Mise à jour : 2015

___ Les carnets de bord de Martine___

Année 2008

4ème partie EGYPTE ISRAËL

 

Jeudi 26 juin 2008. De Tel Aviv (Israël) au Caire (Égypte)
« Envol sous le signe d’Horus »
Un taxi conduit par Moshe nous charge devant la marina pour nous conduire à l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv. Nous subissons les traditionnels embouteillages du matin, Tel-Aviv avec ses hautes tours à l’architecture futuriste étant la « capitale du business ». Rien de très alarmant pour nous qui avons pris une marge de sécurité conséquente. Moshe nous dépose devant le Terminal 3 de l’aéroport. Rendez-vous est pris pour notre retour dans 15 jours, cela sera agréable de se sentir attendus !
Nous découvrons avec étonnement et admiration le hall de Ben Gourion, très vaste, très moderne, fonctionnel. Nous satisfaisons avec nos bagages aux contrôles d’usage : court interrogatoire, scanner très sophistiqué (rien de ce que nous embarquons ne doit échapper à l’œil devant l’écran !), police… avant de pouvoir confier nos sacs au comptoir d’Air Sinaï. Pas d’inquiétude, en dépit de nos guides et nos palmes et masques pour les plongées que nous avons mises au programme : pas d’excédent de poids !
Un peu échaudés par l’expérience Marmara, qui nous avait laissés à jeun, nous préférons prendre une petite collation car l’heure d’arrivée au Caire risque d’être un peu tardive, d’autant plus que le vol est annoncé « retardé ».
Embarquement « Egypt Air » sous le signe d’Horus, nouveau logo de la compagnie qu’Éric ne renierait pas tant il nous semble efficace et élégant. Un plateau « en-cas » nous est rapidement proposé : sandwichs, gâteau, café… Que d’attentions pour un vol d’une heure dix minutes !
Quelques turbulences en survol d’Égypte, un atterrissage à la limite du désert, nous voici prêts pour notre circuit au pays des Pharaon, encore un peu inquiets et si… et si… Inquiétudes vite dissipées lorsque nous lisons notre nom sur une pancarte brandie par Tahr (prononcez « Tahir ») qui immédiatement nous prend en charge pour les formalités de visa… Un début prometteur. L’aéroport du Caire fourmille de monde et de bagages gérés par les responsables des Tours Opérateurs. Nous faisons déjà un peu VIP, impression confirmée lorsque nous doublons toutes les files pour un passage privilégié et prenons place dans un Mini-Bus climatisé… rien que pour nous !!!… Ce n’est pas désagréable ! Nous avions bien lu sur le programme « pas d’autres personnes », mais il se dit tellement de choses sur les Égyptiens que nous n’osions y croire !

Les faubourgs du Caire sont soignés, avec de vastes avenues arborées, bordées de bâtiments élégants. Aurait-on modifié à ce point l’atmosphère du Caire décrite dans les livres ou les films ?

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Nous sommes rassurés lorsque nous abordons le centre du Caire. Le Caire grouille d’une vie trépidante, à pied, en voiture, chacun s’affaire sans vraiment avoir l’air de se soucier de l’autre. Apparemment pas vraiment de règles de circulation et que dire du parc automobile où les Vans pour touristes tout neufs ont l’air d’engins futuristes… Ici, c’est le règne de la 504 Peugeot qui s’achète encore à prix d’or : 9.000 euros ! On comprend mieux que certaines semblent plus dignes de la casse que de la chaussée !
Notre hôtel « Victoria Hôtel » est central, non loin de la gare Ramsès, dans une rue très animée, de ces anciens hôtels de luxe du siècle dernier qui souffre du tourisme de masse préférant les grandes chaînes internationales. Ici, un petit côté british dans le mobilier et l’ambiance… nous pourrions croiser Agatha Christie dans le salon.
Rendez-vous est pris pour le Son et Lumières des Pyramides. Nous avons donc quartier libre jusqu’au soir. Premier impératif : le « distribanque ». Notre porte monnaie ne contient que quelques livres égyptiennes données par « Ouki »… 1 livre égyptienne équivaut à 0,12 Euros... à nous les billets usagés de 100 à 1 livre… des pièces ont bien été frappées au début 2008 mais personne ne s’en sert (parait-il trop lourd, des liasses de billets en poche c’est plus facile !).

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Une visite des sites du Caire étant prévue à notre programme, nous choisissons d’aller flâner vers les souks… Un lieu toujours plein de magie pour les images colorées, les odeurs et les visages qu’il nous offre, où nous retrouvons l’Orient que nous craignons tant de voir trop s’occidentaliser, donc s’uniformiser.
De nombreux taxis maraudent, noirs et blancs pour être repérés. Pour 30 EP nous serons conduits au Khan El Khalili (nous n’en paierons que 10 au retour, nous nous sommes faits avoir !).
À droite le secteur pour touristes avec des vendeurs un peu accrocheurs… toujours le même déballage ; à gauche le secteur des artisans à l’œuvre dans leurs petites échoppes : menuisiers, maroquiniers et de vrais commerçants : bouchers, boulangers. Mais que ces vieilles ruelles sont propres… à l’image de la ville du reste.

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La mosquée El Azhar et son vaste complexe universitaire est proche. Pourquoi ne pas y jeter un coup d’œil… et accepter d’y être guidés par Saïd, bénéficiant ainsi d’une visite approfondie et du privilège de grimper dans un minaret. Nous nous familiarisons avec le style Fatimide, assez sobre et le style Mamelouk, plus chargé.

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Le temps de prendre un peu de repos et de nous rafraîchir à l’hôtel avant de rejoindre Tahr dans le hall de l’hôtel. Il est accompagné de notre guide (qui se présente avec humour : « Mohamed, prénom commun à 80% des égyptiens ! »), guide parfaitement francophone qui va nous accompagner dans toutes nos visites dans la région du Caire. Un diner est prévu dans un élégant restaurant  sur la route de Giseh avant que nous puissions, enfin, découvrir les vénérables vieilles dames âgées de plus de 4500 années et leur cerbère. Nous sommes attendus, servis. Mohamed s’enquiert discrètement de notre bien être. Tout fonctionne comme promis… et espéré.
Et puis c’est la découverte magique des Pyramides et du Sphinx. Elles se dressent devant nous dans l’ombre de la nuit, aux portes du désert : Kheops la plus haute, Khephren, Mykérinos… tant de fois imaginées, aujourd’hui bien réelles, gardées par ce gigantesque Sphinx qui, dès que les lumières s’éclairent, prend vie pour nous compter l’histoire de ce site prestigieux. Une heure hors du temps, à oublier le 21e siècle, un sentiment d’éternité.
Mohamed nous a laissé savourer la magie de ce spectacle, les explications techniques et historiques seront pour demain.


Vendredi 27 juin 2008. ÉGYPTE : Le Caire.
« Et si le miracle Toutankhamon se renouvelait ? »

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Mohamed est un archéologue qui travaille sur le site du plateau de Gizeh. Nous ne pouvions souhaiter guide plus compétent pour la découverte de la plus célèbre des nécropoles. Trois gigantesques pyramides à la forme parfaite dont la construction novatrice à une époque où les tombes se résumaient à un tertre artificiel suscite encore l’étonnement et l’admiration. Trois pharaons d’une même famille (IVe dynastie - pour mémoire, l’histoire pharaonique est divisée en 30 dynasties) voulaient favoriser leur voyage dans l’au-delà pour rejoindre Rê, le Dieu Soleil. Un mystère en ce qui concerne la pyramide de Khéops, dont la chambre funéraire totalement vide pourrait n’être qu’un leurre destiné à tromper d’éventuels pilleurs car il semble impossible que Khéops ne se soit pas entouré de trésors pour son grand voyage. Suspense ! Et si le miracle Toutankhamon se renouvelait ? Si l’ultime merveille du monde antique existant encore à ce jour dévoilait le secret de ses entrailles lors d’une prochaine exploration robotisée ? (Mohamed nous a promis de nous tenir au courant). Seul, Abou-el-Houl (traduire le Père de la Terreur), ce gigantesque Sphinx au sourire énigmatique et un tantinet ironique, peut-être image de Khephren, pourrait nous répondre. Nous trouverons le courage de descendre dans une des plus petites pyramides à l’écart correspondant à la nécropole des reines… claustrophobes s’abstenir, on y manque d’air.

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Difficile de ne pas lier leur prédécesseur à l’histoire des Pyramides, sans laquelle ces tombeaux n’auraient pas existé : la Pyramide à degrés du roi Djoser (premier souverain de la IIIe dynastie) construite deux siècles auparavant par l’illustre architecte Imhotep. Nous sommes dans la nécropole de Saqqarah qui comporte tout un complexe funéraire. Nous pouvons admirer dans la Mastaba de Ti (ne pas oublier de se baisser, le couloir d’accès est bas) la beauté des murs recouverts de fresques si riches en informations sur la vie quotidienne en Égypte ancienne (No PHOTO ! mais…).

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Sur la route du retour vers le Caire, une pause au restaurant « Pharous » dans une superbe oasis, accueil en musique, pain fabriqué pour nous (avec mon aide !) dans un four qui a fait l’envie de Pierre. Est-ce l’heure un peu tardive ? Nous sommes seuls et considérés en hôtes privilégiés. Il nous faut ensuite satisfaire aux visites d’usage : fabrique de papyrus, fabrique de parfums et flacons (pourquoi ne connaissent-ils pas Shalimar ?). À Louxor, nous aurons aussi droit à la fabrique de vases et sujets en albâtre… J’en connais qui vont apprécier les souvenirs !
Notre visite du Caire se poursuivra dans une petite semaine. Nous rejoignons Louxor ce soir en train-couchettes et il nous sera plus profitable de parcourir le Musée Égyptien après découverte des sites. Mohamed nous quitte donc, nous le retrouverons avec plaisir… C’est tellement agréable d’avoir son guide personnel, de pouvoir poser les questions qui vous intéressent. Se cultiver dans une conversation continue, n’est-ce pas l’idéal ?

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19h30 : Notre chauffeur et Tahr nous conduisent à la gare de Gizeh, mieux placée que celle de Ramsès, trop centrale et permettant le stationnement des cars et Mini-Bus. Une nouvelle fois, nous sommes pris dans le tourbillon de la vie cairote, certes il y a quelques touristes prenant comme nous le train de nuit, mais aussi de nombreux égyptiens rentrant chez eux avec de volumineux cartons en guise de bagages. Tout cela est bon enfant, décontracté, certains traversent même la voie avec leurs cartons sous le sifflet du train entrant en gare. Des vieux porteurs s’affairent. Seul l’état extérieur des trains nous surprend un peu, la palme revenant à un train de soldats. Nous sommes loin de nos TGV.
  Tahr ne nous quitte qu’au départ de notre train (avec une heure de retard) lorsqu’il s’est assuré que nous étions pris en charge par le responsable de notre wagon couchettes (réservé aux touristes étrangers). Qui a pu dire que les égyptiens étaient inconséquents ?

Un compartiment rien que pour nous deux, avec coin toilette… étonnant ! Soignés aux petits oignons, diner et petit déjeuner inclus dans le prix du billet et servis sur place. Nous ne résisterons pas à l’acquisition d’une bouteille de vin rouge des Pharaons (cela va de soi !) avant de nous endormir.

 

Samedi 28 juin 2008. ÉGYPTE : Louxor.
« Princess Sarah à Thèbes »


Nous avons parcouru quelques 720 km sans vraiment nous en rendre compte, à part quelques cahots dus à des travaux sur la ligne qui ont accru notre retard de 2 heures. Imaginez le soulagement de notre nouveau guide Ali lorsqu’il nous voit débarquer après une attente de 3 heures ! Il n’est que 8 heures mais une longue journée de visites est prévue avant le départ de notre navigation sur le Nil.

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C’est avec surprise que nous découvrons, apponté près du Temple de Louxor, ce gros bateau qui pendant 4 jours va nous permettre de rêver en contemplant le Nil. Au premier coup d’œil, nous sommes loin d’un grand voilier et ne pouvons voir qu’une haute boite flottante, percée de fenêtres, mais, à l’intérieur, quel confort, quel luxe ! Du grand style. Il faut dire que « Princesse Sarah » est un bateau 5 étoiles, réputé pour être l’un des plus beaux de la flotte. Nous prenons possession de notre cabine N°314, sur tribord ,avec balcon ouvrant sur le Nil, jetons un coup d’œil au pont supérieur avec bar, petite piscine et transats. Nous voici prêts pour aller découvrir la Vallée des Rois ou nécropole Thébaine, située, comme il se doit chez les Pharaons, sur la rive Ouest du Nil, là où le soleil se couche.

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Il s’agit d’une vallée sacrée, cachée dans une montagne désertique choisie par les Pharaons de la XVIIIe dynastie pour abriter leur dernière demeure. 700 km et 1000 ans plus jeunes ! Ici, plus de pyramides imposantes, les Pharaons du Nouvel Empire souhaitant se préserver des pilleurs, mais de discrets tombeaux pour la plupart souterrains, sauf celui de Thoutmosis III, qui nous oblige à nous élever à 30 mètres au dessus du sol ! Des noms prestigieux : les Thoutmosis, les Ramsès, les Amenophis, les Sethi, sans oublier bien sur l’unique Toutankhamon dont la tombe, découverte intacte, a permis d’imaginer la richesse des autres tombes déjà pillées.
63 tombes royales, dont de nombreuses sont fermées pour restauration, ou pour préservation… temporaire. Nous en visiterons courageusement trois car, autant l’avouer, l’accès à une chambre funéraire, cela se mérite et tient parfois du grand sport lorsqu’il faut descendre un long plan incliné puis se glisser dans un étroit boyau… Après, c’est l’émerveillement… Sous une voute étoilée, le pharaon voisine avec dieux et déesses et semble ne rien avoir oublié pour son voyage dans l’au-delà. Parfois un tombeau a été utilisé comme église souterraine par les premiers chrétiens coptes qui, en lutte contre le paganisme, se sont évertués (où est la vertu ?) à mutiler visages et corps…
Et dire que nous n’avons même pas le droit de photographier à l’intérieur, ils auraient mieux fait de poster leurs cerbères au début de notre ère ! Ils sont vigilants ces gardes, aguerris à toutes les techniques de déclics intempestifs… Quoi que… !!! Mais il a fallu ruser.

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Sur l’autre versant de la Vallée des Rois, au Deir el- Bahari, s’élève le temple dit d’Hatchepsout, à l’architecture originale et étrangement moderne avec ses trois terrasses adossées à une haute falaise et ses élégants portiques. Un escalier monumental mène au sanctuaire. Ici, rien de discret, une volonté affirmée de faire grand, à l’image de cette souveraine, qui, fille de Thoutmosis I, veuve de Thoutmosis II, réussira à se proclamer Pharaon et règnera sur l’Égypte pendant 22ans. Il est étonnant de découvrir cette belle femme vêtue en homme et portant tous les attributs liés à la fonction pharaonique, même la barbe postiche ! Ici, Hatchepsout voisine avec Hathor (à laquelle le temple est dédié) et avec Amon. Elle se veut Grande parmi les Grands au point de se confondre avec les dieux.

Il n’est donc pas surprenant que son beau-fils, écarté du trône, se soit vengé après la mort de cette dernière en mutilant ses statues, ou effaçant les cartouches portant son nom !
Un petit bonjour en passant aux deux colosses de Memnon, rescapés du temple d’Aménophis III, réduit , lui, à l’état de ruine presque inexistante. Ils ont, eux-mêmes, un petit air pitoyable.

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Sur la rive droite du Nil, là où le soleil se lève et fait naître la vie, s’élève le temple de Karnak ou plutôt un gigantesque complexe religieux, dédié à Amon, le Soleil ; Mout, le Ciel et leur fils  Khonsou, appelés la Triade. 8000 prêtres pour officier sous l’autorité du chef suprême le grand Prêtre d’Amon assisté du Pharaon, dit fils et représentant d’Amon sur terre (étrange légitimation d’un pouvoir absolu !).
Agrandi et embelli par chaque Pharaon qui voulait ainsi laisser sa marque, allant même, souvent, lui aussi, jusqu’à effacer les cartouches de son prédécesseur, le Temple de Karnak est grandiose avec son allée des Sphinx, ceux–là à corps de lion, symbole de force, de puissance mais avec une tête de bélier, animal sacré d’Amon (beaucoup moins fascinant que le Sphinx de Gizeh avec lequel j’aurais volontiers fait souvenir… mais un peu encombrant sur la commode !).
Il nous est difficile aujourd’hui d’imaginer que cette longue allée se prolongeait jusqu’au Temple de Louxor, distant de 2,5km en une voie sacrée (dromos) destinée à la procession annuelle de la fête de l’Opet, Amon et Mout se retrouvant pour régénérer le monde et apporter la fertilité à la terre.

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Un obélisque en garde l’entrée, l’autre étant Place de la Concorde… nous avons failli avoir les deux, donnés en cadeau par le sultan mamelouk Mohamed Ali à Champollion en échange d’une horloge qui n’a jamais fonctionné... La difficulté d’acheminer le premier jusqu’à Paris l’a fait hésiter … et a permis à Louxor de conserver au moins un obélisque ! Deux géants de granite, représentant le Pharaon Ramsès II, semblent maintenant veiller sur lui et garder l’entrée du temple dont le premier Pylone (prononcé bylon par les égyptiens, tout comme Bort-Saïd, Baris, Botolémée… au début, cela perturbe, après on décrypte !) avec le récit de la bataille de Qadesh sur les Hittites glorifie aussi ce dernier, tout comme les gigantesques statues osiriaques dressées dans la première cour. On se sent tout petit, muet devant tant de magnificence.
Un seul bâtiment semble ne vraiment pas être à sa place, une étrange mosquée, perchée sur l’un des murs du Temple. Sa position élevée rappelle que toute la base du temple avait été masquée par le sable, le limon et du remblai, et ne fut dégagée qu’au cours du XIXe siècle.
Nous allons maintenant pouvoir faire une petite pause et commencer notre navigation d’Al Uqsor (le palais fortifié) à Assouan, soit 262 km, en nous laissant doucement porter par le Nil et découvrir la Haute Égypte (symbolisée par la couronne blanche, la fleur de lotus ou le vautour)
Un beau buffet diner nous attend dans la salle à manger où une table nous a été attribuée. Nous ne sommes qu’une trentaine de convives dans une salle qui pourrait en contenir au moins 150… Basse saison, absence de touristes ?
Nous voici prêts pour une nouvelle magie.


Dimanche 29 juin 2008. ÉGYPTE : De Louxor à Edfou.
« Au fil du Nil… »

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Après quelques manœuvres des autres bateaux (ils seraient environ 350 à descendre et remonter le Nil, mais en cette saison qui correspond à la basse saison, nous n’en croiserons qu’une vingtaine) « Princess Sarah » commence sa longue navigation au rythme du Nil. Notre cabine ouvre sur la rive Ouest, nous donnant une image de l’Égypte éternelle, cette Égypte rurale qui vivait de ce Nil bienfaiteur, pour l’eau offerte, pour le limon fertilisant déposé à chaque crue. Les palmeraies luxuriantes succèdent aux rizières, aux champs de canne à sucre, aux bananeraies. Ici pas de mécanisation, à part les pompes à eau, mais la présence constante de l’homme (et de la femme !) qui semblent être présents partout pour le travail de la terre. Le bourricot est roi, trottant allègrement avec son cavalier et son chargement, tirant une araba et ne semble pas se soucier des quelques bicyclettes qui ne peuvent pas le concurrencer, ni même de ces rares camionnettes roulant encore par habitude. Quelques maisons éparses couleur terre, quelques minarets, l’ébauche d’un village où s’affairent les adultes tandis que les enfants s’ébattent dans le fleuve.

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Tout à coup nous ralentissons. C’est le passage de la première écluse, juste de la largeur de notre bateau. Assurément un spectacle pour les passagers et quelques ambulants qui voudraient bien en profiter pour vendre (très cher) quelques babioles en lançant de leur barque jusque dans les fenêtres nappes, T-shirts ou autre galabieh. Une petite heure pour passer la  « première cataracte », les pharaons, obligés de faire de longs détours sur terre, n’en reviendraient pas ! Sans doute, une fois de plus, avons-nous bénéficié d’une période calme car il est à craindre que la période d’attente ne soit beaucoup plus élevée en temps d’affluence !

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Première escale : ESNA, petite bourgade de la rive Est, le long d’un quai bordé d’eucalyptus et de sycomores, tout prêt du temple dédié au dieu Khnoum, dieu à tête de bélier chargé de façonner les humains. Notre guide Ali, embarqué à Louxor n’est pas apparu, nous nous échappons tous les deux et empruntons l’unique ruelle du souk qui longe le temple. Certes, c’est l’heure de la sieste et la chaleur se fait sentir, mais cela sent un peu la désertion, comme si ce beau temple ptoléméen ne faisait plus recette. Il faut dire que le temple d’Esna est discrètement situé en contrebas, à 15 mètres et, dans ce temple romain, copie des temples égyptiens, Titus et Trajan y apparaissent en pharaons, comme pour légitimer leur pouvoir.

Un commerçant a levé son rideau, exposant T-shirts, chemises et robes dites égyptiennes. Dans un français superbe, il nous parle de Coluche qu’il affectionne particulièrement. Surpris, nous lui marchandons 2 chemises et une robe « déguisement » qui sera très bien en tenue d’intérieur en attendant que les « filles » grandissent !

Nous avons repris notre lente glissade, Pierre filtre les photos du jour, je joue les « Récamier », étendue sur un canapé en regardant le fleuve… Tout se mêle, le présent, le passé, les lectures… et tout cela dans notre cabine climatisée… le rêve !
Lorsque « Princess Sarah » accoste à Edfou, le soleil décline et ce premier coucher de soleil sur le Nil est un ravissement .

 

Lundi 30 juin 2008.ÉGYPTE : d’Edfou à Assouan.
« Plus on Edfou, plus Horus ! »

7h30 : Elles sont déjà en attente, les élégantes calèches à deux places qui sillonnent les rues de la ville d’Edfou pour transporter les touristes jusqu’au Temple d’Horus. C’est avec plaisir que nous nous abritons sous la capote de l’une d’entre elles tandis qu’Ali prend place près du cocher. Ainsi, demi masqués, nous pouvons profiter du spectacle de la rue qui commence à s’animer, aller à la rencontre de visages, de silhouettes que l’objectif n’a alors plus de scrupules à photographier. Voir sans être vu !

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Derrière un haut tertre protecteur où se dressent encore les ruines d’anciennes maisons d’habitations, apparaît le temple d’Horus, presque ignoré jusqu’à la venue d’Auguste Mariette au XIXe siècle. Nous laissons à l’ombre notre calèche et notre cocher, tandis que nous partons à la découverte du temple construit par Ptolémée III, IX ?… difficile de savoir, il y en eu douze et de plus la construction de cet imposant sanctuaire a duré 2 siècles… Un bâtiment à l’écart, dit «  Maison de Naissance » ou «  Mammisis » rappelle que, pour asseoir son pouvoir absolu le Pharaon doit être de descendance divine et la cérémonie du passage dans ce monument permet de le déifier.
Dès l’entrée du temple, tout est à la gloire d’Horus, les deux imposantes statues de faucons en granite noir, les gravures du haut Pylône où Ptolémée voisine avec Horus et Hathor sa compagne. Les reliefs de la cour intérieure, relatent le combat d’Horus contre son oncle Seth, assassin de son père Osiris, combat au cours duquel il perdit un œil qui grâce à cette victoire, devint, dans toute la Méditerranée, symbole de protection et ce jusqu’à nos jours. Les colonnes du portique de la cour intérieure sont encore coiffées de magnifiques chapiteaux colorés, ornés de feuilles de lotus ou de papyrus.
Les murs, lorsqu’ils n’ont pas été détériorés par les premiers chrétiens coptes, sont un magnifique livre d’images illustrant vie et rituels des anciens égyptiens que l’on ne se lasse pas de décrypter.
C’est un peu fou, on voudrait tout photographier. Certains ne s’en privent pas, la caméra video au poing… Que d’heures somnolentes en perspective pour la famille et les amis qui n’auront pas fait ce voyage !

Ce sont les SD Card bien remplies (les deux cartes des appareils photo, puisque nous sommes deux derrière l’objectif) que nous regagnons, en calèche, « Princess Sarah » pour une pause avant le déjeuner. Éclat de rire en ouvrant la porte de notre cabine, deux sphynxs en serviettes de toilette trône sur notre lit. Ainsi nous aurons une fleur de lotus, deux cygnes, un singe suspendu, deux cœurs, un bébé… cela doit s’apprendre à l’école hôtelière en Égypte !
Le spectacle reprend. Peu à peu, les maisons cubiques se colorent de bleu, couleur typique des maisons nubiennes, les bœufs paissent près de la berge du Nil que nous longeons de très près… une seule concession au modernisme, les lignes à haute tension qui longent la rive et le petit moteur des pompes.

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Peu à peu le Nil se rétrécit, la végétation se raréfie pour céder la place à une sorte de barrière rocheuse désertique. Nous traversons le Djebel el-Silsila, grand fournisseur de grès depuis l’antiquité, son transport étant facilité par la proximité du Nil. Puis la verdure reprend le dessus, les rives du Nil se bordent à nouveau de palmiers et de champs de canne à sucre.

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Un nouveau temple nous attend à KOM OMBO, temple étrangement dédié à deux divinités que l’on ne veut surtout pas rendre jalouse l’une de l’autre : « Haroeris » ou Horus l’Ancien à tête d’épervier et « Sobek » à tête de crocodile, l’un porte la force, l’autre la fertilité. Donc, ici, tout est parfaitement double, jusqu’aux sanctuaires. Encore une œuvre des Ptolémée, mais qui parfois pourrait faire penser à une gigantesque maquette, digne de l’« Universal Studios » tant les colonnes sont un peu massives. L’œil protecteur d’Horus y est magnifiquement gravé dans la pierre ainsi qu’un calendrier égyptien aux trois saisons : la crue, les semailles, les récoltes. Creusé dans l’esplanade, un nilomètre permet de mesurer le niveau d’eau du Nil et, surtout, d’en surveiller ses crues. Le soleil se couche au-dessus de « Princess Sarah ».

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Une soirée « galabieh » est prévue ce soir, peut-être vais-je inaugurer mon déguisement ? C’est sans compter sur le spectacle magique qu’offre l’arrivée à Assouan de nuit depuis le bord de la piscine. Un pont éclairé façon Las Vegas, une longue promenade bordée de réverbères et, au fond, les lumières de la ville.

À l’éblouissement du spectacle se mêle une certaine mélancolie à la pensée que notre croisière va se terminer ici. Certes, nous continuerons à vivre à bord de« Princess Sarah » encore pendant deux jours et à bénéficier de son étonnant confort mais nous regretterons son lent et silencieux glissement sur le fleuve.

 


Mardi 1er juillet 2008. ÉGYPTE : Assouan
« À la gloire de Ramsès II. »


Une rude journée nous attend, commencée bien avant le lever du jour. Au programme, les temples d’Abou Simbel, au bord du lac Nasser à quelques 290 km au sud d’Assouan, soit environ 3h30 de route en plein désert et une circulation sous haute surveillance avec un départ très matinal en « convoi ». Dès 3h45, nous embarquons à bord d’une soi-disant « Limousine », en fait une simple Daewood (voiture coréenne) climatisée, différenciant ainsi une voiture individuelle d’un Mini-Bus pour rejoindre le point de rassemblement du convoi. Une quarantaine de véhicules, cars, minibus de tourisme et voitures individuelles se placent en ligne derrière un véhicule de police, après avoir acquitté les droits de passage. 4h30, la caravane s’ébranle. Chacun peut imaginer que « convoi obligatoire » veut dire que vitesse et ordre sont respectés jusqu’à l’arrivée… Eh bien pas du tout ! Bien vite, la voiture de police quitte le convoi et, alors, chacun double et redouble, ignorant allègrement les limitations de vitesse fixées à 80km/h pour un car et 90 pour une voiture. Nous roulerons plus souvent entre 130 et 150km/h. Dès la sortie de ville, c’est le désert, un reg comme dirait mon prof de géologie, tout ce qu’il y a de plus reg, c'est-à-dire sans grand charme. Il fait encore nuit, nous pouvons donc somnoler au son de la musique orientale destinée à maintenir notre chauffeur éveillé !

5h30 : le jour se lève dans ce désert triste et morne… lignes à haute tension, carrières, camions… et une route rectiligne. Le convoi s’est étiré.

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7h : Le lac Nasser s’étend devant nous avec ses rives rocheuses désertes. Créée par le Barrage d’Assouan, c’est la seconde plus grande retenue d’eau artificielle du monde avec ses 6000Km2, ses 500Km de long. 46 villages nubiens ont dû être engloutis, 60000 nubiens déplacés, deux temples découpés en 1042 blocs, remontés à l’identique 64 mètres plus haut. Sans doute un investissement humain qui semble colossal, rendu nécessaire pour des raisons économiques, mais, maintenant, ce lac apparaît aussi comme une fantastique réserve pour de nombreuses espèces aquatiques, dont le célèbre crocodile du Nil, les tortues à carapace molle, et de très nombreux poissons. Il promet un intéressant potentiel touristique Quelques bateaux y naviguent déjà, offrant sûrement une paisible croisière à leurs passagers et la découverte de sites naturels et archéologique de grande valeur.

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Puis, une fois parvenus sur l’esplanade, c’est le choc : 4 gigantesques colosses assis de plus de vingt mètres de haut, semblent sortis de la montagne qui les domine. « Le soleil des souverains », le « Souverain des deux pays » aimé d’Amon et d’Aton apparaît dans toute sa splendeur ceint de la double couronne et de la tête de cobra. Nous sommes en présence de Ramsès II, avec, à ses pieds, en tout petits, les membres de sa famille : sa mère Tuaâ, son épouse préférée Néfertari, la belle nubienne (il en aura jusqu’à une cinquantaine qui lui donneront quelques 150 enfants !) sa fille Méritamon qui deviendra son épouse à la mort de sa mère (il ne faut pas oublier que le règne de Ramsès dura 70 ans). Certes le Dieu «Ré Horakhti » auquel est dédié ce temple est présent mais la couleur est annoncée dès l’entrée du temple, c’est Ramsès II qui est ici glorifié jusque dans le sanctuaire où il est assis à côté des dieux Amon-Ré, Ré-Horakhti, et Ptah le dieu des ténèbres. Il est même régénéré par les rayons du soleil à la date anniversaire de sa naissance et celle de son couronnement. Comme toujours, à l’intérieur, ce « No Photo » que nous ne pouvons qu’enfreindre, au risque d’une confiscation SD Card. Un petit billet discret à un policier bienveillant nous sauve de la sanction… Tout parle de Ramsès et de son épouse Néfertari, les piliers osiriaques, les murs relatant ses combats  dont la célèbre bataille de Qadesh, son mariage, ses relations avec les dieux. Nous en oublierions que nous sommes en plein cœur de la montagne.

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Adossé à une seconde falaise, se dresse la façade du temple d’Hathor dédié par son époux à Néfertari, l’épouse bien-aimée, la « belle des belles ». Cette fois-ci, tous deux nous accueillent avec leurs statues de même taille, tous deux divinisés, Néfertari se confond avec Hathor, pour nous inviter à faire, avec eux, un beau voyage à l’intérieur du temple.


Merci Ali pour ta présentation du site.
Nous avons le temps de flâner un peu sur l’esplanade, puis de prendre un peu de repos à l’ombre en dégustant notre panier petit déjeuner… avant que le convoi ne se forme pour le retour.

La chaleur s’est faite lourde, le paysage est morne, la route est longue et monotone. Malgré la climatisation, nous nous sentons tous somnolents - même le chauffeur - et sommes heureux de retrouver « Princess Sarah » pour un bon repas et une douce sieste. Peut-être eut-il été préférable d’effectuer cette belle excursion en avion depuis Assouan… mais le budget n’eut pas été le même !

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Nous sommes frais et dispos pour la belle promenade en felouque, d’une rive à l’autre du Nil, au gré du vent qui gonfle la belle voile latine. C’est un beau spectacle que ces felouques qui se croisent sans bruit.

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La soirée est si belle que nous acceptons volontiers le circuit qui nous est proposé, cette fois-ci dans une barque à moteur, autour des îles parsemées sur le plan d’eau d’Assouan, l’île aux fleurs de Lord Kitchener, l’île d’Éléphantine. Un beau circuit qui nous permet d’apercevoir, sur la rive ouest, les tombeaux des Nobles, le Mausolée de l’Agha Khan avant de serpenter dans un bras somnolent du Nil entre de hauts roseaux puis apponter devant un village nubien bâti à la limite d’un désert. Beaucoup de couleurs, de vie et de gentillesse dans l’accueil. En bons retraités enseignants, nous avons droit à la visite de l’école et une leçon de lecture en arabe… gare à la baguette ! Puis un tçai (thé) au grand café, après avoir satisfait à la rituelle caresse au bébé crocodile (ne pas oublier que le crocodile du Nil était sacré). Il y en avait un gros en fosse… mais pas assez sympa pour tenter l’expérience !

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Le retour s’effectue pendant l’heure de la prière. Pour satisfaire à ses obligations religieuses, le capitaine se voit obligé de confier la barre. C’est donc Pierre qui va ramener notre barque à bon port, au grand soulagement d’Ali, notre jeune guide totalement inexpérimenté en ce domaine !
Puisque nous sommes en pays nubien, une belle et joyeuse soirée « nubienne » nous est proposée à bord de « Princess Sarah ». Au programme, chants et danses par un groupe masculin nubien, puis une amusante initiation pour les touristes.

Mercredi 2 juillet 2008. ÉGYPTE : Assouan.
« Il faut Philae doux !!! »

Assouan, cité charnière entre la Nubie et l’Afrique, était autrefois un centre commercial où transitaient pierres précieuses, or, cuivre, ébène, ivoire, épices  avant d’être acheminées par bateaux sur le Nil jusqu’à la mer. Elle est intimement liée maintenant à la présence des deux barrages successifs qui ont modifié le cours du Nil en créant une fantastique réserve d’eau et une énergie nécessaires à la survie de l’Égypte.

Nous commençons par traverser le vieux barrage, construit par les Anglais entre 1898 et 19O2, alors décrit comme le plus grand du monde, pour réguler le cours du Nil et permettre une exploitation plus régulière des terres agricoles. Un barrage aux possibilités rapidement trop limitées, ce qui entraîna, plus en amont, sur l’ordre de Nasser, la construction du « Haut Barrage » entre 1960 et 1972. Malgré les difficultés diplomatiques rencontrées, la survie de l’Égypte était à ce prix. Ce gigantesque ouvrage d’art régule le cours du Nil, stocke l’eau dans le vaste lac Nasser et abrite les douze énormes turbines qui fournissent plus de 90% de l’énergie électrique de l’Égypte. Certes, les Nubiens ont eu à souffrir dans leur chair et ont dû déserter leurs villages pour s’installer ailleurs, mais, grâce à l’Unesco, la majorité des temples situés sur le site du lac ont pu être déplacés et remontés, préservant ainsi un patrimoine historique de grande valeur.

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Cette visite technique terminée, c’est en barque (heureusement placée sous la protection de l’œil d’Horus : boite de vitesse bloquée en marche avant et démarreur à la ficelle) que nous nous rendons sur l’île d’Aguikya où a été reconstruit le temple dit de Philae (car autrefois bâti sur l’île de Philae) pour le protéger d’une submersion totale après la construction du Haut Barrage. Il s’agit en fait d’un élégant temple de l’époque romaine, dédié à Isis, sœur jumelle d’Hathor et épouse aimante d’Osiris qui n’a eu de cesse de reconstituer le corps dispersé de son mari après son assassinat par son frère Seth pour lui faire trouver la paix éternelle en ce lieu. Les murs racontent cette belle histoire, mais aussi comment, un poisson ayant dévoré le sexe d’Osiris, Isis dut s’unir au dieu Amon pour être fécondée et enfanter Horus (ne cherchez pas de poissons dans les offrandes emportées dans l’au-delà par les anciens égyptiens… après ce crime de lèse majesté, ce dernier fut banni !).

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Une fois de plus nous déplorons l’effet destructeur du sectarisme religieux des chrétiens coptes qui, utilisant les temples comme églises, combattaient le paganisme en martelant les silhouettes et les visages des fresques et des bas-reliefs

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Nous embarquerons ce soir dans le train de nuit pour Le Caire après une courte visite aux souks d’Assouan, histoire de prendre l’ambiance du cœur de la ville et ne pas nous contenter de l’image d’élégante station balnéaire que donne cette ville, avec ses belles villas.et ses grands hôtels dont le célèbre « Old Cataract », séjour de prédilection d’Agatha Christie lorsqu’elle accompagnait son archéologue d’époux.
Ali nous quittera ce soir sur le quai de gare, il regagnera Louxor lui aussi en train après s’être assuré de notre confortable installation dans le train de nuit.

Jeudi 3 juillet 2008. ÉGYPTE : d’Assouan au Caire.
« Un beau livre d’Histoire ! »

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C’est une autre image de la rive est du Nil qui nous est offerte au réveil, surtout à l’approche du Caire. Nous sommes assez loin du spectacle bucolique admiré entre Louxor et Assouan. Tout semble en souffrance, les villages miséreux aux maisons inachevées, les femmes faisant la queue devant un cabanon pour s’approvisionner en pain (l’Égypte ne produisant pas assez de blé, ce dernier est soumis à d’importantes restrictions), celles lavant leur vaisselles dans l’eau d’un petit canal à l’eau croupissante, les palmiers desséchés plus proches de ceux de Saint Cyprien que de la palmeraie de Tozeur, quelques troupeaux de chèvres le long de la voie ferrée, toujours les bourricots trottinant, de rares pickups, quelques taxis-co et d’étranges véhicules à deux places appelés, nous ne savons pourquoi, « Toc Toc ».
La moindre parcelle de terre semble une richesse à ne pas dédaigner et bénéficie de la moindre goutte d’eau récupérable.
Tahr nous attend sur le quai de la gare de Gizeh pour nous conduire à l’Hôtel Victoria où nous rejoint Mohamed pour une longue journée cairote avec, au programme, le Musée Égyptien et la citadelle de Saladin qui domine la ville et le quartier copte.

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Que de merveilles entassées dans ce vaste bâtiment du XIXe siècle dont la construction fut décidée par Auguste Mariette. Il eut été difficile de savoir où faire porter son regard sans les conseils avisés et les explications données par Mohamed. Les sphinx, les sarcophages, les statues toutes plus belles les unes que les autres avec une mention spéciale pour celles de la reine Hatshepsout et la tête inachevée de Néfertiti, le trésor de Toutankhamon. Deux étages de splendeurs qui mériteraient souvent une présentation un peu plus recherchée et tant d’autres, encore cachées dans les sous-sols. Il nous faudra revenir en 2O12 lorsque le musée de Gizeh sera ouvert au pied des pyramides et permettra la présentation d’un plus grand nombre de trésors dans un cadre plus aéré. L’interdiction très stricte et très surveillée de faire des photographies (l’appareil est mis d’autorité à la consigne) nous ayant privés de magnifiques souvenirs, nous n’avons pas pu résister à l’achat d’un gros livre d’Art aux photographies superbes, dernier exemplaire d’une parution rare.

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Nous avions souhaité visiter le quartier copte, une autre des composantes du Caire, une sorte de quartier fermé dans le vieux Caire avec la muraille vestige de la Babylone d’Égypte sur laquelle a été élevée l’Église aujourd’hui « suspendue » d’El-Moallaqua. Là, dans ce quartier où se regroupèrent les premiers chrétiens, sont réunies plusieurs églises orthodoxes dont St. Georges et surtout St. Serge, construite sur la grotte où la Sainte Famille se réfugia pendant la fuite en Égypte ainsi que la synagogue ben Ezra.
Notre déjeuner est prévu sur le Nil, « Fish Boat »… un «vaste truc » pour touristes dans un cadre agréable, mais pas de poisson au menu du buffet !

Le Caire dit islamique est dominé par l’imposante citadelle de Saladin, d’où l’on peut embraser toute la mégapole et même apercevoir, au loin, les Pyramides tout en écoutant les appels à la prière des muezzins.

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C’est une envoutante incantation qui s’élève de la Mosquée Mohammed-Ali, bâtie dans l’enceinte de la citadelle. Un peu Mosquée Bleue par ses minarets, un peu Sainte Sophie par son dôme, cette mosquée est élégante et riche de décoration, Mohammed Ali n’ayant pas hésité à faire soustraire quelques parements des Pyramides pour sa construction et les faire recouvrir d’albâtre.
Cette ville aux multiples visages, alliant avec harmonie toutes les civilisations qui se sont installées au bord de ce Nil bienfaiteur nous a charmés. C’est la première page d’un beau livre d’histoire que l’on a envie de dévorer du début à la fin et, assurément, de relire une fois terminé. Une dernière nuit nous est réservée à notre retour du Sinaï.

Vendredi 4 juillet 2008.ÉGYPTE : du Caire à Sainte-Catherine.
« En route pour le Sinaï! »


Avec surprise, nous constatons que deux chauffeurs accompagnent notre guide Mohamed, la distance nous séparant de Sainte Catherine étant supérieure à 400km. Du grand style… trois personnes pour nous tout seuls !
C’est par la traversée en voiture de l’étrange « Cité des Morts » étendue sur plus de 100ha que nous achevons notre circuit cairote. Les anciennes tombes ressemblant plus à des maisons (certaines très somptueuses), qu’à des tombeaux ont été investies après les années 1950 par une population pauvre, transformant peu à peu un lieu inanimé en lieu de vie.

Après les faubourgs grouillants, nous pénétrons dans une zone semi-désertique, traversée par de hauts pylônes électriques (rien à voir avec les Pylônes des temples !) destinés à acheminer l’électricité produite par le Haut Barrage d’Assouan. Un contrôle policier, une importante présence militaire, une taxe de 5EP et nous voici autorisés à gagner la rive opposée où s’élèvent les Monts du Sinaï, en empruntant le tunnel creusé sous le canal de Suez.
Nous découvrons alors une rive en pleine mutation, où l’erg est peu à peu apprivoisé, irrigué, planté pour être à terme transformé en une vaste Riviera. De nombreux hôtels construits ou en construction ont pris possession du bord de la Mer Rouge avec des noms évocateurs : « Blue Lagoon », « Beach Resort », « La Hacienda ». Seules les zones de station de pompage, proches des plateformes pétrolières, sont désertes.

Puis nous quittons la zone côtière pour nous enfoncer dans les Montagnes du Sinaï. Elles sont encore le domaine des bédouins, mais non plus de ces nomades qui, menant leurs troupeaux, dressaient leur campement. Les maisons sont des cubes de pierre, groupées par 3 ou 4, quelque fois plus. Les enfants sont collectés chaque jour pour aller dans une école ou un établissement secondaire. Les malades sont soignés à l’hôpital. Les véhicules style pick-up ont remplacés les dromadaires qui ne servent plus que pour le tourisme ou l’alimentation. Il ne manque que l’eau pour que le désert se transforme en un bel oasis, ce qui, peut-être, ne saurait tarder, tant les travaux d’irrigation semblent importants. Après avoir acquitté un droit, nous entrons dans un des espaces préservés, le Protectorat Sainte Catherine, réserve naturelle désignée par l’Unesco, pour rejoindre le village Sainte Catherine, point de départ de notre ascension sur le Mont Moïse.
Chambre 314 avec vue sur piscine et montagnes environnantes, de belles constructions en pierres du pays, respectueuses de l’environnement. Le souvenir de notre longue et pénible marche dans les Gorges de Samaria, en Crête,  nous fait faire l’acquisition de deux beaux bâtons de pèlerins aux jolis pommeaux de bronze ciselés.

Notre nuit va être de courte durée. Réveil à 1 heure du matin pour une ascension jusqu’à 2285 mètres avant le lever du soleil.

 


Samedi 5 juillet 2008. ÉGYPTE : Sainte Catherine.
« Nav de nuit sur vaisseaux du désert ! »
2 heures du matin, nuit étoilée, nous sommes confiés au jeune bédouin répondant au nom d’Ahmed qui nous servira de guide tout le long de l’ascension et de la descente (les bédouins ayant de tout temps protégé ces lieux, ils en conservent la jouissance privilégiée)… 7km aller, 7 km retour et 700 marches finales, dites marches du repentir, avant d’atteindre la chapelle construite en haut du Mont où Moïse reçut les Tables de la Loi des mains de Dieu. Vrais pèlerins (le Mont Sinaï est considéré comme sacré par les trois grandes religions monothéistes, juive, chrétienne, islamique) et touristes de toutes nationalités (les français eux sont plus que rares !) se pressent au check point à côté du Monastère orthodoxe de Sainte Catherine que nous visiterons au retour et s’apprêtent à marcher sur les traces de Moïse, équipés d’une lampe électrique.

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 Une alternative est proposée à cette longue et pénible montée, faire l’ascension à dos de dromadaire jusqu’aux marches, moyennant quelques dollars. Sitôt proposé, sitôt accepté. C’est ainsi que nous nous retrouvons chacun juché sur un dromadaire, moi sur le plus âgé qui montre le chemin, Pierre, pour une fois, suit, perché sur le plus jeune, tandis que nos chameliers et notre guide suivent en devisant et portant nos bâtons ! Pour une nouvelle expérience, s’en fut une, d’ailleurs tentée par très peu de personnes… les autres pèlerins préférant assurer chacun de leurs pas eux-mêmes !

Comme chacun le sait, le dromadaire la nuit est gêné par la lumière… c’est un poète qui préfère les cieux étoilés, les étroits sentiers loin du monde. Donc pendant une heure et demi, tout en nous balançant d’avant en arrière, nous nous efforçons d’oublier l’étroit chemin caillouteux, notre situation un peu élevée et parfois inquiétante dans le noir, pour ne nous consacrer qu’à la contemplation du ciel étonnamment brillant de constellations d’étoiles, un firmament d’une beauté à vous couper le souffle, où la moindre petite étoile a son existence. On se sent infiniment petit dans l’infiniment grand, en presque complète harmonie avec l’univers dans ce cadre sacré des Monts du Sinaï. 7km d’ascension à dos de dromadaire, c’est long, on a le temps de penser, de rêver. C’est parfois angoissant lorsque la gentille bête préfère longer le précipice parce que le sol y est plus doux mais, finalement c’est une vraie partie de plaisir en comparaison des 700 marches finales, malgré nos bâtons que nous avons récupérés. 10 marches, 50 marches, 100 marches c’est long, mais 700 taillées à même le roc, irrégulières, c’est épuisant. Étrangement, personne n’abandonnera : force mystique, envie de voir le soleil se lever dans ce cadre prestigieux.

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4h30, nous sommes assis sur un rocher au pied de la chapelle, face à l’est. La longue attente commence car le soleil ne se lèvera qu’à 5h45. Les bédouins louent matelas et couvertures car la température s’est singulièrement rafraîchie (on dit même qu’il y a de la neige jusqu’au début avril). Nos sweats nous suffiront. Chacun prépare soigneusement son appareil photo, sa caméra, son téléphone… 5h45, des flashs crépitent de tous côtés… il semble qu’Amon-Rê ait supplanté Moïse…
Avant de redescendre, nous profitons de l’exceptionnel spectacle offert par ces Monts originels teintés par le soleil levant.

Une longue descente commence avec une file ininterrompue jusqu’à l’arrivée au monastère où s’achève une magnifique expérience que notre « grand âge » nous interdira sans doute de tenter à nouveau.

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C’est un peu distraits que nous effectuons avec Mohamed la visite du Monastère fortifié de Sainte–Catherine, le plus vieux monastère orthodoxe construit au IVe siècle, là où Moïse vit le Buisson Ardent, toujours existant sous la forme d’une espèce de roncier, unique exemplaire connu dans le Sinaï qui, étrangement survit sans racines et sans terre. Tout d’abord une chapelle fut construite sur l’ordre d’Hélène.
La sainteté du lieu en fit un important lieu de pèlerinage, la chapelle se fit basilique, la basilique se dota d’un important monastère, haut lieu de religiosité.

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   Il est temps pour nous de rejoindre Sharm El Sheikh, où nous projetons de consacrer quatre jours à la plongée sous-marine, par la route longeant le Golfe d’Aquaba… Sharm, trois ans après… les complexes hôteliers se sont emparés du désert, jusqu’à rejoindre l’aéroport : Hilton, Sofitel, Movenpick sont desservis par de vastes avenues fleuries. C’est au « Sol Sharm » que nous sommes accueillis dans un bel ensemble touristique composé d’élégants petits bâtiments disposés autour d’une vaste piscine, le tout paysagé d’arbustes fleuris.
Mohamed nous quitte, une longue route de retour sur le Caire l’attend. C’est avec un peu de regret que nous le voyons partir, tant sa gentillesse et sa culture nous ont été précieuses.
« Sol Charm », hôtel « all inclusive »… encore une nouvelle expérience, un beau bracelet turquoise au bras et le droit de bénéficier des copieux buffets et de déguster le soir notre cocktail maison sans bourse déliée ! Cela n’est certes pas très élégant, mais c’est très pratique. Chambre 1212… et une sieste bien appréciée avant d’aller prendre rendez-vous pour le lendemain matin au club de plongée ayant une antenne à l’hôtel. « TGI Diving » et recevoir un bel équipement tout neuf qui nous fait un peu oublier la déception d’avoir du laisser le notre sur Logos.

Du 6 au 9 juillet 2008. Égypte : Sharm el Sheikh.
« Toujours aussi magique »

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En arrivant au port , nous sommes un peu surpris de constater qu’un important contrôle policier a été mis en place depuis 2005 avec portique et fouille de sac (il semblerait que l’Égypte ait été profondément marquée par l’attentat de Louxor). De nombreux bateaux sont à quai, prêts à embarquer, d’autres sont en attente d’une place libérée. Il faut avouer que tout cela sent un peu l’usine à plongeurs et snorklers, mais Sharm n’offre-t-elle pas parmi les plus beaux sites de plongées.
Nous bénéficierons des équipages de « Royal I », « Safo », « Kastel 4 » mais avec la même équipe d’encadrement dirigée par Manuela et Sergio et un groupe assez constant d’une dizaine de plongeurs anglais et italiens. C’est tout d’abord Manuela dont le privilège est de parler français pour nous présenter les sites, qui nous encadre pour nos quatre premières plongées, puis ce sera le tour de Sergio. Si nous retrouvons quelques sites déjà fréquentés en 2005, tels Ras Um Sid, Ras Mohamed, nous découvrons Shark Reef, Jackson Reef réservés aux plongeurs expérimentés à cause du courant qui se fait fortement sentir et nécessite de palmer avec plus de force, donc de consommer plus (Merci à Pierre et Manuela qui ont su me prêter assistance et air !). Mais c’est toujours le même émerveillement devant la richesse des tombants, la majesté des gorgones et coraux aux multiples couleurs, la profusion des poissons multicolores. Cette année, pas de grosse bête au menu mais de nombreux bancs de thons ou de barracudas. Une palanquée aura la chance d’apercevoir une baleine, hasard d’une rencontre, même dans la grande bleue.

Une expérience totalement nouvelle cette année, due à un palier écourté et une montée un peu intempestive, dénoncée par nos ordinateurs bloqués en mode SOS, dans laquelle j’ai entraîné Pierre… Résultat, en punition curative, nous avons eu droit à notre « biberon de Nitrox » (appauvri en azote et enrichi en oxygène) pendant 20 minutes… Cela ne vaut pas un bon Ti-Punch mais c’est plus raisonnable.
Nous contentant de notre « lunch-box » à midi, nous apprécions les diners-buffets le soir, au bord de la piscine ou dans l’atmosphère climatisée de la salle de restaurant. C’est finalement très agréable de composer son menu selon son humeur. Langue anglaise et langue italienne semblent dominantes… Où sont les petits français ?

Jeudi 10 juillet 2008. ÉGYPTE : De Sharm el Sheikh au Caire
« Une belle pendule pour le frigo. »


Un mini-bus tout neuf nous attend avec deux chauffeurs pour parcourir les 500Km de route qui nous séparent du Caire, entre mer et désert, entre mer et montagnes. En cette heure encore matinale - il n’est que 8 heures - le paysage se colore d’ocre, de vieux rouge, de gris. Un petit coup d’œil au Golfe de Suez, en tout cas ce qu’il nous est encore permis d’en apercevoir, tant l’invasion immobilière s’en approprie de plus en plus les rives pour satisfaire un tourisme grandissant et la démographie galopante de l’Égypte.

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Et puis, à nouveau, le tunnel et le Caire un peu étourdissant avec son incessant concert de klaxons, que nous avions un peu oublié pendant notre intermède sous-marin. Une dernière fois nous retrouvons l’hôtel Victoria où nous commençons à faire figure de familiers et dont nous apprécions l’atmosphère feutrée et climatisée. Pas de grande vadrouille après le repas, nous nous contentons d’une petite promenade dans ce quartier très commerçant où Pierre découvre un secteur très intéressant, celui des pièces détachées pour véhicules. Et s’il trouvait une pendule de voiture (à aiguilles) qui lui permettrait de prendre le pouls de notre vieux frigidaire défaillant en vérifiant son temps de fonctionnement ? « Avez-vous une pendule de voiture ? » ce n’est pas évident à dire en arabe, jusqu’à la rencontre d’un commerçant serviable et parlant français qui nous griffonne quelque chose sur un bout de papier, à montrer à d’autres commerçants. Il ne devait pas s’agir d’insanités, puisque nous avons pu faire l’acquisition de la pendule recherchée sans provoquer trop d’étonnement vu notre look de touristes !
Un peu chahutés par l’animation trépidante du Caire, nous préférons rentrer nous prélasser dans les confortables fauteuils cabriolet de l’hôtel. Un jeune couple d’Australiens s’apprête à prendre le train de nuit pour Louxor… nostalgie en pensant au voyage magique que nous venons d’effectuer… c’est leur tour maintenant… peut-être les envions nous un peu ?

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Vendredi 11 juillet 2008. Du Caire (ÉGYPTE) à Herzliya (ISRAËL)
« Le Caire, la ville qui ne dort jamais! »


Un réveil un peu précoce après une nuit difficile, notre chambre donne cette fois-ci sur la rue, d’où un sommeil perturbé, rythmé par les coups de klaxons des noctambules cairotes. Se souvenir que le Caire est une ville qui ne dort jamais et toujours demander une chambre sur cour ! Le chauffeur est ponctuel et c’est sans encombrements que nous regagnons l’aéroport du Caire, puisque le vendredi est jour de repos ici. Les formalités sont vite accomplies. Pour la première fois, il nous est demandé de reconnaître nos bagages avant l’embarquement dans l’avion… mesure de sécurité ? Pour nous l’assurance que nos sacs  et nos bâtons de marche sont bien dans l’avion. Une nouvelle fois, une agréable collation nous est servie… Onur-Marmara ferait bien de prendre modèle sur les vols France - Turquie ! L’aéroport Ben Gourion nous semble toujours aussi remarquable.
Mosche, notre chauffeur de taxi est là. Décidemment un SANS FAUTE du départ à l’arrivée et deux semaines de rêve où nous avons pu nous penser véritablement VIP, tant nous avons été l’objet d’attentions.
« Logos » nous a sagement attendus, notre petit rosier bien soigné par Fabienne, de MACH 6, a même deux belles roses. Il ne nous reste qu’à prendre un peu de repos après le rythme assez soutenu de ces deux dernières semaines et mettre de l’ordre dans nos très nombreuses photographies et souvenirs. Quelques participants au Rallye ont quitté la marina pour regagner la côte turque, d’autres sont partis, en individuels, découvrir Israël ou la Jordanie. Chacun a repris sa liberté.


Du 12 au 2O juillet. ISRAËL : Herzliya
« Jérusalem ! »

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Il nous est difficile de sortir de notre rêve égyptien qui achève de si belle façon notre saison « culturelle » : trois pays découverts, des sites prestigieux visités, des rencontres très enrichissantes. Notre frigidaire se charge de nous rappeler à la dure réalité et rend l’âme avant de nous avoir permis d’amortir la belle pendule ramenée, ce qui nous oblige à faire l’acquisition de son remplaçant… une longue intervention de 10 heures pour Pierre, couronnée par un succès réconfortant… nous avons des glaçons pour notre Raki ! Et la pendule cairote fait son travail. La chaleur et le sentiment d’en avoir assez vu nous font penser à nos chers mouillages turcs que nous avons quittés il y a 3 mois, mais il nous semble impossible de quitter Israël sans une nouvelle visite à Jérusalem dont l’atmosphère marque à jamais.
C’est donc avec la même admiration que nous abordons la Ville Éternelle et, surtout, la vieille cité avec ses ruelles où il fait bon se perdre parmi des silhouettes si spécifiques à ce lieu.

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Nous avons cette année, la chance de pouvoir accéder à l’esplanade de la Mosquée Al-Aqsa et du Dôme du Rocher, haut lieu de la religion musulmane dont l’accès n’est autorisé, après contrôle, que quelques heures par jour. Sur cette vaste esplanade, dominant tout Jérusalem, trône l’élégante mosquée recouverte de céramiques bleues avec son dôme plaqué or. Nous ne serons admis ni à l’intérieur du Dôme du Rocher, ni dans la mosquée d’Al-Aqsa, n’étant pas musulmans.

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Devant le spectacle assez affligeant offert ensuite dans le Saint–Sépulcre de touristes plus soucieux de photographies au goût souvent douteux que de religiosité ou de fétichisme, nous pouvons comprendre cette volonté de préserver la sainteté d’un haut lieu religieux et souhaiterions qu’un minimum de respect soit exigé dans le Saint-Sépulcre pour permettre le recueillement.

Étrangement, les « Rebelles » ont décidés de partir le même jour. OTIUM et MACH 6 vont prendre la direction de Port-Saïd pour rejoindre la Mer Rouge, SUNDANCER II va faire route avec nous jusqu’à Chypre pour ensuite descendre sur la Crête.


Du 21 au 23 juillet. D’ISRAËL en TURQUIE.
« Notre premier thon germon ! »


11h45, formalités accomplies, réfrigérateur rempli, une longue navigation va commencer jusqu’à Chypre, si nous sommes fatigués, ou jusqu’à la marina de Finike, si vent et mer sont favorables.

11 heures à la voile, une cinquantaine d’heures au moteur, un tonneau égaré heurté violemment en pleine nuit et, le vent étant contraire au large de Chypre, la nécessité de mettre cap plus à l’Est pour rallier Alanya où nous savons trouver accueil dans la future marina en cours de construction, sous la responsabilité d’Hasan.
Le premier soir, au coucher du soleil, nous découvrons un beau thon blanc de 5kg et 68 cm au bout de notre ligne… surprise agréable, nous désespérions de ne jamais rien pêcher ! De bons repas en perspective et l’occasion d’expérimenter la blanquette de thon, recette de Fabienne.

Le soleil se couche pour la 3ème fois, lorsque nous contournons l’enrochement qui protège le plan d’eau de la future marina. Deux voiliers sont appontés : IBIS II de Hasan et LIBERTE… c’est bon signe. Après avoir fait ouvrir le ponton flottant qui ferme l’entrée de la marina aux squatteurs et réussi un appontement qualifié de « À la James » par Christophe, de Mach6, Hasan est là en personne pour prendre nos amarres en nous invitant à déguster un « cuba libre » (coca-rhum) à bord de son voilier.
Nous avons parcouru 330MN et sommes heureux de retrouver la côte turque.


24 et 25 juillet 2008.TURQUIE : Alanya
« 20 tampons, 10 photocopies, 76 TL, 2h45 !!!»

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Les ouvriers sont déjà au travail sur le terre-plein de la future marina où nous pouvons voir l’ébauche des futurs bâtiments. Pour la piscine, les courts de tennis et l’espace paysagé, il nous faut encore avoir beaucoup d’imagination, mais connaissant l’efficacité turque, nous savons que tout sera fin prêt pour la saison 2009.

Hasan nous a confiés aux bons soins de son second, Savas, un sympathique jeune homme parlant parfaitement anglais. C’est donc ce dernier qui nous conduit au port pour effectuer nos formalités d’entrée : 4 bureaux, 20 tampons, 10 photocopies, chacune des 4 administrations concernées semblant vouloir préserver son autorité. Il faut avouer qu’à Alanya, ils sont d’avantage sollicités pour l’accueil de ferries ou bateaux de commerce que celui de voyageurs comme nous. Petites tracasseries vite compensées par la constante gentillesse et serviabilité turque.
Il nous tarde cependant de faire trempette et de laisser Logos se balancer sur l’eau au gré du vent. Nous quittons donc Hasan et Savas avec le sentiment que nous reviendrons. La belle mug, décorée « Rallye EMYR », offerte par Hasan nous rappellera cette rencontre.


À suivre…