Mise à jour : 2015

___ Les carnets de bord de Martine___

Année 2013

Notre périple a débuté il y a onze ans. Pour cette saison, Logos revient vers son point de départ, les îles Baléares.

Partie 1

Heureux qui, comme Logos, a fait un beau voyage… Plus de onze années passées à parcourir la Méditerranée Orientale pour découvrir des sites, tous plus magiques les uns que les autres, des lieux les plus renommés aux petits ports ou mouillages pittoresques, plus de onze années où, bénéficiant d'une stabilité politique seulement apparente, nous avons pu aller à la rencontre de gens d'une infinie diversité et nous enrichir de leur expérience...
Remplis d'images et de raison, voici venu le temps de ramener Logos vers des rivages plus proches...

 

nous

Vendredi 3 mai 2013 : de SAINT-CYPRIEN (France) à ROME (Italie)
« Une longue journée »

Dès 8 heures, nous prenons, en voiture, la route de l'Espagne pour une première étape catalane qui, dans la haute banlieue de Barcelone, nous permettra de faire connaissance de la marina où nous envisageons de ramener Logos en septembre. Étrangement, en février dernier, pour préparer ce choix, nous avons visité beaucoup de marinas le long de la côte catalane. Quelques 25 marinas, de San Carlos de la Rapita à l'Escala mais, un peu rebutés par leur nombre, nous en avions négligées… dont celle sur laquelle s'est porté notre choix. Proximité de Barcelone, budget « raisonnable », exigences financières... revues à la baisse... crise oblige… sont des critères non négligeables.

johann


L'impression première est bonne, la marina est vaste, située dans un environnement plaisant et l'accueil excellent. Joan, le responsable, nous propose même de choisir le ponton où nous amarrerons Logos et c'est en confiance (confiance méritée nous l'espérons...) que nous lui confions les clés de notre voiture, garée sur le parking en attendant notre retour.
À nous maintenant l'épreuve de l'aéroport et, surtout, de l'embarquement sur un vol Ryanair... Plus question d'arrangement pour le poids des bagages... 20 kg par passager... facturés en plus du prix du billet... aucune tolérance d’excédent. Quant au bagage à main, calibré et ne devant pas excéder 10kg, il doit tout contenir... Plus question d'attendrir des passagers moins chargés que nous !!! Les poches de nos blousons se remplissent, tandis que nous observons les modalités d'embarquement des passagers d'autres avions et la mine déconfite de ceux dont le bagage trop ventru refuse de se glisser dans le gabarit, ce qui leur vaut une forte majoration de prix...
Coté gabarit du bagage cabine, nous sommes bons, coté poids... c'est plus douteux... Soulagement lorsque l'hôtesse nous place en embarquement prioritaire. En effet, pour la somme de 10 Euros chacun, nous avions la possibilité de réserver nos places par Internet... sage précaution et le sentiment tout à coup d'être sortis du troupeau anonyme pour devenir importants... En payant, soyez considérés... Un peu affligeant.

rome rome vol vol


Un Boeing 737, 1h30 de vol et le spectacle magique des lumières de Rome que nous survolons. Nos sacs enregistrés sont vite récupérés, les touristes, pour un court séjour, se contentant de leur valisette. L’heure tardive d'arrivée nous a fait retenir une chambre d'hôtel près de l'aéroport : « Quality Hotel Excel », un bel établissement dans un jardin paysagé, une chambre confortable... pour un prix avantageux... merci Booking.com !!! Repas et repos ont été très appréciés après une longue journée.

 

Samedi 4 mai 2013 : de ROME (Ciampino) à CROTONE (Porto Vecchio)
« Attention! Radars… »

Aujourd'hui, pas question, pour mon chauffeur, de jouer sur le fait que, conduisant une voiture immatriculée en France, il pouvait, l’an passé, prendre quelques risques... Il lui va falloir essayer d’être plus raisonnable pendant les quelques 590 km qui nous séparent de Crotone au volant de la belle Citroën C4 que nous a réservée l'agence Avis de l'aéroport. La circulation de Rome à Naples est dense, peut-être « effet week-end » ? Mais, peu à peu, les voitures se raréfient, ce qui nous permet de profiter plus sereinement du paysage et d'apprécier l'avancement du réseau autoroutier en direction du Sud. Certes il reste encore quelques zones de ralentissement pour travaux mais l'importance des chantiers mis en place laisse présager d'un achèvement total pour l'été.

Seule la dernière partie du trajet se révèle particulièrement pénible, effectuée sur une route à deux voies empruntée aussi par tracteurs et voiturettes et n'offrant pas la possibilité de doubler. Au passage, quelques achats effectués chez Auchan, une visite au centre de téléphonie TIM pour assurer nos connexions Internet. Il est grand temps de retrouver Logos à Porto Vecchio où Elio nous accueille avec la gentillesse qui le caractérise. Il nous fait bénéficier de l’échelle « Grand escalier » pour accéder sur Logos. Est- ce un égard pour notre grand âge ? Quoiqu'il en soit nous apprécions ce grand confort qui facilitera nos nombreuses montées et descentes...

echelle

Le chantier est encore bien encombré, mais trois voiliers semblent se préparer à partir: « DRAKKAR I » de Daniel et Annie, « MINOÉ » de Thierry et Chantal et « GOAR » un voilier britannique.


Logos va, lui aussi, sortir de sa longue torpeur.

 

Du dimanche 5 au jeudi 16 mai 2013 : CROTONE (Calabre) « Porto Vecchio »
« Logos se prépare »

 

boite a outils

Pendant une dizaine de jours, une fois nos sacs de voyage rangés, nous portons toute notre attention à la préparation de Logos pour la navigation 2013. Les appareils sont vérifiés, révisés, le jardin aromatique recomposé de menthe et de basilic achetés au petit marché de Crotone que nous fréquentons assidument pour la qualité des produits proposés. C'est une telle récompense de pouvoir se régaler de belles fraises, de nèfles et autres fraîcheurs, sans oublier les délicieux anchois péchés de la nuit qui, conservés au sel, agrémenteront nos apéritifs.

drakkar


L'ambiance au chantier est toujours aussi amicale, que ce soit avec le personnel souvent réduit à Elio et Antonio, tous deux toujours prêts à rendre service ou avec les autres navigateurs dont Annie et Daniel de « Drakkar I », déjà rencontrés sur le site, que nous côtoierons pendant plusieurs jours avec beaucoup de plaisir. Nos projets de navigation devraient diverger après la Sicile puisqu'ils ont l'intention de laisser leur catamaran à Malte, le temps d'un voyage, et de l'hiverner à nouveau à Crotone. En attendant, les échanges sont nombreux et bien arrosés.


Nous avons même la surprise d'avoir la visite de deux équipages, familiers du site, de passage à la marina du port de Crotone sur la route de la Grèce, heureux de nous rencontrer. Si nous ne pouvons pas rendre visite à ERNA 3 avant son départ, nous avons grand plaisir à faire plus ample connaissance avec Danielle, René et son frère Gérard sur LA BALEINE V, tous deux infatigables navigateurs aux expériences qui font faire un merveilleux voyage aux quatre coins de la planète devant un verre de vin blanc. Ici pas de vieilles douleurs, seulement le rêve de contrées lointaines.

guardia guardia


Nous fréquentons aussi assidument la « Guarda di Finanza » (Douane) et la « Polizia » dont les embarcations, de puissantes vedettes, sont en révision au chantier... l'une pour son moteur, l'autre, suite à la perte de l'une de ces hélices, doit changer les deux, rutilantes et neuves à 12000 euros pièce... très chic en pied de table de salon...


Nous aussi devons faire face à de mauvaises surprises à bord de Logos. Tout d'abord l'imprimante, achetée en Israël en 2005, qui refuse de fonctionner sous Windows 8, alors que malgré son âge, elle s'entendait fort bien avec Windows 7 et doit être changée pour une Canon qualité photo dernier cri. Nous espérons que notre ancienne Epson fera la joie d'Antonio.
Puis le moteur de l'annexe que nous avions, il y a douze ans, acheté d'occasion en Corse et dont le carburateur a rendu l’âme. Vu l’état de rouille de l’engin, le réparateur nous propose un beau moteur Honda 2,3 CV, fort peu utilisé, lui aussi une occasion, à la moitié de son prix neuf. Nous signons.

crotone crotone crotone crotone

Nous profitons aussi, une fois notre labeur achevé, de l'ambiance festive de Crotone en ce mois dédié à la Vierge Marie. Les façades des abords de la Cathédrale sont décorées... Seuls les avis mortuaires placardés sur un mur proche et lus avec attention par les anciens donnent une petite note triste du genre « À qui le tour ? ».

concert concert


Nous avons même la joie d'assister, à la Cathédrale, au concert de guitare donné par un jeune professeur de guitare et ses élèves : Giuseppe Mungari. Il exerce aussi le métier de luthier. Nous lui avions rendu visite dans sa boutique, à la recherche de partitions de guitare. Avec beaucoup de passion il nous avait montré ses créations et les matériaux utilisés.

foire foire

 

Le mois de mai à Crotone, c'est aussi l'occasion d'une grande foire, un grand marché de vêtements et quelques articles de ménage, une sorte de grand déballage coloré. Rien de rare, mais une ambiance et, sans doute, pour les visiteurs peu fortunés, l'occasion de faire quelques achats bon marché.

aori


Cette année, nous avons la surprise de voir le quai du vieux port investi à deux reprises par de gros paquebots de croisière dont les manœuvres sont prises en charge par notre remorqueur familier ALESSANDRO. Escale peu onéreuse sur la route de Rome pour des voyageurs britanniques et danois retraités ! C’est « AORI », le voilier de 24 mètres de la famille Alfayed qui attire l’attention des voileux du chantier. Quelle merveille !!!

 


Si beaucoup nous imaginent profiter d'un beau soleil, alors que la métropole se gèle, qu'ils se détrompent, nous nous détrempons... Certes nous avons les moustiques qui nous obligent à une guerre chimique désagréable, mais nous devons aussi faire face aux averses soudaines, aux orages... un dérèglement météorologique qui sollicite beaucoup de supputations de la part des « skippers » et une étude approfondie des différents sites de météo proposés. Si Pierre a pu apparaître autrefois comme « M. Météo », il est maintenant confronté devant un tel nombre de sites qu’il a dû effectuer une sélection par ordre d’efficacité et de crédibilité. Il a choisi, pour Logos , les modèles les plus en pointe.

epissure


Plusieurs fois, notre mise à l'eau est retardée et il nous faut attendre sagement le feu vert d'Elio, délai qui nous permet de retrouver une vieille connaissance de Yacht Marine, le voilier « EPISSURE ». Après avoir hiverné en Sicile, Françoise et Paul qui vivent à bord de leur voilier retournent en Turquie. Ils nous font gentiment bénéficier de leurs documents sur la Sicile. Si nous les avons déjà croisés deux fois, une fois à Erdek, en mer de Marmara, une fois à Kotor dans le Monténégro, il semble bien que, maintenant, nos routes se séparent définitivement... mais qui sait…

 

Vendredi 17 mai 2013 : CROTONE, Porto Vecchio
« Un départ retardé »

 

arturo mise eau mise eau

Depuis hier soir, LOGOS a quitté son ber et le sol pour retrouver le contact de son élément favori, l'eau, manipulé avec soin par Elio. Nous nous éveillons donc après une nuit au quai, bercés par un léger ressac et le ronronnement d'un chalutier proche « ARTURO PRIMO ». Les Arthur ne sont pas uniques… sauf le nôtre.
Les fenêtres météo permettant de passer le détroit de Messine sont très, très étroites. Pouvons-nous nous fier à « Sailgrib », une nouvelle application pour téléphone et tablette Android, réalisée par un voileux français. C’est un nouveau système de routage - comme pour une transat - que nous expérimentons cette année... Nouvelles interrogations pour un départ ce jour auxquelles Elio viendra rapidement mettre un terme, nous annonçant des creux de 2m50 à 3m de l'autre côté du Cap Colonna voisin... Très peu pour nous, nous avons passé l'âge des « montagnes russes » programmées de la Foire du Trône !

drakkar


Effectivement, une visite à la plage de Crotone nous révèle un véritable site de surf... infréquentable !!! Nous aviserons demain et ferons peut-être route avec DRAKKAR, lui aussi mis à l'eau. Nous avions envisagé une très longue étape, avec navigation de nuit, mais, sagement, nous optons pour une escale dans le port de Rocella, distant de 70 MN, si connu des navigateurs, que nous avions shunté lors de notre voyage aller.

 

Samedi 18 mai 2013 : de CROTONE ( Porto Vecchio ) à ROCELLA IONICA
« Un Delphinarium en mer »

Nous ne nous attardons pas, nous avons 70 MN à parcourir et l'angoisse d'une première navigation avec les surprises qu'elle réserve parfois.

Dès 6 heures, branle-bas de combat... Au revoir VHF aux autorités portuaires très satisfaites de notre courtoisie, mais aussi réveil involontaire de l'équipage d'un voilier allemand, en attente de grutage, beaucoup moins aimable : « Do you know the clock ? »... « Sorry Sir, I only know the time !!! Good night, we are leaving ! »

Drakkar a projeté de ne nous rejoindre que le lendemain.
Perkins ronronne et la Grand' voile nous aide à supporter la houle résiduelle... Imaginons ce que cela devait être hier. Même les bienfaisants comprimés de « Coculine » auraient été inefficaces. Je me demande toujours comment font ces pêcheurs dans leur petite barcasse, ballotés sur les flots dans le petit matin.

plateforme plateforme


Un dernier regard aux plateformes au large de Crotone, aux éoliennes sur la colline, signe que la région est ventée. La côte est déserte et offre peu d'attrait... Une première nav apparemment bien monotone jusqu'au moment où surgissent hors de l'eau, en bondissant, une vingtaine de petits dauphins, comme heureux de nous offrir un beau spectacle... Certains font des cabrioles, d'autres semblent marcher sur l'eau… Muets de surprise nous n’osons pas applaudir comme dans un spectacle de parc d'attraction de crainte de leur faire peur. Ont-ils été sensibles à l'intérêt que leur a montré le photographe ? Comme tout spectacle qui a une fin, tout à coup, tous les acteurs disparaissent et continuent leur chemin. Pourquoi offrent-ils parfois ces moments privilégiés

 

dauphins dauphins dauphinsdauphinsdauphins

dauphins

Comme tout spectacle qui a une fin, tout à coup, tous les acteurs disparaissent et continuent leur chemin. Pourquoi offrent-ils parfois ces moments privilégiés

Privilégiés, ces instants le sont doublement. Peu après la disparition de nos petits danseurs, alors que Pierre se réjouit de voir si ses photos sont bonnes... impatience du photographe en numérique... le moteur se met à accélérer, à toussoter, puis tousser un grand coup et s'arrête complètement. Inquiétude, vérifications... tout semble normal... notre réservoir de gas-oil est-il bien plein comme nous l’avions laissé pour l’hiver ? Le jerrican de secours de 20 litres est, par sécurité, versé dans le réservoir. Heureusement la mer s'est aplatie, Une légère brise réussit à gonfler le Génois et nous permet de progresser lentement sous ma responsabilité de régleuse. L'inquiétude grandit à bord, car aucun gas-oil ne s'écoule du robinet du réservoir... Pierre va même jusqu'à souffler avec énergie dans le tuyau de sortie de cuve... sans résultat sinon un vrai bruit de bulles mais la source est tarie, sans autre musicalité. Toujours aucun écoulement, la sortie du gasoil est obturée comme par un mystérieux clapet jusqu'au moment où, surprise... le précieux liquide apparait, propulsant un « bouchon » de saletés... En fait une vilaine mère de bactéries. Ces petites bêtes se développent dans l’eau résiduelle, au fond des cuves remplies du nouveau gasoil « écolo », sans soufre, forment une belle communauté et tissent des liens entre elles, d'où la mère semblable à celle du vinaigre. Perkins va à nouveau pouvoir se désaltérer... mais voilà, la pompe à injection est désamorcée, il ne peut plus boire !!! Heureusement que, sur la mer, entre voileux, on échange des tuyaux... merci Jean-Claude de CERS...

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livre

Vite un livre pour boucher la prise d'air du moteur qui facilite grandement le réamorçage. Ce sera « Le tambour du bief » de Bernard Clavel (des fois que l'auteur ou le titre aient de l'importance!!!), en livre de poche. Contact, le moteur s’emballe, pompe le gasoil... mais rien ! Recontact, rien ! Soudain, la couverture, comme découpée à l’emporte-pièce est aspirée dans le moteur et prend feu. Est-ce grave ? Tant pis, on réessaye en bouchant le filtre à air à la main. Grosse ventouse. Un soubresaut, deux soubresauts... C'EST GAGNÉ !!! Après 2 heures de bagarre. Double soulagement, à la vitesse de 3 nœuds, nous étions bons pour une nav de nuit. Autre interrogation, y a-t-il d’autres lambeaux de mère de bactéries dans ce réservoir ??? Mr Perkins semble maintenant s’en accommoder.


Peu à peu la brume estompe les sommets de montagnes côtières. Il nous tarde d'arriver avant la tombée de la nuit au port de Rocella, tristement célèbre pour le banc de sable obstruant partiellement son entrée. Françoise, d'EPISSURE, m'a bien rassurée, le Harbour Master appelé à la VHF aussi, mais en l'absence de sondeur, qui, lui aussi, pour ce premier jour, a décidé de faire grève, nous sommes un peu inquiets. Pierre me place d'office en figure de proue pour scruter les fonds: « Un peu plus à bâbord », « Tout droit »... Indications complétées par les gestes significatifs du Harbour Master au bout de la digue interne du port.... Aimable attention.


Personne à l'accueil... un numéro de téléphone donné par la Capitainerie... Francesco apparait.
Nous voici enfin appontés, après 12h 30 en mer. Nous attendrons demain pour aller gouter la célèbre pizza au mètre du restaurant de la marina.

francesco


Francesco, dans un anglais parfait, nous fait les honneurs de sa marina... et s'étonne de la qualité de mon anglais... je suis, parait-il, une des rares françaises à parler anglais... amusant... bien sûr, elles ne sont pas toutes d'ex- enseignantes de la langue de Shakespeare... « Martine formidable » de Sarzeau va sourire...

 

Dimanche 19 mai 2013 : ROCELLA IONICA
« Un mètre de pizza pour quatre !!! »

Quel calme dans cette vaste marina en dehors de la ville. Aucun bruit, aucun mouvement qui viennent troubler un sommeil réparateur.

Après ce galop d'essai, des mises au point s'imposent. Tout d'abord une montée au mat pour Pierre qui se contente de la première barre de flèche... Mise en jambes oblige pour refixer le réflecteur radar à l'humeur vagabonde, puis démontage du sondeur muet avec recâblage total... un vrai puzzle et l'intention de trouver un moyen d'en acquérir un nouveau avec l'aide de Francesco. Ce dernier, avec sagesse, nous conseille d'abord essayer de faire réparer le nôtre dans un port sur notre route, avant de faire de grandes dépenses. Sage conseil ! À force de titiller l'engin avec la ténacité bien connue de Pierre... c'est comme cela que l'on peut qualifier un entêtement efficace... ce dernier se décide à nous donner des informations exploitables... Ouf !

Sur le ponton, les langues se délient, surtout lorsqu'elles s'expriment en français. Surprise en constatant que l'équipage de l'un des voiliers français nous est familier puisqu'il s'agit de LOU GRÉ II, déjà rencontré à Folegandros (Cyclades) en 2011. Depuis cette date, Louis nous fait très gentiment profiter des belles photographies qu'il réalise. Louis et Claudine font une pause avant de repartir pour la Grèce après une navigation très pénible depuis Scilla... de triste renom mythologique !

 

pizza pizza pizza pizza


Le voilier voisin « ÉTOILE MATUTINE », nom évocateur d'un célèbre roman de Pierre Mac Orlan, vient de Santa Maria di Luca. Très vite les échanges se font très cordiaux avec Josette et Christian. Nous prenons tous deux la direction de l'Ouest et ferons un bout de chemin ensemble.
C'est devant un mètre de pizza « Quatre fromages », arrosé d'un Chianti Rosso, que nous faisons plus ample connaissance en soirée, heureux de satisfaire à cette tradition célèbre parmi les voyageurs de la mer en escale ici.

 

Lundi 20 mai 2013 : ROCELLA IONICA
« À bicyclette...! »

Tôt ce matin, les voiliers prenant la direction de l'Est sont partis, espérant profiter d'un vent favorable. Il est bien connu qu'en mer, le vent n'est pas favorable dans toutes les directions et c'est la mine déconfite, le génois déchiré, qu'un couple de retraités britanniques très âgés a dû regagner le ponton après 8MN passés à batailler en mer, en direction de Messine, donc de l'Ouest. En attente depuis plus de 10 jours, vont-ils à nouveau oser affronter cette météo instable, n'offrant que très peu de possibilités pour progresser ?

 

rocella rocella rocella


La ville de Rocella étant distante d'à peu près deux kilomètres de la marina, des bicyclettes nous sont proposées presque gracieusement. Nous voilà donc partis: « Y'avait Pierre, y' avait Christian, y'avait Martine et puis Josette » pédalant comme des adolescents le long de la belle promenade paysagée bordant la plage. Une colonne de marbre romaine marque l'entrée de la vieille ville dont les ruelles mènent jusqu'à une citadelle « Il Castillo », témoignage du rôle de place forte joué par Rocella au cours des siècles.

rocella rocella rocella rocella Rocella rocella

 

Obligés de pousser nos bicyclettes, nous nous contentons d'admirer, de loin, le vaste bâtiment et sur un piton voisin, la tour de Pizzofalcone, ruines d'un château antérieur. Sur notre chemin, près de la clôture d'un jardin abandonné, un néflier tout chargé de belles nèfles bien mures attire notre regard. La tentation est trop forte et a bientôt raison de la sagesse due à notre grand âge… que nous nous pouvons, par chance, souvent d'oublier. Les bicyclettes de ces dames sont munies de beaux paniers avant... bientôt remplis de nèfles... et de citrons... eux aussi « trouvés » dans un arbre, en route !!!
"DRAKKAR I" nous a rejoints avec son équipage. Ces messieurs étudient avec soin les prévisions météorologiques des jours suivants. D’après nos trois météorologues... pas d'escale à Taormina (Côte Ouest Sicile). Il faut essayer de passer Messine le plus vite possible. Pourquoi pas dès demain avec escale au milieu du détroit à Reggio di Calabria ? Tiens! Cela me rappelle quelque chose... les deux monstres Scilla et Charybde... le lourd tribu payés par les bateaux pris dans les tourbillons... autant de cauchemars pour la nuit suivante.

 

Mardi 21 mai 2013 : de ROCELLA IONICA à REGGIO DI CALABRIA
« Sur les traces d'Ulysse »

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C'est parti ! Un vrai convoi quitte lentement le port de Rocella dès 5h45. « DRAKKAR I », « ÉTOILE MATUTINE », « LOGOS » et un petit catamaran britannique du nom de « SNOW BALL » (nom de circonstance vu la chaleur hivernale). Une fois le banc de sable passé avec grande précaution, chacun choisit sa route. « DRAKKAR » en tête, suivi de « LOGOS », tandis qu'ÉTOILE prend une route plus proche de la côte. Seul le petit outsider reste en dehors. La mer offre une surface si plate qu'elle semble proposer une douce croisière à ces dames. Quelques bateaux en sens inverse nous rappellent que cette partie de mer est un lieu de croisement des routes entre l'Occident et l'Orient et vice versa.

barre


Il nous faut attendre la fin de notre déjeuner pour pouvoir, comme DRAKKAR, envoyer notre Spi et donner un peu de repos à Mr Perkins, avec quelque inquiétude de la part de la « seconde » : le ciel s'est obscurci. En deux heures, la force du vent s'accroit... LOGOS file ses 7,6 Nœuds. Il est temps de ranger notre voile colorée au profit d'un génois plus sage.
Un haut brise-lame, de grands bâtiments gris, nous voici dans le port de Reggio. Pas question d'apponter sauvagement le long d'un quai, les autorités veillent... MARINA OBLIGATOIRE ! Pas une de ces élégantes marinas arborées mais un vilain quai, face à un vilain métro (dont nous bénéficierons des annonces jusque tard dans la nuit...) et de vilains bâtiments (il parait que le musée est beau mais nous ne pouvons en juger par nous-mêmes, trop pressés de quitter ce lieu peu hospitalier et onéreux...).
Nous avons progressé de 63 MN. Dans le passage de Messine, chaque mille compte surtout lorsque l'on remonte !!!

 

Mercredi 22 mai 2013 : de REGGIO DI CALABRIA à TROPEA
« Allons à Messine... »

logos

 

Un petit clin d'œil à nos chers bretons et aux amateurs de chansons de marins parfois paillardes... Nous voici partis, non pas pour « pêcher la sardine », ni plus justement pêcher l'espadon ou le thon (la sardine, c'est pour la rime), nombreux dans ce détroit au moment de leur migration saisonnière mais pour sortir le mieux possible de cette passe mal famée. Pas de Grand-voile de crainte de mauvaise surprise, le génois seul est établi, poussé par un providentiel vent du Sud, tout en surveillant le va et vient permanent des ferries, d'une rive vers l'autre. Dans cette zone, il est impossible de construire un pont tant les mouvements permanents d'une faille tellurique sont importants. Peu à peu Logos ralentit sa progression, même avec l'aide du moteur... 4 Nœuds, 3 Nœuds... on se croirait à l'entrée du Golfe du Morbihan, pris dans les tourbillons d'une marée contraire... merci le vent, aujourd'hui favorable.


Soulagement lorsque nous abordons ENFIN la Mer Tyrrhénienne, et, avec ÉTOILE, optons pour une route plus côtière, espérant ainsi être épargnés par la dépression sur la zone Éoliennes, Nord Sicile. Par sagesse, nous avons choisi d'abandonner nos projets de visite de l'île de Vulcano et de Palerme, pour progresser le long de la côte Est de l'Italie où nous savons trouver des abris. DRAKKAR choisit d'affronter Éole.
Peu à peu, la zone perturbée nous rattrape, les vagues ballotent LOGOS, le génois refuse... Il faut faire face. À l'intérieur, c'est le souk, le placard à outils, sous l'impulsion d'une vague un peu plus forte, s'est ouvert, déversant tout son contenu sur le sol. C'est pour nous un peu la course contre le baromètre qui perd un point toutes les deux heures. Que le temps semble long parfois et qu'il est doux le moment où se profile le brise-lame derrière lequel nous allons pouvoir nous abriter, dominés par le village superbe de Tropea, perché sur un piton...
Personne à l'accueil dans la vaste marina... Des bruits de ponton nous l'avaient décrite comme en faillite... serait-ce vrai ?
Il est 15h30, nos deux voiliers sont appontés, bien ficelés! Le cadre est magnifique... Nous pouvons sereinement entendre les hurlements des vents, tout en dégustant les succulentes crêpes préparées par Josette.
Effectivement, tous les bâtiments autour de la marina sont vides, les commerces aussi. Seuls les gardes côtes ont encore un bureau, mais ils ne semblent pas concernés.
Une bien étrange atmosphère de marina fantôme règne ici. Qui s'en plaindrait, d'autant plus qu'il va nous falloir attendre plusieurs jours la fin de la colère de cieux. Merci à l'aimable navigateur qui a informé Christian de cette fortuite gratuité.

 

Jeudi 23 mai 2013 : TROPEA
« Un petit Bonifacio »

 

vagues

Cette nuit, vents violents et fortes averses se sont succédé. Ce matin, les hautes vagues éclatent encore au-dessus du brise-lame, le ciel enveloppant les collines est menaçant, mais la vieille ville fortifiée de Tropea apparait, elle, dans la lumière. Une vision enchanteresse qui nous incite à braver les quelques 200 marches pour découvrir cette « perle calabraise » perchée sur son promontoire, à 42 mètres au-dessus de la mer.

 

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En bas du haut escalier, une nativité placée dans une grotte semble être là pour donner au pèlerin la force d'affronter cette longue ascension, facilitée aujourd'hui par l'absence de soleil et la température de 17°C.

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Quel sentiment d'émerveillement devant ces hautes façades d'enceinte qui se confondent avec le rocher sur lequel ont été bâties les maisons. Des trous percés dans les murs rappellent le temps où la mer léchait la base de ce haut piton, créant ainsi une rade naturelle, des échelles de corde permettaient alors de ravitailler la ville depuis les navires. Depuis, la rade a disparu, comblée par les détritus charriés par un torrent et le sable.

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Une fois parvenus au sommet, quel magnifique panorama sur le port, la côte rocheuse avec ses plages de sable fin enserrées entre deux falaises et cet important récif dit « l'île de la Madone » en souvenir de cette statue miraculeuse de Vierge laissée sur la grève par un navire venu se ravitailler... Légende ou réalité ?

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Puis le plaisir de se laisser guider par de pittoresques ruelles débouchant sur une petite place, tout en admirant les vastes demeures dites « maisons tropéennes », aux porches imposants, destinés autrefois au passage des carrosses et témoignant de ce 18ème siècle prospère où riches nobles terriens et armateurs se côtoyaient en cette ville, important comptoir de la mer Tyrrhénienne.

tropea

Les palais y sont nombreux: Palazzo Fazzari, Palazzo Barone, ainsi que les églises : Église d'el Gesù, Église dellà Pietà. Le Duomo ou Cathédrale, éclatant de blancheur, s'inspire du style byzantin, que l'on qualifie ici de « Souabe-Normand », de même que l'icône de la « Sainte Vierge de Roumanie », objet de ferventes dévotions de la part des habitants de Tropea.

tropea

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Dans la rue principale, le Tropea des touristes se révèle avec de nombreuses boutiques de vêtements, de bijoux, des restaurants et même un petit « souk », à l'imitation d'un marché oriental. Ici pas question de vraie vie, pour les nécessités de la vie quotidienne, il faut « passer le pont ». Tous les commerces sont là : supermarchés, magasins de téléphonie et même le loueur de voitures qui nous permettra, avec Josette et Christian, de visiter un peu de cette partie de Calabre vantée par notre chère Emilia de Marmaris. La voiture nous sera livrée ce soir à la marina.

tropea


Nous nous réjouissons d'avoir été matinaux pour notre visite, bientôt, vent, pluie et froid nous obligent à nous réfugier dans la douce chaleur de Logos. Pas besoin de musique, Éole nous invite à son concert. Pourvu qu'il nous oublie demain !

 

Vendredi 24 mai 2013 : TROPEA (Italie)
« En Panda avec Etoile »

panda

Pour la première fois, nous expérimentons la voiture partagée... une belle Panda bleue. Nous nous offrons même le luxe d'un chauffeur puisque c'est Christian qui conduit, avec Pierre comme co-pilote, tandis que ces dames peuvent tranquillement papoter à l'arrière.

 

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Une belle montée à flanc de colline dans un paysage verdoyant, puis descente sur le bord de mer, assez discrètement investi par de belles résidences hôtelières. Les plages sont encore vierges de baigneurs... Connaissant la température de l'eau nous les comprenons.

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Notre premier arrêt nous conduit « étonnamment »... dans une marina, à Vibo Valencia... histoire de voir à quoi elle ressemble, de comparer les prix... Côté tarifs, bien sûr, la marina de Tropea est imbattable en ce moment, vu sa gratuité totale, mais même l'atmosphère qui règne ici ne nous enthousiasme pas... rien à regretter !
C'est un régal que d'entendre ces messieurs demander des renseignements en Italien... « Perdone signore... ». Tous deux rivalisent, mais je dois avouer que Christian l'emporte dans sa volonté de communiquer... Quel bon élève pour un professeur !

pizzo pizzo pizzo

 

Après quelques détours, nous atteignons la petite ville côtière de Pizzo, au centre du Golfe de Sant'Eufemia, accrochée - comme Tropea - à un rocher surplombant la mer. Son approche nous semble un peu confuse, mais, une fois notre voiture garée sur la petite esplanade devant le « Château Murat », c'est un plaisir que de parcourir à pied cette ville chargée d'histoire. Tout d'abord cet imposant bastion aragonais du XVe  siècle qui ne fut résidence de Murat, ex roi de Naples, que parce qu'il y fut emprisonné, jugé sommairement, puis fusillé en 1815 sur l'ordre de Ferdinand d'Aragon. Nous sommes dans une ville fortifiée, protégée des attaques ennemies et, en particulier, celles des pirates.

 

pizzo pizzo pizzo pizzo pizzo pizzo pizzo pizzo

 

D’étroites ruelles mènent au cœur de la ville, une vaste place, dite de la République, avec ses terrasses, ses restaurants, ses boutiques pour touristes... encore peu nombreux. Pour notre déjeuner, nous préférons une petite pizzeria à l'écart où, curieusement, aucun de nous ne choisira une pizza, mais une sorte de ragout de poisson, spécialité de la maison.
Il nous faut cependant satisfaire à la curiosité gastronomique de Pizzo... « Il Tartuffo »... Rien à voir avec la truffe, prisée des gourmets. Il s'agit tout simplement d'une glace à la noisette, enrobée dans un dôme de chocolat... une douceur appréciée.
Si nous avons, une fois de plus, visité bon nombre d'églises à Pizzo, celle de « l'Immaculée », celle de « Saint François et Saint Roch», riche de fresques illustrant la vie du Saint, c'est l'Église de La Piedigrotta qui génère, chez nous, surprise, admiration et grande émotion. Imaginez une grotte creusée dans la falaise, presque au niveau de la mer, divisée en plusieurs salles, éclairées par la seule entrée et une petite fenêtre. Quel émerveillement du regard, lorsqu'au hasard d'un rai de lumière, des statues de tuf se révèlent, comme figées dans le temps, scènes de la vie religieuse, statues de saints.

pizzo pizzo pizzo pizo pizzo pizzo pizzo pizzo pizzo pizzo pizzo


Ici, tout semble empreint d'une grande ferveur, égale à celle de ces marins napolitains sauvés d'un naufrage et, plus particulièrement, d'Angelo et de son fils Alfonso Barone qui, en remerciement, ont modelé cette grotte et sculpté ces statues directement dans la roche.
Nous avons sans doute bénéficié d'un moment privilégié, cette grotte étant encore vide de tout touriste pendant notre visite, mais cela nous a permis de vivre « un moment d'éternité ».

marina


Le retour sur la marina nous fait revenir à des considérations plus terre à terre puisque nous profitons de notre véhicule pour remplir coffres et frigidaires... et pour ses gentils messieurs, le réservoir des bateaux à l'aide de jerricans, en l'absence de toute pompe en service à la marina. Leurs gros bras sont mis à l'épreuve, mais nos porte-monnaie en sont bénéficiaires, le gas-oil « voiture », bien que hors de prix, est néanmoins, beaucoup moins cher que le gas-oil « bateau »... Inexplicable !!!
Merci de cette belle journée vécue ensemble.

 

Samedi 25 et dimanche 26 mai 2013 : TROPEA (Italie)
« Tropea, la résistante »

L'étude des différents bulletins météorologiques nous fait différer notre départ, notre prochaine étape de quelques 80 MN ne nous permet pas de nous engager sur une mer trop formée. Peut-être mardi prochain ?
En attendant, c'est avec plaisir que nous continuons à profiter de cette belle ville qui a toujours su vaillamment résister aux assauts de la nature, que ce soit ceux de la mer qui sape inexorablement ses bases, ceux des tremblements de terre qui ont mis à mal bon nombre d'édifices anciens ou ceux des ennemis, arabes, byzantins, romains...

blason


Cette vaillance fut d'ailleurs honorée par le Roi Ferdinand II d'Aragon qui autorisa la ville à faire figurer une couronne dans son blason, illustrant sa double appartenance, la Terre et la Mer.

tropea


Nos pas nous portent vers l'Isola de la Madonna, sur un promontoire au pied de la cité. Déception, il n'est plus possible d'accéder à ce site qui semble s'éroder. Dommage, nous aurions aimé voir cette Vierge aux pieds coupés pour le futile motif de la trop grande taille de cette statue et source de malédiction pour l'Évêque, le Maire et le menuisier à l'origine de cette mutilation. Heureusement, il se dit que depuis, cette Vierge s'est amendée puisqu'elle est à l'origine de miracles.

tropea tropea tropea tropea tropea


Une nouvelle voléede marches nous attend pour accéder à la ville... Seulement 140 marches cette fois-ci. Nous découvrons le Duomo, belle cathédrale très sobre, sans vitraux, de style mi-byzantin avec son dôme, mi- Haut Moyen Age.
C'est par la route longeant le torrent « La Grazzia », source de l'enlisement du vieux port que nous regagnons la marina. Le torrent s'est presque tari, mais quelques jardinets en bénéficient encore.
Les soirées se passent agréablement en réceptions... mondaines d'ETOILE à LOGOS.

 

Lundi 27 mai 2013 : de TROPEA à la PUNTA DEL GARIGLIO (Palinuro)
« Premier mouillage 2013 »

Un réveil à vous dégouter de la vie en mer... 4h35 !!! C'est cela la retraite !!! Josette fait déjà les « carreaux » de la capote d'Etoile pour mieux voir, pressée de gagner quelques Millles sur la route du retour à la « MAISON »...
Bien entendu, grand calme dans la marina et personne à remercier pour la générosité de la réception.
Attention au musoir d'entrée ! C'est parti, houle la, la !!! LOGOS monte, descend, remonte... et ne se stabilise un peu qu'une fois la Grand' Voile hissée. Pas question de génois en l'absence de vent ; bien sûr, pas question de spi non plus, vu la distance à parcourir et l'état de la mer.

stromboli

Il ne nous reste plus qu'à prendre patience et nous contempler mutuellement, tout en échangeant de courts messages VHF, en particulier celui de Christian qui nous signale que le Stromboli est visible à bâbord, avec ses fumeroles. Nous l’aurons tout de même aperçu, ce monstre sacré !!!

Malgré le ciel bleu, les nuages s'étant amassés à l'Est, nous sommes couverts comme pour une navigation du mois de mars... C'est quand l'été?
Il nous faudra parcourir 86 MN avant, en soirée, de pouvoir arrêter le ronron de Monsieur Perkins dans une belle anse, après presque 15 heures de navigation.
Un beau rocher garde l'entrée... mais inutile de rêver, nous ne connaitrons pas ses richesses sous-marines!

 

Mardi 28 mai 2013 : de la PUNTA DEL GARIGLIO à SENO di IERANTO
« Jeux de Génois »

Départ sous Grand'voile en vrais pros... Quel spectacle pour les clients des luxueux hôtels surplombant la baie, tout en savourant leur petit déjeuner... Pour les pauvres femmes de marins que nous sommes, c'est déjà l'heure des grandes manœuvres ! Passé le rocher, domaine réservé des mouettes, le génois est aussi envoyé, puis enroulé, puis envoyé à nouveau... et ainsi pendant une bonne partie de la navigation, selon les humeurs de Monsieur le Vent... un souffle, une risée, une bourrasque, le calme plat...
Cependant, une belle vision en route : celle du joli petit port d'Acciroli, si cher à Hemingway qui y aurait écrit « Le vieil homme et la mer ». Une escale aurait été la bienvenue, mais le Signor Météo, comme chantait Carlos, commande. Le baromètre n'en finit pas de baisser, nous passons notre chemin. La traversée du Golfe de Salerne nous parait interminable... Et dire que quelques petits voiliers s'amusent à y tirer des bords.

dauphins dauphins


Seule une nouvelle rencontre de dauphins Thetis vient égayer cette navigation, sous un ciel de plus en plus gris.

falaise falaise falaise


Ce n'est qu'en début de soirée que la profonde échancrure espérée sous de hautes falaises nous permet de jeter l'ancre... Le paysage est superbe, romantique à souhait mais un peu sinistre par ce temps.
Pierre ne résiste pas à une courte trempette, la première de la saison, malgré les Méduses « Pelagia » et la température de l'eau « bretonne ». N'est-il pas un peu cabotin parfois ?
Peu à peu l'inquiétude fait place au soulagement d'être au repos. Le vent se lève, se renforce et soufflera rageusement ses 38ND sur nos pauvres voiliers malmenés pendant toute la nuit et très proches de la falaise pour l’un et des cailloux pour l’autre. Impossible de dormir. Les équipages sont sur le pont à surveiller ou devant leur alarme de mouillage sur leurs tablettes et GPS.
Ce mouillage sera rebaptisé Seno di Infierno !

Naples et ses environs

Mercredi 29 mai 2013 : de CALA di IERANTO à POZZUOLI.
« Capri cest… »

Nous avons réussi à trouver le sommeil au petit matin au moment où le vent dirigeait l’arrière du bateau vers le large. et apprécions le grand calme de cette crique maintenant déserte, nos amis, qui n'ont pas fermé l'œil de la nuit, ont préféré lever l'ancre au lever du jour et poursuivre le chemin. Nous sommes, nous aussi, fourbus après cette folle nuit et n'allons pas nous attarder car le vent venant maintenant de la mer s'engouffre dans la baie, levant des vague alarmantes.
À l'extérieur, la mer est forte, il nous semble tout de même difficile de ne pas faire un petit crochet par l'île mythique de Capri qui évoque Hervé Villard mais, plus culturellement parlant, Gabriel d'Annunzo, Oscar Wilde et Picasso.

capri capri

Pour nous, il ne sera pas question de voisiner avec les grands yachts et les nombreux bateaux d'excursions dans « Marina Grande », mais seulement d'admirer au passage les pentes abruptes où se blottissent d'élégantes villas, les tombants vertigineux et cette belle muraille Sud, avec ses sentinelles rocheuses des « Faraglioni ». Dans la baie protégée, « CAKEWALK », gros yacht de 85 mètres de long est ancré. Ne cherchez pas le beau Prince ou la belle Princesse à bord... Ce n'est, comme beaucoup de yachts, qu'un charter de luxe à portée des bourses très bien garnies !

capri


Passé le pittoresque phare de Punta Carena, l'angle favorable pris par le vent nous permet, sous génois, de remonter le long de la côte pour rejoindre l'une des marinas de Pozzuoli où Christian nous a devancés et retenu notre place. Après 3h30 de voile à bon près, une étrange cité apparait sur un promontoire, comme une ville ancienne qui aurait été désertée. Nous voici à l'entrée du port commercial qui abrite la marina « Sudcantieri », anciennement « Marina di Maglietta ».

Nous allons pouvoir prendre notre repas, confortablement installés, avant de profiter d'une sieste réparatrice et d'échanger nos impressions avec nos amis d'ETOILE amarré sur un autre ponton, tout en bénéficiant des gâteries culinaires de Josette.
Le ciel se noircit, la carte météo est de plus en plus pessimiste. Nous allons surement avoir le temps de nous familiariser avec Pozzuoli et ses environs.

 

Jeudi 30 mai 2013 : POZZUOLI : « Sudcantierri »
« Vieille ville… très très vieille... »

Enfin une douce nuit, sans amarres qui grincent, sans bousculades, sans le stress d'un mouillage aléatoire, sans vent qui siffle dans les haubans. Nous nous levons guillerets pour aller découvrir cette ville qui ne doit notre visite qu'à la météo et à la présence de sa marina. Après la « marina fantôme » de Tropea, nous voici dans une marina « porte blindée » où il faut montrer patte blanche pour entrer et sortir. Cela nous donne le sentiment d'une certaine importance. De belles unités sont appontées, surtout des yachts en attente de navigation et un superbe Hallberg Rassy de 62 pieds. Il ne s'agit que d'un garage de luxe mais avec, tout de même, un grand billard, la télé grand écran, une salle de fitness... et « Marina », ça ne s’invente pas, la responsable des lieux, si efficace et prévenante.

porruoli


C'est avec curiosité que nous nous dirigeons vers cette étrange ville, perchée sur un promontoire où s'élèvent des bâtisses grises ouvertes à tous vents, à côté de hautes maisons colorées d'ocre et de rouge, à la façon de Pompéi, sa voisine de l’autre côté de la baie. Le dôme d'une église domine le tout. Nous découvrons qu'il s'agit, cette vieille ville étant devenue dangereuse, d'un vaste chantier de réhabilitation qui devrait être achevé en 2015 et a nécessité l'expulsion de tous les habitants (entreprise pharaonique...).

pozzuoli pozzuoli pozzuoli pozzuoli


Au pied de la vieille ville, un vieux port romain abrite maintenant les petites barcasses des pêcheurs, havre bien protégé des attaques de la mer par la digue du port de commerce.

pozzuoli pozzuoli


Une fois de plus, nous nous laissons guider par les ruelles qui nous mènent à l'amphithéâtre romain, construit sous l'empereur Flavien, le 3ème plus grand d'Italie, avec son accueil de 40000 spectateurs. Depuis, sans doute à cause des nombreuses éruptions volcaniques de cette zone à activité sismique importante, la ville a décliné, ne montrant que de vagues vestiges d'une gloire passée comme ces ruines romaines et le « Palazzo Toledo » de Don Pedro Alvarez de Toledo y Zuniga .... Un vrai nom de théâtre, abritant la bibliothèque municipale.

train train


Il nous faut traverser, à pied, la voie unique d'un antique train desservant Naples et les communes voisines, sous la surveillance du chef de gare... comme au siècle dernier.
Bien que certains commerces semblent définitivement clos, boucherie (à en voir les images pieuses et statues religieuses, la viande doit être bénie), fruitier, poissonnier et son poulpe adopté, succulent pâtissier complètent notre avitaillement... presque sans bourse déliée tant les prix pratiqués sont surprenants.


Nous avons découvert une ville authentique qui ne satisfait pas aux dictats du tourisme lucratif et c'est toujours une joie pour nous que de nous fondre dans la population comme de vrais autochtones.

 

Vendredi 31 mai 2013 : POZZUOLI, « Sudcantieri »
« Rincées méditerranéennes ! »


C'est reparti, comme prévu... entre vent et averses successives. Nous en sommes presque à « naviguer » dans l'arrière port. Seuls les ferries de ligne, desservant les îles proches d'Ischia et de Procida, font donner leur corne pour signaler leur sortie.
Nos deux skippers, entrainés à Tropea, profitent d'une fugace éclaircie pour faire provision de gas-oil au bidon, la marina n'ayant pas de pompe. Récompense aux efforts, une fois de plus, le budget !

marché marché marché marché marché marché marché


Tout près de la marina, sur un terre-plein fermé, les producteurs de primeurs de la région, principalement les pêcheurs, se réunissent le matin, sous des barnums, pour proposer leur marchandise. Quelle débauche de beaux poissons et coquillages, de « fraicheurs » à des prix imbattables... Seules les cigales de mer restent chères. Nous nous en passerons ! Josette, convertie aux anchois maison, en fait une belle provision. Pour nous, nos anchois de Crotone étant en cours de salaison, ce sera coquillages, belles olives et débauche de fraises, en plus de l'avitaillement habituel.
Nos deux vulcanologues préférés rêvent d'une petite visite à la SOLFATARA, volcan encore en activité au-dessus de Puozzoli et potentiellement plus redoutable que le Vésuve en son temps. Pour nous qui avons manqué Vulcano, c'est une aubaine.
Nous profiterons aussi de ce train providentiel pour aller faire un petit Naples avec ÉTOILE MATUTINE et bénéficier de leur expérience pour découvrir d'autres aspects de cette ville parcourue l'an passé.

bateau au

 

Samedi Ier juin 2013 : POZZUOLI, « Sudcantieri »
« Sur un volcan ! »

Confiants dans la grâce du ciel, nous avons, hier, commandé un taxi pour nous monter sur le site du plus proche volcan: « LA SOLFATARA ». Nous sommes dans la région dite des « Champs Phlegréens » aux 40 volcans et la Solfatara est le plus important.
Nous pénétrons dans un vaste parc arboré avec, en son milieu, une large caldeira de cendres mêlées à une croûte saline d'où s'élèvent, en grondant, de hautes fumerolles, les « solfatares » (appellation internationale donnée par ce volcan) dont la chaleur peut atteindre les 160°C.

volcan volcan volcan volcan volcan volcan
 nous

Nos souvenirs de ce « délicieux » volcan de Nisyros, en mer Égée, nous reviennent à l'esprit, avec un peu moins de fleurs de souffre, d'aussi belles couleurs ocre, la même odeur d'hydrogène sulfuré. La projection de grosses pierres sur le sol, provoque une résonance caverneuse, un grondement de mécontentement, Christian et Pierre se sont hasardés à encourir la colère du dieu de l'Enfer après avoir joué les Haroun Tazieff dans les fumerolles de la « Bocca Grande ».
Un fameux duo d'éternels ados incorrigibles !!! Plus sages, Josette et moi, nous contentons d'un bain de vapeur bénéfique à notre peau et nos voies respiratoires mais il ne nous sera pas possible de satisfaire au bain de boue de la « Fangia ».
La descente sur la station de métro aérien de « Pozzuoli - Solfatara » est agréable malgré les 40 minutes nécessaires. Nous avons tout loisir de reprendre un peu d'énergie pendant le trajet jusqu'à la station centrale de « Naples- Campo Santo ».

christian


Grâce à nos charmants guides qui nous font partager leur découverte de la veille, c'est un autre Naples qui s'offre à nous, le Naples des ruelles commerçantes avec ses nombreux vendeurs ambulants... dont ceux de parapluie qui font, en ce moment, fortune !!!

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C'est le Naples grouillant de vie, parsemé de beaux édifices, comme la fontaine baroque de la place Montoliveto, l'église SANT'ANNA  DEI LOMBARDI dite aussi MONTOLIVETTO, vaste édifice recélant des trésors artistiques.

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Le plafond de l'une de ses chapelles a été décoré par le peintre Georgio Vasari (1511-1574) que nous avons déjà rencontré à Florence dans le sillage de Michel Ange. Ici, il nous offre de magnifiques fresques où personnages et guirlandes de fleurs sont harmonieusement disposés dans des médaillons et des caissons. Notre piètre connaissance de la langue italienne ne nous permet malheureusement pas de profiter des explications données par un conférencier à quelques privilégiés... mais nous garderons en souvenir les photographies... défendues...

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Dans une autre chapelle nous pouvons admirer un superbe groupe en « terra cota », autrefois polychrome, une émouvante Pietà.
Un nouveau bain de « foule » pour parvenir à une grande place animée, bordée d'une monumentale façade de pierre en « pointe de diamants ».

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Une apparence de palais austère, tel qu'il fut construit au XVe pour le Prince de Saverne « Roberto Sanseverino ». Le porche franchi, nous sommes dans le domaine du grandiose, de l'opulent, à la manière des églises de Malte. Ce palais, cédé plus tard aux Jésuites, est devenu l'église de GESU NUOVO. C'est une débauche de marbres polychromes sur le sol, les piliers, les autels couverts d'ors. Les murs sont ornés de fresques des plus grands peintres italiens des XVIe et XVIIe siècle. Un magnifique musée...

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Une pizzeria... peu original en Italie, propose un menu attractif... mezzes, pizza et vin pour 10 euros (Offer...). Nous ne serons pas déçus... Les mezzes seuls auraient suffi à notre satiété... alors, lorsque la grande pizza aux quatre fromages se présente, c'est l'angoisse...

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La pluie a eu raison du ciel napolitain... les parapluies de couleurs vives fleurissent dans les rues de Naples.
Peu nous importe, nous avons encore une fois emmagasiné de belles images que nous pourrons partager et découvert un autre aspect de Naples, loin du riche Musée Archéologique visité l’an passé.

 

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Dimanche 2 juin 2013 : de POZZUOLI à ISCHIA « Ischia Ponte, Il Castillo » 
« Un Château Aragonais »


Quelques hésitations quant à un départ ce jour, une fois de plus le ciel est peu prometteur. Nous nous décidons cependant, en début d'après-midi, à progresser en fixant une courte étape de 11MN qui nous mènera jusqu' à l'île d'Ischia. La mer ne s'est pas encore calmée et je me surprends à envier tous ces yachts à moteur et les voiliers de même... qui ont profité du repos dominical pour aller se montrer au mouillage de l'île proche de Procida.


Pour nous, ce sera moteur et allure de près jusqu'au mouillage prévu, sous le château aragonais érigé sur un piton rocheux pour garder la baie d'Ischia Ponte. Si de nombreux touristes empruntent l'isthme reliant ce piton à l'île et bénéficient « peut-être » d'un ascenseur pour parvenir au sommet, nous nous contentons d'admirer de dessous ce vaste complexe dont les hautes murailles enserrent le sommet du piton. Un concert de carillon nous est offert.
Dommage, une fois de plus, qu'une nuit très agitée ait un peu terni ce souvenir.

 

 

Lundi 3 juin 2013 : d'Isola ISCHIA à Isola PONZA « port »
« Tyran d'O »

Toute ressemblance avec des personnes concernées serait fortuite... mais ce voilier si bien nommé sans doute par la femme du capitaine se reconnaitra peut-être... ou sera reconnu !
Donc, après une bien désagréable nuit, réveil à 5h30 en direction de l'Archipel des Pontines (encore un archipel volcanique) distant d'une cinquantaine de Milles Nautiques.

ischia


La ville brille encore de tous ses feux et, au mouillage, les voiliers dansent, comme ils ont dansé toute la nuit.
Le spectacle donné par cette île à l'arête verdoyante, parsemée de jolies maisons aux toits plats est plaisant et nous permet d'attendre patiemment la venue du vent... Essai de tangon, de voiles en papillon, jusqu'au moment où Monsieur Zéphyr trouve son rythme et nous permet, pendant cinq heures, de naviguer « Grand Largue ».

ponant


En approche de Ponza, nous croisons le PONANT, voilier tristement célèbre pour sa prise en otage en Somalie.
Le mouillage de la plage envisagé par les Capitaines apparaissant trop rouleur, nous optons pour la rade intérieure du port.

ponza ponza

Quel enchantement ! Une ville de couleurs, riante sous le soleil. Nous sommes loin de l'image terre d'exil des Romains (les frères de Calligula, et sa sœur Agrippine y furent bannis), du renom de repaire de pirates et plus près de nous, de prison pour les opposants à Mussolini avant d'être prison pour lui-même.
Bien installée dans le cockpit, je regrette de ne pas avoir les talents d'aquarelliste de Claudine sur MARCHEOUREVE, tant ce petit port a de charme.
Peu à peu, la rade se charge de voiliers de passage, dont cet Harmony 34 baptisé avec beaucoup d'humour « Tyran d'O ».
Nous ne pouvons envisager de ne pas profiter de semblable petite merveille et différons notre départ au jour suivant.

 

Mardi 4 juin 2013 : Isola PONZA « Port »
« Les délices d'Ulysse »

ponza

 

Je ne sais si nos deux skippers se sont faits tout beaux dans l'espoir de rencontrer Circé ou tout simplement, je l'espère, de nous honorer mais ils ont fière allure lorsque nous débarquons de l'annexe. Ils écartent aimablement mais fermement les rabatteurs qui proposent un tour en bateau ou en voiture... pour un tarif prohibitif, tout comme ceux pratiqués par les boutiques de confection... Nous ne sommes pas de riches romains fuyant la chaleur de Rome en été !!!

ponza ponza ponza


Nous montons courageusement vers le phare, faisant une courte pause dans la Cathédrale qui nous régale de son carillon : « Rotonda de la Madonna », toute en rondeur, comme son nom l'indique. Sur le chemin, un tout petit musée nous invite, créé en mémoire des passagers d'un ferry-boat torpillé en 1943 : SANTA LUCIA, dont l'épave est devenue un lieu privilégié pour les plongeurs.

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Le phare est domaine militaire dont l'accès est interdit, mais nous devons à la gentillesse d'un soldat de service d'avoir pu accéder à un magnifique cimetière marin aux impressionnantes tombes baroques... Vue imprenable pour ses locataires!!!
L'après-midi, nous allons, en annexe, rendre une courte visite aux grottes et falaises de la côte proche et comprenons qu'Ulysse n'ait pas trop souffert de profiter de ce lieu pendant une longue année... surtout en charmante compagnie.
Nous profitons avec un peu de regret de cette dernière soirée de navigation en commun sur ÉTOILE MATUTINE. Nos chemins vont se séparer demain puisqu'ÉTOILE va regagner la Corse et LOGOS la côte Sarde. Nous avons partagé beaucoup de moments heureux, nous nous sommes encouragés dans les moments d'incertitude. Une belle rencontre que nous renouvellerons, sur mer, aux Baléares ou sur terre.
Au revoir les amis...

Mercredi 5 et Jeudi 6 juin 2013 : de PONZA  à la SARDAIGNE « Cala di Volpe »
« Première nav de nuit »

Nos amis ont déjà quitté le port depuis une heure. Il est maintenant 7 heures et, comme au cinéma, le réalisateur dit « Moteur ». Nous partons pour une longue navigation d'une bonne trentaine d'heures, avec notre première nuit en mer de la saison.

ponza ponza


Une fois le phare contourné, profitant de la vision superbe du cimetière, nous longeons l'île de Ponza, masse dentelée en forme de croissant, tout en surveillant la présence des nombreux engins de pêche posés par les pêcheurs.
Malgré les voiles établies, nous ne pouvons pas nous dispenser du moteur avant le début de l'après-midi. Nous avons retrouvé avec plaisir ETOILE MATUTINE dans notre champ de vision et réussissons même à échanger quelques mots. Ces deux voiliers que les caprices de la météo ont réunis sont inséparables.
En l'absence de vent réellement porteur, Pierre joue avec les voiles, mais notre progression est lente et je vois avec terreur l'heure d'arrivée s'éloigner... J'ai peur qu'il ait confondu Mer Tyrrhénienne avec Baie de Quiberon.

nav nav

En soirée, la mer est devenue un vrai miroir où se gonflent de minuscules petites bulles dont une membrane en forme de voile sort de l’eau, les fameuses méduses Veli Vela qui se répandent sur toute l’étendue d’une mer au gré des vents. Monsieur Perkins ronronne, pas de réglagesde voiles à effectuer et le temps de savourer quelques anchois, tout en contemplant notre premier coucher de soleil en mer. Un spectacle féérique, quelques minutes de rêve en voyant ce disque flamboyant s'enfoncer lentement dans l'eau. Rayon vert ?


Voici venu le temps de mon quart... Un tout petit quart… qui n'a rien de mathématique... et des réflexions philosophiques. Nous sommes maintenant seuls en mer, au centre d'un immense disque qui avance en même temps que nous... Donc nous sommes toujours au milieu... ANGOISSANT ! Se prendre pour le centre du monde, c'est agréable, mais ÊTRE le centre du monde et le rester, cela fait peur... Qu'est-ce qu'il y a de l'autre côté de l'horizon ? C'EST QUAND QU'ON ARRIVE ? Comme disent les enfants. Heureusement que Pierre me tire de mes questionnements et me permet de rejoindre Morphée. Il est 22heures. C'est son tour de contempler les étoiles en attendant que le soleil se lève. À l’heure du petit déjeuner, ENFIN une grosse masse sombre ferme l'horizon au loin. Nous sommes en vue de la côte sarde et de ses hautes falaises.

volpe volpe


C'est dans une baie pour milliardaires que nous jetons l'ancre après presque 29 heures en haute mer et quelques 162 MN parcourus. De luxueuses demeures à l'architecture très élégante et discrète se cachent dans la pinède... Le style sarde est préservé comme, parait-il, l'avait souhaité l'Aga Khan. Nous sommes en effet très proches de Porto Cervo.
L'hôtel « Cala Volpe » (2000 euros la nuit... en chambre double quand même), au fond de la baie, cherche à rivaliser avec LOGOS mais, lui au moins, au gré des vents, tourne sur lui-même pour nous donner un spectacle changeant.

 

Vendredi 7 juin 2013 : de CALA di VOLPE à anse « ROMAZZINO »
« De 5 étoiles en 5 étoiles »

baignade

Baignade matinale dans un vrai lagon, toujours frais avec seulement 20,7°C mais dynamisant.
Nous projetons une courte nav le long de la Costa Esmeralda. Inutile de chercher à établir le Génois dans ce couloir entre l'archipel de la Maddalena et la côte de Porto Cervo. Je dois avouer que, sans génois qui pourrait masquer la vue, il m'est plus facile de faire mon choix de maison... Elles sont toutes plus belles les unes que les autres, avec leurs cheminées sardes. Aucune ligne agressive ne heurte le regard, tout est arrondi et dégage une douce sérénité. Bravo aux architectes qui ont si bien œuvré en respectant le regard du passant.

hotel


Nous ancrons LOGOS dans le mouillage des grands... Juste devant un beau yacht dénommé ZED dont le propriétaire semble posséder une villa côtière... 40 mètres cela n'impressionne pas LOGOS qui, au petit matin se retrouve presque tout contre lui. Sur la côte, un nouvel hôtel de grand luxe, tout blanc... Un nouveau 5 étoiles : Hôtel Romazzino, le 7ème hôtel le plus cher du monde, juste derrière celui de Cala di Volpe... Combien les richesses du monde sont mal partagées...
Chansonnette de Zéphirin, non prévue par les météorologues.

 

Samedi 8 juin 3013 : de l'anse ROMAZZINO à PORTO RAFAEL via PALAU !

« Croisière pour Madame dans l'Archipel »

C'est à une belle croisière dans ce magnifique archipel de la Maddalena que Pierre me convie ce matin. Certes nous ne nous arrêterons pas dans le port de Porto Cervo, ne voulant pas avoir l'air ridicule avec nos deux barres de flèches dans le mat. Moins de 3 barres s'abstenir et de préférence afficher 4 barres comme le superbe voilier KOKOMO, venu ici pour participer à la très sélecte régate de Porto Cervo à laquelle nos amis d'ÉTOILE ont failli prendre part, malgré eux, et nous ont fait parvenir cette photo...

Régate

Parfois les routes des voiliers se croisent. Un bateau militaire semble marauder dans ce chenal si prisé, surveille-t-il quelque notoriété?
Nous passons le superbe mouillage de Caprera, pour rejoindre le port de Palau où nous espérons trouver gas-oil pour le tank et victuailles pour le frigidaire. En plus de la météo, il nous faut tenir compte du calendrier, nous sommes samedi, veille de dimanche... Lapalissade qui a son importance, le dimanche, tout est fermé !!!

palau


Une plage nous permet un mouillage temporaire à l'entrée du petit port et un avitaillement substantiel en attendant que la pompe à gas-oil soit approvisionnée... Au vu du nombre de gros yachts dans les parages, ce doit être une pompe lucrative et nous avons intérêt à être sur le qui-vive !

rafael rafael


Nous reprenons notre croisière en début d'après-midi jusqu'à une petite plage proche de Porto Rafael. Un petit air de Perros Guirec avec ces gros rochers aux formes arrondies de granite rose entre lesquels se sont nichées de superbes villas, jouant des volumes de ces blocs, tout en respectant la luxuriante végétation méditerranéenne... La perfection architecturale existe donc, dans le plus grand respect de l'environnement. Pourquoi ne peut-on imposer ces exigences partout ?
Nous profitons avec délectation du spectacle donné par les bateaux qui empruntent le canal entre Porto Cervo et Maddalena : magnifiques voiliers, yachts et ces petits ferries-boats « recto-verso » qui nous rappellent ceux qui traversent le Bosphore.
Le calme ambiant est impressionnant, mais, une fois de plus, le baromètre nous alarme, un orage est annoncé. Il nous faudra donc, dès demain, trouver un abri sûr.

 

Dimanche 9 juin 2013 : de PORT RAFAEL à PORT LISCIA

« Hot-spot pour véliplanchistes »

Nous ne pouvons nous attarder dans ce mouillage de « beau temps ». Une vaste baie, bien protégée nous attend à 5MN de là, soit une toute petite heure de navigation.

liscia


Sur la côte, les reliefs s'estompent, le maquis prend peu à peu possession des pentes, les habitations se raréfient puis disparaissent.
Le ciel et la mer se confondent dans la grisaille. Il est temps de jeter l'ancre dans la baie de Porto Liscia, non loin de l'immense plage qui la borde. Pas un port à proprement parler, seulement une base nautique. Rien de très pittoresque, surtout après le spectacle magique de l'Archipel de la Maddalena qui n'usurpe vraiment pas sa renommée. Ici, nous pouvons mouiller suffisamment de chaîne pour assurer notre ancrage et faire face à l'orage qui nous a atteints. Pierre a pris ses repères au télémètre de golfeur pour plus de sécurité (une pensée pour Mañana...).

veliplanchiste


D'autres voiliers sont aussi mouillés, tous en alerte. Seuls de nombreux véliplanchistes se déchaînent... Plus il y a de vent, plus ils sont contents... eux ! Ils nous offrent un superbe show, filant en travers de la baie. Nous comprenons maintenant pourquoi ce lieu est si prisé des vrais amateurs de planche à voile.

 

Du lundi 10 au mercredi 12 juin 2013 : PORT LISCIA

« Le string du pataras »

pluie pluie

 

De longues heures à surveiller le ciel, notre ancre et ces transparentes voiles qui sillonnent la surface de l'eau.
Le ciel pleure de grosses gouttes d'eau qui remplissent l’annexe et éclatent sur le pont de Logos... Au moins il sera bien rincé.

C'est avec un petit sourire malicieux que j'observe l'arrivée de trois voiliers dont les équipages sont harnachés (veste de quart, harnais) comme pour un stage aux Glénan en plein hiver. Je ne sais quel loueur leur a fait miroiter les charmes d'une navigation au soleil entre Corse et Sardaigne. Cela doit piauler dehors et il nous faudra patienter, après l'accalmie espérée, avant de reprendre notre route sur une mer « calmée » (dire que cela se chante !).

Pour l'instant, Éole s'époumone... 18, 20, 28, 37 Nœuds. En sécurité, une deuxième ancre a été mouillée. Logos se met en travers sous les rafales avant d’être bousculé sur son autre travers, tendant outrageusement la chaîne d’ancre sous les coups de boutoirs. Un bateau anglais voisin établit une petite trinquette sur le pataras. Et pourquoi pas nous ? Celui de LOGOS est trop grand. Pierre utilise une vieille voile récupérée, un peu de couture sur la minuscule machine à coudre achetée, sur un trottoir d’Athènes,à un camelot et Le bateau reste dans le lit du vent. Nous l’appellerons « Le String du Pataras ». Merci Messieurs les Anglais...

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Dès le retour du soleil et l'endormissement du vent, les voiliers de passage reprennent leur route, pour la plupart vers Porto Cervo, les véliplanchistes chevronnés disparaissent. Le canoë aménagé d’un furieux de la pêche fait son apparition… Moteur électrique s’il vous plait !!!

canoe


Nous préférons attendre que tout se stabilise avant de progresser vers l'Ouest.

 

Jeudi 13 juin 2013 : de PORT LISCIA à STINTINO
« Un petit air d'ailleurs »

Après le vent, la sonnerie du réveil pour débuter cette longue étape de 57MN. Une brume enveloppe encore la mer. Le grand voilier, et l'énorme yacht qui sont ancrés à l'entrée de la baie apparaissent comme des bateaux fantômes !
Mais, pour moi, un bon signe, le pont est trempé et comme dit Jean-Claude « C'est signe de beau temps ».
Nous quittons maintenant ce secteur de la Maddalena pour avancer le long de la côte Nord Sardaigne. Le paysage est de plus en plus banal, même les constructions semblent vouloir être en harmonie et les hôtels visent maintenant un tourisme de masse.
Nous apercevons, au loin, les côtes de la Corse et les célèbres Bouches de Bonifacio, tantôt merveille pour le regard, tantôt terreur pour le navigateur lorsque le vent s'y engouffre. Aujourd'hui tout est calme.

testa


Une fois le très beau Cap Testa (une évocation du Cap de Garde en Algérie pour Pierre) et son cordon de dangereux petits récifs passé, mon Capitaine se hasarde même à envoyer le Spi. Nous le tenons 2 heures avant de pouvoir le remplacer par le Génois, pour finir par la pétole la plus complète.

Après 10 heures de navigation et 6 heures de voile, le brise lame du port de Stintino est en vue. Dès l'entrée dans la rade, nous sommes pris en charge par le « cow-boy » d'une des marinas. Nous avions repéré trois possibilités dans ce port: Porto Mannu, en fait le vieux port pour de petites embarcations locales, Porto Minoré, une petite marina, et un mouillage... qui a disparu, remplacé par la « Marina di Stintino ». Nous ne nous plaindrons pas de cela, les tarifs proposés sont attractifs et la vue sur le village est superbe.

stintino stintino

stintino


Le mole a un petit air des Açores avec une belle exposition de photos marines sur le brise lame, quant aux infrastructures de la marina, composées de petites cabanes colorées et décorées, on se croirait aux Antilles.
Nous voisinons avec un superbe Sunbeam germanique mais qui affiche son appartenance à l'Europe. Astrid et Wolfgang parlent français, ce qui nous permet des échanges d'informations et de documents. Ils arrivent des Baléares et vont vers la Sicile.
Nous profitons d'une douce soirée dans la cockpit, nos oreilles charmées par « L'Ave Maria » joué par le carillon de l'Église de « l'Immaculée Conception ».

 

Vendredi 14 et Samedi 15 juin 2013 : STINTINO
« La mémoire préservée »

 

stintino stintino stintino stintino

Nous flânons avec plaisir dans ce petit port, de plus en plus tourné vers le tourisme, après avoir eu ses heures de gloire à l'époque de la pêche au thon. Une magnifique fresque évoque ces jours avec beaucoup de réalisme et rappelle que Stintino a été fondée au XIXe siècle par d'anciens déportés, devenus pêcheurs, dans l'île toute proche d'Asinari, maintenant réserve naturelle.
Les maisons sont soignées et, çà et là, de belles photographies d'habitants du siècle dernier préservent la mémoire de ce lieu et des gens qui ont permis son développement.

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Dans le vieux port, très pittoresque, nous pouvons admirer de nombreux bateaux colorés, aux voiles latines, un peu comme à Collioure.

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L'avitaillement y est cher, c'est à dire, plus cher qu'en Italie continentale, mais de bonne qualité. Nous nous laissons séduire par la poutargue, les raviolis et le fromage d'une boutique à l'ancienne tenue par un vieux monsieur très courtois, sans oublier deux bouteilles de cinq litres de vin rouge destinés à refaire le plein de nos cubis.
Il nous faut patienter pour bénéficier, dimanche, d'un petit vent porteur... La traversée de 200 MN sera longue et peu envisageable tout Perkins.
La journée de samedi est donc consacrée aux travaux ménagers et grande lessive, tout en surveillant les voiliers appontant non loin de nous.

stintino


Surprise en soirée, alors que nous préparons LOGOS et ses passagers pour une longue nav, lorsque, timidement, le propriétaire d'un voilier voisin vient s'assurer que nous sommes bien « Pierre et Martine »... Hé oui ! C’est bien nous... et surtout Pierre qui, par les informations et les conseils prodigués sur le site, a donné à Jacques l'audace de réaliser son rêve, rêve qu'il partage maintenant avec son épouse Brigitte.

Il nous est difficile de ne pas mieux nous connaître. Nos directions sont opposées certes, mais je pense que nous aurons plaisir à nous revoir en France. Un grand regret, ne pas avoir pu bénéficier des talents de musicien de Jacques... avec un voilier nommé SAXO, nous aurions pu nous en douter.

 

Dimanche 16 et lundi 17 juin 2013 : de STINTINO (Sardaigne ) à MAHON (Baléares)
« Coupés du monde »

Quelques courageux pêcheurs quittent le port en même temps que LOGOS. Personne n'est très matinal puisqu'il est déjà presque 7 heures. La journée s'annonce belle... et sans vent !

asinari asinari


Pour ne pas contourner l'île d'Asinari et ajouter 20 MN à notre parcours, nous empruntons une passe peu profonde « Passagio de la Polosa ». Œil sur le sondeur pour le Capitaine, œil scrutant les fonds pour la figure de proue... 5m, 3m, 2,70 m... flippant comme disent les jeunes. Par endroits, l'eau est émeraude et de belles étoiles de mer se prélassent sur le fond de sable. Certes ce plan d'eau est magnifique, mais, pour nous, passants, le soulagement est grand lorsque le sondeur affiche des profondeurs croissantes... Ouf !
Il nous faut, ensuite, contourner l'imposant et sinistre Cap Falcone, masse agressive en roches volcaniques. La côte est déserte et prend des airs d'Irlande.
Il est temps pour nous de mettre le cap sur Minorque... Cap au 250 jusqu'à l'arrivée et de nous éloigner des côtes et de toute présence humaine.
Une brise légère incite Pierre à lancer le Spi... 4Nd, 3,5Nd... Nous patienterons deux bonnes heures au rythme petite croisière « côtière »... mais je regarde avec angoisse la Sardaigne qui disparaît trop lentement à l'horizon... À ce rythme-là, je ne suis pas prête de revoir une autre côte !
Nous sommes SEULS... terriblement SEULS... à la fois exaltant et stressant. Ce n'est qu'en soirée, sans doute au large de Marseille, que nous croiserons plusieurs cargos sur le rail pour Fos.

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Lassé du ronron Perkins, le Capitaine sort à nouveau le Spi de sa chaussette pour une bonne heure. Le spectacle du Spi dans le soleil couchant est tellement beau que de curieux dauphins semblent vouloir en profiter et bondissent hors de l'eau.
En compagnie de Monsieur Perkins, je commence ma veille, tandis que, sous le ciel étoilé, LOGOS glisse son étrave dans le rayon de lune qui se reflète dans la mer... Quart d'heure de poésie, un peu à la façon de Lamartine...
C'est vers 1 heure du matin que Pierre peut assister le moteur en déployant le Génois, avant de pouvoir se contenter des voiles seules. Commencent alors les grandes manœuvres... Le vent monte : un ris, il se calme, plus de ris, il s'excite un ris... ainsi de suite toute la journée, sur une mer de plus en plus turbulente qui bouscule Logos et ses passagers, surtout la passagère... Un coup en l'air, un coup en bas, puis à tribord, puis à bâbord... Ouïe l'équilibre !!!

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Peu à peu le corps et le cerveau perdent tout repère... c'est tragique, avec cette impression que cela ne s'arrêtera jamais. Et si, l’espace de quelques instants, la machine à laver s'arrête, on s’empresse vite d’oublier...
Pierre, à la barre, supplante le pilote pour mieux effacer les vagues, mais  le vent continue à se renforcer. Depuis ce matin, nous flirtions avec les 20 Nœuds, nous en sommes à 25, puis 30 avec un angle qui a tendance à se refermer. Ce n'est qu'en approche des côtes minorquines que le vent faiblit un peu, mais la mer en revanche est toujours aussi bousculée. Les hautes falaises de Minorque sont en vue, sinistres dans les vagues qui éclatent le long des parois. Un vaste mur d’enceinte, un canon et des hélicoptères révèlent la présence d’infrastructures militaires.
Le passage conduisant à la baie de Teulera est frangé d'écume.

teulera


16h30, nous jetons l'ancre dans l'eau turquoise. La boucle est bouclée, 11 ans et 3 mois après, nous voici revenus à notre point de départ, après avoir parcouru 14.500 Millles, hissé 14 pavillons de courtoisie, visité 17 pays et rencontré des centaines de gens attachants, navigateurs ou non. Nous allons pouvoir « nous poser » un peu, tout en profitant des beaux mouillages des îles Baléares.

 

nous

 

A SUIVRE... Vers Carnet de bord 2013 N°2, la suite