Mise à jour : 2015

___ Les carnets de bord de Martine___

Année 2014

Partie 2

 

en mer

 

Lundi 16 juin 2014 : de SAÏDIA (Maroc) à MELILLA (enclave espagnole)
« Du tout voile… »

Il nous faut retrouver les gestes oubliés après trois semaines confortablement amarrés. Nous passons cette nuit au ponton des douanes, plus exposé, avec un pare-battage qui grince et des goélands qui cauchemardent en dormant.
Tout est prêt, mais il nous faut attendre le passage des autorités douanières et policières, aimablement sollicitées par Zetouni, le marinero au sourire permanent.
Passeports tamponnés, papiers de départ remplis, nous voici libres de continuer notre navigation, encouragés à revenir à Saïdia.
Merci à tous de cet accueil chaleureux, dans un cadre très prometteur.
La sortie de la marina est un peu périlleuse, les vagues de face déferlent fortement, au point de ne pas avoir permis aux pêcheurs d'aller relever leurs filets ! Situation assez courante, malheureusement à l'origine d'un dramatique naufrage qui a marqué les esprits. Logos se cabre comme un fier destrier, franchit une lame, puis deux, puis trois comme pour un saut d'obstacles de haies. Nous sommes rassurés un fois la zone plus sombre atteinte et pouvons établir les voiles pour longer vers l'Ouest la côte rectiligne, bordée d'une longue plage, grand plateau continental de faible profondeur. Nous avons peu le loisir d'admirer le paysage tant les engins de pêche abondent, l'œil rivé sur la surface de la mer. Nous repérons des flotteurs en tout genre et modifions notre route à leur approche... peut-être sommes-nous devenus timorés après notre expérience « filet dérivant » en Turquie ?

chaffarines chaffarines martine


Les Iles Chafarinas, ancien paradis de Jean-Claude G., un lecteur pour lequel nous avons une pensée, sont devenues zone militaire interdite... pas question d'y faire une pause, une petite vedette veille !
Logos, après ce beau carénage, a retrouvé sa belle glisse et son allure de croisière de 6 à 7 nœuds. Nous longeons, mais de loin, la Marchica ou Petite Mer (soit « Morbihan » en marocain...), future zone touristique qui se dressera en rivale de Saïdia.
À l'approche de notre destination, nous échangeons le pavillon de courtoisie marocain pour l’ibérique.... En dépit des apparences, nous allons pénétrer en territoire espagnol malgré la déclaration d'Indépendance du Maroc de 1956.
Une très vaste darse... Ne pas se tromper !!! Sur bâbord le port de Béni Ensar de Nador, port marocain, sur tribord, celui de Melilla, enclave espagnole, tout comme l’est le port de Ceuta.

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Le responsable de la marina nous place au ponton d'accueil, en extérieur, prétextant que la marina est complète. Pour aujourd'hui nous ne ferons pas les difficiles mais, avec la complicité d'un voilier français « Pilou Braz » qui libèrera sa place à l'intérieur le lendemain, nous sommes bien décidés à épargner à Logos et ses passagers ce ressac dû aux mouvements des ferries quotidiens.

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Nous voisinons avec un sympathique jeune couple hollandais et leurs deux chiens. Une superbe démonstration de vol de leur drone sous permet de faire plus ample connaissance, tout en souriant de l'inquiétude manifestée par les coast-guards, rassurés par un mensonger « No video, only fun ! » alors que nous suivons sur leur tablette les images envoyées par la caméra embarquée..

Mardi 17 juin 2014 : MELILLA (enclave espagnole)
« Un melting-pot harmonieux »

Avec la permission des autorités, nous nous empressons de prendre la place de « Pilou Braz » (encore la Bretagne... après Bihan : petit, voici Braz : grand !).
Nous voici donc entre une superbe Minorquine de 16 mètres et un tout aussi beau voilier, un RM 10,60, au nom très évocateur de « Le Fils du Vent ».... Toujours cette passion pour les noms de bateaux !
Bien reposés, plus légèrement vêtus, il est temps d'aller découvrir cette ville qui a su attirer tant de navigateurs et être promesse de jours meilleurs pour les candidats à l'émigration clandestine.

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Les infrastructures portuaires sont modernes, très vastes et permettent d'accueillir de nombreux ferries, transit important avec la côte marocaine et la côte espagnole !

 

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La ville de Melilla que l'on a pu comparer à celle de Barcelone en ce qui concerne la variété de l'architecture urbaine, nous apparaît comme très aérée, avec de larges avenues bordées de beaux immeubles Art Déco ou Hispano-Mauresques, des places paysagées, des parcs fleuris.
Il s'agit, en fait, de la partie datant du XXe siècle ; jusqu'alors, elle se résumait à cette vieille ville bâtie sur un promontoire derrière des ramparts protecteurs dominant la mer, dont nous découvrons l'histoire avec intérêt grâce à la visite du Musée Ethnographique qu'elle abrite.

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De nombreuses marches à gravir et nous voici au cœur du « Pueblo », protégé par son imposante citadelle et quatre enceintes, ville exemplaire où se côtoyaient, vivant en bon entendement, communautés chrétiennes, musulmanes, juives et hindoues.
Le Musée est riche, varié, très bien documenté dans le domaine purement historique depuis la Préhistoire, les Romains, les Espagnols, tout en faisant une part importante au domaine purement ethnographique en ce qui concerne les traditions juives ou berbères.
L'accent y est mis sur l'apport culturel de ces deux peuples, habitants de Melilla, le premier pour avoir été chassé d'Espagne par Isabelle la Catholique, le second composé d'autant de tribus du Rif, avec leurs coutumes et croyances spécifiques.
La partie supérieure du musée nous offre une belle rétrospective photographique de la ville et le confort de redescendre directement sur le port... en ascenseur !
C'est avec surprise que, en soirée, constatant la fermeture prématurée de certains magasins, nous réalisons que Melilla vit selon l'heure espagnole et non marocaine... Nous avons donc tout à coup vieilli d'une heure. Nous imaginons la gymnastique que doivent faire ceux travaillant à Nador et la déception des voyageurs non avertis qui manquent leur ferry !!!

 

Mercredi 18 juin 2014 : MELILLA
« Mais où courent-ils tous ? »

Ce matin, programme longue marche sur la promenade du bord de mer en direction de cette frontière grillagée qui sépare Melilla de Nador, soit l'Europe de l’Afrique pour les candidats à l'immigration.

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Nous longeons une très grande plage garnie de parasols et jeux multiples, tout ce qu'il faut pour séduire les vacanciers des nombreux immeubles de front de mer. Même les maîtres-nageurs sont au rendez-vous mais, à cette heure matinale, la plage est encore déserte. Seuls de nombreux coureurs ou adeptes de la marche rapide sont en exercice ; à vous en donner le tournis... mais où courent-ils tous, perlant de sueur ? Ils obéissent sûrement aux conseils d'une campagne de santé. L’exiguïté de Melilla (12Km2), justifie leur concentration sur le front de mer.
Est-ce leur vision qui encourage Pierre, la perspective de quelques photos de cette frontière si souvent montrée dans les reportages ? Il marche, marche, sans songer au chemin de retour !

 

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Un mirador, un très haut et long grillage, un centre d'accueil côté espagnol... voici cette frontière infranchissable qui a anéanti plus d'un rêve.

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Même les petites habitations de ce secteur, sortes de cabanons de bord de mer, semblent témoigner de la misère de cette zone. Fenêtres et portes barricadées, jardinets en friche, révèlent l'inquiétude de leurs propriétaires.
Côté commerce, pas grand-chose... du chinois et un petit supermarché « Super Sol »... Nous qui n'avions besoin de rien, notre sac se remplit.
Nous ne saurions oublier le match de Coupe du Monde de ce soir... Les Espagnols ont brandi de nombreux drapeaux aux fenêtres.
L'absence de cris de joies aux terrasses des cafés du port nous laisse présager de la déception espagnole et de la satisfaction chilienne... 0 à 2... les drapeaux vont être mis en berne, c'en est finit des rêves de l'Espagne !

 

Du jeudi 19 au dimanche 22 juin 2014 : MELILLA.
« 5 à 2… »

Une fois de plus nous nous laissons prendre par le doux confort d'une marina dans une ville agréable. Nous regardons les promeneurs qui passent en rêvant de bateaux, ceux qui tout simplement promènent leur bébé ou leur chien.

romain

Nos voisins Romain et Hélène nous sont devenus familiers, ainsi qu’Antonio et sa femme, Sami, deux espagnols sur leur voilier GORO... Nous parlons de voyages et projetons même de faire route ensemble pour la traversée de la Mer d'Alboran.
Nous découvrons avec satisfaction cet immense Mercado Central, à l'apparence d'un grand centre commercial, avec ses étages spécialisés, en primeurs pour le rez-de-chaussée, en viande et poissons pour l'étage.
Quel émerveillement de voir tous ces beaux poissons disposés sur les étals de petites cellules numérotées... mérous, espadons, gambas, langoustes... un petit air du marché aux poissons de Bizerte ou de Syracuse.

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Une belle provision d'anchois que Pierre accommodera au sel agrémentera nos futurs apéros mais pour l'immédiat, ce sont les gambas et un beau morceau de mérou qui nous régalent pour un prix dérisoire comparé au tarif français. C'est avec surprise que nous constatons que ce marché constitue une frontière entre la ville très européanisée dans le domaine de l'urbanisme et du mode de vie et une sorte de Médina où se sont regroupés les marocains immigrés, attachés à leurs traditions.
Nous accompagnons l’équipage de « Le Fils du Vent » pour le visionnement du match France / Suisse, un peu plus chauvins qu'en réalité à l'étranger. Un beau match, en couleurs, mais vu comme un film muet sonorisé par une musique tonitruante... témoignant du peu d'intérêt du cabaretier après l'échec de l'Espagne et du peu de respect pour ses consommateurs français et belges ! Heureusement, de belles actions, de belles passes et des gros plans très expressifs de perplexité, anxiété ou joie sur les visages des joueurs.
5 à 2... Nous ne regrettons pas le déplacement.
Sur les conseils du Harbour Master, inquiet des conditions d'accès au port d'Almerimar par cette météo, nous retardons notre départ, en attente de conditions plus engageantes.

 


Lundi 23 juin 2014 : de MELILLA à ALMERIMAR (côte espagnole)
« Une navigation Foire du Trône »

Parfaite synchronisation pour ce réveil très matinal qui nous épargnera une navigation de nuit... 4heures 30 tout le monde debout... 5 heures, tout le monde sur le pont, prêt aux manœuvres... nous voici prêts à affronter cette mer d'Alboran, du nom d'un célèbre corsaire « Al Borani », menace pour les côtes d'Almeria.
Un calme tout relatif jusqu'au Cap des Trois Fourches, en surveillant pêcheurs et ferries, puis l’obstacle passé, les voiles bien établies... l'impression « Foire du Trône » commence. Tout comme sur un manège, Logos monte, descend, est bousculé sur tribord, puis sur bâbord et son équipage avec. Le capitaine fait apparemment bonne figure et remplit son estomac « J'ai un petit creux »... « Je mangerais bien quelque chose », tandis que l'infortunée passagère, incapable de tenir debout de peur de se rompre le cou se cale sur la banquette... maudissant cette mer...hachée (attention à la prononciation !!!).

 

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Une montée de la force du vent nous oblige à prendre un ris dans la grand-voile... facile dans ce capharnaüm ! Seule la vision de « Le Fils Du Vent » me réconforte... Sa forme de voilier de compétition, triangulaire  lui donne moins de gîte que nous, mais l'inconfort doit être le même. GORO, aperçu au loin, plus près de l'île d’Alboran a disparu de notre champ de vision, ayant peut-être choisi une route moins directe mais plus favorable.
Quel soulagement lorsqu’à 18 heures, les deux bateaux peuvent ferler la grand-voile pour pénétrer dans la darse de la marina d'Almerimar... 90MN, 13 heures d'inconfort total... Et la surprise de retrouver GORO déjà apponté devant la Capitainerie depuis 15 minutes, prêt à rejoindre sa place dans la darse N°1... Nous sommes admiratifs... Comment ont-ils fait ? Antonio doit assurément connaître un courant favorable, lui accoutumé à cette traversée... Romain soupçonne un usage parallèle du moteur, au moins jusqu’à Alboran. Nous serons moins béats en constatant les ecchymoses qui ont marqué Sami... c'est beau d'être jeune !

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Les trois compères se retrouvent dans la même darse bordée d'élégants immeubles à l'architecture recherchée qui pourrait nous rappeler Port Leucate... un rapide debriefing... les corps sont douloureux mais, après une bonne nuit, tout sera oublié.

 

 

Mardi 24 juin 2014 : ALMERIMAR (Espagne)
« Géo Trouvetou »

Journée récupération et préparatifs pour la petite virée projetée à Grenade puis vers le Cabo de Gata, extrême pointe Sud-Est de la péninsule ibérique. Nous avons retenu une petite voiture pour trois jours et un hôtel bien placé au centre de Grenade au nom très peu hispanisant « Hôtel Inglaterra »... une ex-angliciste ne pouvait faire meilleur choix. Une fois de plus les guides sont compulsés, l'itinéraire tracé et le sac de voyage rempli.
Nous profitons pleinement des dernières heures vécues avec nos compagnons de route et, plus particulièrement, Romain et Hélène qui, à notre retour, auront commencé leur remontée sur Barcelone. Romain engrange les dernières astuces de Pierre et des astuces, il en a... Hélène l'a d'ailleurs surnommé amicalement « Géo Trouvetou »... d'autres le comparent à « Mac Gyver »... Nous espérons que notre vie terrestre nous permettra de les revoir et de partager encore d'heureux moments.

 

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Nous apprécions beaucoup Almerimar et son ambiance station de bord de mer élégante. Les avenues sont spacieuses, bordées de belles constructions. Peu de commerces, mais, pour moi, une laverie très appréciée, un grand supermarché bien achalandé « Mercadona » et un primeur de qualité.

 

 

Mercredi 25 juin 2014 : d’ALMERIMAR à GRENADE, via les Alpujarras
« Un beau jambon sur Logos »

Nous quittons le bord de mer par une quatre voie égayée de lauriers roses en fleurs pour atteindre El Egido, importante agglomération. Deux chemins s'offrent à nous pour gagner Grenade, l'autovia, voie directe ou une route de montagne dans les Alpujarras, premiers contreforts de l'imposante Sierra Nevada.
Rien ne nous presse, nous nous élevons donc à travers les vergers et les cultures. La route est belle, très sinueuse mais heureusement très peu fréquentée, ce qui permet à mon pilote de négocier chaque virage tout en restant vigilant.

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Au loin, en contrebas, un étrange nappage blanc, un peu comme le glaçage de sucre de certains gâteaux anglais, de ces nappages qui ne laissent rien voir de ce qui est dessous. Plus un arpent de terre, rien que du plastique, du plastique blanc qui voudrait être confondu avec un champ de neige... mais qui, en fait, masque des hectares de serres permettant une culture intensive de primeurs (trois récoltes par an), ces primeurs dont nous raffolons en toute saison, voulant ignorer les procédés de leur culture.
Nous nous élevons dans ce paysage qui se fait de plus en plus désertique, très propice à abriter rebelles, fuyards ou révoltés comme ce fut le cas des Maures, chassés par Isabelle et Ferdinand. Nous avons le sentiment que nous pénétrons dans un monde à part, un monde où chacun veut vivre à son rythme, selon ses propres codes.

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Dans un vallon ou à flanc de montagne, un damier blanc éclaire le paysage. Il s'agit de ces petits villages aux maisons cubiques qui se sont formés çà et là, souvent autour d'un torrent bienfaisant : Juviles, Nieles, Busquitar... En effet, plus nous nous élevons, avec au loin la vision, non plus du plastique blanc mais de réels névés à plus de 3000 mètres, plus l'eau devient présente, plus le paysage verdit au point de donner l'illusion d'un vallon Suisse avec son torrent comme à Trevélez, le plus haut village habité de toute l'Andalousie.

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Ce n'est pas son nom à apparence bretonne qui nous attire, mais sa renommée de « Capitale du Jambon », ou « Jamòn Ciudad ». L'air y est frais... nous sommes à plus de 1500 mètres... hygrométrie et possibilité de ventilation sont favorables pour le séchage des jambons. Ne pas chercher de porcheries... seules les parties nobles du porc ont le privilège d'être traitées à Trevélez !

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La curiosité nous pousse à pénétrer dans l'atelier Nevadensis où pendent, dans de longs couloirs, devant de larges fenêtres ouvertes, des centaines de jambons et palettes (épaules)... Nous en ressortons avec une belle palette de 5 kilos que nous emportons, bien emmaillotée dans son lange anti mouches... des douceurs en perspective sur Logos qui sera sans doute l'un des seuls voiliers à avoir un jambon pendu près des cubis de vin, dans la cabine fourre-tout, atelier et maintenant cambuse...

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Nous profitons de l'atmosphère village de montagne de ce lieu, comme ces villages où le temps semble parfois s'arrêter, laissant à chacun le loisir d'échanger quelques mots avec la personne rencontrée. En est-il de même en haute période touristique ?
Aujourd'hui les terrasses des restaurants proposant bien entendu... du Jamòn... sont vides.

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Nous amorçons notre descente sur Grenade, impressionnés par tous ces petits torrents qui dévalent la pente et alimentent Almegijar, Orgival, gros bourg industriel, puis Lanjaron, célèbre pour son eau minérale. De beaux lacs de barrages aux eaux émeraude forment des réserves pour la saison sèche.
Nous retrouvons l'autoroute après, pour le chauffeur, plus de 150 km de conduite sportive en montagne. Sortie 129... à nous Grenade et ses soucis de circulation pour gagner un parking proche de notre hôtel... Nous avons bien été mis en garde par le loueur des dangers de circulation de Grenade, avec ses rues tout à coup réservées aux seuls bus et taxis avec infraction immédiatement sanctionnée par le flash d'un radar... Vite ! Marche arrière... Tour de volant à droite... Sauvés !
Craignant d'autres surprises désagréables, nous optons pour le premier parking rencontré et le choix d'un taxi pour gagner notre hôtel situé dans une petite rue derrière la Cathédrale.

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Hôtel Inglaterra, très vieille Angleterre par son élégance mais très andalou dans sa conception intérieure, les chambres étant disposées sur trois niveaux autour d'un beau patio façon Riad, aux couleurs saumon et blanc.
Sans perdre de temps, nous partons découvrir le centre de Grenade, non sans avoir réservé notre visite de l'Alhambra pour le lendemain et récupéré à un kiosque d'agence touristique, pour un prix prohibitif, billets d'entrée et audio-guides parfaitement inutiles que nous nous empresserons de rendre en soirée... Tout bénéfice pour l'agence et une belle arnaque.

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Nous sommes au cœur historique de la ville dite « Centro Sagrario » soit quartier d'origine chrétienne avec la Cathédrale, grandiose construction de style gothique, enrichie de la magnificence de la Renaissance. Les doubles orgues rutilants d’or encadrent la nef, perchées en haut de colonnes. Quant au retable, c'est une riche page d'Histoire décrivant, à la manière d'une bande dessinée, la reddition de Grenade puis la conversion des Maures imposée par Isabelle la Catholique.
Toute proche, la « Capilla Real » ou Chapelle Royale abrite les sépultures des premiers souverains catholiques de l'Andalousie, à savoir Isabelle de Castille, de Ferdinand d'Aragon et celles de leur fille Jeanne, dite La Folle, mère de Charles Quint, de son époux Philippe le Beau : deux cénotaphes imposants, en marbre de Carrare, les sépultures étant censées se trouver dans la crique.

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Nous pouvons admirer, sur le chemin du Monastère de San Jeronimo, une superbe bâtisse, avec beau patio intérieur, d'où s'échappent quelques accords de musique... il s'agit du Conservatoire de Musique. Quel cadre pour faire ses gammes !

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Ce vaste monastère, aujourd'hui domaine de quelques sœurs de Saint Gérôme, est un havre de verdure et de paix en pleine ville, bien abrité derrière de hauts murs. Son grand jardin, son cloître planté d'orangers et sa superbe église richement décorée en font un lieu privilégié.
Nous terminons nos visites culturelles de ce jour par celle de la Basilique San Juan de Dios, encore un foisonnement d'ors et de stucs.

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Il est temps pour nous de flâner, le nez au vent, pour nous laisser pénétrer par l'atmosphère de cette belle ville au soleil couchant.
Les ruelles animées, les places ombragées nous invitent. Beaucoup de restaurants pour touristes. Notre choix se porte sur une sorte de bar où nous nous régalons d'une bonne paella et d'une sangria.

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Jeudi 26 juin 2014 : Grenade.
« Un ‘haut’ lieu qui se mérite ! »

L' Alhambra... un nom plein de magie et de rêve, qui écho comme sorti tout droit d'un conte des Mille et une Nuits, le Domaine du dernier souverain Maure et la fin de la domination arabe sur l'Andalousie... un haut lieu touristique qui se mérite puisque l'on n'accède dans le Palais que sur rendez-vous.
Nous avons opté pour la visite du palais Nasrides de 16 heures et avons donc tout le temps de découvrir d'autres aspects de Grenade. Pourquoi pas cet ancien quartier musulman, l'Albayzin, dont la médina s'étale au flanc de la colline opposée à celle où se dresse l'Alhambra.

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Une belle promenade le long du Darro, rivière fossé au pied de l'Alhambra, avec ses ponts de pierres dont l'un n'est pas sans nous évoquer le petit pont de Brousse... Les riches Riads qui le bordent ont été transformés en luxueux hôtels.

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Puis c'est la longue montée à travers les ruelles de galets bordées de maisons à patios fleuris jusqu'au superbe point de vue ou « Mirador de San Nicola » avec, en récompense, les Palais de l'Alhambra en face et tout Grenade à nos pieds !

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Peu désireux de redescendre en ville pour monter ensuite, nous optons pour une voie qui nous permettra de traverser le Darro, non sans avoir, une fois encore, admiré la superbe vue sur l'Alhambra depuis le Palais qui abrite maintenant les archives de la ville.
Un petit pont est là, puis une longue voie fleurie le long des imposants remparts, mi escaliers, mi chemin dallé, jusqu'à l'entrée des jardins du Generalife où la tonnelle du restaurant El Mimbre nous permet de nous remettre de nos efforts en dégustant un bon vin rouge « Ribeiro del Duro ».

 

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Les portes de l'enceinte du Generalife, jardin où les Rois, qu'ils soient Maures ou Chrétiens, venaient chercher un peu de fraîcheur, n’ouvrent qu'à 14 heures... Surprise lorsque nous constatons qu'il faut faire une heure de queue avant de pouvoir y accéder. Heureusement le cadre est agréable, la boutique de livres et souvenirs proche, ce qui nous permet de nous relayer et le voisinage agréable.

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Quelle récompense ensuite... un ensemble de verdure, de fleurs dont ces agapanthes dont je raffole, de bassins où éclosent de beaux nénuphars. Comment ne pas y imaginer de belles princesses Maures s'y promenant, tout en rêvant d'un séduisant Chevalier.
L'Alcazaba ou Al Cabah, imposante citadelle, bastion militaire, semble protéger les ruines de l'ancienne Médina mises à jour par d'importantes fouilles.

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Le Palais de Charles Quint, par son architecture massive, détonne dans cet ensemble, les murs sont compacts, sans réel relief. Seul le patio à deux étages, de forme circulaire, comme une arène romaine, retient le regard. Un spectacle s'y prépare pour le soir... peut-être le petit regret d'un « timing » un peu tendu...
Pierre s'inquiète de la longueur de la file d'attente pour la visite des Palais Nasrides... il est 15h15… pour 16heures... Nous avons le temps ! Hé bien pas du tout ! Ces gens attendent l'accès pour la visite de 15 heures et ne sont pas près d'être admis... sans compter ceux qui, par manque d'information n'ont pas tenu compte de l'horaire porté sur leur billet d'entrée et dont l'accès sera refusé. Ambiance autour de nous souvent bon enfant mais pas question de soudoyer le contrôleur... Il nous mettra même en quarantaine et ne nous permettra l'accès du Saint des Saints qu'à l'heure dite !

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Vraiment une visite qui nécessite beaucoup de patience mais, ensuite, quelle visite ! Un enchantement de tout instant, une élégante succession de patios rafraîchis par des fontaines dont le célèbre « Patio de Los Leones », de salles aux murs richement décorés de zelliges ou d'une calligraphie, mêlée d'arabesques et de fleurs, dont les plafonds en dômes creusés de petits caissons couleur lapis-lazuli semblent suer de fines gouttelettes, telles de minuscules stalactites. Chacune est un émerveillement pour le regard et l'objectif du photographe. La « Sala de los Abencerages » ne peut que nous évoquer Chateaubriand, la « Sala de los Reyes », la « Sala de las dos Hermanas »… Autant de lieux propices à faire vibrer l'imagination et donner vie à toutes ces légendes si bien contées par Washington Irving dans ses « Contes de l'Alhambra ».
Nous ne pouvons, en quittant l'Alhambra, qu'avoir une pensée pour Abû 'Abd Allah, dit Boabdil ou le Rey Chico, dernier roi musulman, qui, chassé par Isabelle, se retourna sur cet Éden perdu pour prendre le chemin de l'exil...
Un petit bus rencontré en chemin alors que nous avons courageusement amorcé une descente pédestre vers la ville nous permet une très brève mais agréable rencontre... un couple algérien, de Tlemcen et leurs enfants... beaucoup de courtoisie, de respect.
Un taxi nous permet de rejoindre notre véhicule, c'est la fin d'une belle visite que nous aurons plaisir à prolonger par nos photographies et nos lectures.

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Un retour direct par l'Autovia... Attention aux « Cerfs » disent les panneaux routiers !!! Mais d’où pourraient-ils bien venir ? Ne veulent-ils pas plutôt dire attention aux « Serres » tant celles-ci, de la taille de terrains de football, collées les unes aux autres, envahissent la plaine de Motril.
Une bonne nuit sur Logos avec le projet d'un circuit plus court pour le lendemain.

 

Vendredi 27 juin 2014 : d'ALMERIMAR au CABO DE GATA.
« The Wild West ! »

Après les Alpujarras, nous avons choisi de découvrir la zone la plus désertique de cette partie Sud-Ouest de la Péninsule Ibérique, celle de la Sierra Alhamilla, plus précisément qualifiée de désert de Tabernas.

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Effectivement, une fois la plaine quittée, nous nous trouvons dans un vrai Reg où seuls les rochers de toutes formes ont droit d'existence, une sorte de paysage lunaire, tourmenté. Ne va-t-on pas affronter une attaque d'indiens ou mourir de soif, desséchés par le soleil brûlant ?

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Une route déserte, une longue piste caillouteuse, nous voici à Fort Bravo ou Texas Hollywwod, là où furent tournés de nombreux westerns dit « spaghetti » comme « Il était une fois dans l'ouest », « El Condor », « Lucky Luke et les Dalton »...

 

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Deux villages, l'un mexicain, l'autre américain, très « Petite Maison dans la Prairie », avec l'Église, le Saloon, les petits commerces, la banque. Au milieu, la potence rappelle que tout n'est pas tout « rose » dans l'Ouest Sauvage... il y a les Bons et les Méchants. Aujourd'hui, nous jouons les Bons : une promenade en calèche, un spectacle cancan et cowboys dans le saloon... rien à voir avec Universal Studios mais, avec un regard d'enfant, une expérience à vivre au moins une fois !!!
Malgré la richesse de notre pique-nique, alors que nous n'espérions qu'un bon café dans un petit bar de Tabernas, Pierre se rend compte que des locaux se régalent de bonnes sardines grillées... Une aubaine en plein désert, nous voici attablés devant des tapas de sardines et une bière... l'occasion fait le larron !

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Nous choisissons de couper à travers la Sierra pour rejoindre Njar puis la côte. La voie est étroite, le village d'El Cerillo nous apparaît comme une oasis après ces étendues désertiques traversées, plaisir des yeux de courte durée, il nous faut ensuite affronter ce spectacle de désolation donné par ces Invernadores (serres), sorte de lèpre qui ronge peu à peu un paysage, un monde de plastique qui, outre une affligeante pollution visuelle, ne peut que générer, malgré toutes les précautions soi-disant prises, qu'une pollution beaucoup plus pernicieuse, à savoir celle de la nappe phréatique, du détournement des eaux, des forages... et qu'en est-il de la faune de ces anciens marais ?

 

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Une piste nous fait serpenter dans cette ville tentaculaire... de nombreuses serres sont encore en construction, à la grande satisfaction des métalliers et des fabricants de plastique... A-t-on songé à leur évacuation lorsque ces bâches seront hors d'usage. Il me semble que, même rassurée par les termes de « culture biologique », il me sera difficile de manger primeurs ou fruits sans y penser !

cabo cabo cabo


Nous prenons ensuite la direction du Cabo de Gata, un bout du monde, la pointe extrême Sud-Ouest de l'Espagne. La route côtière nous fait longer un village de pêcheurs dont les barques sont montées tout en haut de la plage, puis par une route dite « vertigineuse », nous nous élevons vers le phare... pas toujours la possibilité de croiser un autre véhicule, des virages en épingle à cheveux... encore une fois frissons garantis et le soulagement lorsque nous nous retrouvons sur la route d'Almeria ; le point de vue en valait la peine certes, mais cardiaques s'abstenir !
D'Almeria, important port industriel et commercial mais aussi belle ville bien urbanisée autour d'importants vestiges historiques comme son Alcazaba, nous ne verrons que le Club Nautique, lieu assez privé ne réservant que peu de places de bateaux aux visiteurs. Nous nous louons du choix d'Almerimar.
La place à côté de LOGOS est vide... « Le Fils Du Vent » a entamé sa remontée, mais une sympathique surprise nous attend à notre retour sur Logos, une petite carte de visite pour nous inviter à partager quelques tapas le lendemain soir, chez Danielle et Jean-Pierre de « Pilou Braz », dans leur havre terrestre. Rendez-vous est pris.
Nous profitons de l'animation du « Stumble », bar favori des britanniques, un programme années 60... Cela nous rajeunit, les clients aussi sans doute puisque plusieurs couples de seniors esquissent quelques pas de rock, oubliant ainsi leurs vieilles douleurs !

 

Samedi 28 juin 2014 : ALMERIMAR.
« Une belle soirée »

Qu'il est souvent doux de ne rien faire surtout lorsque la tête est pleine de belles images ! Certes le corps est un peu raide de trop de marche et de voiture mais il récupérera vite.
Séance traitement des photographies pour Pierre, remise en ordre et petite lessive pour moi.

pilou pilou


En soirée, une belle voiture blanche s'arrête devant Logos, Danielle et Jean-Pierre viennent nous chercher, leur appartement étant situé en bordure de la falaise qui domine Almerimar. Une belle soirée très animée sur le balcon de leur coquette résidence, une vue splendide sur la mer, le golf, la piscine privative. Danielle nous régale de succulentes tapas, nous parlons de tout, de rien, comme de vieux amis. Danielle réhabilite les serres qu'ils ont pu visiter, nous évoquons la Baie de Quiberon, la Presqu'Île, nos voyages, nous qui n'avions jusqu'alors échangé que quelques mots. Une agréable surprise de la vie et des rencontres qu'elle permet. Merci à tous deux d'avoir fait ce premier pas vers des relations plus durables.

 

 

Dimanche 29 et lundi 30 juin 2014: ALMERIMAR
« Leçon de couture »

C’est leur jour ! Saint Pierre et Saint Paul, protégez nos bien-aimés !

Une météo toujours peu favorable à un passage du Cap et une remontée de la côte orientale nous permet de profiter d'une ambiance dominicale paisible. La vie semble s'être ralentie, les voix se sont assourdies.
Encouragés par la leçon de couture donnée par Pierre et surtout l'utilisation efficace de l'alène, nos amis se sont lancés dans la réparation de coutures de leur génois, Pierre fait de même le lundi, mais le nôtre, fort malmené lors de la traversée, nécessite d'importants travaux de consolidation avant une bonne révision.

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La soirée se passe sur Logos ; au menu, pâté Logos, anchois Logos, jambon Logos... vin de  Monemvasia (Péloponnèse) et toujours une bonne ambiance qui va nous faire regretter de quitter nos amis.
Quelques pétarades à la tombée de la nuit... un feu d'artifice tiré depuis EL Egido.

 

Mardi Ier Juillet 2014 : d'ALMERIMAR à PORT GENOVESE
« Un cap bien surveillé ! »

Étrange surprise au réveil, un épais brouillard masque toute la darse et interdit tout départ. Nos « guetteurs » de l’appartement des hauteurs nous confirment une situation interdisant toute navigation : « On ne voit rien, ni golf, ni mer… ».
Bientôt le soleil gagne la bataille et dégage le ciel. Il n'est que 8h30, encore temps de partir. Les amarres sont larguées. Quelques chalutiers et petits pêcheurs sont en mer ainsi qu'un superbe voilier de 23mètres GEOMETRY pavillon Pitcairn Islands... 24000 euros la semaine pour 6 passagers... rapidement les 8Nd de son moteur ont raison des 6Nd de celui de LOGOS. Sierra Nevada et Alpujarras sont encore masquées par une longue nappe de brume mais rien ne nous cache le vilain paysage des serres !

capo capo


Il nous faut attendre 11h45 pour pouvoir établir les voiles... en réalité la Grand-Voile seule qui suffit à propulser LOGOS. Au cap, le vent forci comme prévu, le Capitaine avait anticipé et s'était éloigné. Par ce temps aucun abri n'est envisageable avant la vaste baie de Port GENOVESE, gardée par une « armée » d'Aloès aux hampes florales dressées comme des piques. Une belle plage, des rochers, quelques villas cossues. Une vedette de la marine est au mouillage, manœuvres ou surveillance de cette zone faisant partie de la réserve dite « intégrale ». En soirée le vent se fait plus vigoureux et souffle en catabatique. Il se calmera heureusement la nuit, nous permettant une nuit plus paisible.

 

Mercredi 2 juillet 2014 : PORT GENOVESE
« Souffle puissant au lever de soleil, grand vent dans la journée ! »

genovese

Une longue journée d'attente et de surveillance ; pas ou peu d'accalmie... 25Nd établis en permanence avec des rafales à 40Nd.
Il ne nous est malheureusement pas possible d'envisager un départ, comme l'on fait d'autres bateaux, notre prochaine étape est trop longue. LOGOS bien ancré, nous attendons et surveillons cette houle qui entre dans la baie et se joue de LOGOS...
La nuit est bien longue et inconfortable.

 

Jeudi 3 juillet 2014 : de PORT GENOVESE à CARTHAGENE
« De caps en caps… »

Nous sommes déjà bien éveillés lorsque la sonnerie du réveil retentit... les agitations de Logos sont insupportables et il nous tarde de nous mettre en route.
À 4h45, la nuit est encore bien sombre mais 72 MN sont devant nous et il ne peut être question d'attendre 6h pour apercevoir un coin de jour... personne ne s'est hasardé sous ce ciel de suie sur cette mer toujours houleuse.
La haute montagne un peu sinistre est parfois coupée de larges baies avec de réconfortants îlots de lumière, révélant une présence humaine, mais rien qui puisse nous servir d'abri.
Les caps se succèdent, la surface de la mer s’assagit, la Grand-Voile seule nous permet de progresser.

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Quel soulagement lorsque les tankers nous annoncent l'approche de Carthagène, approche confirmée par les hautes cheminées de la raffinerie.
La Grand-Voile est ferlée... nous sommes attendus cette fois-ci sur tribord, à Marina Yacht Port réputée moins chère que celle de bâbord. Ponton flottant et catways... navigation assurée cette nuit, mais au moins nous serons à l'abri.

 

Vendredi 4 juillet 2014: CARTHAGENE
« Il est pas frais mon poisson ??? »

Une bien bonne nuit. Nous n'avons même pas entendu le catway grincer !
Déception pour la poursuite de notre remontée. Adieu la côte espagnole plutôt inhospitalière, plus que pauvre en mouillages sûrs... adieu Alicante et Valence, les tarifs haute saison nous interdisant des séjours répétés en marinas. Le coup de vent d'Est s'est précisé et pas d’abris naturels envisageables. Il nous faut donc rallier Ibiza en trace directe par une longue nav, comme à l'aller !
Quelques courses en ville pour compléter l'avitaillement et surtout retrouver ces œufs de morue séchés dont nous sommes friands, une visite au shipchandler du port des pêcheurs, espérant aussi pouvoir acheter quelques poissons à la criée. Les petits pêcheurs réparent leurs filets mais la vente des chalutiers n'a lieu qu'en fin d'après-midi... Nous y serons... !

carthagene criee criee criee criee


Effectivement, dès 17heures, les grands bacs de plastique s'entassent, remplis de beaux poissons : rougets, bonites, barracudas, poissons de roche ! Chaque pile porte le nom d'un chalutier « Jesus Y Anna, Virgen des Carmel, Esmeralda, Pepe y Felipa… »


Seuls touristes de l'assistance, nous commençons par regarder timidement puis, plein de hardiesse, Pierre se risque à demander si nous pouvons acheter aussi... marché conclu, pourvu que nous ayons un sac plastique « Tiene une bolsa ? » Hé oui, j'ai toujours un sac plastique, j'en ai même deux... l'un pour un beau kilo de calmars, l'autre pour une bonite, si grande qu'elle s'en échappe... à moins que ce soit le sac qui est trop petit !!!

bonite

Dommage que nous partions, vu l'accueil réservé par les pêcheurs, nous aurions eu notre poisson assuré pour tous les jours de la semaine au prix de gros !
Le vent, trop fort, ne permet pas de dérouler le Génois pour un complément de consolidation, colle et couture.

 

Samedi 5 et dimanche 6 juillet 2014: de CARTHAGENE à SAN ANTONI (Ibiza)
« Cousi le matin, cousi le tantôt ! »

La nuit fut agitée par le vent et la perspective d'une nouvelle nav de nuit. Une accalmie au réveil permet au Capitaine les travaux de couture complémentaires nécessaires au Génois puis de remplir les tanks à eau tandis que je me rends à la Capitainerie régler notre séjour en voiturette électrique, conduite par le responsable de la marina, tout de blanc vêtu... il me faut bien cela !
9h 45, nous quittons cette vaste et belle rade pour longer, au moteur, les hautes falaises volcaniques de la côté, toujours aussi inhospitalière, sauf pour une vaste fish-farm qui étend ses bassins dans une des seules baies protégées.
Il nous faut attendre la fin de la matinée, pour, à la faveur d'une risée, sortir notre Spi de son coffre et mettre un peu de couleurs sur cette mer.
Une heure trente de paisible navigation, poussés par un petit courant favorable puis, le vent forcissant plein arrière, notre belle toile rejoint son coffre, la Grand-Voile seule suffisant à notre progression.
Nous laissons sans regrets la côte où se dresse une forêt de hauts buildings impersonnels... Il se dit qu'autrefois la Mar Menor était un lieu sauvage. Aujourd'hui, elle nous apparaît comme la proie d'un tourisme de masse.
Nous contournons le petit archipel des îles « Hormigas » (les fourmis), l'œil rivé sur la mer, à la recherche des bouées marquant les limites de la réserve intégrale... Nous n'en verrons qu'une... ont-ils enlevé les autres, trop dangereuses ?... Sont- elles parties avec le courant ?
La navigation est agréable avec ce vent grand largue... quelques dauphins folâtrent devant Logos... mais voici qu'en soirée, Pierre remarque une couture qui est entrain de « lâcher », cette fois ci dans la Grand-Voile. C'est au Génois de prendre relais, tandis que la Grand-Voile, descendue, est l'objet de tous les soins du Capitaine avant de reprendre son rôle.

 

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Nous assisterons à notre premier vrai coucher de soleil, naviguerons sous notre première nuit étoilée. Les îles Bledas offrent un beau spectacle au lever du jour. Il ne nous reste plus qu'à négocier le dernier cap avant de nous diriger sur la rade de San Antoni de Portmany et de retrouver notre ancrage, près du moulin.
Nous avons parcouru 147MN, en 25 heures, dont 14h30 à la voile... le Capitaine et sa Mousse sont satisfaits.
C'en est fini de notre raid « Maroc »... 870MN depuis le départ de Port Premia. Nous allons pouvoir songer aux petites criques et baignades.

 

Vers partie 3

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