Mise à jour : 2015

___ Les carnets de bord de Martine___

Année 2008

Année 2008 : 3ème partie : Le Liban

Jeudi 5 juin et vendredi 6 juin 2008. De CHYPRE (Larnaca) au LIBAN (Jounieh)

« Une navigation magnifique »
Depuis longtemps, nous n’avons pas eu des conditions de navigation aussi agréables : une mer calme, un vent portant qui, jusqu’à la nuit, va gonfler nos voiles, puis notre spi. Nous sommes tous les quatre seuls et c’est un spectacle magnifique de voir ces voiliers et leurs équipages en totale harmonie avec les éléments. Ne pas oublier que nous étions confinés dans une marina depuis plus d’un mois !

Le coucher de soleil est digne de la navigation. Un énorme disque rouge s’élève au dessus du voilier qui nous suit. Tout est donc au programme, même un beau thon de 7kg (pêché par Mach 6) qui fera le régal des dissidents à leur arrivée.

Il nous faut, au petit matin, satisfaire à l’enquête d’ « Oscar Charlie » (Military Operations Control) et décliner notre identité pour avoir l’autorisation de pénétrer dans les eaux libanaises, ce depuis 12 milles des côtes. La réception de notre VHF a été fortement améliorée, l’émission est encore parfois un peu faible mais tout se passe bien et, au lever du jour, nous pouvons apercevoir les lumières de la côte libanaise avec, au dessus, de hautes montagnes dans la brume.

Il est 6h15 lorsque nous appontons, seuls, au quai d’accueil de la marina ATCL de Jounieh. Ce n’est pas une heure pour solliciter le personnel d’une marina ! Bientôt les autres voiliers nous rejoignent. Quelle surprise lorsque nous constatons à 8h15 que nous sommes maintenant 6 voiliers à présenter nos papiers au bureau de la marina !!! Aurions-nous fait des émules ? Pas totalement puisque, les voiliers « Sweet Chariot » et « Resolute » arborent toujours la bannière du rallye.
L’envie de faire escale au Liban a été plus forte que la soumission servile aux directives données par le leader. Trois autres voiliers nous rejoindront les jours suivants… s’agirait-il d’un rallye, dans le rallye ?… Alors pourquoi continuer à naviguer sous des couleurs qui ne veulent plus rien dire ? Un calcul intéressant : le leader est en Israël avec 5 voiliers… nous serons 9 au Liban !!!

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La marina est agréable, bien intégrée dans le cadre verdoyant d’un vaste complexe sportif géré par l ’Automobile Touring Club du Liban. Rien ne manque, piscine olympique, tennis, salles de sport et restaurants.

Les montagnes escaladées par de hauts buildings s’élèvent au dessus de nous. Nous pouvons, maintenant que la brume s’est dissipée, voir l’Église de Notre Dame du Liban dressée au dessus de Jounieh, amer remarquable pour les navigateurs qui semble protéger la baie.

Samedi 7 juin 2008. LIBAN : Jounieh
« Un accueil qui fait chaud au cœur »
Au réveil, tout en savourant la douceur du matin, je ne peux m’empêcher d’évoquer une amie d’enfance qui séjournant fréquemment chez sa sœur au Liban, me donnait des rêves de voyage. François, lui-même, n’avait-il pas vanté les séjours qu’il pouvait faire au Liban dans le cadre de son travail.
Nous étions là, aujourd’hui, au pied de ces hautes montagnes, prêts à découvrir ce pays dont nous avions tant entendu parler.

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C’est par une longue visite chez l’ami de François : Maître Maroun Massoud que nous commençons à nous familiariser avec le Liban et les Libanais. Quel premier contact ! Nous ne pouvions souhaiter plus de gentillesse et d’élégance. C’est en taxi que nous rejoignons un quartier résidentiel, situé sur les hauteurs, entre Jounieh et Beyrouth. S’il a été difficile à notre chauffeur de trouver ce quartier nommé Antoura, nous n’avons qu’à prononcer le nom de Maître Massoud, pour qu’une belle demeure, discrètement nichée dans la verdure nous soit indiquée. Maître Massoud nous attend pour nous faire bénéficier de sa culture, de ses passions, de sa connaissance du Liban, en partageant son repas, tout cela dans un cadre enchanteur que ce soit par la beauté du mobilier ou celle de la vue dont nous pouvons jouir depuis la terrasse.

Nous aurons aussi le privilège de visiter avec Ghada, une amie de Maître Massoud et Tara, fille de cette dernière, la prestigieuse École Saint-Joseph fondée par les Jésuites en 1657 accueillant aujourd’hui quelque 6OOO élèves de l’École Primaire à la Terminale. Régulièrement rénové, agrandi cet ancien couvent avec son église, sa chapelle, ses cours intérieures où circulent des élèves en uniforme, ressemble plus à une prestigieuse Public School anglaise qu’à nos collèges de banlieue ! Imaginez la qualité de l’enseignement qui y est dispensé et permet aux élèves une maîtrise parfaite du français et de l’anglais.
Il s’agit bien sûr d’une école privée où enseignants et élèves sont soigneusement sélectionnés.
Nous ne pouvions rêver plus bel accueil et sommes infiniment reconnaissants à Maître Massoud et à François de nous avoir offert cette approche de la haute bourgeoisie libanaise.
Notre retour à la marina nous a aussi permis, dans un autre domaine, d’expérimenter la gentillesse libanaise. Désireux de marcher un peu avant de reprendre un taxi, nous nous sommes égarés dans un quartier désert, loin de tout axe. C’est tout simplement un habitant de ce quartier qui nous a chargés dans sa voiture pour nous reconduire à la marina…
Pour finir cette première journée, nous avons partagé un plat confectionné par une navigatrice libanaise avec un copieux apéritif sur « SunDancer II » … Pourvu que cela dure !


Dimanche 8 juillet 2008. LIBAN : de Jounieh à Tripoli.
« Mais où sont les fameux cèdres ? »
Les « rebelles » ont décidé une excursion collective dans un mini-van conduit par un chauffeur avec, pour objectif, la côte nord du Liban et une incursion dans la montagne jusqu’à la Vallée des Cèdres.
Première surprise lorsque nous constatons que le van prévu pour 8 passagers ne peut en fait n’en accueillir que 7… qu’à cela ne tienne, nous nous serrerons !

Deuxième surprise lorsque nous voulons indiquer à notre chauffeur l’itinéraire que nous avons envisagé : il ne parle ni français, ni anglais, est incapable bien sûr de lire notre carte dont les lieux sont écrits en français et semble avoir une prédilection pour l’autoroute. Résultat, nous nous retrouvons rapidement à Tripoli, coincés en plein marché, à essayer de nous frayer un chemin entre étals de fruits et légumes et arabas tirées par des ânes. Combien nous préférions nous fondre dans cette foule si animée !
L’esplanade de la Citadelle Saint Gille qui domine la vieille ville nous fournit un parking qui nous permet une longue visite et une agréable flânerie dans les souks.

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Pour nous qui connaissons, Tripoli a un petit air de Syrie. Tout d’abord ce château construit par le conquérant croisé Raymond de Saint Gilles, objet de nombreuses attaques avant d’être soigneusement restauré par les Ottomans d’où nous pouvons bénéficier d’une vue pittoresque sur la rivière qui coule à ses pieds et le marché.
Puis les souks, au caractère très oriental, où nous prenons un réel plaisir à nous perdre pour mieux nous retrouver ensuite. Nous n’avons pas la désagréable impression d’être considérés comme touristes et c’est sans étonnement que nous nous retrouvons assis dans une petite gargote, où une aimable cliente nous conseille sur les plats à choisir. Certaines feront provision de foulards, nous achèterons du savon dans une fabrique de produits de beauté et soin, installée dans un vieux caravansérail… toujours cette magie de l’Orient.
En ce début d’après midi, les bateaux de pêche déchargent leurs prises. Étonnement et envie, en voyant de pleins cageots d’oursins et de violets… il nous faudra attendre les mouillages turcs ! Même une demi amphore que le pêcheur du bateau Maroun nous offre gentiment.

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Notre circuit nous mène dans la vallée de la Qadisha, appelée Vallée Sainte, à cause des nombreux ermites qui ont trouvé refuge dans les grottes creusées dans les hautes parois d’une gorge très profonde. Des monastères sont comme accrochés à la paroi et nous pouvons nous interroger sur leur facilité d’accès. La route offre un paysage grandiose. Nous recherchons Bécharré, patrie de l’écrivain Gibran Khalil, notre chauffeur nous arrêtera à Ehden (un nom prometteur, mais un site sans intérêt particulier). Nous voulons marcher dans la célèbre forêt des Cèdres, nous ferons quelques pas dans une réserve naturelle où les libanais viennent chercher fraîcheur et activités physiques dans un très beau cadre naturel…

Il faut dire que les fameux cèdres du Liban, tellement décimés au cours des siècles car recherchés pour leur bois et leur résine (les Égyptiens en ont été grands consommateurs) sont devenus aussi rares que l’Arlésienne et ce pourrait être un jeu que de les inventorier.
Un court arrêt à Byblos au retour. Nous y reviendrons.

Lundi 9 juin 2008. LIBAN : de Jounieh à Baalbeck.
« Conduire au Liban, c’est du sport ! »
C’est décidé, nous allons faire comme pendant nos précédents voyages : louer une voiture. Cela pourrait sembler une aventure (que nous serons les seuls à tenter, vu la façon de conduire assez spéciale des libanais) mais l’aventure, Pierre aime, et surtout la liberté que procure un véhicule personnel. Une Nissan nous est livrée à la marina. Nous la conserverons 3 jours.

  Un programme ambitieux : le premier jour, un circuit de 222 km qui nous conduira à Baalbek et la difficulté de gérer route et circulation. Pour la route, toujours compter sur la gentillesse des gens rencontrés qui, malgré la barrière de la langue, font tout pour vous replacer sur le bon itinéraire.
C’est ainsi que nous avons chargé deux syriens qui nous ont quittés lorsqu’ils ont vu que nous étions sur la bonne voie, qu’un passant, dans un village de la plaine de la Bekaa, tristement célèbre pour les actions passées du Hezbollah et la culture du haschich, toujours importante, a enfourché sa moto pour nous guider jusqu’à la nationale, sans compter tous ces gens qui aimablement ont tout fait pour nous comprendre et nous aider.
Quant à la circulation… toujours avoir à l’esprit que chacun conduit SA voiture à SA guise et que c’est le plus déterminé qui impose le respect aux autres, tout en sachant que quelque soit la voie, même si elle a l’apparence d’une 4 voie, un véhicule peut venir de la direction opposée !
 

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    Donc un peu d’adrénaline jusqu’au sortir de Beyrouth, vite dissipée après une longue étape aux caves du « Château Ksara ». À l’origine, il s’agissait d’un couvent de Jésuites cultivant quelques plants importés d’Algérie. En 1898, la découverte par hasard de magnifiques souterrains présentant toutes les qualités nécessaires à la conservation du vin permit une exploitation plus intensive et fit incontestablement, du domaine « KSARA », le premier domaine viticole du Liban, avec une production de plus de 2 millions de bouteilles par an. Après une intéressante visite suivie d’une belle dégustation qui nous incite à ramener quelques trésors sur Logos, c’est en ce lieu prestigieux que nous prenons une petite collation… avec un bon verre de vin… of course !
   

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  Nous sommes prêts à découvrir Baalbek, joyau du monde antique, situé dans la plaine de la Bekka entre deux chaînes de montagnes. Un choc à l’entrée ! Nous sommes comme écrasés par le poids des ans et des pierres. Baalbeck, c’est monumental, c’est gigantesque, c’est grandiose… Rome en plus grand, en plus puissant. Après avoir repoussé les avances d’un premier guide, nous nous rendons vite compte qu’aucun manuel ne nous permettra une belle visite de ce lieu hors du commun et  acceptons de prêter une oreille très attentive à un concurrent rencontré sur le site.
 

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Baalbek, le sanctuaire de Baal, seigneur des éléments à la manière de Jupiter dont le temple, endommagé par le temps (de nombreux tremblements de terre ont mis à mal ce site) et les hommes, présente encore six gigantesques colonnes dressées dans le ciel, 22 mètres de haut, les plus hautes du monde, essayant en vain de voler la vedette au plus petit temple en contrebas.

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Préservé des attaques du temps, le temple dit « de Bacchus » apparaît dans toute sa magnificence originelle : richesse de son architecture, de ses reliefs où Cléopâtre rivalise avec Vénus. Il n’y manque que les imposantes statues qui devaient orner chaque niche entre les hautes colonnes. Puis le temple de Vénus, le souterrain abritant un musée que nous avons visité à la lumière d’une torche électrique (panne d’électricité) et, enfin, dans un coin retiré du jardin où une rose (... de Baalbek bien sûr) m’est offerte par notre guide, la superbe mosaïque d’Hélène.
Combien nous aimerions pouvoir, en ces lieux, assister au Festival International organisé chaque été, prolongeant ainsi la magie de ce site hors du commun.
La conduite libanaise n’a plus de secret pour Pierre, je crois même qu’il aime. C’est donc très satisfaits de notre option que nous regagnons Jounieh, prêts à faire face au programme du lendemain.


Mardi 10 juin 2008. LIBAN : de Jounieh à Sidon

 « Une belle soirée downtown à Beyrouth »

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  Quelques problèmes d’orientation dans un réseau routier, sans réelle signalisation (même pas le nom des villes) et en complète restructuration avant de parvenir, au sud de Beyrouth, à Sidon (Saïda en arabe) où la vieille ville jouxte maintenant une luxueuse station balnéaire. Les ruines du Château de la Mer et celles du Château Saint Louis rappellent le passage des Croisés, mais c’est surtout l’ambiance orientale de la vieille cité que nous apprécions : le souk avec son vaste caravansérail « Khan al Franj » transformé en centre culturel, le musée du savon, installé dans une ancienne maison rénovée par la famille Audi (importante banque libanaise) dont la fondation œuvre à la préservation de l’ancienne Sidon.

Puis nous quittons le bord de mer (la descente sur Tyr, plus au Sud, nous semblant un programme beaucoup trop ambitieux) pour, dans la montagne, aller visiter le Palais de Beiteddine, palais des Émirs et maintenant résidence d’été du Président de la République.

C’est pour nous l’occasion de nous familiariser avec l’élégante architecture libanaise du XIXe siècle. Construit autour d’une vaste esplanade dominant une vallée verdoyante, à la demande de l’Émir Béchir, ce palais aux lignes épurées, donne une place prépondérante au bois de cèdre dans la décoration de ses salles. Lamartine en fut un hôte privilégié.
Une soirée à Beyrouth a été proposée aux « rebelles » par un sympathique couple libanais. Du tout confort, nous serons véhiculés, guidés. Une belle expérience que nous n’aurions pas osé vivre, il se dit tellement de choses…

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Tout d’abord, le port, le front de mer bordé de luxueux immeubles et de grands hôtels, lieu de promenade des Beyrouthins jusqu’au célèbre Rocher aux Pigeons. Puis le centre ville « downtown » encore fermé il y 2 semaines, inaccessible en voiture par mesure de sécurité. La Place des Martyrs dont la statue centrale, commémorant le massacre perpétué par les Ottomans, porte encore les traces de l’explosion qui a tué le Premier Ministre Rafik Hariri, la Place de l’Etoile entourée d’immeubles restaurés avec soin dans le respect de la tradition de l’architecture libanaise su 18e siècle, de nombreux bâtiments religieux de toutes confessions. Nous avons la chance d’être invités à visiter avec beaucoup d’intérêt la magnifique Mosquée Al-Omari, anciennement Cathédrale Saint-Jean construite par les Croisés. Une merveille de pureté, d’élégance, l’ancien édifice ayant été scrupuleusement respecté. Les thermes romains rappellent le lointain passé de Beyrouth et son importance dans l’antiquité.
Notre soirée se terminera par une agréable dégustation de mets libanais : mézzés avec hommos, taboulé, purée d’aubergine, feuilles de vigne farcies, feuilletés, brochettes… naturellement sans ail, accompagnés d’un arak (équivalent de l’Ouzo ou du Raki).


Mercredi 11 juin 2008. LIBAN : de Jounieh à Byblos.
« Une magnifique cathédrale de stalactites »
Nous commençons cette journée par un parcours féérique dans les deux salles de la « Grotte Jeita » découverte au XIXe siècle et exploitée depuis I958. Formes, couleurs, rivière souterraine, tout concourt à la magie du site (appareil photo confisqué à l’entrée et rangé dans des boites de consignes signées… « KODAK » On ne peut pas l’inventer…). Par comparaison, la grotte de Padirac est un petit trou.

« Notre Dame du Liban » s’élève sur la colline d’Harissa dominant Jounieh. Nous nous rendons sur de mont que nous pouvons qualifier de montagne sainte pour le christianisme, plusieurs églises y étant bâties : église Maronite de St. Maron et Ste Raïssa, Cathédrale orthodoxe St. Paul et surtout ce site où se dresse une gigantesque statue de la Vierge Marie qui semble offrir sa protection à ce pays tant de fois meurtri.
Nous retournons flâner dans Jbail  appelée Byblos par les Grecs, l’une des plus anciennes villes du monde, berceau de la civilisation phénicienne, carrefour du commerce du papyrus entre l’Égypte et la Grèce. Artistiquement restauré, le vieux Byblos porte l’empreinte  des Croisés : le Château, l’Église romane St Jean. Le souk n’a gardé que son attrait touristique, mais la promenade est agréable et les objets présentés de qualité.
C’est presqu’à regret que nous restituons notre véhicule, préférant nous rendre à Beyrouth en taxi pour plus de liberté.


Jeudi 12 Juin 2008. LIBAN : Beyrouth 
« Un très beau musée »

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Un taxi nous dépose devant le Musée National où nous pouvons contempler et photographier, en toute liberté, de splendides pièces qui, pendant la guerre en 1975, avaient été soigneusement coulées dans du béton et préservées dans les sous-sols. Pas de surcharge, mais la présentation aérée, au rez-de-chaussée, de sarcophages, de statues, dont celle d’un grand sphinx d’inspiration égyptienne. À l’étage, des vitrines riches en bijoux, vases et surtout ces étonnants soldats phéniciens.
C’est à pied que nous retournons dans le centre ville, non sans avoir, au passage, fait une halte sous la tente mausolée abritant la dépouille du Premier Ministre Rafik Hariri et de ses gardes du corps assassinés en 2005.
Ce centre ville découvert la nuit, présente le même charme de jour et témoigne de la volonté de renouveau de Beyrouth qui avait tant souffert de la guerre civile.


Du vendredi 13 au dimanche 15 juin 2008. LIBAN : Jounieh.

«Rêve de paix... »
Nous songeons maintenant à quitter ce pays que nous avons eu tant de plaisir à découvrir, tant pour la diversité de ses sites que la gentillesse de ses habitants ; ce pays où l’on voudrait oublier l’important dispositif militaire : nombreux barrages, herses, chars, soldats en armes, pour croire en une paix définitive. Malheureusement, un rêve utopique tant les cloisonnements religieux et les intérêts en jeu sont importants.
Nous devons maintenant aborder la prochaine étape de notre circuit, à savoir Israël où nous avons projeté de laissé Logos, pour un long circuit en Égypte. Nous ferons notre entrée à Haïfa avant de nous rendre à Herzliya, marina familière puisque nous y avons longuement séjourné il y a 3 ans.
Les quatre dissidents continueront à faire route ensemble et s’organisent pour la route maritime le long de la côte comportant de nombreux contrôles et les formalités d’admission en Israël.
Pas question de demander conseil aux autorités, les relations Liban-Israël n’étant pas particulièrement au beau fixe, ce qui nous oblige même à mentir sur notre destination en annonçant une navigation pour Port Saïd en Égypte. Personne n’est dupe, mais cela satisfait les autorités !

Lundi 16 et mardi 17 juin 2008. Du LIBAN (Jounieh) en ISRAEL (Haïfa)
« Attention au United Nations Navy Warship !»


Une longue journée et une aussi longue nuit nous attendent, 1O5 milles à couvrir dans un secteur un peu chaud vu les inimitiés entre le Liban et Israël et les mesures de sécurité prises par ces deux pays.
Officiellement, nous partons pour Port Saïd à 240 milles… attention à répondre correctement à l’interrogatoire des navires militaires de surveillance et à conserver le bon angle de navigation jusqu’à la frontière.

C’est avec beaucoup de sympathie que nous remercions Naaman et Naji de nous avoir si gentiment hébergés et d’avoir contribué à nous faire aimer le Liban au point de nous donner envie d’y revenir… un jour peut-être ?
La mer est assez agitée et l’absence de vent rend le voilier inconfortable… attention au mal de mer ! Cap au 270, à la perpendiculaire de la côte, « Oscar Charlie » veille. Beyrouth avec ses gratte-ciel côtiers prend des airs de Manhattan, le brouillard masquant les hautes collines qui la dominent.
Vent dans le nez, Perkins ronronne, l’équipage est à l’écoute de la VHF et répond aux éventuelles questions des autorités, tout en surveillant le cap avec soin. Panique aux abords de la « frontière ». Nous perdons les signaux GPS, ce qui nous met dans l’impossibilité de contrôler notre position dans un secteur aussi « chaud ». Cette panne de l’appareil nous oblige à mettre le GPS portable en service à la hâte pour ne surtout par rentrer à nouveau dans les eaux territoriales libanaises… la panne n’était due qu’à un dispositif stratégique destiné à prévenir d’éventuels tirs de  fusées. Soulagement lorsque notre cap s’affiche à nouveau en clair. Nous avons pénétré dans les eaux territoriales israéliennes et pouvons mettre le cap sur Haïfa sous la surveillance de la marine israélienne… (Il est surement plus facile de naviguer entre Toulon et Porquerolles !)

D’énormes tankers nous signalent l’approche du port d’Haïfa et c’est escortés par la vedette des gardes-côtes que nous rejoignons le quai de l’immigration. Cette fois-ci, pas de visite approfondie de Logos mais nettoyage de la barre et du porte-verres extérieur pour la recherche d’explosif ou de drogue et questionnaire style recherche d’Alzheimer… soulagement lorsque nous apprenons que les deux enquêtes sont négatives. À nous le bel accueil annoncé au Carmel Yacht Club dans la marina Quishon…
Nous comprenons mieux aujourd’hui le sourire amusé de navigateurs rencontrés à Chypre… La marina : deux pontons en fond de port dans une eau « maronnasse », loin de toute commodité ; le Yacht Club : un nom à ne pas prononcer tant les relations sont tendues entre les responsables de ce Club et ceux de la « marina »… Nous qui nous attendions à un accueil triomphal ! Une fois de plus nous nous rendons compte que nous avions été dupés et que l’alléchant programme initial n’était qu’un leurre. L’endroit est, malgré tout, sympathique et les « résidents » israéliens très ouverts et désireux de nous aider. Pierre avec son antenne boite de balles de tennis réussit même à capter une WIFI. Que demander de plus ?


Mercredi 18 juin 2008. ISRAEL : Haïfa

« Encore du thon ! »
Nos amis sont partis explorer le nord d’Israël, nous nous contenterons de revisiter Saint Jean d’Acre que nous avions apprécié  en 2005. Avec courtoisie, Giora nous conduit à l’arrêt du mini-car qui va nous mener à Akko, une sorte de dolmus taxico, air-conditionné et budget limité.

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La vieille cité croisée, où flotte encore le souvenir de Napoléon, n’a rien perdu de son charme et nous retrouvons avec plaisir les remparts, la citadelle, la jolie petite mosquée, le tunnel des templiers et les ruelles débouchant sur le vieux port. Des plongeurs s’affairent près d’un îlot… que de trésors surement encore enfouis dans ce port où ont débarqué tant de caravelles !

  Par une coïncidence surprenante, c’est le même chauffeur qui, nous ayant reconnus à nos chapeaux, nous reconduira à Haïfa.
Le thon pêché par Mach 6 entre Liban et Israël (c’est de la provocation, nous qui nous contentons de tremper notre fil dans l’eau sans succès) et cuisiné par Fabienne est un nouveau régal. C’est même avec un réel plaisir que nous accepterons de le terminer en blanquette le lendemain (une recette que je retiens).

Jeudi 19 juin 2008. ISRAEL : HAIFA
« Les Baha’i Gardens »

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  Giora nous a obtenu une visite pour les célèbres jardins qui escaladent la pente du Mont Carmel à Haïfa et encadrent le dôme étincelant d’or du Mausolée du premier prophète Baha’i  exécuté en 1850 : Sayyid Ali Muhammat, surnommé « the Bab ».
C’est donc avec curiosité que nous nous présentons à la terrasse supérieure après nous être promenés dans le quartier musulman d’Haïfa. De nombreuses personnes se pressent, touristes comme nous, curieux de parcourir ces prestigieux jardins soigneusement entretenus, pèlerins qui se doivent une fois dans leur vie de venir se recueillir en ce lieu.

 Le cadre est magnifique, la vue sur Haïfa et la mer superbe, mais l’atmosphère entretenue par les gardiens de ce lieu est assez perturbante comme s’ils voulaient imposer une rigueur religieuse à cette visite… Beaucoup d’argent semble en jeu !
Nous quitterons Haïfa demain matin et effectuons les formalités de départ de la marina, ne pouvant attendre l’heure d’ouverture des bureaux.


Vendredi 20 juin 2008. ISRAEL : d’Haïfa à Herzliya.
« Hassan est là ! »
C’est avec « Sun Dancer » qu’à 7h30 nous quittons notre « marécage », croisant les pêcheurs matinaux. Haïfa Radio nous souhaite un bon voyage et nous autorise à naviguer à moins de 5 milles des côtes… environ 50 Mn à parcourir avec un vent contraire, un courant contraire qui même au moteur, ralentissent notre progression mais avec la sérénité d’une navigation autorisée sous surveillance discrète.
À l’approche de la marina, de nombreuses voiles égayent la mer, départ de voiliers du célèbre Rallye EMYR (Rallye sérieux mais trop rapide dans le temps) ? Virements de bord de voiliers israéliens s’entrainant (Shabbat commence le vendredi) ? Pourvu qu’ils n’aient pas oublié de nous garder quatre places et surtout d’en avoir informé le gardien de faction, les bureaux étant bien entendu fermés.

  Ouf ! Nous sommes casés, dans le premier bassin certes, les voiliers de l’Emyr arborant le traditionnel Grand Pavois n’ayant pas encore quitté la marina… surement un vrai casse-tête que de placer 80 voiliers supplémentaires dans une marina déjà pleine !
Le voilier d’Hassan, figure mythique du Rallye EMYR depuis bientôt 20 ans est apponté en face de nous. Une belle occasion de le rencontrer et d’apprécier son légendaire charisme.

 

Samedi 21 juin 2008. ISRAEL : Herzliya.
« C’est un peu dimanche »
Atmosphère dominicale ou plutôt shabbatale à la marina. Nous retrouvons les sportifs qui courent sur la digue extérieure, les enfants qui s’entrainent en « optimists » tandis que les voiliers sortent avec leurs équipages s’exercer en mer, les familles en promenade et savourons cette journée à l’atmosphère de week-end après la navigation un peu lassante d’hier.
Le centre commercial nous apparaît toujours aussi luxueux. Certaines boutiques sont fermées, mais il nous est possible d’effectuer un avitaillement en fraîcheurs.


Dimanche 22 juin 2008. ISRAEL : HERZLIYA
« Judy, 4 ans plus tard»

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Nous pouvons enfin effectuer nos formalités d’entrée à la marina et solliciter une place plus confortable à l’intérieur dans les darses. L’équipe a changé, mais notre dossier est dans les archives… c’est toujours plus facile d’être connu !

Il nous reste maintenant à nous préoccuper de notre voyage en Égypte réservé, mais seulement à partir du Caire, que nous devons donc rejoindre par nos propres moyens. « Ouki », pour avoir expérimenté le circuit proposé par « Soleil sans Fin », nous déconseille le bus Tel-Aviv – Le Caire… trop long (au moins 15 heures de route avec changement de bus à la frontière), très inconfortable car surchargé. Il ne nous reste donc plus qu’à augmenter le budget initialement prévu et trouver un vol Tel-Aviv – Le Caire.
C’est chose faite après une visite productive à l’Agence « Club Med ». Nous nous envolerons le 26 juin au matin pour le Caire sur un vol Air Sinaï.
Nous sommes heureux de retrouver Judy Gonen que nous avions rencontrée il y a 4 ans à Yacht marine et dont nous avions déploré l’absence lors de notre précédente venue à Herzliya.
Souvenirs évoqués, nouvelles de chacun. Judy doit rejoindre Ilan en Italie où il s’affaire à la finalisation de son voilier futuriste. Un très agréable moment.


Lundi 23, mardi 24 et mercredi 25 juin 2008. ISRAEL : Herzliya.
« En attente d’un beau projet »


Ce voyage projeté nous semble un nouveau rêve que nous allons réaliser, mais comporte encore une part de doute et d’inquiétude, tout ayant été traité par internet. Le programme est bien ficelé et a pris en compte toutes nos attentes, divergeant en plusieurs points d’un circuit lambda. Cela semble presque trop beau. C’est un peu quitte ou double.
En attendant, je lis, prends des notes, me souviens de mes cours de 6e au Lycée, de ma première visite au Louvre. Merci à Arthur de nous avoir aidé à faire revivre cette fascination que l’Égypte avait exercée sur nous dans notre enfance.
Nous profitons de l’ambiance de la marina et sommes aux premières loges pour une compétition de danse.

Demain, départ vers l'Egypte.