypter. Deux heures de réel plaisir à repérer sous les arbres, les hautes herbes, les ronces, ces énormes blocs dignes de Mycènes. Ici un temple, là les bains, une porte monumentale, un gymnase, des citernes reliées entre elles, une gigantesque nécropole mêlant tombeaux rupestres et énormes sarcophages. Tout dans la démesure la plus totale.
C’est un peu avec l’impression d’avoir rêvé que nous avons repris notre voiture juste avant la fermeture du site. Vraiment une visite à recommander.
L’heure tardive nous incite à, raisonnablement, prendre le chemin du retour par la route côtière, épreuve assez difficile étant donné la fréquentation de la route, son dessin (de nombreux virages) et son état (travaux d’élargissement très importants).
6 août 2004 en route pour ANTALYA
« Des ghettos pour touristes »
Un premier site invite le touriste. Tout d’abord Olympos, situé en bordure de mer. Une route verdoyante y mène, étrangement annexée par une sorte de village « Robinson Crusoé » pour touristes. Tout un ensemble de cabanes construites dans les arbres, qui seraient bien amusantes avec des enfants si elles n’avaient pas été prisées par une faune un peu baba-cool.
Résultat, une ambiance vacances un peu relâchée et un site antique prisé pour sa plage. Nous ferons donc demi-tour sans avoir vu Olympos.
Heureusement, Phasélis n’a pas subi le même sort et a su préserver le romantisme de ruines se dressant au bord de l’eau parmi les pins. Trois anciens ports, un gigantesque aqueduc, une voie encore bordée d’anciennes constructions.
C’est un monde totalement différent que nous découvrons avec Kemer, ville nouvelle, artificielle, créée de toute pièce pour satisfaire des touristes à la recherche de soleil et de plage. Même l’atmosphère de cette marina, dont nous avons entendu parler depuis notre entrée en Turquie, nous déçoit. Nous sommes loin de l’atmosphère conviviale de Yacht Marine. La lettre d’adieux d’Hasan, l’âme de cette marina est affichée (son charisme faisait parait-il de l’ombre à certains … pas très original).
Les travaux entrevus dans la nuit prennent, de jour, une toute autre réalité, nous imposant même un arrêt de deux heures (arrêt quotidien de 13h à 15h annoncé sur panneaux… Si nous avions su lire !!!) Par chance nous avons pu nous dégager pour manger en bordure de plage un pide (sorte de pizza turque) et prendre ainsi notre mal en patience.
Malgré les travaux, la route est magnifique, d’un coté les montagnes élevées du Taurus, de l’autre la mer.
Après Kemer, Beldibi, même combat, un ghetto pour touristes, de grands hôtels, des plages privées, la ville à la mer ! Nous sommes loin des petites criques que nous affectionnons.
Beldibi, faubourg d’Antalya. C'est donc sans transition que nous pénétrons dans cette grande ville, assez impersonnelle, aux larges avenues où enseignes de marques et de banque se côtoient. Même le bazar manque de charme. Seuls éléments pittoresques : un antique tramway, dont les flancs sont élégamment décorés des sites les plus importants de la Turquie et quelques anciennes demeures ottomanes dans la vieille ville.
Le musée archéologique situé à l’extérieur de la ville retient toute notre attention, tant par la présentation de ses collections (jeu de lumières éclairant les statues) que la qualité des pièces proposées. Les magnifiques statues du site de Pergé y ont trouvé abri, sans doute très dommage pour la beauté du site, mais tellement favorable à la préservation de ces statues.
Nous y découvrons que, même les chiens pouvaient être honorés puisque, parmi les magnifiques sarcophages sculptés, trône le sarcophage d’un chien chéri de sa maîtresse.
Notre retour à la marina de Finike sera plus terre à terre puisque nous achèverons ces deux jours de visite par l’achat de tennis confortables pour Pierre, indispensables pour la suite de notre programme : une semaine en Cappadoce. Achat bien sûr qui se termine par une tasse de thé pris sur le pas de la porte du commerçant !!!
7 août 2004 de FINIKE à GÖREME en car
« Deux touristes dans les Otogars »
Ce soir nous embarquerons à bord du car de nuit pour la Cappadoce. Nous avons donc toute une longue journée pour flâner dans Finike, jeter un dernier coup d’œil aux guides et préparer notre sac. Cette petite ville de bord de mer qui nous avait parue assez anonyme, se révèle de plus en plus vivante et attachante.
Samedi, jour du grand marché qui réunit tous les récoltants des environs et, dans une région aussi agricole, il y en a. De magnifiques fruits et légumes frais sont offerts au chaland, mais, à part de belles figues et des prunes pour le voyage, nous devrons nous contenter du plaisir des yeux.
Notre sac est vite rempli. Ne pas oublier une petite laine pour les soirées… difficile à imaginer avec la chaleur qui se fait sentir ici et nous fait chaque jour apprécier d’avantage notre ventilateur. Logos est confié aux bons soins du personnel de la Marina pour une semaine.
Nous voici partis pour la découverte de l’Anatolie. Un taxi pour aller à « l’Otogar », un minicar pour rejoindre Antalya…180 Kms pour 5 millions (3 euros…!) et nous voici assis dans un superbe Mercedes 2004, un car rutilant de la compagnie Kent, toujours aussi surprenants avec notre look de touristes dans cet univers d’autochtones. Mais comment voyagent donc nos compatriotes ? Et pourtant que ces voyages en car sont agréables. À bord vous êtes chouchouté comme un hôte de marque. On vous sert de l’eau fraîche, un thé, un café accompagnés d’un biscuit, tout en bénéficiant d’une pause dans un Otogar toutes les 3 heures, le tout pour un prix tout ce qu’il y a de plus sage : 35 millions pour rejoindre la Cappadoce, soit 21 euros pour à peu près 500 Kms… si les transports français pouvaient s’inspirer de tels tarifs !!!
Du 8 au 11 août 2004 CAPPADOCE
« Trois volcans paysagistes !!! »
Lorsque le car nous laisse encore tout endormis au carrefour de la route Göreme-Uchisar, puisque sur recommandation du Routard nous avons retenu une chambre dans une pension de ce village, nous ignorions encore que nous allons vivre 4 jours aussi intenses dans ce site exceptionnel qu’est la Cappadoce et nous sentir si vite chez nous :
- Chez nous, dans ce beau village plein de pittoresque, construit autour de ce piton rocheux où se dresse une vaste forteresse troglodytique entourée de cheminées de fées investies par quelques villageois irréductibles ;
- Chez nous à Anatolia Pension où Ahmet, le propriétaire a très vite su devenir le conseiller, puis l’ami ;
- Chez nous parmi tous ces gens qui oublient de vous traiter en simple touriste pour faire de vous un hôte privilégié.
Oui, quatre jours intenses en Cappadoce, à marcher des journées entières sous le chaud soleil à la découverte de ces vallées canyons que la nature a crées, puis sculptées avec diversité et féerie.
Grâce aux judicieux conseils d’Ahmet et à son dévouement, aucune vallée ou presque ne nous a échappé, chacune nous livrant avec profusion la diversité de ses formes, de ses couleurs, de ses trésors archéologiques :
• la vallée blanche bordée de cascades de tuf volcanique,
• la vallée de l’amour aux cheminées de fées aux formes évocatrices,
• la vallée rose dont les pics coiffés de blanc se dressent vers le ciel,
• la vallée rouge si belle à l’éclairage du couchant,
• la vallée des pigeons où l’homme a utilisé les trous offerts par les parois rocheuses pour y fixer les pigeons et ensuite recueillir leur précieuse fiente,
• Pasaba et ses gigantesques cheminées de fées,
• Zelve et son remarquable village troglodytique niché au fond d’un cirque paysagé d’oliviers et d’abricotiers, gardé par de hautes cheminées de fées et le site connu de tous celui de Göreme, dont les églises rupestres sont classées au Patrimoine de l’Humanité.
Il nous a fallu crapahuter, escalader, les yeux grand ouverts pour ne rien omettre, formes et couleurs des roches sculptés par l’érosion, présence presque invisible de l’homme qui a une époque où il importait de savoir se cacher pour échapper à l’ennemi, a su utiliser ce site hors du commun pour y établir églises et habitations troglodytiques.
Même la vallée d’Ilhara n’échappera pas à notre investigation. Eloignée du centre de la Cappadoce, elle semble ne plus appartenir à ce paysage presque lunaire et pourrait rappeler les hauts canyons de certaines de nos tumultueuses rivières. Une vallée encaissée, presque une gorge, dont les hautes orgues basaltiques encadrent une belle rivière : la Melendiz, qu’il nous faudra plusieurs fois traverser les pieds dans l’eau pour cause de sentier impraticable. De belles églises rupestres dont certaines fresques sont encore préservées et, à mi parcours, une bonne truite au barbecue, savourée les pieds dans l’eau - et pour cause - chaussures et chaussettes sont pleines de boue. Nous nous contenterons d’ailleurs d’un demi parcours et regagnerons la voiture louée en taxi collectif.
La Cappadoce, façonnée par 3 volcans, dont la situation centrale en faisait une voie de passage de commerce et de conquête, ce sont aussi ces villes souterraines où les habitants se réfugiaient pour échapper à l’ennemi, qu’il fut romain au temps des persécutions, ou arabe. Une véritable fourmilière à 20 mètres, 40 mètres, 80 sous terre, chaque ville étant reliée à l’autre par de longs tunnels. Nous choisirons la visite de la ville de Kaymakli, moins courue que Derinkuyu, avec un guide parlant français. S’égarer dans une verdoyante vallée à ciel ouvert, cela n’est pas sans charme, il suffit d’avoir de bonnes jambes pour s’en sortir, mais finir ses jours emmurés à 40 mètres sous terre, non merci. C’est donc derrière notre guide que nous sommes lentement descendus par d’étroits corridors, qui, à l’époque, pouvaient être fermés par de lourdes meules de pierre en cas de progression de l’ennemi. Quelle organisation presque parfaite des différentes pièces destinées à la vie des hommes, aux animaux, à la préservation des denrées et de l’eau, sans oublier l’énorme cheminée d’aération permettant de ventiler tout cet univers souterrain.
Et puis, le Must ! Pour couronner le tout, le survol en Montgolfière du site de Göreme. Réveil à 4h30! Muezzin et coqs rivalisent pour nous tirer du sommeil. Il faut savoir que les vols se font très tôt pour bénéficier du vent plus clément de la nuit et ne pas risquer les sautes d’humeur du vent de jour.
Donc à 5h30, nous voici tous sur le terrain d’envol. Les nacelles sont à terre, reliées à leur immense ballon qui commence à se gonfler. Impressionnant que de voir ces flammes puissantes pénétrer dans le ballon. La plus grosse montgolfière nous sera attribuée… 20 personnes dans la nacelle, un aérostier plein d’humour, Mike et une énorme baudruche aux couleurs de Coca Cola de 12.000 m3 d’air au dessus de nous (nous n’avons pas dû passer inaperçus !!!). Et c’est l’envol, tout en douceur et le survol de ce site extraordinaire. Avec une grande maîtrise et tout en donnant l’impression de jouer avec le vent et son gros ballon, Mike nous fait descendre dans la vallée de Zemi, à en effleurer les peupliers, frôler de hautes cheminées de fée, pour reprendre ensuite de l’altitude. Par facétie, il prétendra même surfer sur l’eau de la piscine de l’un des hôtels, à en embarquer juste ce qu’il faut d’eau pour détremper les pieds d’une vieille anglaise. Nous imaginons la tête des clients encore ensommeillés à la vision de ce ballon glissant à la surface de leur piscine, tuyères rugissantes pour reprendre très vite de l’altitude ! Une heure de réel plaisir, entre ciel et terre, à rêver, éblouis.
Et puis, tout à coup, cette idée un peu folle, générée par un prospectus d’agence de tourisme… et si nous allions jusqu’au site du Nemrut Dagi (prononcer Nèmrout Daé). Nous n’étions plus à 600 Kms près. Nouveau conseil judicieux d’Ahmet, le Nemrut certes, mais en individuel, beaucoup plus rentable financièrement et, nous en sommes persuadés maintenant, beaucoup plus intéressant.
Nous quittons donc cette région où nous reviendrons avec plaisir autant pour ses paysages que pour l’accueil que nous y avons reçu.
Nouvelle nuit passée dans l’Otogar de Kayseri puis le car pour Malatya, point de chute conseillé pour effectuer l’excursion au Nemrut organisée par l’office du tourisme.
Du 12 au 14 août 200
« Kemal, Bülent, Sedat, Antiochos… »
Malatya, ville prospère de l’est de l’Anatolie n’est pas encore totalement éveillée et c’est avec difficulté que nous réussissons à obtenir un semblant de petit déjeuner. Notre demande de café, jus d’orange et gâteaux fait sourire à cette heure où les travailleurs de la nuit prennent encore çorba (soupe) et köftés (boulettes de viande). Puis l’attente, à la fraîche, dans un parc de verdure, nous permet de reprendre un peu nos esprits en attendant de plus amples informations sur l’excursion au Nemrut.
9 heures, Kemal arrive, un personnage rayonnant de joie de vivre. Nous embarquerons à 12 heures à bord d’un minibus avec quelques autres touristes - un peu plus de deux heures d’ascension pour atteindre l’hôtel qui nous hébergera, aux pieds du Nemrut Dagi. Pour cause de bagages et de flemme, je me contente de bavardages devant le traditionnel thé tandis que Pierre va explorer la zone artisanale, célèbre pour le travail du cuivre et du fer.
Nous troquerons d’ailleurs une bouteille de pastis (que nous enverrons par poste dès notre retour au bateau) contre un plateau ancien…
12 heures, les sacs sont chargés dans le minicar et commence la lente ascension à travers la montagne pour rejoindre la vallée qui s’étend à l’Est du Nemrut. Un paysage à ravir le regard. Sommets et flancs de montagne pelés ont pris à cette saison de belles couleurs jaune et ocre, contrastant avec de verdoyantes vallées où peupliers et cultures puisent leur eau dans les rivières qui y serpentent.
Très peu de véhicules croisés, l’accès grand tourisme se faisant par l’Ouest, une campagne quasiment vierge : ânes chargés de foin, troupeaux de moutons et de chèvres, et d’accortes villageois et villageoises aux fichus fleuris (c’est ainsi qu’ils se nomment, sans doute par contraste avec les citadins) qui d’un sourire souhaitent la bienvenue aux passants.
Et puis tout à coup, au bout de nulle part, l’hôtel Günes, seule construction au pied de cette montagne devenue mythique par la volonté d’un « roitelet » un peu mégalo Antiochos 1er. Un piton de 2150 mètres dominant la plaine de l’Euphrate avec le barrage Ataturk, surmonté depuis plus de deux milles ans par cet impressionnant sanctuaire funéraire formé d’un tumulus artificiel conique abritant une chambre funéraire, encore inviolée aujourd’hui malgré d’audacieuses tentatives. N’a-t-on pas employé la dynamite, écrêtant le sommet de 20 mètres.
Façade ouest au soleil couchant
Façade est au soleil levant
Ambition, grandeur, démesure, Antiochos, roi de Commagène, province ayant résulté du partage de l’Empire d’Alexandre, voisine pour l’éternité avec Zeus, Apollon, Hercule, et Tyché Commagène, déesse de la fortune, réalisant ainsi son rêve d’immortalité.
Savait-il qu’aux processions religieuses, succéderaient les cohortes de touristes venus admirer, rendre hommage à la beauté du site lorsque l’astre suprême l’éclaire de ses plus belles lumières au couchant et au levant.
Vision magique que celle de ces têtes qu’un tremblement de terre a fait choir de leur piédestal et qui, les yeux fixés sur le vaste panorama qui s’étend devant eux, semblent vouloir délivrer un message de leurs lèvres entrouvertes.
Il faut avouer qu’il est difficile de détacher son regard de ces visages que rien ne semble atteindre, figés par le sculpteur et que les rayons du soleil se plaisent à animer pour le plus grand bonheur des photographes.
Nous guetterons les derniers rayons du soleil couchant et c’est sans rechigner que nous quitterons notre lit le lendemain matin, dès 4h30, chaudement vêtus, pour notre rendez-vous avec Antiochos et ses célestes compagnons.
Et nous redescendrons dans la vallée, heureux d’avoir fait un beau rêve.
Malatya vibre. Kémal et Sédat, tous deux francophones, sont là pour nous accueillir. Une promenade du côté des artisans et des marchands d’abricots secs avec Sedat et nous nous retrouvons à l’Otogar, prêts à parcourir 1300 Kms pour rejoindre Finike. Une fois de plus, notre look touristes surprend et amuse dans ce lieu plutôt fréquenté par les autochtones. Que ne parlons nous pas le turc pour répondre à la gentillesse des gens rencontrés.
Nous aurons 18 heures pour évoquer cette merveilleuse découverte de deux sites extraordinaire.
Il nous semble qu’il nous sera difficile de ne pas revenir en Anatolie….
14, 15 et 16 août 2004 FINIKE
« Repos »
Une longue pause s’impose pour nous reposer de ces journées qui semblent compter triple et remettre un peu d’ordre dans nos souvenirs.
17 août de FINIKE à KEKOVA « Gokkaya »
« Logos reprend du service »
Logos s’ébranle, tout surpris de ce long arrêt. Première halte, après environ 15 milles moteur et voile, « Gokkaya » cette baie en forme de fjord où il faut serpenter entre les îlots. Beaucoup plus de plaisanciers qu’au mois de Juillet et une animation un peu pesante. Nous aviserons demain.
18 août 2004 KEKOVA de « Gokkaya » à « Pölemos »
« Quel bazar... ! »
Dès le réveil, nous avons l’impression d’être au bord du périphérique. Des bateaux de toutes espèces passent en tous sens devant Logos : gülets, bateaux promenade, barques, canots à moteur, jet-skis.
Le tout Antalya semble s’être donné rendez-vous en ce lieu. De plus, le vent ayant un peu forci, notre mouillage est devenu plus inconfortable. Nous allons donc chercher un abri plus calme dans la baie de Pölemos où seulement quelques bateaux ont trouvé ancrage.
19 août 2004 KEKOVA « Pölemos »
« Son île …. »
Lors de notre précédent passage à Kekova, Pierre avait remarqué une jolie petite île au milieu de la baie, mais avait du se contenter de la regarder avec envie, un voilier semblant l’avoir annexée.
Hé bien, aujourd’hui, cet ancrage de choix est pour nous et c’est sans tarder au réveil que nous allons y attacher nos deux bouts à terre, trois par sécurité, si des fois le vent….
Un vrai petit paradis que personne ne peut nous revendiquer, ni partager avec nous. Une île « Robinson Crusoé » au sommet de laquelle Pierre planterait bien le fanion de Logos. Il se contentera d’y prendre la pose pour la photo.
La base sous marine de l’île est belle, beaucoup de poissons ayant élu domicile dans les profondes crevasses des rochers. Seuls les oursins sont absents. Dommage, rien n’est parfait.
20 août 2004 KEKOVA « Pölemos »
« La chèvre du pirate »
Nous avions pu lire que les pirates laissaient des chèvres sur les îles qu’ils fréquentaient, assurés ainsi de trouver pitance à chacun de leur passage. Mais qui nous eut dit qu’une superbe chèvre au long poil noir avait élu domicile sur ce petit caillou. Pas folle la chèvre, d’une discrétion rare. Même pendant la visite de Pierre, cette dernière s’était bien gardée de se faire remarquer. Aussi, grande a été notre surprise lorsque nous avons vu s’amarrer une barque avec quatre personnes à bord venues récupérer la chèvre. Un joyeux spectacle que de voir le facétieux animal jouer à cache-cache avec ses poursuivants, sautant d’un rocher à l’autre. Et si elle s’était réfugiée sur Logos !!! C’est finalement en barque que notre chèvre est repartie pour rejoindre, nous l’espérons, le grand troupeau des ruines d’Aperlai.
Le pirate devra donc compter sur sa seule pêche…
21 août 2004 de KEKOVA à KAS
« Tais-toi et rame ! »
15 milles très calmes, le vent n’étant d’ordinaire pas très matinal. Le paysage est toujours aussi beau et dès l’approche de Kas, nous pouvons apercevoir dans le ciel ces grandes voiles colorées qui nous avaient fait rêver à notre venue précédente.
Les fresques qui ornent le quai d’accueil sont toujours du plus bel effet. Toute l’équipe parapente de « Sky Sports » est à l’atterrissage pour nous souhaiter la bienvenue. Nous arrivons même à les impressionner avec notre vol en montgolfière et les photographies faites.
Après le ciel de Kas, nous envisageons, cette fois ci, les fonds marins, réputés pour être riches. Surprise au moment de la visite aux bureaux d’Archipel Diving Centre, le responsable nous est familier puisque nous avons déjà plongé avec lui à Bodrum. Cela nous vaudra beaucoup d’attention et un tarif préférentiel… Sympa ! Rendez-vous est donc pris pour demain avec, au programme, deux plongées.
Le port de Kas est très chargé et Logos tout comprimé entre deux énormes gülets. Mais l’ambiance de ce port est toujours aussi agréable, même si la sono de la boite de nuit manque un peu de discrétion.
22 août 2004 KAS
«Cimetière marin. »
Alors que nous prenions notre petit déjeuner, trois beaux pains tout frais nous sont apportés. Étonnement devant cette attention inattendue. Il s’agissait en fait d’un restaurateur voisin cherchant à attirer des clients. Procédé efficace puisque nous sommes allés dîner chez « Smiley » le lendemain soir, avons apprécié les plats choisis et, cette fois ci, nous nous sommes vus offrir café et raki sans que les prix par rapport aux autres restaurants ne soient majorés. Encore un qui mérite de travailler.
Donc à 10 heures, « Dagba », le bateau de plongée, voisine avec les bateaux de pêcheurs. Son équipage nous accueille en français - avec quelques autres plongeurs.
Premier site : un récif non loin de Castellorizo. Palanquée menée par Tom, un jeune anglais de 22 ans venu vivre sa passion pendant ses vacances universitaires. Un autre couple nous accompagne. Une belle promenade autour du récif où les poissons de toutes sortes abondent, dont plusieurs gros mérous. Notre palanquée n’aura pas la chance de croiser l’une des tortues de la baie.
Deuxième site : un vaste « désert » à l’intérieur d’une mini baie formée par des îlots et des récifs en pleine mer. En fait, à 20 mètres, un vaste banc de sable et d’herbes d’où émergent de très nombreuses moules géantes ou « Pina nobilis ». Un spectacle étrange, encore jamais vu que ces moules à demi enfoncées dans le sable qui se dressent comme des stèles dans un cimetière. Et, sur « l’oasis » constitué de gros cailloux, de belles amphores sont allongées depuis deux millénaires, certaines encore presque intactes.
Pierre, avec sa deuxième étoile, pourra même aller folâtrer dans un canyon interdit aux « première étoile » car trop profond… et, en Turquie, pas moyen de tricher sur les profondeurs…
Une bien belle journée dans une ambiance agréable.
23 août 2004 KAS
« Les résidents de Kas !!! »
Journée repos, avitaillement, le tout avec les sourires et un mot gentil de la part de tous ceux que nous connaissons.
24 août 2004 de KAS à GÖCEK
« Toujours sept mais dans l’autre sens ! »
Nuit encore étoilée lorsque, le plus discrètement possible, nous quittons le port de Kas pour parcourir les 50 milles qui nous séparent de Göcek, inquiets d’être surpris en chemin par un vent contraire annoncé un peu fort.
Il est 4h15 et il me tarde que le jour se lève, tant cette navigation entre les nombreux cailloux qui jalonnent la baie de Kas m’inquiète. Pierre, les yeux fixés sur l’écran de l’ordinateur me guide… Il faut avoir confiance… Pas le cœur à observer les étoiles et si, en plus, nous rencontrions des bateaux de pêche en maraude … Heureusement, le grand calme de ce côté là. Ce n’est qu’à 5h45 que les étoiles ont enfin commencé à disparaître pour laisser place aux premières lueurs du soleil levant. Nous étions alors déjà en pleine mer, loin de tous les écueils…
Seulement quelques risées, mais une mer très formée, agitée par une forte houle résultant de vents rageurs sur l’Egée Centrale et toujours la crainte que ce Monsieur ne se réveille trop tôt (dans ce secteur, beaucoup plus serein que celui que nous avons affronté dans les îles grecques, le Meltem a plutôt tendance à se lever vers midi … sauf s’il lui prend l’envie d’être matinal).
Nous grignotons mille après mille, passons les 7 caps dans un calme relatif et abordons la baie de Fethiye vers 10 heures, satisfaits d’être parvenus à bon port sans avoir eu à lutter contre le vent promis.
La baie du tombeau, dominée par une falaise où trois lyciens ont eu la bonne idée de se faire inhumer, nous semble un lieu propice où nous ancrer et récupérer un peu de nuit écourtée.
25 août 2005 GÖCEK de la baie du tombeau à Deep bay
« Madame la boulangère, que votre pain est bon ! »
Nous partagions le mouillage de la baie du tombeau avec des voisins, c’est à Deep Bay, dans l’une de nos criques favorites que nous retrouvons la solitude, non sans avoir auparavant attendu la visite de notre boulangère pour bénéficier de son pain artisanal et de ses saç böreks fourrés à la pomme de terre ou au fromage. Un régal avec une salade !
Nous imaginions avoir un peu décimé la colonie d’oursins près d’une source fraîche de la côte… n’ayant sans doute pas eu de concurrents… nous en aurons encore au menu ce soir.
26, 27, 28 août 2004 GÖCEK « Deep Bay »
« Notre niche »
Un réel plaisir que de voir les bateaux passer, envieux, incapables de partager notre niche. Nous y sommes chez nous et prenons goût à cette solitude à deux. Seule visite, celle de nos petits boulangers, le matin pour le pain frais (encore chaud !!!) et les crêpes. Même le vendeur de glaces pour lequel nous sommes de très mauvais clients nous a repéré et ne fait plus le détour.
C’est plus le manque de crudités que la lassitude qui nous fait envisager d’aller faire un petit tour au port de Göcek
29 août 2004 GÖCEK de « Deep Bay » à la marina municipale de Göcek
« Une clandestine à bord »
Si, un jour, vous trouvez le pain grignoté, ne pensez pas forcément que votre co-équipier a eu une petite fringale ... Imaginez le pire !!! Quelques indices nous avaient bien alertés, chacun de notre côté, mais ne pouvions envisager cette éventualité, étant donné les précautions prises avec les bouts à terre.
Il fallut bien nous rendre à l’évidence, nous avions, dans un port, embarqué une ou pire, plusieurs passagères clandestines, si nous en jugions par les traces de passage décelées à l’inspection attentive des lieux… L’horreur ! Depuis plus de cinq jours, contrairement à l’apparence, nous n’étions plus seuls à bord !!!
Vite, direction une des marinas de Göcek, une visite au droguiste pour l’achat d’une belle tapette rapidement ornée d’un goûteux morceau de fromage légèrement grillé (une recette de René pour le rendre encore plus attrayant…), une visite au pharmacien pour l’achat de « mort aux rats » et l’attente… Une attente qui heureusement ne fut pas trop longue, puisque, de retour d’un dîner en ville au « Kebap Hospital », notre tapette avait déjà été efficace, nous débarrassant, nous en sommes maintenant persuadés, de notre unique et bien grosse clandestine (quand on se rend compte des dégâts alimentaires faits en 5 jours… nous imaginons la situation après un hivernage !!! Une bonne leçon à tirer).
Göcek a toujours le même charme. Cette visite nous permet de découvrir le marché dominical réunissant les producteurs locaux et de refaire notre approvisionnement.
30 août au 3 septembre 2004 GOCEK Nos criques préférées.
« Un quatre quart pour le capitaine ! »
Notre retour sur la capitale se précise, aussi pour ces derniers jours dans une eau à 29°, nous prenons un rythme toute petite croisière, d’une baie à l’autre.
Nous retrouvons pour la dernière et sixième fois cette année, notre fidèle « Noisette » et son si amical équipage britannique « Valérie and Peter », rencontrés pour la première fois à Paros. Plaisir des retrouvailles, plaisir des échanges en Anglais et en Français, plaisir du bon vin partagé. Assurément nous resterons en contact.
Nos petits boulangers sont fidèles et, par gentillesse, toujours cette qualité typiquement turque, nous offrent un plat d’aubergines, pommes de terre, tomates, mijoté dans leur four. Un régal. Ils vont nous manquer… Surtout pour le très appétissant gâteau 4/4 confectionné pour le breakfast de Pierre.
4 septembre 2004 de Göcek à Ekinçik Limani
« Les crabes bleus sont au rendez-vous »
6h30, le soleil se lève tout doucement au dessus des montagnes cernant la baie de Göcek. Pas une ride à la surface de l’eau. Tout le monde dort encore à l'exception des pêcheurs... encore une image de paradis.
7h45 - Logos libéré de ses entraves quitte lentement « sa » niche pour une « longue » navigation de 28 milles jusqu’à la baie d’Ekinçik déjà fréquentée l’an passée pour l’excursion en barque dans les marais jusqu’à Kaunos et Dalyan. Toujours un vent capricieux … du moteur, du travers, du moteur…
Cette année, nous nous contenterons de demander au patron d’une barque d’excursion de nous ramener de la lagune les délicieux crabes bleus propres à ces marais et très appréciés l’an passé.
Une crique magnifique avec cette profusion de pins descendant jusqu’au rivage, mais encore très visitée, même à cette saison, par les gülets partis de Marmaris et offrant leur première belle escale à leurs nouveaux passagers (ils sont tout blancs et tout émus de leur premier bain dans une eau aussi chaude).
Nous savourons la douceur de ce début d’arrière saison et les crabes apportés à notre intention par la longue barque. Ils sont toujours aussi féroces… mais tellement savoureux.
5 septembre 2004 EKINCIK LIMANI.
« Prisonniers d’une gület »
Nos voisins nous ont quitté tôt ce matin pour cause de descente sur Göcek. C’est pour nous seuls que le soleil éclaire peu à peu la baie, tandis que les cigales se déchaînent. Nous allons pouvoir profiter sereinement de notre promenade côtière et collecter quelques rares oursins et bigorneaux… les derniers de la saison, avant que la fournée suivante de touristes n’envahisse les lieux. Le sac à oursins style « retour au pays », offert par « Tata Geneviève » au moment de l’achat du bateau ne fera pas une autre saison. Combien de milliers de ces bonnes bestioles a-t-il pu recueillir ?
Effectivement, peu à peu, les bruits d’ancres jetées se succèdent… 8 gülets, 3 voiliers… Nous n’en n’avons pas eu autant au mois d’août (toujours ces voyages bradés pour l’Europe Centrale…). Même les capitaines des bateaux ne montrent pas la courtoisie habituelle et, en dépit des récriminations de Pierre, la chaîne d’une gület vient emprisonner celle de Logos…
Nous ne risquons pas de décoller… malgré tous les efforts d’un petit S.E qui agite le plan d’eau.
6 septembre 2004 d’Ekinçik Limani à Akburun
« Grandes manœuvres militaires, à en faire perdre le nord aux gardes-côtes »
Une météo très alarmiste du côté de l’Égée nous incite à regagner au plus tôt la baie de Marmaris afin d’éviter une remontée vent dans le nez plutôt pénible.
8h15 - Logos s’avance, prêt à contourner le cap. Son élan est vite freiné par une flottille de gardes-côtes… Impossible de remonter sur Marmaris avant 13 heures pour cause de grandes manœuvres militaires navales… Nous qui comptions faire cette remontée avant le réveil de Monsieur Meltem… loupé… aucun argument recevable… et, au vu de l’Armada déployée, mieux vaut battre en retraite et se caler à l’abri d’un îlot en attendant que messieurs les militaires (bateaux et avions) aient terminé leurs exercices, ponctués de sonores « boum ! » « boum ! »… Tout y est, même le son. Pauvre voilier qui s’est aventuré près de la zone d’exercice !
Mon capitaine a bien du mal à contenir son impatience, sans doute soucieux de mon bien-être. La flottille s’étant éloignée vers le large, nous tentons bien vite une deuxième sortie, en nous faisant petits, tout petits et en longeant bien la côte, non sans scruter l’horizon. Une petite accélération du moteur… un autre îlot à passer… Reloupé ! Nouveau barrage des gardes-côtes au Nord de l’île : « Contournez par le nord et faites vite ! » In English, mais même l’English turc je comprends un peu… le nord nous y sommes. Nous continuons donc notre route… Resirène, resommation au porte voix d’aller au nord… la vedette nous dirige… vers le Sud !!! Nord, Sud, même combat… mais quand même dangereux en cas de conflit.
Pèpère Perkins s’excite : 2500 tours ! Mieux vaut rapidement quitter ces lieux malsains, non sans nous être retrouvés nez à nez avec trois lance-torpilles se plaçant en position d’embuscade… pour surprendre leurs petits copains.
Quelle aventure et quel soulagement lorsque nous abordons la baie de Marmaris.
Une jolie crique nous accueille pour nous remettre de nos émotions.
7 septembre 2004 d’ Akburun. Yacht Marine
« C’est fini pour cette année »
Derniers bains en compagnie des nombreux touristes amenés depuis Marmaris. Il est temps de regagner notre marina.
18h - Yacht Marine, ponton I. Logos et ses passagers achèvent leur croisière 2004, à deux, tout le temps à deux, sans aucune lassitude réciproque. Plus de 5 mois, 810 milles, ce n’est pas un record mais combien de sites avons-nous pu visiter ! Combien d’images avons-nous engrangées ! Combien de grands moments avons-nous vécus ! Il reste maintenant à préparer le bateau pour l’hiver, le sortir de l’eau, regagner la France… pour une petite escapade plongée en Mer Rouge.
À l’an prochain ! Inch Allah !
Photo Alain N.