Mise à jour : 2015

___ Les carnets de bord de Martine___

Année 2012

Notre périple a débuté il y a dix ans. Pour cet événement, LOGOS retourne en Adriatique et en Mer Ionienne.

Partie N°1

route 2012

 

logos

 

Du 28 avril au 2 mai 2012 :
« Par la route »

arrivée


 


Cette année, pas de transes avant la pesée de nos bagages à l’aéroport, c’est en voiture que nous avons décidé de rejoindre Logos, au Sud de l’Italie. En effet, il nous faut acheminer un beau panneau solaire acheté au Crouesty ainsi que la pipe d’échappement du moteur que Pierre avait dû bricoler l’an passé en pleine navigation. Outre nos bagages habituels, un moteur hors-bord électrique avec sa batterie, un GPS fixe, du matériel de bricolage, nous profitons de ce confort pour enrichir notre réserve de vin et de conserves. Même nos réputées plantes aromatiques sont du voyage, complétées par le joli pot acheté à Hoëdic par Mora Mora… C’est donc un peu du Morbihan que nous emportons avec nous et dont nous prendrons soin pendant notre navigation.
Après notre plein de tendresse fait en région parisienne, puis à Grenoble, ce qui nous permet - par étapes - de nous préparer au grand voyage, nous prenons, bien chargés, la direction du Sud et, plus précisément, de Crotone où nous attend Logos.
Une belle étape florentine est prévue, pour couper le voyage de quelques 1600 Km, mais, pour cause de pluies diluviennes, il nous faut shunter Florence, puis Sienne. Ce n’est qu’au cœur de la Toscane, à Montalcino, pittoresque bourgade perchée sur une colline, qu’une belle éclaircie nous permettra de faire une pause de deux jours pour apprécier cette pittoresque région.
Tous les tunnels passés, la pluie, les innombrables radars – pas tous repérés - et la circulation assez dense, la vaste chambre au haut plafond de poutres qui nous accueille à l’auberge familiale Giardino, sur la place du village, est la bienvenue, ainsi que le repas de tagliatelles à la truffe blanche du restaurant « El Angolo », arrosé bien entendu d’un vin de la région.
Le lendemain, sur les conseils de Mario, notre aubergiste, nous prenons la direction d’un monastère franciscain voisin : l’Abbaye Sant’Antimo, un magnifique exemple de l’architecture romane, nichée au cœur de cette campagne toscane, toute en rondeurs harmonieuses révélées par un éclairage diffus. C’est une belle harmonie de verts, du tendre au plus soutenu, ponctuée par le jaune des champs de colza qui s’étend devant le regard. De vastes bâtisses de pierres et tuiles, bien assises au bout d’une longue allée bordée de cyprès, nous rappellent que nous sommes dans une région agricole productrice de fruits, d’olives mais surtout de ce fameux vin, le « Brunello de Montalcino ».

À Castelnuovo, joli village fortifié, pour le 1er mai, une grande table est dressée dans la ruelle principale et accueille musiciens, danseurs et voisins convives.


Au loin, une brume fantasmagorique, entre ciel et terre, donne au paysage une irréalité pleine de poésie et tous ces petits villages perchés semblent comme endormis par cette douceur de vivre.
Notre seconde soirée, outre la découverte plus approfondie de Montalcino, élégante cité dominée par son château, nous permet d’apprécier l’excellente cuisine de l’Osteria Porta al Cassero, et de compléter notre provision de « vins de voyage ».


Lorsque nous reprenons notre route, le jour suivant, « l’aubergine » (bleue en Italie) est déjà à l’affût, prête à dresser des procès-verbaux aux contrevenants. La trêve du pont du 1er mai a été de courte durée… même dans ce petit paradis ! C’est sans réelle surprise que nous retrouvons tous ces radars, boites à flashs annoncées par un petit agent «Playmobil », ou, plus traîtreusement, fixés sur des ponts enjambant la route.
C’est en soirée que nous abordons Crotone et notre chantier « Porto Vecchio ». Elio nous attend et la grande grille s’ouvre pour nous permettre de nous approcher de Logos et de décharger le fatras de nos bagages, une fois de plus dignes d’une énumération à la Prévert. Logos nous a sagement attendus, prêt à reprendre du service.

toscane


Depuis un voilier voisin, « OCEVA », Maryannick et Michel, familiers de notre site, nous font signe. Les grandes présentations seront pour demain, mon chauffeur est épuisé.

 

 

Du 3 au 11 mai 2012 : CROTONE (Italie) : « Porto Vecchio »
«Laborieuse préparation... »

crotone


Peu à peu, notre vie s’organise à Porto Vecchio, chantier géré avec beaucoup de gentillesse et de tact par Elio dont nous aurons le plaisir de fêter les 30 ans… bien jeune pour tant de responsabilités. Chacun prépare son voilier pour un départ proche… Notre voisin britannique s’affaire avant de prendre la direction du Monténégro, Michel et Maryannick en sont aux finitions mais ne se pressent pas, espérant que nous ferons un bout de chemin ensemble. Pierre s’active : remplacement de la pipe d’échappement défectueuse, dépose de l’ancien panneau solaire, adaptation du support et pose du nouveau, installation d’un nouveau GPS avec les difficultés de branchement liées à la couleur bien anarchique des câbles, changement difficile et imprévu d’une vanne des toilettes, passage de l’antifouling… qui se révèle être noir alors que nous le pensions bleu.

plantes

Pour moi, programme couture, lavage et jardinage, le pied de menthe de notre navigation précédente, planté entre deux magnifiques rosiers du chantier est bien vigoureux mais ce sont les nouveaux plants qui seront du voyage, avec un beau bégonia acheté à Crotone.
L’animation est toujours discrète sur le chantier, certains voiliers sortent de leur hivernage, d’autres font une escale pour un rafraîchissement, tandis que les « Coast-Guards » révisent eux-mêmes l’une de leurs embarcations.

crotone crotone crotone


En ville, l’ambiance est très festive, c’est le mois de Marie, célébré ici par des concerts, des compétitions de gymnastique entre écoles et clubs.
Nous apprécions toujours l’ambiance un peu provinciale de Crotone et commençons à y avoir nos habitudes : le petit marché quotidien pour nos fraîcheurs, la poste, la boutique WIND pour la téléphonie dans laquelle Pierre fera de fréquents séjours pour finaliser la réception internet et, en désespoir de cause, faire affaire avec TIM… Grâce à notre voiture, nous effectuons un avitaillement substantiel chez Auchan .

 

crotone crotone

Un peu de tourisme local avant de prendre la mer nous permet de découvrir la Calabre. Le bord de mer, encore endormi, est peu engageant, hôtels et résidences sont encore en réfection et négligent les ordures qui s’entassent au bord des routes. Depuis la plage, la vision des plateformes pétrolières qui rouillent à l’horizon a du mal, malgré la couleur émeraude de l’eau, à faire oublier la civilisation.
C’est l’arrière-pays, au nord de Crotone, appelé le Marchesato, qui nous apporte le dépaysement espéré, une fois la zone commerciale passée. La plaine se vallonne, une très petite route en lacets, parfois à demi effondrée, entre forêts et oliveraies, nous permet de découvrir de pittoresques villages : Scandale, San Mauro… et d’apprécier tout particulièrement celui de San Severina, comme protégé par les hautes murailles de son imposant château normand, très animé en ce premier mai. Une grande table est dressée dans la ruelle et accueille musiciens, danseurs et voisins convives.

 

Samedi 12 et dimanche 13 mai 2012 : de CROTONE à OTRANTE via SANTA MARIA DI LUCA (Italie)
« C’est parti ! »

Une longue attente a commencé. Turquie, Italie, même patience indispensable avant les manipulations de mise à l’eau… Le grand camion-grue s’est animé dès le matin pour déposer trois autres voiliers dans la darse et ce n’est que vers 15h30 que Logos se retrouve sanglé et soulevé. Il slalome avec beaucoup de délicatesse entre les voiliers encore perchés sur leurs bers. Il ne faut pas être stressé pour manipuler cette grande grue au centimètre près ; nous admirons le calme et la concentration d’Elio pendant la manœuvre.

mise à l'eau mise à l'eau mise à l'eau


Il est 16h30, Logos retrouve le contact de l’eau… Un rapide contrôle de toutes les entrées d’eau possibles. Le voici libre de naviguer. Une baisse du baromètre et la perspective d’un vent qui rendrait notre déhalage difficile nous fait envisager d’emblée une navigation de nuit… Quel départ pour une nouvelle saison !

plateforme


17h15, c’est parti, cap au 53. Les automatismes sont vite retrouvés. Nous pouvons commencer la longue traversée du Golfe de Tarante, soit 70 MN jusqu’au port de Santa Maria di Luca que nous avions shunté lors de notre navigation avec « Phrynée » en 2002. Nous passons devant les trois plateformes pétrolières que je persiste à prendre pour des tankers… de nuit passe encore, mais en plein jour !!! Elles s‘estompent à l’horizon. La navigation nocturne est calme et, au lever du soleil, les voiles succèdent au moteur.

 

nav sta maria

Un phare, une ville blanche méditerranéenne aux maisons cubiques, un clocher, une marina presque vide où nous accueille le veilleur de nuit. Il n’est que 6h30 et les bureaux n’ouvriront qu’à 9 h. Cinquante euros annoncés pour un appontement, cela fait réfléchir. Nous avons deux bonnes heures pour récupérer un peu et reprendre notre route, soit 22MN au moteur pour cause de vent dans le nez, jusqu’au port suivant d’Otrante où nous attend OCEVA.

otrante


Il est 14h15 lorsque nous pénétrons dans le port d’Otrante qui nous semble bien changé depuis notre dernière venue. Le quai de l’enrochement de la digue où nous avions apponté avec « Phrynée » est maintenant réservé aux navires de la Guarda Finanza et aux chalutiers. Les pontons d’un Yacht-Club privé ont pris possession de la darse, seules quelques places … moins d’une dizaine… sont disponibles pour les bateaux de passage. Heureusement, Michel est là pour prendre nos amarres et nous proposer un café à bord d’Oceva avant une bonne sieste réparatrice. C’est bon d’être attendus !!!
Comme dans tous les ports, les quais sont la destination de la promenade dominicale des Otrantais qui viennent rêver devant ces voiliers voyageurs. La chaleur est estivale et fait penser aux prochaines baignades.

jumbo


Sur le voilier voisin du nôtre, pas de « Ptit Louis » ce chat si futé, compagnon de Jacky et Claude sur « Phrynée », voisins de Logos en 2002 - un chat auquel il ne manquait que la parole - mais un magnifique chien noir répondant au nom de « Jumbo », peut-être un peu trop bavard - ou plutôt aboyeur - et peu engageant de prime abord.

 

 

Du 14 au 19 mai 2012 : OTRANTE (Italie).
« Attente de vent favorable. »


La dépression annoncée est bien là, le chaud soleil a fait place à la pluie qui crépite sur les capots. Nous avons bien fait de quitter Santa Maria di Luca, nous y serions encore et, à cinquante euros par jour !!! Après les supputations quant à un éventuel départ pour traverser l’Adriatique en direction de Dubrovnik, les « Ça va pas le faire » faisant suite au « C’est jouable » et l’étude des cartes météo qui, au fil des jours, virent au flamboyant, nous remettons notre traversée à la fin de la semaine et en profitons pour faire un peu de tourisme avec OCEVA.

oceva


Nous avons fait plus ample connaissance avec Michel et Maryannick, ses propriétaires, deux très sympathiques tourangeaux, familiers du Crouesty puisqu’ils y avaient leur voilier avant de le mener en Méditerranée et projetons de remonter les côtes croates ensemble.

otrante otrante otrante otrante

 


En attendant les grandes aventures, nous nous contentons de la visite d’Otrante avec sa Cathédrale dont le pavement de mosaïques représentant l’arbre de vie évoque le « Logos » (la parole divine) et la chapelle garnie de vitrines où des centaines crânes exposés témoignent du martyr par les turcs de ceux qui ont refusé de renier leur foi. Nous allons de même à Lecce, tout comme il y a 10 ans.

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Un bel autobus à deux étages presque pour nous seuls… nous conduit à travers la province du Salento, région de cultures maraîchères, sans grand charme, aux maisons de pierre grise cubiques et basses. La gare routière de Lecce nous semble bien loin de ces gares routières turques si animées : juste un guichet pour acheter les billets. Une vaste avenue nous conduit au « Centro historico » de Lecce que, tel l’Empereur Hadrien, nous abordons par une porte monumentale dite « Puerta di Napoli ». Nous voici dans la « Florence du Sud », capitale des Pouilles, qui offre encore au visiteur des vestiges de ses occupants successifs avec son amphithéâtre romain, son château normand à l’architecture militaire, ses églises et bâtiments baroques. Ce musée à ciel ouvert permet une agréable promenade.

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Mais c’est le cimetière qui retiendra le plus notre attention pour son aspect surprenant, avec ses somptueux édifices baroques où, autour du « Patriarche », sont groupés ses proches dans des caveaux superposés. Une étrange réunion de famille dans l’éternité !
Au port, nous commençons à avoir nos habitudes et nos familiers dont Davis, le maître de Jumbo, un italien avenant, très heureux de sympathiser avec Pierre et de partager avec lui les questionnements au sujet de la météo.
Un voilier connu nous a rejoint, par hasard. Surprise en constatant qu’il s’agit de MAEVE’S, en provenance de Corfou, une vieille connaissance de Yacht Marine, croisé en Syrie avec, à son bord, Edmy et deux co-équipiers. Nous serons donc trois à traverser ensemble l’Adriatique mais, en attendant, il nous faut faire face au fort coup de vent annoncé… Tout comme à Monemvasia l’an dernier, les voiliers sont solidarisés l’un à l’autre puis éloignés du quai… Nous voici donc tous en quarantaine, chacun comme sur son île, en attendant des heures plus engageantes… Cela met de l’ambiance et assurément renforce les liens ! Effectivement, le vent soulève des vagues jusque dans le port … Le vent hurle, les amarres se tendent, grincent mais résistent. Nous prenons notre mal en patience.

otrante

Croatie

Dimanche 20 et lundi 21 mai 2012 : d’OTRANTE (Italie) à DUBRONIK (Croatie).
« À travers l’Adriatique»


Dès 5 heures du matin, les trois équipages sont sur le pont bien humide… Bon présage dirait Jean-Claude. Les chalutiers sont déjà en manœuvre pour partir en pêche.

 

déparet départ


C’est en escadre que nous sortons tous trois du port et longeons cette ville blanche enclose dans ses murailles, puis les falaises basses. Cap au 355, le soleil brille, la mer est plate et la présence de nos deux comparses est rassurante. Quelques tankers croisés, des dauphins assez peu intéressés et des manœuvres de voiles, assistées du sieur Perkins jusqu’au moment où le vent se renforce et nous permet de n’établir que les voiles. La nuit est calme, les trois bateaux restent groupés. Dans le petit matin, une chaine de montagne éclairée par le soleil levant se révèle à l’horizon, le but est proche.

 

dubrovnik


Nous longeons Dubrovnik, contournons un cap pour pénétrer dans la baie profonde où se trouve Grüz, port d’entrée en Croatie. Le quai d’accueil des douanes est déjà investi par de gros ferries, deux voiliers Sunsail et un superbe Hallberg Rassy 54 de Valetta. Il ne nous reste plus qu’à faire des ronds dans l’eau en attendant.
C’est enfin notre tour d’apponter pour faire les formalités d’usage : deux visites au bureau de la police, une à celui du Harbour Master qui, avec le sourire, nous déleste de 315 Euros qu’il nous faut convertir en 2365 Kunas au bureau de change voisin… Ne pas oublier que la Croatie, c’est encore pour une année, le pays de « Tout en Kunas ». Une fois que nous avons acquitté notre droit de navigation, la taxe sur les phares, les frais administratifs, la carte de navigation, auxquelles s’ajoute une taxe de séjour touristique et fait un détour par le bureau des douanes, nous sommes enfin autorisés à nous sentir un peu Croates (avec nos corps beaux prétend Patrice).
Le quai qui nous avait accueillis en 2002 est exclusivement réservé aux grands yachts et nous n’avons pour seul recours que le Yacht Club de la rive opposée « ORSAN J.K » qui, heureusement, réserve quelques places de passage. Nous allons pouvoir prendre un peu de repos, organiser notre visite de Dubrovnik tout en profitant de l’atmosphère conviviale de ce club et du restaurant installé sur le quai.

 

Mardi 22 mai 2012 : GRÜZ « Orsan Yacht Club »
« Visite de Dubrovnik »

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Après une douce nuit, nous voici d’attaque pour aller revoir Dubrovnik accompagnés d’OCEVA, tandis que Edmy prépare MAEVE’S pour le venue d’Anne, son épouse. Un bus nous permet de rejoindre ce site mythique auquel je rends visite pour la troisième fois, toujours avec le même plaisir. Si, pour moi, les années ont passé, Dubrovnik, semble ignorer les attaques du temps et des hommes puisque même les impacts de balles dans les murs des façades que nous avions pu voir en 2002 ont été soigneusement bouchés pour donner aux touristes d’un jour l’image d’une ville pleine d’harmonie et d’élégance. Aujourd’hui, Dubrovnik fait recette, envahie par ces groupes de touristes déversés par les gros paquebots de croisière. Nez au vent, ils arpentent le Stradun, jettent un coup d’œil à la fontaine d’Onofrio, aux façades des maisons jusqu’à la colonne d’Orlando et la Cathédrale. Certains iront jusqu’au petit port de la Cité en passant sous la tour de l’horloge, mais peu omettront d’acheter une glace dans la Grand’rue tout en surveillant le parapluie de la conférencière, tenu à bout de bras, même par ce chaud soleil. Que connaitront-ils de ces ruelles ombragées, de ces escaliers qui gravissent la montagne ? Auront-ils seulement échangé un sourire avec un croate, essayé de balbutier quelques mots pour se faire comprendre. Nous aurons fait tout cela, prenant plaisir à flâner dans cette ville, blottie derrière ses hauts remparts, comme pour protéger les trésors qu’elle renferme.
Pour Pierre et Michel qui savent toujours joindre l’utile à l’agréable, une visite à la boutique de téléphonie nous permet de mettre à jour notre contrat Internet croate… Difficile de faire comprendre nos exigences, assez peu communes pour des touristes… Mais une fois de plus, avec un peu d’anglais, un sourire et de la patience, nous y arrivons.

Ce soir, réception chez Edmy.

edmy edmy

 

Mercredi 23 mai 2012 : de GRÜZ à ZATON.
« Navigation bretonne »


Après une matinée flânerie, le plein de gas-oil fait, nous prenons la direction du bras de mer suivant, à 2,5MN, espérant y laisser passer la pluie, pour jeter l’ancre dans Luka Zaton, sorte de petit lac de montagne dans un bel environnement verdoyant, face à la petite église bien nichée, entourée d’élégantes villas. Un bel endroit pour regarder passer les nuages, un feu de broussailles et commencer notre navigation que nous espérons décrire bientôt comme estivale.

 

Jeudi 24 mai 2912 : de ZATON (Luka Zaton) à OTOK LOPUD (Uvala Sunj)
« C’est l’automne »

zaton


Sous un ciel gris et lourd, malheureusement éclairé par un incendie qui semble se propager dans la pinède, nous avons l’impression de nous trouver sur un lac suisse en automne. Nous voici donc partis dès 9h30 pour une navigation de 5MN au moteur, dans le vent, le froid, les vagues, espérant trouver plus loin un peu de complaisance météorologique.
La petite baie de Sunj, sur l’île de Lopud, est encore déserte mais le restaurateur qui y a installé ses transats et parasols (un peu superflus aujourd’hui) semble espérer une clientèle enhardie par une éclaircie.
Plusieurs voiliers nous ont rejoints, signe que la saison de navigation a aussi commencé pour les « locataires ».
Pour nous, malgré les 19°C affichés par le thermomètre de bain, nous nous offrirons notre première trempette, courte, mais surement revigorante.

bain

 

Vendredi 25 mai 2012 : d’OTOK LOPUD (Uvala Sunj) à OTOK MLJET (Saplunara).
« Toujours gris »

 

mljet mljet


Encore une fois, avec envie, nous regardons des voiliers descendre vers le Sud sous génois… mais, pour descendre, il nous faut tout d’abord monter et c’est le vent dans le nez que nous parcourons les 10MN, sous un ciel obstinément gris. Sur « OCEVA », Michel prend son mal en patience et sort sa canne à pêche… pour lui faire prendre l’air. L’Adriatique est maintenant vide de tout poisson. Il ne nous faudra pas compter sur nos pêches pour améliorer notre ordinaire. Dans la vaste baie que nous avions fréquentée en 2002, la pinède a été rongée pour faire place aux constructions de toutes sortes, villas, résidences, hôtels. Nous sommes loin de ces maison inachevées des années soixante. Le bâtiment semble être très florissant en Croatie, investissement croate ou étranger, nous ne le saurons pas.
Heureusement, pour nous, la saison estivale n’a pas encore débuté et le site semble comme endormi.

 

Samedi 26 mai 2012 : MLJET : de « Saplunara » à « Pomena »
« Zeus se fâche ! »

 

zeus zeus


Nous voici, dès 8h, partis pour la longue remontée de l’ile de Mljet, étirée sur 22MN. Rapidement c’est une allure de Prè qui nous propulse le long de la côte Sud, sous la menace de gros cumulus noirs. Le ciel s’assombrit, le tonnerre gronde, d’abord au loin, puis de plus en plus près. Nous n’échapperons pas à l’orage et ses éclairs. Logos, dont le génois a été réduit, continue de tracer sa route, sans souci des seaux d’eau qui se déversent sur son pont et sur son barreur. De toute façon nous n’avons pas le choix, cette côte n’offre aucun abri. Nous apprécions, et sans doute réciproquement, la présence rassurante d’OCEVA, lui aussi dans la même galère.

pomena


Quel soulagement lorsque nous pouvons jeter l’ancre plus au calme dans la baie de Pomena, au Nord de l’île de Mljet, à la grande déception des restaurateurs dont le ponton est désert. Pour nous, après le repas léger à bord de Logos, un peu de repos et, à la faveur d’une belle éclaircie, nous envisageons la célèbre excursion au monastère Sveti Marija bâti sur un îlot du lac salé Veliko Jezero, au cœur d’un Parc national.

pomena


Depuis le village, une belle promenade à travers la pinède nous conduit au bord de l’un des deux lacs d’eau salée aux fascinantes couleurs vert émeraude. Un bateau nous transporte sur l’îlot où se dressent un ancien monastère bénédictin et l’église Sainte Marie qui frappe par sa simplicité et la beauté de ses vitraux. La découverte de vestiges romains a malheureusement entrainé des fouilles détruisant le petit cloître attenant mais la force de la nature semble ici vouloir contrer la volonté de l’homme et la luxuriance des lys, des coquelicots, rappelle d’avantage le paradis dans lequel Ulysse fut retenu par Calypso qu’un site de recherche archéologique.
Nous terminerons cette journée pleine de contrastes par un apéritif sur Logos avec Michel et Maryannick auxquels notre compagnie ne semble pas trop peser.

 

Dimanche 27 mai 2012 : D’Otok MLJET « Pomena » à Otok KORCULA « Uvala Racisce »
«Nouveauté 2012   »

vers korcula vers korcula

 

Pas de grasse matinée dominicale, pas de volée de cloches pour fêter le soleil revenu. Dès 9 heures, OCEVA et LOGOS, tels deux fringants coursiers, filent déjà sur les flots… Pas pour très longtemps puisque, un peu plus d’une heure après le départ, Monsieur le Vent décide de prendre son repos syndical et nous laisse le souffle coupé ! Dommage car nous avions 11MN à parcourir. Pierre va pouvoir, à loisir, suivre sa route sur la tablette qui a maintenant l’honneur de prendre place juste devant la barre et lui permet de visualiser la navigation en temps réel, sans avoir besoin de descendre voir l’ordinateur. Plus de cartes papier imprimées au départ, tout est sur la tablette, y compris la position du bateau et sa trace. Quelle économie, quelle sécurité !!! La tablette, c’est aussi maintenant « l’alarme mouillage »… Non rassurez-vous, il ne s’agit pas d’une alarme d’incontinence, mais plus exactement du marquage de notre point d’ancrage pour surveiller tout décrochage. Là, c’est la co-équipière « multitâches » qui intervient au moment du jeter d’ancre… Un œil sur le sondeur, une main sur le levier de vitesse, un doigt sur l’écran de la tablette permettant de marquer le moment où l’ancre tombe… sans oublier le troisième œil dirigé vers le capitaine pour observer ses gestes, tandis que les oreilles essaient de capter ses ordres… pas toujours évident !!!

 

racisce


Donc, à 11h45, mouillage dans une sorte de lagon vert où s’ébattent des enfants peu soucieux de la température de l’eau qui ne dépasse toujours pas les 19 à 20°C. Racisce, proche de la capitale de l’île Korcula, semble devenir un lieu de villégiature prisé, les maisons y sont neuves ou en construction mais tout reste discret et élégant.

 

Lundi 28 mai 2012 : Otok KORCULA : d’ « Uvala Racisce » à « Uvala Luke ».
« Navigation P.C. »


Un programme « détente »… 2MN entre les îlots pour jeter l’ancre dans la baie voisine de la ville de Korcula qui nous permet d’admirer cette ville enclose dans ses murailles protectrices, avant d’aller en faire la visite ; un bon moyen, croyons-nous, d’échapper aux charges excessives d’une marina dont nous n’avons nul besoin. Tout est calme dans cette sorte de bout du monde ceint de belles demeures et nous pouvons nous prendre pour ces marins vénitiens qui abritaient leurs galères en ce lieu.

korcula korcula korcula korcula

korcula korcula korcula korcula korcula


Une fois l’annexe appontée près du rivage, la petite ville de Korcula est à portée de pieds. Nous retrouvons avec plus de plaisir qu’en 2002 cette ville aux anciennes rues pavées de marbre, tracées en arêtes de poisson pour fournir à ces habitants chaleur ou fraîcheur. Beaucoup de petites échoppes de bijoutiers, de nombreuses « Konobas » (traduire auberges familiales), beaucoup d’églises dont cette belle cathédrale Saint Marc dans laquelle nous avons accompagné Mimy en juillet 2002. Ici la pierre de Korcula est reine, prisée à toute époque et principalement à l’époque Renaissance, très marquée dans la décoration des façades des maisons ornées d’élégants balcons.
Si Marco Polo est un enfant du pays, comme le rappellent les enseignes de nombreux commerces, sa maison natale, aux ruines masquées derrière une haute palissade, n’est guère à l’honneur de ce grand explorateur.
Le shipchandler de la marina dans laquelle nous avions eu à souffrir des incivilités d’un navigateur autrichien permet à nos deux skippers de s’équiper d’une vanne neuve… chasse aux fuites et c’est au Supermarché Konsum, chaine bien implantée en Croatie et fort bien achalandée, que nous pouvons veiller au réapprovisionnement de nos frigidaires et réserves.

 

Mardi 29 mai 2012 : Otok KORCULA « Luka Vela »
« Racket ! »

michel


Journée rangement pour les dames, bricolage pour les skippers avec montée au mât assistée par Pierre pour Michel.
Le temps incertain a repris l’avantage, nouvel orage, vent et pluie font que, peu à peu, la baie se charge. Une belle aubaine pour le racketteur municipal (ici, chaque municipalité gère ses mouillages et a toute liberté de tarifer). Nous voici taxés de 16 euros simplement pour avoir jeté l’ancre dans cette baie et encore, avec une infinie gentillesse, nous apprenons que nous aurions dû déjà être taxés la veille… Avec l’argent ainsi prélevé sur de simples mouillages, ils vont bientôt pouvoir y installer des bouées encore plus lucratives… Plaisance, vache à lait… On trait, on trait… mais que se passera-t-il lorsque le veau quittera la « Mer » ?

 

Mercredi 30 mai 2012 : D’Otok KORCULA (Luka Vela) à Otok SCEDRO (Luka Lovisce)
« Hé ! 50 mètres de chaîne…»

korcula korcula


Est-ce l’effet fin de mois, c’est sur une mer quasi déserte que LOGOS et OCEVA cheminent après avoir, une fois de plus, admiré Korcula dans le soleil levant, sur son promontoire. Nous voici partis pour 24 MN… que nous ne ferons qu’au moteur, malgré les velléités venteuses du départ. Nous remontons vers le Nord puis longeons la côte Ouest de l’île de HVAR, longue dorsale de quelque animal préhistorique à demi immergé, n’offrant aucune échancrure où se nicher, pour nous arrêter sur Otok SCEDRO, petit îlot verdoyant au sud de l’île. La Grand-Voile a pris l’air, le génois a fait le beau, mais c’est en fait Pépère Perkins qui nous a menés à bon port, ou plutôt bon mouillage, dans Luka Lovisce, encore un petit paradis à l’habitat discret mais qui sera rapidement très revendiqué et nécessitera une surveillance et des interventions de Pierre pour préserver notre minimum vital.

 

lovisce

 

Jeudi 31 mai 2012 : d’Otok SCEDRO (Lovisce) à Otok HVAR (port), puis MARINKOVAC
« Qui a fait ‘spi’ ’spi’ ? »

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Notre mouillage est un vrai lac, il favorise notre première baignade matinale, non plus seulement de confort, mais de plaisir.
Un jeune garçon en barque vient nous proposer les productions de sa famille. Il se fait si charmant, nous rappelant nos petits vendeurs en Turquie, que nous succombons à son sourire et ses efforts pour s’exprimer en français… Tellement rare ici où il vaut mieux parler allemand pour être compris… et faisons pour 75 Kunas l’achat d’extrait de lavande et d’une petite bouteille d’eau de vie… soit 10  Euros.
Après un départ au moteur, Pierre rêve de sortir enfin son Spi… mais voilà, le spi fait « spi,spi » et sort tout dégoulinant de son coffre… en laissant plus de 3 litres d’eau derrière lui…. de bien grosses envies nocturnes ? Salé ? Sucré ? Nettoyage du coffre. Au goût plutôt saumâtre et croupi des supputations sont émises, sans réelles réponses à part une fuite possible du capot sous l’effet des pluies d’hiver… en épargnant les matelas… Merci !
Pendant ce temps, le Spi, faute de vent, ressemble à un vieux drapeau en berne et pendouille lamentablement… tout en séchant.

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La baie du port de HVAR est maintenant garnie de bouées mais il nous est cependant possible d’y mouiller pour quelques heures, le temps de la visite, de quelques emplettes en espérant que nos ancres seront respectées.
Encore une belle promenade dans cette petite ville surmontée par son imposant château fort, avec sa belle promenade en front de mer, sa vaste place au dallage de marbre et ses élégantes maisons renaissance. Le petit théâtre visité il y a dix ans est fermé ; dommage, il était assez surprenant de voir théâtre aussi ravissant construit au-dessus d’un ancien arsenal, simplement pour satisfaire le propriétaire de ce dernier.
Nous irons avec plaisir fouiner dans les ruelles arrière, plus intimes, plus révélatrices de la vie des habitants, échappant à la curiosité des touristes de groupe.
Nous avons repéré un petit marché de fraîcheurs, bien achalandé, et constatons avec plaisir que la vilaine moustachue qui, il y a dix ans, « escroquait » de nombreux clients, abusant de leur difficulté à manier les chiffres croates, avait laissé la place (peut-être fortune faite ?) à une jeune maraîchère « honnête ». C’est donc bien chargés que nous regagnons Logos. Il est temps pour nous de gagner un mouillage plus tranquille, surtout que le retour des nombreux bateaux promenade réduit singulièrement la place disponible (ils apponteront à quatre de front).

C’est dans l’îlot de Marinkovac, juste en face de la ville de Hvar que nous choisissons de nous réfugier après cette belle journée, malheureusement un peu douloureuse pour Pierre qui a laissé trainer un orteil (le plus petit, celui qu’il préfère) et se retrouve dans l’obligation de l’immobiliser… pour longtemps… Ce dernier, tordu, froissé souffre d’une forte entorse. Une attelle de fortune avec un morceau de bois, beaucoup de sparadrap et la protection d’un tuyau offert par OCEVA, sectionné dans sa longueur, entourant la contention

 

C’est ainsi que Pierre « prend son petit doigt de pied »… tube tuyau de l’été 2012 !!!

marinkovak


Nous voici dans une jolie baie, entre deux ilots, où nous allons pouvoir attendre sagement MAEVE’S, qui, après avoir retrouvé son équipière favorite, cherche à nous rejoindre.

 

Vendredi 1er Juin 2012 : Otocic MARINKOVAC
« En attendant Maeve’s »


Edmy et Anne sont sur nos traces… mais en suivant la route buissonnière. C’est aujourd’hui que les trois comparses d’Otrante et de Grüz vont être réunis, bien sûr, devant un apéritif substantiel pour échanger souvenirs et projets. En attendant, nous farnientons. La baignade devient de plus en plus agréable, deux degrés de plus, c’est appréciable. Toujours pas le courage de partir à la quête d’oursins, cette température de 21°C ne permet pas encore, pour des méditerranéens, une immersion prolongée. Pierre bricole sagement, je lis, tricote, rêvasse en scrutant l’horizon et regardant les kayakistes qui se régalent dans cette baie protégée… Un voilier de voyageur, au loin… il y en a peu et cela se reconnait de loin… Radar, panneau solaire, éolienne… Les voilà !

La soirée est animée, arrosée juste comme il se doit. Nous évoquons, avec Anne, nos amis communs encore en Turquie, notre rencontre en Syrie.

 

Samedi 2 juin 2012 : d’Otocic MARINKOVAC (Uvala Zdrilca ) à Otok ZLARIN (luka Zlarin)
« Du vent du Sud…Youpi ! »


« Il nous faut monter le plus haut possible… pour ensuite redescendre ! ». À moins de rester en haut, c’est une Lapalissade… mais seulement pour ceux qui ne pratiquent ni la voile, ni le régime météo de l’Adriatique. Dans le parfait absolu, il faut MONTER avec le vent du Sud… et DESCENDRE avec le vent du Nord… Justement aujourd’hui, le vent va souffler du Sud… Pas de temps à perdre. Lever 6h30 avec le chant du coq du téléphone. Ici, en l’absence de muezzin, il faut faire avec les cloches des campaniles ou la technique.
Nous voici, dès 7 heures, en route pour une navigation de 50MN, soit une journée de plus de 8 heures.

 


Spi, cette fois bien gonflé, puis voiles croisées tangonnées nous permettrons de naviguer sans bruit pendant plus de la moitié du temps de route.
C’est devant le village de Zlarin que s’arrête cette longue journée. La baie est vaste, un peu ventée, mais ne permet pas aux vagues extérieures de pénétrer.
Des chalutiers et le traditionnel ferry de la compagnie JADROLINIJA, la reine incontestée et monopolisée des transports maritimes passagers, animent ce petit port.

 

Dimanche 3 juin 2012 : d’Otok ZLARIN (Uvala Zlarin) à Otok MOLAT (Jazy )
« C’est reparti pour 52 milles »


7h30, nous voici déjà en route pour une longue remontée vers l’île de Molat. Sous un ciel gris que le soleil voudrait percer, la mer est semblable à un miroir d’acier sur lequel sont posées quelques barques de pêcheurs relevant leurs casiers. Un ferry Jadrolinija commence sa tournée d’île en île. Nous allons, nous aussi, toujours vêtus comme pour une navigation automnale, commencer à slalomer entre ces mêmes îles, mamelons déserts, semi-râpés.
Ce n’est que vers 9h que nous pouvons établir les voiles et faire cesser le ronron Perkins. Bientôt le vaste plan d’eau se garnit de nombreuses voiles. On croirait la baie de Quiberon en plein mois d’août. Mais, aujourd’hui, tous ces voiliers ont pris la même direction, comme s’ils partaient à l’assaut d’un pays de cocagne… les îles Kornati, point d’orgue d’une semaine de croisière en Croatie.
Nous poursuivons notre route, ravis de ce beau spectacle, tout en jouant avec nos voiles, le spi, les voiles croisées, pour finir avec la grand-voile seule.
Tout à coup, un bruit assourdissant se fait entendre derrière nous… Inquiétude. « Pas nous ! Pas nous ! » Il s’agit d’un magnifique lance torpille de l’armée croate qui fait, lui aussi, route vers le Nord à vive allure et fortes vagues.


Trois rochers sentinelles marquent l’entrée de la vaste baie de la côte Ouest de l’île de Molat. Nous voici parvenus à notre but après 10 heures de navigation dont 8 heures sous voiles, à la grande satisfaction du skipper qui manie les ficelles avec beaucoup de finesse.
Quelques voiliers sont déjà mouillés mais la place ne manque pas sur ce plan d’eau où se devine, bien niché dans les arbres, le village de Molat au campanile coloré.

 

Lundi 4 juin 2012 : Otok MOLAT « Luka Jazy »
« Journée noire »

Ciel gris et pluie incitent Pierre à entreprendre un bricolage important


.


En effet, depuis le départ, le démarreur du moteur a des ratés à l’allumage. S’agit-il des charbons ? D’un contact ? La présence rassurante de Michel l’enhardit et après des difficultés d’extraction, le démarreur se retrouve en pièces détachées sur la table à carte. Nettoyage, vérification des contacts. Tout semble normal. Sauf qu’une fois reboulonné avec une grande difficulté due à l’exiguïté de l’accès moteur et d'un contre-écrou quasi inaccessible, c’est le grand flop : même plus de ratés, le silence total et le plus grand désarroi de l’équipage qui pense avec regret à notre Doctor Mecanic turc.
Aucun dépannage possible ici, il nous faut gagner la grande ville la plus proche, Zadar, sur le continent, à 16MN de là - sans le secours du moteur - où nous savons pouvoir trouver une assistance technique. Avec une grande gentillesse, « OCEVA » se propose de nous accompagner et de nous remorquer si besoin est… Nous avons encore la preuve qu’un voilier c’est certainement un bateau à moteur… avec des voiles.
Le moral est au plus bas... Demain sera un autre jour !

 

Mardi 5 juin 2012 : d’Otok MOLAT « Luka Jazy » à ZADAR « Vitrenjack »
« On a souvent besoin d’un plus petit que soi ! »


C’est parti ! Les cloches du campanile ont sonné joyeusement mais, pour nous, c’est plutôt le cœur un peu serré par l’angoisse (je pense qu’en fait je pourrais parler au singulier !) que, encore à l'ancre, nous hissons la Grand-Voile puis établissons le génois pour un départ en flèche et à la gite... 20ND, 25ND , 30ND, un vrai voilier de compétition. Un ris est vite pris dans la Grand-Voile, le génois est réduit, Logos file ses 7ND jusqu’à l’entrée du canal entre le continent et la longue île d’Ugljan où le vent faiblit et nous oblige à remettre de la toile, jusqu’au moment où, pétole totale, nous nous retrouvons immobiles dans ce canal très fréquenté… Pourvu que les ferries, grands yachts, vedettes rapides… dévient leur trajectoire… L’annexe équipée de son 2CV est prête pour le recours, comme à Marmaris, mais c’est finalement « OCEVA » qui nous tractera jusqu’à la baie proche du port de Zadar, à 3MN de là. Un beau spectacle que ce Dufour 36 tirant efficacement un Sun Légende 41…

 

Comme quoi Lafontaine avait une fois de plus raison : « On a souvent besoin d’un plus petit que soi ! » C’est avec soulagement que nous jetons l’ancre dans une anse proche de la marina de Zadar et d’un Yacht Club. Nous pourrons aviser ensuite.
C’est au Yacht Club que Pierre trouve rapidement une assistance auprès d’un membre du club. Pas question d’y apponter puisque c’est un club privé mais le mouillage que nous avons pris est autorisé et offre toute sécurité. Il permettra la visite d’un technicien contacté par ce même plaisancier. Pas vraiment de barrière de la langue pour Pierre !
Effectivement, dès 14 heures, l’électricien de marine emporte le démarreur défectueux dans son atelier pour test… Mauvaise surprise, état de vétusté trop avancé (plus de 50 ans exagère l’homme de l’art…). Merci au mécanicien qui nous l’a vendu au Canet avant notre départ. Il ne nous reste qu’à changer la pièce qu’ils ont heureusement en stock… et régler la douloureuse.
En attendant que la réparation soit effectuée, le lendemain, nous pouvons tout à loisir aller découvrir la ville de Zadar que nous avions ignorée lors de notre précédente venue.
Pour atteindre la vieille ville, il nous faudra contourner toute la rade du port en jetant un coup d’œil à la marina qui nous semble assez impersonnelle, sans grand équipement. De très gros yachts dont « Mayan Queen », immatriculé à Georges Town, y sont appontés.


De hautes murailles entourent la vieille ville. C’est par la Porte de la Terre aux armoiries de la ville représentant saint Chrysogone à cheval et le lion de Saint Marc, rappel de la grande influence vénitienne tout le long de l’Adriatique, que nous pénétrons dans la vieille ville. Une longue rue dallée de pavés de marbre, le Decamanus - ancienne voie romaine - guide nos pas de place en place. Nous admirons au passage les nombreuses églises dont Saint Donat, reconstruite avec des éléments antiques récupérés.

C’est surtout le front de mer, agréablement  paysagé, au-delà de la porte de la Mer, qui nous surprendra avec les deux œuvres de l’architecte Nikola Basic : l’ « orgue marin » qui permet à la mer, par des orifices au bout de tuyau immergés de nous interpréter une belle cantate et « la salutation au soleil ». Soleil dont les rayons se reflètent dans des plaques de verre et de silicium, emprisonnant son énergie pour la restituer ensuite en éclairage public… C’est assurément joindre l’utile à l’agréable, les voiliers connaissent bien cette technique, n’est-ce pas Logos ?

 

Mercredi 6 juin 2012 : ZADAR. »Vitrenjack »
« Quel doux bruit »


Depuis 2 jours, nous avions espéré ce grognement du démarreur, puis le doux ronron du moteur. Même avec des voiles, on se sent peu manœuvrant pour se déhaler, en cas d’urgence ! Mais comment faisaient les anciens navigateurs ? Ils utilisaient des galériens… Et Pierre qui refuse de ramer…
Nous voici pourvus d’un beau démarreur tout neuf. Quelques boulons à revisser, toujours avec beaucoup de difficultés.

 

Nous voici prêts à reprendre notre route vers le Nord après avoir fait le plein des réservoirs et du frigidaire.


OCEVA a préféré, pour une journée, bénéficier du confort d’une marina pour les grands nettoyages, nous resterons au mouillage… Il faut bien, maintenant, essayer de refaire le plein de la bourse et l’animation autour du mouillage est plaisante. Nous nous retrouverons demain pour la montée sur Molat.

 

Jeudi 7 juin 2012 : de ZADAR « Vitrenjak »à Otok MOLAT « Luka Jazy »
« C’est reparti »


Exactitude SNCF, « OCEVA » sort du port au moment où nous hissons la Grand–Voile. Nous sommes un peu plus fiers qu’à l’arrivée et surtout rassurés pour la remontée du canal. Aujourd’hui le vent est assez poussif, d’humeur buissonnière et nous oblige à jouer avec les voiles, même avec le spi, jusqu’au moment où changeant totalement de direction, nous devons ranger nos belles toiles devenues inutiles pour gagner Molat au moteur, vent dans le nez.

Quel plaisir de retrouver ce beau mouillage sous le soleil et de pouvoir envisager une belle promenade pédestre jusqu’au village de Molat, terminé par un petit port sympathique, bel appontement pour les voiliers sur la côte Est de l’île. Les maisons du village sont proprettes, avec des jardins soignés, bien fleuris. Tout respire la sérénité et la douceur de vivre de longues journées rythmées par les cloches du campanile. Seuls les commerces semblent faire cruellement défaut.

 

 

Vendedi 8 juin 2012 : d’Otok MOLAT à Otok LOSINJ «Uvala Jamna »
« Des îles minérales »


Une agréable navigation à la voile nous attend. 23MN, par vent arrière le long de ces îles plates, un peu tristounettes qui font partie de l’archipel croate de l’Adriatique, quelques 700 îles et îlots dont assez peu d’habités, domaine de la pierraille et du maquis. « LOGOS » surfe et se prend pour un coursier.
Une belle crique aux eaux émeraudes, entourée d’anciens murets de pierre avec une petite plage à l’entrée d’un vallon où se sont installés quelques campeurs. Une fois de plus, un paysage apaisant qui nous permet une belle soirée avec OCEVA.

 

 

Samedi 9 juin 2012 : Otok LOSINJ « Jamna »
“Vive nos gentils mariés de Toulouse !”

 

OCEVA lève l’ancre pour aller explorer une autre baie plus au Nord, puis remonter jusqu’à Pula. Nos ambitions de navigation sont plus limitées, ayant prévu de nous contenter de l’île de Crès. Nous décidons de paresser un peu en profitant de cette crique qui n’est pas sans nous rappeler les criques turques. Encouragés par un beau soleil, nous renouons avec nos occupations habituelles : visite à la plage à la recherche de bois flotté, recherche (assez peu fructueuse) de bulots et bigorneaux.

 

Un étrange muret de pierrailles entassées borde un chemin côté mer, tandis qu’une mystérieuse porte cadenassée semble fermer un terrain… très symbolique car de chaque côté il n’y a pas de grillage. Tout ceci nous parle assurément d’un temps où ces îles abritaient une population agricole laborieuse. Maintenant, tout est à l’abandon et seul le tourisme semble redonner vie à ces lieux. Nous profitons des mouvements des petites embarcations et de la douceur du soleil couchant.

 

Dimanche 10 juin 2012 : d’Otok LOSINJ « Jamna » à Otok CRES « Uvala Majiska »
« L’accordéoniste… »


Une belle indentation au sud de l’île de Crès a séduit Pierre. Il espère y trouver un mouillage hors du commun. Le vent est favorable et nous propulse, du travers au grand largue, pendant les 10MN qui nous séparent de notre objectif.
Effectivement l’endroit est magnifique avec sa côte dentelée offrant de beaux mouillages dans une eau émeraude. Les trop nombreuses bouées de la première baie « Kolorat » nous font opter pour la seconde, « Mariska ,» où, malgré la présence de quelques bouées, il est encore possible d’ancrer gratuitement. Nous sommes dans la région du Kverner, plus sauvage et aride, domaine des genévriers et des épineux.
Malgré la température de l’eau à 21°C, Pierre se hasarde à collecter quelques oursins. Le spectacle est plaisant, nous pourrons même apercevoir, en soirée, une biche et profiter de l’accordéon joué sur un voilier voisin.

 

Lundi 11 et mardi 12 juin  2012 : Otok CRES « Uvala Majiska »
« Des seaux d’eau ! »


Décidemment, cette année, le temps tarde à se mettre au beau et ce sont les nuages chargés d’eau qui l’emportent sur les éclaircies.
Ce seront donc deux journées repos, bricolage et lecture avec de courtes baignades… Pierre se prépare-t-il à l’eau bretonne ?
Une fois de plus, Logos est rincé par des trombes d’eau pendant la nuit que notre jardin aromatiquede Hoedic semble apprécier.

 

 

Mercredi 13 juin 2012 : d’Otok CRES à Otok MOLAT « Jazy »
« C’est parti pour la descente »


Le vent espéré n’est pas vraiment au rendez-vous, nous pouvons même dire qu’il est pratiquement totalement absent. Nous allons donc essayer de faire un peu de tourisme. Première tentative d’escale sur l’île d’OLIB. À nos yeux, rien de transcendant. Une courte traversée du canal qui sépare cette île de celle de Silba et nous voici ancrés pour le déjeuner devant le petit port de Silba qui semble prisé des Croates, avec de cossues villas dont certaines en construction.


Malgré le régime de pétole qui ne nous permet pas d’établir les voiles, nous choisissons de regagner notre mouillage favori sur l’île de Molat. Nous y avons nos habitudes et, sauf un orage imprévu comme celui subi en 2002 avec Louisette et André, nous y sommes tranquilles. Nous irons même nous approvisionner chez le boulanger du village où nous retrouvons nos « boreks » familiers (chaussons au fromage). Je pourrai même améliorer l’ordinaire de mon petit déjeuner avec des croissants, mais en Croatie, ces derniers sont fourrés de marmelade ou de chocolat !

 

Jeudi 14 juin 2012 : d’Otok MOLAT « Uvala Jazy » à ZADAR »Vitrenjack »
« Changement de programme »


Partis pour rejoindre OCEVA, quelque part dans les îles KORNATI, nous pensons qu’il serait plus judicieux de faire un détour par ZADAR pour prolonger « la taxe d’habitation » de Logos. En effet, un voilier habitable, c'est-à-dire avec un lit, se doit de payer une taxe… Par souci d’économie et refus de nous faire pressurer, nous n’avions opté que pour une durée de résidence en Croatie d’un mois. Résultat, pour être à l’aise dans notre planning, il nous faut régler un nouveau mois. Nous en profiterons pour garnir le frigidaire, peu assurés de trouver beaucoup d’avitaillement dans les Kornati.
Nous parcourons les 16MN beaucoup plus à l’aise pour, une fois de plus, jeter l’ancre près du port.
Nous irons en annexe jusqu’aux bureaux de la Capitainerie, à 1MN de là, sous les remparts de la vieille cité, avant d’aller stationner dans le fond du port parmi les embarcations des locaux.


Y aller en quelques 20 minutes est chose aisée malgré le vent et les vagues soulevées par le trafic… aborder le sera moins, surtout lorsqu’en pleine agitation, le moteur de l’annexe cale et refuse de redémarrer. Si j’avais de l’humour, je trouverais tout cela comique mais... Il faut maintenant trouver un moyen de nous mettre à l’abri, de garer l’annexe pour réfléchir : est-ce la meilleure idée que de regagner Logos à la nage en habits de ville ? Heureusement, un bon ange passe par là en la personne du commandant de la Capitainerie sur sa belle vedette, son pilote le ramenant à son bureau. Ému sans doute par les gestes d’impuissance de Pierre et ma mime déconfite, ce dernier nous propose de nous prendre en remorque jusqu’à notre voilier, nous offrant la belle image d’un monsieur galonné, à la chemise blanche immaculée, surveillant et gérant avec soin l’amarre tirant l’annexe… Pas de photo (nous avons tout de même retrouvé la vedette salvatrice au quai), c’est dommage, mais un bon souvenir et la satisfaction de nous retrouver sur Logos, prêts à mettre en service le petit moteur hors-bord électrique embarqué cette année… au cas où ???
Plus question de gagner le port en annexe. Nous nous contentons d’accoster sur la rive la plus proche, espérant pourvoir y prendre un bus pour la ville. C’est finalement un taxi que nous hélons, conduit par un jeune chauffeur croate s’exprimant dans un français parfait pour être né et avoir été éduqué en Alsace. Antonio, notre sauveur, va savoir, pendant deux jours, répondre à nos besoins : la capitainerie, l’avitaillement substantiel au supermarché et l’acheminement de notre moteur chez un réparateur de sa connaissance. Rendez-vous est pris pour le lendemain matin.
L’ambiance Coupe d’Europe avec le match Croatie-Italie est à son comble… les supporters de tous âges arborent de beaux T-Shirts aux couleurs de la Croatie. Les voitures sont garnies de drapeaux croates.
En soirée, l’animation fut limitée, l’égalisation (1 but partout) n’étant, pour les supporters, qu’une maigre consolation. Ce sont les marchands de gadgets en tout genre qui doivent être déçus et craindre une mévente.

 

 

Vendredi 15 juin 2012 : ZADAR : « Vitrenjack »
« Antonio le recours ! »


9 heures du matin, Antonio est au rendez-vous pour nous conduire chez le réparateur qu’il connait. Pierre a soigneusement emballé le moteur pour qu’il ne souille pas le coffre du taxi. Nous voici partis pour une virée d’une petite dizaine de kilomètres dans la grande banlieue de Zadar, envahie, comme toutes les grandes villes européennes, par une importante zone industrielle où les supermarchés sont rois : Spar, l’incontournable Lidl et bien d’autres… Nous prenons la direction de Damalcija Marina, la plus grande marina de la côte croate avec quelques 1200 places, mais c’est dans une agréable zone pavillonnaire avec de coquettes maisons fleuries de magnolias, hortensias et lavande que nous trouvons le hangar du réparateur. Il nous faudra revenir en fin d’après-midi.

 

C’est donc au marché de Zadar qu’Antonio nous dépose. Un beau marché, bien caché dans les hautes murailles de la cité qui ne s’offre qu’aux initiés. Tout y est : une halle aux poissons, de nombreux étals de primeurs et produits locaux sous une élégante charmille. Les sacs se remplissent avec même, en prime, une belle poêlée de cèpes qui amélioreront notre ordinaire. Le retour à pied est un peu long, mais c’est un exercice salutaire qui nous change du balancement permanent du voilier. Nous admirons au passage les belles unités appontées dans la marina, dont PRANA, magnifique voilier Néo-Zélandais de 52 mètres, avec un élévateur de nacelle le long du mât… Du jamais vu !


Le moteur est réparé… un budget minimum… 100 KN (13 Euros) pour le bricolage d’une pièce défectueuse du carburateur. C’est Antonio qui a gagné sa vie - sans rivaliser avec les budgets des chauffeurs de taxi de la région parisienne - mais nous sommes tellement heureux de son efficacité. Il nous a permis, outre une visite des alentours de Zadar, de mieux connaître les Croates.

 

Samedi 16 juin 2012 : de ZADAR « Vitrenjac » à DUGI OTOK « Luka Telascica »
« En route pour les Kornati »


Nous voici prêts à aller rendre visite à cet archipel mythique qu’aucun plaisancier ne manquerait. Un parc national d’environ 70 km2, regroupant quelques 147 îlots et récifs, aux reliefs dénudés. Il se dit que les bergers auraient brulé chênes verts et herbe lors du défrichage de la terre.
Notre première étape nous mène à l’autre parc national, au Nord. Nous remontons l’île d’Ugljan, admirant au passage les petits ports aux maisons blanches couvertes de tuiles, nichées autour de l’église du village. Puis, à la faveur d’un petit vent arrière, notre Spi nous permet de progresser. Nous admirerons ses belles couleurs pendant 4 heures, ne le quittant pas des yeux… comme tout Spi… !

 


C’est avec beaucoup de plaisir que nous ancrons Logos, là même où nous avons partagé des heures joyeuses avec nos petits Brandicourt et leurs amis en 2002. Nous ferons même le pèlerinage au mont qui nous avait offert une belle vue sur le lac salé en contrebas. Au menu du soir, cette fois, pas de poulets marinés à plus de 15 mètres de profondeur. Une douce soirée en solitaires.

 

 

Dimanche 17 juin 2012 : DUGI OTOK « Telascica »
« OCEVA, le retour ! »


Nous nous laissons tout simplement porter par l’atmosphère apaisante de ce lieu, observant les mouvements des autres voiliers, pour la plupart autrichiens, en attendant la venue d’OCEVA, de retour du Nord de la Croatie.
L’évocation de leur programme nous rappelle notre visite de 2002 avec la découverte de Pula, puis notre surprenante montée sur Venise.
Nous les laissons aller seuls voir le lac salé, Pierre ayant un peu forcé sur son orteil attelé en descendant alertement dans la pierraille, hier.

 

Lundi 18 juin 2012 : de DUGI Otok « TELASCICA » à Otok KORNAT « Sipnate » 
« Ô temps suspends ton vol ! »

 


En attente d’un petit vent léger qui devrait nous pousser doucement le long de l’île de Kornat qui a donné son nom à ce si célèbre archipel, nous flânons jusqu’au moment où, sous génois seul, nous pouvons commencer notre belle promenade le long de ces îles juste vêtues d’étranges murets. Ils semblent marquer les limites d’anciennes propriétés pour empêcher les chèvres de changer d’élevage. Très peu de constructions, de temps à autre une petite maison nichée dans un « oasis de verdure », signe de vie dans cet univers de pierre. Nous ancrons à Sipnate, petite crique typique des Kornati, non loin d’une de ces petites maisons, genre « Ça m' suffit », sans doute résidence de week-end ou de vacances de ces anciens Kornates, les seuls à pouvoir résider sur les îles. Si les « Kornati » sont encloses dans un parc national très lucratif, elles sont aussi devenues une zone de protection d’une nature autrefois mise à mal par l’homme par une pêche intensive et, sur les îles par la pratique de l’essartage ou culture sur brûlis. Aujourd’hui de vigilantes patrouilles veillent et permettent aux plaisanciers un étonnant voyage dans un paysage semi-lunaire.


Courageusement, au soleil couchant, nous gravissons le mont voisin pour jouir d’un beau panorama sur l’archipel, moment où l’on se sent d’un romantisme digne de celui de Lamartine et voudrait que le temps s’arrête.
Nous n’échappons pas aux rançonneurs vigilants… Une fois de plus, nous pourrons bénéficier de deux nuits pour le prix d’un ticket, soit 20 Euros la nuit !!!

 

 

 

Mardi 19 juin 2012 : KORNATI : de « Sipnate » à « Ravni Zakan »
« Promenade pour Grand-Mère »

 


Quel calme ! Quelle sérénité ! Seulement le glissement de trois kayaks partant à la découverte des îlots voisins. Sous génois, nous faisons de même, glissant sans bruit avec tout le temps de profiter de ce spectacle hors du commun. Un ancien château fort se fond avec les pierres du promontoire sur lequel il est construit. Plus loin, une petite chapelle invite au recueillement et toujours ces petits oasis de verdure, étonnant contraste avec l’aridité environnante.
Après deux heures un peu magiques, nous retrouvons une animation estivale dans la baie, à l’entrée Sud des Kornati, où un élégant restaurant avec un ponton attire les plaisanciers.

 


L’eau est belle comme celle d’une piscine de Miami Beach et sa température de 25°C invite à la baignade.

 

Mercredi 20 juin 2012 : des  KORNATI  « Ravni Zakan » à Otok ZMAJAN « Zaranzanj »
« Assez payé ! »

Toute la matinée, la patrouille des gardes-rançonneurs a été à l’affût des nouveaux arrivants. Ne comptez pas sur nos Kunas aujourd’hui, nous quittons le Parc National pour nous rapprocher de Sibenik, notre prochaine grande destination.
Un vent arrière sympathique gonfle notre génois, très fier, pendant deux bonnes heures, de pouvoir faire glisser Logos jusqu’au vaste mouillage entre Borovnak et Kakan. Tiens, encore des bouées payantes et l’interdiction de mouiller sur ancre… Décidemment, il est difficile d’échapper au racket ! Il nous faudra contourner l’île de Kaprije puis gagner le Sud de la petite île de Zmajan. Ici au moins, c’est gratuit et le mouillage est paisible.

Sur les pentes, de nombreux murets à demi écroulés parlent d’un temps où ils servaient à retenir la terre de chaque lopin gagné sur la rocaille. Aujourd’hui, tout est déserté.

 

Jeudi 21 juin 2012 : d’Otok  ZMAJAN  « Zaranzanj » à SKRADIN
« Anka est toujours fidèle au poste »


Trois heures de moteur pendant 16MN, c'est-à-dire jusqu’à Skradin, dernier petit port sur la rivière Kraka.
Les îles qui sont proches du continent sont plus investies et nous montrent que l’économie de la construction est florissante. L’habitat reste cependant assez discret et nous sommes loin de cette lèpre qui ronge la côte turque. Ici, pas de hauts buildings, pas de concentration en dehors des grandes villes.


Il est 10h10, lorsqu’après avoir précautionneusement suivi le chenal, puis passé le fort à l’entrée, nous avons l’impression de pénétrer dans un autre monde où terre et mer se mêlent… Sommes-nous dans un bras de mer ? Sommes-nous sur une rivière ? Une fois la ville de Sibenik laissée à tribord, c’est bien le cours d’une rivière que nous suivons, avec ses méandres, ses rives boisées, ses gorges pittoresques et ses célèbres parcs à moules dont les bouées jalonnent notre parcours. Si de nombreux parcs ne sont que de simples exploitations, certains sont équipés pour la vente aux plaisanciers dont la commande est prise, puis acheminée au bateau par un grand-père en barque. Bien entendu, nous ne cherchons pas à résister à la tentation et repartons avec 2 kilos de moules et une amusante expérience.


Deux hauts ponts enjambent la rivière, mais malgré les hauteurs rassurantes données par les guides, il y a toujours un petit effet adrénaline lorsque le mât s’engage dessous.
Nous sommes heureux de retrouver Skradin pour la troisième fois, c’est un lieu tellement hors de tout. Aujourd’hui, pas de mouillage à l’ancre… pratique qui serait maintenant prohibée, bien qu’apparemment des voiliers outrepassent cette interdiction. Nous avons décidé de nous offrir une nuit en marina, non par réel goût, mais peut-être pour la nécessité d’effectuer un peu de lavage.


En ville, Anka, cette dame qui depuis de nombreuses années fournit en vin et jambon fumé les plaisanciers initiés est toujours fidèle au poste. 10 ans après, elle semble toujours la même, même tenue noire en souvenir de son époux disparu, même sourire et volonté de bien vous accueillir. Nous y viendrons déguster avec OCEVA une belle assiette de jambon et fromage, le tout arrosé de vin croate de qualité.
De plus en plus, la chaleur se fait pesante et nous souffrons un peu de passer sans transition du frisket à la canicule.
La marina s’est chargée, nous sommes en fin de semaine et les locataires vont devoir regagner leur base.

 

Vendredi 22 juin 2012 : SKRADIN : de la marina au mouillage.
« Pratique peu honnête »

Après avoir joui du beau spectacle des cygnes faisant le tour des voiliers, en quête de quelques miettes du petit déjeuner, nous décidons de retourner au village et régler la marina. Nous n’avons pas souhaité refaire l’excursion aux chutes de la rivière, bien que l’ayant beaucoup appréciée et donc conseillée à OCEVA.


Quelle mauvaise surprise en constatant que notre facture est majorée de 10 euros… pour fourniture obligatoire d’électricité… Or, bénéficiant de panneaux solaires efficaces, nous ne nous étions pas branchés !!!
Lorsqu’il nous fut répondus que c’était automatique, nous avons un peu vu rouge et souhaitons dénoncer une pratique peu honnête… Pourquoi alors ne pas inclure ces 10 euros sur le tarif… mais bien sûr, 10 euros de plus sur un budget annoncé déjà élevé, cela peut être dissuasif, tandis qu’au moment de partir, vous êtes obligés de payer !!!
De rage, nous nous branchons pendant les trois heures où nous restons appontés !!!

 


Quel plaisir, vers 15h, de nous retrouver au mouillage et d’apprécier, de loin, le vue de ce petit village. Certes il y a bien un panneau avec une ancre renversée indiquant une interdiction, mais nous sommes en aval ; nous aviserons en cas de visite. De visite, nous n’aurons une fois encore que celle des cygnes majestueux.


Une belle soirée s’annonce lorsqu’une sonnerie inhabituelle nous sort de notre rêverie… C’est l’alarme de montée des eaux sous les planchers… Vite ! Recherche de la fuite… fermeture de l’arrivée d’eau… Ouf ! il était temps. Il s’agit du filtre que Pierre vient de changer qui est sorti de son manchon !!! On écope ! On éponge… 50 litres d’eau perdus en quelques minutes ! 170 litres d’eau se seraient vite évadés du réservoir sans cette alarme et mon ouïe.

 

Samedi 23 juin 2012 : de SKRADIN « mouillage » à RASLINE
« Tel un dromadaire… il transporte ses bidons »

 

50 litres d’eau perdue ! Moi qui suis sage et économise cette denrée ! Pierre fait la navette et va refaire le plein… à la marina avec des bidons !
C’est dans le lac Pukljansko, devant le petit village de Rasline que nous faisons une pause ce jour. Rien de très pittoresque, mais un petit village sans  prétention où vivent simplement des croates qui semblent heureux de leur sort. Beaucoup de petites barcasses type pêche et promenade sont appontées. Quel dommage que nous ne comprenions pas le croate, il eut été plaisant de comprendre les échanges animés entre les habitants.

 

Dimanche 24 juin 2012 : de RASLINE à CAPLJENA
« Blé de la st. Jean »


La tradition veut qu’il faille aller cueillir 7 épis de blé le jour de la st Jean pour pouvoir manger toute l’année. De blé, point ! Il faudra nous contenter de 7 herbes folles… graminées dit Pierre… et d’un regard envieux vers le figuier bien garni d’un croate… Pas question de chaparder… Il est là et cueille ses figues avec une infinie précaution.
Nous espérons faire une halte au port de Sibenik après avoir fait une nouvelle provision de moules chez notre vieux marchand, cette fois-ci, c'est Byzance : moules et huîtres !

 


L’appontement au quai de Sibenik, pour cause de fort vent, nous est interdit. Seul, un très gros yacht a ancré dans la rade… Un yacht comme nous n’en voyons pas tous les jours, avec une plateforme pour l’hélicoptère… Chanceuse LADY MOURA (70 000€ la semaine sans les langoustes, le gasoil ni les pourboires).
Même déception pour le mouillage peu sûr près d’un vieux chantier naval. Heureusement, Michel a pu repérer sur son guide un fjord, juste avant de passer le fort. Bout à terre obligatoire dans ce qui apparait comme un parking à bateaux, une sorte de camping style Palavas les flots, mais qui se révèlera être un endroit exquis et plein de ressources lorsque, sous la surface de l’eau, nous découvrons des oursins et des rochers plein de moules et d’huîtres.
Nous partageons cette pêche miraculeuse avec Maryannick et Michel qui débouchent une providentielle bouteille de Vouvray pétillant de leur cave de bord.

 

Lundi 25 juin 2012 : CAPLJENA
« Petit paradis pour nous »



Les voiliers nous ont quittés, seuls quelques petits moteurs locaux viennent profiter de ce petit coin de paradis partagé avec une belle famille de cygnes.
Nous en profitons pour faire une provision conséquente de produits de la mer. Nous paniers type « retour au pays », immergé pendant les escales, serviront de vivier. Dommage qu’il n’y ait pas de poissons.

 

Mardi 26 juin 2012 : de CAPLJENA à PRIMOSTEN.
«Prédateur de moules »


Dès le matin, un étrange bruit surprend Pierre, comme un frottement très bruyant, non loin de Logos. Bientôt un tuba et un pêcheur en combinaison apparaissent… Il s’agit bien d’un pêcheur de moules à des fins commerciales qui remplit ses sacs, un prédateur tel qu’en peu de temps plusieurs rochers se trouvent nettoyés. Il roule ses sacs sur un rocher plat pour nettoyer les coquilles de moules par frottement. Technique efficace. Nous sommes assurément arrivés à temps, un jour de plus et c’en était fini de nos belles moules.
Une fois de plus, le profit l’emporte… Mais à ce rythme-là, que va-t-il rester ?

Le mouillage devant le fort tentait nos skippers. Pourquoi ne pas l’essayer, au moins le temps du repas ? Le fond se révèle peu sûr, composé de cailloux, le vent est un peu nerveux et la côte peu amène avec de nombreux rochers affleurant. Nous voici donc repartis pour une navigation de 12MN, notre nouvel objectif étant la baie devant la petite ville de Primosten. Grand-Voile et génois nous propulsent dans le couloir entre l’île de Zlarin et la côte, relayés par le moteur pour le passage de nombreux petits îlots, pour finir de nouveau à la voile jusqu’à la presqu’île où se dresse ce joli petit bourg médiéval, entouré de remparts protecteurs et surmonté de son beffroi. De notre mouillage, nous pouvons contempler à loisir Primosten, qui signifie « au-delà du pont » puisqu’autrefois il s’agissait d’une île.

 

Mercredi  27 juin 2012 : de PRIMOSTEN à SICENICA.
« L’âme chantée des croates ! »


Un groupe rock a quelque peu animé notre sommeil, mais rien à voir avec les discos beuglants expérimentés en Turquie. Le mouillage est semblable à un lac et Primosten se révèle dans le soleil levant.

 

Un bien beau spectacle, comme celui que va nous offrir la visite de ce vieux village enserré dans ses murailles ottomanes. Nous prenons plaisir à flâner dans ses ruelles bordées de maisons simples mais bien restaurées. Quelques toits de lauzes subsistent encore et nous avons une pensée pour Augustin qui serait à son affaire avec ces belles pierres. Nous trouvons même le courage de monter jusqu’à l’église, entourée d’un surprenant cimetière surplombant la mer, vue imprenable pour l’éternité, tout comme pour le cimetière marin de Sète.
Après le repas, départ pour une navigation d’un dizaine de milles, parcourus essentiellement à la voile.

Une vaste baie, terminée en fjord nous attend. L’environnement est superbe avec, d’un côté, une belle côte rocheuse, de l’autre une colline escaladée par de d’élégantes maisons, familiales ou de rapport « Apartman » comme ils écrivent ici. Les bougainvilliers ont fait leur apparition et partent à l’assaut des façades. Dans la soirée, des voix s’élèvent, un beau chœur d’hommes soutenu par un accordéon. Charmés, nous projetons de faire l’acquisition d’un CD de chants croates… La musique ne livre-t-elle pas beaucoup de l’âme d’un peuple et de son histoire ?

 

Jeudi 28 juin 2012 : de SICENICA à KASTEL STARI.
«Parfois, bulletin météorologique et horoscope se ressemblent. »


La matinée est consacrée aux tâches habituelles et à la consultation des bulletins météorologiques… à la recherche du plus favorable, un peu comme pour les horoscopes. Un petit vent du Sud s’est levé, or, nous devons aller vers le Sud…
Sur une étape de 24 MN, nous parvenons quand même à faire quatre heures de voile dont 2 heures de Spi… cadeau pour la Saint Pierre ! même si, pour Pierre, elle se fête le jour même, le 29 ; chaque famille a ses pratiques !
Brutal retour à la civilisation urbaine lorsque nous entrons dans la rade de Split… des tours, de nombreux ferries. Le temps étant au calme, nous préférons opter pour un mouillage dans une vaste baie, presque fermée par l’île de Ciovo, entre Split et Trogir, et espérer ainsi pouvoir faire nos visites en bus.


Nous sommes le long de la côte où serpente la route dite « des Châteaux », puisque c’est là que, devant la menace ottomane, les nobles et les évêques avaient fait édifier de nombreux forts pour protéger récoltes et population et recevoir les renforts par la mer. Ici, tous les petits ports bâtis au pied de l’imposante muraille rocheuse de l’arrière-pays s’appellent KASTEL : Kastel Gomilica, Kastel Luksic, Kastel Kambelovac. Nous jetons l’ancre devant Kastel Stari, qui signifie « le vieux château », jumelé à sa cadette Kastel Novi, plus récente. Le fond est de très médiocre tenue, composé de longues dalles rocheuses mais la stabilité du temps et le poids de notre chaîne nous rendent confiants. Ici, à part un magnifique ketch italien au mouillage devant Kastel Novi, pas de voisinage.
En soirée, d’étranges psalmodies nous parviennent du village. S’agit-il d’une fête religieuse ? Pierre, grâce aux jumelles, discerne des gens attablés. Nous découvrirons le lendemain, aux imprimés jonchant le sol, qu’il s’agit d’un loto organisé tous les soirs.

 

Samedi 29 juin 2012 : KASTEL STARI.
« Les cloches carillonnent pour Pierre et Paul »


Nous voici embarqués dans le bus N°37 pour Split où nous espérons trouver notre courrier expédié en poste restante et profiter à nouveau de cette belle ville chargée d’histoire.
18 kilomètres parcourus pour un peu plus de 2 euros chacun. Nous avons tout le loisir d’admirer le paysage et les gens qui nous entourent. Nous sommes une fois de plus étonnés par la taille des jeunes gens et jeunes filles qui se révèlent être pour beaucoup des Miss Europe en devenir par leur stature et la beauté de leur regard.
À la poste, une aimable guichetière nous apprend que notre courrier est bel et bien arrivé à Split… mais au centre de tri, à l’extérieur de la ville. Il nous attend bien à Split… mais au centre de tri, à l’extérieur de la ville. OCEVA reste au frais, sous les murailles, nous prenons un taxi, toujours très peu cher en Croatie, pour le centre de tri et rejoignons nos amis, courrier et factures dans le sac pour nous promener dans les ruelles étroites et joliment dallées du vieux Split. Nous allons de placettes en parcs ombragés, admirant au passage la cathédrale, le palais de l’Empereur Dioclétien et de nombreuses églises.


Au détour d’une ruelle, nous découvrons la halle aux poissons, bien peu utile pour nous par cette chaleur, mais un discret bistro, juste en face, nous propose un plat de fritures variées : calamars, anchois, sardines. Nous faisons fi du cadre « vieux café » de ce restaurant et apprécions la qualité des poissons, le verre de bon vin blanc et la gentillesse de la patronne.
La chaleur est écrasante. C’est avec satisfaction que nous retrouvons Logos et une rafraîchissante trempette. Nous fêterons Pierre sur Logos avec nos amis.

 

Samedi 30 juin 2012 : KASTEL STARI
« De délicieux strudels »

 

Toujours cette chaleur écrasante qui a enhardi les moustiques et m’ont obligée à confectionner dans une sorte de voile de mariée, une portière-moustiquaire. Espérant un peu plus de fraîcheur, nous remettons à la soirée notre visite de TROGIR, de l’autre côté de la baie et nous contentons d’aller visiter Kastel Stari, pour le plaisir et pour y renouveler nos provisions de bord en produits frais. Nous découvrons un vieux village très animé, avec un front de mer pour vacanciers, une placette et un petit marché où nous pourrons acquérir de beaux fruits et du miel de sauge, spécialité des abeilles croates, découverte gastronomique de cette année. Les difficultés commencent lorsque nous cherchons une boucherie… Certes les gens sont coopérants, mais les boucheries ne courent pas les rues. Nous finirons par en découvrir une, très bien achalandée, au village voisin… NOUS SOMMES SAUVÉS… et n’allons pas mourir de faim.
Une longue pause sur Logos est la bienvenue… tout en comptant les avions qui décollent de l’aéroport voisin… un nombre impressionnant. En cette fin de mois, la Croatie se vide, sans doute pour mieux se remplir dès demain.

 



Nous voici des familiers du bus N°37 qui relie Split à Trogir. Cette fois-ci, direction Trogir, distante de 13km. Encore une ville bâtie sur un ilot, reliée au continent par un pont qui, autrefois, s’ouvrait pour laisser passer les bateaux. D’un côté d’un petit canal où s’abritent les embarcations locales, un parc ombragé avec un grand nombre de petites baraques comme il en fleurit pour les marchés de Noël. Ici, le vacancier peut acheter tout ce qui lui manque : vêtements de toutes sortes, chapeaux, casquettes et les produits locaux : jambon, fromage, vin et huile.
Saint Laurent, patron de la ville, nous accueille depuis la Porte de la Terre. Nous entrons dans un autre monde, inscrit au Patrimoine de l’Unesco depuis 1997. Les ruelles aux pavés usés, luisants, nous parlent d’une lointaine époque, de même que les maisons aux élégantes cours intérieures annexées par les restaurants. Au-delà de la Porte de la Mer, la forteresse du Kamerlengo, prisée par le maréchal napoléonien Marmont, semble monter la garde.
Au détour d’une ruelle, une délicieuse odeur de pâtisserie guide nos pas vers une petite place ombragée, où une gentille Grand-Mère vend des beignets et des « Strudels » (chaussons aux pommes) juste sortis du four ; une tentation à laquelle nous ne résistons pas. Une pause devant un jus d’orange s’impose. Le cadre est magnifique, juste à côté de la Cathédrale Saint Laurent et de la loggia renaissance du Palais Cipiko d’où s’élèvent des voix de jeunes gens s’accompagnant de mandolines et guitares. Le voici notre souvenir musical de la Croatie, l’achat de leur CD nous permettra de les écouter de nouveau en boucle sur Logos.
Surprise lorsque nous constatons que les grilles de la Cathédrale se ferment. Il est 18 heures, nous n’avons pas vu le temps passer et nous devrons nous contenter d’admirer, de loin, le superbe portail roman flanqué de ses deux lions de Venise. Une mariée et son cortège s’avancent pour une célébration… Dans notre tenue, impossible de dire que nous faisons partie du mariage !
De retour à Kastel Stari, il nous est difficile de ne pas rendre visite à ce qui fut un très important entrepôt de vin où s’accumulaient autrefois les tonneaux de vin. « Dalmacyavino » est devenu un vague entrepôt de vente de vin et de boissons gazeuses. Nous sommes loin de l’animation décrite dans mon guide des années 1980. Nous complétons cependant notre provision de vin domestique et de quelques bouteilles de « vin de voyage », évocateur des pays visités.


À minuit, trois feux d’artifice éclatent autour de la baie, pour célébrer trois mariages.

 

Dimanche 1er juillet 2012 : de KASTEL STARI à BRAC « Baie de Milna »
« Non aux bouées croates… »


Les cloches sonnent à toute volée et semblent se répondre comme le faisaient les Muezzins : celles des campaniles, celles du couvent voisin. Ce joyeux concert appelle les gens à une journée festive.
Tôt, de nombreux baigneurs ont envahi la plage, sans doute de crainte de ne pouvoir plus le faire aux heures chaudes.
Nous attendons le début de l’après-midi pour bénéficier du vent favorable promis… Résultat, nous naviguerons pendant 18 MN vent dans le nez, n’ayant réussi à maintenir les voiles que pendant 20 minutes. Pour les non-initiés, pour naviguer à la voile et progresser avec le vent dans le nez il faut tirer des bords dits « carrés »… et augmenter considérablement le temps de navigation. Nous irons donc droit au but, avec l’aide de Pépère Perkins. Le premier mouillage envisagé nous est refusé si nous ne voulons pas prendre une bouée et régler encore quelques 15 Euros par jour. Qu’à cela ne tienne, nous allons dans la baie voisine, à l’entrée du petit port de Milna… Mais qu’adviendra-t-il lorsque toutes les baies seront payantes ? Trois belles échancrures s’offrent à nous sur la côte Ouest. Nous annexerons celle du milieu jusqu’à ce que le vent se décide à passer au Nord. Le cadre est superbe, l’eau transparente. Seules, le long du sommet de l’île, les cicatrices laissées l’an passé par un violent incendie sont attristantes. La nuit est claire.

 

Lundi 2 juillet 2012 : OTOK BRAC « Milna Bay »
«L’île carrière de tuffeau  »


Nous apprécions le grand calme de cette belle crique et admirons les belles unités, au mouillage un peu plus loin… deux voiliers superbes, de fabrication récente tant par le design que la couleur. Le gris anthracite et le noir semblent de plus en plus supplanter le blanc traditionnel du monde nautique.
Sur la côte, une végétation très méditerranéenne de maquis et pinèdes pousse entre d’étranges tas de pierres dispersés. Ici, il ne s’agit pas d’anciens murs clôturant une propriété mais bien de tas faits par les femmes pour nettoyer le sol et permettre ainsi, en récupérant un peu de terre, de faire pousser oliviers, figuiers et vigne. Elles ont dû avoir fort à faire sur cette île aux nombreuses carrières dont celles de cette belle pierre blanche « le tuffeau », très prisée des romains puisqu’ayant servi à la construction du palais de Dioclétien à Split mais aussi à celle de la Maison Blanche de Washington et de nombreuses demeures de l’île.
Une visite au petit port de Milna s’impose… 1 MN, 20 minutes de navigation en annexe avec, en sécurité, la rassurante présence du moteur hors-bord électrique… au cas où !


MIlna, c’est un joli port, bien abrité, au bout d’un long bras de mer dont le quai de ville a été annexé par une marina ACI, très prisée des voileux de passage. Nous y apprécions la beauté discrète de l’Église « Notre Dame de l’Annonciation », de façade baroque, peinte de jaune, gris et bleu à l’intérieur ; une très élégante harmonie.
De retour dans notre niche partagée avec OCEVA, une longue promenade au masque nous révèle toute une colonie d’oursins royaux, comme nous n’en avons encore jamais vus… Chose surprenante, ils sont bien pleins et améliorent notre ordinaire.

 

Mardi 3 juillet 2012 : OTOK BRAC « Milna Bay »
« Relax »
Journée grand calme, sans projet, juste celui de se laisser bercer en observant les animations des autres voiliers. OCEVA a décidé de changer d’horizon, nous attendrons le vent du Nord prévu pour descendre.

Mercredi 4 juillet 2012 : OTOK BRAC, « MIlna Bay » »
« Pronto »


Encore une journée où il ne devait rien se passer… un peu de lecture, quelques écritures et la surveillance des voiliers susceptibles de mouiller dans la zone de notre espace vital, délimité par nos 40 mètres de chaine.
« Tiens, un voilier italien ! » se dit Pierre, surpris de ne pas en avoir croisés plus dans notre navigation. « Pronto » cela sonne bien, de même que les rires des jeunes enfants à son bord.


Nous sommes prêts à déguster notre café lorsque l’annexe de PRONTO s’approche de LOGOS et son capitaine s’adresse à nous en un français parfait : « Vous êtes Pierre et Martine, je suis un fidèle lecteur de votre blog et très heureux de vous rencontrer ». Rapidement, nous nous rendons compte que Patrick sait tout de nous et utilise « les trucs » donnés par Pierre, dont le gréement du Spi symétrique gréé sans tangon.
En Croatie depuis 8 ans, Patrick envisage de mener PRONTO en Grèce, les marinas croates augmentant sans cesse leur tarif… air connu !
Nous aurons grand plaisir à faire plus ample connaissance avec l’équipage de PRONTO, leurs filles et petites filles que Dany et Patrick ont la joie d’accueillir à bord. Une belle rencontre et peut-être un jour une belle escale en Alsace…

 

Jeudi 5 juillet 2012 : OTOK BRAC, « Milna Bay »
« Les locataires sont de retour »


Toujours pas de vent du Nord… repos prolongé et amusement en regardant les passagers des voiliers de location aux corps bien bronzés profiter des dernières trempettes avant, la semaine prochaine, de revêtir le costume cravate !

 

 

Vendredi 6 juillet 2012 : d’OTOK BRAC « Milna Bay » à MARINKOVAC
« Charter Day »


Avant de reprendre notre navigation, l’idée de rendre visite à la pompe à gas-oil de Milna, prise d’assaut, est vite abandonnée. Il n’est que 9 heures et de nombreux voiliers sont déjà en attente. Avec ce vent prévu, nous ne devrions pas avoir de problème de gas-oil.
Le plan d’eau vers Split, très importante base de location de voiliers, est tout décoré de belles voiles blanches. Pour nous, direction l’île de HVAR sous Grand-Voile et Génois et une allure de Près… pas de ma blonde, surtout lorsque le Près est de plus en plus serré, jusqu’au virement de bord pour embouter le canal de Hvar en direction du port où nous voulons faire une escale avitaillement et téléphonie.

« Royal Clipper », déjà fréquenté l’an passé à Corfou, est à l’ancre. Pas question aujourd’hui de nous avancer dans le port, « PHOENIX », un énorme yacht avec hélicoptère et immense oiseau en figure de proue est à quai et occupe tout l'espace disponible. Il ne nous reste plus qu’à attacher LOGOS à une bouée.
Il est 13 heures, nous voici à côté de « MARTINA I », un superbe Bavaria 46. Logos est tellement balloté sur le plan d’eau très agité que nous sommes heureux d’être bien amarrés, même si la place est payante.
L’annexe nous mène sportivement au quai pour effectuer nos achats en admirant au passage ce superbe « PHOENIX », yacht appartenant à un homme d’affaires polonais… encore un malheureux… !
Rapidement libérés de nos obligations, nous pouvons envisager un mouillage plus calme. Le déhalage est un peu tendu : il faut détacher les bouts à terre tout en maintenant le bateau, puis larguer la bouée… Ouf ! Nous voici libres avant d'avoir eu la visite du collecteur de taxes.
Une petite demi-heure au moteur. Nous voici à nouveau ancrés à Marinkovac, mouillage fréquenté en début de saison… méconnaissable ! Un vrai parking à bateaux… Le restaurant est animé mais le cadre est toujours superbe. La nuit sera calme.

 

Samedi 7 juillet 2012 : de MARINKOVAC à OTOK KORCULA « Racisce »
« Attaque d’engins ailés. »

Dès 9h30, nous levons l’ancre pour une navigation de 37MN. Barre à bâbord. En l’absence de vent, Perkins ronronne. La mer est déserte.
À la faveur de belles risées, Pierre peut lancer le Spi que nous tenons pendant 2h30 avant de le remplacer par Grand-Voile et Génois pour nous contenter de la Grand-voile seule dans le canal entre la Presqu’île de Pelsejac et l’île de Korçula. « PHOENIX II » est sur nos traces.

Tout à coup, nous sommes comme assaillis par une multitude d’insectes flottant et volant sur le plan d’eau à toute allure. Une bonne centaine de Fly surfs et Windsurfs traversent le canal dans les deux sens. Le photographe est à son poste, l’équipière surveille, espérant que ces fougueux sportifs sauront éviter LOGOS, tout en essayant de le frôler de très près. Quel magnifique spectacle ! « PHOENIX » s’ancrera en face du port de Korcula, nous continuons notre route sur Rascise au moteur. Nous aurons navigué sous voiles pendant 6 heures.
La petite baie s’est beaucoup animée avec de nombreux baigneurs, mais l’ambiance est toujours très familiale. En soirée, un voilier connu, reconnaissable de loin à son génois, s’approche. Il s’agit d’OCEVA qui, mal à l’aise dans une baie voisine, a choisi de venir s’ancrer ici. Nous passerons la soirée ensemble à déguster, sur le quai, fritures et grappa à la « Baraque à poissons » que nous avions vue prendre place en mai, sans savoir à quoi elle allait servir. Le succès est total, l’ambiance est sympathique, les patrons très obligeants.

 

Dimanche 8 juillet 2012 : d’OTOK KORCULA « Racisce » à PELJESAC « Mrginj »
« OCEVA nous quitte définitivement »

Après une belle matinée passée à admirer paysages et baigneurs matinaux, nous disons définitivement au revoir à OCEVA qui a dû abandonner ses projets de visite du Monténégro avec nous pour regagner Crotone plus tôt que prévu. Ils vont donc faire une escale à la marina de Lumbarda, tandis que nous continuons notre route le long de la péninsule de Peljesac jusqu’à un beau mouillage, dans une sorte de lac intérieur que Pierre a remarqué sur la carte, à 31 MN de là.


Une belle navigation sous voiles pendant 6 heures… Grand-Voile seule, Grand-Voile-Génois, Grand-Voile – Génois en papillon. Logos est à son affaire. La péninsule, investie dans sa partie Nord est devenue déserte et assez monotone, jusqu’à une faille dans la côte qui nous permet d’accéder à un lac intérieur, sorte de petit paradis tant pour la beauté de l’eau que celle de la végétation très luxuriante des pentes qui le bordent. Des pins de toutes espèces descendent jusqu’à la mer. Même les cigales, par leur concert en quête d’amour, participent à l’enchantement. Seuls quelques petits bateaux moteurs sont ancrés, bien nichés dans des anfractuosités de rochers. Le bord nous semble si attirant que, bien vite, nous nous équipons pour la pêche aux oursins… Ici, nous pouvons parler de collecte, tant ils sont nombreux et de très belle taille. Un régal le soir et une belle provision pour le lendemain.

 

Lundi 9 juillet 2012 : PELSEJAC « Mrginj »
« Un petit air de Turquie »

 


Un si beau cadre, ignoré des voiliers, imposait une pause que nous faisons volontiers avec la réjouissante perspective de faire notre cure d’oursins.
Pas de gros bateaux, rien que de petites embarcations familiales venues, par cette forte chaleur, chercher un peu de fraîcheur, nous rappelant certains mouillages de Turquie. Nous n’hésitons pas à faire une longue promenade sous-marine le long de la côte rocheuse, riche en oursins mais aussi en coraux et algues de toutes couleurs.

 

Mardi 10 juillet 2012 : de PELSEJAC « Mrginj » à ZATON
«Dernière étape croate  »

La matinée est si calme que nous tardons à nous mettre en chemin, espérant un peu de vent pour les 16MN à parcourir. Nous choisissons la route intérieure, histoire de visiter un peu les lieux, puis nous longeons l’île de Sipan, très austère et peu habitée, pour retrouver un peu de vie sur l’île de Lopud.
Sur le continent, les petits villages prennent des airs de villages de montagne dont celui de Trsteno dominé par son église et ses cyprès.
Depuis notre passage en mai, Zaton s’est beaucoup animé, nous sommes en période estivale, jeux d’eau, sonos et bruits de la route nous ramènent un peu brutalement à la civilisation bruyante et un peu agressive. Demain, nous quitterons les eaux croates pour entrer dans les Bouches de Kotor.

Monténégro

Mercredi 11 juillet 2012 : de ZLATON (Croatie) à MELJINE (Monténégro) via CAVTAT
« Météorologues doigt dans l’œil, nous, vent dans le nez !!! »

Dès 8h, nous levons l’ancre pour aller, une fois notre réservoir bien rempli, effectuer notre sortie de Croatie en bonne et due forme. Plus question maintenant, comme nous l’avions fait en 2002, de négliger les formalités de sortie. Les Croates sont aussi informatisés que les Turcs. Le quai des douanes de Grüz est désert… bonne aubaine… Pas du tout… les autorités, après nous avoir sèchement demandé où nous allions… d’où pieux mensonge car seules les sorties sur l’Italie se font en haute saison ici, nous ont priés de nous mettre de côté, privilégiant un ferry annoncé. L’équipage de Logos cogite rapidement, 40MN à couvrir, dont une bonne partie hors la loi… Risque non négligeable lorsqu’il s’agit de la loi croate, des lourdes amendes encourues. Nous décidons de rejoindre le dernier port de sortie de la Croatie, plus au Sud : « Cavtat » (prononcez Tsavtat, sans cela vous ne serez pas compris).


Cavtat, c’est un petit port d’opérette pour vacanciers… deux belles rades, de beaux hôtels, un élégant front de mer, mais lorsqu’il s’agit d’apponter pour effectuer des formalités, c’est autre chose… Où faut-il amarrer Logos ? Où sont les différentes autorités ? Pressés de quitter ces lieux, nous réussirons à nous libérer de nos obligations en une heure après avoir pu apprécier l’amabilité de certaines autorités croates, peu respectueuses de notre grand âge.
Nous continuons de longer cette côte assez inhospitalière et austère. Pas question bien sûr de faire une pause dans la seule baie entre Cavtat et l’entrée des Bouches de Kotor, nous serions hors la loi et passible d’une amende, d’une escorte retour sur Cavtat, d’une nouvelle taxe d’entrée… « Molunat » ou la crique interdite que ce soit à l’arrivée ou au départ !
Côté navigation, une grande déception car le vent du Nord annoncé s’est transformé en vent du Sud : « Météorologues doigt dans l’œil, nous, vent dans le nez », donc 7 heures avec le ronron Perkins.
C’est avec soulagement que nous contournons l’extrémité de la péninsule Nord, dernière langue de terre croate. Nous allons bientôt être admis en territoire monténégrin, une fois le quai des douanes repéré à la jumelle car le point GPS donné par notre guide est faux. À bâbord, se dressent les buildings de la ville d’Herceg Novi et, juste devant nous, un long quai entouré de grilles. Nous voici à Zelinka, autrefois ville florissante avant le tremblement de terre de 1979, dont maintenant la seule importance réside en ce quai des douanes où nous appontons. L’accueil de la jeune femme dans le bureau du Harbour Master est chaleureux, nous serions presque contents de lui donner nos 140 Euros de taxe de navigation, surtout qu’en prime nous repartons avec un beau drapeau monténégrin orné d’un magnifique aigle à deux têtes sur fond rouge et l’autorisation de mouiller où bon nous semblerait, gratuitement.

 


Il est 17h30, nous voici hôtes du Monténégro.

Une longue journée va s’achever dans une toute petite baie non loin de Zelinka, devant le discret village de Meljine animé par les cloches de son petit monastère et l’animation vacances à la mer du plan d’eau.
Au loin, un gros croisiériste quitte les Bouches de Kotor, sans doute pour Corfou ou Dubrovnik, après avoir offert à ses passagers une lente promenade jusqu’à Kotor.

 

Jeudi 12 juillet 2012 : de MELJINE à RISAN (Bouches de Kotor) Monténégro.
« Les Bouches sont bouchées… »

Logos est bien ancré, dans un environnement rassurant. Nous décidons donc de tenter de renouveler les expériences de Kastel Stari et Trogir en allant visiter la ville d’Herceg Novi en autobus. Notre annexe est confiée à un minuscule petit port pour barcasses locales. La recherche d’une ligne d’autobus s’avère un peu difficile, mais elle nous permet de découvrir le front de mer de Meljine, bordé de belles demeures et d’hôtels donnant sur de grandes plages. C’est sur la route principale et avec l’aide d’une charmante monténégrine parlant un anglais parfait, comme une grande partie des Monténégrins, que nous trouvons la « Blue Line » qui pour 0,70 Euros nous conduit à la ville d’Herceg Novi, distante de 3 km.
Notre intérêt se porte sur la vieille ville en contrebas, ceinte de murailles ; tout un dédale de ruelles pleines de charme, de paisibles placettes rafraichies par l’eau de fontaines, le tout relié par de petits escaliers. Près de la Tour de l’Horloge dont s’enorgueillit Herceg Novi, nous pouvons sans difficulté nous équiper pour la communication Internet.


Le front de mer où se dressent quelques palmiers, mais sans excès, est très fleuri et attire de nombreux vacanciers. Seul le port, en complète restructuration pour la construction d’un superbe centre nautique avec vaste piscine à gradins, équipée pour les matches de water-polo, fait effet de parent pauvre. Nous nous louons d’avoir laissé Logos à son paisible mouillage.
En début d’après-midi, nous décidons de commencer notre croisière monténégrine… tout au moteur et tout doux… rythme visite et appréciation du paysage. La côte révèle de discrets ancrages pour petits bateaux, de belles villas très fleuries surmontées par les pentes boisées des montagnes.


Un îlot sur lequel se dresse une belle église blanche semble être un pôle d’attraction pour les petits bateaux de tourisme… Pourquoi pas pour nous aussi ? Logos est ancré, juste le temps de la visite. Nous voici devant Notre Dame des Rochers, baptisée ainsi à cause de sa construction sur cet îlot artificiel, élevé pierre à pierre sur un récif. Un dôme octogonal, un beau plafond à caissons orné de peintures, ainsi que sur les murs, œuvres d’un artiste du début du XVIIe siècle. Une visite enrichie par un musée installé dans la belle demeure adjacente, musée de marine et bric-à-brac de la vie quotidienne passée. Sur un autre îlot voisin est niché un minuscule monastère… Pas d'accueil possible, nous nous contentons d’en faire le tour.


Nous venons de pénétrer dans la deuxième grande baie, comme fermée par un très haut mur de pierre de plus de mille mètres de haut. Ce paysage de cirque majestueux est à la fois grandiose et impressionnant. Nous nous arrêtons un peu à l’écart du petit port de Risan, ville la plus ancienne de la baie, cruellement touchée par le séisme de 1979. Le ciel chargé fait craindre un orage et il convient de pouvoir mouiller beaucoup de chaîne. En fond de baie, un grand hôtel de béton blanchi, style année 1960 se dresse : l’hôtel TEUTA du nom de cette reine illyrienne qui, plutôt que d’être vaincue par les romains préféra se jeter de la falaise. Non loin de là, un grand yacht britannique du nom « WHITE ROSE OF DRACHS » offre à ses passagers, outre les rituels jet-skis, un superbe toboggan qui dévale dans la mer depuis le pont supérieur… Il y a de la surenchère dans le domaine des yachts !
Le ciel s’est encore assombri. Les « Bouches » se bouchent… Il pleut même. Nous ressentons quelque inquiétude quant à notre séjour ici.

 

 

Vendredi 13 juillet 2012 : de RISAN à KOTOR (Monténégro)
«Fête nationale monténégrine. »

 


Le ciel s’est dégagé, révélant le paysage imposant de hautes montagnes reflétées dans l’eau qui n’a rien de cristalline malgré les descriptions poétiques des guides. Le soleil éclaire les ruines d’une vaste maison bâtie sur un promontoire verdoyant, une vision très romantique mais qui parle aussi des tragédies causées par les séismes.
Nous rendons visite à Risan, vieille cité, mélange très harmonieux de maisons fleuries bien restaurées et de ruines qui semblent témoigner du passé, attendant peut-être un repreneur fortuné.

 


Sur une placette ombragée, quelques commerçants ont dressé leurs étals, dont une grand-mère dynamique. Notre sac est vite rempli de produits frais ainsi que d’une bouteille de jus de grenade de fabrication artisanale dont nous apprécierons l’authenticité. Par contre, nulle animation témoignant de la fête nationale, tout au plus un ou deux drapeaux. Nous apprendrons plus tard que le nationalisme est peu exacerbé au Monténégro. À l’écart, dans un beau parc ombragé, se dresse le monastère de Banja, réservé à une confrérie de sœurs (consœurie ?). Cela semble être jour de fête pour elles qui partagent aujourd’hui une collation avec des laïcs dans le parc.


Risan s’enorgueillit de son passé romain et des mosaïques du IIe siècle retrouvées dans les ruines d’une maison romaine découverte au début de notre siècle. Il nous sera difficile de nous enthousiasmer devant Hypnos, dieu du sommeil, nonchalamment allongé ou devant ces formes géométriques destinées à donner plus de de profondeur à de petites pièces, après avoir connu les mosaïques du Bardo à Tunis ou celles de Gaziantep en Turquie mais il faut saluer le bel effort de présentation.


Nous reprenons notre lente navigation en direction de Kotor avec, pour étape suivante, la petite ville de Perast, dite « Ville des Navigateurs ». En fait, des navigateurs passés, il ne reste que les très élégantes demeures des riches armateurs vénitiens et des capitaines, très bien restaurées sous l’égide de l’Unesco. Pour tout port, un vague quai praticable seulement par les bateaux de tourisme… et encore, même notre annexe y sera malmenée ! Un mouillage à l’ancre un peu tendu nous permet cependant de mettre pied à terre pour une courte visite. Un bel exercice nous attend : la montée des 150 marches du beffroi, avec des passages un peu sportifs et la récompense lorsque nous pouvons voir Logos tout en bas. Quelques mots échangés avec un jeune monténégrin de France nous éclairent sur l’ambiance politique monténégrine, peu optimiste.
Notre route sur Kotor nous offre, presque pour nous tous seuls, en l’absence de tout voilier ou moteurs, la contemplation d’un paysage magnifique avec ces hautes montagnes et de petites chapelles et coquettes maisons dispersées dans ce décor.

Ce n’est qu’au dernier moment, au détour de l’ultime méandre, que se dévoile la haute falaise de Kotor sur laquelle dévalent, depuis un fort bâti sur la crête, les murailles protectrices de la vieille ville de Kotor. Au pied, quelques toits émergent derrière des remparts. Nous voici parvenus au bout du monde, au fin fond des Bouches de Kotor. Un grand quai de ville accueille les gros yachts que nous sommes maintenant habitués à côtoyer et les croisiéristes descendus de leur paquebot, le temps d’une brève visite. Quelques mâts émergent sur le côté. Nous optons pour le mouillage face à Kotor, très heureux de pouvoir ainsi contempler de loin cette merveille mais aussi nous immerger pour nous rafraîchir de temps en temps, rafraîchir est bien le terme qui convient car si la température de l’eau est toujours de 29°C, l’influence de la rivière Kotor se fait vite sentir sous la surface. Pas question pour Pierre d’aller vérifier la position de l’ancre, l’eau est toujours d’une belle teinte verdâtre que seul le reflet des montagnes réussit à percer. Nous faisons confiance à l’alarme de mouillage… C’est donc en annexe que nous gagnons le ponton de la marina, surpris d’y découvrir, apponté, une vieille connaissance de Turquie, le voilier EPISSURE avec à son bord Paul, Françoise et leur amie Laurette. Les souvenirs sont rapidement évoqués… EPISSURE, comme de nombreux voiliers français et anglais, a quitté la Turquie à la suite de la réglementation très stricte sur l’émigration, appliquée aussi aux séjours prolongés.


Passée la Porte de Kotor, le magnifique pavage de marbre, comme ciré par les semelles de milliers de passants, nous conduit de places en places, chacune bordée par de somptueux palais du XVIIe siècle, de style baroque vénitien : le palais Prima, le palais Grgurina, le palais Besuca et d’églises dont celle de Sainte Claire à l’autel du plus pur baroque. La Cathédrale, récemment restaurée avec l’aide de l’Unesco est dédiée au Saint Patron de Kotor : Saint Tiphon. D’une très belle architecture à l’extérieur avec ses deux tours reliées par une loggia au-dessus du porche, nous pouvons, à l’intérieur, y admirer de hautes colonnes de marbre rouge menant à l’autel surmonté d’un baldaquin, à l’imitation de Saint Pierre de Rome, d’anciennes fresques et dans une chapelle, une belle collection de reliquaires et tableaux religieux.
L’absence de gros paquebots dans la rade nous permet, sans gêne, de flâner dans Kotor, de ruelle en ruelle, comme si cette vieille cité moyenâgeuse ne s’offrait qu’à nous seuls.

 


Nous y revenons en soirée, un concert étant prévu sur le parvis de la Cathédrale. Ce sera pour nous un grand moment qui participe aussi à l’enchantement que nous procure Kotor. Tout l’orchestre symphonique du Monténégro composé en grande partie de jeunes musiciens, trois solistes : violon, piano et violoncelle joué par Mischa Maisky, violoncelliste très réputé, ancien élève de Rostropovitch et un programme de choix avec un Concerto de Beethoven et celui de Dvorak, exclusivement pour violoncelle. Un grand moment débuté respectueusement par l’Hymne du Monténégro et l’Hymne Européen, joué en même temps par l’orchestre et le carillon de la Cathédrale… au risque de heurter les oreilles de Beethoven… Notre Mathis aurait été à son affaire en écoutant le pianiste jouer sur un magnifique Steinway !
Nous apprécions la visite de Kotor la nuit, dont l’éclairage discret donne magie à ces vieilles pierres.


De retour sur Logos, nous pouvons admirer ces lumières qui descendent le long des murailles depuis la citadelle pour se refléter dans l’eau… un moment hors du temps.

 

Samedi 14 juillet 2012 : KOTOR (Monténégro)
« Un drapeau tout neuf »

Une petite touche de patriotisme sur Logos que nous dotons, en cette fête nationale, d’un beau drapeau tout neuf, en remplacement de celui ayant déjà fait la saison 2011. Mes travaux d’aiguilles n’avaient pas réussi à restaurer cette relique, tout juste à prolonger son existence dans l’attente de ce jour.
Pour ce grand jour, nous avons choisi de nous offrir le ponton de la marina, au prix étonnamment attractif en comparaison des marinas croates. Batteries et réservoir d’eau pourront faire leur plein et Logos retrouver un peu de propre.


Devant les remparts de la ville, un pittoresque marché nous attend. Des paysannes ont dressé leurs étals et proposent leur production de fromages de toutes sortes, de charcuterie, de miel, avec beaucoup de gentillesse. Bien sûr, nous cédons à la tentation. Seul le rayon poissons ne nous parait pas vraiment appétissant. Nous ferons nos achats d’anchois plus tard. Cela devait se passer un peu comme cela il y a bien longtemps - comme si le temps n’avait pas de prise sur Kotor.

 


Des hirondelles ont élu domicile sur les écoutes de Génois et la filière. Toute une famille qui piaille sans souci de notre présence. Est-ce un bon présage ?
En soirée, nous décidons, tout comme de vrais Monténégrins, d’aller nous attabler à une terrasse de café dans la vieille ville. Papotant devant un verre de vin local, non pas pour refaire le monde, nous observons les gens autour de nous, ces gens qui vivent à Kotor ou y reviennent par affection.

 

 

Dimanche 15 juillet 2012 : de KOTOR. OTOK STRADIOTI « Uvala Krtole »
« Un petit tour en car »

Pourquoi ne pas profiter de la sécurité de l’appontement de Logos pour aller faire un petit tour dans les terres, plus précisément jusqu’à Cetinje, ancienne capitale du Monténégro, avant que Podgorica, alors Titograd, ne fut choisie.


Le syndicat d’initiative est pris d’assaut par des touristes en mal de visites. Nous nous passerons de leurs conseils et, pour gagner la gare routière en périphérie, nous empruntons une de ces voiturettes électriques pour promenade… Un grand moment, émotion garantie !
La gare routière nous propose, effectivement, un bus pour Cetinje, via Budva, importante station balnéaire du littoral. Pas de problème, ce sera l’occasion de visiter un peu. Le car en provenance de Podgorica est déjà bien plein et nous devons à l’amabilité de passagers plus jeunes de pouvoir voyager assis.
Au petit bijou qu’est le vieux Kotor succède une ville plus nouvelle, flanquée de l’habituelle zone industrielle où nous remarquons de nombreuses entreprises de construction, peut-être signe que le bâtiment est prospère. Puis le paysage devient plus pittoresque, très vallonné et boisé. De rares maisons se révèlent entre les arbres. La descente sur Budva nous permet de belles aperçues sur une côte très découpée, offrant de belles baies, jusqu’à la vision un peu affligeante de cette importante station balnéaire, réputée pour ses longues plages de sable. De sable, nous n’en apercevrons que très peu, caché sous ces centaines de parasols, bien alignés sur une dizaine de rangées. Le car s’est vidé, nous continuons notre progression sur Cétinje par une route de montagne, très escarpée qui nous élève à presque 700 mètres d’altitude, jusqu’à cette petite ville comme figée dans le temps.

 


De gare routière, point, surtout si nous nous rappelons nos gares routières turques. Ici, pas de guichet, les billets s’achètent à bord du car, pas d’horaire affiché. Il nous faut une fois de plus compter avec l’amabilité des Monténégrins et aussi leur aptitude à parler anglais. Une fois la gare quittée, nous avons l’impression d’entrer dans une ville fantôme, tant les rues et la vaste avenue principale sont désertes. Il est vrai que la température n’incite guère à la promenade, sauf pour les touristes. Pourtant cette petite ville a un petit air propret qui témoigne de vie. Les façades des maisons sont colorées de bleu, d’ocre, de rouille. De nombreux toits, bien entretenus, sont recouverts de zinc laissant présager des hivers neigeux. Quelques bâtiments plus importants, d’anciennes ambassades, évoquent l’âge d’or de Cetinje dans la seconde moitié du XIXe siècle.


Donnant sur un vaste parc, l’ancien palais du souverain Petar II Pétrovic Njegos nous invite à une visite. Rien à voir avec Versailles ou Fontainebleau. Une grande simplicité architecturale et un mobilier des plus Napoléon III. Nous remarquons une très belle collection d’armes.
Dans le parc où est implanté un très important complexe monastique, une petite chapelle dédiée à la naissance de la Vierge abrite les tombeaux du souverain Nicolas I et de son épouse.


La rue principale de Cetinje s’est un peu animée, l’heure du repas a sonné. Plutôt qu’un vaste café au nom bien français « Au cap d’Antib » ou une quelconque pizzeria, nous optons pour un tout petit restaurant, dans une rue transversale, un de ces restaurants pour locaux dont la patronne toute surprise de notre présence, nous proposera de choisir notre menu dans le frigidaire ! « Dzigerica », soit du foie grillé pour Pierre et « Raznjici », c’est à dire des morceaux de porc pour moi. Je comprends que nous nous soyons contentés des sempiternelles « Cevapcici », il y a bien longtemps.
Un car est en partance, il nous faudra par contre changer à Budva. La trop forte chaleur nous incite à retrouver bien vite une bienfaisante baignade. La descente sur Budva est sportive, et sans doute beaucoup plus rapide que ne l’autorise la réglementation, limitant la vitesse à 60 et 80 km/h. Nous éprouvons un certain soulagement à l’arrivée. Juste le temps de changer de car pour retrouver Kotor.
Nous ne nous attardons pas à la marina et, après une trempette reconstituante, choisissons de faire quelques milles de visite en direction de Tivat, station balnéaire et marina très prisée de par sa proximité avec l’aéroport. Des îlots remarquables, un passage peu profond, c’est dans une petite anse que nous finissons cette journée, au son des cloches d’un petit monastère.

 

 

Lundi 16 juillet 2012 : des BOUCHES DE KOTOR « Otok Stradioti » à BUDVA.
« Fin de la croisière Perkins dans les Bouches »

Dès 9 heures, nous sommes en route et longeons la côte Sud-Ouest des Bouches, beaucoup moins touristique, puisqu’anciennement zone militaire, percée de discrets tunnels pour abriter des embarcations en embuscade. Quelques infrastructures subsistent encore, de même que des navires rouillés et désarmés.
Le passage du cap marque la fin de cette belle croisière au rythme Perkins, dans un cadre grandiose et protégé. Il est 11 heures, nous retrouvons l’Adriatique, le vent nous permet d’établir GV et G que nous conserverons pendant plus de 3 heures… Moi qui m’était habituée au rythme croisière ! Notre admiré compagnon « PHOENIX » longe aussi tranquillement la côte mais, lui, à la vitesse de 16 ND (merci AIS pour le renseignement).

 


Trois îlots surmontés de vieux forts gardent une baie que nous ignorons, trop exposée pour, une fois les voiles affalées, emprunter le chenal et pénétrer dans la vaste baie de Budva à demi fermée par une île. Bien surveiller le sondeur et suivre les balises… Un long cordon rocheux relie l’île au continent et barre la baie, protection soi-disant naturelle du port, mais dangereuse pour les voiliers. Nous jetons l’ancre dans l’avant-port. La vue sur la minuscule presqu’île sur laquelle est bâtie le vieux Budva, c'est-à-dire quelques maisons, dominées par le clocher de l’église, resserrées derrière des remparts ne compense pas la médiocrité de l’environnement. Cerné de toutes parts par de hauts buildings, le port n’est qu’un univers de laideur et de bruit. Les soi-disant plages de sable fin n’offrent que quelques centimètres carrés aux vacanciers tant la demande est grande, et, en plus, jouissance suprême, chacune est sonorisée. Assaillis de toute part, même par les jet-skis, nous décidons d’aller chercher un asile plus calme au Nord de l’île de l’entrée, malgré la nécessité de contourner cette île par l’extérieur et d’affronter les vagues turbulentes que le vent a levé.
Plusieurs embarcations sont mouillées à la bouée, devant de discrets restaurants de plage. Une bouée est libre et, à cette heure tardive, il est 18h, elle ne saurait faire défaut à quelqu’un. Voici donc Logos bien attaché. Nous aurions pu envisager une soirée et une nuit sereines, protégés par l’île Saint Nicholas. Un peu surpris, nous constatons que tous les bateaux quittent ce mouillage. Sans doute des habitués peu volontaires pour une nuit agitée comme nous l’avons vécue, ballotés de tout côté. Seule consolation, l’animation lasers et décibels de Budva ne parvient pas jusqu’à nous. Vivement le petit jour.

 

Mardi 17 juillet 2012 : de BUDVA à BAR.
« Nuit en zone franche. »

Épuisés par cette folle nuit, il n’est même pas question de prendre notre petit déjeuner en ce lieu aussi peu hospitalier. Nous retraversons la baie pour un ancrage provisoire sous le chantier pharaonique d’un futur ensemble hôtelier et, malgré l’environnement, nous apprécions le calme maritime et terrestre, les plages n’étant à cette heure que peu fréquentées, donc sans animation.
Nous avons 20MN à parcourir pour gagner le port de Bar où nous devons effectuer nos formalités de sortie… Nous pouvons flâner un peu et recouvrer nos esprits avant, en début d’après-midi, de hisser les voiles pour 2h30 de navigation avec une pointe de vitesse à 9ND… !

 


Par endroits, la côte commence à souffrir de la lèpre immobilière, mais, dans l’ensemble, sans excès.


Bar ne sera pour nous qu’un quai de douanes avec quelques pas sur le front de mer pour aller à la Capitainerie demander au Commandant la permission exceptionnelle de dormir « sous douanes », ne souhaitant pas rallier la marina pour un départ très matinal le lendemain. Est-ce notre grand âge ? Le souvenir ému qu’il a de son séjour, il y a bien longtemps, dans le port de Marseille ? Cette permission nous est accordée avec beaucoup d’élégance et nos papiers visés à l’avance. Quelle classe !
Nous voici donc prêts à coucher en zone franche, près du ferry reliant Bar à l’Italie, « Sveti Stfan » de la « Monténégro lines », deux remorqueurs et les gros navires militaires. Pierre ira même rendre une petite visite à la « Duty-free shop », mais sans grand succès.

 

Mercredi 18 juillet et jeudi 19 juillet 2012 : de BAR (Monténégro) à CORFOU (Grèce)
« Un départ retardé »

Toute la nuit, le vent a soufflé nerveusement, nous inquiétant un peu, pour une longue navigation de 158MN. En effet, nous ne souhaitons pas faire escale en Albanie, visitée l’an dernier, et avons envie de nous retrouver « presque chez nous », en Grèce où nous savons pouvoir jeter l’ancre sans avoir à demander de permission. Lorsque l’heure de se préparer sonne, un chalutier italien « Pascale e Christina » vient de rentrer et signale à Pierre que, dehors, la mer est mauvaise. De même pour les policiers qui nous font signe de nous rendormir. La dernière carte météo est bien colorée. Nous voici donc partis pour prolonger notre nuit jusqu’au moment où, le vent semblant s’être un peu calmé, nous décidons de mettre le nez dehors. Nos passeports sont rapidement scannés et tamponnés par le policier de garde qui nous encourage d’un joyeux « Arrivederci ! ». On voit bien que ce n’est pas lui qui se lance sur les flots en furie. Il est maintenant 9h20. Effectivement, dès que nous avons quitté la protection du port, il nous faut rapidement réduire les voiles, puis les remettre une fois l’effet cap passé. Le vent s’oriente peu à peu ¾ arrière avec quelques variations, une allure que la passagère aurait pu apprécier en l’absence des vagues résiduelles qui malmènent Logos. Certes, 15 heures sous voiles, mais aussi 15 heures de « ballotage », de montagnes russes comme à la Foire du Trône… auxquels nous n’aurions pas pu échapper, même au moteur !


Aucun bateau en vue pendant toute la navigation… le désert… Parfois c’est un peu long, surtout lorsqu’il a fallu lancer Mr Perkins pour les 15 autres heures. Après les côtes monténégrines, ce sont les côtes albanaises qui s’estompent, jusqu’au canal d’Otrante où Grèce et Albanie se rapprochent. Jean-Michel de « MARCHOUREVE » qui nous guette dans une crique au nord de Corfou nous invite à le rejoindre… Désolés, nous sommes KO et souhaitons regagner au plus vite notre mouillage familier, au pied de l’ancienne citadelle de Corfou. Le rendez-vous n’est que retardé. Nous retrouvons rapidement nos habitudes… le petit canal où attacher notre annexe, le marchand de café, le café acheté en Croatie nous ayant paru un peu dur, la pâtisserie, et surtout le magasin de téléphonie pour nos connections en Grèce.
Que la nuit nous parait douce, malgré l’animation musicale du bord de mer.

 

 

Vendredi 20 juillet 2012 : de CORFOU(Citadelle) à GOUVIA
« Nos vieux copains sont là ! »


C’est dans le mouillage de Gouvia que nous devons retrouver nos amis de longue date : Claudine et Jean-Michel. Ils ont, eux, quitté la Turquie seulement cette année pour hiverner en Grèce. Il nous faut, avant toute chose, compléter le réservoir de Logos espérant que la pompe à gas-oil de Gouvia, la seule du secteur, tellement revendiquée, n’est pas encore prise d’assaut à cette heure plutôt matinale… Bingo, personne ! Et la rencontre de « MARCHOUREVE » qui a eu la même idée que nous. Dix minutes plus tard, yachts et voiliers étaient en attente.

 


Même, le surprenant yacht façon LEGO kitch, notre voisin de l’an dernier, semble nous attendre et nous reprenons notre mouillage sous la falaise dominée par la villa de son propriétaire. Il peut admirer trois pavillons français flotter au vent sous sa terrasse. En effet, « Marchourêve » navigue avec un autre voilier français « MORGANE » (qui signifie, parait-il : venue de la mer), très récemment acquis par Daniel et Noëlle. En mer, les présentations sont vite faites et un apéritif en commun délie rapidement les langues. Tandis que Pierre va rendre visite au shipchandler de la marina… et à la lingère, j’apprécie de me laisser tout simplement vivre en observant l’environnement de Logos. Les superbes villas surplombant la baie ne témoignent guère d’un état de crise, propriétés de magnats de l’immobilier ou du pétrole.

 

Samedi 21 juillet 2012 : GOUVIA
« Journée petits travaux »


Dans le calme du petit matin, avant que les skieurs nautiques n’agitent le plan d’eau, Pierre monte en haut du mat, assuré par son équipière. Il lui faut en effet changer les cordages du lazy-bag qui ont rompu pendant notre dernière navigation. Puis ce sera le temps « couture », tout d’abord de la Grand-Voile qui n’a pas apprécié un empannage sauvage, puis de la bande UV du Génois, puis du bi-mini qui, eux aussi, ont un peu souffert des embardées de notre navigation.

 

Dimanche 22 juillet 2012 : de GOUVIA à CORFOU ( Garitsa)
« Déjeuner friture d’anchois sur Marchourêve »


Une très lente navigation, sous voile, par tout petit vent, nous permet de gagner le mouillage que nos amis ont rejoint avant nous, à 4MN de là.
Nous partageons, à leur bord, une belle provision d’anchois achetée à un petit chalutier en bout de jetée, un genre de « pot-luck » auquel chacun participe…
En ville, toutes les boutiques sont closes, sauf une belle pâtisserie et le marchand de journaux offrant une sélection de journaux français… denrée complétement absente de notre périple croate où les français sont complétement ignorés.


La nuit sera très « balancée » mais sans pollution sonore. C’est déjà cela.

 

Lundi 23 juillet 2012 : de CORFOU « Garitsa » au continent « Ormos Valtou »
« Ballet nautique »


Un ciel très chargé et très bas nous incite tous trois à trouver un abri moins agité, après avitaillement fait au marché de Corfou.
Nous rejoignons la côte continentale, un peu avant la baie d’Igoumenitsa, mais auparavant, Jean-Michel souhaite nous faire connaitre une belle chapelle blanche qu’il vient de découvrir, sur un cordon lagunaire… Nous reconnaissons le monastère de Vlachernes, le must des cartes postales, visité l’an passé pendant notre circuit en voiture. Au passage, dominant la côte, nous pouvons admirer l’Achilleion, Palais de l’Impératrice Sissi que nous n’avions pu approcher tant il y avait de visiteurs. C’est sous voiles, dont le Spi, que nous traversons le canal, vers le continent, à toute petite vitesse mais rien ne nous presse ! Une vaste baie, un banc de sable à surveiller, une deuxième baie déserte aux eaux émeraude. Quelle transition après l’agitation de Corfou. Nous allons pouvoir faire une douce pause avant de continuer notre descente.


C’est à un étrange ballet nautique que nous assistons tous, depuis Logos où nous avions convié nos amis… un ballet orchestré par des poissons de toutes tailles, des loups certainement, qui, tels des dauphins, sautent hors de l’eau, à la verticale. Parade nuptiale ? Concours de sauts ? En tout cas un spectacle qui ne nous avait pas encore été offert. Il est temps de renouer avec la pose du filet que nous avions délaissé depuis 3 ans.
Notre première tentative est infructueuse. Nous réitérerons demain. Nous voici installés ici pour plusieurs jours, un coup de vent est annoncé.

Mardi 24, mercredi 25, jeudi 26 juillet 2012 : IGOUMENITSA « Ormos Valtou »
« À l’abri »


Effectivement le coup de vent annoncé est bien présent, mais n’atteint ni « MARCHOUREVE », ni « LOGOS » dans leur abri. Seule « MORGANE » a décidé d’affronter les éléments pour montrer à ses passagers d’autres horizons. Nous ne les envions pas et profitons de ces lieux hospitaliers. La pose et la relève du filet, même si la pêche n’est pas toujours aussi productive qu’espérée, vue l’agitation des poissons en soirée, suffit à notre bonheur et nous nous permet de partager un barbecue poissons avec nos amis. Un joli Loup (Bar pour les gens de l’Ouest), des rougets, une sardine, des mulets et autre menu fretin sont sur le gril, sans compter une magnifique gambas que nous diviserons en quatre, juste pour le goût ! Nous sommes agréablement surpris par la saveur des mulets, poisson réputé peu noble.
Le vent a troublé la surface de notre piscine émeraude, rendant le bain moins attractif, mais cela n’empêche nullement poissons et oiseaux de nous offrir un spectacle unique, à la surface de l’eau avec ces cabrioles acrobatiques de poissons et, dans l’air, le survol de la côte par une formation de gros oiseaux que nous aurons tous beaucoup de mal à identifier : cigognes ? (à cause de leurs bouts d’ailes noirs), pélicans ?
En soirée, telle une magnifique estampe, les reliefs se voilent derrière un long cordon lagunaire. Aquarellistes à vos pinceaux !
Ne craignant pas la colère d’Éole en ce lieu retiré, nos nuits sont paisibles et notre sommeil que nul bruit ne trouble, bien profond.

 

 

Vendredi 27 juillet 2012 : d’IGOUMENITSA « Ormos Valtou » à PAXOS « Lakka »
« Ça tangue à Lakka »


Après avoir apprécié ce grand repos, la nécessité d’un peu d’activité se fait sentir… ainsi que celle du réapprovisionnement des réfrigérateurs. MARCHOUREVE nous a quittés tôt ce matin pour Paxos, LOGOS et ses passagers flânent en attendant une petite brise porteuse. Soucieux des bancs de sable fermant les deux criques de cette vaste baie, nous n’établissons les voiles qu’une fois passée la ferme aquacole qui en garde l’entrée - sans grand succès puisque nous devons nous assister du moteur, mais un voilier sous voiles, c’est plus beau et cela peut, peut-être, attendrir les Capitaines des ferries du rail CORFOU-IGOUMENITSA. Il est 10 heures, la brume du matin ne s’est pas encore dissipée et le paysage de montagnes estompées est magique.


Une fois le rail franchi, le gros bateau de croisière MSC laissé sur notre bâbord, nous pouvons commencer à jouer avec nos voiles, rien ne nous presse. Au départ, un rythme tout doux qui s’accélère en approche de la pointe de l’île de Corfou et fait filer ses 7 à 8 ND à Logos jusqu’à l’entrée dans la vaste baie de Lakka, à 19MN du continent. Nos amis nous attendent, déjà ancrés à proximité du petit port, mais « houle, là, là ! » l’agitation extérieure se fait sentir sur ce magnifique plan d’eau. Les mâts tricotent, les coques se balancent.


La promenade en ville pour quelques achats, la traditionnelle visite à l’entrepôt de notre marchand d’huile d’olive et l’habituel lèche vitrine de ces dames (sans risque pour les porte-monnaie tant les tentations sont minimes), nous font oublier l’instabilité de nos voiliers.


Avec ce même objectif, nous optons pour un diner dans notre restaurant préféré : « La Piazza ». Nous ne pouvons-nous empêcher de penser à Aline et Pierrot qui nous l’ont fait connaître. Pierre et moi restons fidèles à notre habituel « Mixed gril for two ». Ce soir, un accordéoniste donne un petit air encore plus festif à cette terrasse et, après les traditionnels « Zorba le Grec » et « Les enfants du Pyrée », régale les clients à la demande. Une bien sympathique ambiance à laquelle contribuent les enfants de la maison en nous servant avec sourire et disponibilité.

 

Samedi 28 juillet 2012 : PAXOS « Lakka »
« Menus travaux »


Chacun s’affaire sagement sur son voilier. Jean-Michel monte au mât pour rétablir un éclairage, Pierre parfait ses travaux de couture de voile. Claudine a opté pour la plage moins remuante. Je me laisse bercer ou plutôt endormir par ce va et vient continuel.

 

Du dimanche 29 juillet au samedi 4 août 2012 : PAXOS « Lakka »
« Sous le regard d’une vénérable vieille dame de 112 ans ! »


Nos amis nous ont quittés à la recherche d’un plan d’eau plus calme, nous invitant à les suivre. Nous optons pour un séjour prolongé dans cette baie, en attendant nos passagers du début août mais en changeant d’ancrage. Pierre a observé qu’une zone demeurait calme, quelle que soit la force du vent et du ressac, malheureusement encore occupée par un voilier. Il nous suffit d’être prêt à lever l’ancre. Bingo ! La place, la presque unique place, est pour nous. Nous voici installés pour un bout de temps, bien protégés par la jetée où est apponté un splendide vieux gréement : « RHEA », une goélette Edwardienne danoise de 27 mètres, construite en 1900 et restaurée, étrange hasard, à Marmaris en 2006, pour accueillir des passagers fortunés. De passagers, au prix demandé, nous n’en verrons point, mais pourrons assister aux allers et venues de l’annexe avec les propriétaires et leur chien et, surtout, admirer la magie de la mâture dans la lumière du couchant.


Les voiliers se succèdent au mouillage : « Lamberrock » de St. Malo, « Another story », « Sixties », « Mr.Soul » et, au quai, avec la succession des flottilles de location, selon le jour : «  Sailing Holidays », « Nelson », « Tip Top Sailing ». Nous assistons de loin aux mouvements et devons susciter bien des envies. Seuls les petits bateaux de pêche appontés non loin nous frôlent au départ et au retour de leur quête, sans oublier de nous saluer amicalement.
Le soir, les annexes s’agglutinent le long d’un quai peu profond, bon présage pour les restaurateurs. Depuis Logos, nous profitons de l’animation des mouvements et de l’accordéoniste qui récolte quelques Euros.


Bien tentés par un petit circuit en quad, loué chez « Nick the Greek » (ça ne s’invente pas), nous laissons LOGOS dans sa piscine pour une folle virée d’une trentaine de kilomètres sur un quad poussiéreux et poussif (dira Pierre !)... 10Km/h dans les montées et 45 « affichés » dans les descentes… (Alors, pourquoi ma casquette s’envole-t-elle ?).


L’île de Lakka est encore très verdoyante avec des forêts et de nombreuses oliveraies, certaines à l’abandon. Les constructions y sont peu nombreuses et seuls les ports de Gaios et de Logos (hé oui !!!) sont un réel pôle d’attraction, surtout pour la capitale de l’île : Gaios, qui, très animée, attire de nombreux vacanciers et plaisanciers. Nous y avons, d’ailleurs de très peu, évité une amende de stationnement pour notre quad, l’ayant garé en zone piétonnière… Décidemment, il nous est difficile de ne pas être contrevenants !!!

 

 

C’est à « Loggos » (l'orthographe de ce nom prestigieux varie selon les panneaux), que nous choisissons de nous restaurer dans un coquet restaurant du minuscule port et trinquons au Retzina à la santé de notre Patrice…
Une expérience, somme toute amusante… mais rien à voir avec la virée en quad, au lever du soleil, dans le désert du Sinaï.

Vers Carnet de bord N°2, la suite

Vers carnet de bord N°3, notre périple terrestre en Italie

 

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