Mise à jour : 2017

___ Les carnets de bord de Martine___

Année 2017

 

 

Les vagabondages de LOGOS en Méditerranée

 

nous

 

Du lundi 26 juin au lundi 3 juillet 2017. MARGARIDAS « Nautic Center ».
« Préparatifs pour une nouvelle saison. »

L’an passé, je me suis surprise à penser, en racontant notre quotidien de plaisanciers que, peut-être, j’écrivais notre dernier journal de bord, celui qui allait constituer le dernier chapitre d’un beau livre de voyage commencé en mars 2002.
Il n’en est rien puisqu’après avoir tenté de vider un peu Logos de tout ce que nous avions accumulé pendant ces quinze années, essayé de le dépersonnaliser, nous voici prêts à faire face à une nouvelle saison, cette fois ci la dernière qui se terminera au point de départ, Saint-Cyprien.
Logos nous a sagement attendus, sous bonne garde, prêt à être descendu dans le canal par l’habile grutier. Nous l’accompagnons dans son court voyage aérien, une expérience sympathique que même notre petit chien semble apprécier. Un appontement parmi les yachts nous est proposé pour aménager le voilier. Nous devons d’ailleurs être pratiquement les seuls à vivre à bord pendant le temps de la préparation et, le soir, n’avons que le gardien de nuit pour voisin.

jambon


Pour l’avitaillement, nous sommes rodés… surtout ne pas oublier le jambon pata negra du meilleur Belota, nos habituelles plantes aromatiques et les petits saucissons friandise de notre gourmand Havane.

necelle nacelle nacelle


Côté technique, Logos est prêt. Seule une montée en tête de mât est nécessaire pour changer le feu de mouillage, inspecter et photographier les haubans pour le dossier de mise en vente. Une nouvelle et amusante expérience pour Pierre qui se retrouve hissé à près de 20 mètres dans une remuante nacelle, l’appareil photo autour du cou, plus look reporter que skipper.
Il ne nous reste plus qu’à attendre la fenêtre météo favorable pour gagner Minorque et mener notre voiture à Saint-Cyprien. Côté météo, patience, le ciel pleure, grêle, tonne. De gros dégâts sont même signalés à Gérone où d’énormes grêlons ont endommagé verrières, toitures et véhicules.
Quant à notre voiture, c’est à Saint-Cyprien qu’elle attendra ses usagers.

roger roger roger

Merci à notre dévoué ami Roger de m’avoir ramené mon Capitaine favori et passé un agréable moment avec nous, ambiance vacances dans le marais.

ciel


Un ciel encore un peu chargé nous fait envisager de remettre notre départ au lundi, ce qui nous permet une belle promenade en annexe dans les canaux.

canaux canaux canaux canaux canaux

Rien à voir avec Venise bien sûr, les Palais ici sont des villas plus ou moins cossues, les Gondoles, des yachts et voiliers de toute taille et de tous âges. Certains semblent même être en toute fin de vie. Havane apprécie la promenade et l’ambiance dominicale qui règne sur certains bateaux.

 

Lundi 3 juillet 2017 :de MARGARIDAS (Espagne) à FORNELLS (Baléares).
« Houle ! Houle ! Houle ! »


Un tour de pâté de maisons pour Havane afin qu’il fasse son bon plein de bonnes odeurs. Il va falloir qu’il patiente avant de retrouver la terre.

a bord a bord


Nous voici partis pour presque 24 heures en mer, 24 heures de quasi solitude à jouer avec les voiles, parfois assistées du moteur.
Havane retrouve avec plaisir ses postes d’observation favoris, bien calé en pied de mât, à l’arrière, le museau posé sur le plateau pour observer le jeu des vagues ou, découverte de l’année, allongé derrière les filières, pattes et queue coincées dans le filet de protection.
Une navigation paisible mais encore un peu fraîche qui se poursuit la nuit sous un ciel étoilé, propice aux rêveries solitaires puisqu’aucun autre voilier ne suivra notre route.

 

Du mardi 4 au samedi 8 juillet 2017 : FORNELLS (Minorque).
« Face au port ! »

Bonheur de retrouver ce petit port éclatant de blancheur dans la lumière matinale. Il est 9 heures du matin, Fornells sommeille encore, moment favorable à une visite au poste à gasoil qui sera ensuite pris d’assaut.

fornells fornells fornells fornells fornells fornells


Puis vient enfin le moment du repos, bien ancrés juste à côté de l’entrée du port. Certes quelques mouvements viennent un peu chahuter Logos le matin et le soir mais nous apprécions cette proximité pour les promenades bi quotidiennes de Monsieur Chien et l’avitaillement.
Nous sommes aussi aux premières loges lorsqu’un spectacle a lieu sur le front de mer. Une estrade, des fauteuils, des spots, des hauts parleurs. Que pasa ?

spectacle

Imaginez notre surprise lorsque nous entendons des extraits des « Misérables » de Schoenberg chantés en Catalan avec récitant, chœur et chanteurs. Voix et musique sont agréables à entendre mais pour le livret, heureusement que nous connaissions l’histoire ! Logos en loge d’Opéra, avec en complément un petit rhum au miel…

barques barques barques barques


Le spectacle n’est pas que sur le front de mer, puisque le lendemain, les barques catalanes du port et celles des mouillages voisins viennent rivaliser en une belle parade, déployant leurs voiles latines.
Le photographe est le mieux placé pour le reportage.

 

Dimanche 9 juillet 2017 : de FORNELLS à CALA PUDENTA.
« Retour aux eaux turquoises. »


Un vent favorable nous fait envisager de descendre la côte Est. Comme ces hautes falaises du Cap sont angoissantes même par cette belle journée ! Sans doute le souvenir persistant de cette remontée sous un déluge de pluie qui obscurcissait tout.

pudenta pudenta pudenta pudenta pudenta pudenta


Une courte navigation puisque la belle Cala Pudenta, Cala sauvage aux belles eaux nous offre une superbe halte avec plage pour notre passager.
Nous retrouvons l’ambiance farniente et le plaisir de la découverte sous-marine au masque. Toujours nos fidèles Sars sous la coque.

 

Lundi 10 et mardi 11 juillet 2017 : de Cala PUDENTA à ARENA del CASTELL.
« De la solitude à l’urbanisation touristique. »


Un peu exposés à la cala Pudenta, nous préférons opter pour une baie proche, mieux protégée mais très urbanisée. Abstraction faite de deux grands blocs, restes de l’urbanisation de masse des années 70, on découvre une coquette station balnéaire offrant beaucoup de possibilités d’hébergement et d’animations. Havane apprécie la montée jusqu’à la corniche, non pour la vue sur la baie mais pour ces beaux murs blancs pleins d’odeurs prometteuses.
D’étranges nouvelles de Saint-Cyprien. Un violent orage de grêle s’est abattu sur le port, endommageant les terrasses des restaurants et les voitures. Nous serons bons pour une visite d’expert à notre retour, les énormes grêlons ayant eu raison de notre carrosserie et de notre parebrise.


pizza pizza

La tentation d’une pizza à emporter pour le diner sur Logos se transforme agréablement en excellente paella… cuisinée spécialement sans ail, dégustée à la terrasse d’un des restaurants dominant la plage.

 

Du mercredi 12 au lundi 17 juillet 2017. D’ARENAL DEL CASTELL à FORNELLS.
« Comme sur un lac un peu agité. »

Encore une météo peu engageante, Tramontane annoncée suivie d’un fort vent d’Est. Décidément, comme l’an passé, cette côte ne nous est pas favorable.
Notre solution recours, la vaste baie de Fornells mais cette fois, de l’autre côté des bouées de location et de la zone réservée à l’évolution des véliplanchistes, hobie-cats, 421, optimistes…, là où l’on peut donner de la chaîne, comme vient nous le recommander le marinero à chaque coup de vent « More chain, more chain ! », ce qui veut dire, lâchez tout ce que vous pouvez et assurez-vous que l’ancre est bien enfoncée dans la vase compacte.

fornells fornells fornells


Ici, l’ambiance est différente. On se croirait sur un petit lac de montagne. Au fond, Es Salines, fin de lac investi par un élégant Yacht Club avec école de voile. C’est aussi le faubourg très résidentiel de Fornells avec de très belles villas fleuries, construites en bordure de la Saline.
Nous allons y laisser passer le coup de vent, nous régalant du spectacle des voiles blanches se déplaçant en ligne, ballet bien orchestré de petits fantômes ou de celui plus sportif des véliplanchistes aguerris qui passent comme des fusées devant l’étrave de Logos.
Une seule contrainte, affronter les flots pour mener Havane à terre, une longue traversée qu’il vaut mieux faire en maillot de bain tant la douche est assurée. Notre chien marin « même pas peur ! » semble bien apprécier.

TB


Pour toutes ses qualités, il se verra aussi décerner un beau diplôme avec mention TB, tout comme nos studieux étudiants. Bravo à tous.

 

Mardi 18 juillet 2017 : de FORNELLS à PUERTO DE SA NITGE.
« Un ancien port romain. »


Nouveau vent d’Est annoncé… vite cap vers l’Ouest. Une mer encore très formée en montagnes russes, un passage dont le haut fond frange beaucoup, nous gagnons une sorte de fjord qui s’enfonce dans les terres au point de constituer un petit port naturel pour de petites embarcations.
Logos, étant donné la faible profondeur et le fond de médiocre tenue d’herbes et cailloux, devra se contenter d’un mouillage à l’entrée, réservant la découverte du fjord en annexe. Une promenade sympathique mais finalement sans grand intérêt, si ce n’est cette belle plage à l’entrée surmontée d’une sorte de « finca » (maison d’habitation, ferme) habitée, reliée à la civilisation par une piste. Le confort doit être limité, mais l’emplacement est idyllique.

sa nitge sa nitge sa nitge sa nitge sa nitge


Sur la plage, deux kayakistes itinérants, le père et le fils, tous deux passionnés, font une pause, soucieux de savoir si la météo leur permettra une progression jusqu’à Fornells. Nous pourrons préciser leurs informations météorologiques ; même en kayak, Internet vous suit.
Pour nous, pas de recherches sous-marines, tous les objets phéniciens qui se trouvaient au fond ont déjà été collectés.

 

Mercredi 19 et jeudi 20 juillet 2017 : de PUERTO DE SA NITGE à PLAYA de CABALLERIA.
« Il n’y manque que les chevaux. »


Nouveau coup de vent annoncé et trop grande proximité des rochers sur fond de médiocre tenue… À la grande surprise d’Havane qui semble ne pas avoir son comptant de sommeil, nous levons l’ancre. Il n’est que 6h30, nos kayakistes dorment encore dans un creux de rochers.
Nous allons assurer notre mouillage devant la grande plage de Cavalleria, un lieu toujours aussi magique par la majesté du cadre, la couleur du sable ocre contrastant avec le rouge des roches argileuses. Au-dessus, une belle lande préservée égayée de bruyères et de ces étranges fleurs blanches, presque des lys sur fond de sable.

cavalleria dunes cavalleria cavalleria


À cette heure très matinale, Havane, tout étonné, découvre le bonheur de pouvoir courir en liberté.
Peu à peu, la rade se charge, un magnifique voilier britannique « Blue Papillon », cinq barres de flèches, est ancré non loin de nous, une de ces merveilles du monde du nautisme, élégance et discrétion. Chacun trouve sa place.

cavalleria cavalleria cavalleria cavalleria


Pour la promenade du soir, nous expérimentons la petite plage moins fréquentée, celle des nudistes. Textiles ou pas, comme on dit dans les Landes, Havane ne semble pas faire la différence. De toutes façons, lui…
Un talentueux artiste a modelé dans cette argile rouge une petite statuette posée sur un rocher. Pour nous, la tentation est grande, n’avons-nous pas une étagère de petits souvenirs ? Nous respecterons à regrets la symbolique de cette Vénus, déesse de ce lieu.

planche


La baignade y est toujours aussi plaisante par la transparence de l’eau sur fond de sable où une raie et de petites soles se promènent.
Un roulis persistant, résiduel du mauvais temps, permet à Pierre de tester et d’améliorer nos « Parahoule », deux jeux de pales à chaque appareil et une fixation plus efficace. Une meilleure nuit assurée pour la patronne.

 

Du vendredi 21 juillet au samedi 12 août 2017 : FORNELLS.
« Allons-nous payer une taxe d’habitation ? »

yacht

Fornells, c’est un peu, pour moi, mon port d’attache lorsque nous sommes en voilier, la première étape après une longue traversée, le refuge quand le mauvais temps menace, le nid rassurant près d’une assistance si nécessaire.

fornells

fornells


Ç’est encore une menace de vent contraire qui nous a ramenés à Fornells, à une belle place près du port qui va nous permettre de profiter pleinement des festivités organisées pour la Sant Antoni, festivités surtout en l’honneur des chevaux et de leurs cavaliers.

Chevaux Chevaux Chevaux Chevaux Chevaux Chevaux Chevaux Chevaux Chevaux Chevaux Chevaux Chevaux Chevaux Chevaux Chevaux ChevauxChevaux


Le cheval est une spécialité de Minorque où a été créée une race spécifique, fruit du croisement d’un cheval endémique avec un cheval marocain, maintenant définie comme pure race minorquine, Silhouette élancée, belle robe noire luisante, élégance de la démarche et aptitudes aux cabrioles.
Nous voici donc prêts à assister aux festivités de la San Antoni, au rituel immuable le 4ème week-end de juillet où se mêlent religion, avec la présence à cheval du prêtre de la paroisse qui se doit aussi de célébrer une messe pour tous les cavaliers, tradition populaire dans la cavalcade et « Jaleo », sorte de concours où chaque cavalier révèle les qualités acrobatiques de sa monture.
Nous assistons avec plaisir à cette fête, admirant la façon dont chaque cheval est préparé, décoré. Combien « Coiffure Manon » apprécierait ces crinières et queues savamment tressées, mais nous sommes cependant inquiets pour notre petit compagnon qui, la veille, impatient et intrépide, n’a pas voulu attendre notre assistance pour descendre dans le carré. Un saut de près de deux mètres et une violente réception sur le museau ! Caresses ostéopathiques de Pierre et promenade semblent le satisfaire mais au fil des heures, il refuse de manger et, plus sérieux, refuse de boire. Manger n’est pas important, mais boire est essentiel selon les conseils donnés, téléphoniquement par notre vétérinaire de St. Cyprien. Une seringue nous permet d’injecter régulièrement de l’eau au travers des dents, mais notre petit chien se prostre de plus en plus, au point qu’il nous faut décider d’aller consulter un vétérinaire local, une fois le week-end festif terminé.


Ayant, l’an passé, essuyé un refus dans le train touristique de Solers et un regard très désapprobateur dans un taxi, notre Havane n’étant pas dans un sac fermé, nous nous sommes munis cette année d’un beau sac « grillagé » pour les éventuels déplacements. Quelle tristesse de devoir y placer notre infortuné toutou dans de telles circonstances. Un premier taxi jusqu’à la première ville la plus proche, un examen en urgence par une gentille vétérinaire, une piqure anesthésiante, une radio et un diagnostic alarmant… vilaine fracture de la mâchoire inférieure qui va nécessiter une opération à réaliser dans une clinique de la capitale.

havane havane


Un nouveau taxi, Havane toujours endormi, un nouveau vétérinaire, le même diagnostic avec la mention « It’s a disaster, I am going to do my best », c’est-à-dire de tenter un cerclage, seul recours possible dans une si petite mâchoire. Tout déconfits et tristes, nous lui confions notre petit ami qui heureusement, encore assommé par les anesthésies, se laisse faire gentiment.
Un nouveau taxi pour regagner Fornells, le budget s’accroît mais nous sommes trop las pour gagner la gare routière et attendre un éventuel bus avec, peut-être, un changement.
Une fois de plus, nous avons gagné notre mouillage de l’autre côté des bouées pour être plus au calme et attendre le nouveau coup de vent annoncé. Si ce n’était l’absence de notre petit marin à quatre pattes, nous apprécierions ce beau ciel étoilé qui n’annonce aucune colère. Et pourtant cette méchante Tramontane est bien à l’heure, une incorrigible noctambule qui commence son ramdam après 23 heures. Une fois de plus, le Capitaine a été prévoyant, ce qui n’empêche pas, vers deux heures du matin, un voilier proche de se retrouver dans notre chaîne sous une rafale. Manifestation au sifflet, à la corne, appels à réveiller tous les autres bateaux. Surprise…. La question idiote du skipper du bateau à la dérive « On fait quoi ? » Réponse brutale : « Mais tu lèves l’ancre, et en vitesse !!! ». Parfois monde maritime et monde terrestre se rejoignent dans l’idiotie !
Il nous tarde d’avoir des nouvelles de notre petit opéré… opération longue et minutieuse, le lendemain. Un coup de téléphone rassurant : « Vous pourrez récupérer Havane demain. » Aux dires du vétérinaire, ses pleurs et appels à son réveil témoignaient du manque de notre présence. Effectivement, même encore sous le choc, il est tout heureux de nous revoir. Les os maintenus par un fil métallique, sept dents en moins, une dernière piqûre, des cachets d’antibiotiques à ingérer mais surtout, maintenant, une longue période d’adaptation à une nouvelle alimentation.

croquettes

Finies les croquettes, les petits biscuits récompense, il ne s’agira plus de mâcher mais de laper. C’est l’épicier du petit supermarché qui a été surpris en constatant que ses réserves de pâté Pedigree disparaissaient régulièrement. Havane n’a jamais autant fait fête à un repas. Vraiment de la chance, Havane appréciait peu les croquettes et encore moins si elles sont trempées et ramollies.

havane havane havane

 


Cette longue pause, tellement longue que Pierre, taquin, a peur que nous ne soyons passibles d’une taxe d’occupation des lieux, non seulement nous permet de prendre soin d’Havane mais aussi d’effectuer de petits travaux de rafraîchissement sur Logos après un long hivernage, petits coups de peinture dans les coffres, les inox, les vernis et tri des « ça peut » inutiles qui finissent dans la benne.
Nous sommes même devenus familiers du petit marché hebdomadaire où se regroupent quelques producteurs locaux.

 

Dimanche 13 août 2017 : de FORNELLS à CALA TEULERA (Mahon).
« Tiens ! On bouge ! »


Tout petit vent a dit le Capitaine, la houle, on verra. On y va ! Yallah ! comme disait Nabil, notre guide syrien. Qu’est-il devenu ?
Il est effectivement temps de nous rapprocher de Mahon où nous allons réceptionner nos jeunes passagers. Havane est surpris de cette soudaine agitation, habitué à notre rythme de retraités. Même les plantes sont mises à l’abri des éventuelles projections salées.

voiles voiles


Toutes voiles déployées, nous descendons la côte Est. Effectivement, le vent est peu vindicatif et me permet d’apprécier la navigation, une vraie promenade pour Madame tandis que Toutou cherche l’ombre. Combien j’aurais aimé parcourir la Méditerranée… dans ces conditions-là... malheureusement les conditions ne sont pas toujours aussi favorables.
Le passage du Cap Favaritz et son phare remarquable nous oblige à assister les voiles par le moteur.
Puis se dressent les hautes falaises sombres découpées par le canal d’entrée dans la cala Teulera, juste avant l’accès principal au port de Mahon.
Contrairement à notre crainte, il y a peu de plaisanciers. Seules de petites minorquines familiales se sont regroupées près de la plage et, en respectant les bouées vertes, limitation d’une voie de passage pour les catamarans pour touristes, nous pouvons choisir notre ancrage.

cala


Le site est toujours aussi remarquable, dominé par les murs d’enceinte du fort d’Isabel Il. On pourrait presque prendre Logos pour un bâtiment de la flotte royale.

minoquine


Un petit « port » près d’un vaste hangar à bateau abritant une superbe embarcation, style minorquine ancienne, nous permet de débarquer à terre avec facilité pour la promenade de Monsieur Chien… du grand confort.

 

Lundi 14 août 2017 : CALA TEULERA (Mahon).
« La Mola, forteresse de la mer. »

Une nuit paisible, un accueil courtois des autorités portuaires qui rappellent aux plaisanciers que, dans cette « cala » placée en zone interdite, il n’est pas question de s’installer pour les vacances mais que nous pouvons bénéficier d’une « tolérance » pour trois jours de mouillage.
Pour nous, aujourd’hui, du grand culturel puisque nous décidons de profiter du calme ambiant et de l’heure matinale pour monter vers cette forteresse que nous avions ignorée jusqu’à ce jour.
Havane semble réjoui de cette longue montée vers la Citadelle. Serait-il admis pour une visite ?
Eh bien, oui ! et lui, en plus, il ne paye pas. Nous espérons qu’il saura se conduire en gentleman, sans lever la patte sur n’importe quoi.

forteresse forteresse forteresse forteresse forteresse forteresse forteresse


La Mola ou forteresse de la Mer offre une vue panoramique sur la mer, sur les accès au port de Mahon et se révèle être un site stratégique impressionnant. Belle succession d’esplanades, de remparts, de tunnels, de fossés. Bâtie par l’armée espagnole sur les ordres d’Isabel II dans les années 1870, elle apparaissait comme une place forte capable de défendre le port. Cette dernière n’a, en fait, jamais été attaquée mais reste un très bel exemple d’architecture militaire.
Une belle visite à recommander aux heures fraîches de la journée.

 

Mardi 15 août 2017 : de CALA TEULERA à PORT MAHON MARINA.
« Au chausse-pieds !!! »

Nous avons souhaité préparer la venue de nos jeunes passagers et l’heure tardive d’arrivée nous fait envisager l’accueil dans la marina connue de tous les chauffeurs de taxis.
Aurons-nous plus de chance que les années précédentes ?
Effectivement, cette année, la réponse au téléphone est courtoise, prometteuse et nous engage à rappeler vers midi, heure où, comme à l’hôtel, les places doivent être libérées.
Confiants, nous levons l’ancre pour emprunter le très étroit canal qui rejoint le bassin du port et, par chance, échappons au catamaran Promène C… prioritaire. Il travaille Lui !!! Il nous faut remonter jusqu’à l’extrémité de ce long bassin, là où s’est logée la marina, profitant avec plaisir de ce paysage familier.
Un grand bateau de croisière est apponté, témoignant de l’importance de Mahon dans les circuits touristiques.
L’appel à l’entrée de la marina est positif… Un marinero va vous accueillir au premier ponton à gauche… assurément le premier, on se croirait en pleine mer. Un appontement au chausse-pieds entre deux gros voiliers. Nous voici bien calés.
Havane découvre sa première « vraie » marina et il lui tarde d’aller trainer ses pattes sur le ponton, mais, pour nous, il est l’heure du repas, puis d’une bonne douche chaude.
Logos a, lui aussi, droit à un grand décrassage.

mahon


Il est plaisant de ne pas avoir à sauter dans l’annexe pour la promenade du soir mais nous constatons, un peu déçus, que cette marina manque d’élégance et ressemble plus à un parking à bateaux. Nous sommes loin de notre marina de Marmaris en Turquie.
Sans doute ferons-nous le choix des pontons flottants pour la venue des jeunes, beaucoup plus folkloriques, offrant une belle vue sur la ville.

 

Mercredi 16 août 2017 : de PORT MAHON MARINA à CALA TEULERA.
« Les câpres, c’est fini !!! »

mahon mahon


Une fois les réservoirs à eau remplis, Havane peut avoir droit à sa promenade du matin.
Une petite route, presqu’en face de la marina, nous invite à monter vers la vieille ville. Bordée d’un côté par de hautes murailles où fleurissent quelques câpriers qui nous rappellent nos abondantes cueillettes d’antan. La saison est très avancée, seuls quelques boutons floraux s’offrent à nous.
Un pas en entraînant un autre... Nous ne rivalisons pas avec Paul qui aurait parlé de foulées… Une ruelle, puis une autre avec le clocher de la Cathédrale en point de mire. Nous voici au cœur de la vieille ville toujours aussi attractive. Le Musée, la Cathédrale, le marché aux poissons et le superbe Cloître transformé en centre commercial. Si le supermarché situé en sous-sol a disparu, les boutiques riches de produits frais offrent une belle marchandise et permettent un avitaillement substantiel.

girolles girolles


Notre sac est vite rempli, figues et girolles exceptionnelles viennent compléter notre ordinaire.
Il ne nous reste plus qu’à sélectionner un point de rendez-vous, ce dont se charge Pierre. En effet, entre Havane et les sacs, je suis plutôt inutile ou, plutôt, je peux garder le tout, assise à l’ombre sur une marche, charmée par un joueur de djambee.
Rendez-vous aux enfants est donné devant le restaurant de front de mer « La Minerva », presqu’en face des « Islas Flotantes » et qui permettra à Pierre d’approcher l’annexe. Tout commence donc à se finaliser.
Il est l’heure maintenant de nous déhaler, le Capitaine règle la manœuvre, le Mousse obéit aux consignes. Nous n’avons même pas besoin de l’aide des marineros qui nous complimentent. Pourtant, Logos n’est pas équipé de propulseur d’étrave !
Nous pouvons retourner dans notre mouillage en attendant la venue des moussaillons auxiliaires.

 

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Du jeudi 17 au lundi 21 août 2017 : CALA TEULERA (Mahon).
« Sur le qui-vive ! »

Nous avons repris notre ancrage dans la seule baie gratuite proche de Mahon. Certes nous allons dépasser les trois jours tolérés mais un « providentiel » coup de vent annoncé pour le week-end nous permettra sans doute de prolonger cette tolérance. Il ne saurait être question pour les coasts-guards de mettre des plaisanciers en danger.

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Effectivement, la baie se charge petit à petit et l’occupation devient telle qu’il faut défendre chèrement son « bout de mer », surtout avec la prévision d’une inversion de sens du vent, donc de l'orientation des bateaux. Les échanges entre plaisanciers dont certains ont beaucoup de mal à évaluer uns distance de sécurité, plus habitués à garer une voiture qu’à mouiller un bateau sont parfois vigoureux.
Pierre s’oppose violemment à la matrone d’un gros voilier familial qui avait mouillé très près de Logos, les « No worry ! Don’t worry ! » de cette dame n’aurons pas raison de la force de dissuasion de mon Capitaine ; s’ils ne se soucient pas du risque, nous nous inquiétons pour NOTRE bateau, NOTRE sécurité. Un coup de moteur véhément pour avancer vers eux… Vont-ils insister ? Vont-ils céder ? Finalement, ils abandonnent, mais au vu du nom du bateau « Tauro », Pierre a pris le risque de finir encorné ! Nous retrouvons notre espace vital… mais jusqu’à quand ?
Les autorités se font conciliantes et se contentent de s’assurer que chaque bateau est en sécurité.
Lorsque chacun semble enfin s’être casé, le calme est de courte durée, les hurlements du vent évoquant les plaintes d’âmes en peine au purgatoire prennent le relais et vous font craindre que l’ancre du voisin ne décroche…

 

Lundi 21 août 2017 : de CALA TEULERA à « ISLAS FLOTANTES » (Mahon).
« Grands préparatifs… »

La nuit fut courte. Au moins quatre bateaux de notre entourage ont décroché et ont préféré errer dans la baie de Mahon. Pas de problème pour Logos, son ancre modifiée en Turquie fait toujours merveille, aidée par une longue chaîne. Si certains envisagent de continuer rapidement leur progression le long de la côte, il est temps pour nous de rejoindre l’appontement prévu en pleine baie de Mahon, à savoir les « Islas Flotantes », deux grands radeaux solidement ancrés pouvant accueillir chacun une douzaine de bateaux. Nous constatons avec plaisir que, depuis notre dernier passage, il y a deux ans, les plateformes ont été joliment paysagées, dotées d’une douche et d’un bassin.

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Un substantiel avitaillement pour cinq, un nouveau nettoyage du pont et, surtout, l’aménagement de l’intérieur pour y loger nos hôtes nous occupe bien.
Si nous nous réfugions sans problème dans la cabine arrière, c’est Havane qui semble ne pas apprécier de devoir céder ce qui lui sert de niche, l’abattant de la table. Une fois abaissée, la table transforme cet espace en lit supplémentaire. Le pauvre toutou aux habitudes bien formatées est relégué, avec son couchage, dans la cabine fourre-tout, juste sous le jambon odorant suspendu au-dessus.  C’est fou ce qu’il est vieux garçon maniaque, très préoccupé de SES affaires, vérifiant souvent que tout est bien à la même place.

 

Du mardi 22 au mardi 29 août 2017 : de Mahon à Ciutadella en passant par Fornells.
« Que du bonheur ! »

les jeunes les jeunes les jeunes les jeunes

Un coup de fil : « Nous sommes dans le taxi » et, peu après, le spectacle inoubliable de ces trois jeunes… que Pierre ramène au bateau en annexe.
Suivront sept jours où les espoirs, les projets, deviendront réalités grâce à une météo anormalement favorable. De Mahon à la Ciutadella en passant par l’île Colom dans le Parc de s’Albufera, Fornells, la Playa de Caballeria, Algayarens, pour finir à la Cala Santandria, proche de Ciutadella, tout ne sera que plaisir des yeux, tant les paysages sont beaux et plaisirs de la mer dont nos trois poissons sauront abuser.

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Chaque jour, pour Arthur, Juliette et Garance, de belles promenades en snorkling le long des côtes rocheuses, des bains prolongés jusque tard dans la nuit, des bains de soleil sur le pont avant pour les élégantes demoiselles, d’interminables parties de Yams.

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Nos passagers satisferont même de bonne grâce à la tradition du « barbouillage » à l’argile rouge de Caballeria, se transformant en « indiens de Monument Valley » des films d’aventures. C’est cette argile, ramenée à bord, qui inspirera Arthur et Pierre pour réaliser, chacun, une Vénus de la mer.

venus venus venus venus

Celle de Pierre sera très inspirée de celle que nous avions, à regrets, laissée sur son rocher le mois passé et qu’un vacancier a certainement récupéré, sans respect pour les intentions du sculpteur modeleur.

plongée plongée plongée


Un beau programme qui culminera par un baptême de plongée très réussi, transformé - au vu des capacités de nos deux participants - en belle promenade le long d’un tombant à l’entrée de Fornells.

 

spi spi spi spi spi

Quel régal pour nos yeux et notre cœur que de pouvoir achever ce long parcours de dix-neuf années avec Logos sur ces images pleines de vie et de promesses. Merci à tous les trois de nous avoir offert un peu de votre jeunesse.

plongée plongée plongée plongée plongée plongée

Photos Arthur

 


Nous préférons leur permettre encore une dernière étape de baignade dans la « crique fjord » de Santandria, proche de Ciutadella. C’est Arthur qui, masque, palmes et amarre en main, s’attelle à la pose de la chaîne salvatrice à un rocher et qui va fixer le bateau à quelques mètres de la rive Sud de ce joli fjord.

ciutadella ciutadella ciutadella ciutadella ciutadella ciutadella ciutadella


La visite de Ciutadella marquera la dernière étape de ce trop bref parcours avant, pour nos passagers, leur envol vers Paris et la perspective d’une nouvelle année scolaire.
Logos est tout à coup bien vide. Seul Havane semble content de retrouver un peu « ses marques ».
Il est temps pour nous d’envisager la remontée mais, malheureusement, les prévisions météorologiques sont bien incertaines.

 

Du mercredi 30 août au samedi 2 septembre 2017 : CALA SANTANDRIA.
« Les éléments se déchaînent… »

Les enfants ne sont pas partis que de violents orages éclatent au-dessus des Îles Baléares.
Sachant que nous risquons d’être malmenés, nous renforçons les bouts à terre, portons une garde au rivage mais Il nous était difficile d’imaginer qu’un beau fjord aussi protégé puisse, en peu de temps, être la proie du vent et des vagues ravageuses. Nous avions pourtant anticipé. Connaissant les fonds, nous avions frappé une amarre à un vieux corps mort, au-dessous du bateau, mais, en pleine nuit, tout se déchaîne… 40 Nœuds enregistrés sur notre anémomètre !!! Le vent et les vagues de plus d’un mètre frappent le bateau latéralement. La pire situation. Et si l’amarre cassait sous les coups de boutoir !!! il faut d’urgence doubler cette amarre qui, seule, peut nous retenir si les bouts à terre lâchent sous la pression des vagues. Quatre heures du matin, lampe frontale sur son masque, le vaillant Capitaine n’hésite pas à s’enfoncer sous l’eau, à crocheter un rocher et passer une seconde grosse amarre que j’assure au voilier. Sur les autres bateaux, c'est aussi le branle-bas de combat, les lumières circulent sur les ponts, les bouts à terre sont lâchés pour ne faire confiance qu’en l’ancre. Un petit paradis transformé en enfer. Heureusement que, comme une année précédente, les méduses n’étaient pas au rendez-vous pour ne pas gêner les manœuvres dans l’eau.

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Au réveil, un seul spectacle réjouissant, celui de ce superbe voilier, ancré devant la crique, une sorte de vaisseau intergalactique doté de 3 gigantesques mâts dont le plus grand mesure 100 mètres de haut. Nous apprendrons qu’il s’agit du « Sailing Yacht A », le plus grand voilier du monde (142 mètres) dessiné par Philippe Stark.

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Nous pouvons remettre les « Parahoule » pour un dernier test de résistance, les vagues, un peu moins hautes, sont encore très agressives. Grace à eux, nous pouvons de nouveau marcher debout !!!
Combien nous nous réjouissons que nos jeunes n’aient pas eu à connaître ce cauchemar. Havane voudrait bien aider, mais nous lui ordonnons de se contenter d’être sage.

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Nous profitons d’accalmies incertaines, l’œil rivé sur les bulletins météo tellement changeants.
Si nous ne partons pas dimanche, nous risquons d’être coincés là par une Tramontane prolongée. Il faut prendre le risque… quitte à se réfugier sur la côte espagnole.

 

 

Dimanche 3 et lundi 4 septembre 2017 : de CALA SANTANDRIA (Minorque) à SAINT-CYPRIEN
« Une dernière traversée musclée… »


Un dernier coup d’œil aux prévisions, elles semblent favorables malgré une houle résiduelle bien marquée mais, depuis le début de la saison, l’incertitude météorologique est de rigueur. Tant pis, nous partons.
Comptant sur une nuit relativement calme, nous avions, dès samedi soir, commencé à désharnacher Logos. Les manœuvres sont donc rapides et ne nécessitent pas de mise à l’eau du Capitaine. Il est 6 heures du matin mais le jour n’est pas encore levé. Il faut trouver la passe dans l’obscurité. Nous voici partis pour une trentaine d’heures incertaines quant à la direction du vent et sa force.
Nous aurons beaucoup de près, plus ou moins serré, tantôt un vent d’Ouest, tantôt un vent d’Est, les voiles seules ou assistées du moteur. Une navigation plutôt tambour de machine à laver qui n’offre que bien peu de plaisir, sauf celui de progresser vers notre but.

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Après la solitude de la pleine mer, il nous faut remonter la côte depuis San Feliu, très lumineux. Tout dort encore mais nous savons au moins où porter notre regard. Une trouée dans les nuages laisse passer un beau rayon de lune, le temps d’une photo. Voici le Cap Creus, de sinistre renommée, franchi sans encombre. Dès son passage, le temps change. Le vent du Nord se lève et la pluie est de la partie. Moteur à 2000 tours !!! Nous passons devant le Cap Bear, Port Vendres, Collioure et enfin, au loin, la longue barrière que forme notre immeuble et les immeubles voisins. Nous les avons vu s’éloigner il y a plus de 15 ans à notre départ pour notre longue itinérance en Méditerranée, ils se rapprochent aujourd’hui où nous achevons ce long périple.

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Un appontement nous est réservé au quai d’accueil du port de Saint-Cyprien, le vent nous est favorable pour l’amarrage. Soulagement d’être parvenus à bon port, surtout pour Havane dont la vessie a résisté quarante heures.

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Nous préparons maintenant Logos à un changement de passagers. Nous finissons de le vider de nos affaires accumulées depuis le départ et constatons avec stupeur que la ligne de flottaison est montée de 10 centimètres…
Nous remercions ce bateau de ne jamais avoir failli, de nous avoir toujours menés à bon port, nous permettant de vivre de belles aventures, de découvrir d’autres lieux, de faire de chaleureuses rencontres.

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Un panneau « À Vendre » orne les filières. L’effet est bizarre !!!
Il est temps pour nous de nous poser un peu, la tête pleine de souvenirs.