Année 2009
PREMIERE PARTIE : TURQUIE
Voyage aller en voiture puis, de Marmaris à la Mer de Marmara et retour
27 avril 2009 : de Marseille à Venise
« Dans la nuit, sous la pluie »
Septèmes dort encore. Nous essayons d’être le plus discrets possible pour ne pas réveiller cette maisonnée si accueillante. Il est 3h50, une longue étape de 770 km nous attend. Cette année, le trajet France – Turquie va être effectué en voiture car avec l’équipement nouveau (une grand-voile, une annexe, un écran, un autoradio, une pompe à eau de mer et de l’outillage), tout transport aérien, vu le surcoût pour tout kilogramme excédentaire, était exclu. Bien entendu, nous en avons profité pour compléter la cave du bord en vin français.
Des noms évocateurs d’une belle côte défilent nous nos yeux : Cannes, Nice, Menton, Monaco… mais nous devrons nous contenter d’imaginer le paysage maritime. Il fait encore nuit noire et le ciel déverse les trombes d’eau annoncées par la météo. Deux paires d’yeux ne sont pas de trop pour surveiller la route parfois très discrète dans le brouillard. Heureusement, peu de circulation et les camions arrêtés dans leur progression pour cause de fête nationale italienne sont absents.
C’est en Italie que nous trouvons un peu de réconfort devant un expresso… à l’italienne et un croissant chaud. Peu à peu, la circulation se densifie, les tunnels se multiplient et un accident, loin devant, nous arrête pendant 45 minutes. Il est 8h20. Pas de stress, Pierre a prévu large, tellement large que nous parviendrons à l’aire de stationnement des ferries des Minoan Lines 4 heures avant l’embarquement. Peu importe, nous sommes arrivés à bon port et allons pouvoir prendre un peu de repos. Ici pas question d’aller faire un tour dans la ville de Venise, nous sommes dans le port, loin de toute civilisation.
« ZEUS PALACE » est à quai. De « palace » il semble ne lui rester que le nom, évocateur sans doute de ses heures de gloire dans la flotte des « Grimaldi Ferries ». Nous sommes dans un autre monde, entourés d’énormes camions, de cars de tourisme, de gros camping-cars. Y aura-t-il de la place pour tout le monde ? N’auraient-ils pas surbooké ?
Inquiétude grandissante lorsque nous constatons que, mis à l’écart, nous devons assister à toutes les manœuvres d’embarquement des véhicules présents auxquels ils ajoutent des containers et d’énormes tracteurs. Ils doivent ressortir de l’autre côté !
Ce n’est qu’en presque fin de chargement que l’Audi est admise à bord et se retrouve coincée entre une Porsche et une Audi TT cabriolet… Auraient-ils le sens des convenances ? Peu importe, à nous maintenant de nous caser pour le mieux pour affronter 26h30 de navigation avec des prévisions météo de fort vent et mauvaise mer.
17h15 : Toot ! Toot ! La sirène de départ retentit. Les amarres sont larguées. Prochaine escale et destination pour nous : IGOUMENITSA, sur la côte continentale de Grèce, en face de l’île de Corfou.
Il ne nous reste plus qu’à assurer deux places « avion » près d’un vaste panneau vitré pour profiter de la vue sur Venise car, ensuite, la pleine mer, surtout avec le temps annoncé, présentera peu d’intérêt. Magazines et livre seront alors les bienvenus. Pierre, pour les photographies souvenir, se hasarde à affronter les bourrasques qui balayent déjà le pont tout proche de la salle dite « Poltrone » (pourquoi ? Je ne sais pas).
Revoir Venise 7 ans après, comme les touristes des gros bateaux de croisière la découvrent en longeant le Canal de la Guidecca et imaginer leur surprise en voyant alors un voilier amarré entre deux énormes pieux, ballotté par le trafic intense. Cette fois-ci les pieux sont libres ! Aucun téméraire navigateur ne s’est risqué à prendre semblable amarrage !!!
Nous ressentons beaucoup d’émotion en longeant ces maisons vénitiennes si joliment colorées, et la folle envie de partir dans ces petits canaux qui semblent nous inviter à la promenade.
Le ciel est bien gris au dessus de Venise, les gondoles noires sont sagement alignées entre les Ducs d’Albe devant la Place Saint-Marc. Certes il ne fait pas un temps à mettre un gondolier dehors et encore moins un couple de tendres amoureux.
Nous remontons lentement la Lagune jusqu’à cette barre, frontière avec la haute mer. De nombreux moutons présagent d’une navigation agitée mais lestés comme nous le sommes, nous devrions faire face et puis il faut toujours faire confiance au Capitaine !
Un diner frugal au bar avant de nous nicher le mieux possible pour affronter une longue nuit, tout comme les autres passagers : jeunes routards, routards plus confirmés… et familles.
Bientôt, tout ce petit monde est bien sage, seul « Zeus » se plaint, au plus fort de la grosse mer, d’être malmené par « Poséidon » lorsque les grosses claques de hautes vagues s’écrasent sur ses flancs. Imperturbable il continue cependant sa route.
La journée suivante parait à chacun bien longue, toujours rien à voir, pas même la possibilité de se dégourdir les jambes sur le pont en rêvant face à l’immensité. Il faut se contenter d’alterner somnolence et lecture.
C’est donc avec soulagement que nous découvrons, avec un arc en ciel prometteur, l’amorce d’une côte. Pour certains comme nous, le but est atteint, d’autres continueront jusqu’à Corfou ou Patras.
Il est 19h30, nous voici sur le quai d’Igoumenitsa, prêts à rejoindre l’hôtel que nous avons réservé depuis Marseille : « Hôtel Aktalon » indiqué par le guide du Routard. Belle chambre avec vue sur mer et quai des ferries, mais il faut avouer que, pour une nuit paisible, nous en aurions préféré une sur cour avec double vitrage !
29 avril 2009. GRECE : d’IGOUMENITSA à XANTHI via LES METEORES.
« Les Météores, comme des météores ! »
Par deux fois en 2006, pour cause d’annulation de ferry à la suite d’une trop mauvaise mer, nous avons dû remettre notre visite aux Météores depuis l’île de Skopelos dans les Sporades Nord. Nous aurons sans doute plus de chance en tentant l’aventure depuis la terre.
Une magnifique route de montagne, très verdoyante et fleurie de genêts et d’arbres de Judée nous élève. Elle semble n’être dessinée que pour nous, la majorité des véhicules empruntant une quatre voies aux allures d’autoroute.
Notre voiture étant très chargée nous ne nous arrêtons que parvenus au site des Météores. Un petit air de Cappadoce, avec ces colonnes de pierre, étrangement surmontées d’un monastère. Il se dit qu’un ermite, las de sa caverne naturelle à flanc de rocher, a eu l’idée de se réfugier sur le sommet de l’une de ces hautes colonnes, bientôt imité par ses confrères pour être plus près de Dieu, mais aussi, avec beaucoup de sagesse, plus loin des ennemis turcs ou albanais…. Ayant fréquenté un grand nombre de monastères orthodoxes pour admirer icones et trésors, nous ne ressentirons pas la nécessité d’accroître notre collection et nous contentons de déguster notre pique-nique face à ce site assez extraordinaire.
Nous retrouvons l’autoroute qui va nous mener vers la frontière turque et au-delà, si nous en jugeons par les gros camions roumains doublés… Il est déjà tard, le passage de la frontière sera pour demain, une expérience pour nous à tenter l’esprit frais.
Par crainte d’une note un peu élevée en ville de bord de mer, la petite ville de Xanthi, que le Routard ignore, fera notre affaire pour l’étape. Une rue passante où sont groupés quelques hôtels … un nom prometteur « Hôtel Orfeus » mais en fait de lyre, les pétarades des moteurs et les hurlements des noctambules une partie de la nuit… Si seulement nous avions demandé une « fenêtre sur cour » !
C’est dans une auberge crétoise que nous décompressons un peu, après cette longue route. Tout y est dit « crétois » même l’accueil et la musique. Raki crétois à l’apéritif et gâteau au dessert nous serons même offerts.
30 avril 2009 : de XANTHI (Grèce) à EZINE (Turquie)
« Un cœur qui fibrille »
C’est, bien évidemment, sur le compte du bruit incessant que j’ai mis l’agitation de Pierre, cette nuit là. Comment dormir sereinement dans un tel tintamarre ? C’est pourquoi ma surprise a été grande de le trouver en grande anxiété au réveil, avec un cœur battant la chamade et un pouls à l’accélération anormale. Se faire « examiner » par les Grecs… pas toujours engageant ! Nous décidons donc d’essayer de passer la frontière turque et de faire un arrêt dans la première ville venue. Fort heureusement, le passage de la frontière se révéle n’être qu’une pure formalité : un tampon sur chacun de nos passeports, un tampon supplémentaire pour la voiture sur celui de Pierre, ignorance totale de ce que contient le véhicule. Pas de perte de temps préjudiciable avant l’arrêt dans la ville voisine de Kesan, devant une pharmacie pour demander une prise de tension et des pilules calmantes !!! Visage totalement hermétique du premier pharmacien qui ne parle que le turc et nous invite à aller voir plus loin ! Le deuxième pharmacien sollicité articule quelques mots d’Anglais… et s’empresse de nous faire conduire à l’hôpital le plus proche.
Ne pas croire qu’une fois à l’hôpital, tout allait être simple. Hasan est une petite ville typiquement turque, loin de tout circuit touristique et c’est devant des yeux pleins de gentillesse… et d’incompréhension que nous avons dû exposer notre problème… Aucune aide puisque notre dictionnaire de turc hiverne lui aussi sur le voilier… Insistance, force gestes et finalement la sollicitation, par la secrétaire, d’une jeune femme parlant anglais…
Soulagement et demande d’un examen immédiat… Un peu exigeants ces étrangers ? Pas même ! Pierre est, sans attente, conduit dans le cabinet médical du Dr. Fevzi KALUÇ, médecin cardiologue, et, après un dialogue un peu surréaliste entre le médecin qui ne parle que le turc, « Zuhal », la jeune femme, qui passe avec aisance du turc à l’anglais et moi-même pour traduire les symptômes décrits par Pierre, il est examiné de fond en comble : échographie, électrocardiogrammes (oui il en aura deux), radiographie, analyse d’urine et de sang. Il se retrouve peu après, confortablement installé dans une chambre accueillante avec une injection de potion magique (nous ne connaîtrons peut-être jamais sa composition) et une perfusion, tandis que bien installée sur un canapé dans la même chambre, plusieurs thés me sont servis, tout cela avec les attentions de tout le personnel hospitalier et des paroles rassurantes quant à son état de santé et la poursuite de notre voyage. La charmante jeune femme qui se présente comme étant la « General Manager » de cet hôpital de jour nous traduit le diagnostic du Médecin : « Tachycardie ventriculaire. » et nous invite à signer le Livre d’Or !! Le tout pour la modique somme de 50 euros… Imaginez ce qui se serait passé en France en semblable cas ! Une fois de plus nous avons pu expérimenter et juger de la gentillesse, de la compétence et de l’efficacité turque.
Nous repartons donc tranquillisés, mais avec la promesse de ne pas faire trop de route ce jour.
Il nous semble préférable de regagner la rive dite « asiatique » de la Turquie en traversant les Dardanelles par ferry de Gelibolu, presqu’île tristement célèbre par le nombre de soldats qui furent tués dans le conflit du même nom, à Canakkale. Une fois de plus, à bord du ferry, nous évoquons notre remontée vers Istanbul à bord de notre voilier, cette fois-ci aucune crainte des gros tankers croisés. Chacun a l’habitude de l’autre !
Une bourgade proche : EZINE, un seul hôtel au bord d’une rivière « L’hôtel de la Mairie » (cela change de l’Hôtel de la Gare… ou de l’Hôtel de Paris !!!) et le visage étonné de l’hôtelier devant notre insistance à vouloir une chambre sur cour !! Notre fenêtre ouvrira sur la rivière où s’ébattent hérons et canards. Une atmosphère propice à un bon repos réparateur.
1er mai 2009 : d’EZINE à MARMARIS : Yacht Marine.
« Logos et l’Audi réunis »
Nous retrouvons la route déjà empruntée avec des voitures de location pour nos visites et les paysages familiers : les troupeaux de moutons gardés par un berger, les champs, les villages. Mais est-ce la fatigue du voyage et la hâte maintenant de retrouver Logos, le revêtement de cette dernière nous parait médiocre et c’est soulagés que nous franchissons l’entrée de la marina en saluant le garde avant que d’aller nous garer tout près de Logos, bien sage en bordure de bassin.
Son plateau arrière est flambant neuf, bien refait par Jeff C’est donc avec beaucoup de soin que Pierre hisse nos bagages à l’aide de la bobine de bout à terre.
Nous avons maintenant tout notre temps pour nous installer et préparer Logos pour sa saison de navigation. Nous avons même la surprise de constater que le pied de menthe de l’année passée est toujours verdoyant… c’est dire combien il a du pleuvoir cet hiver.
Nos amis « Cers », arrivés avant nous, sont en attente de mise à l’eau mais il semble que, cette année, secrétariat et manutention aient bien du mal à faire face à l’affluence des bateaux. Pour nous, le rendez-vous a été fixé au 5 mai. Nous espérons que le planning sera tenu, grimper à l’échelle est peut-être un bon moyen de se mettre en jambe, mais la vie à bord à 3 mètres de hauteur ne présente guère de charme.
Du 2 au 5 mai 2009 : MARMARIS : « Yacht Marine »
« Une grand-voile de compétition »
Premier travail au réveil, étaler l’ancienne grand-voile sur le sol et appliquer dessus la nouvelle… et si elles n’étaient pas de même dimension (il faut noter que vous rencontrez toujours quelqu’un pour mettre le doute dans votre esprit… « C’est arrivé à un ami !!! »). Soulagement, elles se superposent parfaitement. Il ne nous reste plus qu’à prélever les lattes de l’ancienne, tellement usée qu’elle s’est déchirée à la manipulation, pour les glisser dans la nouvelle, vendue sans lattes. Difficulté, surprise, nos lattes sont plates, celles utilisées dans la nouvelle voile étaient rondes…
Pierre cogite, Pierre imagine, Pierre se fait comprendre dans son sabir turc et réussit à faire fabriquer dans la zone artisanale de Marmaris des pièces d’inox qui permettront d’adapter nos lattes.
C’est notre ami Bernard de « Bara’k »qui va avoir un petit pincement au cœur en revoyant hissée la voile avec laquelle il régatait le long des côtes méditerranéennes françaises. Nous espérons nous en montrer dignes et le remercions.
Pierre s’active, met en place, sur le moteur, la nouvelle pompe à eau de mer apportée de France, celle d’origine étant en piteux état, installe le nouvel autoradio, fixe le bras articulé qui va nous permettre de bénéficier d’un écran annexe. Comme à l’ordinaire il fait mille choses, moi, je me fais toute petite, ou je vais inspecter la marina.
Une vraie ruche que cette marina en ce début mai. Encore des bateaux partout, de plus en plus imposants, masquant nos pauvres voiliers. Le travel-lift ronronne de 9 heures du matin à 11 heures du soir (agréable d’apponter en pleine nuit !) et chacun se sent un peu nerveux. Quel changement en six ans, cette marina que chacun vantait semble devenue un monstre.
Certes l’ambiance y est toujours agréable, mais il est maintenant difficile de s’y retrouver. Nous avons toujours nos familiers, mais que de visages nouveaux, tout comme ceux de l’accueil ou du bureau. Nazli, la General Manager, omniprésente est partie et son absence se fait sentir.
Il faut maintenant prendre rendez-vous puis faire preuve d’une grande patience pour avoir une interlocutrice ; ce qui n’est pas sans surprendre les anciens et mécontenter les nouveaux. Sans doute s’agit-il d’une période de pointe.
Le temps lui-même semble témoigner de la morosité ambiante en se mettant à déverser une forte pluie…
Amusant que de voir tous ces plaisanciers patauger en sandales ou tongs dans les flaques d’eau… N’auraient-ils pas à bord les bottes et le ciré… ou veulent-ils à tout prix s’affirmer méditerranéens. Je dois être une des rares à avoir adopté jeans, vareuse et bottes !!! (devinez pourquoi ?)
C’est avec amusement que nous croisons, avec l’Audi, notre habituel "Dolmus" rose.
Du 5 au 12 mai 2009. MARMARIS : Yacht Marine
« Ponton Delta »
Pas de retard pour notre mise à l’eau. Toujours un peu d’émotion lorsque nous voyons la quille de Logos s’enfoncer dans l’eau. Nous retrouvons le ponton Delta dans le bassin que nous appelons le vieux port et dans lequel nous nous sentons un peu chez nous. « Tender to LOGOS », une bretonne achetée au Rédo (Le Crouesty), arbore fièrement son appartenance au voilier.
Nous allons pouvoir finaliser la préparation de notre saison et faire nos civilités. C’est avec plaisir que nous rencontrons Freedom, Mélody, Bégonia, Ouky, Bara’k, Laumajony, Isis et Ride of a life time avec lequel nous avons partagé une belle expérience l’an passé.
Pierre s’empresse de parfaire sa convalescence en grimpant au mat pour fixer l’anémomètre (sagement hiverné)… 40 minutes en l’air, en plein soleil. Qu’en penserait le médecin consulté en route ?
Notre voiture est laissée, nous l’espérons, sous bonne garde. Il nous faudra, mi juillet, lui faire faire un petit tour à l’aéroport le plus proche (distant de 100km !) pour la mettre deux ou trois jours sous douane, le temps de renouveler notre permis de séjour d’une durée de 90 jours… cela parait un peu compliqué, mais justifié par l’obligation que chaque touriste a de repartir de Turquie avec son véhicule. Deux possibilités s’offrent alors, soit vous prenez un ferry avec votre voiture pour la Grèce… Onéreux et sans intérêt, soit vous placez votre voiture sous douane, le temps de sortir de Turquie avec le voilier, pour faire ensuite une nouvelle entrée et récupérer la voiture… Certes une contrainte, compensée par le confort de la voiture pour les transports.
13 mai 2009 de MARMARIS (Turquie) à SYMI(Grèce)
« Pont mouillé, beau temps assuré !»
Ouf, le pont est humide… Signe de beau temps, comme dit Jean-Claude, de Cers. Il est 7 heures et la marina est encore bien calme. Notre sortie est discrète.
La grand voile est tout de suite hissée… Tu parles, elle va être l’objet de toutes les observations et attentions… Comment doit-elle être bordée ? Ses lattes ont-elles le bon galbe ? L’ancienne se voyait nommée « Mèmère », celle-ci a droit à « la chérie »… privilège injuste de la jeunesse ! Moi, mon favori c’est « Gègène » le génois qui, en 2002, a su, alors que nous étions en grande difficulté - nous mener à bon port… Pourvu que tous deux s’entendent bien !! Avec notre Spi, nous pouvons dire que Logos s’habille « Tout Elvstrom ».
Pas de temps à perdre, mon capitaine me fait le coup du ciseau ou voiles en papillon. Un vrai régal pendant 40 minutes. D’autres voiliers sont aussi en partance et glissent autour de nous avec leurs belles ailes blanches. Comme d’habitude, rien d’acquis… 9h : plus la moindre brise, puis vent dans le nez, avant un couloir entre les îles qui nous permet à nouveau de lancer le génois.
Pierre ne résiste pas et prend son premier bain de mer de la saison… Une trempette en tenant l’échelle du bateau… 22°C.
Ne pas oublier de changer le pavillon si nous ne voulons pas nous exposer à des problèmes, les autorités de chaque côté sont toujours aussi pointilleuses surtout les grecques !
Plein de gas-oil à l’entrée du port. Nous serons sages côté cubis de vin et résina.
Étrangement, le petit port de Symi que nous avions boudé depuis longtemps car beaucoup trop chargé est encore presque vide. Dans la rade, nous avons croisé les deux ferries qui agitent le plan d’eau. L’accueil est agréable, une bonne place quai bâbord, des sourires, pas d’inquisition. Ont-ils compris l’importance de la venue des plaisanciers faisant escale ici pour l’enrichissement des habitants. Toujours pas de pendilles, mais nous éviterons la déconvenue des ancres emmêlées. Peu à peu le port se remplit et nous aurons la surprise de retrouver « Phryné », l’ancien voilier Seaborne de nos amis Claude et Jacky, flambant neuve, battant pavillon Maltais… Une vraie résurrection qui nous fait plaisir, ayant fait une partie du voyage depuis l’Italie bord à bord.
Ce petit port avec ses maisons au fronton directoire, très colorées qui escaladent les flancs de la colline a un petit air d’Italie. Assurément un joyau pour l’œil, sans doute plus difficile à vivre car tout est en hauteur.
14 mai 2009 : de SYMI (Grèce) à KNIDOS (Turquie)
« Le va et vient commence »
Beaucoup de voiliers ont déjà levé l’ancre lorsque nous nous déhalons. Il est 8h20, nous passons devant le campanile qui se dresse à l’entrée du port. Grand calme qui nous permet d’observer la vaste baie à l’entrée… complètement déserte, et désertique. Aucune végétation sans doute par manque d’eau, .ce qui n’a pas permis l’implantation de maisons et l’exploitation touristique !
« Pèpère », avec sa belle pompe à eau, ronronne jusqu’à Knidos. Cinq heures sans possibilité d’entendre le silence de la mer, c'est-à-dire le glissement de l’étrave dans l’eau. Nous entrons avec précaution dans le port antique, l’ancienne jetée byzantine affleurant encore. Six ans après, nous voici de nouveau dans le mouillage très prisé de Knidos. Aujourd’hui, pas d’affluence, 2 Gulets du tour opérateur Marmara, et 2 voiliers. Que de changement depuis notre dernier passage. La petite gargote a été transformée en élégant restaurant offrant un beau ponton équipé d’électricité et eau, de tentantes cigales de mer barbotent dans un vivier en attendant le gourmand qui cédera à la tentation. Nous serons sages et dinerons sur Logos en contemplant le site archéologique maintenant complètement clos et visitable pour la somme de 8TL. Les ruines, déjà connues, faisant piètre figure à côté de toutes ces merveilles vues, nous nous contentons d’une approche qui nous permet d’inaugurer « Tender to LOGOS».
Il est agréable de retrouver les impressions du mouillage en liberté.
15 mai 2009 : de KNIDE à CUKURCUK (Turquie)
« Nos premiers oursins »
Quelques rafales au réveil. Il est 6h50 lorsque nous quittons la baie de Knidos en prenant un ris, il vaut mieux être tranquille. Logos accélère : 7Nd, 8Nd, cela promet d’être un peu musclé… Ensuite, grand calme… Dans le couloir de Kos, moteur, vent dans le nez, et puis voile. Grand Voile et Génois semblent bien s’entendre et acceptent de remonter au vent avec un angle beaucoup plus fermé… Jusqu’à 24°.Trois heures de voile jusqu’à notre destination.
Une côte plate, une baie ouverte … Est-ce vraiment là que nous avons récolté tant d’oursins et fait une belle promenade sous-marine. Pierre s’équipe, que ne ferait-il pas pour ces oursins que nous aimons tant… J’y vais, j’y vais pas… trop tentant. Nos premiers oursins dans une eau toujours émeraude, un régal ! Dommage que l’eau soit encore si fraîche !
16 mai 2009 : de CUKURCUK (Turquie) à PYTAGORION (SAMOS- Grèce)
« Flonflons de l’Eurovision. »
Un réveil magique, la surface de l’eau est un vrai miroir, une nouvelle cueillette d’oursins est bien tentante mais vraiment au sortir du duvet, ce serait trop pénible. Nous optons pour une courte étape de 25 milles (bien suffisant, pour des retraités) jusqu’à l’île de Samos. Nous quittons donc ce mouillage peu commun et croisons en passant le cap, la vedette des Sahils (garde-côtes turques.) Ils foncent sur nous, tournent autour de nous, nous les saluons avec respect et continuons notre chemin… Nous ont-ils appelés à la VHF ? Il faut avouer qu’ils pouvaient être surpris de voir un voilier sortir d’un tel mouillage.
Navigation assez monotone, deux fois ½ heure de voile, rien à voir, si ce n’est un chalutier croisé suivi d’une multitude de mouettes dont beaucoup de jeunes oisons au plumage encore beige. On se prend à imaginer que les crêtes des vagues sont autant de dauphins… Pur mirage. La mer est désespérément vide. Le ciel bas et de plus en plus chargé semble donner raison aux météorologistes qui annoncent une grosse perturbation pour la semaine prochaine.
Nous avons choisi d’apponter au petit port de Pytagorion, célèbre pour le fameux mathématicien. Ici, de vrais coast-guards grecs, soucieux de maintenir leur autorité… D’où venez-vous ? D’une autre île grecque bien sûr ! Où allez-vous ? Dans une autre île grecque ! Montrez-nous votre transit log ! Mais il est périmé et n’est plus nécessaire depuis au moins 3 ans ! Nous voulons le voir !… Ouf nous l’avons encore avec un dernier tampon datant de 2006… Résultat 6 tampons… affligeant !!! Cela fait vraiment « Au pied ! C’est moi qui commande ! »
Nous nous consolons en achetant une bouteille d’Ouzo et un cubi de Rézina. Grande animation en soirée, chaque restaurant diffuse les mêmes chansons… De grands écrans plats à chaque terrasse… Nous avions oublié l’aura que peut encore avoir l’Eurovision… Un peu comme un match de foot… Résultat un tintamarre jusqu’à plus de minuit. En bons français, nous faisons une exception pour Patricia Kas qui, heureusement pour nous, passe en début de soirée, un petit air de Piaf mêlée de Barbara. Surement pas la recette pour emporter la compétition !
17 mai 2009 : de PYTAGORION (Grèce) à KIRKDILIM (Turquie)
« On nous a pris nos oursins ! »
Quelques chalutiers, deux porte-hélicoptères militaires. Pétole complète, nous voici partis pour 45 Mn au moteur. Nous longeons Samos, puis nous nous dirigeons vers la côte turque. Le vent s’est levé… Logos glisse, Pierre se régale. L’approche de la côte à l’entrée de Kirkdilim nous fait craindre des vents catabatiques… pas de fantaisie. Nous affalons tout.
Une longue crique, comme un avant port où ont dû se réfugier beaucoup de navires pris dans une tempête, de hautes parois, et tout au fond, une petite plage accueillante, une ancienne oliveraie et un reste de construction cylindrique. Un endroit désert mais bien connu puisque nous y trouvons un voilier australien de Southport « Ocean Diamond », et « Argonauta » de Nouvelle Zélande Toujours surprenant de croiser ces grands voyageurs.
À nous les oursins que nous avons repérés sur notre carte ! Déception ! Une côte désespérément stérile. Aurions-nous trop bien signalé « nos » coins ! La météo est de plus en plus alarmiste et ne nous permettra pas de naviguer pendant plusieurs jours. Notre frigidaire est plein, le cadre est beau, l’abri est sûr, mais pas de connexion téléphonique, ce n’est pas très engageant pour plusieurs jours. Nous optons pour la solution la plus sage, rallier la marina de Çesme avant le coup de tabac.
18 mai 2009 : de KIRKDILIM à ÇESME (Turquie)
« Grandes manœuvres au large de Khios »
Calme plat, nos voisins dorment encore. La mer est vide… Mais où sont les voiliers ? Tout Perkins jusqu’à Çesme. Seize bateaux militaires sont en stand-by au large de Khios, dont plusieurs porte -hélicoptères. Pas d’hésitation, à tribord toute, vers les turcs.
La marina que nous abordons pour la 3ème fois en six ans est pratiquement déserte.
Rien n’a changé, une vaste marina, comme laissée à l’abandon. L’accueil y est stylé, un gentil jeune homme à la barre d’une belle tender toute neuve nous guide… Nous apprendrons ensuite que « Camper et Nicholsons » va en faire une marina de luxe et que trois autres marinas sont en projet pour accueillir 1000 bateaux - des nouvelles un peu inquiétantes car tous les prix, déjà en très forte augmentation, risquent d’être revus à la hausse.
Le plein de gas-oil fait, nous regagnons un appontement près de l’Algéco servant de bureau, ce qui nous permet de bénéficier de la WIFI, pour notre plus grand plaisir.
Du 19 au 22 mai 2009 : Marina de CESME (Turquie)
« 40 Nœuds »
Quel bon choix nous avons fait… Le ciel s’est bien fâché… orages, pluie et un vent hurleur soufflant nuit et jour sans se fatiguer… Une vilaine colère. Vie sédentaire. Plaisir de revoir Çesme, typique petite ville très vivante aux maisons ottomanes. Musique, célébrations en l’honneur de la Fête de la Jeunesse et des Sports pour commémorer l’arrivée à Samsun (côté Mer Noire) d’Ataturk et la libération de l’Anatolie.
Bricolage de bord avec de courts échanges avec nos voisins de ponton, eux aussi en attente de jours meilleurs.
23 mai 2009 : de ÇESME à BADEMLI LIMANI.
«Un air d’ailleurs »
50 milles, ½ heure de génois, 3 heures de spi, 10 heures 30 de navigation avant de jeter l’ancre entre les îles de Garipadasi et Kalem Adasi, apparemment un chenal mais qu’il ne faut surtout pas emprunter jusqu’au bout, au risque de rencontrer une barre de sable à son extrémité nord. Le site est idyllique avec un petit air d’ailleurs. Une côte rocheuse découpée par de petites plages, une maisonnette blanche avec un unique palmier près d’une longue langue de sable à bâbords, une superbe propriété fermée à tribord. Un vent défavorable nous avait obligés il y a trois ans à nous réfugier sur Lesbos. Aujourd’hui nous allons pouvoir profiter de ce petit paradis vanté par François, de Nokta. C’est malheureusement la dure loi de la mer, rien n’est acquis, seul le moment présent compte.
Nous irons explorer tout cela demain et nous contentons ce soir de profiter de la sérénité de ce cadre que ne trouble, si l’on peut dire, que la pétarade des petites barcasses des pêcheurs.
24 mai 2009 : BADEMLI LIMANI.
« Un petit coin de paradis »
Combien ce site tient ses promesses. Tout d’abord, exploration terrestre sur les plages, riches, malheureusement, de détritus de plastique, mais aussi de ces bois flottés que nous aimons collecter. Nous espérons que nos proches ne se lasseront pas trop de nos compositions un peu « waterworld ».
Sur la crête de l’ile, une belle plantation d’oliviers centenaires et de nombreux buissons de cette plante que les turcs utilisent pour ce qu’ils nomment « thé des îles » (adaçay), boisson que nous apprécions. Une belle cueillette s’impose donc, agrémentée de celle d’un peu de thym (un petit clin d’œil à notre Hélène… elle n’est pas la seule à aimer glaner de-ci de-là !).
Quel émerveillement lorsque nous abordons l’exploration sous-marine et découvrons des oursins, de magnifiques oursins élégamment décorés comme ils aiment à l’être, d’algues ou coquillages. Nous en oublions la température de l’eau et remplissons chacun notre sac.
Une légère animation en ce dimanche, puis une douce soirée, solitaires.
25 mai 2009 : de BADEMLI LIMANI à GÜMÜS KOYÜ.
« Et si l’Irlande c’était cela »
Nous ne pouvons quitter ce lieu sans faire un petit crochet le long de la côte du continent, autrefois (et peut-être encore aujourd’hui ?) célèbre pour ses sources d’eau chaudes. Rien de bien enthousiasmant pour nous : des bâtiments au look mussolinien sur terre, sans doute des établissements balnéaires, des berges peu accortes et une navigation les yeux rivés au sondeur.
Nous voici en route pour 27Mn jusqu’à l’archipel d’Ayvalick.
Mer et ciel se confondent dans la même grisaille. Où est la mer ? Où est le ciel ? Une impression un peu désagréable. Toujours cette solitude. Tous les voiliers seraient-ils descendus vers le Sud ?
Route assez monotone, jusqu’à cet archipel où les îles assez plates sont recouvertes de pâtures à moutons et font penser à des paysages d’Irlande. Nous avons choisi la baie de Gümüs Koyü, baptisée baie de Poroséléne par les Grecs, sans doute à cause des minerais recélés par ces îles dont certaines, dominées par un cône de pierre ont une origine volcanique.
Un nouveau mouillage peu commun, entre deux îles qui se rejoignent par une longue langue de sable permettant un passage à pied. Ensablement assuré pour tout voilier distrait.
Sur l’une des îles, reliée au continent par un pont, une maison de pêcheur qui semble abandonnée mais reçoit la visite de contemplatifs au coucher du soleil. Sur l’autre île, les ruines d’une ancienne ferme entourée d’herbes folles. Aucun arbre en vue.
Une solitude absolue avec pour seule musique le sifflement du vent qui a forci depuis notre arrivée. La baie a de plus en plus des allures de « Hauts de Hurlevent » et de bout du monde un peu sinistre.
26 mai 2009 : GÜMÜS KOYÜ
« Un bouquet d’immortelles pour la fête de notre Manon »
Après une légère hésitation au réveil, nous décidons de profiter un peu de ce lieu sauvage, un peu plus riant ce matin. Les deux voiliers qui nous ont rejoints hier soir semblent du même avis. Les pêcheurs sont déjà à l’œuvre… Seulement des poulpes nous diront-ils, donc pas de possibilité pour nous d’en cuisiner à bord n’ayant pas de congélateur pour les attendrir et les battre, Pierre a beau s’entrainer sur moi, cela ne marche pas ! (N.D.L.R. : en fait, doit-on battre une pieuvre ?!)
La visite de l’île s’impose, jusqu’à ces ruines romantiques d’une maison de pierre à laquelle on accède en traversant un champ de hautes herbes séchées d’où émergent de magnifiques tapis bleus : des immortelles qui nous feront un beau bouquet à bord. Inespéré, les rochers d’une petite échancrure, me permettent une belle collecte de bigorneaux pour l’apéritif et révèlent quelques oursins qu’il nous faudra revenir chercher, chaudement vêtus, car toujours pas question de patauger sans sa petite laine (qui ose encore se moquer du temps breton ?).
Quelques facéties du moteur de l’annexe obligent Pierre à parfaire sa technique de l’aviron… Comme il dit « je rame ! » et nous font remettre à plus tard notre pêche. Côté moteur annexe, rien de trop sérieux, une goupille rouillée qui s’est cassée. Fort de l’expérience crétoise, une nouvelle goupille est vite fabriquée, ce qui nous permettra dans l’après midi d’aller explorer la côte rocheuse. Des fonds superbes où nous aurions aimé flâner d’avantage. Aujourd’hui nous faisons encore dans l’utile et remplissons rapidement nos sacs à oursins.
Peu à peu le vent s’est assagi et la soirée s’annonce idyllique. Le mouillage ressemble maintenant à un superbe lac que rien ne vient rider. C’est la fraîcheur du soir qui nous oblige, oursins ouverts et mangés, à nous mettre au chaud.
Douce rêverie de courte durée, Monsieur le Turbulent n’a pas décidé de se coucher mais de se reposer un peu avant de faire la fiesta. Pierre immerge quelques mètres de chaîne supplémentaire pour me rassurer… Il est malheureusement de douloureux souvenirs qui marquent !
27 mai 2009 : de GÜMÜS KOYÜ à BABAKALE
« Le Château du Père »
Un départ presque matinal (il est 6h45) pour parcourir les 50Mn qui nous séparent de l’escale suivante, l’île de Bozcaada, dernière étape avant d’entamer la remontée du Détroit des Dardanelles.
Notre voisin, qui se sentait sans doute trop près de la côte rocheuse a changé de place pendant la nuit et, nous le comprenons, récupère encore de ses frayeurs.
Deux voiliers sont déjà sur la mer, voiles déployées et semblent nous inviter à nous joindre à eux. Un petit vent Grand Largue pour gonfler Grand Voile et Génois, bientôt en papillon pour ensuite céder l’honneur au Spi, superbement gonflé par un vent arrière. Est-ce le spectacle de ces belles couleurs sur la mer ? Est-ce le doux bruissement de l’étrave dans l’eau ? Nous sommes bientôt entourés par un groupe de superbes dauphins (je désespérais d’en voir cette année !) qui pendant ¾ heure ont semblé accompagner Logos dans sa course. Joie du photographe qui oublierait presque que nous sommes sous Spi… Heureusement, je veille !
Une fois de plus, Monsieur le Capricieux fait des siennes et nous abandonne après 1h30 de plaisir.
Retour de Perkins. Nous passons le petit port de pêche de Babakale, remarquable par sa citadelle et le minaret de sa mosquée. Un enrochement fait de gros blocs de pierre brune, pas un mat à l’intérieur, rien de bien engageant pour appeler une pause. Il n’est que midi. Nous choisissons de continuer notre chemin, comme prévu.
C’était sans compter sur les vents catabatiques du Cap qui nous malmènent et réduisent singulièrement notre vitesse, nous opposant maintenant un vent debout de plus de 25Nd. Encore 20 milles à parcourir, sur une mer agitée. Demi tour, sur Babakkale que le guide officiel, la bible des marins, Rod Heikel semble apprécier. Deux chalutiers libèrent une place, des pêcheurs prennent nos amarres qu’ils attachent à des piquets au dessus d’un enrochement.
Pas question d’aller à terre sans avoir recours à l’annexe qui avec un système de va et vient nous permet de nous approcher. Du sportif, mais dans une bonne ambiance qui nous ferait presque regretter d’avoir eu de mauvaises pensées. Ici, tout est vrai : le port où sont amarrés une cinquantaine de petits chalutiers, le village qui s’est niché à flanc de coteau, comme protégé par l’imposante citadelle construite sur les ordres de l’Amiral Mustafa Pacha au 18e siècle (est-ce lui le Père : Baba en turc, dont il est fait référence dans le nom de BabaKale : Château du Père ?) et les gens rencontrés.
Ici, nous sommes parait-il à l’extrême pointe de l’Asie, Babakale étant considéré par ses habitants comme « le phare à la pointe de l’Asie ». Nous recevrons même un certificat, témoignage de notre passage !!!
La citadelle est déserte mais parfaitement entretenue, comme le sont toutes les citadelles en Turquie. Nous profitons d’un magnifique point de vue sur la mer depuis son chemin de ronde et découvrons avec surprise, à flanc de falaise, quelques stèles de marbre coiffées d’un turban faisant face au soleil couchant… Un vieux cimetière qui souffre la comparaison avec le cimetière marin de Sète ou celui de Bône « l’envie de mourir y te donne ! ». Pour aujourd’hui nous nous contenterons de profiter de la beauté de cette vision.
Nous ne redescendrons pas les mains vides au bateau, ayant rencontré en chemin de beaux câpriers, un murier aux délicieux fruits blanc et fait quelques emplettes d’approvisionnement après avoir dégusté un thé (çay) offert par le restaurateur auquel nous avions demandé son code de WIFI !!!
Voilà ce que l’on peut appeler sens de l’hospitalité, grande qualité du peuple turc.
28 mai 2009 : de BABAKALE à BOZCAADA
« Un coup dans le nez … sans ébriété… »
Le port s’est presque vidé ce matin, peut-être promesse de poisson pour l’avitaillement, mais il nous semble plus sage de nous approcher des Dardanelles, un vent favorable étant annoncé pour la fin de la semaine. Une belle escale que nous ne pouvons que recommander aux « Routards de la Mer ».
Le cap franchi, le départ est engageant et nous permet de hisser la grand voile et d’envoyer le génois… et si nous pouvions parcourir les 24Mn à la voile ? 40°, 30°, 25°,0° : vent dans le nez, une mer très formée, il n’y manque que la bergère pour garder tant de moutons.
L’arrivée dans le port de Bozcaada est bienvenue. Rien n’a changé depuis 3 ans, sauf le prix de l’amarrage (pas de pendilles) qui a augmenté de plus de 40%. Notre voisin bat pavillon « Pirate », un petit clin d’œil aux petits enfants, significatif de l’ambiance à bord (un équipage d’hommes !).
Une grande impression de vide dans cette petite station touristique. Les nombreuses tables des restaurants sont désertes et même les ferries ne semblent pas apporter beaucoup de vacanciers. Peut-être le week-end leur permettra-t-il de faire le plein. La promenade dans les ruelles est très agréable et révèle une bourgade vivante où il doit faire bon vivre. L’armée qui détenait jalousement cette place semble avoir disparu au profit d’un tourisme accru. Nous dégustons nos premières « Göselemes » (sortes de crêpes farcies au fromage ou à la viande).
29 mai 2009 : de BOZCAADA à CANAKKALE.
« Nos routes terrestres et maritimes se croisent »
Une belle journée s’annonce lorsque Logos quitte le quai d’accueil, déjà déserté par les autres voyageurs. Il est 7h40. Plusieurs cargos sont en stand by, dans l’attente de l’autorisation de s’engager dans le Détroit des Dardanelles. Au loin, un bateau de croisière à 4 mâts qu’il semble difficile de qualifier de voilier fait route depuis la Grèce vers l’entrée du Détroit emportant ses croisiéristes vers Istanbul, destination mythique comme Venise.
Étrangement, l’embouchure de ce Détroit est aujourd’hui semblable à un grand lac que seule la trace des tankers ride. Pour nous, il nous faut bientôt commencer notre navigation les yeux rivés sur le sondeur pour optimiser cette dernière en cherchant les contre-courants et ne pas trop ressentir l’opposition du courant de parfois 3Nd qui s’opposerait à notre progression.
Nous bénéficions de notre expérience de l’année 2006 et, sans crainte, frôlons la zone des 8 à 10 mètres, tandis que « WIND STAR » suit la route des cargos. Pas de fantaisie tolérée pour les gros.
Les célèbres pilotines rouges sont à l’œuvre et deux d’entre elles encadrent un chalutier, comme s’il était sous bonne garde. Le poids de l’Histoire ressenti à notre précédente venue semble s’être estompé, tout comme l’émotion ressentie au profit de nos souvenirs récents lorsqu’en arrivant sur le port de CANAKKALE, nous croisons le ferry EZYNE avec lequel nous avons traversé le Détroit depuis ECEABAT sur la presqu’île de GELIBOLU. Les routes de l’Audi et de Logos se croisent !
Il est 13h15, nous avons réussi à parcourir 27Mn à une vitesse moteur de 5Nd… tout à fait raisonnable. La marina qui n’offre qu’une petite dizaine de places est encore peu investie à cette heure de la journée et ne se remplira qu’en soirée.
Pas de grand tourisme pour nous qui avons visité les ruines de Troie (ou plutôt des six villes de Troie superposées) en 2006. Nous nous contentons d’un salut au grand cheval de bois commémoratif sur la promenade côtière et d’une flânerie dans la ville, toujours aussi animée.
C’est avec plaisir que nous conversons, en soirée, avec nos voisins belges sur un beau voilier de fabrication hollandaise ancienne « FALCON ». Quelques années de plus que nous, un tour du monde et un bel enthousiasme qui encourage.
30 mai 2009 : de CANAKKALE à LAPSEKI
« Lapseki, le retour ! »
Un grand calme au réveil qui nous laisse espérer que nous allons pouvoir gagner en une seule étape de 47milles notre destination en Mer de Marmara. Une ambition bien vite déçue lorsque nous nous retrouvons rapidement face au vent du Nord, avec une mer de plus en plus agitée et l’impossibilité d’avancer. Il nous faudra donc nous contenter de rallier le petit port de Lapseki dans lequel nous nous étions déjà abrités il y a 3 ans. 21 milles parcourus dans la grisaille, sans rien pour distraire le regard, si ce n’est l’anémomètre dont les indications vont croissantes.
Pas d’hésitation cette fois-ci pour jeter l’ancre au milieu du port et retrouver le calme espéré. Rien n’a changé en 3 ans, aucune infrastructure n’a été ajoutée.
Deux chalutiers sont à quai ainsi qu’une vedette des pompiers, justifiant peut-être un tel investissement. Pour nous, et sans doute pour d’autres plaisanciers qui ne veulent pas forcer leur moteur, une salutaire étape que nous partageons aujourd’hui avec « BELUGA » voilier d’Ossétie du Sud… Si son pavillon est significatif de son origine car maintenant il est difficile, avec tous les pavillons de complaisance, d’imaginer la nationalité de l’équipage.
Il ne nous reste plus qu’à guetter le moment favorable et bénéficier de notre frigidaire bien rempli, car, ici, pas question d’avitaillement. Peut-être y a-t-il un restaurant le long de la route nationale qui longe le port ?
31 mai 2009 : LAPSEKI.
« Pavillons bas… »
Décidemment, il sera dit que nous séjournerions à Lapseki ! Un ciel perturbé par de longues trainées nuageuses au couchant ne nous avait pas laissé beaucoup d’espoir. Déception confirmée au réveil sous un ciel très menaçant. Le vent souffle rapidement à plus de 25Nd dans ce port, si calme hier, (qu’en est-il à l’extérieur ?) et notre pavillon français, déjà soigneusement consolidé il y a quelques jours n’apprécie guère ce mauvais traitement, pas plus que le pavillon turc d’ailleurs ! Comme si je ne savais pas comment occuper ces heures d’attente !
1er juin 2009 : LAPSEKI
« Lapseki ! 3ème ! »
Une matinée encore incertaine nous fait hésiter à prendre le départ, il nous reste la partie la plus hasardeuse du trajet à parcourir : 26 Mn pour traverser les Dardanelles, là où le courant est le plus fort et rallier la côte européenne. Surprise en début d’après midi, le vent semble virer Sud. C’est le moment. Fausse joie, il ne s’agissait que d’un effet dans la rade et nous nous retrouvons rapidement dans la même galère qu’il y a deux jours. Demi-tour, retour à la case départ en attendant mieux !
2 juin 2009 : LAPSEKI - SARKOY
« Faut y aller ! »
4h50 ! Moteur ! Ça tourne ! Il nous faut chercher à bénéficier du calme de la nuit pour quitter ce port de crainte de devoir y séjourner. Même le Muezzin que nous n’entendions guère, étant donné le fond sonore de la circulation, semble nous souhaiter bon voyage. C’est bon signe.
Logos longe tout d’abord la côte asiatique afin de limiter la traversée du Détroit, puis, toutes voiles dehors pour renforcer l’action de Monsieur Perkins, s’élance en biaisant vers la côte européenne. Une expérience un peu impressionnante lorsqu’au passage il faut côtoyer ces énormes monstres bien calés sur leurs rails. L’un deux nous frise même les moustaches… frisson !
5h50 : Ouf ! Nous voici en Mer de Marmara pour entamer la remontée de cette région de la Thrace qui offre, depuis la mer, un paysage si différent de ce que nous connaissons en Turquie. Ici, des collines aux formes arrondies, de vastes champs formant comme un patchwork de couleurs, quelques luxueuses bâtisses. Un paysage dont les seuls arbres sont les quelques éoliennes qui lancent leurs bras vers le ciel… le vent soufflerait-il aussi ici ? Le ciel s’est assombri, une brume enveloppe la côte et la mer. Notre baromètre intérieur affiche une forte descente de pression, quant à notre anémomètre, il montre peu à peu des signes de faiblesse et refuse bientôt tout affichage. Il n’est que 6h35 et nous n’aurons pas d’abri avant Sarkoy. Il faut donc continuer.
Bientôt, les silhouettes fantomatiques de gros tankers apparaissent au loin, eux aussi en attente de l’autorisation de s’engager dans le Bosphore qui, lui, n’a qu’un sens alterné de navigation. Logos semble les passer en revue tandis qu’ils lui font une haie d’honneur… mais il est si petit !
Au loin, un enrochement, un minaret et une Grande Roue de fête foraine. Nous voici arrivés et apprécions un accueil bienveillant à une portion de quai qui semble réservée au passage dans ce port géré par une coopérative de pêcheurs. Autour de nous des barcasses, des chalutiers.
Il est 10h30, un peu de repos est le bienvenu avant de partir à la découverte de SARKOY (prononcer Charkeuy car le s s’écrit avec une cédille !) mais après, bien sûr, avoir inspecté l’anémomètre et constaté avec déception qu’il se s’agissait pas d’un contact au boitier de raccordement, mais bien d’un souci en tête de mat. Une nouvelle excuse pour grimper en haut du mat en dépit du vent… et redescendre avec l’anémomètre défectueux… en attente d’un diagnostic éclairé de Xavier d’Électronique du Golfe au Crouesty. Je sens que, en l’absence de tout juge de paix, je vais devoir croire le skipper !!!
Sarkoy est une sympathique petite ville côtière sans grande originalité qui se transforme au temps des vacances en station balnéaire pour accueillir les Turcs résidant en Allemagne ou en Suisse. Ils reviennent au pays passer leurs vacances dans leurs résidences ou dans les nombreux hôtels du front de mer. Tout le monde s’affaire, les jardiniers de la promenade arborée et fleurie taillent et nettoient, le plagiste étale le sable avec son tracteur, les forains remettent en état leurs manèges endormis pendant l’hiver … (ils ne sont pas encore prêts… tant mieux, nous nous serions crus à Saint-Cyprien !) Les commerces y sont nombreux et permettent un avitaillement aisé. Quant au poisson espéré, à part les poissonneries, il ne faut pas compter sur des achats directement aux chalutiers.
Autour de nous, le port, est animé par les marins pêcheurs dont nous admirons le courage tenace depuis l’expérience vécue avec Mehmet d’un filet de 1000 mètres que nous lui avons nettoyé, un soir, le temps qu’il récupère de sa fatigue.
Une belle méduse folâtre autour de Logos. De toute façon, pour nous, la baignade sera pour plus tard !
ANUR, voilier turc d’Istanbul s’est ancré à côté de nous, ce qui nous permet quelques échanges en anglais avec son propriétaire.
3 juin 2009 : SARKOY
« En navigation dans le port »
Une impression de vacances est dans l’air. Les chalutiers sont partis discrètement, notre voisin aussi. Un peu de farniente avant d’aller flâner en ville et faire quelques achats. Il fait un temps superbe qui semble faire mentir notre baromètre : il a chuté de 18 points… serait-il anormalement pessimiste ?
Nous aurions pu le croire jusqu’au sifflement entendu, accompagné d’un fort clapot dans le port. Un gros coup de vent du Sud, celui que nous avons guetté depuis notre départ. Une garde à tribord, une garde à bâbord, amarres croisés, Logos est bien sanglé mais semble malgré tout naviguer ! Bien à l’abri, nous n’avons qu’à attendre que cela passe et profiter, malgré tout de notre soirée.
C’était sans compter sur l’irruption dans le port de 3 voiliers roumains avec à leur bord de vaillants équipages composés de sportifs. Surpris par un vent contraire à l’habitude qui normalement devait les pousser… jusqu’à Athènes, ils avaient dû naviguer au moteur en luttant et l’un d’entre eux était à court de carburant, donc en panne de moteur. Moment de panique dans le port et surtout, pour nous, la crainte de voir notre ancre soulevée dans leurs manœuvres « à la cow-boy ». Ils se sont donc retrouvés à triple le long du quai !!! Heureusement qu’à part un fort coup de vent pendant la nuit, tout a été à peu près calme. Conscients de la gêne causée, ils nous ont gentiment offert une bouteille de vin … italien.
4 juin 2009 : SARKOY
« Comme dans un fauteuil »
Nos voisins nous ont quittés, tout fringants pour la poursuite de leur navigation. Nous préférons profiter encore une journée de cette escale hospitalière où nous commençons à avoir nos habitudes et nos destinations facilitées par nos bicyclettes.
5 juin 2009 : de SARKOY à KUMBAG
« Logos s’accouple avec un gros chalutier »
Une belle navigation au portant dont 1 h ½ sous Spi le long des rivages de la Thrace qui semblent de plus en plus investis par des stations balnéaires dont l’importance va crescendo, l’attrait d’une plage incitant les promoteurs immobiliers à remplacer cultures et oliveraies par des résidences.
Peu avant notre destination, les collines s’élèvent, les pentes jusqu’à la mer se font abruptes et reprennent leur caractère sauvage, rappelant les côtes turques égéennes. Juste derrière un cap, un tout petit port de pêche dans lequel nous pénétrons avec précaution ayant peu d’information. Des bateaux de pêche partout…
Personne pour nous guider, un soudain et violent coup de vent dû à l’influence du cap nous agresse. C’est donc vers un gros chalutier où s’affaire un marin que nous allons chercher assistance. Logos se retrouve à couple, ses amarres bien fixées au chalutier. Il est 13h30, M. Meltem s’est levé et bientôt l’orage gronde tout autour de nous. « GUNEYSU » (« Eau du Sud ») se fait protecteur. Il ne nous restera plus qu’à l’enjamber pour aller faire un tour « en ville »… Misère, misère sauf pour les beaux rougets qui ont agrémenté notre diner.
6 juin 2009 : de KUMBAG à TEKIRDAĞ
« Que du béton !!! Où sont les rochers ???»
Quel soulagement en constatant qu’un grand calme nous permettait de quitter ce lieu où nous aurions eu du mal à passer des vacances et de reprendre notre navigation le long de ce qui semble devenir une future riviera turque. Nous envieraient-ils notre Côte d’Azur ? Les constructions s’élèvent de plus en plus jusqu’à parfois prendre des allures de Manhattan, seules les couleurs dont ils sont peints leur donnent un petit côté festif… Illusoire !
Des cargos à l’ancre, de nombreuses grues, de hauts bâtiments industriels, nous voici, après 7,45 Mn de navigation au moteur, parvenus devant la capitale d’une des quatre provinces turques de la Thrace : Tekirdağ. Des appontements commerciaux, un minuscule port de pêche bondé et heureusement, un peu à l’extérieur de la ville une vaste darse toute neuve (sans doute une future marina) où un pêcheur rusé nous accueille et nous taxe de 25TL, simplement pour l’appontement puisque eau et électricité ne sont pas encore installées.
Surprise et mécontentement lorsque nous apprenons, plus tard, que le port est gratuit ; réactivité de Pierre qui exige le remboursement. Nouvelle surprise lorsqu’il se retrouve sollicité par la police, en pleine nuit, pour porter témoignage de l’arnaque dont nous avions été victimes et régler le différent entre celui qui s’était élevé contre la pratique du pêcheur et ce dernier, furieux. Ambiance ! Mais aussi considération des policiers qui ne manqueront pas de nous saluer à chacun de leurs passages ! (Nous avons appris par d’autres plaisanciers qui nous ont succédé que notre intervention n’avait nullement intimidé le malhonnête pêcheur puisqu’il continuait à taxer de 25TL par jour les voiliers étrangers de passage, assurément avec la complicité des autres pêcheurs qui avaient fait semblant d’être outrés ! (Décevant car tellement rare en Turquie !)
La ville de Tekirdağ, avec son élégant bord de mer dont la promenade paysagée rappelle beaucoup Larnaka à Chypre, gravit la colline avec beaucoup d’élégance. Parcs fleuris et places alternent créant des aires de verdure propices au repos. Elle semble très active, riche et bien organisée.
Nous ferons l’expérience du sandwich au filet de maquereau cuit au barbecue que nous avions boudé à Istanbul et apprécierons, à la grande satisfaction du patron de « Balik Ekmek » assez peu accoutumé aux touristes.
La darse où nous sommes parait très prisée des « Tékirdagois » possédant un bateau à moteur, où simplement désireux de faire une petite promenade sur la jetée. Si nous en jugeons par la qualité du parc automobile devant Logos : BMW, Mercédès… nous sommes loin des petits paysans turcs d’Anatolie centrale…
Ici, la fête foraine bat son plein et Tekirdag est en pleine effervescence pour préparer les festivités de la semaine suivante, qui réuniront groupes folkloriques et célèbres lutteurs pendant plusieurs jours.
7 juin 2009 :TEKIRDAĞ
« Ambiance dominicale »
Dès le matin, le « port » s’est animé, chacun s’active sur son embarcation pour préparer la sortie dominicale en mer et peut-être une baignade… risquée si l’on en juge par la fréquence des grosses méduses brunes.
L’équipage du bateau voisin « SELIN » du nom de la petite fille de ce couple dont la jeune dame parle un français parfait est parti piqueniquer en mer, sans oublier de nous laisser quelques feuilles de vigne farcies pour agrémenter notre repas. Toujours cette même gentillesse pleine d’attentions !
Des jeunes s’ébattent dans l’eau, alternant plongeons et traversées du bassin, malgré les interdictions et la surveillance vigilante des policiers qui n’hésiteront pas à sévir corporellement pour punir les contrevenants. Il est difficile d’imaginer une telle scène en France, sans que les représentants de l’ordre ne soient pris à parti ! Pour les jeunes cela ressemble un peu au jeu du chat et de la souris, car sitôt le véhicule de police parti… Plouf, les revoilà à l’eau !!!
L’équipe de voierie municipale s’active, nettoie, remblaie, ratisse, tandis que sur la promenade, chacun se délasse, en marchant ou assis dans l’herbe.
8 juin 2009 : de TEKIRDAĞ à SILIVRI.
« Courrier au rendez-vous ! »
Nouvelle navigation au moteur. 34Mn le long de cette côte assez plate, surmontée de collines en patch-work et de petits villages, jusqu’à un terminal de gaz, signalé par les nombreux cargos et une grosse bulle blanche… Pas grand-chose à regarder, seules compagnes, ces grosses méduses solitaires qui semblent en voyage.
Il est 13h20 lorsque nous appontons à SILIVRI, sur un quai réservé aux chalutiers et à la réfection des embarcations, aux pieds de « TUNA », barcasse en ravalement au prix de moult pots de peinture. Nous assisterons à l’émouvante remise à l’eau à l’aide d’un camion grue car, ici, comme dans les autres ports fréquentés, pas de travel-lift !
L’ambiance a l’air sympathique mais, pour l’heure, notre préoccupation est tournée vers le bureau de poste et notre courrier… pas de problème pour le bureau de poste, c’est la voiture de la police municipale « Zabita » qui ouvre le chemin à nos bicyclettes et nous mène à notre destination… Ouf, notre courrier est là, merci Jean. Nous pouvons donc maintenant organiser notre emploi du temps.
La ville de Silivri est proprette, accueillante et nous pouvons même bénéficier du code Internet de l’élégant café « Poséidon »… Même les dieux marins se modernisent !
9 juin 2009 : SILIVRI.
« L’anémomètre est réparé »
Depuis plusieurs jours nous naviguions sans aucune indication sur le vent, force, direction… tout à l’estime. Et pendant ce temps là, le cerveau cogite… Et s’il s’agissait du câble d’alimentation ?
Voici Pierre une nouvelle fois perché à 16 mètres au dessus du pont, par 25Nd de vent (indication donnée par l’anémomètre après réparation !)… Une heure là-haut, à sectionner, ligaturer, moi sur le pont avec des consignes précises : monter le nouveau fil, tirer sur l’ancien, brancher l’anémomètre, lire le cadran. Curiosité des gens qui passent et se tordent le coup pour voir. Diagnostic : le fil a ragué, s’est partiellement sectionné et a occasionné un cout circuit sans dommage pour les appareils. Un coup de fer à souder au gaz (merci Patrice) et nous voilà repartis.
Pendant ce temps un voilier battant pavillon français s’est ancré dans la rade de l’avant port. Jumelles… Il s’agit de « La Mutine » dont nous avons entendu parler sur les pontons. Pas de VHF branchée, seul le hasard d’une rencontre en ville nous permet de nous reconnaître (pas trop difficile dans une ville sans touristes !). Ils savent tout ou presque de nous, lecteurs de notre site et ayant eux aussi beaucoup entendu parler de nous par les mêmes pontons… Sympathie immédiate.
Nous nous retrouvons en soirée à bord de Logos pour faire plus ample connaissance et échanger des nouvelles sur chacun. Une belle rencontre !
10 juin 2009 : SILIVRI.
«Un boucher cabotin »
Pierre finalise la réparation de l’anémomètre avec l’aide de sa grouillaute favorite. Je vais pouvoir regarder les écrans de contrôle en navigation !
Un avitaillement substantiel est réalisé car les produits proposés sont de qualité avec une mention spéciale pour les pâtissiers ! Le boucher, un peu cabotin, quant à lui, a voulu une photo !!!
« La Mutine » nous a quittés pour les Iles des Princes. Nous avons opté pour la continuation de notre exploration de la côte européenne. Nos routes se croiseront peut-être à nouveau s’ils ne s’engagent pas trop vite dans le Bosphore pour rejoindre la Mer Noire.
En soirée, « Poséïdon » nous fournit aussi l’animation, avec chanteurs et musique de qualité. Du très chic jusqu’au bout.
11 juin 2009 : de SILIVRI à BÜYÜCEKMECE.
«À l’ancre au milieu du port »
La côte se civilise de plus en plus, alternant cultures et investissements touristiques. Nombreux buildings et vastes centres commerciaux qui veulent rivaliser avec ceux que nous connaissons… Savent-ils ce qu’ils vont perdre ?
Büyüçekmeçe…
Un bout de golfe bordé par la route nationale, un mélange de traditionnel, de désuet et de modernisme. Personne n’attend Logos, il ne nous reste plus, sur les conseils d’un pêcheur, qu’à jeter l’ancre en plein milieu et jouir d’une vue panoramique.
Pas grand-chose à voir en ville, mais assurément, un endroit commode et peu onéreux pour laisser un bateau… Si la « dite » marina vous accepte.
12 juin 2009 : de BÜYÜCEKECE à FENERBAHCE
« Mosquées dans la brume »
Un départ dans la brume à 7h30… Les minarets des mosquées ont du mal à émerger au dessus des constructions.
I0h30 : voile parmi les cargos, un exercice toujours impressionnant vu leur masse… La Mosquée de Sultanhamet se dessine dans le brouillard.
12h Nous entrons dans la Marina, tout d’abord KALAMIS pour y faire le plein de Gas-oil, juste avant un magnifique yacht, rencontréà Çesme : « QUASAR » de George Town. Une chance car s’il avait fallu attendre qu’il remplisse son réservoir !
12h30 : Nous appontons Ponton F14 dans la partie Fenerbahçe (le jardin du phare) réservée à la plaisance à voile, parmi des voiliers flambant neufs : Oceanis, Bavaria, tous immatriculés Delaware ou Wilmington mais appartenant à des turcs… S’agit-il de turcs américains ou de facilités de formalités fiscales ?!!!
Le ponton est très animé, les Stambouliotes viennent passer la soirée ou le week-end sur leur voilier avec famille et amis. Certains partiront pour les Îles des Princes, d’autres s’affairent pour l’importante régate organisée pour le week-end jusqu’à l’île de Marmara… Environ 160 milles nautiques aller et retour.
De magnifiques voiliers taillés essentiellement pour la compétition comme SENSE I et ceux appartenant à l’école de voile, des voiliers socializing et faisant partie du standing à afficher à Istanbul nous entourent, seul « Passager du Vent » un First 31 de Saint-Malo nous évoque la France, mais comment, si petit, est-il parvenu jusqu’ici ?
La marina est complète avec une importante liste d’attente, comme dans beaucoup de marinas turques, malgré une inflation galopante des prix (40 à 50 %).
Nécessité de brandir nos bicyclettes vu l’éloignement des bureaux et de l’unique petit supermarché qui se trouvent dans Kalamis, première partie de la marina mais une agréable promenade dans le parc qui borde la marina et abrite les nombreux cafés et restaurants où il semble faire bon venir boire un verre (attention, prix des consommations prohibitif !) et montrer sa nouvelle voiture…
Choc en voyant la toute dernière et magnifique Audi R8 qui rivalise avec Ferrari et Lamborghini, garée parmi Mercédès dernier cri, BMW et autres voitures de luxe !
13 juin 2009 : MER de MARMARA : FENERBAHÇE.
« Flânerie dans Istanbul »
Le ciel chargé et très menaçant ne semble pas arrêter les vaillants régatiers turcs qui vont en découdre pendant environ 160 milles, se jouant de la nuit, du vent et de la mer apparemment fort agitée.
Pour nous, un programme beaucoup plus calme avec flânerie dans le vieil Istanbul qu’il nous faudra cette fois-ci rejoindre par« feribot », « l’autobus de la mer » depuis la petite ville voisine Kadikoy, rive asiatique oblige. Soixante-quinze centimes d’euros pour traverser le Bosphore et nous retrouver à Galata, en plein cœur d’Istanbul. Une surprise à l’embarquement : Dominique et Marie-Dominique de la Mutine, s’apprêtent à prendre le même bateau après avoir apponté eux aussi à la marina de Fenerbahçe. Hasard de ces rencontres répétées sans être provoquées comme nous l’avons déjà vécu avec beaucoup de plaisir avec « Hydra Blue » et « Noisette » et joie des retrouvailles. « La Mutine » se dirigera vers l’Istanbul moderne de l’Istikal , rue bordée par les grandes marques et magasins spécialisés.
Nous opterons pour le vieil Istanbul avec les Bazars, dont nous aimons toujours retrouver l’ambiance si colorée et l’animation très particulière surtout en ce samedi où les ruelles grouillent de chalands. Est-ce l’époque des « Circoncisions » ou « Massalahs » ? Plusieurs familles achètent pour leurs fils des toilettes dignes de Princes que les enfants revêtent avec grande fierté. Le quartier de Sultanhamet avec ses mosquées, sa place de l’Hippodrome et ses maisons anciennes nous ravit toujours, encore plus aujourd’hui où il nous est permis, à l’heure de la prière, d’entendre deux muezzins de mosquées voisines, non pas se faire écho comme d’habitude, mais se répondre en un authentique dialogue chanté…
Du grand art ! C’est en fin d’après midi que nous regagnons le pont de Galata avec ses pêcheurs, ses vendeurs de sandwichs au maquereau fumé. Une foule impressionnante, un « feribot » bondé comme le métro aux heures de pointe et la satisfaction de nous retrouver au calme à Kadiköy à compléter notre avitaillement en fraîcheur dans une petite rue en pente. Les commerces sont tellement bien approvisionnés qu’ils rappellent ceux de la rue Mouffetard à Paris.
Nous assistons au départ de nombreux voiliers dont les équipages de « jeunes cadres » et leurs familles ont pour projet de passer le week-end aux Îles des Princes…nous imaginons le spectacle !
14 juin 2009 : FENERBAHCE
« Grande lessive »
Nous avons décidé de nous octroyer un jour de plus à la marina avant de reprendre notre route et « d’amortir » un peu le prix payé en faisant une grande lessive. En peu de temps, Logos est ritalisé, et n’est plus très en harmonie avec l’ambiance « village chic » de la marina.
Les restaurants et les bars sont bondés, les voitures s’affichent en deuxième file… Peu à peu les régatiers, épuisés regagnent leur appontement après avoir du lutter contre le vent qui continue de souffler et nous oblige à une surveillance du linge qui pourrait bien s’envoler.
Après le Kadiköy marché, nous apprécions, en soirée, le Kadiköy petits restaurants animés avec « La Mutine » et « Odyssée » sans avoir omis d’admirer le coucher de soleil sur Istanbul. Une belle soirée avec de très sympathiques équipages que nous allons quitter, ne partageant pas leur projet de navigation en Mer Noire le long de la côte turque. Leur gentillesse nous aurait presque fait regretter de ne pas nous joindre à eux. Peut-être nous retrouverons-nous plus tard ?
15 juin 2009 : de FENERBAHCE à ASMALIKÖY (Île de Marmara)
« Onze heures trente de Perkins ! »
Toute la marina sommeille encore lorsque nous saluons le garde du port. Un petit vent du Nord Est annoncé… Une aubaine pour naviguer vers le sud. En fait de vent, une presque pétole complète qui ne nous permet même pas de gonfler le Spi, sorti et patientant dans sa chaussette. Seule la Grand-Voile sera à l’honneur, pour faire beau pendant les 64 milles qu’il nous faudra parcourir pour rejoindre l’île de Marmara, tout en nous laissant bercer pendant plus de 11 heures par le ronron de Perkins.
De nombreux cargos attendent la permission de s’engager dans le Bosphore, tandis que d’autres sur leurs rails traversent la Mer de Marmara et animent le paysage que nous contemplons. Quelques dauphins s’égayent autour de nous. Séquence émotion !
I7h15 : nous appontons dans un petit port de la côte est de l’île de Marmara devant un chalutier au repos, face à un minuscule hameau niché dans un vallon où la vie semble s’écouler avec douceur autour de sa mosquée.
Plusieurs « cafés » en front de mer où les anciens du village échangent leurs souvenirs, tout en refaisant le monde. Comme toujours les hommes d’un côté, les femmes de l’autre… Il faut bien avouer qu’entre les deux sexes les préoccupations sont bien différentes !!! Un café avec télévision pour les activités sportives et une gargote qui a dressé des tables au bord de l’eau où nous irons avec délectation déguster gözlèmes et friture.
Hasard de la vie, notre robinet d’évier donne de sérieux signes de fatigue, ce qui nous fait regretter de ne pas avoir pensé à le changer à Istanbul… Un petit et vétuste camion de quincailler est justement de passage aujourd’hui, surprenant en un lieu tellement retiré. Nous voici donc avec un beau robinet tout neuf !
16 juin 2009 : ASMALIKÖY.
« Tout comme il y a bien longtemps… »
Quel plaisir que de regarder ce petit lieu de vie s’animer. Ici pas de bruit parasite, on peut entendre le coq, le muezzin, mais surtout les voix de chacun et les rires des enfants qui, en ce lieu sans dangers apparents, s’amusent en liberté, toujours surveillés de loin par un œil adulte.
Des pêcheurs sont venus nettoyer un filet près de nous et nous octroient cinq beaux crabes pour l’équivalent de cinq euros… C’est peu cher payé le temps passé et quel régal dans notre assiette.
Deux autres voiliers nous ont rejoints, un voilier d’Istanbul « BENGÜL » dont l’équipage familial a trouvé là son petit paradis qu’il n’hésite pas à faire partager avec beaucoup de gentillesse et un voilier suisse « MAS QUE TOUT » croisé lors de notre montée vers les Dardanelles. Une vie chaleureuse s’organise entre nous et les gens du village, nous faisons partie de leur quotidien… Une ambiance, une symbiose assez rare à ce degré d’intensité.
17 juin 2009 : ASMALIKÖY
« Difficile de s’arracher »
Difficile de s’arracher à une telle harmonie et cette vie calme et pleine de sérénité. Même le paysage enchante.
Rien ne presse, nous partirons demain et profitons encore ce jour de cet Eden retrouvé.
18 juin 2009 : d’ASMALIKÖY à BALIKLI (Pasalimani Ada)
« Rencontre avec Mehtap « Clair de Lune » et son frère Emirhan»
Un départ sans presse pour l’archipel voisin et plus précisément, l’île principale dont le mouillage, au Sud, nous offrira un abri. Quinze milles à parcourir, deux heures trente de navigation qui de portant s’est transformée en près serré. L’ancre jetée dans la vaste baie, Logos nous permet d’apprécier ce village, desservi régulièrement par un gros ferry venant du continent, ce qui favorise peu à peu sa transformation et son enrichissement en constructions nouvelles. Toujours pas de baignade possible tant la Mer de Marmara semble envahie de méduses, certaines très belles mais seulement pour l’œil du poète !
Une visite en annexe et l’accueil par un grand-père qui s’empresse de nous présenter ses petits enfants étudiants à Istanbul. Tous deux sont très heureux de converser avec nous, en anglais, devant un thé qu’ils nous offrent ! Il me semble que le jeune garçon aurait bien aimé embarquer !!! Nous regagnons sagement Logos avant que le vent ne s’anime un peu trop.
19 juin 2009 : de BALIKLI à ERDEK
« Autre pays, autre mœurs »
Mr Meltem sévit déjà lorsque le Muezzin lance sa plainte, nous levons l’ancre pour le port d’Erdek, niché au creux de la presqu’île de Kapidag, sur le continent. Nous savons par expérience passée y être bien accueillis et y trouver une ambiance animée, bon enfant.
Un départ un peu trop paisible au goût du skipper qui guette les moutons sur la mer et se réjouit bientôt d’une navigation un peu plus sportive avec des pointes de vitesse à 7,5 Nœuds. Résultat, 1h45 après notre départ, nous appontons à Erdek à 10 milles de là.
Bien nichée derrière une petite île, la baie d’Erdek, scindée en deux abrite d’un côté la marine nationale qui bien sûr interdit son territoire, de l’autre ce si plaisant port de petits chalutiers qui s’est peu à peu transformé en station balnéaire pour vacanciers turcs.
La promenade, bordée de hauts ormes, devant laquelle est apponté Logos a toujours autant de charme. Pas de circulation, de vastes cafés nichés dans cette verdure qu’ils respectent au point d’avoir gardé les arbres dans leur terrasse couverte (quand nous pensons qu’à St. Cyprien les restaurateurs avec la bénédiction des élus se sont permis d’abattre les arbres de la voie publique qui gênaient leur expansion !) sont autant de lieux de détente pour les turcs qui veulent passer un moment agréable à converser tout en regardant les bateaux.
Pas de musique tonitruante, seul le piaillement des nombreux oiseaux qui nichent dans les arbres et défendent chèrement leur territoire.
20 juin 2009 : ERDEK
« Trois loups à la criée »
Nous ne pouvons être à Erdek sans satisfaire au rituel de la Criée.
8h30 : nous sommes installés sur l’estrade parmi les acheteurs alors que la vente aux enchères commence. Pendant la petite séance photo préliminaire, Pierre a repéré trois beaux loups dans une boite… Il y a bien aussi 3 énormes loups… À deux, difficile, surtout sans congélateur ! La pêche nous semble moins riche qu’il y a 3 ans… des merlans, quelques daurades et de la friture … Les enchères montent sur les mises à prix. Lorsque vient le tour des loups, Pierre s’empresse de lever la main dès la mise à prix… Surprise, personne ne surenchérit… Sans doute extrême courtoisie envers l’étranger qui cherche à participer à la vie locale… Nous repartons donc avec « notre pêche » et la perspective d’un délicieux repas pour l’équivalent de 5 euros. Les gros bars seront attribués pour environ 45 à 50 euros… Mais quels morceaux !
Une promenade le long de la mer nous fait découvrir l’autre aspect d’Erdek, beaucoup plus festif (pour ceux qui aiment), avec cafés à la mode pour la jeunesse, boites de nuit. Quelle chance nous avons d’être avec les pêcheurs et les plaisanciers possédant de petits yachts. Nous en avons deux non loin de nous, surveillant avec beaucoup d’attention leur bateau. Peut-être ne sont-ils que skippers ?
Les commerces de la ville sont de qualité, avec une petite préférence pour le pâtissier qui confectionne avec le sourire de délicieux cakes pour Pierre et ce marchand d’olives qui outre d’excellentes olives propose une tapenade sans ail et nous fait découvrir les olives au miel… Ne pas sourire dubitatif… C’est excellent !
Nous sommes samedi, jour de grand marché à Erdek, un marché digne de celui de Fethiye, pour ceux qui connaissent, mais peut-être encore plus riche : des fruits et légumes d’une qualité époustouflante à profusion, sans parler des prix qui vont de cinquante centimes d’euros pour le kilo de tomates à 2 Euros pour les fruits. Résultat nous revenons avec des sacs chargés comme pour nourrir une famille nombreuse !
La soirée au port est animée par le feu d’artifice tiré en l’honneur de deux couples de mariés qui ont romantiquement rejoint le restaurant de la fête en bateau !
Tout est familial, sauf ces jeunes garçons qui, après avoir réclamé « money, money » plongent dans le port, parmi détritus et méduses pour une petite pièce lancée par un passant. Qui sont-ils ? Pourquoi sont-ils là dès le matin ? Pourquoi cet apparent abandon alors que les enfants turcs semblent si bien encadrés et choyés ? Un petit air de déjà vu en pays kurde, à l’Est de la Turquie.
21 juin 2009 : ERDEK
« Cyzicus, l’une des plus splendides villes d’Asie »
Quelques ruines éparses ont éveillé notre curiosité, vite satisfaite en cherchant sur Wikipédia que nous pouvons consulter grâce à la gentillesse d’un cafetier qui nous a amicalement confié son code Internet.
Sorti des grands circuits touristiques, les guides sont souvent peu prolixes, c’est alors qu’Internet devient surprenant. Tout semble s’y trouver et satisfaire toute curiosité.
Donc Erdek, alors appelée Cyzicus, était une ancienne et riche cité commerçante de Mysia en Anatolie, qui frappait sa propre monnaie. Bien abritée, elle suscitait l’envie de tous et fut le siège d’une importante bataille qui marqua la victoire d’Athènes sur Spartes et devint sous l’Empire Romain l’une des plus splendides villes d’Asie avec l’un des plus grands amphithéâtre au monde et un temple dont les colonnes par leur dimension dépassaient celles de Balbek. Grandeur et décadence, les matériaux des colonnes ont été utilisés par les Byzantins pour construire Sainte Sophie à Istanbul, et les ruines de l’amphithéâtre se meurent à l’abri des regards, dans un marais.
Dire que ce petit port aurait pu rivaliser avec Pergame ou Éphèse. Combien de ces promeneurs du dimanche en ont-ils connaissance ?
La soirée est animée par quelques flonflons de fête foraine et les voix de chanteurs un peu crooners attirant le client dans les cafés chics.
Un voilier britannique « Sand Piper of Brighton » s’est ancré près de nous pour faire une pause… Une expérience de navigation en Manche et Mer du Nord… Admiration !
22 juin 2009 : ERDEK
« Le vieil Erdek »
Ce matin, le calme est revenu. Les vendeurs de poissons se sont approvisionnés à la criée et poussent leur « araba » (charrette) sur la promenade.
Nous allons faire l’expérience du second marché d’Erdek que nous découvrons dans les ruelles en pente du vieil Erdek, à l’aspect tellement différent de celui proposé en bordure de mer. Ici c’est un peu la Turquie de l’Est et plus spécialement certains quartiers kurdes. Plus de beaux immeubles mais des masures dont les habitants annexent la rue… Nous ne sommes plus surpris de ces gamins qui hantent le port. Mais, aujourd’hui, tout cela est enjolivé par la richesse du marché qui met de la couleur et de la fraîcheur sur la misère.
Notre après-midi et notre soirée s’écoulent doucement, comme le rythme de la vie ici.
23 juin 2009 : d’ERDEK à KARABIGA
« Sauve qui peut dans le port »
… Ou comment un petit port tranquille peut se transformer en enfer ! (Pas de photos… et pour cause)
Chacun attendait depuis plusieurs jours un vent du sud, de force raisonnable. Rien à craindre ici, port bien protégé de tout vent avaient assuré les marins autochtones… Et puis ce vent tardait à se manifester… Parfois les météorologistes se trompent et à trop crier « au loup » on réduit la vigilance de chacun (N.D.L.R. : qui, alors, va au BAR…).
Donc tout le monde s’était couché l’esprit au repos, sauf moi, qui, vers une heure du matin, me trouvant par trop malmenée dans la cabine avant décidait de me réfugier sur l’une des banquettes du carré en attendant que cela passe. Pas d’inquiétude à avoir, ancre bien plantée, amarres solidement arrimées auxquelles une garde avait été ajoutée.
Bien m’en a pris, c’était déjà le branle-bas de combat sur le quai. Pêcheurs et skippers étaient en alerte, sortis eux aussi de leur sommeil…
15 à 20Nd de vent du sud avaient levé une forte mer dont le ressac venait éclater sur le quai, soulevant les embarcations pour les laisser retomber lourdement. Rapidement les pêcheurs quittent le quai devenu inhospitalier en faisant vrombir leur puissant moteur. Le skipper du petit yacht à notre bâbord dont l’ancre a chassé n’a que le temps de sauter dans le bateau déjà endommagé pour l’éloigner dans la baie. Notre voisin britannique est aussi sur le pont et observe, son moteur comme le notre, tournant. Cela va passer nous dit-on et nos ancres sont bien enfoncées. Ambiance un peu tendue. Notre voisin se décide à partir… Mais pour où à cette heure… Sueurs froides, il est poussé sur Logos par les rafales … Heureusement qu’il s’agissait de quelqu’un d’expérimenté… Imaginons certains italiens dans les mêmes circonstances ! Un bon coup d’accélérateur et le voilà dégagé pour relever son ancre.
Seul Logos semble résister, mais les minutes s’ajoutent et le vent ne faiblit pas.
2h30 : nous partons aussi après avoir bien revu les consignes : lâcher les amarres et la garde, nous dégager rapidement au moteur tout en évitant le quai des ferries et relever l’ancre… tout cela en pleine nuit, sous l’œil de badauds intéressés par le spectacle !!! Difficile de trouver un mouillage abrité. Réveillés pour réveillés, nous décidons de partir pour la prochaine étape prévue, un autre petit port à l’opposé d’Erdek, donc abrité de ce vent, à 22 milles de là.
Une côte rectiligne borde le Golfe d’Erdek, limitant les changements de cap. Un ris dans la Grand’Voile, le Génois aux ¾, la côte éclairée par les stations balnéaires à bâbord, à tribord les lumières de l’île de Pasalimani et, au loin, un ciel zébré d’éclairs. Les harnais sont enfilés et attachés. Logos trace sous la surveillance de son capitaine. L’équipière est autorisée, une fois toutes les manœuvres terminées, à prendre un peu de repos. Et vous appelez cela « NAVIGATION DE PLAISANCE » !!!
Le jour s’est levé lorsque nous apercevons les quatre tours monumentales, ruines d’une gigantesque forteresse dressée au Cap de Kale Burun.
Il est 6h40 lorsque nous pénétrons dans la darse extérieure du petit port de Karabiga, totalement annexé par les chalutiers et apprécions d’être accueillis par un équipage turc, prêt à partir pour Erdek, poussés par… le vent du Sud ! (peut-être ont-ils été surpris à l’arrivée…). Ici, c’est le grand calme malgré le vent qui continue de souffler, un calme propice à un peu de repos en attendant l’exploration des lieux.
Karabiga soit Biga (ville voisine) la noire, est décrite par notre guide comme poussiéreuse, pire, noire de charbon. De charbon, nous n’y avons vu que les camions de sacs de charbon de bois que le gros ferry journalier emporte. Certes la petite ville est un peu désuète, comme endormie hors du temps, mais les villas qui sont construites en périphérie laissent augurer d’un futur prometteur favorisé par un site assez exceptionnel et un vaste bassin très exploitable. Certes ce n’est pas ici que nous allons faire de folles dépenses, surtout si, avec beaucoup de gentillesse, les thés bus au café nous sont offerts par un pêcheur… toujours ce sens de l’hospitalité. Un plein sac de pétoncles (pour 5 euros) nous sera proposé pour améliorer notre ordinaire, mais trop fatigués, nous devrons décliner l’invitation à nous rendre chez ce pêcheur pour passer la soirée.
Logos copine avec un petit voilier que deux jeunes ukrainiens retapent avant de le ramener dans leur pays. Nous assisterons à leur départ, deux jours plus tard, et garderons en souvenir le coquillage d’un petit lambi qu’ils nous ont offert.
Nous assistons avec curiosité au chargement du gros ferry, impressionnés par la taille des camions embarqués et l’habileté de leurs chauffeurs. Et puis, c’est le grand calme.
24 juin 2009 : KARABIGA
« 7 épis de blé pour la Saint Jean »
Combien elle nous a paru douce cette nuit sur une mer d’huile. Même le gros ferry, de retour après avoir déchargé sa cargaison, n’a pas troublé notre sommeil, tant sa discrétion est grande.
Si le petit port n’offre pour seul intérêt que l’abri qu’il procure et la gentillesse de ses pêcheurs, les ruines d’une imposante muraille, sous l’apparence de tours dressées sur le cap Kale Burun, amer remarquable et remarqué lors de notre arrivée au petit matin, mérite une visite et les frais d’un taxi, en l’absence de tout moyen de communication public.
C’est donc dans un de ces anciens taxis qui nous sont familiers et semblent de plus en plus détrônés par les Renault « Kangoo » que nous nous faisons conduire jusqu’au Cap, en traversant de vastes étendues agricoles, bon présage peut-être pour notre collecte d’épis de blé pour la saint Jean. Effectivement, un vaste champ de blé, non fauché, ce qui est rare en cette saison en Turquie, est la seule voie d’accès aux imposantes « tours ». Tout en suivant les traces faites par les pneus d’un tracteur, nous n’avons donc qu’à nous baisser pour confectionner nos deux « bouquets » puis gravir le cap pour approcher ces colonnes énormes, faites de briques et d’un conglomérat de pierres, ruines d’une forteresse byzantine qui épousait tout le Cap et protégeait la rade de Karabiga des ennemis ottomans.
Notre chauffeur de taxi, nous explique que lorsqu’il était jeune, il était chargé de venir piocher dans ces murailles pour y trouver les matériaux destinés aux constructions … Tout cela en turc ! Que de progrès nous faisons !
Combien de sites prestigieux ont dû subir, ajoutée à l’érosion du temps, celle encore plus destructrice de l’homme et si, aujourd’hui, nous traversons avec plaisir ces champs, les imposantes villas, jouxtant les petites maisons de pierre annoncent déjà l’importante mutation que va subir cette belle rade.
Le ciel se charge peu à peu, le vent se lève… Une garde vient renforcer nos amarres.
Qu’importe, un nouveau diner « Spaghettis aux pétoncles » nous attend.
25 juin 2009 : de KARABIGA à LAPSEKI.
« Un rideau de pluie, un mur électrique »
Notre pêcheur de pétoncles nous salue joyeusement, il part faire sa « cueillette » journalière mais devra chercher d’autres clients puisque nous larguons les amarres pour une prochaine étape. Il est 7h40 lorsque nous doublons le cap et pouvons admirer l’ex forteresse dans le soleil levant. Une petite brise succède au grand calme et nous permet d’envoyer le Spi, pendant 2h15, tout en longeant cette magnifique côte déserte.
C’est tellement magique que Pierre se met à rêver « Et si nous shuntions l’étape suivante et descendions tout le détroit des Dardanelles ? » Quelques grosses gouttes de pluie m’alarment… « Un Spi, cela ne se range pas mouillé ! ». Juste le temps de descendre la chaussette, de tout faire disparaître dans un coffre, avant qu’un violent orage n’éclate. Plus d’ambitieux projets, un seul but, rejoindre au plus vite et au mieux notre abri familier à Lapseki.
Pierre se cale à la barre et pousse le moteur pour faire face aux plus de 30 Nœuds de vent du Sud dans le nez et aux vagues. Tout ruisselle sur le pont tandis que les éclairs de l’orage zèbrent ce rideau de pluie dans lequel nous nous enfonçons sans visibilité. Mieux lotie car à l’abri, je guide Pierre grâce au tracé sur l’écran « Tu vois une balise ? » « Non ! »… Heureusement que, pendant ce temps, les cargos imperturbables suivent leurs rails ! Nous apprendrons plus tard qu’une tempête de grêle s’est abattue sur Karabiga après notre départ et que le vent s’était déchaîné à 42 Nd aux abords de l’île de Marmara…
Soulagement lorsque nous contournons un petit cap pour nous diriger vers la rade portuaire de Lapseki où nous savons, par expérience, trouver refuge. Nous avons parcouru 37Mn. Il est 15 heures et nous jetons l’ancre pour un repos et une séance de séchage bien mérités. L’orage continue à gronder tout autour de nous et il nous faudra attendre encore 1h30 avant de pouvoir profiter d’une accalmie et constater que notre bimini, un peu maltraité par le vent, nécessite une petite réfection couture.
26 juin 2009 : LAPSEKI
« À nos aiguilles ! »
Pas question de reprendre notre chemin aujourd’hui, tout est encore trop incertain. Nous avons donc tout notre temps pour sortir aiguilles, dés et paumelle pour effectuer une réparation provisoire des coutures du bimini qui ont cédé… l’un tire le fil, l’autre pousse… Encore une belle coopération, et notre bimini pourra attendre l’hiver pour être révisé. »
Un magnifique voilier, « Mariela », Hunter de 56ft est venu s’abriter près de nous, une bien belle compagnie, tandis que nous assistons aux allers et venues des barques de pêcheurs.
27 juin 2009 : de LAPSEKI à GÖKCEADA
« Cap au nord ! »
Nous levons l’ancre à 7h15. Lapseki s’éclaire sous les premiers rayons du soleil qui révèlent les couleurs chaudes des maisons. C’est encore le grand calme sur la mer et Logos trace sa route de descente du Détroit en bénéficiant d’un courant favorable, encadré par des nombreuses escadrilles d’hirondelles de mer surfant sur la surface de l’eau. Malgré un vent contraire, Mr Perkins affiche une vitesse de plus de 7Nd.
Certes c’est moins impressionnant que notre précédente descente à plus de 9 nœuds sous voile, mais cela nous permet, à midi, de passer devant l’arche commémorative qui se dresse à l’entrée du détroit puis de prendre une direction Nord-Ouest vers l’île turque de Gökceada, avec le ronron Perkins en l’absence de tout vent, jusqu’à cette belle île montagneuse d’apparence déserte.
Une vaste crique abritée par une longue péninsule et c’est l’entrée dans un port lui aussi presque désert accueillis par deux pêcheurs d’un chalutier apponté le long d’un quai de béton non protégé.
Aucun dialogue possible tant leur parler nous semble loin du turc dont nous sommes familiers. Pourtant nos questionnements sont importants : « Comment nous procurer du gas-oil puisque le poste à gas-oil annoncé par l’Imray a disparu ? », « Comment nous rendre à la ville distante de 7km ? » Il faut avouer que le vaste terre-plein du port impressionne par sa nudité. Quelques constructions sans charme, de hauts grillages, des restes de barbelés témoignages de l’occupation militaire de cette île à la position stratégique. Vraiment pas l’envie de nous enraciner ici, même si par son nom cette île a quelque chose de céleste ! Il est 15h30, nous avons parcouru 48Mn
La venue du premier ferry reliant le continent à l’île nous rassure… Il doit bien y avoir une vie quelque part. Nous aviserons demain.
28 juin 2009 : GÖKCEADA
« Un petit coin de paradis ! »
Après une douce nuit réparatrice, nous décidons avec sagesse de ne pas quitter cette île en nous contentant de l’image un peu négative donnée par ce port sans aucun charme et de bénéficier de l’un des dolmus venant chercher les passagers du ferry de 10h pour nous rendre dans la « capitale ».
En fait, c’est en 4X4 dernier modèle que nous nous rendons à Gökceada, invités par un couple de Stambouliotes à les accompagner pour bénéficier du « Bazaar » (marché en turc) hebdomadaire. Nous découvrons alors, de façon fort agréable, une île verdoyante aux reliefs très accidentés où se sont nichées de coquettes maisons.
Gökceada : 6800 habitants, des hôtels, des restaurants et, ce dimanche, un opulent marché où nous complétons notre avitaillement - oh surprise - au carillonnement de la cloche d’une petite église orthodoxe annonçant le service dominical. Décidemment, une bien étrange île qu’il nous semble maintenant nécessaire de découvrir.
C’est là que « BENGISU », petit yacht à l’apparence d’un coquet chalutier a trouvé son petit paradis pour la saison estivale, et permet à une très belle famille, avec trois enfants, de profiter en toute sérénité de baignade et pêche loin des lieux touristiques surpeuplés tout en bénéficiant du confort de leur voiture acheminée par le ferry « Gökceada I » depuis Karatepe. C’est avec un infini plaisir que nous profitons de leur compagnie et de leur gentillesse.
En l’absence de tout loueur de véhicule, nous optons pour un circuit de 200 kilomètres à travers l’île, conduits et guidés par Orhan, propriétaire d’un taxi. Cinq heures de complet ravissement à découvrir tous les aspects de « l’île de Poséidon », celle décrite dans l’Iliade, une île aux multiples facettes tant géologiques qu’humaines qui, sans sa position stratégique qui en fit un domaine militaire, aurait dû devenir un haut lieu touristique tellement elle fut gâtée par la nature.
Un relief accidenté lié à un important volcanisme, des pics dont le plus haut culmine à 620 mètres, des vallons verdoyants où se nichent de vieux villages et d’élégantes maisons, de vastes plantations d’oliviers mais aussi des pinèdes et de nombreux feuillus , des plaines cultivées, des lacs réserves de l’eau issues des très nombreuses sources (4eme île au monde) et une côte superbe offrant, au Sud, de longues plages de sable ou de galets. Un très vieux tombeau témoigne d’une vie datant de plus de 2000 ans av. JC.
Dans le domaine humain, nous découvrons une île où cohabitent turcs et quelques grecs, le rattachement de cette île à la Turquie en 1923, suite au traité de Lausanne, ayant pendant plusieurs années permis une cohabitation harmonieuse, jusqu’à l’année 1964 où suite à des différents politiques entre Turquie et Grèce au sujet de Chypre, de fortes pressions furent exercées sur la population grecque pour favoriser son retrait.
Aujourd’hui quatre villages « grecs » subsistent, dans lesquels la population a le privilège de conserver des règles propres à l’administration grecque et de pouvoir pratiquer son culte tout en ayant la nationalité turque.
Dans l’un de ces villages, totalement hors du temps avec leurs ruelles pavées et leurs nombreuses églises, nous ferons une halte sous la treille d’une coquette maison pour déguster le vin doux élevé par une « grand-mère » grecque. Nous retrouverons Logos en soirée après avoir, grâce à la gentillesse d’Orhan qui pour la modique somme de 50 euros, nous a, pendant cinq heures, promenés et nous a permis de découvrir celle qui est désormais son île, lui venu de la Turquie orientale.
Nous savons que, désormais, Gökceada va se tourner vers le tourisme, comme en témoigne tous ces gites chez l’habitant et l’implantation de deux grands groupes hôteliers « Resort Hôtel » et « Mavi Su Hôtel » favorisés par la fréquence, en saison, des rotations du ferry qui déverse 6 fois par jours, passagers, voitures et camionnettes. Mais il nous semble qu’une volonté de préservation de l’environnement saura faire pression pour conserver à cette magnifique nature toute son authenticité.
29 juin 2009 : GÖKCEADA
« Coups de butoirs dangereux »
Dans le ciel, vent du Nord et vent du Sud continuent à se livrer une féroce bataille sans pouvoir se décider à choisir le vainqueur, chacun gronde, tempête, couvrant les sommets d’épais nuages. En attendant que le gagnant se révèle, nous profitons sagement de ce port et de la gentillesse de nos voisins, non sans avoir renforcé amarres et pare-battages. Nous avions oublié le catamaran rapide reliant cette fois-ci Çanakkale à Gökceada entrant en maître dans le port et soulevant de hautes vagues…
Résultat, une amarre rompue en cassant le chaumard qui la guidait… Une petite inquiétude, la nécessité de changer d’appontement pour le bassin plus intérieur et le soulagement en pensant que cela aurait pu arriver la veille pendant notre absence !!!
Il nous semble difficile d’être « montés » jusqu’ici sans faire un petit effort et parcourir les 30 milles qui nous séparent de Samothrace, gros caillou que nous apercevons dans les nuages. Après la « Vénus », pourquoi pas la « Victoire » ?
30 juin 2009 : de GÖKCEADA à SAMOTHRACE
«Tendresse maternelle chez les dauphins. »
Le premier ferry charge ses passagers lorsque nous nous déhalons. Il est 7 heures. Les nuages s’accrochent aux sommets mais la journée s’annonce belle. Après la côte Est, nous découvrons maintenant la côte Nord et le vieux château de Kalekoy, qui, ruines vu de la terre, semble encore épouser la falaise depuis la mer. De nombreuses barcasses regagnent le petit port au pied du château, petit port qui nous est interdit étant donné son peu de profondeur.
La navigation au moteur jusqu’à Samothrace aurait pu nous paraître monotone si plusieurs groupes de facétieux dauphins n’étaient venus s’égailler autour de Logos, nous offrant même le spectacle très rare d’une maman dauphin initiant son nouveau né aux joies de la cabriole. Il parait que cette partie de l’Égée est encore très poissonneuse, ce qui explique la présence de ces beaux mammifères. Pour nous, pas de poisson mais un régal pour les yeux.
Aux hautes falaises de Samothrace où se nichent de belles plages, succède une côte basse, cultivée, puis un long cordon lagunaire avec 4 éoliennes… (qui ne fonctionnent apparemment pas) et un phare, entrée de la vaste baie du port de Kamariotissa.
Aucun officiel à l’accueil, un long quai où sont déjà appontés un bateau à moteur et deux voiliers semble nous attendre. Il est 12h15. À nous deux « Victoire » !
Kamariotissa n’offre que peu d’intérêt : une façade maritime avec de nombreux restaurants et une promenade arborée où se dresse une Victoire version moderne, rappelant le trésor de l’île soustrait au profit de la France par Charles Champoiseau, peu de commerces et un seul loueur de véhicules qui, ainsi, sans concurrent, pratique ses « prix » et ses « horaires ». C’est donc une Opel que nous louons pour le lendemain, peu tentés par leurs scooters.
Quelques papotages de quai en soirée, moments d’échanges enrichissants entre marins, expériences confrontées.
1er Juillet 2009 : SAMOTHRACE
« Comment Champoiseau a niké les Héllènes »
Samothrace, haute île montagneuse dont le Mont Phengari culmine à 1650 mètres et accroche les nuages en donnant l’impression de percer le ciel, riche de cascades, de rivières et de sources chaudes bénéfiques aux curistes rhumatisants.
Pas de bain chaud pour nous, mais une longue marche le long d’un torrent vers les célèbres cascades de Fonia. Mal équipés et pressés par le temps, nous nous contentons de la première cascade atteinte après une heure de marche : un bassin, une chute d’eau… rien pour nous de grandiose… Il eut, parait-il, fallu continuer jusqu’à la 2ème cascade… À mettre au programme des randonneurs confirmés.
De bain, celui que nous prenons avec plaisir devant la superbe plage de Kipi, un bout du monde plein d’exotisme.
« Samos de Thrace », sanctuaire des « Grands Dieux » érigé à flanc de montagne au IIIe siècle Av. JC, haut lieu de formation mystique qui par sa situation nous rappelle Delphes avec les colonnes du temple dominant la mer.
Une belle promenade parmi les oliviers et les lauriers. Certes nous déplorons l’absence de la « Victoire » appelée en fait « Niké de Samothrace » sur site. Dans le petit musée qui abrite les quelques vestiges trouvés par les archéologues, une ordinaire copie en plâtre de la Victoire se dresse dans un angle, mais quelle tristesse que ce musée mal éclairé… Merci au Consul Champoiseau d’avoir en 1863 donné à cette statue un cadre digne d’elle. Puis un agréable circuit à flanc de montagne pour découvrir les petits villages dont celui de Profitis Ilias et la capitale de l’île : Chora, bâtie en amphithéâtre aux ruelles si étroites qu’y circuler en voiture est un exploit.
Paisible soirée passée à regarder les mouvements des chalutiers et des ferries.
2 juillet 2009 : SAMOTHRACE
« Après « La Mutine », « La Désirade »
Noms de voiliers évocateurs, noms familiers car entendus à Marmaris, et, enfin, rencontre avec leurs sympathiques équipages… Une fois de plus, confrontation de vécu, nouvelles échangées des navigateurs amis connus. « La Mutine » nous avait quittés avec « Odyssée » pour rejoindre la Mer Noire, « La Désirade » va continuer sa route vers Thasos. Pour nous il est temps d’amorcer la descente sur Marmaris en essayant de bénéficier de vents favorables.
3 juillet 2009 : de SAMOTHRACE à BABAKALE.
« Une journée stage de voile »
Une belle formation à la voile en cette longue journée de 12h30 en pleine mer. Nos trois voiles y passent pour faire face aux différents régimes de vent, du ris dans la Grand-Voile, aux Voiles en papillon pour finir par le Spi. Cela occupe, car à part quelques cargos isolés, bien peu de choses à voir.
Il est 18h30 lorsque nous nous attachons à l’enrochement, aidés par le marin du chalutier qui nous servira de relais pour gagner la terre ferme, épargnant ainsi notre annexe. Tout est selon notre souvenir, sauf la Wifi que nous espérions pour mettre à jour site et courrier… Plus de Wifi chez le restaurateur, cette dernière est hors service. Déception et pas de diner au restaurant !
4 juillet 2009 : BABAKALE
« Presse étoupe en fuite ! »
Journée repos dans ce petit port éloigné de toute civilisation, même les camions frigorifiques qui attendaient la pêche en mai ont disparu. Il est vrai que c’est la saison des « campagnes » de pêche.
Nous profitons de la compagnie du marin voisin avec, pour seul moyen de communication, les chaleureux sourires échangés. Il semble avoir des problèmes d’eau dans la cale et pompe ! Nous aussi !!!
Pierre inquiété par une fuite d’eau au niveau du presse-étoupe (joint tournant qui étanchéise l’arbre d’hélice) décide, en attendant un spécialiste, de le modifier façon « René Lavergne »… Des morceaux de sandow redonnent une certaine élasticité au soufflet… Doigts croisés pendant la manipulation. Opération réussie qui nous permettra de patienter !!!
Une portée de chatons et la pauvre mère efflanquée profitent avec délectation de nos restes. Avaient-ils déjà mangé des côtelettes d’agneau !
Des voiliers passent au large, sans être intéressés par notre petit port. Tant mieux !
5 juillet 2009 : de BABAKALE à MADEN ADASI (Porosolene)
« Rendez-vous avec nos oursins »
Une route qui nous est familière. 27,5 Mn jusqu’à ce paisible mouillage dans l’archipel d’Ayvalick. Une descente comme à la montée, sous SPI seul pendant 3h20. Rien que du bon, jusqu’à la pétole du déjeuner qui nous offre une belle trempette en pleine mer dans une eau couleur encre.
À 14h35, nous jetons l’ancre face à notre vieille maison en ruine, prêts, avec palmes et tuba, à aller débusquer les oursins que nous avons laissés pour cause d’eau trop froide. Aujourd’hui la température de 24°C est devenue supportable et permet une belle promenade dans les enrochements où sont nichés nos chers oursins.
Le long cordon de sable, peut-être une ancienne voie romaine, attire toujours autant les vacanciers. N’est-ce pas un rêve ancien que celui de marcher sur l’eau ?
6 juillet 2009 : MAIDEN ADASI « POROSOLENE »
« Retrouvailles avec nos compagnons d’infortune »
Quel bonheur de se lever matin dans ce cadre idyllique et de profiter de la magie d’une nature encore endormie. Nous avons l’impression d’être mouillés sur un lac transparent entouré de collines tandis que les premiers rayons du soleil donnent aux vieilles pierres de la maison en ruine un éclairage si féérique que l’on se croit transportés ailleurs… Moments de rêve !
Un voilier s’est ancré hier soir non loin de nous, un peu trop près à notre goût, ce qui explique notre échange de salut un peu froid… N’avait-il pas tout le plan d’eau à sa disposition ? Surprise ce matin, il s’agit de SAND PIPER OF BRIGHTON, notre compagnon d’infortune d’Erdek. Les retrouvailles sont, cette fois-ci, chaleureuses. Inquiets de notre sort en cette nuit agitée, Derrick et Kareen étaient même revenus en bus pour avoir de nos nouvelles… Trois jours après, le port était encore déserté car toujours sous l’influence des vents du Sud.
Kareen appréciera beaucoup nos oursins au repas du soir, Derrick en bon écossais préfère le porridge ! C’est son choix ! Étonnement et rêve lorsqu’ils nous disent être restés pendant deux semaines ancrés sur le Loch Ness…C’est Nessie, le monstre qui a du être contente !
7 juillet 2009 : de POROSOLENE à BADEMLI.
« Gulet un peu indélicate ! »
Encore une belle navigation voile, entre Génois et Spi, assistés de « Ma Jolie », la Grand-Voile. 27 milles jusqu’à notre lagon. Déception, un gros yacht en a déjà pris possession, heureusement seulement pour la journée car en soirée, notre ancrage est plus ou moins revendiqué par une Gulet pour touristes dont le capitaine, peu soucieux de préserver notre intimité et surtout notre sécurité au profit de ses clients, n’a pas hésité à se placer près de nous. Inquiétude car le vent S.W lève la mer, agite le plan d’eau et secoue Logos. Manœuvres pour prendre la place du yacht… Que tout cela est contrariant !!!
8 juillet 2009 : BADEMLI.
« Tam tam aquatique »
Pas têtus à demi, nous guettons le départ de la Gulet pour reprendre notre mouillage le long de l’île et bénéficier de sa côte et de ses fonds superbes. Seul un petit bateau à moteur privé s’ancrera non loin de nous. Surprise lorsque le propriétaire nous propose de nous débarrasser de nos ordures et nous apporte un pain frais. Il est des moments où nous regrettons encore plus de n’avoir pas su apprendre le turc !!
Étrange concert des pêcheurs en soirée… qui tapent en rythme pour chasser les poissons vers leurs filets…
9 juillet 2009 : de BADEMLI à CESME.
« Plat d’oursins en pleine mer »
51 milles presque totalement au moteur (seulement 2 heures de voile) et la nécessité de nous rafraîchir tant le soleil est ardent. Nous renouons avec nos baignades en pleine mer, et pour la première fois, ouverture et dégustation des oursins que nous avions pris soin de ramasser à Bademli… Cela aurait fait désordre de jeter par-dessus bord les tests d’oursins dans la marina de Çesme !
Notre entrée dans l’avant port se fait au son de la musique tonitruante des bateaux de touristes qui rentrent au port, soucieux de donner une image engageante de la journée passée !
Les travaux pour la nouvelle marina n’ont pas encore commencé… Profitons encore d’un tarif attractif avant de devoir régler des infrastructures dont nous nous passons fort bien.
10 juillet 2009 : ÇESME
« Un nouveau téléphone turc »
Notre téléphone habilité par la Turquie, nécessaire aux connections Internet, a rendu l’âme ce qui nous oblige à nous mettre à la recherche d’un remplaçant… Plusieurs Turkcell visités jusqu’à celui qui nous fournira le Nokia adéquat.Çesme est toujours aussi vivant et plein de charme, coquette petite station balnéaire.
Une grande pensée pour notre toujours « trentenaire » qui souffle une bougie de plus aujourd’hui !
11 juillet 2009 : de CESME à BOZBURUN
« Première nav de nuit de la saison »
Un fort coup de vent est annoncé et devrait durer une semaine, il semble plus raisonnable de ne pas s’attarder en chemin pour trouver un abri. Départ 5 heures au premier appel du Muezzin. C’est parti pour 151 milles, cap au Sud toute, nous rallions la baie de Bozburun, proche de celle de Marmaris, ce qui nous permettra, quelques soient les conditions météorologiques, d’être à Marmaris à temps pour nos paperasses.
Tout le monde dort encore, et nous assistons au lever du soleil, énorme boule de feu rouge, derrière Çesme.
Les manœuvres de voile nous occupent pendant cette journée en mer… Trois lancers de Génois, trois lancers de Spi, au total 6h30 de voile, le moteur ayant remplacé notre garde-robe pendant la nuit… soulagement de la « quartiste ».
Quelques voiliers remontent tranquillement l’Égée. Attention, cela va être chaud bientôt ! Le coup de vent ne va pas tarder à balayer la Mer Égée. Quelques dauphins font un bout de chemin avec nous… La routine.
La nuit est paisible, Pierre, après avoir pris un peu de repos, fait face aux ¾ de la nuit, j’assure le matin. Le pont est trempé, la Grand Voile dégouline sur lui… une humidité comme nous n’en avons jamais rencontrée.
12 juillet 2009 : BOZBURUN : « Crique Juliette »
« Alaska »
À bâbord toute dans la baie de cette petite crique non répertoriée par l’Imray que nous avons baptisée il y a 3 ans « Juliette » car recommandée par le voilier « Juliette »…
Déception, la place est prise et il ne nous reste plus qu’à jeter l’ancre entre un yacht bien niché et une Gulet pour touristes… Côté yacht, pas de problème, un bateau bien sage, sans groupe électrogène bruyant, sans passagers faisant vrombir tender ou jet skis avec un skipper vigilant pendant l’amarrage de Logos et avec un propriétaire au regard bienveillant. La Gulet ne restera qu’une nuit et les deux bateaux vont cohabiter quelque temps.
En prévision du coup de vent, les bouts à terre de Logos sont croisés, la chaîne est tendue… Mr. Meltem devrait souffler derrière nous…. Hé bien pas du tout ! Nous avons rapidement découvert que ce turbulent personnage, à partir de 25Noeuds prenait un malin plaisir à changer de direction, nous frapper à l’opposé avec des rafales d’une brutale violence. Rien de très rassurant. Résultat, Logos se retrouve rapidement bardé de ficelles… pas moins de 7 amarres ou garde, dont l’une frappée sur la garde prise par le yacht.
13 juillet 2009 : BOZBORUN « Crique Juliette »
« Observation »
Journée d’observation pour tout le monde… Observation du vent qui effectivement a pris son régime rafaleux et vient avec un malin plaisir frapper les bateaux après avoir poussé son hurlement de victoire lorsqu’il réussit à escalader la montagne pour s’éclater dans la crique… Observation des autres bateaux. Peu d’intérêt porté aux Gulets de passage, mais plaisir de retrouver le couple de pêcheurs du bateau ONUR qui nous approvisionnera en belles daurades, échanges très courtois avec les occupants d’ « Alaska », très familiers des côtes turques depuis 45 ans, un gros yacht, style ancien et leurs deux chiens Labradors avec lesquels nous jouons sur la petite plage de fond de crique.
Nous sommes même invités à nous rendre avec eux au petit port distant de 5Mn pour bénéficier d’un bel avitaillement au marché hebdomadaire. Rendez-vous est pris pour 7h30 du matin… !
14 juillet 2009 : BOZBURUN « Crique Juliette »
« Bonne fête ! »
Un aimable « bonne fête » nous salue au réveil… Eh oui, c’est Michel, vénitien d’origine, notre voisin qui a pensé à notre bonne fête nationale !
7H15. Une superbe tender avec un moteur de 260 cv s’approche de Logos. Nous n’avons plus qu’à enjamber la filière pour rejoindre « Michel » et le skipper.
Quelle belle remontée sur le village, pas d’esbroufe, une belle navigation qui nous permet d’admirer la côte et de repérer des mouillages possibles lorsque nous quitterons « Juliette ».
Le marché est plaisant, plus petit que ceux que nous fréquentons habituellement mais fourni en beaux produits. La tender se charge. Dire que nous pensions avoir un frigo plein… Difficile de résister à la tentation de brugnons juteux et d’abricots de Malatya !
Faute de feu d’artifice, nous nous contenterons d’un bon vin de voyage, acheté à Ibiza, en essayant de ne pas trop prêter trop d’attention à Zéphyr qui se charge de l’animation.
15 juillet 2009 : BOZBURUN, de « Juliette » à « Kisili »
« Logos est libéré !!! »
« Alaska » a décidé de reprendre sa route vers Marmaris, nous allons donc en profiter pour changer d’horizon après avoir déharnaché Logos et libéré Alaska… Toute une stratégie pour que Logos n’aille pas « se vautrer » sur son voisin… Les manœuvres ont été répétées… La moussaillonne au moteur et aux amarres, le skipper dans l’eau pour libérer les bouts à terre… Sous le regard admiratif des passagers d’Alaska… Une photographie immortalise même ces instants !!
C’est sous Génois que nous parcourons les 4 milles qui nous séparent d’une sorte de lagon, fermé par des îles dont l’entrée est dite peu profonde… Surveillance du sondeur…. La baie est peu profonde certes mais nous permet un ancrage en libre plus favorable aux fantaisies de Gusty.
Le paysage offert au regard est superbe, avec une côte riche en ruines byzantines dont celles d’une église. De petits îlots servent d’abri aux bateaux de pêcheurs ou aux barques proposant miel, romarin, ada çay (thé des îles ou sauge sauvage) …
16 juillet 2009 : BOZBURUN « Kizili »
« Salih et Neriman »
Une barque du nom de Nazli (la coquette) nous propose sa pêche… Trop cher ! Et puis nous attendons « Bédir » le bateau de notre pêcheur manchot que Pierre a rencontré il y a si longtemps. Émotion des retrouvailles, il se souvient, il y a 23 ans… Il se souvient il y a 3 ans. Toujours fidèle au filet avec son épouse Neriman. Un beau Saint Pierre et des rougets amélioreront notre ordinaire. Nous avions appris que beaucoup de pêcheurs manchots avaient eu la main emportée lors de pêches à la dynamite… Nous n’avons pas osé lui demander.
Il ne se plaint pas de la pêche, ni des acheteurs surtout en cette période où les bateaux sont nombreux.
Nous profitons avec beaucoup de plaisir du cadre et des belles Gulets qui empruntent le passage pour se rendre au port de Bozburun… un beau voyage dans le temps !
17 juillet 2009. BOZBURUN : Kizil Adasi.
« Une chaîne déchaînée ! »
Salih nous a incités à prendre un mouillage dans une crique bien abritée de « l’Île Rouge ». Pourquoi pas ?
La crique est vide car, en fin de semaine, les voiliers de touristes regagnent les ports pour les changements de passagers. À nous le mouillage choisi en toute liberté… Pas du tout ! Grand bruit ! La chaîne descend à toute vitesse ! Pierre cherche à la freiner… Ne sachant pas vraiment ce qui se passe, j’assure au moteur, satisfaite de constater que le sondeur ne monte pas trop vite… Longues minutes, silence, avant que Pierre ne me rassure et amarre Logos pour effectuer une réparation de fortune.
La baignade et les oursins sont appréciés après la décharge d’adrénaline.
18 juillet 2009 : de BOZBURUN à SYMI
« Symi estivale, à éviter !!! »
Gas-oil moins cher et vin grec en cubis seront les bienvenus et justifient un petit détour de 10 Mn. Mr. Meltem a pour l’instant calmé ses ardeurs et nous permet une navigation agréable. Contrairement à notre attente, le port de Symi est encore très fréquenté en cette fin de semaine et, nous en ferons malheureusement l’expérience, rendu dangereux en cette saison de haute fréquentation où nombreux ferries et gros yachts y appontent sans réduire leur vitesse de façon significative.
Résultat, au lieu de profiter du beau cadre qu’offre le petit port, chacun surveille les grosses vagues qui malmènent les voiliers et font qu’ils s’accrochent mutuellement, incapables de garder leurs défenses en place. Pour nous, une passerelle arrière un peu tordue…. et pas question de se plaindre au responsable du port dont l’agressivité égale le manque de civilité des skippers de certains yachts.
Éviter Symi en haute saison !
19 juillet 2009 : de SYMI à MARMARIS « Yacht Marine »
« Au bercail »
Une navigation tout en changements, alternant Grand Largue, Bon Plein, Près, pour finir en Près Très serré… pour tester les voiles !!! Envie de poursuivre à la nage ! Et surtout satisfaction de retrouver le calme de notre marina. La première partie de notre programme 2009 s’achève, nous avons, avec Logos, parcouru 1100 milles.
Du 20 au 27 juillet : MARMARIS « Yacht Marine » Ponton Fox Trot.
« Chaude escale !!! »
Ponton Fox Trot… Un petit tour de danse et une bonne semaine de vie sédentaire, malheureusement par une chaleur étouffante qui fait monter le thermomètre à 42°C… Julot est abattu… Nous aussi et c’est sans grand enthousiasme que nous allons faire, par deux fois, nos civilités aux autorités maritimes de Marmaris après voir confié notre carrosse aux douanes de l’aéroport de Dalaman, distant de 100 kilomètres (histoire de simplifier, ils auraient pu choisir encore plus loin !). Visite et tampons de trois autorités pour la sortie, rebelote pour l’entrée avec en plus le tampon d’un soi-disant « médecin ».
Nous espérons récupérer notre véhicule demain après une surprise désagréable samedi… en constatant que mal renseignés, ou plutôt pas renseignés du tout, les employés de « ces douanes là » sont en congé du vendredi 17 heures au lundi 8 heures…
Presque meilleurs que des fonctionnaires européens !!! Merci à Dominique de nous avoir véhiculés et fait découvrir quelques merveilles que nous ignorions.
La réparation de fortune du presse étoupe a tenu mais notre Doktor Mécanic est inquiet et propose son remplacement. Lifter le bateau reviendrait très cher. Il accepte le changement, bateau dans l’eau. Séquence émotion ! Pierre tente, en apnée, de colmater le trou laissé par l’arbre d’hélice repoussé de l’intérieur par le mécano, le temps qu’il puisse faire l’échange du joint (en changeant de marque évidemment). Seulement 30 litres d’eau dans le bateau. Belle manip !!!
Heureusement, la marina, c’est aussi une vie amicale, un moment où l’on retrouve ceux que nous avons si souvent rencontrés et apprécions… Il y a Bara’k, Trésigny, Maid of Orlock, Mach 6 et Autarcie… Les soirées sont donc animées et arrosées !
Vers partie 2 : la saison estivale