Mise à jour : 2016

___ Les carnets de bord de Martine___

Année 2016

 

 

Les vagabondages de LOGOS en Méditerranée

 

 

Du lundi 23 au jeudi 26 juin 2016 : Nautic Center, Santa Margaridas (Espagne).

« Une nouvelle mascotte sur Logos »

Nous sommes exacts au rendez-vous pris début mars avec Raül, le Responsable du Chantier nautique pour la mise à l’eau de Logos. Notre court périple familial, un peu perturbé par les menaces de blocage des routiers, nous a permis de profiter de nos proches avant notre habituel éloignement estival.

 

Cette année, sur le voilier, nous allons devoir apprendre à cohabiter avec notre petit compagnon à quatre pattes, notre Shih Tzu appelé Havane, sans doute à cause de la couleur de son poil. Pour lui, quelle expérience ! À quatre ans, découvrir ce monde étrange de la navigation avec, continuellement, de nouveaux lieux, de nouvelles odeurs ! Fini le train-train des rituelles promenades, jalonnées de repères olfactifs.

Nous devons, au regard du « grutier », passer pour d’étranges navigateurs puisque, l’an passé, nous avions embarqué une belle perruche, oubliant sans doute qu’un oiseau, aussi apprivoisé soit-il, est fait pour voler et non nager. Voici maintenant le lift soulevant Logos, sa nouvelle mascotte, concurrente un peu déloyale de Julot, notre gros chimpanzé en peluche, et moi-même pour nous approcher précautionneusement de la darse, tant les marges de manœuvres entre tous les gros yachts à moteur qui encombrent le « tarmac » sont infimes. Notre photographe attitré est resté au sol pour le reportage. Havane semble intrigué mais confiant. Aimerait-il, en vrai « mec », les sensations fortes ?

La quille de Logos retrouve, après un long hivernage, le contact de l’eau. Les vérification d’usage sont satisfaisantes. Tout semble OK.

Pas de lourde manipulation de voile puisque le génois, si gentiment offert par notre ami Jean-Michel, a déjà été endraillé en mars.

Pendant que Pierre s’affaire aux menus « bricolages » toujours nécessaires lors d’une remise en route, je m’efforce de donner un rangement à chaque chose mais, surtout, à notre petit ami à poils dont le lit trouve place sous la table du carré, lui offrant un endroit bien niché, rien que pour lui. Je sacrifie même mon porte-revues au profit de son coin salle à manger. Osera-t-il se plaindre de maltraitance auprès de la SPA ?

Nous nous faisons discrets pour les sorties dans le chantier, déjà très tolérant de notre présence mais, en plus, avec un chien… Il me faut donc arpenter les trottoirs des rues avoisinantes et découvrir que certaines sont bordées de belles villas très fleuries.

 

Pour l’avitaillement, nous avons nos habitudes, le petit marché couvert de Rosas d’où vient, cette année, notre « jamon ibérico » - recommandé par le boucher - Mercadona, supermarché bien achalandé et Wine Palace pour notre provision de cubis. Havane a, lui aussi, droit à ses provisions de « gueule » et ses gâteries.

Notre projet de descendre le long de la Côte Catalane nous offrira de relativement courtes étapes pour permettre à Havane de se familiariser avec ce nouveau mode de vie. Les prévisions météorologiques sont engageantes. Le départ est prévu pour demain.

 

 

Vendredi 27 mai 2016 : de Santa Margaridas à Cala Sa Tuna.
« Premières aventures »

Une première nav se fait toujours avec un peu de crainte… et une surveillance accrue. En dépit des contrôles préventifs, un bateau fait souvent payer son oubli hivernal.

 

La Grand-Voile est hissée sans problème avec sa belle drisse « catalane » (sang et or, disons rouge et jaune) que Pierre vient d’acheter au magasin Accastillage Diffusion voisin, un look nouveau pour Logos plutôt voué au bleu ou blanc. Un coup d’œil aux barcasses de pêcheurs, ballottées sur les vagues. Il est temps pour nous d’envoyer le Génois pour profiter de ce vent bon plein qui va nous pousser gentiment. Surprise, Pierre a beau tirer, tirer, rien ne se déroule, la drisse est coincée en tête de mat, comme si un facétieux lutin était intervenu depuis notre vérification lors de son installation.

Cette première navigation au moteur nous permet d’observer notre nouveau passager qui, sans paraître inquiété de ce nouvel environnement instable, ouvre tout grands yeux et narines, manifestant un calme surprenant.

N’ayant nul besoin de services, tanks à eau et batteries sont bien remplis, nous ignorons les marinas de la Côte au profit d’une belle baie partagée en deux criques, à 21MN. Toutes deux offrent des bouées peu utilisées en ce début de saison mais celle de Sa Tuna nous semble un peu mieux protégée et présente, pour notre petit mousse, une plage accueillante. Vite ! une amarre, une gaffe… oui mais voilà, la gaffe se coince dans la bouée envisagée, échappe des mains de Pierre… une gaffe à la dérive. Elle coule avant que j’aie pu faire demi-tour. Nous approchons d’une autre bouée, la crochetons avec l’autre gaffe. Nous allons prendre un peu de repos jusqu’à ce qu’on se rende compte que le bateau dérive vers la côte. Soulagement d’avoir vu le problème à temps ! La bouée est bien munie de sa chaîne mais cette dernière n’est plus attachée à son socle. Je dirige donc Pierre sur une troisième bouée, notre deuxième gaffe brandie. La manœuvre semble délicate puisque, appelée à l’aide, je découvre Pierre, allongé sous le balcon, oreille gauche et chaîne de cou prisonnières entre le guide de l’ancre et sa fixation… difficile à imaginer, risible lorsqu’il s’agit d’un film comique… la chaîne se rompt, la médaille de St Benoît est récupérée, par miracle ! mais le bout du lobe de l’oreille part nourrir les poissons… et là, c’est sang sans or et un remake de « L’homme à l’oreille coupée » à la façon Van Gogh.

Les premiers soins prodigués, il est temps de familiariser Havane avec cette seconde embarcation, celle qui permet de retrouver la terre ferme… l’annexe.

 

Une courte promenade et surtout ensuite une bonne sieste pour remettre les idées en place et envisager la montée en haut du mat, malgré le roulis.

 

Plus tôt que souhaité, l’échelle de mat est sortie de son coffre, soigneusement étarquée. Le Capitaine s’élève prestement, je l’assiste ou pour mieux dire, l’assure… la première barre de flèche franchie, la deuxième, la partie supérieure, tandis que le mat se balance dans le roulis. Simplement en le regardant, j’en ai le tournis… alors là-haut et, en plus, pour bricoler.

Conclusion, ce nouveau génois, plus petit, s’est enroulé trop bas, entraînant la drisse trop proche de l’étai. Il suffit donc de le monter un peu et de passer la drisse dans un guide.

Une première soirée calme mais encore très fraîche pour la saison.

Havane semble toujours serein et, surtout, apprécier notre grande proximité permanente.

 

 

Samedi 28 mai 2016 : Cala Sa Tuna (Côte Catalane)
« On se croirait presque en hiver »

 Nous apprécions le calme et le charme de cette crique, loin de l’image que nous pouvons avoir de la Costa Brava. Les maisons sont harmonieuses, les bâtiments hôteliers discrets. Même l’imposant complexe hôtelier qui a investi le petit cap voisin témoigne d’une volonté de respect de l’environnement.

 

Quelques voiliers viennent profiter de la pause dominicale et s’accrochent aux autres bouées qui nous semblent bien mal disposées pour accueillir une affluence estivale.

 

 

Le ciel s’assombrit, annonçant peut-être un orage. La promenade du soir est avancée.

Havane s’approprie le voilier, reniflant chaque recoin. Sait-il que ce sera son univers pendant plus de 3 mois ?

 

Lundi 30, mardi 31 mai et mercredi 1er juin 2016 : de Cala Sa Tuna à Cala Fornells-Aiguablava ( Côte Catalane).
« Sublimes villa dans les pins… »

Grande animation au réveil sur la plage investie par une vingtaine d’hommes, chemise blanche, grand tablier noir et casserole, louche ou autre ustensile à la main. Ils avancent, reculent comme pour une parade devant l’imposant objectif d’un photographe. Nous nous rendons vite compte qu’il s’agit de photographies du staff, prises pour l’ouverture du grand hôtel encore endormi.

Ouf ! le génois est satisfait des modifications opérées, plus léger que notre ancienne voile, il se contente d’un souffle moins puissant pour entraîner Logos le long de cette belle côté rocheuse aux nombreux plissements.

Les îles Mèdes, notre première étape l’an passé, se dressent, telles de vigilantes sentinelles.

 

C’est dans la vaste baie de Fornells, bordée de nombreux hôtels, qu’une belle crique nous accueille, une crique entourée de sublimes villas nichées dans les pins. Nous pouvons nous ancrer mais l’observation d’une barque disposant de nombreuses bouées accrochées par un plongeur à des corps morts nous permet d’imaginer que, dans peu de temps, il faudra retenir une bouée et s’acquitter d’un droit. Peu de clients potentiels pour l’instant, on se croirait en automne, ce qui nous interdit toute baignade… seuls de rares téméraires en combinaisons ou shorties osent affronter cette eau à 18,5°C. Nous pouvons imaginer que les piscines des villas ou du grand hôtel Parader sont chauffées.

Bien ancrés dans cet environnement élégant dont la végétation luxuriante de pins qui descendent jusqu’à la mer n’est pas sans nous rappeler la Turquie. Nous prolongeons notre escale, histoire de nous habituer à cette vie nautique et surtout de laisser passer ce ciel gris et menaçant.

 

Jeudi 2 et vendredi 3 juin 2016 : d’Aiguablava à Blanes.
« Costa Brava des années 60… »

Seule la Grand Voile est hissée pour cause de vent dans le nez, elle stabilise le bateau. Après les hautes falaises ocre rouge, surmontées d’imposantes villas, les sommets s’arrondissent pour révéler de très longues plages bordées d’imposants blocs de béton qui évoquent d’avantage les banlieues des grandes villes que d’agréables lieux de villégiature… sable et soleil garantis, mais dans quel univers !

Nous longeons cette célèbre Costa Brava, si prisée des vacanciers assoiffés de soleil des années 60. Palamos, Lloret del Mar. Parfois, une petite tache rocheuse vient rompre cette monotonie mais il nous faut attendre la petite baie de Falconera, proche de Blanes pour avoir envie de nous arrêter, envie vite refreinée au vu de la houle qui y rentre.

 

Nous optons donc pour la marina de Blanes, aux beaux catways tout neufs accueillis par un marinero couleur balise cardinale, teeshirt jaune et short noir, donc repérable de loin, ce qui est très efficace.

Havane va enfin retrouver ses chers trottoirs et, nous, découvrir une élégante station balnéaire avec son vaste Passeig Maritime arboré et décoré de silhouettes à la gloire de la Catalogne. Ici, les immeubles de front de mer se font discrets et joliment fleuris.

 

 

Derrière cette façade maritime, une ville agréable se révèle avec ses ruelles débouchant sur de petites places, ses ramblas ombragées pour nombreux restaurants. C’est dans l’une d’elles que se tient un petit marché de productions locales, essentiellement des fruits et légumes bien mûrs. Le sac fait maison dans le vieux génois, aux lettres « LOGOS » réalisées au pochoir, est vite rempli. L’ambiance y est plaisante. On y parle d’avantage catalan qu’espagnol, ceci sans doute dû à la moyenne d’âge des clientes dont le caddie sert aussi souvent de canne. Il faut reconnaître que cette petite ville semble faite pour une vie paisible, un peu ralentie et que ses nombreux bancs invitent à une pause pour bavarder ou simplement regarder les autres vivre.

Un vent de Sud peu favorable à notre descente vers Barcelone et le tarif peu élevé de la marina en cette saison nous invitent à une pause très appréciée de notre passager.

 

Samedi 4 et dimanche 5 juin 2016 : de Blanes à Port Vell (Barcelone).
« Logos en régate… »

 Les petits pêcheurs du week-end, trop heureux d’aller taquiner le poisson, ont animé la darse du ronron de leur moteur et de leur parler fort. Heureusement que nous ne voulions pas faire la grasse matinée.

Il est temps pour nous de continuer notre progression, malgré le ciel désespérément gris.

Grand-Voile et Génois sont établis et, contrairement à toute prévision météorologique, se retrouvent en « papillon ». La surprise à dû être grande pour ceux qui ont planifié leur remontée en fonction du vent annoncé.

 

La côte offre peu de charme, alternant longues plages de sable bétonnées, marinas, petites villes balnéaires desservies par cette ligne de chemin de fer qui nous a causé bien du souci à l’approche de nuit de la marina de Port Premia à cause des innombrables feux verts et rouges. « Mais où est l’entrée du port ? ». Aujourd’hui nous nous amusons à suivre du regard les trains serpenter le long de la côte puis disparaître dans les tunnels, à la façon d’un circuit de petit train électrique.

Nous envisageons de solliciter la vaste marina olympique, un peu loin de la ville, réputée comme peu fréquentée. Mais voilà, en mer, comme ailleurs, tout évolue très vite. Régates, formations à la voile, sessions y sont maintenant régulièrement organisées et regroupent de nombreux participants.

 

Non seulement, nous essuyons un refus, même en insistant, mais nous nous retrouvons en plein milieu d’une régate, parmi de magnifiques unités. Logos se fait tout petit, l’appareil photo brandi nous donne un peu des airs de reporter, Havane est tout yeux mais très sage.

Il ne nous reste plus qu’à poursuivre notre route vers Barcelone, jusqu’au port de « Port Vell », signalé par de hautes grues et des tankers à l’attente et nous enfoncer dans le long chenal qui mène à la marina, elle aussi bondée. Après de longues palabres et une voix implorante, nous réussissons à finalement être admis. Il faut avouer que l’après-midi est avancée et que la prochaine marina est à plusieurs Milles.

Quelques minutes d’attente, un marinero, aimablement, déplace une grosse annexe de gros yacht. Nous voici appontés juste devant les luxueux bureaux de la marina, dans la zone des Big Very Big hélicoptère sur le pont. Nous voisinons d’ailleurs avec ILONA et son bel hélicoptère.

Quel soulagement ! Après 37 Mn il nous était difficile d’envisager une autre escale !

Nous nous empressons d’accomplir les formalités, de peur qu’ils ne changent d’avis, Havane se hâte de trouver un petit angle propice à un lever de patte. Nous n’avons plus qu’à attendre qu’un appontement se libère, sans grand espoir pour ce soir puisque, comme à l’hôtel, une journée se termine à midi. Contre toute attente, le Skipper de « Ripaille », un nom très évocateur, vient restituer son badge.

C’est gagné, Logos va pouvoir obtenir une place bien à lui, au cœur de la sélecte marina, devant le grand boulevard de front de mer, très animé par de nombreux vendeurs dits « à la sauvette », mais qui, malgré l’interdiction, semblent très bien tolérés.

Nous avons à peine terminé l’installation d’usage des branchements qu’un amical « Bonjour Logos » nous interpelle. Serions-nous ENFIN reconnus ? Non seulement, reconnus, mais « secrètement » attendus par deux fidèles lecteurs du site, Marie-Jo et Éric. Sans tarder, nous nous retrouvons à bord de leur voilier « MARICK », un OCEANIS 43, devant un apéritif très cosmopolite, magret fumé maison, boutifar, pimientos, le tout arrosé d’un Muscat sec des Cévennes.

Les points communs sont nombreux, les centres d’intérêt semblables, la conversation animée se poursuivra le lendemain sur Logos avant que nos routes ne se séparent puisque Marick remonte vers le Nord.

Nous rêvons de tapas mais, avec Havane, les petits restos des ruelles nous sont interdits, il nous faut donc opter pour la terrasse de « Sailor », restaurant pour touristes. Tapas et Sangria un peu industriels, mais un petit chien bien sage, tout heureux d’avoir retrouvé la terre ferme et de pouvoir regarder les passants.

La soirée est très avancée mais l’animation est grande, comme de coutume en Espagne et peut-être encore plus à Barcelone, réputée pour son art de vivre.

Notre dimanche sera consacré à flâner et à agrémenter notre avitaillement de produits catalans aux étals de producteurs locaux, charcuterie, olives et empenadas, de bons compléments à notre jambon.

Avant de partir, nous ne manquons pas de rendre une petite visite à un proche voisin, le plus grand yacht au monde, appartenant à un industriel australien… « ULYSSES », un monstre de 117 mètres de long. Peut-être le croiserons nous aux Baléares, à moins qu’il n’ait de plus grandes ambitions…

 

Lundi 6 juin 2016 : de Port Vell (Barcelone) à Torredembarra.
« De marina en marina… »

Un aimable « au revoir » au responsable de la Capitainerie pour signaler notre départ et remercier de l’accueil. Il est 8h45, nous commençons une longue journée de navigation avec un vent peu engageant puisqu’il nous oblige à naviguer au moteur jusqu’à la fin de la matinée. « Marick » qui remonte vers le Nord doit se réjouir !

 

Nous longeons l’aéroport, puis le grand golf 18 trous de Barcelone. Seul un bateau de pêche suivi de deux dauphins vient rompre la monotonie de cette longue descente.

Pierre entraîne Havane à des manœuvres de drisse… il faut bien distraire les enfants... mais qui est l’enfant ?

Un petit vent, un petit angle suffisant pour gonfler notre nouveau génois… Logos longe doucement la côte, s’amusant du petit train qui serpente toujours.

Le ciel s’assombrit, il nous tarde d’atteindre l’escale projetée. Une pointe, un phare, nous voici parvenus à Torredembarra, après 8 heures de navigation et quelques 43MN parcourus.

La marina, sous le phare, est éloignée de la ville, nous nous contentons donc d’une belle promenade en bordure d’une longue plage de sable fin.

 

 

Mardi 7 juin 2016 : de Torredembarra à l’Atmeilla de Mar.
« Logos se pare de rouge… »

Nous profitons de cette coquette station balnéaire avec ses maisons basses blanches, dominées par ce château bâti sur un tertre.

Une mer d’huile nous permet d’admirer les paysages de la Costa Dorade, beaucoup plus pittoresques avec ses villages côtiers surmontés d’églises et châteaux.

Puis nous longeons la ville de Tarragone reconnaissable à cette vaste cathédrale. Grand port, peu engageant avec de nombreux cargos à l’attente. Nous choisissons de poursuivre notre route sans découvrir cette ville historique qui méritait peut-être une étape.

Un immense « Scenic Railway » et une grande roue nous signalent la proximité du vaste parc d’attractions de Port Aventura. Frissons et sueurs froides garanties. Bravo Sophie et Jean- Baptiste pour votre courage.

Si Havane s’occupe en tirant sur les bouts en apprenti mousse, nous décidons d’habiller nos pare-battages de belles chaussettes en jersey rouge, rouleau unique acheté en solde chez le marchand de tissu de Vannes (ce qui explique la couleur que nous n’avons pas pu choisir) et à, l’imitation du voilier « Marick », de les laisser à poste… à mon âge, toute économie d’effort est appréciable…

Un petit vent nous a permis d’établir Grand-Voile et Génois, imités par deux voiliers qui semblent suivre la même route que nous.

Le relief s’élève en une haute montagne. De très luxueuses villas sont dispersées le long de la Côte, tout comme autour d’Aiguablava.

Il est 15h 45, nous pénétrons dans le port de pêche de l’Atmella, investi par de nombreux chalutiers. Seules trois ou quatre places sont réservées aux bateaux de passage, appontements plus appropriés à des bateaux de pêche qu’à des voiliers, tant le quai est élevé. Acrobatie scabreuse pour quitter le voilier et tarif tout aussi élevé que le quai.

 

Même pas la possibilité d’acheter du poisson à la criée, réservée aux professionnels. Heureusement que, dans la ville, coquette et commerçante, un poissonnier nous fournit anchois, sardines et thon. Cela aurait été un comble d’être dans un port de pêche sans pouvoir manger de poisson…

 

Mercredi 8 juin 2016 : d’Atmella de Mar à Sant Carles.
« Une tour Eiffel en mer… »

Que d’engins de pêche de toute sorte encombrent la vaste baie devant le port. Attention à tribord ! Attention à bâbord ! Pour solliciter notre vigilance, ils ont même dressé en pleine mer une Tour Eiffel, espérant ainsi rivaliser avec Paris. Puis c’est le grand vide, un voilier au loin, un petit chalutier bleu suivi de sa nuée de mouettes, seul réel signe de vie et ce très long banc de sable à contourner pour pénétrer dans la Baie des Alfacs qui abrite la Marina. Sur le long cordon lagunaire, de hauts tas de sel révèlent une importante saline.

Que le contournement de ce grand banc peu profond est interminable avant de s’engager dans un chenal balisé de vert et rouge, tout aussi long, pour s’enfoncer dans les terres ! Quel soulagement lorsque nous pénétrons dans un très vaste avant port bordant une grande marina. Un marinero nous fait signe de nous enfoncer plus avant, presque en pleine nature pour nous amarrer à un catway. Un bien bel endroit pour se reposer et une douce pensée pour Monique et Jean-Claude qui aimaient y séjourner.

Nous apprécions la soirée en ce lieu paisible après ces 37Mn parcourus, mi voile mi moteur.

 

Jeudi 9 et vendredi 10 juin 2016 : Sant Carles Marina (Puerto de los Alfacs).
« Une agréable pause… »

 

Une impression de vacances règne dans cette marina, beaucoup de bateaux sont encore en sommeil, mais ceux qui sont habités ressemblent plus à un pied à terre de vacances qu’à un voilier en mouvement. Leurs passagers se prélassent dans des fauteuils ou vaquent à des occupations de nettoyage et bricolage. Aucune hâte, juste le souci de profiter de ce cadre plaisant.

Pour nous, un peu de marche à pied, ce qui n’est pas pour déplaire à notre petit compagnon, toujours très volontaire lorsqu’il s’agit d’arpenter les trottoirs…

Rien de particulier dans cette petite ville sans grand charme. Une halle, quelques boutiques pour notre avitaillement puisque le grand marché n’a lieu que le samedi.

Au retour de promenade, nous avons la surprise d’être interpellés par le propriétaire d’un bel Hallbert Rassy qui dit nous avoir déjà rencontrés à Almerimar… décidément nous sommes célèbres…

Pour nous, la date de la rencontre ne convient pas mais qu’importe puisque lui, David, un anglais distingué parfaitement bilingue et Chantal, son épouse française sont formels et très sympathiques.

Des obligations familiales les rappellent en France, puis en Angleterre. Dommage car nos premiers échanges avaient été chaleureux.

Cette paisible pause et la chaleur qui commence à se faire sentir ne me disposant guère à descendre jusqu’à Valence ni affronter encore de longues navs, nous optons pour une traversée directe sur Ibiza depuis Sant Carles, soit plus de 105 Mn. Le plein de gasoil est fait. Le réveil programmé.

 

 

Samedi 11 juin 2016 : de Sant Carles (Costa Dorada) à Sant Antoni (Ibiza). 
« Quelle misère… ! »

4H30… Le coq du réveil chante, juste au moment où nous commencions à dormir du sommeil du juste, oubliant le pavillon qui cogne sur le hauban, l’annexe qui se frotte au catway et Havane, qui, très sensible au moindre bruit s’agite… Quelle misère ! Avec plus de 100 milles à parcourir, nous ne pouvons retarder notre départ. Qu’ils ont de la chance ceux qui dorment encore paisiblement dans la marina ! Il fait encore nuit, ce qui nous oblige à une vigilance accrue pour repérer les balises du chenal. Pas question de nous tromper et de nous retrouver ensablés.

Dès cet obstacle franchi, la traversée peut commencer, toutes voiles déployées bon plein, mais sur une mer hachée à vous en soulever le cœur. Le Capitaine résiste, Logos file bon train et fend les vagues avec ardeur mais l’équipage déclare rapidement forfait en se réfugiant dans le carré. Dure épreuve que celle d’une « vraie » première navigation. Même notre mascotte semble regretter le rythme petite croisière de notre descente côtière et préfère se réfugier dans son lit !

Il semble que le Capitaine n’ait pas été dérangé, la mer étant encore déserte en cette saison.

Quel soulagement lorsqu’à l’approche du port de Sant Antoni nous apercevons le museau de requin du ferry Balearia après une traversée de quelques 106Mn parcourus en 15h30 dont, un beau record, 13h30 à la voile, soit 7Noeuds de moyenne. Nous avons appris que, depuis deux ans, la marina a parsemé le fond de la rade de bouées payantes, limitant exagérément la zone d’ancrage. Adieu notre petit moulin, il nous faut jeter l’ancre derrière les bouées jaunes, loin, face au large.

Il est 20h30, l’heure de faire une grande pause pour récupérer un peu.

 

Dimanche 12, lundi 13 et mardi 14 juin 2016 : Sant Antoni de Portmany (Ibiza).

« Bouée 27… »

 Qu’il est agréable ce premier bain de mer après une nuit paisible. Tout l’équipage y a droit, même notre mascotte, certes habitué à la douche… mais un bain de mer ! Sait-il seulement nager ? L’effet de surprise passé, ses petites pattes se mettent à tricoter pour le ramener bien vite vers l’échelle du voilier, espérant qu’une main secourable le hissera à bord.

Toute cette journée sera consacrée à une bienfaisante récupération, tout en observant cet environnement qui nous est familier, hauts buildings des très nombreux hôtels, fête foraine qui, le soir, éclaire le ciel de ses lumières psychédéliques, allers et venues des bateaux taxis, mais, étrangement, nulle agression de ces bateaux à sensations fortes, style Twister ou Take off (celui qui prenait un malin plaisir à nous malmener il y a deux ans). Tous attendent d’être sortis de la rade pour faire leurs effets. Il se dit que les autorités municipales, pour attirer une clientèle plus raisonnable, ont souhaité donner une autre image de cette station, réputée très festive.

Dès le lendemain, afin d’éviter l’inconfort d’un fort clapot persistant, nous décidons de nous « offrir le luxe » d’une bouée, c’est-à-dire à 33 Euros la nuit… plutôt rentable comme investissement, en souhaitant qu’elle soit le plus enfoncée possible pour limiter ce balancement fatigant… Merci au gentil marinero qui nous attache à la bouée 27, la toute dernière, non loin de la plage, nous assurant ainsi un calme appréciable et son service de taxi-boat jusqu’au ponton de la marina. Nous réussirons à l’annexer deux jours.

Nous faisons maintenant partie des « happy few », traités avec attention par les secrétaires de la Capitainerie… fiche soigneusement renseignée, avec photographie et cadeaux de bienvenue tout comme à Yacht Marine (Turquie) il y a longtemps. Merci pour cette belle pochette pour les papiers du bateau et surtout les deux verres de Champagne espagnol offerts dans le très luxueux restaurant Es Nautic de la Marina… Qu’il est bon parfois de se prendre pour des « grands » de ce monde.

Heureusement qu’Havane n’a pas les mêmes goûts de luxe et sait, lui, montrer la voie de la sagesse, se contentant d’un pied d’arbre ou un coin de mur… Nous lui faisons découvrir nos commerçants, il se sent un peu concerné pour sa provision de croquettes.

Nous ne souffrons pas trop de l’animation nocturne qui nous parait presque supportable.

 

Mercredi 15 et jeudi 16 juin 2016 : de Sant Antoni à Sant Miguel.

« D’un Saint à un autre »

 

Après la rituelle promenade à terre et l’acquittement de la taxe pour cette seconde nuitée, nous quittons notre bouée pour remonter vers le Nord.

La très vaste baie devant le port commence à s’agiter. Grand-Voile et Génois sont établis. Attention à une éventuelle survente du haut cap… De survente point et même une chute de vent totale qui nous oblige à longer les hautes falaises au moteur. Les souvenirs des navigations précédentes sont encore bien présents : l’îlot où nous avions fait une plongée très profonde en 2000 tandis que nos trois passagers surveillaient le voilier, la minuscule Cala Portixol dont l’entrée se devine à peine, pour finir par cette barrière rocheuse à l’entrée de la baie de San Miguel que seule la carte sur la tablette nous a révélé in extremis en pleine nuit. Aujourd’hui nous avons tout le loisir de la contourner et d’admirer la superbe villa qui a investi tout l’îlot d’entrée.

Cette fois, nous avons beaucoup de mal à reconnaître ce lieu. C’est le grand calme, les voiliers sont peu nombreux et nous pouvons nous approcher de la plus petite des trois plages. L’eau y est émeraude mais héberge malheureusement quelques méduses rapidement capturées dans notre filet. L’animation des plages est bon enfant.

Cette sérénité ne durera malheureusement pas. Un fort coup de vent est annoncé pour la deuxième partie de la nuit. Il est au rendez-vous, en violentes rafales qui semblent enfler leur souffle en mer, 20Nd, 30Nd.Tout d’abord elles passent rageuses au-dessus de Logos, puis atteignent la surface de l’eau qui se plisse, c’est alors le grand charivari, de haut en bas, de bâbord en tribord.

Lorsque le vent tombe dans la matinée, Logos roule toujours d’un bord sur l’autre. Une longue journée de récupération s’impose.

 

Vendredi 17 juin 2016 : de Puerto San Miguel à Biniras

« La reine Victoria trône sur la Roche Bernat… »

 

La nuit a été paisible, les quelques rafales de terre ayant écrasé la forte houle, mais le balancement persiste toujours ce qui nous fait opter pour la crique toute voisine, puisque seulement à 1MN.

L’imposante roche Bernat en garde l’entrée, tellement menaçante que Havane, surpris, l’invective d’un sonore aboiement, à moins qu’il n’ait reconnu dans la silhouette qui semble trôner en son sommet, celle de la Reine Victoria devant Buckingham Palace.

À notre grande surprise, la baie est vide de toute embarcation. Nous jetons donc l’ancre dans cette belle eau émeraude, non loin de la plage. Sur les hauteurs, deux superbes villas contrastent étrangement avec les anciens abris à bateaux du rivage, reconvertis en « ça me suffit » pour la journée.

Sur la plage, seulement d’élégants restaurants au mobilier harmonieux en bois flotté, réservés aux seuls visiteurs à la journée puisque toute autre construction touristique est interdite. Nous y commanderons une belle pizza pour notre dîner. Un petit marché artisanal vient y mettre une sympathique animation. Le sous-bois tout proche nous permet une agréable promenade avec notre moussaillon.

Quelques voiliers nous ont rejoints.

Nous y retrouvons, en soirée, la tradition des martellements des jumbees pendant le coucher du soleil, tellement plus agréables que ceux des basses des hauts parleurs.

 

Samedi 18, dimanche 19, lundi 20 juin 2016 : de Cala Biniras à Cala San Vicente (Ibiza).

« Montagnes russes gratuites… »

 

Au réveil, petit déjeuner sous un ciel gris de plus en plus menaçant. De fortes rafales commencent à malmener les voiliers mal ancrés. Les prévisions météorologiques ne nous engagent pas à nous attarder. Il nous faut songer à gagner un abri plus sûr, au nord de l’île, plus précisément Portinatx, petite rade familière, bien fermée.

À l’extérieur de la baie, les vagues forment déjà d’impressionnantes montagnes russes. Tout comme à Port Aventura, Logos monte, redescend, Pierre, à la barre, l’aide à fendre la mer. Mais, mauvaise surprise, avec une telle mer, Portinatx est impraticable et nous fait envisager de rebrousser chemin pour gagner l’abri de Sant Antoni. Vite, un appel téléphonique à la marina espérant y être « reconnus ». Peine perdue, en dépit de mes explications, insistant sur l’urgence d’une décision, toujours la même réponse imbécile : « I put you on the waiting list! » alors que nous savons par expérience que bon nombre de bouées sont vacantes. Inutile d’insister, nous continuons notre route jusqu’au premier abri côte Est. Nous aurons parcouru 11Mn avant de trouver un abri dans la Cala San Vicente.

Plusieurs voiliers sont déjà ancrés, face au grand complexe touristique de « Groupotel », dont un voilier arborant un grand pavillon breton et, nous l’apprendrons en faisant connaissance, le pavillon du Nord, ou maintenant Haut de France pour les puristes. Pour l’instant, l’heure n’est pas aux civilités et nous attendrons, sagement, la visite de Gabriel, un lecteur du site, sur OUKIVA, avec son épouse Fabienne.

La Cala Vicente nous apparaît comme une jolie station balnéaire, très bien « habitée ». Les résidences y sont chics, bien fleuries, aux abords arborés.

Nous avons tout le loisir de faire plus ample connaissance avec Gabriel, passionné d’électronique, compétence très utile sur un voilier et Fabienne en laissant passer ce vilain coup de vent, qui, même ici, à l’abri, agite le plan d’eau et rafraîchit l’atmosphère. Nous aurions bien fait plus ample connaissance avec les passagers d’ULYSSES, le géant parmi les grands yachts croisés à Barcelone, mais son propriétaire, riche homme d’affaires australien, n’a pas daigné reconnaître LOGOS !

 

Du mardi 21 au vendredi 24 juin 2016 : de Cala Vicente à Cala Portinatx.

 « El caballito del mar… »   

 

Une fois de plus le vent a changé de direction et pousse maintenant les vagues dans notre cala. Retour au Nord, en visitant les criques possibles. L’une dominée par de superbes villas n’offre qu’un rivage de rochers nécessitant un périlleux exercice d’escalade, l’autre est trop houleuse, la troisième est trop étroite et ne permet pas l’évitage. Cette fois ci, avec ce vent d’Est, Portinatx sera notre refuge.

Notre nouvelle connaissance, OUKIVA, y est déjà ancré. Une place confortable, non loin des bouées délimitant l’aire de baignade nous attend.

Portinatx est toujours une station balnéaire aussi riante et familiale où il fait bon, si possible, faire une pause, loin de toute agression trop festive.

Nous en profitons pour faire plus ample connaissance de l’équipage de OUKIVA, mi breton, mi ch’ti. Oukiva ? Le savent-ils… car encore en activité ; d’oukivien ? de Lorient avec une pause à Valence.

Nous partageons une paella au « El jardin del mar », restaurant recommandé par plusieurs plaisanciers mais dont la réputation est sans doute plus due à son superbe balcon terrasse ouvert sur la baie qu’à la qualité de sa cuisine.

Nous préférerons ensuite « El Caballito del Mar », qui, outre une cuisine recherchée, nous a permis, grâce à sa connexion Internet, de mettre à jour Windows 10 et plusieurs applications sans « plomber » notre forfait.

Si les nombreuses petites supérettes permettent de compléter l’approvisionnement, la difficulté en ces lieux est de trouver un champ de blé pour satisfaire à la tradition de la Saint Jean, il nous faut donc nous contenter de 7 herbes folles, chacun espérant qu’elles produiront le même effet…

 

Samedi 25 juin 2016 : de Portinatx à Charracas.

« Havane surfe… »

 

Simplement histoire de manœuvrer un peu, nous décidons d’aller ancrer dans la baie voisine, distante d’1,6 Mn… tout près de la plage.

Havane y découvre les plaisirs du surf sur la belle planche bleue et jaune empruntée aux petits enfants. Il ne semble pas peu fier de ses exploits et des encouragements qu’il suscite. Si beaucoup de chiens accompagnent fièrement leur maître sur des paddles, c’est sans doute un des rares chiens surfeurs de la planète.

Malheureusement, si le temps est idyllique sur terre, offrant aux vacanciers une température agréable, il n’en est pas de même en voilier, le vent extérieur à la baie soulevant une houle qui malmène les passagères « fragiles ».

La nuit est donc très « balancée » et inconfortable.

 

Dimanche 26 juin 2016 : de Xarracas à Portinatx.

« Rêve de calme… »

 

Un ciel gris ne ternit nullement la promenade matinale de notre compagnon, au contraire. Il fait bon et les pieds d’arbres sont frais, mais une fois sur le voilier, c’est une autre histoire. Impossible de trouver son équilibre… ça balance pas mal, comme dit la chanson, pour moi « ça balance trop ! ».

Retour sur Portinatx, baie toute aussi grise et remuante où il nous faut, même en soirée, défendre notre espace vital, singulièrement restreint par un grand catamaran charter dont le skipper, avec une certaine grossièreté gestuelle, persiste à jeter l’ancre trop près de Logos, plus soucieux de ne pas perdre la face devant ses clients que d’assurer la sécurité des bateaux en cas de coup de vent.

Heureusement, cette nuit-là, le ciel sera clément.

 

Lundi 27 et mardi 28 juin 2016 : de Portinatx à Benniras.

« C’est bon aussi les habitudes… »

 

Une courte navigation sous génois, un amical salut à la noble dame au sommet de la Roche Bernat, nous voici à nouveau en ce lieu familier… À nous les bonnes pizzas accompagnées d’une Cerveza bien fraîche, la petite promenade dans la pinède et les jumbees au coucher du soleil.

Seul problème, la fréquentation accrue de la baie en soirée et la fâcheuse manie qu’ont certains plaisanciers de « garer » leur voilier, comme s’il s’agissait d’une simple voiture.

 

Mercredi 29 juin 2016 : de Benniras à Sant Antoni.

« Pensée pour nos deux saints du jour… »

Nous avions prévenu notre voisin un peu proche de notre départ matinal. Il est déjà sur le pont, prêt à manœuvrer en cas de gêne, alors que tous les autres bateaux sont encore endormis… et leurs passagers aussi. Effectivement un jour à faire la grasse matinée… le ciel est gris, la mer est grise, il n’y a que nous qui ne le sommes pas. Certes nous aurions pu retarder notre départ mais il nous semble plus sage de regagner Sant Antoni, même sous cette pluie qui nous oblige, je veux dire oblige mon skipper à revêtir un ciré. Comme il ne fait pas un temps à mettre un chien dehors, je reste au chaud avec mon copain à poil.

Pierre a même le courage d’établir le Génois.

Cette fois-ci, pas de demande de bouée officielle, mais un mouillage à la toute limite de la zone autorisée, près de la bouée verte du chenal, pour ne pas être trop loin de la ville.

La saison bat maintenant son plein, le trafic des navettes d’une rive à l’autre est incessant, mais « Twister » et « Take off » semblent définitivement avoir été mis au pas.

Un petit ponton à l’écart dans la marina nous permet d’apponter confortablement l’annexe pour promenades et avitaillement. Un beau pare-battage, sans doute échappé d’un yacht, semble nous y attendre, sa chaussette de protection est malheureusement bleue… il fera cependant un autre très sympathique Smiley sur Logos.

En ville, Havane retrouve ces mille odeurs qui le mettent en émoi et nous, nos fidèles commerçants dont l’excellent boucher Pere Pera.

Comme cadeau de fête, Pierre a même droit à une belle paire de VRAIES Crocs achetée, non pas dans un bazar, mais chez un accastilleur… cela fait plus « nautique » !

Le ciel s’est éclairé, le soleil est réapparu, la soirée est douce et le sommeil réparateur, en dépit de l’animation ibizenque…

 

Jeudi 30 juin 2016 : de Sant Antoni à Cala Bassa.

« CBbC … »

 

Pour le plaisir de la baignade, la température de l’eau atteignant enfin les 24°C, nous décidons de gagner la vaste crique de Cala Bassa à l’entrée de la baie.

Le site y est non urbanisé, à part la présence d’un luxueux Club de plage, CBbC ou Cala Bassa beach Club, un lieu comme nous n’en avons encore jamais connu… le luxe à l’état pur… mêlé à confort et discrétion, avec ses hauts lits à baldaquin où il doit faire bon se reposer dans des draps d’un blanc immaculé, tout en dégustant cocktails ou verres de champagne - ses confortables chaises longues, le tout à l’ombrage d’arbres dont l’implantation a été respectée. Ici, toute la jet set de Sant Antoni se retrouve, peut-être pour récupérer d’une nuit un peu mouvementée, mais en respectant la sérénité de ce lieu.

Plus populaire, en fin de matinée, les PC de Sant Antoni déversent sur la plage leur flot de vacanciers pour les reprendre en soirée.

Sur l’eau, nous côtoyons aussi du beau monde dont « SUZANNE OF STOCKHOLM », superbe voilier suédois de plus de 30 mètres, apparemment en vente pour la modique somme de 1 750 000 euros… À l’étude !

Seuls nos « copains de Sant Antoni », à savoir « Twister » et « Take off » viennent troubler la beauté de ce lieu en « frimant » un peu, sans doute pour attirer d’éventuels clients.

Nouveau martèlement de jumbees au coucher de soleil, survol d’un drone puissant qui suscite l’envie de Pierre, puis c’est le grand calme.

 

Vendredi 1er juillet 2016 : de Cala Bassa à Playa del Comte.

« Shootés et sourds... »

 

Une courte visite au Club dont le personnel s’affaire à la préparation du site pour la journée. Des robinets d’eau providentiels nous permettent de faire provision pour l’arrosage de notre jardin aromatique, nous allons amorcer notre descente vers le Sud de l’île.

Cette année, le choix de nos mouillages est conditionné par les nécessités de confort de notre passager. La Cala Rotja, bel amphithéâtre de roches rougeâtres, sans le moindre petit recoin de sable nous est interdite. Nous optons donc pour le mouillage de la Playa del Comte, entre le petit îlot del Bosque et la côte d’Ibiza, un petit air de mouillage du Pacifique par la couleur de l’eau. Bien sûr, bonne baignade pour les passagers de Logos.

 

Pas de palmiers à terre, mais un plateau désertique aux senteurs de garrigue, assez peu propice à la promenade mais fort prisé des cyclistes sur VTT.

Si Sant Antoni semble avoir gagné en calme, ici, en pleine nature, avec seulement deux restaurants, ce fût djumbees de coucher de soleil, puis DJ générant des hurlements de plus en plus puissants et ce, jusqu’à 5heures du matin. Nous n’osons pas imaginer l’état de ces fêtards et déplorons que l’on puisse ainsi gâcher un si beau lieu.

Une vision, si fréquente en Turquie, d'une Gület au mouillage. Souvenirs !!!

 

Du 2 au 5 juillet 2016 : de Playa del Comte à Cala Codelar.

« Un peu flippant… »

 

Avant de reprendre notre route, nous profitons avec délectation du calme retrouvé… baignade et séance de planche pour Havane, agréable moment de relaxation avant d’affronter l’épreuve du passage très peu profond entre les îles de Conejera et del Bosque, raccourci très appréciable, mais que beaucoup ne se risquent pas à emprunter, préférant le contournement de la plus grande île.

Pierre, l’œil rivé sur le sondeur, moi, à l’avant, en figure de proue, cherchant à évaluer la hauteur restant entre la quille et les roches du fond… tout doux, tout doux… attention, une ligne de roches frange des deux côtés et réduit les possibilités d’écart de route… c’est justement en ce point que la puissante vedette de la Guardia Civile nous double, seulement préoccupée de la mission à accomplir… muchas gracias pour les vagues ! et un grand OUF ! de soulagement un fois passés.

Une toute petite nav et nous « engrottons » notre ancre dans les rochers qui tapissent le fond de la Cala Codelar. Pas de risque de décrochage en cas de grand vent. Ses pentes sont urbanisées d’importantes villas très chics et, sur la plage, un petit restaurant bar accueille les plagistes du jour. C’est là que nous rencontrons Philippe, Jocelyne et leurs deux fils, anciens Néocalédoniens en route pour Brest sur un bel Ovni, « ANTIDOTE » récemment acquis. Nous partagerons de très agréables moments avec ce jeune couple, si riche en souvenirs des îles du Pacifique, mais aussi plein de projets de belles navigations futures.

Comme dans la plupart des criques, nous sommes spectateurs de la vie autour de nous, une mariée et son époux, pieds nus, se font photographier sur le petit ponton où nous débarquons, lieu qui a peut-être marqué leur jeunesse ; un jeune homme, tel un mannequin sur un podium présente avec beaucoup d’élégance les vêtements qu’il souhaite vendre, assurément un habitué avec ses clientes attitrées. Mais la seule vraie coqueluche des lieux, c’est Havane. On lui sourit, on le papouille. Une anglaise va jusqu’à lui montrer son propre chien sur son smartphone. Il faut avouer qu’il sait parfois se montrer très séducteur et n’est pas avare de civilités, sauf avec ses congénères.

 

Mercredi 6 juillet 2016 : de Cala Codelar à Cala Moli.

« Havane se régale d’un oursin »

 

Toujours notre petit rythme, histoire de changer de cadre et puis notre passager sélect a l’air d’apprécier ces changements de paysages. Heureusement qu’il n’a pas remarqué ce grand yacht avec toboggan, cela lui aurait donné des goûts de luxe… ! Nous ancrons dans une petite cala étroite au mouillage limité par des bouées, mais bien sûr avec une plage à l’entrée d’une pinède pour la promenade et, pour nous, un beau restaurant-bar, Club de plage, un peu moins select que le CBbC, où, tout en dégustant une Cerveza, nous pourrons mettre à jour les applications de smartphones.

Havane, pour se montrer digne des lieux, fait même son show sur sa planche en se hasardant à se mettre debout.

 

Jeudi 7 juillet 2016 : de Cala Moli à Cala Tarida.

« Nuit en veille »

Une météo peu engageante pour le sud de l’île d’Ibiza, avec un renforcement du vent prévu pour la nuit prochaine, nous font envisager de regagner l’abri de Codolar que nous avons apprécié plus au Nord.

Au passage, nous hésitons entre une grande baie que nous n’avons pas encore expérimentée et une séduisante petite anse, bien nichée, bordée d’abris de pêcheurs. L’eau y est couleur émeraude, bordée d’une petite plage pour les états du petit monsieur.

Un voilier est déjà ancré, nous resterons donc un peu en retrait. Ici, image de la grande station balnéaire avec d’importants complexes hôteliers mais aussi toute l’animation vacances en bord de mer. Le plan d’eau est sillonné de nombreux hors bords tirant des skieurs nautiques, des bouées, des jet-skis. Non loin de nous, un imposant rocher au sommet érodé en plate-forme sert de plongeoir aux plus téméraires.

Nous bénéficions aussi du plaisir de la baignade car la chaleur devient de plus en plus orageuse.

Bien ancrés, nous devrions faire face au vent qui forcit. Il n’en sera pas de même pour notre voisin qui, en pleine nuit, se retrouve en difficulté, tout près des rochers et réussira à fixer, provisoirement, son voilier à une bouée providentielle en attendant le lever du jour pour quitter ces lieux devenus inhospitaliers. Pour nous, ce sera alarme de mouillage et demi-sommeil, à l’écoute du moindre bruit suspect.

 

Vendredi 8 juillet 2016 : de Cala Tarrida à Cala Bassa.

« Rêve d’un lit qui ne se balance pas »

 

Tout ce secteur est devenu très agité, donc inconfortable. Une seule possibilité est envisageable pour retrouver un peu de calme, la belle Cala à l’entrée de la baie de San Antoni. Mais avant, nouvelles angoisses dans le passage peu profond entre deux îles, parcouru à cette heure par de nerveux bateaux moteur.

Soulagement lorsque nous jetons l’ancre dans Cala Bassa. Quelle douce impression que ce calme retrouvé malgré la présence de nombreux voiliers dont ceux loués à San Antoni et faisant flotter le pavillon de la Compagnie Rumbo Norte Ibiza. Havane apprécie sa promenade en ce lieu familier, nous aussi, tout ici est tellement élégant.

C’était compter sans le vent qui se manifeste de plus en plus et soulève de vilaines vagues, réduisant l’efficacité des sacs anti-roulis et nous promettant une mauvaise nuit.

 

Samedi 9 juillet 2016 :de Cala Bassa à San Antoni.

« Agréable surprise »

Pas de grasse matinée, nous sommes incapables de prendre notre petit déjeuner en ce lieu si remué. Il n’est que 7h15, nous voici déjà en manœuvres tandis que les autres voiliers, aux équipages sans doute plus résistants sont agités de soubresauts agressifs.

3MN pour remonter la rade, nez au vent et jeter l’ancre près de la bouée verte du Chenal. Enfin un peu de calme avant que la baie ne s’anime, nous sommes en pleine saison touristique, taxis-boats et PC font le plein.

Une surprise inattendue… tout l’équipage d’ANTIDOTE venu nous surprendre alors que nous les imaginions à Formentera… infernal en ce moment de grande affluence pour eux, habitués aux lagons déserts. Ils ne s’attarderont donc pas et gagneront Gibraltar au plus vite pour finir leurs vacances…aux Açores…

Si le vent semble ici supportable, c’est la sono qui ne l’est pas. Les watts déchirent la nuit et nos oreilles jusqu’à 5 heures du matin… sans compter les hurlements de plus en plus puissants des « teufeurs » sous l’influence de comprimés « rigolos »… Misère, Misère ! Encore une nuit blanche !!!

 

Dimanche 10 juillet 2016 : de San Antoni à Portinax (Ibiza).

« Pas de Cocorico pour une finale »

 

Au réveil, la baie est un vrai miroir, le silence est presque total, seul ANTIDOTE est prêt à appareiller après avoir fait le plein de gasoil. Nous n’allons pas nous attarder non plus, souhaitant rejoindre le petit port de Portinax à 16MN d’ici pour le déjeuner.

Les hautes murailles de la côte sont encore dans la brume, très impressionnantes, presque sinistres, n’offrant aucun abri pendant une dizaine de Milles. Les îles Margaridas apparaissent comme des fantômes. Que sont devenus les bébés langoustes entrevus en plongée il y a 16 ans ?

Portinax est toujours aussi familial, Logos y a son ancrage favori et Havane ses habitudes de promenades parsemées de bonnes odeurs.

Nous retrouvons même notre petit restaurant favori « El Caballito del Mar » pour une soirée particulière, la finale de la Coupe d’Europe de Football. Certes l’écran de télévision n’est pas très grand, les commentaires sont en allemand mais au moins, ici, Havane est le bienvenu et bénéficie même des caresses d’une petite jeune fille voisine. À part un papa allemand soutenant le Portugal et son fils mimant avec humour les actions marquantes, les spectateurs sont rares, les Espagnols ayant du mal à digérer leur élimination.

Pas de Cocorico de victoire ni, en l’absence de Portugais, de cris de joie… la baie semble totalement indifférente à cet événement sportif !

 

Lundi 11 juillet 2016 : de Portinax (Ibiza) à Santa Ponsa (Majorque).
« Nav écolo »

 

Des bruits de chaîne nous mettent en alerte et nous font devancer la sonnerie du réveil. Le plus tôt est le mieux, il nous faut tirer parti de cet unique créneau pour remonter sur Majorque avant que la Tramontane ne se manifeste trop sévèrement.

Dès la sortie de la baie, Grand-Voile et Génois sont établis et nous propulseront au près jusqu’à notre destination, à 53MN de là, sur la côte Sud de Majorque… une belle navigation écologique « tout voile » même pendant le petit détour pour éviter un tanker à l’approche des côtes… celui-là nous avait averti par un sonore « tou ! tou ! » du croisement de nos routes. Tous les Capitaines ne se ressemblent pas, heureusement !

De nombreux bateaux sont déjà ancrés, nous mouillons non loin d’une petite plage offrant un accès à la ville. Havane, exemplaire pendant ces 8 heures de navigation un peu sportive, a bien mérité une petite promenade à terre… nouveau paysage, nouvelles odeurs, mais attention, ici, un chien qui s’oublie et trompe la vigilance de sa maîtresse, cela coûte cher, jusqu’à 600 Euros… somme dissuasive mais il faudrait suggérer au Maire d’imiter certains de ses confrères en installant des distributeurs de petits sacs à déjection.

La soirée à bord sur ce vaste plan d’eau calme est la bienvenue. Nous évoquons nos passagers de l’an passé et le si gentil équipage d’INO.

 

Du mardi 12 au mercredi 14 juillet 2016 : Santa Ponsa ( Majorque).

« El viaje de Elliot »

 

Pour faciliter la promenade de notre protégé, nous envisageons de nous enfoncer plus près de la grande plage, non loin de l’ancrage favori de MAYOU, seul rescapé de notre voyage vers la Grèce en 2002, mais cette année, pour cause de météo peu favorable à une longue traversée, Martine et Serge ont décidé de rester sur le continent. Nos petites rencontres vont nous manquer.

C’est avec plaisir que nous retrouvons cette berge où se dressent d’élégants petits immeubles très fleuris. Bougainvilliers et Hibiscus explosent de belles couleurs.

Sur la plage, un vaste podium est dressé. En entendant les essais de balance, les basses nous font craindre le pire, tellement traumatisés par les sonos d’Ibiza. La surprise sera plaisante puisque, depuis Logos, nous pourrons écouter de « bons » chanteurs et un programme « musique du monde » pour illustrer le thème « le voyage d’Elliot ».

L’accalmie nautique sera de courte durée, Monsieur le Vent redevient vindicatif, la chaîne est rallongée, les sacs anti roulis font ce qu’ils peuvent, le plan d’eau devient rapidement infréquentable pour grand inconfort.

 

Vendredi 15 et samedi 16 juillet 2016 :de Santa Ponsa à la Baie de Paguera, playa de Cala Fornells.
« Magic Flash »

 

Réveil nauséeux tant nous avons été malmenés cette nuit et aucun espoir d’une prochaine amélioration. Il nous faut gagner un abri proche, mieux orienté, pour échapper à cette galère.

À 2MN de là une petite crique encaissée dans une pinède nous permet de trouver un peu de calme, c’est là que les professionnels du tourisme viennent, le soir, fixer leur bateau à une bouée. En vrai professionnel, LOGOS réussit à se glisser parmi les grands, salué au passage par les équipages d’EXPLORER, de JUMBO, de PARADISO Del Mar lorsqu’ils regagnent la terre en barque. Nous pouvons imaginer qu’il s’agit d’un secteur bien abrité.

À terre, beaucoup d’élégance, hôtels, petites résidences, villas luxueuses. Un très beau lieu où passer quelques jours.

C’est dans cette crique qu’Havane aura un « Magic Flash », c’est aussi le nom du superbe yacht ancré près de LOGOS. Imaginez une ravissante « cavalier King Charles » vêtue d’un gilet de sauvetage rouge, promenée par sa maîtresse dans un petit bateau bouée rose. Vite, Havane saute sur sa planche, sans gilet… puisqu’il sait nager, lui, et même très vite. La rencontre des deux surfeurs est fulgurante. Un vrai flash amoureux qui lui fait perdre l’équilibre et le précipite dans l’eau sous le regard méprisant de Mademoiselle Joey. Quelle déception et quelle tristesse lorsqu’elle s’en va, ramenée à bord par sa maîtresse.

 

Dimanche 17 juillet 2016 : de Playa de Cala Fornells à Cala Blanca.

« Claudia Schiffer ou Tom Cruise ? »

 

Encore une toute petite étape pour gagner cette si belle petite crique de Cala Blanca aux eaux d’un beau vert. Une jolie petite plage qui se mérite, de beaux rochers, le tout dominé par cette superbe maison à l’architecture innovante, en travaux d’agrandissement comme en témoignent les deux immenses grues en place.

Ce lieu aurait pu être plaisant si des propriétaires de chiens n’annexaient pas la plage dès le matin pour les baignades de leurs protégés et, ce, toute la journée. Quelle indécence vis à vis d’Havane mais aussi des autres plagistes, importunés par les cavalcades poursuites de ces mêmes chiens…

Pour nous, c’est aussi l’inconfort car rien ne peut entraver la folle danse de LOGOS.

 

Lundi 18 juillet 2016 : de Cala Blanca à Cala Marmassen.
« Deux frimeurs punis »

 

Avec cette houle, il nous semble difficile de trouver notre petit paradis. Dans une cala voisine deux mouillages s’offrent à nous, l’un plus exposé, l’autre très petit, ressemblant à une piscine privée à laquelle n’accèdent par voie de terre que les propriétaires des luxueuses villas qui l’entourent. Un voilier y est déjà ancré mais il y a de la place pour deux, pas plus. Seul accès terre pour Havane, une minuscule plage dans une sorte de grande grotte… il a appris à ne pas faire le difficile.

Un "petit" yacht au nom évocateur « THE BOYZ TOYZ » vient s’ancrer juste derrière nous. Anglicistes, frémissez devant une ignorance de la plus élémentaire grammaire, à l’image des deux jeunes frimeurs qui, non contents de nous importuner de leur musique, prennent un malin plaisir à tournoyer en grosse annexe à turbine autour de nous, générant des vagues inconfortables. « Si leur moteur pouvait tomber en panne ! » Peu de chance d’être exaucée, tout à l’air si neuf… Je ne sais quel saint j’ai invoqué, mais un providentiel plastique flottant a eu raison de leur beau moteur en se bloquant dans la prise d’eau de refroidissement… claquements métalliques très désagréables du moteur, mine déconfite des deux ‘kékés’(« Que va dire Papa ? »), jubilation intérieure sur LOGOS !

Une maigre consolation face à cette houle qui nous secoue toujours. Et si nous allions au port d’Andratx, que nous avons, jusqu’à ce jour, ignoré mais très apprécié, en son temps, de Jean-Claude et Hélène sur ACCALMIE. Appel VHF et appel téléphonique seront sans effet, tout comme à San Antoni. Il faut réserver par Internet au moins 24 heures à l’avance… Incapables de supporter une nouvelle nuit de chahut, nous décidons de tenter immédiatement notre chance, espérant au moins un petit coin où jeter l’ancre.

 

Mardi 19, mercredi 20, jeudi 21 juillet 2016 : Puerto de Andratx.
« Un Campo de Boyas »

 

Quel bonheur de se réveiller bien accrochés à la bouée 50 qui nous a été allouée hier soir par le responsable de la Marina d’Andratx, une bouée non revendiquée à l’heure tardive de notre arrivée. Une grande chance car le beau mouillage très protégé de nos amis est devenu un vaste champ de bouées, avec interdiction de mouiller dans la rade. Trente Euros, des papiers enregistrés à bord par le marinero, directement sur tablette et, pour ce budget, vos sacs poubelles collectés chaque soir… du grand confort ! Nous pourrons aussi apprécier leur efficacité à résoudre une panne survenue au moteur de l’annexe… diagnostic fait à la bouée par un mécanicien, changement immédiat de la goupille de sécurité responsable et, ce, moyennant seulement un pourboire pour le marinero !

Un peu comme à Venise, à part les mouvements des bateaux qui empruntent le chenal devant nous, dont une belle flotte de gros chalutiers, ce lieu est paisible et, avec les montagnes de la Sierra de Tramuntana au loin, donne l’image d’un grand lac. Sur les flancs, pas de gigantesques groupes hôteliers agressifs mais, non loin de nous, une superbe « maison d’hôtes », la Villa Italia, digne de servir de cadre à un roman d’Agatha Christie et surtout, partout, de vastes villas dont, sans doute, celle d’Angelina Jolie et Brad Pitt, finca de 900m2 … Ici, éviter de pousser la porte d’une agence immobilière sans un compte en banque très bien garni, se contenter de leurs vitrines…

Il a suffi que quelques « notables » aient le coup de foudre pour ce lieu pour qu’un petit port de pêche, annexe maritime de la ville située dans un vallon à quelques 5km de là, devienne un lieu très prisé d’une société huppée. Sur le quai, de beaux restaurants où s’attablent en soirée une clientèle élégante, des boutiques de vêtements de marque, loin des bazars de « chinoiseries » que l’on trouve ailleurs, des marchands d’Art qui vous proposent de très grandes peintures qu’il convient d’accrocher dans un très grand chez soi. Nous nous serions contentés de l’une des statues de cheval, grandeur nature, sans doute vestige de la fête en l’honneur de la Vierge del Carme.

Notre promenade biquotidienne nous mène dans la deuxième partie de la rade, réservée d’un côté à la marina, de l’autre au quai des chalutiers dont les filets colorés sont entassés sur le bord. Nous ne pourrons malheureusement pas assister à la criée qui n’a lieu que deux soirs par semaine.

Il nous faut donc nous contenter de ce grand marché hebdomadaire, très réputé pour son importance, à la ville d’Andratx et, pour cela, prendre un moyen de locomotion qui accepte notre compagnon à quatre pattes. Or il se dit qu’en Espagne, les chiens ne sont pas autorisés dans les lieux publics, ce dont nous avons fait l’expérience avec les restaurants de Barcelone. Peu de chances donc d’être admis dans le bus, il nous faut donc timidement tenter notre chance avec un taxi, Havane fourré dans le grand sac à provisions… banco ! Havane s’est fait tout petit, le chauffeur n’a pas prêté attention à notre sac, nous nous sommes retrouvés tous trois à Andratx, petite ville sans attrait particulier si ce n’est cet immense marché, digne du célèbre marché turc de Beldibi. Des étals à l’infini, fripes de toutes sortes, bijoux de pacotille et toute une zone de primeurs. Un peu étourdis par tant de marchandises et la surveillance constante d’Havane, grisé par tant d’odeurs, nous nous contentons de quelques fruits, dont ces savoureuses petites pêches plates et des cerises dignes de chez Fauchon…

Encore un petit tour dans le sac dans le taxi du retour. Heureusement Havane sait être docile… quand il le veut !

Un petit coup de vent nous oblige à prolonger notre séjour à la bouée mais il nous tarde de retrouver une cala toute proche pour la baignade, une fois les pleins, gasoil et eau, faits.

 

Vendredi 22, samedi 23 et dimanche 24 juillet 2016 : de Puerto de Andratx à Cala Egos.
« Une vraie pataugeoire »

 

Tout le monde sommeille encore. On ne peut être du soir et du matin mais LOGOS est déjà apponté devant le poste à gasoil. Il convient, vu le nombre d’embarcations dans la marina, d’éviter l’affluence, mais aussi d’assurer notre ancrage dans la cala la plus proche, très fréquentée.

La Cala Egos est toujours aussi belle, terminée par une petite plage qui se mérite, où Havane peut « renifler » en toute liberté mais, peu à peu, nous sommes rejoints par le presque tout Majorque ; un vrai salon de la navigation tant les embarcations sont multiples… petites et grandes, avec une mention spéciale pour ATLANTIS, vieux gréement, GOLDEN EAGLE ou ZENOBIA, tous yachts charters.

On se frôle, on se frotte, même les PC viennent y faire baigner leurs clients. Il nous faut donc attendre le soir ou le matin pour réellement apprécier le charme de cette crique, seul abri du vent qui sévit en ce moment.

 

Lundi 25 juillet 2016 : de Cala Egos à San Elme via Dragonera Hato.
« Encore une nuit infernale »

 

Une météo plus clémente nous permet d’envisager de remonter la côte Ouest de Majorque, cette côte difficile où les abris sont rares.

Une première escale à l’île de la Dragonera qui forme un couloir avec l’île de Majorque. Réserve naturelle, elle fait partie des étapes de visites des gros bateaux de tourisme. Un mouillage profond sur fond de roches qui font craindre pour l’ancre mais aussi un ciel peu clément, me font préférer l’option bouée devant le petit port opposé de San Elme, apparemment plus riant.

Une première bouée le long de la Côte Sud, une seconde plus enfoncée dans la rade, presque à l’abri d’un îlot et, toujours, un charivari infernal que nous espérons dû aux mouvements des moteurs dans le chenal. Espoir, oh combien déçu. Même dans le calme de la nuit, LOGOS continuera sa danse endiablée, scandée par les cognements de la bouée contre la coque. Il est des nuits où le jour tarde à se lever.

 

Du mardi 26 juillet au mardi 2 août 2016 : Puerto Sollers.
« La baie des surprises »

 

Qu’il nous tarde de gagner ce petit port de carte postale que nous apprécions tant.

Le jour commence à peine à se faire que LOGOS remonte déjà, au moteur, cette longue côte rocheuse de hautes falaises, assez sinistre jusqu’au lever du soleil. Aucune envie de nous attarder dans la Calobra ou la Foradada, cette méchante nuit a eu raison de ma belle énergie (Pierre est volontairement plus résistant…). Un seul objectif, jeter l’ancre dans la baie de Sollers et n’en plus bouger !!!

Quel soulagement de retrouver ce paysage familier, les deux phares d’entrée, le fort de la Marine et surtout d’entendre le « Tut ! Tut ! » du petit train de Sollers. Pendant une semaine nous allons vivre la vie de vacanciers terrestres, profiter des promenades le long du port, nous attabler devant une Sangria, tout en écoutant des musiciens ambulants dont cet excellent chanteur folk accompagné de sa guitare et son harmonica. Nous réussirons même, mais une seule fois, en trompant la vigilance des « cheminots », à emprunter le petit train pour monter faire un avitaillement substantiel à Soller.

 

Mais cette année, Sollers sera la baie des surprises, bonnes par la rencontre inattendue de Kate et Hugh sur INDABA, avec lesquels nous avons partagé de si bons moments en Turquie… 8 ans déjà écoulés et, maintenant, pour eux, l’Atlantique puis le retour en Australie. Nous sommes heureux d’avoir des nouvelles d’autres équipages. Tous ont quitté la Turquie. Raison politique, budget des marinas ?

Pour la vilaine surprise, rien de bien grave, mais celle de découvrir que les tanks à eau remplis à Andratx sont vides, une trop forte pression au remplissage ayant généré un refoulement, nous faisant croire qu’ils étaient remplis. Nous nous imaginions pourvus jusqu’à la fin de notre séjour nautique, ceci combiné à une fuite d’eau due à un collier défectueux. Résultat, nécessité de refaire un plein d’eau, soit au quai des pêcheurs, soit au ponton de la marina municipale pour la somme de 5 Euros. Nous serons, par chance, admis au ponton de la marina et pourrons bénéficier de l’appontement jusqu’au lendemain midi… quel confort ! Tout le monde est récuré, équipage complet et bateau.

Lorsque nous retrouvons le mouillage, le vent l’a rendu rouleur, les sacs antiroulis font ce qu’ils peuvent, mais mon « Pierrot Trouve Tout » cogite… peut-être qu’un tube en PVC avec des pales articulées freinerait le balancement de LOGOS. Sitôt dit, sitôt fait ! Mais cette fois ci Pierre devra prendre seul le petit train pour Sollers où se trouve l’unique quincaillerie. Les « cheminots » sont vigilants et catégoriques quant au transport d’un chien… pour moi, ce sera donc une orange pressée à la terrasse du café Mar y Sol et un bol d’eau fraîche pour Havane, en attendant son retour.

C’est à bord que ce nouvel antiroulis prend forme, même le four est mis à contribution pour thermo-galber les pales. Encore une nouvelle curiosité à bord de LOGOS mais aussi une amélioration du confort…

Toute aussi bonne surprise que ce mail reçu au réveil d’un voilier voisin. Florence et Hervé sur GAIA veulent, sans nous déranger, nous dire qu’ils sont fidèles lecteurs du site et sont surpris d’avoir reconnu Pierre portant un grand tuyau en PVC dans le petit train… sommes-nous si impressionnants que cela ? Les échanges chaleureux ne tarderont pas à se poursuivre à bord.

Nous aurions aimé profiter un peu des belles baies du Nord de Majorque mais le vent, une fois de plus peu favorable les jours prochains, nous fait envisager une longue navigation directe sur Minorque Ouest.

 

Mercredi 3 août 2016 : de Puerto Soller (Majorque) à Santandria(Minorque).
« Une arrivée peu discrète… »

 

Un départ matinal puisque, dès 6h30, nous sommes déjà en route pour la longue remontée de 5 heures de la côte Ouest de Majorque. Aucun abri, de hautes murailles angoissantes sous cette absence de lumière. Nous sommes presque seuls jusqu’au majestueux cap de Formentor, maintenant bien éclairé. À cette heure, voiliers et moteurs commencent à quitter la baie de Polença mais, eux, pour une direction Sud. Il nous faudra attendre 14h15 pour pouvoir établir Génois et Grand-Voile pour deux heures de gîte et une arrivée dans la baie de Santandria un peu ventée.

Les manœuvres de bout à terre sont rendues difficiles par le vent et les petites embarcations déjà ancrées. Nous faisons alors, un peu trop rapidement, connaissance du sympathique équipage français du voilier MI CORAZON, LOGOS ayant un peu de difficultés à se placer dans l’axe.

Une bouteille de vin d’Italie de la « cave » de voyage leur sera offerte pour nous faire pardonner d’avoir troublé leur quiétude. Pour nous, après 60MN parcourus, 10 heures en mer, les manœuvres de mise en place des bouts à terre et la mise à l’eau de l’annexe pour la promenade bien méritée de notre moussaillon, le temps du repos est le bienvenu.

 

Du jeudi 4 au lundi 8 août 2016 : Santandria (Minorque).
« Consignés mais sans peine »

 Le coup de vent annoncé nous fait préférer reprendre notre mouillage, ancre, bouts à terre et bout à mer, une amarre reliant Logos à un providentiel corps mort de béton, repéré l’an passé. Nous voici donc parés pour les sautes d’humeur d’Eole et pouvons patienter en toute quiétude et amitié avec Isabelle et Bruno, propriétaires de MI CORAZON, leurs amis les ayant quittés.

Cette belle crique semble très prisée cette année, bon abri, elle attire de nombreux plaisanciers. Sur la côte rocheuse, juste devant nous, une « plage » est le lieu rendez-vous des propriétaires de chiens baigneurs… adieu la belle tranquillité, ce ne sont qu’aboiements jusqu’en soirée et excitation de notre infortuné compagnon auquel nous interdisons toute manifestation sonore.

Outre ses douces odeurs de promenades quotidiennes, Havane aura le plaisir de découvrir celles, plus urbaines de la jolie ville de Ciutadella, à condition d’accepter de se cacher dans le grand sac pour le transport en autobus. Merci à l’ancien génois qui a permis à Pierre de réaliser cette merveille…

Ciutadella fourmille, une animation à laquelle cette petite ville de province ne nous a pas accoutumés. Les ruelles grouillent de promeneurs de toute sorte, presque à en avoir le tournis. Peu de possibilité de flâner, il faut suivre le flot et se contenter de jeter un coup d’œil de ci, de là. Nous ne nous attardons donc pas, une fois notre avitaillement effectué au petit marché. Il est donc vrai que les touristes ont, cette année, privilégié les îles Baléares… dommage pour les habitués !

C’est au tour de MI CORAZON de nous quitter pour regagner le continent. Nous allons, certes, nous sentir bien seuls mais les prévisions météorologiques nous permettent d’envisager les belles criques du Sud et plus particulièrement celle de Turqueta, sans doute abritée de la houle qui rend les mouillages peu confortables.

Et puis, ici, les baignades et donc le déhalage sont sérieusement compromis par l’apparition de ces urticantes méchantes bêtes, les méduses.

 

Du mardi 9 au vendredi 12 août 2016 : Cala Turqueta.

« Quel bazar ! »

Une seule méduse égarée au réveil, il n’y a pas de temps à perdre pour récupérer les bouts à terre et libérer LOGOS en s’appliquant pour l’éviter. Les gros bateaux pour touristes et les plaisanciers n’ont pas encore quitté le port de Ciutadella. C’est donc dans une Cala singulièrement peu encombrée que nous ancrons, bien enfoncés pour éviter les méfaits de la houle.

Monsieur Babouin rocheux, à l’entrée, nous fait un petit clin d’œil de connivence.

Mais, peu à peu, cette belle cala se transforme en foire d’empoigne, les ancres tombent de tous côtés, sans souci des distances de sécurité. Nous en sommes même à poser une bouée d’oringage, qui, tout comme celle de notre voisin français, sera prise comme bouée de mouillage !

Notre voisin, sur EOLE II en est même à rester en veille.

Les gros PC déversent plusieurs fois par jour leur flot de touristes, trop heureux de pouvoir ensuite dire qu’ils sont allés se baigner à Turqueta ou Macarella, deux calas que l’on ne peut que très difficilement gagner à pied.

Tout n’est que cris.

À terre, c’est tout aussi pénible. Il faut, pour la promenade, se frayer un chemin entre tous ces corps étendus sur la plage, enduits de crème odorante, Havane tenu bien serré pour qu’il n’ait pas l’idée de lever la patte sur une serviette ou un sac de plage. Heureusement, une fois passés ces obstacles une pinède et un long chemin, un peu poussiéreux, permettent une belle promenade. On peut y croiser des chèvres en vadrouille, des chevaux en promenade. Ce chemin fait partie du célèbre « Cami de Cavalls », chemin qui fait tout le tour de l’île et permettait autrefois aux militaires à cheval de surveiller les îles. Aujourd’hui c’est un chemin de randonnée très prisé des cavaliers confirmés.

Havane a droit à son bain au retour de promenade dans une vraie piscine d’eau turquoise !

Un jour, un sonore « Logos » nous interpelle… une rencontre inattendue… celle de l’ami de Rémi, Jean-Claude qui avait demandé des conseils à Pierre avant de s’embarquer sur son voilier FIDJI pour caboter aux Baléares avec sa famille. Conversation aisée devant une bière à bord de LOGOS.

 

Du samedi 13 au mardi 16 août 2016 : Cala Algayarens.
« Week-end du 15 août chargé »

Nous songeons à gagner le Nord de Minorque et, plus précisément, la rade de Fornells où nous savons être à l’abri de tous les vents et prêts à regagner le continent si l’envie ou le besoin se font sentir.

Nous quittons Turqueta encore endormie pour une remontée d’une vingtaine de Milles que nous ferons au moteur pour cause de vent debout dès le passage du Cap Dartuixt. Nous pouvons donc tranquillement vaquer à nos occupations : Pierre essaye de chasser du cockpit le sable très fin de la plage à coups de seaux d’eau de mer, Havane essaye d’éviter les arrosages et moi, j’admire le paysage tout en surveillant les autres bateaux ou la présence d’éventuels engins de pêche. Encore peu de mouvements, ne pas oublier que beaucoup de plaisanciers vivent à l’heure espagnole.

En consultant les dernières prévisions météorologiques, Pierre se rend compte que nous pouvons bénéficier de quelques jours de calme. Pourquoi ne pas faire une petite pause et bénéficier de l’une des dernières belles baies avant Fornells. La Grand-Voile est descendue, cap sur la baie d’Algayarens et, plus précisément, la petite cala à bâbord, bordée par une jolie petite plage pour notre Havane. Nous trouvons facilement l’ancrage, la baie est fort peu investie. Nous sommes un peu surpris mais nous nous rendons compte que, jusqu’à ce jour, la Tramontane interdisait cette belle cala. Notre demi solitude sera donc de courte durée. Très vite et ce, pendant tout le week-end prolongé, toute la baie devient un horrible parking à bateaux de toute sorte, certains s’attachent même par 2, 4 ou 5. Pierre comptera jusqu’à une centaine de bateaux. Heureusement, il y a la plage, une plage qui, à pied, se mérite, bordée par une belle dune recouverte d’Oyats et, derrière, une magnifique pinède qui laisse entrevoir une rivière. Promener Havane est un agréable moment de détente.

 

Et puis, les « voisins » sont souvent fort sympathiques, comme ce Papa du voilier Milfar, promenant ses enfants en annexe, surpris de nos sacs antiroulis, cette belle famille sur « Chapitre I » de Port Vendres et, surtout, le souriant équipage marseillais composé par Daniel et Martine sur TCHAO, en manque de météo.

 

Du mercredi 17 au mercredi 24 août 2016 : de Cala Algayarens à Fornells.
« Ne pas confondre mercado et miercoles » 

 

Un très bon souvenir du petit marché nocturne de producteurs agricoles locaux nous fait gagner le port de Fornells, suivis par Tchao pour les mêmes raisons. Une belle provision de « fraîcheurs » faite, nous pourrons, en toute quiétude, faire face à cette colère de la Tramontane annoncée pour la fin de la semaine.

Toujours ce même coup de cœur pour ce joli port tout blanc, cette vaste rade parcourue par les voiles de couleurs des véliplanchistes, des 421 et ce mouillage confortable, derrière les bouées gérées par la marina du port où nous avons pris soin, dès l’arrivée, de faire provision de gasoil (très cher).

Seulement ce mercredi, pas de marché, il a lieu le lundi soir… voilà à quelle erreur conduit une lecture trop rapide d’un document d’archives ! Honte à l’hispanisante !

De toute façon, nous serons là « lunes », mais TCHAO attiré par les criques du Sud, nous quitte.

La Tramontane sera bien là aussi, confirmée par le Marinero qui prend soin de demander à chaque voilier de mettre le maximum de chaîne et de bien vérifier son mouillage. 40 mètres de chaîne et une résistance d’ancre testée en forte marche arrière, cela devrait aller, mais ce sont, quotidiennement, les deux allers et retours de l’annexe pour Havane qui vont être sportifs.

Dès le samedi, elle hurle, ça piaule, le plan d’eau s’agite. Le string de Pataras n’y résiste pas, nos pavillons s’effilochent lamentablement et prennent des airs de fin de campagne. Les voyages en annexe pour la promenade à terre ne se font qu’entre « hommes ». Ils rentrent trempés. Sans peur et sans reproche, Havane semble apprécier, mais ce qui le déçoit, c’est que nous prenions nos repas à l’intérieur, il a tant de plaisir à humer le vent, à le sentir gonfler son pelage.

Nul besoin de surveiller les mouillages des voiliers voisins, chacun reste sagement sur son bateau en attendant la fin de cette nouvelle consigne. Effectivement, le lundi, cette excitée commence à se calmer. Elle me permet de me joindre à mes deux aventuriers et de gagner un ponton de la rive pour la promenade parmi les quelques étals installés dans la rue menant à l’église. Notre sac est rempli, mais c’est avec un foie gras personnel, agrémenté d’un Médoc voyageur de 10 années de bateau que nous fêtons la fin provisoire de cet accès de colère de dame Tramontane.

Dès le mardi, les bouées se vident, nos voisins lèvent l’ancre. Pour nous la perspective de la traversée vers le Continent est envisagée pour la fin de la semaine, dès que la houle se sera calmée, et avant un nouvel accès de furie éventuel.

 

Mercredi 24 et jeudi 25 août 2016 : de Fornells à Platja de Cavalleria.
« Dernières baignades dans un décor de cinéma »

 

Le calme est revenu, le besoin d’eau claire pour de dernières baignades se fait sentir. Pourquoi pas ce lieu magique que nous avions découvert l’an passé, un vrai décor de cinéma avec ses rochers allant du rouge sombre à l’ocre, dominés par une vaste lande sauvage.

Une courte navigation avec une visite à la cala Pregonda, peut-être mieux protégée du roulis de la houle, mais tellement décevante avec ce spectacle de voitures en bordure de plage. Pourvu que les antiroulis fassent effet dans le mouillage idyllique de Ferragut ou Platja de Cavalls, mieux nommée ainsi pour le Cami de Cavalleria qui la domine.

Une petite plage dans les rochers rouges accueille l’annexe, Havane apprécie ses algues et, pour nous, le spectacle des baigneurs qui s’enduisent d’argile rouge, sans doute bonne pour la peau. Ils se transforment en vrais peaux rouges, nous laisse espérer l’apparition de cowboys pour compléter cette impression de décor de Western. Havane, lui, se retrouve en bottes rouges, mais heureusement, une bonne baignade lui fait retrouver son beau poil beige. Très inspiré par cette jolie plage, il se révèle même capable de gagner, seul, l’annexe à la nage… tout fier de son exploit…

 Même les couchers et levers de soleil participent au spectacle.

 

Du vendredi 26 au samedi 27 août 2016 : de Minorque (Ferragut) à la Costa Brava (Nautic Center, Santa Margaridas).
« Voile en pointillé »

 

Sonnerie inhabituelle du réveil, il est l’heure de nous préparer à la plus longue étape de la saison, soit environ 145MN pour une durée prévue de 24 heures… c’est Havane qui va être surpris de cette navigation dans le noir, sous les étoiles…

Le pont est trempé… comme disait notre ami disparu Jean-Claude… signe de beau temps… comme quoi, il faut savoir énoncer ces petites vérités qui restent dans la mémoire… clin d’œil à Odile, René, Alain, Jean…

Nos voisins de mouillage ne nous accompagneront pas et c’est SEULS que nous allons naviguer jusqu’en fin d’après-midi, où une voile parcourt l’horizon, surgie de nulle part. Il faut avouer qu’espérant profiter de la moindre risée, nous avons alterné voiles seules, voiles soutenues par le moteur, au risque de voir notre moyenne sérieusement baisser tandis que ce navigateur, lui, avait depuis le départ, soutenu son moteur avec les voiles…

Havane, bien sage arpente Logos à la recherche d’une ombre bienfaisante, mais sa surprise est grande, lorsqu’à la nuit tombée, nous restons tous les deux pour « mon quart » tandis que Pierre prend un peu de repos qui lui permettra d’affronter ses « trois quarts », lui, le toutou docile que nous envoyons souvent coucher contre son gré.

Je dis « mon quart », mais il ne faut pas penser qu’en bas je ne veille pas, entre les bips du « Mer Veille », les cloches de l’AIS, je ne cesse de m’inquiéter, inutilement, puisque « Pierre Veille » et nous permet de croiser sereinement deux gros tankers et d’éviter, au large des Îles Mèdes, une barge de recherche de Géophysique « ESPLORADOR ».

Qu’elle est bienvenue cette baie de Rosas avec, comme amer, cet imposant immeuble blanc, quelques barcasses de pêche mais, heureusement, pas de chalutiers. Nous sommes un tout petit peu en avance sur l’horaire, le personnel du Chantier ne prenant service qu’à 9 heures, nous pouvons tranquillement remonter la rivière, sous le regard des nombreux pêcheurs à la ligne et attendre sagement devant la pompe à gasoil, notre provision, malgré le peu de gourmandise du moteur ayant singulièrement diminué.

Ce n’est pas encore l’affluence et nous avons toute facilité pour nous glisser entre les hauts poteaux d’appontement.

Nous sommes heureux de la visite surprise de Véronique et de Jean-Michel que nous retrouvons avec un immense plaisir.

 

Il va maintenant falloir trouver l’énergie pour tout nettoyer et ranger. Les sacs vont se remplir, la voiture qui nous a sagement attendus, sous l’œil vigilant de Mamadou.

Encore une saison riche de beaux paysages, de belles rencontres, de moments, mais aussi de la découverte de la faculté d’adaptation et de communication de notre nouveau compagnon à quatre pattes (qui raconte son aventure ici).