Mise à jour : 2015

___ Les carnets de bord de Martine___

Année 2011

Deuxième partie, de Corfou (Grèce) à Crotone (Italie)

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Vers première partie, de Marmaris Turquie à Corfou Grèce

Dimanche 31 juillet 2011. De SIVOTA Islands à CORFOU (Mandraki) »
« En avant la musique !!! »

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Une petite baignade matinale, histoire de se mettre en forme pour la traversée de 20 MN jusqu’à la ville de Corfou et, nous l’espérons, cette petite marina pleine de charme, tellement bien nichée sous les remparts de la vieille citadelle. Nous avions même envisagé d’y hiverner Logos en 2002. Bizarrement, l’eau est froide, même très froide avec ses 20°C annoncés qui me rappellent les baignades bretonnes. Une source est certainement responsable de ce dépaysement. C’est encore le grand calme dans ce chenal entre continent et îlot, nous sommes les seuls à lever l’ancre dès 9h30, espérant profiter d’un vent de Nord-Ouest pour regagner Corfou. Certes, nous réussissons à établir les voiles pendant ½ heure, mais c’est plutôt avec le ronron Perkins que nous traversons, contemplant au passage cette côte albanaise aux montagnes si dénudées.

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Nous contournons l’éperon rocheux où se dresse, majestueuse, la vieille forteresse… Étrangement, comme il y a deux citadelles à Corfou, l’une est qualifiée de « vieille »… alors qu’elle n’a que 20 ans de plus que l’autre et, lorsque l’on fait référence au XVIe siècle… 20 ans cela ne doit pas se voir beaucoup !
Quel plaisir de naviguer sous ces hauts remparts chargés d’histoire pour pénétrer dans la petite marina de Mandraki, plutôt un yacht-club, où « Adagio » qui nous a précédé de quelques jours nous a réservé une place, une des meilleures, au ponton flottant devant le restaurant. Il est 13h10. En l’absence du responsable Andreas, c’est un membre du club du voilier britannique « Leisure Island » qui nous accueille avec beaucoup de courtoisie. On se croirait presque aussi membre du IOK (traduire Corfou Sailing Club). Le petit restaurant où nous avions, pour la première fois, gouté la cuisine grecque et découvert le yaourt au miel a maintenant des airs de Grand Restaurant prisé des Corfiotes tant pour la qualité des plats proposés que le cadre. Nous aurons plaisir à l’apprécier cette année.
D’étranges harmonies nous parviennent du Conservatoire situé au-dessus, chacun s’exerce, les fenêtres ouvertes et les cuivres, plus sonores dominent… « La Traviata », « Le pont de la rivière Kwaï », une cacophonie bien sympathique et de qualité.

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À nouveau ce même plaisir de retrouver Corfou, cette ville aux multiples facettes, mêlant harmonieusement les différentes périodes de son histoire, qu’elle soit byzantine avec toutes ces petites églises, vénitienne par les citadelles et le vieux quartier, française à la fin du XVIIIe siècle avec cette vaste esplanade de verdure bordée par ces arcades du Liston, rappelant la rue de Rivoli, ou anglaise au XIXe siècle pour les traditions. Cette Spianada, semble être le poumon de Corfou. Ici, de jeunes garçons jouent au cricket ou au football, tandis que les adultes refont le monde devant un café frappé, assis aux vastes terrasses installées en bordure du Liston. Derrière ces façades élégantes, une multitude de ruelles pavées à l’ambiance napolitaine, ruelles étroites aux maisons dont les balcons de ferronnerie s’ornent du linge à sécher.

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En ce dimanche après-midi, la plupart des boutiques sont fermées, sauf celles dédiées aux touristes. C’est une impression de ville où l’on peut se promener tranquillement qui se dégage. Peu de voitures, seulement les cabriolets tirés par des chevaux, en attente de touristes.

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Un kiosque, style années 1930 est prêt pour un concert nocturne. C’est un programme varié et entrainant que nous pouvons apprécier en soirée. Une cinquantaine de musiciens de tous âges, en uniforme, ensemble style Orphéon de clarinettes, cuivres et percussions d’une petite ville de l’île de Corfou. Un régal et un grand étonnement en voyant cet orchestre regagner le car en une parade presque militaire.

 

Lundi 1er  et mardi 2 août 2011. CORFOU : Mandraki
« Un petit air de Venise. »


Le temps étant calme, nous voici bien vite en annexe pour emprunter le petit canal entre la ville et l’enceinte de la citadelle, sans doute les anciennes douves. Là, des barcasses et de petits bateaux moteurs sont amarrés à l’abri des vagues, devant des cabanons, style « villa mon rêve » où les pêcheurs et plaisanciers ont plaisir à se retrouver dans un monde à part, loin du tumulte.
À la sortie, dans le vaste mouillage, est installée une marina, elle aussi un yacht club, le NAOK, ou Club Nautique de Corfou, pouvant héberger de gros yachts et au tarif beaucoup moins attractif que celui de Mandraki.
Le superbe catamaran croisé à Paxos, « Coriolan VI » est à l’ancre, au mouillage.

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Tous les loueurs de voitures sont regroupés dans le grand port, près de l’arrivée des ferries, ce qui nous permet de découvrir le front de mer avec ces anciennes maisons un peu fanées mais toujours pleines de charme. Dans ce port « moderne », peu de places engageantes pour les petits voiliers. Le port, c’est le domaine des ferries et des gros paquebots de croisière ayant fait de Corfou une escale privilégiée, au même titre que Venise ou Dubrovnik.

 

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En cette période de l’année, presque tous les véhicules de location sont réservés pour plusieurs jours. Seul un loueur, nous propose une voiture pour le surlendemain. Nous devrons donc reporter notre visite de l’île.

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C’est en nous rendant au bureau de poste, espérant y trouver notre courrier, que nous réalisons qu’il y a deux Corfou, la ville ancienne enserrée entre ses deux citadelles protectrices, une ville pleine de charme et la ville nouvelle, sans grand cachet personnel, une de ces villes de partout et de nulle part.

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Sur une placette, une statue de facture moderne attire notre attention, celle de Kostas Geozoakis, jeune idéaliste qui s’est immolé pour ses idées liées à l’indépendance de la Grèce : « Je ne peux penser, ni vivre, autrement qu’en homme libre ». À méditer, surtout en pensant au peuple syrien ! Deux déceptions pour Pierre : le courrier n’est pas là, et surtout, une jeune grecque a osé dire ne pas comprendre son anglais « shakespearien » et, à son « Where is the post Office ? », il s’est entendu répondre… « Please could you speak in English, I don’t understand your language! » Tragique !  Comme quoi il aurait mieux fait de se contenter de consulter le plan ! (ou de laisser parler son interprète préférée…)
L’après-midi du second jour, le plan d’eau s’est agité. Nous apprécions d’être bien amarrés dans ce cadre plaisant et de pouvoir profiter en soirée de cet agréable restaurant, si proche.

 

Mercredi 3 août 2011 : CORFOU « Mandraki »
« En août s’abstenir ! »

Avec beaucoup d’amabilité, notre loueur nous a proposé de nous prendre sur le trajet de son domicile à sa boutique, nous évitant ainsi une marche à pied de plus de 10 minutes. En l’attendant, nous regardons Corfou s’animer, le balayeur prépare soigneusement l’esplanade, les cabs prennent place. C’est en Ford Fiesta que Pierre découvre la circulation corfiote, encore très raisonnable à cette heure matinale.

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Première étape, la marina de Gouvia… un début original pour commencer la visite touristique d’une île… Serions-nous en manque de bateaux ? Pas vraiment, mais mon skipper a quelques emplettes à faire car, depuis Yacht Marine, il a été un peu privé d’accastilleur digne de ce nom. Gouvia Marina, c’est maintenant une « presque » ville sur l’eau, quasiment bondée à cette période.
Puis, direction le Nord de l’île par une route de montagne dont les pentes calcinées gardent encore les stigmates de feux récents et sans doute encore latents si nous en jugeons par les allers et venues des Canadairs et de l’hélicoptère transportant les bombes à eau. Le paysage sauvage permet d’apercevoir, au loin, de vieux villages aux maisons blotties les unes contre les autres. Leur traversée se révèlera beaucoup moins poétique, peu pittoresque en ce qui concerne l’architecture des maisons. Le stationnement des véhicules dans les ruelles étroites entrave la circulation au point que certains villages ont dû se doter de feux de circulation à une voie… Que dire aussi de l’habitant qui doit vite se réfugier chez lui, incapable de profiter du seuil de sa maison ! Il en est de même pour les approches de la mer… La carte postale vue d’en haut, l’enfer en bas : Roda Beach, Agios Spiridonos… Tout le déballage pour touristes plagistes entassés sous leurs parasols.

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Ainsi, toute la journée, nous essayerons d’approcher la côte, sans grand succès. Kassiopi, petit port offrant quelques places aux voiliers, Kerasia, à un mille seulement des côtes albanaises. Nous ne pourrons même pas voir Paleokastritsa, station réputée de la côte ouest, ni même le monastère de la Panagia pris d’assaut par les touristes. Quant à l’Achilleion, ancienne résidence de l’Impératrice Sissi, c’est aussi la cohue. Il nous semble donc inutile d’accroitre les kilomètres enregistrés par le compteur et payer une surcharge de 24 centimes pour tout kilomètre au-dessus de la centaine comprise dans le forfait. Nous aborderons la côte Sud par la mer ! Certes nous avons apprécié la beauté des paysages, de la végétation d’oliviers, cyprès et vignes que nous souhaitons voir préservés mais est-il vraiment nécessaire de tout sacrifier au dieu tourisme, agressif jusque dans ses publicités ! Notre journée se termine au Mini-Market Carrefour !


Jeudi 4 août 2011 : CORFOU : Mandraki.
« La montagne s’embrase... »

Journée repos, simplement à nous laisser porter par le temps, à observer le monde tourner autour de nous en appréciant la compagnie des voiliers voisins : « Dos » voilier italien à l’équipage familial, « Koala », avec un couple d’italiens qui tout comme l’équipage de « Leisure Island » a choisi de profiter de Corfou l’hiver.

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Une fois de plus, en soirée, nous passons la haute porte de l’enceinte de la citadelle pour accéder à l’esplanade, après avoir emprunté le pont qui enjambe la « Contra Fosse », sans oublier de saluer au passage le guichetier du monument… Nous faisons partie du cadre et ne sommes pas considérés comme des visiteurs. Les rues de Corfou grouillent de monde.

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Toujours pas de courrier… à noter que la poste de Corfou est ouverte du matin à 20 heures… tellement surprenant en Grèce !
Une soirée à regarder la montagne Nord qui s’est embrasée… négligence, malveillance ? Et toujours ce pincement au cœur en pensant aux habitants proches et à cette belle nature, si vite détruite.

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Vendredi 5 août 2011. CORFOU, de Mandraki à  Ormos Garitsas. 
« En attente de courrier »

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Nous quittons Mandraki pour ce vaste mouillage, sous les remparts de la citadelle qui permet de profiter, à la fois, de la ville et de la mer pour la baignade en eau claire. Mouillage un peu mouvementé au passage des grosses unités, un peu trop sonorisé le jour par le décollage des nombreux avions qui pourraient nous évoquer Orly et, le soir, par une boite de nuit mais tellement bien placé, avec Corfou à disposition grâce à l’annexe, le spectacle donné par l’environnement, les mouvements de bateaux. Ici quelques voiliers se balancent autour de nous, mais ce sont surtout les gros yachts « Lady Christina », « Paris », « Seas7 » qui viennent s’ancrer. Ne cherchez pas avec curiosité leurs propriétaires à bord, la majorité de ces « paquebots » sont à louer avec l’équipage pour la modique somme de 400 000 à 700 000 Euros la semaine ! Image de la misère humaine !

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photo A. et L. Pitel...de Villedieu


Toujours ce spectacle magique de la citadelle dressée sur son rocher. Son campanile nous donne l’heure et semble parfois entrer en compétition avec les cloches qui sonnent à toute volée… s’agit-il, comme à Malte, des cloches coulées à Villedieu les Poêles !
Aujourd’hui, c’est journée entrainement au Club Nautique, des Optimistes virent de bord autour de nous, nous évoquant les débuts de notre Mathis.
Toujours pas de courrier. Les postières commencent à nous connaître, étant donné le peu de lettres en attente en poste restante.
Une belle soirée à écouter, sur le pont, la chorale qui se produit dans l’église Saint Georges dans l’enceinte de la Citadelle heureusement avant que la sono nocturne ne se déclenche ! Il semble que Corfou soit très privilégiée dans le domaine musical.
La montagne est en feu, mais cette fois-ci côté continent.

 

Samedi 6 et dimanche 7 août 2011. CORFOU : d’Ormos Garitsa à Ormos Gouvion
« Un étrange LEGO flottant »

guilty guilty

guilty

Logos a beau être assez sobre, il faut de temps en temps l’alimenter. En l’absence de pompe à gas-oil visible au port commercial, c’est à la Marina de Gouvia, distante de 5MN qu’il nous faut aller chercher le carburant. Bien respecter le chenal d’entrée de peur de se retrouver embourbé ! 4ND à l’heure, tout le temps d’observer, surpris, un étrange objet bariolé, une sorte de gros Lego flottant en forme de bateau. Nous apprendrons, par internet, qu’il s’agit en fait du yacht privé d’un magnat de l’immobilier grec… tiens !tiens !, collectionneur d’art contemporain, qui a voulu un yacht décoré par son ami américain, prince du « Kitch », Jeff Koons, l’un des artistes les plus chers du monde. Le résultat est surprenant, plaisanciers qui aiment l’anonymat, s’abstenir !!!
Bien entendu, l’unique pompe du secteur est prise d’assaut, avec, en permanence, quatre à cinq bateaux à l’attente.
Le réservoir plein, c’est à proximité de « GUILTY » puisque tel est le nom de cette stupéfiante embarcation, dans la baie des « riches » si nous en jugeons par les luxueuses villas qui dominent la côte, que nous ancrons Logos pour le week-end.

gouvia gouvia


Que de beau monde dans cette baie. Logos est dans la cour des Grands : « Destination » un magnifique voilier, « Tango », un yacht dernier cri dont l’équipage nous salue à chaque passage en « tender » près de Logos… C’est la classe de la Marine ! Nous jouons un peu les « paparazzis », épiant aux jumelles les échanges entre Tango et l’une des villas, mais tous ces visages sont pour nous anonymes, de même que l’identité du propriétaire que même l’AIS renseigne comme « inconnu »
Nous gardons aussi l’entrée du chenal et pouvons assister à un vrai défilé nautique… Des bateaux, il y en a pour tous les goûts… Et surtout toutes les bourses, essentiellement celles un peu pleines ! Beaucoup de pavillons britanniques et de pavillons italiens, la Grèce semblant une fois de plus être annexée par ses voisins latins privés de criques.
Seuls deux importants complexes touristiques, en bout de baie, donnent une animation un peu festive à ce plan d’eau… ébats nautiques le jour, allant du ski au parachute ascensionnel et concerts live discrets, de qualité en soirée… rien à voir avec la « zimboumboum » de certaines sonos.

Lundi 8 août 2011. CORFOU : d’Ormos Gouvion à Nisis Vidho
« Georgio !!! Telephono !!! »

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Toujours préoccupés par notre courrier, nous décidons de nous rapprocher de la ville, mais voilà, en chemin, une petite île contemplée depuis la marina de Mandraki nous offre un mouillage plaisant au bord d’une petite plage, aménagée et sonorisée avec des annonces très perso… Elles proviennent d’un petit complexe hôtelier très discret, avec son appontement privé, installé de l’autre côté de l’île. Pourquoi ne pas y faire une halte et donner un jour de plus aux postiers.
Pas d’oursins en bordure de côte mais le spectacle de Corfou, au loin, avec ces gros paquebots.

Mardi 9, mercredi 10 et jeudi 11 août 2011. CORFOU : Ormos Garitsa.
« Saint Spiridon en goguette »

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Quelle beauté que la vieille ville de Corfou, encadrée par ces deux forteresses dans les rayons du soleil levant. « Notre » mouillage est déjà bien investi par « Beaujolais » britannique, « Cinnabar » gallois et « Bockra » canadien québécois qui, aimablement, vient nous avertir du peu de profondeur en approche de murailles… Toujours cette gentillesse canadienne ! Deux ancres, la grande et la petite, un oringage pour signaler leur présence, nous devrions être parés pour le coup de vent annoncé ! C’est donc tout naturellement que nous nous retrouvons, à bord de « Bockra » pour faire plus ample connaissance de Réjane et Jean-Robert, puis à bord de « Logos » pour un apéritif de remerciement. Quelle surprise en constatant que nous aurions déjà dû nous rencontrer à Yacht Marine et que nous avons des amis communs : Pauline et Raymond, Lise et Harold, tragiquement disparu, Bernard… Tous les souvenirs y passent. Ils viennent de faire un saut en Albanie pour satisfaire à leurs obligations de non-européens, et reviennent enchantés de l’accueil reçu, se promettant d’y retourner l’an prochain pour une exploration plus approfondie. Voilà mon skipper qui gamberge… Pourquoi ne pas y aller aussi, nous ne sommes qu’à 15MN du premier port d’entrée. Outre de précieux documents que je consulte avec intérêt, les coordonnées de l’agent du port, ils nous offrent même le drapeau albanais qui manquait à notre collection. Il ne me reste plus qu’à téléphoner à Agim. Rendez-vous est pris pour vendredi, il nous attendra! Nous voici parés, prêts à prendre la mer dès le coup de vent passé.
Effectivement, Monsieur Meltem se déchaîne et peu à peu se met à hurler, lui qui gentiment était presque devenu muet depuis Monemvasia ! 20Nd, 30Nd ,37Nd ! Tout le monde est aux aguets, des ancres chassent, les mouillages sont repris et le diner sur « Bockra » remis au lendemain.

 

spiridon spiridon

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Et, le lendemain, c’est effectivement jour de fête. Oublié le coup de vent et la nuit écourtée. Fanfares, cloches et carillons se déchaînent… Vite aux annexes. La foule est massée dès l’entrée de la Citadelle, tandis que différentes fanfares aux cuivres rutilants, accompagnés de clarinettes et tambours défilent. Des uniformes blancs, bleus, rouges, selon la fanfare, chaque musicien étant coiffé d’un casque orné d’un plumet de couleur. D’imposantes bannières religieuses ponctuent le défilé et, derrière les musiques, deux longs cordons de popes, une bonne centaine, précédant une chasse contenant des reliques momifiées, celles de Saint Spirodon !

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Saint Spirodon, c’est le Saint Patron de l’île de Corfou, ramené de Chypre en passant par Constantinople, celui auquel tous les bienfaits survenus dans cette île ont été attribués (Lucky man !) : la fin de la famine, la fin de l’épidémie de peste, la victoire sur les envahisseurs turcs. Autorisé quatre fois par an à sortir de son église, il fait le tour de l’esplanade au son d’une musique entrainante et dispense sa bénédiction aux fidèles qui reçoivent, en pieux souvenirs jetés à la volée, quelques branches de basilic béni.

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Ce n’est qu’à 11h30 que le cortège se disperse, tandis que Saint Spirodon regagne son église en attendant la veillée aux chandelles du soir. Nous serons sur « Bockra » (qui veut dire « demain » en arabe) pour le diner partagé avec « Cinnabar »(papillon de nuit).

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Vendredi 12 août 2011 : De CORFOU (Grèce) à SARANDE (Albanie)
« Cap sur l’Albanie »

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Un petit signe de la main à l’équipage de « Bockra ». Il est 9 heures, malgré un raté du démarreur, Perkins ronronne… et ronronnera jusqu’à l’arrivée à Sarandë, faute de vent favorable.
Les coasts-guards grecs patrouillent. Y aurait-il encore des problèmes ? Rassurés par les échanges avec nos canadiens et le compte-rendu d’autres navigateurs (Key-Largo), nous poursuivons notre chemin en longeant la côte albanaise. Les collines dénudées sont devenues verdoyantes, de longues plages équipées bordent la côte. Bientôt, de hauts buildings de couleurs se dressent et prennent peu à peu possession des pentes à nouveau nues, nous rappelant les villes de la côte nord de la Mer de Marmara. Nous approchons de Sarandë, importante station balnéaire située dans un vaste golfe. Le pavillon albanais, un aigle noir à deux têtes sur fond rouge, et le pavillon de douane jaune sont hissés. Un appel à la VHF pour signaler notre approche. « Albanie, nous voici ! Toi que nous avions soigneusement évitée en 2002, lors de notre descente de l’Adriatique, naviguant bien loin de tes côtes par crainte des « pirates », toi que beaucoup abordent encore avec crainte ». Nous avons une petite pensée pour « Phrynée  », Jacky et Claude, téméraires précurseurs qui, cette même année, 2002, avaient dû, pour cause de tempête, se réfugier dans un port albanais !!!

 

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Notre agent Agim ZHOLI est sur le quai pour prendre nos amarres et effectuer nos formalités d’entrée en Albanie moyennant 50 Euros. Le drapeau jaune est rangé. Nous pouvons aller découvrir Sarandë, importante ville balnéaire en rénovation et en expansion un peu désordonnée, comme elle se réveillait brutalement, après une longue léthargie. Le bord de mer offre une promenade agréable, mais la ville reste sans grand charme.

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C’est vers un distributeur de billets que nous dirigeons nos pas. Certes les Euros sont les bienvenus dans les transactions commerciales mais il est bon d’avoir en poche quelques LEK (1 Euro= 140 Lekë) pour les petits achats, finalement assez réduits car les commerces sont encore rudimentaires. Seul le marché couvert où des producteurs locaux proposent leurs fruits et légumes fera l’objet de tentations.
Un restaurant à l’abord flatteur a retenu notre attention. Nous y savourons au diner gambas et loup grillés pour un prix très raisonnable.

 

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C’est par une longue promenade en bord de mer que nous terminons cette première journée albanaise, nous mêlant à la foule des vacanciers venus profiter d’une ambiance festive : camelots de tout genre, montreur d’ours (un bébé très joueur que j’aurais bien embarqué sur Logos…), montreur de python (sans plus !), manèges… un petit air de Saint-Cyprien en plein mois d’août !!!
Difficile, avec les flonflons d’une boite de nuit, de trouver le sommeil, surtout lorsque la sono est accompagnée de violents coups et grincements qui malmènent Logos et ses passagers. Toute la nuit une importante houle tend et détend avec force les amarres, au point de casser une pièce du chaumard avant et de nous empêcher de fermer l’œil…

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Samedi 13 août 2011 : ALBANIE : Sarandë.
« Quelle nuit ! »

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Il n’est pas difficile d’imaginer notre humeur au matin… massacrante… Dire qu’Agim nous avait assurés qu’il s’agissait du meilleur appontement du port… et pour cause, il n’y en a pas d’autres où il est possible de rester. Priorité aux ferries qui viennent de Grèce, il y en a jusqu’à quatre, apportant leur lot de touristes et d’Albanais émigrés venus passer leur vacances en famille. Heureusement que les ferries depuis l’Italie débarquent à Vloré, autre port de la côte albanaise !
Une solution de remplacement est envisagée pour nous permettre d’effectuer, en toute sérénité, la visite des alentours que nous avions prévue avec un guide. Logos est tenu par son ancre, puis à nouveau attaché au quai. Ainsi éloigné, il subit moins les assauts de la houle, et nous permet un peu de repos. Notre excursion est remise au lendemain. Nous nous contentons de regarder le monde s’agiter et d’aller nous mêler aux Albanais en ville, les touristes, eux, ont été embarqués dès leur arrivée dans les cars de visite…

Dimanche 14 août 2011. ALBANIE : Sarandë.
« Une longue journée avec Demir »

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C’est un jeune Professeur d’anglais à l’Université qui va nous servir de chauffeur et de guide pendant toute cette journée passée à découvrir les trois sites remarquables de la région de Sarandë. Presque 200 km dans une confortable Mercédès, à travers montagnes et plaines sur des routes, sauf celle menant à la frontière avec la Grèce, souvent en mauvais état et étroites. Pas d’excès de vitesse possible, de toute façon, cette dernière est limitée à 80km sur route et 40 en ville. Tout le loisir de contempler le paysage tout en écoutant les explications données par Demir, en anglais… Une situation plus difficile pour Pierre, qui assis à l’arrière du véhicule aura bien du mal à entendre ce qui est dit et comptera sur moi pour lui faire un commentaire ultérieurement. Presque tous les sujets y passent. Tout d’abord l’histoire récente, avec la longue période de cinquante années de « dictature » communiste d’Enver Hoxha dont la politique directive et isolationniste avait refermé l’Albanie sur elle-même, de crainte que l’Occident ne la corrompe, puis la banqueroute de 1997, privant l’Albanais moyen de ses quelques économies. Maintenant République Parlementaire, l’Albanie s’ouvre au monde extérieur et au progrès, mais il y a tant à faire, avec des moyens très limités. Du côté religieux, beaucoup de tolérance entre la religion islamique traditionnelle, une branche « Bektashi » dont le dogme est très libéralisé, la religion orthodoxe et la catholique. Il faut avouer que le muezzin est très discret, que nous n’avons rencontré qu’une seule femme voilée et que la prière du vendredi est peu suivie. Du point de vue économique, l’Albanie pourrait se suffire à elle-même avec ses énergies, pétrole, ressources hydrauliques et son sous-sol riche en cuivre, nickel, charbon… sans oublier les terres cultivées des plaines. Et pourtant, quel dénuement !!! Toute la journée, Demir va nous présenter son pays, les sites visités, dans un anglais remarquable, tout comme celui parlé par de nombreux albanais sollicités qui laisse présumer de la qualité de l’enseignement en Albanie.

albanie albanie

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Nous commençons par admirer le point de vue que la citadelle vénitienne ou « Kalaja e Lëkursit » offre sur la vaste baie et la ville de Sarandë. C’est là que les familiers viennent se rafraîchir le soir, à la terrasse du café installé sur l’esplanade. Puis nous expérimentons les débuts de transformation du réseau routier… deux futurs ronds-points, une large voie encore à l’état « brut », ce qui fait la richesse des nombreuses stations de lavages de voiture et peut-être, pour certains, des marchands de pneus.

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Nous parcourons une plaine mal irriguée et cultivée de façon très rudimentaire. Puis, par une belle route, des massifs montagneux dont la végétation a malheureusement par endroits été détruite par les incendies. Il se dit ici que certains bergers pourraient occasionner ces feux pour empêcher les troupeaux de moutons de manger de mauvaises herbes… si encore le feu était sélectif… Nous gagnons la ville de Gjirokaster, dite aussi « ville de pierre ». Effectivement, à flanc de montagne de grandes bâtisses de style ottoman mais aux toits couverts de lauzes se dressent au-dessus de la ville nouvelle, le tout dominé par l’imposante citadelle - la plus vaste des Balkans - d’Ali Pasha de Tépéléna qui utilisa un ancien site à la position stratégique indéniable.

albanie albanie

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Pour nous épargner une longue et pénible marche dans les ruelles pavées jusqu’à l’entrée du château, c’est en voiture que Demir nous dépose devant l’impressionnante porte dont le corridor abrite toute une collection d’armes : canons, mitrailleuses, tanks. Il y a même, sur la terrasse, l’épave d’un avion espion de l’US Air Force , un Lockeed T3, dont le pilote avait été obligé de se poser durant la guerre froide, en 1957. On y trouve aussi la tombe de leaders « Bektashi » appréciés par Ali Pasha.

girokastra girokastra

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Avant le repas dans une auberge ombragée de Gjirokaster où, avec soin, Demir nous choisit quelques spécialités de la cuisine albanaise arrosées par un vin de pays - qu’il s’abstiendra de gouter, n’aimant pas l’alcool - nous visitons une vieille maison transformée en musée ethnographique.

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Maison natale d’un opposant au régime ottoman au début du XXe siècle : Cerçiz Topulli, il est indéniable qu’elle a conservé un petit air turc ! Pas le temps de nous attarder dans le vieux bazar, les sources de « Blue Eye » nous attendent !

 

blue eye blue eye

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À seulement quelques kilomètres de Sarandë, un lieu plein de fraîcheur attire les albanais… et les touristes étrangers bien sûr. Un écrin de verdure ombragé par de grands chênes dans lequel serpente une rivière alimentée en amont par une abondante source d’eau qui semble sortir d’un « œil bleu azur »… une sorte de royaume des fées ou des nymphes. La tradition veut que chacun y trempe les pieds, ou simplement un orteil, refroidi par les 10°C de température de l’eau, mais aussi reparte avec une petite bouteille d’eau prise à une fontaine, pour sa richesse en sels minéraux. Des vacanciers profitent des restaurants sur pilotis… un beau souvenir similaire que nous conservons aussi de Turquie !

 

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L’Albanie, se sont aussi de nombreux sites archéologiques dont plusieurs restent encore à explorer, faute de moyens mais aussi pour préserver des parcs naturels où il est agréable de se promener tout en faisant référence au passé lointain. Tel est le cas de BUTRINT, classé au patrimoine Mondial de l’Unesco en 1922, puis Parc national, situé sur la péninsule de Ksamil, à l’extrémité sud de l’Albanie, avancée dans un lac où mer et eau douce se mêlent. Surprise en arrivant, il nous faut accéder à la péninsule par une sorte de bac, en fait un ponton flottant, une sorte de radeau tiré par deux filins d’une berge à l’autre (souvenir du restaurant « Le Martin Pêcheur », sur une île de la Marne à Joinville mais qui, lui, a été contraint de remplacer le radeau pour piéton par un pont, beaucoup moins pittoresque, sécurité oblige !).

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Nous voici en pleine colonie romaine, sous Jules César, puis sous son fils adoptif Auguste. C’est une belle promenade dans les ruines d’une ancienne cité prospère à laquelle nous sommes conviés. Le théâtre, le sanctuaire d’Asclépios, les bains romains, le baptistère, la Basilique, sont harmonieusement dispersés dans un cadre ombragé, avec de nombreuses aperçues sur le lac. La mosaïque qui couvre le sol du baptistère est, au vu des photos, de toute beauté mais elle est protégée par une épaisse couche de sable ainsi que celle de la basilique que Demir nous dégagera très partiellement.

 

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Un musée hébergé dans la citadelle parfaitement bien restaurée présente avec beaucoup d’esthétique quelques pièces importantes récupérées sur le site, statues, verreries, poteries fines… Des terrasses de la citadelle, on embrasse un magnifique panorama jusqu’à l’île de Corfou.
C’est une sagesse que de préserver dans le cadre de « réserve naturelle » des sites aussi remarquables.

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Demir nous quitte après nous avoir accompagnés pendant 11 heures, surement un record pour un guide ! Ce fut pour lui l’occasion de nous faire découvrir un peu de son Albanie et de chercher à nous la faire aimer. Il y a réussi puisque nous allons aller à la rencontre de son pays et de son peuple en lisant Ismaïl Kadaré, l’auteur qu’il nous a recommandé, avant de prévoir une nouvelle visite l’an prochain.

 

Mardi 16 et mercredi 17 août 2011 : ALBANIE, de Sarandë à Porto Palermo.
« Un site en mutation »

palermo palermo

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Malgré les soucis de démarreur qui donne des signes de fatigue évidents, nous décidons de profiter de la permission donnée par les autorités d’aller explorer un peu la côte au nord de Sarandë. Avec le vent du Nord-Ouest, nous pourrons toujours redescendre sur Corfou à la voile si, tout à coup, ce dernier nous lâche totalement. Nous quittons donc notre appontement avec notre « clearance » en poche valable jusqu’au port suivant de Vloré, très envié par d’autres voiliers… Nous sommes maintenant six bateaux et seul Logos n’a pas eu à céder sa place aux ferries. Les deux mouillages envisagés dans une zone ravagée récemment par le feu nous semblent bien peu engageants et c’est dans la baie de Palermo, à 15MN, que nous ancrons Logos, ancienne zone militaire. Elle était, il y a peu de temps encore, interdite. Nous sommes sous la protection d’une autre citadelle, toujours du même Ali Pasha Tépélena, bâtie sur une petite presqu’île. Ici nous assistons à une étrange juxtaposition de l’Histoire, cette citadelle du début du XIXe siècle, magnifique bâtisse aux formes harmonieuses voisine avec de nombreuses casernes militaires à l’abandon, certaines servant d’abri ou de remise pour les ballots de sauge séchée qui serviront à nourrir, l’hiver, le troupeau de vaches qui folâtrent en toute liberté et un nombre impressionnant de petits bunkers, comme nous en avons vu tout le long de la côté, destinés à abriter les familles en cas d’attaque, de même que ces vastes plantations d’agaves destinées à freiner la progression d’un éventuel envahisseur… Qui a parlé de paranoïa pour ce chef d’état ?
Maintenant ce site est livré aux vacanciers « familiaux » qui investissent la plage dès le matin et c’est un vrai régal que de voir parents et enfants s’ébattre non loin de nous. Certains, s’enhardiront même jusqu’à venir échanger quelques mots avec nous, dont cet Albanais vivant à Paris, et surtout ce jeune garçon de 14 ans, nommé « Armalindo », fils du restaurateur d’un petit estaminet, me confiant avec surprise dans un anglais fort correct : « Vous tricotez comme ma Grand-Mère » (il ne lui manquait que le verbe tricoter)… mais «  Je suis une Grand-Mère mon petit ! » Peut-être qu’il n’imaginait pas sa Grand-mère courant les mers ! Même le gardien du château s’est évertué à nous présenter les différentes salles en Français !
Nous bénéficions aujourd’hui d’un site qui vient d’être offert aux Albanais et aux touristes, un site qui restera remarquable s’il est déclaré « Parc naturel protégé », mais nous pouvons craindre que son potentiel n’attire des investisseurs cupides peu soucieux de la beauté sereine de ce lieu.

 

Mercredi 17 août 2011. De Porto Palermo (Albanie) à Ormos Gouvion ( Grèce)
« Un départ comme aux Glénan »


Il est toujours un peu inquiétant, dans un mouillage, de ne pouvoir compter sur son moteur. Nous avons donc décidé, par sagesse, de regagner dès aujourd’hui la Grèce, d’autant plus qu’hier soir un vilain vent catabatique a dévalé la colline en s’amusant comme un petit fou pendant deux heures… Dans ces moments-là, les heures sont longues, même si le vent n’est pas si fort que cela pour décrocher la petite ancre salvatrice que Pierre a piqué dans une marmite rocheuse par sept mètres de fond.
« Une priorité, épargner le démarreur et, s’il accepte de fonctionner encore une fois, que ce soit pour notre ancrage près de la marina de Gouvia » a dit Pierre… J’ADORE !!! Donc répétition des manœuvres pour lever l’ancre et quitter la baie SOUS VOILES. La Grand-Voile est hissée, l’ancre est levée. En sécurité, l’annexe avait été équipée de son moteur, au cas où… Pas besoin, mais merci quand même… le Génois est envoyé. Il ne nous reste qu’à attendre une petite risée favorable. Ouf ! après une heure de lente progression nous voici en pleine mer, prêts à nous laisser porter par le vent… mais de vent… point… PETOLE… Arrivée dans 260heures annonce le GPS, donc sensiblement dans 10 jours… JE  CROIS QUE JE MANQUE D’HUMOUR PARFOIS !!!
Nous réussissons pendant un peu plus de 2 heures à progresser lentement sous SPI… j’imagine la tête des coast-guards albanais en voyant cet unique voilier sur toute la surface de la mer gonfler  fièrement son ample ballon plein de couleurs… surement du rarement vu !
Une nouvelle pétole totale nous oblige de tenter, malgré tout, un démarrage… Le jus de toutes les batteries couplées pour le starter seul… un soubresaut… OUF! Sauvés! Nous pouvons espérer coucher en Grèce ! Le Spi est rangé, remplacé par le Génois pour aider un peu. Bien sûr dans le couloir entre Albanie et Grèce, le vent se lève, un de ces vents ¾ arrière qui pousse agréablement un voilier. Un comble pour Logos, ses voiles sont gonflées, il file ses 7Nd, mais nous n’osons pas arrêter le moteur, qui ronronnera au point mort jusqu’à l’arrivée.

 

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Nous reprenons notre mouillage près de notre amer « œuvre d’art ». Nous serons restés en mer 8h30 pour parcourir 30MN dont 7 heures sous voiles !!!
Pas de temps à perdre pour le skipper qui veut diagnostiquer la panne et pouvoir réparer dès le lendemain… Agréable surprise, il s’agit d’un câble d’alimentation sectionné par… l’âge ! Il était si bien masqué qu’il a échappé aux premières investigations. Cela aurait pu être remédié en Albanie mais là-bas, la mécanique de voile est si rudimentaire que même Agim nous a conseillé de ne toucher à rien avant Corfou.

Jeudi 18 , vendredi 19 et samedi 20 août 2011. CORFOU : Ormos Gouvion.
« Et en plus, il navigue !!! »

Vite, une visite à la marina, pour acheter chez l’accastilleur la cosse défectueuse et déposer le sac de linge à la laundry… la lingère du bord, efficace depuis Yacht marine, a décidé sur proposition incitative du skipper, de prendre des vacances.
Dès le retour, Pierre s’active : nouvelles cosses serties et soudées, câbles rebranchés, starter OK ! Que c’est agréable un moteur qui ronronne au premier tour de clé, même si parfois on aspire au silence des voiles.

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Voici que notre voisin « GUILTY » est déhalé. Notre « œuvre d’art Kitch Pop Art » quitte lentement son ponton privé et s’avance dans le chenal. Tiens ! Non seulement il flotte mais il navigue aussi, et en silence, propulsé par deux moteurs de 3960CV chacun… Vitesse de pointe : 30Nd, vitesse de croisière 20Nd !
Nous avons retrouvé l’animation de cette baie : les skieurs nautiques, le parachute ascensionnel, les gonflables tirés par des vedettes avec l’espoir de voir chavirer leurs occupants… tout le monde s’en donne à cœur joie dès le matin. C’est normal, le temps leur est compté, une semaine, c’est vite passé !

 

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Dimanche 21 août 2011. CORFOU : d’Ormos Gouvion à Nisis Vidho.
« Lady et ses chiens »

Quelques fourmis dans les jambes, la crainte peut-être de prendre racine, nous reprenons la direction de la ville de Corfou, espérant pouvoir faire une halte à la petite île en face de Mandraki. Un tout petit vent nous pousse sous génois seul… 3MN parcourus en 45 minutes pour nous ancrer dans la petite baie Sud que nous partagerons avec un petit yacht et un voilier bleu pastel du nom de « Lady », avec trois chiens à bord. Imaginez l’embarquement de ces gentilles bêtes dans l’annexe… Un spectacle, surtout au vu de leur taille… au moins « Lady » était bien gardée !

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Une visite à terre nous révèlera que cette île semble être un parc de détente avec tables de piquenique, poste d’eau, zones récréatives pour touristes à la journée, amenés du port de Corfou par une navette.

Lundi 22  et mardi 23 août 2011. CORFOU : Ormos Garitsas.
« Dernière visite à la poste »

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Cette fois-ci, 2 MN sous génois pour rejoindre notre mouillage sous citadelle, admirer d'autres yachts et effectuer notre avitaillement après avoir rendu une dernière visite à la poste. Toujours pas de courrier, après presque un mois… nous devons faire une croix dessus.
Pour éviter la sono tonitruante de la boite de nuit voisine, nous expérimentons l’autre côté de la baie, bordée par la route côtière et fermée par un enrochement où se dresse un pittoresque moulin.

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La vue sur « notre » citadelle éclairée le soir est superbe, la nuit beaucoup plus calme. Un invité se régale des sucs de notre menthe en pleine floraison.

 

Mercredi 24 et jeudi 25 août 2011. CORFOU : d’Ormos Garitsa à Pétriti.
« De beaux anchois. »


Une matinée farniente en attente de vent pour descendre vers un petit port de la côté Sud-Est de Corfou. Effectivement, après le repas, Monsieur Meltem nous propulse, avec des pointes à 7,4 Nd et nous permet de parcourir 13MN en deux heures, tout en admirant la côte verdoyante, beaucoup moins investie que la partie Nord-Est de l’île.

 

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Nous découvrons Petriti, petit port de pêche avec plusieurs chalutiers appontés qui nous approvisionneront en beaux anchois pêchés de la nuit. Un quai offre place à 4 ou 5 voiliers et nous choisirons le mouillage peu profond qui aurait pu être plein de charme s’il n’avait pas été aussi rouleur !
Ici, il ne s’agit que du front de mer avec de nombreux restaurants en concurrence. La forte chaleur ne nous permettra pas d’aller visiter le village, trop lointain.
Nous retrouvons « Cinnabar » qui ne s’est pas éternisé en Albanie et ne pourra donc pas nous donner d’informations complémentaires… Dommage !
Une bonne nouvelle : notre courrier a été réexpédié à Saint- Cyprien ! Aller : quatre semaines, retour : quatre jours ! Nous avons dû avoir à faire à des équipes de postiers différentes ! Les nouvelles ne seront plus très fraîches en septembre, mais au moins nous saurons QUI  a pensé à NOUS !

Vendredi 26 août 2011 : de CORFOU (Petriti) à PAXOS (Lakka)
« OUTSIPLOU. »

Roulés d’un bord sur l’autre toute la nuit, il nous tarde de retrouver notre baie de Lakka, nous l’espérons plus calme à 18MN au sud. Une belle et bonne navigation de 4h30 dont 3h40 sous voiles.

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Nous reprenons notre mouillage près du village, comme de vieux habitués et pouvons jouir de l’animation de la fin de semaine.
Un couple de jeunes belges, nouveaux lecteurs du site, se fait connaître. Partis de Belgique sur leur Sun Odyssée 36 «  OUTSIPLOU » (traduire : Où est-ce qu’il pleut ?) depuis mai 2010, ils en étaient à la découverte des îles ioniennes. Bien entendu, c’est avec grand plaisir que nous avons fait plus ample connaissance de Garance et Vincent, en « break » sabbatique de deux ou trois ans et partagé leurs aventures comptées avec l’humour belge que nous avons déjà pu apprécier sur « FUN EN BULLES »… En plus, les belges ont aussi de l’humour dans l’appellation de leur voilier. Quand je pense que des français ont pu appeler leur Hallberg Rassy 36.1 « MON TRESOR », là, cela fait un peu bidochon (comme dirait Dominique !)

 

Samedi 27 et dimanche 28 août 2011 : PAXOS : Lakka.
«Week-end à Lakka . »

Lakka, c’est un endroit où l’on se sent un peu « chez soi ». Tout y est agréable, le vaste mouillage où la mer prend des tons allant de l’émeraude au turquoise, le petit port à portée d’annexe, discrètement animé où nous apprécions toujours les grillades de « La Piazza ». Le loueur de petits bateaux moteurs fait de bonnes affaires et va pouvoir partir sous les cocotiers cet hiver. En fin de semaine, c’est souvent le vide côté « flottilles » et nous nous en réjouissons, pas besoin de surveiller notre ancre, ni notre périmètre d’évitage !

Lundi 29 août 2011. PAXOS : de Lakka à Gaios.
«Du Nord au Sud !!! »


Sans doute par désir de bouger un peu, nous décidons de descendre un peu le long de la côte Est de Paxos que nous avions un peu ignorée lors de notre précédente venue. Tout est calme et engageant dans la baie, mais surprise à l’extérieur, la mer est un peu agitée et le vent dans le nez.

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Pourquoi chercher à se faire du mal. Retour à notre point de départ jusqu’après la sieste. Le vent s’est inversé, la mer s’est aplatie, nous pouvons lever l’ancre. Une visite à Logos, petit port voisin (quelquefois appelé Longos) dont la rade nous inspire peu. Nous voici donc partis pour l’étape suivante, le port de Gaios, abrité derrière de beaux îlots et des enrochements protecteurs.

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Nous resterons à l’extérieur, jouissant d’une belle vue sur l’île où se dressent une chapelle et un phare. Nous n’y serons pas seuls puisque deux vieux yachts viennent s’ancrer non loin. Pierre rêve déjà des oursins que nous pourrions débusquer le lendemain matin… en imagination seulement, le vent s’est à nouveau inversé du Nord au Sud ; ce fut une nuit en pleine mer agitée !

 

Mardi 30 août 2011 : PAXOS : de Gaios à Lakka
«Dégagez !!! PC !!!»


Un peu bousculés dans la nuit, il nous tarde de trouver un peu de calme dans le port de Gaios dans lequel il faut pénétrer par une passe très peu profonde, parfois moins de deux mètres… Nous voici donc l’œil rivé au sondeur avant de pouvoir jeter l’ancre pour un petit déjeuner paisible, puis prendre un appontement pour une visite plus approfondie du village. Certaines places semblent réservées aux bateaux de tourisme, nous choisissons donc un autre appontement laissé vide par un voilier… et pour cause ! À Gaios, priorité aux P.C., donc le malheureux plaisancier n’est toléré qu’entre 17h du soir et 10 heures du matin, le temps pour lui de débourser 17 euros d’appontement, de porter ses deniers au supermarché du coin et, souvent, d’engraisser l’un des nombreux restaurateurs. Nous n’aurons que le temps d’effectuer un complément de gas-oil, menacés par une commerçante de l’intervention de la Police si nous ne levions pas le camp rapidement (c’est elle qui vend les billets pour excursion maritime !)… Il est des jours où tu voudrais être touriste en P.C pour être un peu mieux considéré. Nous nous rendrons compte qu’à Lakka aussi ces messieurs sont prioritaires !
Donc, sitôt dans Gaios, sitôt repartis pour Lakka où nous souhaitons attendre le moment favorable à notre traversée sur l’Italie. 5 MN tout au moteur !

 

Du mercredi 31 août au samedi 3 septembre 2011 : PAXOS : Lakka
« En surveillance »


Les prévisions météorologiques étant plus favorables en fin de semaine, nous espérions tranquillement profiter de ces derniers jours… espoir plus que déçu… un vent un peu plus nerveux et mal orienté agite le plan d’eau, transformant Logos en machine à laver. Pas une minute « à plat », il roule d’un bord sur l’autre, de jour comme de nuit…, un lit qui bouge, ce n’est pas toujours évident… et si encore cela s’arrêtait en débarquant ! Pas du tout, une fois sur terre c’est le sol qui tangue !
Côté fréquentation, le mouillage s’est rempli et nous devons ne pas relâcher notre vigilance, avec raison, tant le bilan est inquiétant : une véliplanchiste coincée dans notre chaîne d’ancre, un voilier de location dont le skipper un peu nerveux et du genre cow-boy arrache en passant notre feu avant tribord… (Que fait-il là ?... Non ! pas le feu, le skipper ?) Et un voilier avec un équipage italien, trop heureux de partager notre espace vital au risque de nous cogner. Il est des moments où il faut savoir se défendre. Côté feu, nous  ne nous en sommes pas trop mal tirés, grâce à l’élégance « morale » de la jeune responsable de flottille : 40 euros pour en acheter un tout neuf, une ampoule neuve, et une bouteille de Chardonnay du Péloponnèse en dédommagement des soucis causés.
Moi qui espérait me « détendre » avant la traversée… c’est plutôt raté !

Samedi 3 et dimanche 4 septembre 2011 : de PAXOS (Lakka) à l’Italie (Crotone)
« Un beau tandem »


Un réveil plus que matinal, pour un départ à 6 heures. Il ne fait pas encore jour et tous les voiliers sont encore en bienheureux sommeil réparateur, surtout pour les fêtards qui ont braillé une grande partie de la nuit… Une folle envie de corner pour leur signaler le lever de notre ancre ! Nous partons pour 140 milles non-stop. Une forte houle est compensée par l’action conjointe du moteur et des voiles jusqu’en fin de matinée où la mer se calme, tandis que le vent gonfle efficacement nos voiles, permettant à Logos et son skipper une belle collaboration. Savoir lequel des deux prend le plus de plaisir.

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Logos trace sa route, étrangement poussé par les vagues alors qu’il affronte un vent de face qui maintient ses 15-20 Nd, mais sans forcir plus… heureusement car nous aurions alors abordé le port de Crotone en pleine nuit ! Peu de rencontres, Logos n’ayant traversé qu’un rail de tankers au niveau du nord de Corfou. Une seule visite nocturne, violent projecteur braqué sur nous, de la vedette des coasts-guards à la recherche de trafiquants ou de passeurs ! Le skipper (un peu sommeillant) devait avoir une bonne tête sous les sun lights, en pleine nuit, puisque nous n’avons pas été inquiétés !
Deux bords tirés, de tous petits bords pour ne pas trop allonger la distance… résultat : 147 milles au lieu des 142 prévus, 25 heures en mer, dont 15h30 sous voiles intégrales.
Des lumières au loin, dans le Golfe de Tarente, nous approchons du but. Il s’agit en fait de deux grandes plateformes pétrolières à quelques milles de l’entrée du port de Crotone. Peu de trafic à cette heure encore matinale et, à la VHF, un accueil courtois de la Capitainerie qui nous autorise à aller apponter dans « le nouveau port », en attendant d’être sortis de l’eau le lendemain.
Barre à tribord, nous sommes en bonne compagnie, près des vedettes des gardes côtes de la Guarda Finanza.

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8h15. Logos est apponté le long d’un très haut quai, d’avantage conçu pour tankers et remorqueurs. Mais, à part le ronron des machines, nos voisins sont paisibles et nous pouvons enfin prendre un peu de repos, en attendant la venue d’Elio, responsable du chantier d’hivernage.
En soirée un voilier italien vient nous rejoindre… un futur collègue d’hivernage pour Logos.

Du Lundi 5 au vendredi  9 septembre 2011 : Italie : CROTONE : Porto Vecchio Service.
« Logos et la grue »

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Le vaste quai s’est animé pour la sortie de l’eau de notre voisin… une nouvelle expérience pour nous qui n’avons connu que des travel-lifts ! Là, il s’agit d’un ÉNORME engin avec une grue munie d’une grosse platine porte sangles. Lentement, le voilier s’élève au-dessus de l’eau, puis du quai pour rejoindre son ber dans l’enclos du chantier d’hivernage. Nous sommes un peu rassurés en observant la maîtrise d’Elio au volant de cet engin, son grand calme et la connivence gestuelle qu’il a établie avec ses deux assistants. Confiance, Logos devrait être, lui aussi, manipulé avec précautions.

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Effectivement, lorsque son tour arrive, Logos est traité avec le même soin avant de prendre place dans le chantier sur un beau ber métallique, bien calé. Le voici prêt à affronter son premier hiver italien. À nous d’œuvrer maintenant pour le laisser tout propre.
L’ambiance du chantier est très sympathique, peu de personnel, seulement trois personnes en permanence et un réseau d’intervenants extérieurs efficace. Pour l’instant, une vingtaine de bateaux dont « Fanny » de Lorient (qui nous a indiqué ce lieu), « Maldimare » de Gibraltar, « Just for fun » de Belgique et « Carol », notre voisine immédiate, un Grand Soleil 42. Bien sûr, ici pas de piscine, de fitness room (en avait-on l’utilité ?), le minimum pour survivre, bien aidés par des gens très serviables.

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C’est avec beaucoup de plaisir que nous découvrons la ville de Crotone, au charme désuet d’une vieille dame un peu ridée qui a eu ses heures de gloire et essaie de survivre. Dans le vieux Crotone, nous parcourons une succession d’étroites ruelles dont certaines débouchent sur de petites places arborées, ambiance très Italie du Sud avec ses balcons de métal, de lourdes grilles fermant les ouvertures. Cette vieille ville voisine avec de plus vastes avenues bordées d’anciens palais. Cette juxtaposition dégage un charme infini.
Nous sommes, parait-il, dans le « nouveau port »… En fait, nous pourrions dire qu’il y a trois ports à Crotone : le port de commerce avec deux darses et le port de plaisance et pêche où nous avons apponté en 2002.

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Les nombreuses échoppes de poissonniers sont toujours là, bien approvisionnées. Si le frigidaire de Logos n’avait encore été si rempli, nous nous serions bien laissé tenter !
Mais, pour nous, c’est l’heure du nettoyage. Vendredi soir nous prendrons le car pour rejoindre Rome et son aéroport. Notre saison 2011 se terminera là. Nous aurons, en 4 mois, parcouru 824 MN, navigué pendant environ 158 heures dont 41% sous voiles et, surtout, découvert avec plaisir ce Péloponnèse Sud et Sud-Est, assez méconnu mais plein de charme, que ce soit sur mer ou sur terre et ce Sud de l’Albanie dont nous avions si peur en 2002.
Nous allons maintenant pouvoir partager nos souvenirs avec nos proches en attendant une nouvelle saison.

nous

 

Vers première partie, de Marmaris Turquie à Corfou Grèce