Mise à jour : 2015

___ Les carnets de bord de Martine___

Année 2015

 

Année 2015

Les vagabondages de LOGOS en Méditerranée

 

 

 

Vendredi 8 mai 2015 : de Saint-Cyprien à Santa Margarida-Rosas (Espagne)

« Une nouvelle passagère... »

 

Les sacs s’accumulent, voici le moment du départ,. Cette année, un étrange objet vient compléter nos habituels bagages, une cage, non pas une petite cage à serin mais une grande et belle cage, apportée de la région parisienne, qui a, depuis, accueilli une élégante demoiselle, une Calopsitte « Nymphicus Hollandus » soit, plus simplement, une grande perruche en camaïeu de beige, à tête blanche. Nous l’avons appelée « Gypsie ». Avec nous il faudra qu’elle s’habitue à une vie de bohème, « La Catalane », née et pré-apprivoisée à Perpignan.

Étrangement, tout trouve sa place dans la voiture, y compris la Miss qui, face à la route, pourra surveiller la conduite de Pierre (elle, au moins, elle ne parle pas !).

Une bonne heure de trajet et nous voici, tous trois, prêts à investir Logos qui nous attend pour être mis à l’eau avec son bel anti-fouling noir. Grâce à Nautic Center, Pierre n’aura pas à se transformer en Schtroumf peintre. Juste le temps de monter les bagages à bord, singulièrement alourdis par les graines de Gypsie et de faire une courte pause, voici le grand lift qui s’avance seul, apparemment sans conducteur. Ils sont aujourd’hui deux manutentionnaires. Le chantier s’étant chargé depuis l’automne dernier, les manœuvres sont plus difficiles. Juan Manuel joue du joystick de télécommande avec maestria, avant, arrière, droite, gauche et descend doucement Logos dans la darse.

Confortablement appontés dans cet étrange canal bout du monde, nous allons pouvoir préparer notre croisière 2015.

Logos se vide du matériel hiverné pour que la vie à bord s’organise. La cage de la Miss occupe une position stratégique, bien arrimée en pied de mât, sur la table du carré. Ainsi, rien n’échappera à la curieuse.

Alors, commence l’inspection. Surprise, les couvre pare-battages et notre pot « Riviera » se sont envolés, emportés par une violente Tramontane.

Le Génois, renforcé en septembre, est rapidement endraillé. La Grand-Voile subit, elle aussi, une petite révision et un bon coup de jet d’eau fait oublier que d’autres oiseaux que Gypsie ont trouvé Logos accueillant pour passer l’hiver.

 

 

 

Du samedi 9 mai au lundi 18 mai 2015 : Santa Margarida, Nautic Center

« Logos se prépare »

 

Le chantier est encore calme et nous sommes les seuls à vivre à bord, bien surveillés, la nuit, par le gardien qui effectue sa ronde à bicyclette.

Notre compagne à plumes semble prendre ses marques dans le voilier tout en surveillant nos  moindres gestes, surprise cependant de nous voir disparaître puis réapparaître derrière une moustiquaire (plus précisément un grillage plastique gris de garde-manger) qui, pour l’instant, occulte la descente.

Tout en organisant notre vie à bord, nous profitons du confort offert par la voiture pour vider la cabine « fourre-tout » du matériel, des « ça peut… toujours servir » inutiles et, surtout, pour faire un avitaillement substantiel chez « Mercadona » avec son superbe jambon « Iberico pata negra » qui fera notre régal et celui de nos futurs passagers, sans oublier Carrefour et même Lidl. Mais c’est à Rosas, au marché couvert, que nous faisons provision de produits frais.

Un pépiniériste proche nous permet aussi d’acheter un beau pot pour notre jardin aromatique planté de menthe, basilic et origan.

Nous comptons traverser directement sur Minorque mais, comme on dit, je ne sais pourquoi, un « coup de chien » ou de « baston », en fait, une violente Tramontane nous contraint à rester au port. Logos est sanglé, protégé de défenses… 30N, 40N, 50N… au point que, même appontés, nous sommes à la gite, sans oublier le tintamarre assourdissant. Même notre paisible canal est transformé en bouillonnant torrent.

Il ne nous reste plus qu’à patienter en faisant un peu de tourisme terrestre.

 

Tout d’abord Santa Margarida, paisible station bâtie sur des canaux creusés dans un très vaste marais. Ici, rien d’ostentatoire, rien d’agressif au regard, une sorte de petit paradis, loin du tumulte de la civilisation. De courtes rues ou ruelles finissent en cul de sac sur des canaux bordés de villas plus ou moins importantes devant lesquelles sont appontés des petits bateaux à moteur, des voiliers ou même de grands yachts. Ces mêmes ruelles convergent vers de jolies placettes rondes, bien arborées. Une douce harmonie.

Sa voisine, Empuriabrava, bâtie sur le même schéma, se présente comme un grand ensemble touristique. Baptisée la « Venise espagnole » pour ses 30km de canaux, ici les vieux palais chargés d’histoire qui se mirent dans l’eau ont été remplacés par de luxueux immeubles et d’importantes villas ornées parfois d’une tour sans doute dans le style catalan. Une vaste marina y a trouvé place et abrite un grand nombre de bateaux de toutes sortes.

Une longue promenade ombragée borde une immense plage, aujourd’hui un peu désertée pour cause de grand vent. Ici, tout parle de grand tourisme balnéaire et ce n’est qu’en gravissant la colline, vers le Nord, que l’on aperçoit des petites criques sauvages.

À Castello d’Empuries, nous découvrons un vieux village médiéval, typiquement catalan, avec ses maisons peintes d’ocre ou de brique, ses ruelles pavées et ses nombreuses places et placettes. Mais une impression de déclin se dégage. Commerces et maisons affichent « Se vende » alors même que les pierres et les monuments témoignent de l’importance passée de ce bourg, avec son marché, sa cour de justice, sa prison et surtout son imposante cathédrale de style gothique catalan, à deux tours. Retable en albâtre derrière de hautes grilles, grandes orgues parlent de grandeur mais le mauvais état des vitraux donne le sentiment d’une lente agonie.

À bord, Gypsie semble bien s’habituer à son nouvel univers, certes plus restreint qu’à Saint-Cyprien mais où elle jouit d’une liberté relative, entre le dessus de sa cage, sa corde près d’un hublot et surtout nos épaules où elle se sent en confiance. Une jeune fille assez facile à vivre mais déterminée.

 

 

Mardi 19 mai 2015 : de Santa Margarida à Santa Margarida

« Un faux départ… »

 

Après cette longue attente, ce n’est pas un ciel gris qui nous empêchera de prendre la mer.

Tout est prêt, notre compte est soldé, nous pouvons nous déhaler, vérifier que tout est en ordre de marche et remonter le canal vers son embouchure. Il n’est que 8 heures et tout le monde est encore inactif, sauf deux pêcheurs qui tentent leur chance.

Pour la mise en route, nous avons prévu finalement de longer la côte jusqu’à la marina familière de Port Premia plutôt que de nous lancer dans une grande traversée. Ainsi nous pourrons tranquillement observer Logos et parer à toute défaillance.

Toujours ce même rituel de vérifications, cette même instabilité du bateau à contrôler pour conserver son équilibre, même sur une mer à peine houleuse.

Le génois déployé vient compléter notre bon vieux Perkins, jusqu’au moment où Pierre s’inquiète d’un débordement du liquide refroidisseur et d’un bouillonnement anormal dû à une importante surpression dans le radiateur. Changement de programme, demi-tour et appel téléphonique à la marina pour signaler notre retour. Par chance, la Tramontane qui devait se lever derrière nous fait encore la grasse matinée. M. Perkins ronronne malgré tout mais trois remplissages du radiateur seront nécessaires et c’est avec soulagement que nous embouquons le canal ; là au moins, si le moteur casse, nous pourrons facilement être remorqués.

Nous pouvons, par nous-mêmes, reprendre un appontement et attendre d’être à nouveau liftés pour un diagnostic approfondi. Il est 12h20. Nous sommes revenus au point de départ.

Logos retrouve la terre ferme ; il est confié aux bons soins du Chantier pour la sortie du moteur, l’évaluation des dégâts et les remèdes à apporter. Nos provisions et Gypsie prennent place dans la voiture, nous regagnons Saint Cyprien... mais pour combien de temps ??? Nous sommes tout de même obligés de nous réjouir que semblable mésaventure nous soit arrivée dans « d’aussi bonnes conditions » !!!

 

 

Du mercredi 20 mai au dimanche 5 juillet 2015 : Saint-Cyprien

« Une longue attente… »

 

Commence alors une longue, très longue attente, liée au moment où le verdict du mécanicien sera rendu.

Tout en continuant d’espérer qu’il ne s’agit que du joint de culasse, Pierre s’informe, reçoit des conseils d’amis ou de sympathiques lecteurs du site, soucieux de voir Logos reprendre la mer.

Il nous tarde que notre bon vieux Perkins soit autopsié mais il semble qu’avec l’approche de la saison estivale les mécaniciens du Chantier aient beaucoup d’autres préoccupations.

Il nous est difficile de ne pas envisager la solution extrême, la nécessité d’un changement de moteur, soit pour un ancien Perkins reconditionné, avec les risques encourus, soit pour un moteur neuf mais moins onéreux que celui proposé par Nautic Center. Attention !!! nous dit Raül au Chantier. Pour des raisons de responsabilité légales, si vous n’achetez pas le moteur que nous vous proposons, la pose vous revient…

 

Pendant ce temps, il nous faut organiser notre vie à Saint-Cyprien, une vie pré-estivale à laquelle nous ne sommes pas habitués et qui nous surprend, tant par la forte chaleur que par l’animation nocturne.

Heureusement, Miss Gypsie, très présente et communicative, se charge d’occuper nos journées. Pierre se transforme même en dresseur de cirque avec beaucoup de patience.

Puis nous nous réjouissons de la venue d’Arthur et Juliette, vrais rayons de soleil qui, à défaut de belles baignades dans les criques d’Ibiza, se contentent de bon cœur des plages du Roussillon.

Lorsque les photographies du joint de culasse et du moteur apparaissent sur l’écran, jointes aux craintes émises par le mécanicien quant à l’état de ce dernier, notre décision est rapidement prise. Logos aura un beau moteur tout neuf, livré au Chantier, un Mitsubishi 42CV mais que Pierre devra installer seul, en l’absence de mécanicien disponible en cette saison.

Le moteur est trouvé, la commande est passée, finalisée. L’étude minutieuse du Manuel de fonctionnement et d’installation commence pour Pierre.

 

 

Lundi 6 juillet 2015 : de Saint-Cyprien à Santa Margarida (Espagne)

« Il est là ! »

 

Inquiets d’être sans nouvelles, un coup de fil à Raül nous apprend que le moteur a été livré vendredi dernier au Chantier.

Branle-bas de combat. La voiture est rapidement remplie, direction Nautic Center.

Pas question de décharger les bagages pour ne pas encombrer le carré, seules les provisions prennent place dans le réfrigérateur mais deux ventilateurs sont rapidement mis en action, il fait 38°C !

Gypsie et moi-même allons devoir nous faire toutes petites. Il faut éviter de gêner le Mécanicien improvisé qui va avoir besoin d’espace vital et d’outils.

Le nouveau moteur est bien emballé, à l’abri dans le hangar.

 

Il sera treuillé demain matin. De nouvelles angoisses vont commencer !

Quant à notre bon vieux « Pépère », objet de tous nos soins depuis 17 ans, seules quelques pièces détachées seront prélevées avant qu’il ne parte à la casse. Une triste fin, nous qui nous en serions bien contentés jusqu’à notre retraite nautique.

 

Du mardi 7 au dimanche 12 juillet 2015 : SANTA MARGARIDA, Nautic Center

« Grande concentration… »

 

Six jours d’extrême concentration et d’inquiétudes.

Raül nous fait la gentillesse de bien vouloir déléguer une équipe pour hisser le moteur et le déposer sur son emplacement… il ne peut pas faire mieux. C’est avec facilité que le nouveau moteur se présente, habilement manié…, au-dessus de l’emplacement moteur mais d’un gabarit différent. Le calage se révèle être difficile et d’une extrême minutie. Les ouvriers acceptent, moyennant petites gratitudes et sourires, de soulever à deux reprises le moteur pour effectuer les nouveaux trous dans les longerons, placer des cales… à midi, ils doivent nous quitter. Ce sera la bôme et le winch qui prendront le relais pour effectuer ce positionnement artisanal.

Suivent les multiples branchements qui nécessitent des positions acrobatiques. Que de boulons à serrer, desserrer, resserrer, de mesures à respecter ! Sans oublier le tableau de bord qui doit être changé et réadapté !

Pierre œuvre, très concentré, passablement contorsionniste. Quelques jurons de mécontentement rythment les plus fréquents « Ouf ! » de satisfaction. Je m’efforce de l’assister à la demande. Heureusement, le chantier est à même de nous fournir le matériel complémentaire, nous évitant ainsi des déplacements préjudiciables.

 

 

Lundi 13 juillet 2015 : SANTA MARGARIDA, Nautic Center

« Un cœur neuf pour Logos... »

C’est le grand jour, celui de toutes les angoisses après cette semaine de dur labeur. Tous les branchements sont-ils bons ? Tous les paramètres ont-ils bien été pris en compte ?

15 heures, un premier test. Le robinet d’eau douce est ouvert, le refroidissement peut s’effectuer. Pierre tourne la clef de contact. Penchée au-dessus du moteur, je vérifie que l’eau et le gasoil circulent bien. Quelques soubresauts encourageants, puis le silence indiquant que quelques vérifications sont encore nécessaires.

Notre concentration a dû être bien grande car Gypsie la Chipie en a profité pour s’envoler en cachette et, après deux ou trois tours dans le ciel, appelle au secours, perchée sur le travel-lift de Juan Manuel, puis sur un hauban de Logos où Pierre peut la récupérer. Peut-être un bon signe pour l’avenir ?

Encore 3trois bonnes heures de travail sous une forte chaleur.

18 heures, nouvelle tentative, les pulsations sont régulières, un nouveau cœur bat dans Logos. Pierre a réussi ! Raül est content pour nous.

 

 

Mardi 14 et mercredi 15 juillet : SANTA MARGARIDA, Nautic Center

« Logos reprend forme... »

 

Pas de grand pavois pour ce 14 juillet mais la satisfaction de pouvoir rendre Logos habitable. Les parois de la cale moteur sont fixées, de même que l’escalier de descente, remplacé, pendant les travaux, par une échelle de fortune trouvée au rebut sur le chantier.

Les outils sont rangés, peut-être provisoirement, des ajustements seront sans doute nécessaires.

Pour l’instant, c’est sans aucun caprice que Logos retrouve le contact de l’eau et permet à Pierre de belles manœuvres d’appontement.

Un nouvel avitaillement, le règlement de nos dettes. Nous voici enfin prêts à partir.

 

 

Jeudi 16 juillet 2015 : de SANTA MARGARIDA aux ÎLES MEDES

« Une navigation au stéthoscope… »

 

C’est aujourd’hui le GRAND JOUR, celui où Logos doit reprendre la mer avec un cœur neuf. Une courte étape de 14 MN, un galop d’essai, l’oreille ou plutôt les oreilles à l’écoute du moindre bruit suspect.

Toujours cette même surprise en descendant ce canal, étrange monde à part, œuvre conjointe de l’homme et de la nature.

Tout semble normal dans la cale. Comment allons-nous l’appeler ce petit jeunot avec tous ces zéros au compteur ? Mr Perkins nous a abandonné avec 5825heures affichées.

Le vent favorable nous permet d’établir les voiles pour gagner les Îles Mèdes où les bouées blanches sont les bienvenues après cette première navigation, courte certes mais, malgré tout, un peu éprouvante pour l’estomac. Nous ne savons pas ce qu’en a pensé Gypsie. Grisée par un vent porteur, cette dernière trompe notre vigilance et après un rapide survol de Logos choisit de rejoindre le continent avec ses congénères oiseaux, sans se soucier du vide qu’elle allait laisser. Pourra-t-elle savoir profiter de cette joie de liberté qu’elle manifeste par ses cris qui s’éloignent de loin en loin ???…

Julot, lui aussi, a perdu sa compagne.

Notre après-midi sera morose, passé, sans grand espoir, à scruter le ciel, à écouter les nombreux oiseaux, espérant y discerner ses petits cris. Après un appel à la marina d’Estartit, imaginant que peut-être, la vue de mâts aurait inspiré notre fugitive, nous rangeons sa cage au fond d’une cabine, tristes de l’échec de cette belle expérience. Même la fanfare et les nombreux klaxons des embarcations célébrant la fête nautique en l’honneur de la « Virgin del Carmen », patronne de l’Armada espagnole, ne parviendront pas à nous rendre le sourire.

En soirée, les bouées sont désertées. La mer, un peu agitée, nous contraint à opter pour une autre bouée, mieux protégée, à l’Est de l’îlot.

 

 

Vendredi 17 et samedi 18 juillet : des ÎLES MEDES à FORNELLS, (Minorque)

« Logos, vaisseau fantôme... »

Au réveil, seul Logos est encore accroché à une bouée, très présente cette nuit par ses chocs contre la coque.

Une brume enveloppe les îles et donne au paysage un aspect fantasmagorique dont nous admirerions la magie si nous n’embarquions pas pour une longue traversée de 120MN.

Aucune visibilité au-delà de 50 mètres, c’est à la corne de brume que Pierre signale notre présence aux embarcations de pêcheurs postées au cap. FLIPPANT ! Une belle illustration du vaisseau fantôme. Nos yeux fatiguent à scruter l’horizon et il nous tarde de voir les rayons du soleil dissiper ce voile.

Enfin ciel et mer s’éclairent et nous pouvons tranquillement poursuivre notre route.

Un petit vent nous permet même de progresser sous voiles pendant 6 bonnes heures. Pas de compagnon de route, seulement la rencontre de loin de trois tankers et d’un ferry.

Nous profitons, la nuit venue, d’un beau ciel étoilé mais qui, en l’absence de lune, demeure un peu sombre et nous fait craindre une arrivée trop précoce à l’entrée de la baie de Fornells, au Nord de l’île de Minorque.

Effectivement, il n’est que 5h30 lorsque nous approchons de la côte. La passe d’entrée est obscure et révèle confusément feu vert, feu rouge et feux de mâts lointains. Où nous diriger ? Où jeter l’ancre? Même notre mémoire nous trahit et ne nous est d’aucun secours puisque nous n’avons pas de souvenir de notre dernière venue, il y a 14 années. Tant d’images se sont superposées depuis !

Heureusement, le petit port est éclairé, nous jetons l’ancre devant la digue. Il est 6 heures, tout le monde dort encore. Nous pouvons aussi nous reposer après ces dernières 22heures d’attention soutenue.

 

 

Samedi 18 juillet 2015 : FORNELLS (Minorque)

« Harmonie et douceur de vivre… »

Douceur d’un réveil face à ce petit port très méditerranéen avec ses maisons basses, crépies de blanc, bordées de quelques palmiers dans ce très vaste plan d’eau, sorte de lac intérieur. Nous apprécions une baignade, la première de la saison, pour retrouver tout notre tonus avant de gagner le quai le plus proche en annexe et nous imprégner de cette jolie bourgade protégée d’un tourisme agressif.

Seuls les petits restaurants de front de mer proposant la « Caldereta de Langosta », spécialité locale prisée par le Roi d’Espagne lui-même ou plutôt son père, réunissent quelques vacanciers.

 

Des banderoles et des guirlandes témoignent de la fête récente en l’honneur de la Vierge protectrice des marins. Mais c’est San Antoni de Abat, qui, honoré dans une modeste église, protège la ville.

 

Les ruines d’une ancienne forteresse du XVIIe siècle, dite « château de Sant Antoni » et une tour de guet édifiée sous l’occupation anglaise au début du XIXe siècle rompent discrètement cette belle harmonie.

En soirée, quelques stands proposant colifichets et bijoux sont dressés mais aucune musique agressive ne vient troubler le silence.

 

 

Dimanche 19 juillet 2015 : FORNELLS (Minorque)

« Un paradis pour les écoles de voile... »

Toujours ce grand calme qui surprend et apaise (Saint-Cyprien ferait bien de s’en inspirer…).

Le petit port s’anime. Les embarcations sortent pour rejoindre les criques voisines, les annexes des voiliers au mouillage viennent pour l’avitaillement.

Pour nous, après quelques rangements, c’est en annexe que nous partons découvrir cette très grande baie, partie d’une vaste réserve marine et terrestre restreignant l’action envahissante et destructrice de l’homme.

Sur le plan d’eau, de nombreux voiliers sont mouillés, à la bouée ou en libre dans des secteurs délimités, tandis que les petits voiliers et planches à voile des écoles s’exercent à se jouer du moindre souffle.

En soirée, rires d’enfants et fanfares animent le front de mer. Que tout ceci est plaisant !

 

 

Lundi 20 juillet 2015 : FORNELLS (Minorque)

« Marché nocturne… »

 

Tranquillité du lieu, petite flemme mais aussi annonce d’un marché « agroalimentario », autant de raisons pour ne pas encore lever l’ancre. Il faut avouer que le magasin Spar et l’autre petit supermarché dépannent bien mais rien ne vaut un vrai marché avec des produits locaux !!!

 

Donc, en attendant ce moment, journée bricolage à bord et « réinstallation » d’un ancien panneau solaire qui voyageait, inutile, en cabine. Bientôt nous allons pouvoir revendre de l’énergie aux voiliers voisins mais il faudra nous dépêcher de mettre ce négoce en place ; de plus en plus de voiliers sont, eux aussi, bien équipés. Panneaux solaires et smartphones ont largement pris place à bord.

18 heures ! L’heure de parcourir la Calle Mayor où des producteurs locaux ont dressé des étals proposant leur production : fruits et légumes de saison, charcuterie dont la célèbre soubressade et les fromages « curado ou semicurado » produits avec le lait des vaches spécifiquement minorquines noires et blanches.

Mêmes les « dames de la Paroisse » vendent des gâteaux pour porter assistance aux nécessiteux.

Les clients sont « locaux » et échangent avec les producteurs en une langue incompréhensible, ni espagnole, ni catalane mais MINORQUINE !

Nos sacs sont bien pleins lorsque nous regagnons Logos. Un bel avitaillement qui va nous permettre de faire face dans les Calas (criques) futures.

 

 

Mardi 21, mercredi 22 et jeudi 23 juillet 2015 : de FORNELLS à CALA PUDENTE

« Paradis des kayakistes… »

Il est temps de commencer notre croisière autour de Minorque. Le plein de gas-oil est fait après une manœuvre un peu sportive due au vent et à l’avancée de certaines pendilles. Nous pouvons commencer nos « sauts de puce » de cala en cala, au gré du vent. Il ne faut pas oublier que LUI SEUL commande, en navigation comme au mouillage.

4,5 MN vers l’Est, sous le ronron de Mitsu (pourquoi ne pas baptiser ainsi le nouveau moteur, cela fait héros de bande dessinée) le long d’une côte rocheuse très austère et, bien enfoncée dans les terres, une sorte d’estuaire aux eaux turquoise bordé d’une côte rocheuse sauvage.

Aucunes infrastructures touristiques, nous sommes toujours dans le secteur préservé. La plage se mérite. L’animation est familiale. Nous admirons les courageux kayakistes dont certains, totalement nomades, explorent courageusement les moindres anfractuosités des criques.

Pour nous, grand plaisir de la baignade, belle promenade au masque le long de la côte, nos premiers oursins.

Un bel abri si nous en jugeons par l’agitation de la mer à l’extérieur mais où nous inaugurons cependant les beaux sacs antiroulis fabriqués par Pierre cet hiver, pour le confort de sa passagère.

Effectivement, Logos résiste mieux au roulis généré par le ressac.

 

 

Vendredi 24 juillet 2015 : de CALA PUDENTE à CALA ARENAL D’EN CASTELL

« Urbanisation des années 70… »

Seulement 2MN plus loin, oubliée la côte sauvage. Deux grands bâtiments, style « Hôpital Nord » de Marseille, se dressent avec arrogance au-dessus d’un coquet village de belles villas et rappellent l’urbanisation intensive des années 70. Nous aurions envie de les faire imploser mais tant de vacanciers heureux y trouvent leur bonheur et bénéficient d’une très longue plage de sable fin.

 

 

Samedi 25 juillet 2015 : de CALA ARENAL D’EN CASTELL à FORNELLS

« Retour à l’abri… »

Le plan d’eau s’est agité, les vagues rebondissent sur les falaises et génèrent un ressac qui malmène Logos et le font entrer en résonnance, malgré les deux sacs antiroulis. Le ciel gris, la mer qui moutonne fortement à l’extérieur nous font craindre un renforcement du vent, renforcement confirmé au téléphone par la responsable du Club Nautique de la Marina la plus proche à Addaya : « Gale warning ! The entry is dangerous ! »

Il ne nous reste plus qu’à rebrousser chemin pour gagner Fornells. Tout s’agite, les vagues prennent de la hauteur, le vent forcit. Le Capitaine tient la barre avec fermeté pour garder le cap, tandis que, dans le carré, je récupère tant bien que mal tout ce qui valdingue (nous avions eu tendance à oublier que, même en mini croisière, pour quelques dizaines de minutes de navigation, il faut être organisé).

Enfin nous pouvons discerner, battue par les vagues, l’entrée de la passe. Après 6,5 MN de bagarre, nous allons enfin retrouver le calme. Un voilier sort avec 2 ris dans la Grand-Voile... il faut vraiment qu’il soit obligé de partir !!!

Toutes les bouées sont occupées, c’est pourquoi le responsable du port qui nous a vus entrer nous conduit au mouillage tout au fond de la baie, lui aussi très fréquenté. À la jumelle, nous observons les vagues qui continuent de déferler sur les falaises d’entrée, heureux d’avoir retrouvé un peu de sérénité.

Des flonflons de fanfare et le son d’un cor de chasse en soirée nous font oublier notre navigation un peu musclée.

 

 

Dimanche 26 juillet 2015 : FORNELLS

« San Antoni de Abat... »

 

Le calme est revenu. Oubliée l’angoissante agitation de la veille. De nombreux cavaliers, vêtus de noir, caracolent sur la route en direction du port, venus célébrer le patron de Fornells, San Antoni de Abat. Une joyeuse animation règne, chacun voulant honorer ces fringants cavaliers, leurs montures élégamment parées, comme sortis d’un autre âge et perpétuant une longue tradition. Elle remonterait sans doute aux Croisés, les Chevaliers de l’Ordre de Malte qui ont fait du cheval un élément important de la culture minorquine, comme en témoignent les fêtes de Ciutadella et Mahon. Une messe réunit ensuite les participants à cette belle cavalcade, belle façon d’honorer Sant Antoni.

 

 

Lundi 27 et mardi 28 juillet 2015 : de FORNELLS à ADDAYA

« Un bout du monde…»

 

 

La baie de Fornells est semblable à un miroir. Optimists et 421 se préparent pour une régate autour de bouées. Nous allons pouvoir poursuivre notre progression et découvrir, à 8MN, l’anse d’Addaya dont l’accès nous était interdit par mauvais temps.

Oubliées les vagues qui déferlaient. Aujourd’hui, tout est calme mais nous pouvons nous rendre compte combien la barrière d’îlots rocheux de l’entrée de la baie peut être dissuasive et très dangereuse en cas de mauvaise mer. Le chenal longe des maisons devant lesquelles sont appontées, minorquines et petits moteurs. Attention à bien le suivre, l’œil rivé sur les balises jusqu’à l’îlot qui mène au Club Nautique.

Face à quelques pontons, une trentaine de bouées dont l’une se libère à notre arrivée. Sera-t-elle revendiquée par son propriétaire ou taxée par la Marina ? Pour l’instant elle est la bienvenue.

En annexe nous allons explorer le fond de la baie, une sorte de petit étang peu profond où seuls les catamarans et les dériveurs peuvent se hasarder pour voisiner avec les petites embarcations des locaux. Sur la rive déserte, un vieux hangar à bateau. Devant les quelques pontons, pas vraiment de village, seulement de coquettes maisons à l’abri de toute agression.

En soirée, une famille de canards s’aventure de voilier en voilier, seulement pour le plaisir, mascottes du village, la nourriture ne leur fait pas défaut.

Oubliées les stations balnéaires animées, ici tout est sérénité à nous en faire oublier qu’à l’extérieur les vagues passent de nouveau en montagnes russes.

Nous optons donc pour une seconde journée dans ce petit paradis mais au mouillage, devant les pontons, la bouée ayant eu une fâcheuse tendance à cogner. Nous sommes d’ailleurs en belle compagnie puisque « FOREST HILL », un superbe Garcia 70, vient mouiller près de nous… À louer 12800 euros la semaine, skipper et hôtesse compris. Une pensée pour Yannick et Denise, heureux propriétaires d'un beau 50pieds du même constructeur.

 

 

Mercredi 29 juillet 2015 : d’ADDAYA à L’ÎLE COLOMB

« Un yacht mythique... »

Nous quittons notre fin du monde pour gagner le vaste mouillage de l’Île Colomb. Vent dans le nez, nous longeons une côte sauvage, totalement déserte.

Un très grand yacht, façon steamer, fait route avec nous et viendra s’ancrer à l’entrée de la baie. Il s’agit du mythique « NAHLIN » battant pavillon britannique, yacht de luxe de 90 mètres de long, aujourd’hui propriété de l’industriel Sir James Dyson (qui aspire à être connu…), après avoir hébergé les croisières festives d’Edward VIII et de Mrs Simpson.

Des bouées équipent le plan d’eau, 29 Euros pour la nuit, 13 pour la journée. Pour ce prix-là, le « placier » vous présente la bouée ! Il semble que le tout Ibiza se soit donné rendez-vous ici, tant gros yachts et grands voiliers voisinent… que de misère dans ce pauvre monde !

Près de nous, l’ambiance est plus modeste, un petit voilier que nous surnommons Maya pour sa couleur et ses bandes noires (ses propriétaires ont préféré le baptiser « Con brio ») est accroché à la bouée la plus proche. Au moins, ainsi, passé l’effet de surprise, on le reconnait facilement.

Nous tentons de nous approcher de la côte en annexe mais l’agitation du plan d’eau et un passage peu profond entre un îlot et la côte nous font rebrousser chemin.

En soirée, les bouées se vident, Mahon, sa Marina et ses restaurants, sont proches.

Nous pouvons tranquillement contempler un beau coucher de soleil mais le rouge du ciel, annonciateur de vent, nous inquiète un peu.

 

 

Jeudi 30 juillet 2015 : de L’ÎLE COLOMB à CALA TEULERA (Mahon)

« Prévisions météorologiques sous-estimées… »

 

Effectivement, le coucher de soleil était plus révélateur que les prévisions scientifiques et les 10 Nœuds annoncés.

Une nuit agitée nous permet d’être d’attaque dès 7 heures. Pas question de nous attarder, il nous faut gagner le mouillage abrité de Mahon à un peu plus de 8MN de là.

Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls à être aussi matinaux.

15ND, 20ND, 24 ND ! Il nous faut remonter la baie au moteur avant de pouvoir envoyer le génois avec un ris… C’est parti… enfin nous aurions pu le croire. C’est alors que l’écoute bâbord s’échappe et à peine cette dernière récupérée par Pierre, c’est au tour d’une drisse de prendre sa liberté, appelant, pour la reprendre, de nouvelles acrobaties du Capitaine !

Que cette côte est sinistre, avec ces éoliennes dont la présence laisse envisager un secteur très venté.

Sur mer, les montagnes russes, négociées une à une, se succèdent jusqu’au phare.

Ouf ! nous voici arrivés. Le vent souffle aussi ici et oblige certains voiliers à reprendre leur ancrage, quand ce n’est pas pour satisfaire l’arrogance des « Professionnels du Tourisme » qui, avec autorité, exigent leur passage. Bien prendre garde de mouiller devant la ligne de bouées, les coasts-guards sont vigilants mais combien l’espace vital est maintenant réduit pour les infortunés plaisanciers.

Le spectacle des murailles du fort est toujours aussi grandiose. Une belle leçon d’histoire qui nous rappelle Valetta et notre arrivée au petit matin dans l’île de Malte.

 

 

Vendredi 31 juillet 2015 : de CALA TEULERA au FLOTTING PANTALAN

« À couple d’un remorqueur désaffecté… »

 

Pour assurer une bonne connexion et faciliter ainsi le chargement de Windows 10, nous avons choisi de nous rendre dans la Marina de Mahon, au fond de la vaste baie. Devant l’impossibilité de retenir un appontement par mail ou téléphone, nous décidons, comme demandé, de nous présenter devant la marina pour être admis au fur et à mesure des disponibilités.

Une fois de plus, nous empruntons le court canal entre le mouillage et la rade, frisson garanti qui fait que de nombreux voiliers préfèrent faire le « grand tour » et soulagement lorsque nous abordons la Isla del Rey et son vieil hôpital d’isolement.

L’entrée dans la rade est toujours aussi grandiose et c’est un régal des yeux que de voir ces petites maisons colorées le long du quai, dominées par les remparts et les hautes maisons agglutinées de la vieille ville.

Un appel VHF au bureau de la Marina pour signaler notre présence, le même appel réitéré par téléphone : « Nous n’accueillons pas avant midi, rappelez plus tard ! »

Faire des ronds dans l’eau pendant 2 heures, puisqu’il n’est que 10h, cela peut paraître long. Jeter l’ancre, c’est impossible. Pierre avise un remorqueur hors service à l’entrée du port de commerce, Logos n’est pas fier. À couple, nous allons attendre l’heure fatidique de midi, jusqu’au moment où un coast-guard complaisant nous avise qu’il serait préférable de quitter ce vieux remorqueur penchant dangereusement et menaçant de se renverser… Logos serait encore moins fier !

Pas de problème, nous ne tirerons pas sur les amarres, le remorqueur, au joli nom d’« ARISTIMA », a tenu et il est maintenant MIDI !

Rage en entendant le responsable de la marina nous envoyer promener avec un « We are fully booked ! », soit nous sommes complets pour plusieurs jours, comme s’il ne le savait pas il y a 2 heures.

Fini l’idée du chargement Internet mais nous avons aussi un paquet pour le moteur réexpédié à la Poste Centrale et c’est avec soulagement que nous avisons un voilier qui libère une place à l’un des pontons flottants. Un appontement à la bretonne, c’est-à-dire l’étrave en avant, le premier en plus de 18 000MN ! Pas question de faire les difficiles. Nous y retrouvons un ketch hollandais inquiet de son mouillage à Teulera, « AQUAHOLIC »… un nom comme celui-là ne s’oublie pas !

Retour à la marina en annexe pour essayer de charger le programme Windows 10. Par chance, un charmant jeune homme « en intérim », professeur d’Espagnol de son état, remplace le responsable et, de collègue à collègue, nous réserve un accueil fort courtois. Il surveillera l’ordinateur tandis que nous irons en ville en taxi.

Le colis nous attend bien à la Poste Centrale. Après avoir déambulé dans le vieux Mahon et nous être désaltérés d’un raffraichissant « VICHY CATALAN », notre sac est rapidement rempli au Marché de l’Ancien Couvent des Carmes. Nous voici parés et pouvons regagner la Marina pour l’ordinateur (chargement sans succès, le Laptop de Logos n’est pas prioritaire) et reprendre notre annexe vers Logos.

Le paysage, depuis le ponton, est toujours aussi plaisant. Certes, gênés par les voiliers appontés, la vue sur la ville nous est interdite mais nous pouvons apprécier le calme et l’harmonie des bâtiments de l’ancienne base navale dans un cadre arboré.

 

 

Samedi 1er août 2015 : MAHON

« Logos est rincé…  »

 

Une de ces nuits où l’on est heureux d’être « attachés », même s’il ne s’agit que d’une plate-forme flottante. De violentes rafales sifflent dans les haubans, des trombes d’eau se déversent sur Logos, mettant nos hublots à l’épreuve de la pluie. Il est difficile de ne pas avoir une pensée pour les infortunés dont nous avons parfois fait partie, en vigilance pour surveiller leur ancre ou celle du voisin.

Au matin, Logos a retrouvé un bel aspect. Le soleil est de retour. Nous allons pouvoir poursuivre notre chemin tandis qu’un proche voisin, propriétaire d’un Sun Légende 41 appelé « ENRICO », va regagner son port d’attache à Leucate. Le grand vent, il connait, de même que la nécessité de TRIPLER les amarres. Nous sommes loin de l’image d’Épinal donnée, depuis la route, par cette Marina.

Les ferries passent devant nous et nous masquent le paysage.

 

 

Dimanche 2 août 2015 : de MAHON à CALA BENIBECA

« Une ancre piégée... »

 

Le ponton se vide, signe que le beau temps est revenu.

Toujours ce plaisir de parcourir cette magnifique rade, empruntée par tant de bateaux illustres.

Nous allons tenter de nous approcher de l’Isle d’en Aire où nous avons mouillé en 2000. Il semble, aujourd’hui, que le débarcadère qui permettait aux touristes de faire quelques pas sur l’île ait été détruit et, de toute façon, avec la direction du vent, le mouillage près de l’île nous parait peu engageant.

Sous génois, nous poursuivons jusqu’à l’anse de Binibeca, surmontée par ce coquet village construit à l’imitation des anciens villages de pêcheurs minorquins, à 10MN de là. La taille de Logos nous interdit toujours les bouées mais l’amphithéâtre de pierre auprès duquel nous avions trouvé refuge l’an passé est maintenant entièrement réservé à la baignade, à la grande déception des petites embarcations qui y mouillaient.

Notre ancrage, plus à découvert, se révèle être assez rouleur, même en présence des sacs et Pierre craignant que le seul trafic n’en soit pas la cause propose d’opter pour l’autre côté de la crique, au-delà d’un îlot rocheux.

Plus facile à dire qu’à faire… Des rochers, il y en a aussi au fond de l’eau et notre ancre facétieuse a crocheté dans l’un d’eux par 15mètres de fond. Marche avant, marche arrière, rien n’y fait. Nous sommes à quelques mètres de « BLUES », grand voilier sous pavillon maltais à qui Pierre demande de surveiller le comportement des deux bateaux pendant qu’il plonge. « Mac Gyver » s’équipe (clin d’œil à Hélène du Fils du Vent qui l'a baptisé ainsi), descend dégager l’importune qui retombe dans une faille et qui, finalement, au prix d’un bel effort, accepte de rester sur une petite zone sableuse. La manœuvre est bien surveillée par le skipper de BLUES, très inquiet. Il n’avait pas vu que Pierre s’était équipé de sa petite bonbonne d'air !!!

Logos libéré, nous pouvons apprécier la protection de l’îlot qui limite notre danse chaloupée.

Seuls les très nombreux avions qui survolent cette zone rompent cette belle harmonie.

 

 

Lundi 3 août 2015 : de BINIBECA à BINISAFULER

« Une belle vitrine pour architecte... »

Toujours à la recherche d’un abri de houle, nous tentons notre chance dans la cala suivante, à la limite des bouées installées par les propriétaires des superbes villas bâties sur le crêt de la falaise. L’espace disponible y est limité, ce qui devrait nous éviter tout voisinage.

Quelle belle vitrine pour architecte offerte par ces grandes bâtisses si différentes de conception mais si belles qu’il serait difficile de faire son choix. Chacune ou presque possède sa descente jusqu’à la cala pour profiter d’une baignade ou accéder à son petit yacht.

Il est amusant de constater qu’en journée les bouées libérées sont squattées par de petites embarcations familiales puis restituées en soirée à leur propriétaire.

Le coucher de soleil semble être un rituel et le moment d’échanger les impressions de la journée sur les bancs placés au cap.

Les espoirs sont déçus, Logos monte, descend, roule d’un bord puis de l’autre. Tu te surprends à envier les gens qui dorment là-haut sur la falaise, non pour leur grande maison mais parce qu’ils dorment dans un vrai lit, un lit qui ne bouge pas !

 

 

Mardi 4 août 2015 : de CALA BENISAFULER à CALA COVAS

« Une magnifique nécropole… »

 

Qu’il semble difficile de trouver un havre de paix sur cette côte rocheuse où chaque ouverture est équipée de bouées ou soumise à la houle.

Après la Cala Canutells, trop remuante, nous tentons une cala encore inexpérimentée, une longue échancrure bordée de beaux apics qui semble être bien connue des marins. Peu de place pour les mouillages en libre mais une belle falaise pour bouts à terre face à l’entrée. Manœuvre faite, nous pouvons nous imprégner de ce musée à ciel ouvert, cet important site mégalithique vieux de 4000 ans, une gigantesque nécropole de plus de 150 grottes. Si ces lointains ancêtres sont peu connus, les tombeaux dans la falaise ont un air de déjà vu et nous rappellent, en plus sommaire, les tombeaux lyciens de Turquie.

La présence d’une source abondante et la qualité de la roche de calcaire datant du Myocène semblent avoir favorisé l’implantation de cette communauté préhistorique mais fait aussi le bonheur d’une importante communauté de hippies nudistes, le siècle dernier, au grand désespoir des vieux Minorquins.

Il n’en reste plus trace aujourd’hui. Le site a retrouvé toute son authenticité.

Si les plaisanciers peuvent jouir de ce lieu exceptionnel, de courageux piétons venus de calas voisines, viennent aussi bénéficier de ses eaux cristallines et du paysage, investissant dès le matin le haut rocher auquel nous sommes attachés. Un esprit malin dirait que cela fait un peu « Rocher du Zoo de Vincennes » mais ces gens semblent si heureux d’immortaliser ce moment avec leur smartphone ou leur Go-pro !

 

 

Du mercredi 5 au dimanche 9 août 2015 : CALA COVES

« Le réel rejoint le virtuel… »

Cala Coves est aussi, pour nous, le lieu d’une très attachante rencontre. Un plaisancier, salué au passage depuis notre annexe, nous poursuit jusqu’à l’oasis de fond de baie que nous allions explorer, ne semblant pas croire à cette rencontre imprévue… Oui, c’est bien nous Pierre et Martine ! En chair et en os !, échappés du virtuel pour prendre une apparence humaine. Nous venons de faire la connaissance d’un fidèle lecteur, Claude, naviguant avec Caroline et leur fils Gaspard sur un petit catamaran « OLIBRIUS » et de débuter une belle amitié.

OLIBRIUS, c’est un peu un bateau pirate avec son drapeau et surtout son jeune Capitaine, très inspiré par Jack Sparrow… mais aussi un lieu très convivial où nous aurons même le plaisir de bénéficier des talents de guitariste et chanteur de Guy, naviguant avec son fils sur son voilier « I’M FREE », nom très révélateur quant à la personnalité de son propriétaire.

Les échanges avec OLIBRIUS sont très chaleureux, techniques bien sûr mais surtout amicaux devant une sangria et les délicieuses crêpes (à faire pâlir les bretons) confectionnées par Caroline.

Un voilier voisin, dont le nom « AINHARA » évoque le Pays Basque et nous rappelle « TXEKOLIBI », le voilier de René et Jeanie à Yacht Marine. Conversation engagée, ce sont des familiers de de nos amis… Plaisir d’évoquer ces amis au cours d’une baignade semi-nocturne. Les années s’effacent, les souvenirs revivent.

 

 

Lundi 10 août 2015 : de CALA COVES à CALA TURQUETA

«Les cirés sont rincés... »

Un ciel gris au réveil, peut-être le moment de poursuivre notre route, tout comme les voiliers qui nous entourent.

Bout-à-terre et gardes sont libérés, les nomades de la mer repartent, sans doute en direction de Cala Turqueta, à 12 MN de là.

Un ciel très gris, noir même à l’horizon ne semble rien présager de bon, le vent lui-même est contrariant et nous oblige à ne naviguer que sous Grand-Voile.

Peu à peu, la visibilité se réduit, au point de brancher l’AIS pour repérer les autres bateaux. Les cirés sont sortis, le ciel se déverse sur Logos, en seaux bien remplis. Il est bien rincé, nous aussi, et il nous tarde d’apercevoir le cap à tête de macaque, à l’entrée de la Cala Turqueta.

Les voiliers, retardés par l’averse, nous laissent la place et nous permettent, ainsi qu’à Olibrius, un mouillage à l’abri des revendications des nombreux PC qui offrent courte baignade (en eau turquoise, comme indiqué) ou séance de plage à leurs clients.

 

 

Mardi 11 août 2015 : CALA TURQUETA

« Alerte medusas !!! »

 

Une petite anse rocheuse nous avait, l’an passé, réservé quelques oursins. Pourquoi ne pas tenter notre chance ? Pierre, courageux, saute dans l’eau, j’observe d’abord… horreur ! Des méduses, les premières de la saison et une recherche annulée. Le vent semble avoir ramené ces malfaisantes qui sèment la panique dans la baie et contraignent Pierre, le bon Samaritain, à porter assistance à un jeune couple cherchant désespérément à rejoindre leur voilier à la nage. Sur la plage, le drapeau jaune est hissé. Masque de rigueur pour toute trempette et filet collecteur de méduses à poste.

 

 

Du mercredi 12 au mercredi 19 août 2015 : de CALA TURQUETA à CALA SANTANDRIA

« Nous nous installons… »

 

Nous retrouvons avec plaisir cette cala abritée, non loin de Ciutadella. Nous y avons nos habitudes et un paysage familier. Même les chiens plongeurs-nageurs sont au rendez-vous, ainsi que les promeneurs du matin et du soir.

Cette fois-ci, LOGOS est bien sanglé pour le priver de toute velléité de tangage, deux bouts à terre, deux gardes accrochées à des rochers sous l’eau, les deux sacs anti-roulis. Nous espérions être parés mais c’était sans compter avec les coups de boutoir de la contre houle. Les amarres geignent, l’une d’elle va même jusqu’à se rompre. Il nous faudra aller jusqu’à l’installation d’amortisseurs pour chaque amarre.

OLIBRIUS partage notre espace vital, pour notre plaisir et, nous l’espérons, le leur.

Chacun surveille un peu le ciel, toujours menaçant et porteur de pluie… Pas besoin de machine à laver, les serviettes de bain sont rincées.

Ciutadella, que nous rejoignons avec le bus 64, est toujours aussi agréable à parcourir, aérée par de belles places où débouchent les ruelles de la vieille ville mais, cette année, grâce à nos amis, nous découvrons le Club Nautique et la terrasse de son restaurant au-dessus du port avec vue sur le vieux château. « Calamarès » sont au menu.

Un voilier voisin familier de Minorque, nous a gentiment indiqué quelques mouillages sympathiques.

Nous allons donc tenter notre chance tandis que nos amis sur OLIBRIUS vont, à la faveur de la première météo favorable, gagner les côtes françaises, rentrée des classes oblige !

Nous ne sommes pas prêts d’oublier cette belle rencontre ou comment, une fois de plus, de simples lecteurs du site sont devenus des amis.

 

 

Jeudi 20 août 2015 : de Cala Santandria à Cala S’Amarrador

« Au revoir les amis… »

 

Nos compagnons de fortune et d’infortune, un peu nostalgiques, nous regardent nous libérer de toutes nos entraves. De douces heures prennent fin mais il leur faut aussi songer à la longue navigation de retour sur Montpellier.

Claude nous escorte même jusqu’à l’entrée et vérifie l’état de la mer dans le but de gagner Ciutadella en annexe, sans doute plus amusant que le bus pour le petit pirate.

Pas besoin de montre, toujours très ponctuel, « FIESTA », PC familier, sort du port avec son flot de touristes candidats de quelques heures aux belles criques du sud. Il est 10 heures.

5 milles à parcourir en rodant MITSU, rien de très spectaculaire, un cap enlaidi par un de ces grands hôtels à l’architecture sans recherche, une côte rectiligne où il est difficile de discerner la faille qui permettra l’entrée dans un petit Eden aux eaux turquoise. Telle est l’entrée de S’Amarrador, petite Cala qui se mérite mais propose de beaux fonds où les poissons abondent. Sur le haut de la falaise d’étranges constructions de pierre, en forme de navire renversé, des « Navetas » ou monuments funéraires de l’époque néolithique, toujours très semblables, en plus rustiques, à ceux de Kekova en Turquie. Il se dit qu’ils seraient sous la protection de la déesse Isis, protectrice des marins, dont l’œil orne aussi les embarcations des pêcheurs grecs. L’Éternité près des oiseaux ou près des poissons selon les croyances.

 

 

Vendredi 21, samedi 22 et dimanche 23 août 2015 : de Cala S’Amarrador à Cala Morells

« À la recherche d’une connexion… »

 

Outre une houle assez présente, l’absence de toute connexion nous privant de nouvelles mais aussi de ces prévisions météo si nécessaires au confort et à la sécurité, nous fait quitter ce lieu désert pour retrouver un peu de civilisation.

5MN à longer ces falaises aux rochers déchiquetés par les tempêtes d’hiver à la recherche de la petite anse qui nous offrira abri, connexion et plaisir des yeux. La Cala Morells réunit tout cela, bien gardée par la Punta de S’Elefant, haut rocher où les vents semblent avoir voulu sculpter un éléphant de dos (avec un peu d’imagination).

Le Club Nautique a quelque peu investi la place, offrant de belles bouées à ses adhérents mais ainsi les possibilités de mouillage sont limitées à 3 ou 4 bateaux… chanceux, dont Logos qui bénéficiera, pendant trois jours, de ce petit paradis tout en défendant « avec le sourire » son espace vital. La baignade en compagnie d’un banc de sars, le spectacle des roches rouges, les nuits paisibles. UN RÊVE.

Un ancien torrent a, ici, creusé son lit, aujourd’hui tari, il n’offre au regard qu’une dense végétation de roseaux et arbustes mais sa présence, celle d’une source captée et, au dessus, de nombreuses grottes ont favorisé l’implantation, il y a 4000ans, d’une importante cité « Talayotique », c’est-à-dire bâties autour d’un talayot, sorte de salle réunion.

Dans ce paysage chaotique, de nombreuses grottes présentent une très vaste salle dont le plafond est soutenu par un ou plusieurs piliers. L’une d’entre elles est même éclairée par « un puits de lumière », procédé architectural avancé, tout comme ces fissures dans la roche permettant de recueillir l’eau de pluie dans des auges. Une belle végétation dont de vieux figuiers contrastent avec l’aridité du plateau au-dessus.

Que nos ancêtres pouvaient souvent choisir leur implantation avec goût !

Pour nous, ce fut une  promenade paisible mais aussi une belle leçon d’Histoire ou plutôt de Préhistoire.

 

 

Lundi 24 août 2015 : de Cala Morells à FORNELLS

« La houle nous rattrape… »

 

C’est fou ce que l’on oublie vite l’inconfort en mer. Une nuit idyllique, posés bien à plat sur un miroir et tous les balancements, roulis, tangages sont oubliés. Malheureusement, les trêves sont souvent de courte durée et rappellent les « dures » réalités de la mer.

Cette nuit, la houle nous a retrouvés, elle éclate sur la falaise, rebondit, fait danser Logos et ses voisins, une danse désordonnée qui ne saurait finir à en juger par les prévisions météorologiques.

Pas de farniente, cap sur notre abri favori, c’est-à-dire la baie de Fornells à 14MN, non sans avoir averti au passage notre proche voisin d’une évidente aggravation de la situation, qui, incrédule, s’empressera quand même de rejoindre Fornells… dans l’après-midi !!!

Nous voici maintenant poussés par un vent trois quart arrière qui gonfle plaisamment notre Génois jusqu’à Fornells. Les zones de sable étroites où enfouir notre ancre devant la jetée ont toutes trouvé preneurs.

Les bouées payantes sont, parait-il, toutes réservées. Il nous reste l’arrière de la baie, plus éloignée pour gagner la ville en annexe où nous retrouvons Jean-Marc et Florence, sur le voilier « TAIJI», de « vieilles connaissances » rencontrées plusieurs fois dans l’île de. Majorque. L’impossibilité de louer une voiture en cette saison et les informations gentiment données devant un punch nous font opter pour un petit circuit en bus et la visite d’un site talayotique près de Mahon.

 

Mardi 25 et mercredi 26 août 2015 : Fornells

« Route buissonnière dans l’île de Minorque… »

 

Bien installés, dès 9 heures, dans le bus pour Mahon, nous réalisons rapidement que, loin de rejoindre l’axe central de Ciutadella à Mahon, nous rendons visite aux stations balnéaires proches, de San Saura et surtout Son Parc, deux petits paradis pour vacanciers, logés dans de coquettes résidences parmi les pins, les arbustes décoratifs et les fleurs. Tout y est harmonieux et paisible.

La route secondaire M7 s’enfonce ensuite dans les terres et nous permet de découvrir le Minorque vallonné et verdoyant de petits arbustes parcouru de longs murets de pierre sèche. Les habitations dispersées sont rares mais peuvent être une étape pour le voyageur. L’approche de la capitale administrative, Mahon, se fait par une petite zone industrielle et commerciale. Rien à voir avec nos grands centres mais cependant des enseignes connues comme Ikea.

Quelle étrange impression lorsque le bus nous dépose dans une gare routière, presque semblable à celles que nous avons connues en Orient, l’animation en moins. Un tableau lumineux pour afficher les horaires et destinations des différents bus, un bar où attendre et se restaurer mais il manque ce grouillement de vie qui nous surprenait tant.

C’est là qu’un taxi, appelé par téléphone, nous prend en charge pour gagner le but de notre visite, à savoir le site archéologique de Talati de Dalt, important rendez-vous avec la Préhistoire, à 4km de Mahon.

Il s’agit d’un ancien village dit talayotique, protégé par une épaisse muraille dont seuls quelques pans subsistent aujourd’hui. Dans cette enceinte, dispersées parmi des arbustes, ruines de maisons, d’édifices religieux et grottes funéraires nous permettent d’imaginer la vie de ces lointains Minorquins. S’il nous est difficile de visualiser la maison talyotique, construite autour d’une cour avec un puits central, nous pouvons encore voir le grand talayot de pierres où les sages du village se réunissaient et surtout le sanctuaire, enceinte circulaire où avaient lieu des sacrifices rituels pour obtenir protection et prospérité, dominée par la Taula, ou grosse pierre plate, soutenue par un large pilier. Comment ces hommes ont-ils pu manipuler de telles pierres, si parfaitement bien taillées ? Les bergers qui ont investi ce site au siècle dernier devaient encore, par leur mode de vie, être très proches de ces lointains habitants.

Avant de gagner la ville centrale de l’île, Es Mercadal, nous nous régalons de poissons frais frits dans un petit restaurant proche de la gare routière conseillé par notre « chauffeuse » de taxi.

Nous allons maintenant emprunter l’axe routier central de l’île, une longue route sans charme, traversant un plateau monotone, le Minorque agricole de grandes fermes où se fabrique le célèbre fromage de Mahon. D’importants travaux routiers destinés à élargir cette voie très fréquentée font craindre que Minorque, cette belle réserve mondiale de la Biosphère depuis 1993, perde de son authenticité et de sa sérénité.

Es Mercadal, comme les autres villes de cet axe, Alaior et Ferreries offre peu d’attraits, surtout aux heures chaudes de l’après-midi. Les retrouvailles avec Logos après quelques achats sont les bienvenues après une traversée un peu agitée en annexe.

Nos voisins vont regagner les côtes françaises, travail oblige pour les jeunes ; privilège de l’âge pour les anciens, nous allons poursuivre notre visite des Calas de la Côte nord, non fréquentables il y a trois jours.

 

Jeudi 27, vendredi 28 et samedi 29 août 2015 : de Fornells à Cala Ferragut

« Encore une image du Paradis… »

 

Le plein du réservoir est fait avant de quitter Fornells, soucieux de pouvoir profiter du vent favorable qui décidera de notre retour. Le réfrigérateur est bien garni. Nous pouvons commencer nos investigations. Étrangement la Cala Tirant que nous affectionnions au début des années 2000, première étape après une nuit de traversée et décrite comme très belle et solitaire, nous parait aujourd’hui plutôt sinistre et nous fait préférer la vaste Cala suivante, très ouverte et bien éclairée.

Sous l’abri du cap, le vent d’Est ne devrait pas nous atteindre.

Ici, aucune construction, une côte sauvage bordée par une longue plage de sable fin. Nous sommes encore dans la zone dite protégée de toute urbanisation et pêche mais où le mouillage est autorisé, contrairement à la zone de réserve intégrale, interdite à toute embarcation. Un bel exemple de protection de l’environnement. Sauront-ils et pourront-ils résister longtemps aux pressions touristiques ?

Le paysage est harmonieux. Les pentes rocheuses qui descendent vers la mer prennent de belles couleurs rouges au couchant. Là où subsiste une abondante végétation, un long muret de pierre et une barrière de bois, emblématique de l’île, marquent les limites de deux grands domaines.

Quant à la plage, une plage surveillée mais qui se mérite, son accès se fait par un long escalier de bois, interdit aux chevaux… est-il besoin de le spécifier aux hardis cavaliers qui empruntent le très célèbre Cami de Cavalls ou réseau de sentiers à travers l’île et plus particulièrement le long des falaises côtières. Marcheurs et courageux « VTTistes » peuvent aussi en bénéficier. Nous nous contenterons d’une courte marche, juste pour le plaisir de voir Logos se balancer à nos pieds.

Nous avions prévu de nous attarder un peu et de profiter de quelques jours de l’arrière-saison plus calme mais les prévisions météorologiques semblent imposer un départ plus précoce.

Nous quitterons Minorque demain, heureux d’avoir pu, au rythme du vent et surtout de notre moteur en rodage, mieux connaitre cette île fidèle à son passé, sorte de musée de plein air quant aux sites préhistoriques et apprécier la beauté préservée de ses Calas.

 

Dimanche 30 et lundi 31 août 2015 : de CALA FERRAGUT à SANTA MARGARIDA (Nautic Center)

« Poussés par les vagues… »

 

Les prévisions sont confirmées, le temps devrait se détériorer la semaine à venir.

Un départ sans précipitation pour une étape de 140MN. Contrairement aux jours précédents où des voiles se gonflaient en direction du continent, nous sommes les seuls à hisser la Grand-Voile, bien vite assistée du Génois, tous deux bien gonflés par un vent de travers. La mer est assez houleuse mais les vagues arrière permettent à Logos de filer bon train pendant treize heures. Au repos le petit jeunot qui ne prendra du service qu’au milieu de la nuit, une nuit bien éclairée par la pleine lune.

Peu de circulation sur mer, à part deux grosses unités dont le « COSTA ADDENA », éblouissant de lumières, les chalutiers et les petits pêcheurs de la baie de Rosas au petit matin.

Nous n’avions pu prévenir Raül, le responsable du Chantier, de notre départ avancé, c’est sans grande surprise et avec bienveillance qu’il nous découvre, bien appontés, à l’ouverture du Chantier.

Nous allons maintenant préparer Logos à son long repos hivernal...

Nous retrouvons aussi avec plaisir le marché de Rosas et les premiers cèpes qui amélioreront notre dernier repas de navigation 2015.

Certes notre croisière a été écourtée cette année mais, les problèmes une fois résolus, nous avons eu plaisir à faire le tour de la belle île de Minorque qui n’a rien de mineur comparée à ses voisines, à un rythme de retraités !