Mise à jour : 2015

___ Les carnets de bord de Martine___

Année 2008

Partie 1: Turquie Chypre

Vendredi 11 avril 2008  de Roissy à Marmaris, via Izmir
« De bien sympathiques touristes »


Voici déjà l’heure de l’envol, après des jours de tendresse passés auprès des enfants et petits enfants. Il nous a fallu, des deux côtés, faire le plein de câlins, puisque cette année un projet nous oblige à quitter tous nos chéris plus tôt.

En effet, après des années de navigation en duo, nous nous sommes embarqués dans un voyage en groupe, un rallye comme on dit, durant lequel Logos et son équipage côtoieront 14 autres voiliers et leurs équipages, francophones et anglophones. Un rallye au nom plein de promesses « Levante Bassin Rallye », qui comme son nom l’indique doit nous conduire aux confins de la Méditerranée : Chypre, Liban, Syrie, Israël en partageant notre expérience de « marins », notre vécu, pour vivre ensemble une belle aventure.
Un chauffeur bien matinal pour nous conduire à l’aéroport (merci notre Tristan), un couple de touristes très sympathiques qui émus par le poids de nos bagages (toujours très difficile pour des voileux malgré les restrictions imposées de n’avoir que deux sacs à 20 kg…) nous propose de bénéficier de leur unique valise… nous évitant ainsi une surtaxe d’au moins 50 euros. Nous voici embarqués à bord d’un Airbus ONUR. Il ne nous reste plus qu’à attendre une petite collation pour le petit déjeuner… attendre longtemps, car nous n’aurons ni petit déjeuner, ni déjeuner… restrictions sur les charters, ce que tu veux boire ou manger, tu te l’offres… donc nous attendons sagement l’aéroport d’Izmir pour savourer les bons feuilletés turcs au fromage.
À 18 heures nous retrouvons enfin notre Logos, en première ligne dans une forêt de mats, prêt à la mise à l’eau, un peu poussiéreux certes après ce long hivernage. Julot le gorille, semble heureux de voir cesser son isolement. Un peu de poussière aussi à l’intérieur après quelques travaux d’embellissement, la cabine arrière ayant eu son vieux vaigrage remplacé par de belles lattes de bois, comme la cabine avant.
Bien vite les sacs sont vidés, tout trouve sa place, ou est prêt pour les bricolages d’usage.
Diner à bord de Manifango… bizarre nous ne reconnaissons pas leur voilier… pour sûr, Evelyne et Jean-Claude ont changé leur voilier Elan pour un Amel «  Santorin » Un bel accueil.
Un repos bienvenu.

Samedi 12  et dimanche 13 avril 2008 : Marmaris : Yacht Marine.
« Une marina en effervescence… »
Dès le matin, le lift ronronne, gros yachts, voiliers de toutes tailles sont mis à l’eau. Il faut dire que quelques 2000 bateaux ont été mis au sec pour l’hiver.

Pour Pierre, les premières installations et les vérifications d’usage de Monsieur Perkins avec notre Doctor Mekanic. Nous avons cette année une nouvelle VHF (radio de communication), l’ancienne étant très obsolète et totalement inefficace pour communiquer avec les participants au rallye.

nazli

Pour moi, le tour de la marina pour retrouver les amis éparpillés sur les différents pontons ou encore perchés comme nous. Plaisir de retrouver Freedom, Tresigny , Bégonia, Hydra Blue, Melody III… autant d’équipages avec lesquels nous avons partagé d’agréables moments.
La marina continue à s’embellir… une longue « pergola » sur laquelle commencent à s’accrocher bougainvillées et plantes grimpantes.

marina

L’équipe nouvelle autour de Nazli semble bien sympathique et comporte maintenant une charmante jeune fille qui parle couramment français ; une recrue bien nécessaire étant donné le nombre d’équipages français qui ont élu domicile à Yacht Marine.
Pour la première fois nous assistons à la « brocante marine » de printemps organisée à la marina, un bric à brac où nous achetons une sorte de grill pain, avant de participer à un grand barbecue.

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Quelques courses à Marmaris avec Evelyne, avec une pause bien sûr chez Nourredine, rien que pour respirer l’odeur du cuir et céder à la tentation… Le plein de laine est fait, avec en plus cette année, une belle provision de perles pour la confection de beaux colliers, de quoi meubler les temps de pause, s’il y en a.

 

Lundi 14 avril 2008  Marmaris : Yacht Marine
« Logos sur les flots bleus »

Branle bas de combat aux aurores, la mise à l’eau a été avancée pour nous faciliter l’accès au bateau. Grimper à l’échelle, c’est peut-être bon pour la forme, mais peu pratique pour l’aménagement. « Ponton Mike », un avant goût de croisière qui encourage aux préparatifs et des contacts plus faciles avec les bateaux voisins.
Logos a retrouvé son jardin aromatique et un joli rosier nain, l’habituel tamagoshi… combien de temps supportera-t-il l’air marin ?


Mardi 15 avril 2008 Marmaris : Yacht Marine
>« Premiers contacts avec les équipages du rallye !!! »
Certes les français forment un bon groupe capable de faire face aux anglo-saxons, mais nous ne serons que 10 contre 20… peut-être difficile de faire régner l’esprit gaulois.

Regards curieux, sourires timides, les grandes présentations seront pour plus tard lorsque chacun aura l’esprit plus serein. Les bannières sont distribuées : numéro 22 pour Logos… surprenant puisque nous ne sommes que 15 bateaux, « Soleil sans fin », le bateau du couple organisateur arborant le numéro 1 (explication : le précédent rallye organisé en 2005 comportait 13 bateaux en plus du bateau leader N°1, la numérotation 2008 a donc commencé au numéro 14). Logos aime les numéros doubles après 33 pour la route du Jasmin, le voici 22 pour le Levante.


Mercredi 16 et jeudi 17 avril 2008 Marmaris : Yacht Marine.

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« Derniers préparatifs.. »
Pendant que Pierre s’affaire et essaye de faire en sorte que tout soit en état de marche, je joue les cousettes et ravaude un vieux Grand Pavois, de ces Grands Pavois qui en ont vu des ports et des mouillages. Il fera l’affaire de Logos pour les parades en marinas et nous économise 150 euros, pas négligeable !!!

Vendredi 18 et samedi 19 avril 2008. Marmaris : de Yacht Marine à Netzel Marina.
« C’est parti pour le rallye »

L’heure est venue du regroupement avant le grand départ prévu pour dimanche prochain.
Une belle traversée de la baie nous permet de mettre au vent nos voiles enfermées tout l’hiver.
Logos semble fin prêt pour l’aventure partagée et apponte pour la première fois dans la marina concurrente de Yacht Marine, une marina sans doute plus agréable pour ceux qui vivent à bord car située en pleine ville, mais plus onéreuse et moins bien équipée en assistance technique.

Pour la première fois, Logos se pare d’un Grand Pavois. C’est un beau spectacle que tous ces bateaux enguirlandés prêts à naviguer ensemble. Les différents équipages font plus ample connaissance.
Des noms à faire rêver : Moonlight Fantasy, Sun Dancer, Soleil sans fin, des noms évoquant des contrées lointaines : Ouki, Indaba, Kunjani, d’autres parlant d’une façon d’être : Dolce, Resolute, Mach 6, Otium (à votre Gaffiot anciens latinistes !…)…….
Logos lui, c’est celui qui parle, la science du Verbe.
Les pavillons flottent au vent, français, anglais, australiens, canadiens, il y même un seychellois… qui semble avoir mis notre petit Mahé à l’honneur.
Chacun s’affaire pour finaliser autant que faire ce peut son bateau… C’est toujours au dernier moment que tout s’accélère dans l’urgence.
Nous avons d’élégants T.Shirts aux couleurs du Rallye que nous portons fièrement pour le barbecue de départ.


Dimanche 20 avril 2008 : de Marmaris à Goçek « Wall Bay »
« En avant !!! »

7h30 : Logos est déhalé, salué au passage par les Coasts-guards. C’est encore le grand calme, et les premiers rayons du soleil caressent la vieille citadelle de Marmaris. Bientôt deux autres voiliers sortent de la marina. C’est au moteur que nous commençons notre première navigation en compagnie, incapables de tenir le Génois pour cause de vent debout… donc 45 milles à écouter ronronner Perkins et tout le loisir de regarder la mer et le paysage.
Bill et Jean de « Soleil Sans Fin » forcent un peu l’allure pour être à l’accueil à Wall Bay.
Wall Bay, deux longs pontons de bois appartenant à un restaurant fait de rondins, une discrétion exigée par les autorités préservant l’environnement de cette côte superbe. Petit à petit les autres participants appontent. C’est la première étape de notre longue croisière, dans une baie magnifique que nous avions évitée jusqu’à ce jour car très fréquentée par les flottilles en saison.


Lundi 21 avril 2008  Göcek : Wall Bay

« À la rencontre des tortues »

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Une promenade est organisée jusqu’à une baie voisine, déserte, car inexploitable en bateau. Une lente ascension dans un chemin caillouteux, une très belle vue sur la baie extérieure à Göcek, puis descente sur la plage… à la recherche des tortues ; seules deux tortues seront au rendez-vous. Pour moi, qui désespère d’en rencontrer, deux, c’est déjà beaucoup !
Recherche de trésors sur la plage, Pierre nous fabrique deux grands bâtons dans une magnifique canne de roseau. Nous avons appris à nos dépens depuis Samaria (Crête), qu’il vaut mieux avoir trois jambes que deux.

Animation au retour, un appareil photo est passé par-dessus bord… branle bas de combat, deux valeureux plongeurs (cherchez le deuxième…) enfilent leur shortie… le masque sur le nez… appareil récupéré à 8 mètres… sauvera, sauvera pas ?... malgré 24 heures d’eau douce, sauvera pas !!!
Nous ne pouvons que, Pierre et moi, prendre notre premier bain, 19°C c’est peu, mais retrouver le contact de l’eau de mer, c’est tellement bon !!!

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Un bel agneau est tourné avec soin dans l’âtre du restaurant… 4 heures et aucun mécanisme, tout à la main.
Un agréable diner collectif autour de l’agneau apporté avec solennité, au son d’un flutiau. Belle ambiance chez les français, enviée par les anglo-saxons… Il leur faut plus de temps pour se « déboutonner »…
Douce nuit dans le calme.

 

Mardi 22 avril : GOCEK, de Wall Bay à Kapi Creek

« 6 bougies pour Manon »

Un départ un peu matinal nous permet d’admirer le romantique voile de brume qui couvre la baie, un paysage très japonais. Ayant des problèmes de convertisseur, il nous faut pendant quelques heures quitter notre groupe pour faire une petite visite au shipchandler du petit port de Göcek, « Manifango » nous accompagne.
Toutes les baies longées sont désertes, la saison n’a pas encore débuté, il en est de même pour ce pittoresque port si prisé en l’été. Les commerces commencent seulement à sortir de leur long sommeil hivernal.

Quelques achats, un nouveau convertisseur commandé qui nous sera expédié à Finike et nous voici contents d’aller retrouver nos « copains » à Kapi Creek, déjà appontés près d’un élégant restaurant. Vent dans le nez à l’aller, vent dans le nez au retour et une place un peu scabreuse réservée pour nous. C’est donc halé par « Otium » et «  Mach 6 » que Logos est amarré comme sur un petit étang privé d’où émergent quelques ruines. Un fois là, on y passerait ses vacances ! Sur la berge, de vieilles maisons au toit vouté, à la façon de chapelles byzantines rappellent que ces rives étaient habitées. Face au restaurant, quelques barques de pêcheurs alimentent sans doute la table de ce dernier.
Une deuxième baignade au masque à la recherche de trésors… rien… et puis une courte promenade sur la colline accompagnés par le chien de la maison trop heureux de nous montrer le chemin. Une belle tortue nous salue au passage (que de tentations …) mais nous ne trouverons pas les porcs-épics qui perdent leurs longs piquants dorsaux, à la grande joie des promeneurs avides de souvenirs.
Nous profitons du confort de vastes fauteuils de rotin tout en dégustant une « Éfès » (bière turque).
Petit à petit les visages de nos compagnons et compagnes de navigation nous deviennent plus familiers et les langues commencent à se délier.

Mercredi 23 avril – GOCEK : Kapi Creek.

« Notre moussaillon Julot se fait admirer »
Au réveil, une barque est amarrée en bout de ponton, toute équipée pour la fabrication de crêpes à la demande. C’est un spectacle amusant que de voir chacun défiler avec son assiette pour y recueillir cette gâterie matinale. Julot saisit cette trop belle occasion pour se présenter, coiffé de son festif béret de marin, bien vite rejoint par l’ours mascotte de « Resolute ».


Une belle promenade dans la colline, entre pins et oliviers, nous mène tous chez l’Imam Murat. En fait, un hameau construit par 6 familles autour d’une surprenante mosquée, beaucoup plus « Petite Maison dans la Prairie » que mosquée turque. L’Imam, tout en vous invitant à prendre un thé, vous présente les tapis faits par sa mère, un vieux métier à tisser en décoration est là pour faire plus vrai… habile, mais un peu gros !

Le prix annoncé paraissant raisonnable, certains se laissent tenter pour améliorer le confort de leur voilier. Si cela peut permettre à cette petite communauté de survivre en ce lieu hors du temps. Notre promenade se poursuit par la descente vers un petit port qui abrite quelques barques de pêcheurs. Il s’agit de Fathom Bay avec un bel oiseau blanc peint sur un rocher.
Un anniversaire de mariage… 42 ans de vie commune pour l’équipage de Tresigny, réunit quelques-uns des participants au restaurant et pour la première fois nous bénéficions de la voix chaude et mélodieuse d’Elizabeth accompagnée par sa guitare. C’est une ancienne chanteuse professionnelle qui cherche à communiquer sa passion. De grands moments en perspective, bien au-delà du traditionnel « Happy birthday ».

Jeudi 24 avril 2008 : de Kapi Creek à Kas
« Qui a osé dire « marina »

6 heures, le ponton commence à s’animer. Pour nous c’est l’heure du départ pour les 40 Mn qui nous attendent. Nous traversons la baie de Fethyie au moteur avant d’établir les voiles, une fois le premier cap passé. Vent arrière qui se renforce peu à peu, le génois est tangonné, la Grand Voile est établie en ciseaux… 6nd, 7nd, 10nd… Logos surfe sur les vagues, rênes tenues par mon skipper à moi. Nous atteindrons presque les 11nd, ce qui nous assure une confortable avance sur les autres équipages.
Les 7 caps sont vite passés, puis la longue plage de Patara. Pour la première fois nous virons avant la presqu’île de Kas, nous, coutumiers du vieux port tellement pittoresque, pour apponter à « la marina » accueillis par Ismaël (celui-là même qui nous porte le pain frais au bateau dans le port). Rien ne semble prêt pour recevoir notre Armada, le quai est encore encombré de bateaux locaux. Quant à la marina en construction depuis 10 ans (influence grecque ?) il ne s’agit plus que d’un vaste chantier annexé par les Gülets en réfection, et barques en carénage…, offrant un appontement dangereux car très exposé au vent et pas protégé, avec, en prime, la poussière, le bruit et aucun confort…. Devant notre déception (que nous avions prévue en avertissant le leader du rallye), Ismaël nous propose de nous trouver une place dans le vieux port, au titre de notre longue amitié. Nous refusons par esprit de groupe… vous serez surpris lorsque vous lirez que les leaders jugeant ce lieu peu digne d’eux se sont empressés, en catimini, de trouver place dans le vieux port !
Logos est sanglé, bardé car le vent forcit. Il aura assurément une nuit agitée mais bien protégé, il ne craint rien et est même alimenté en électricité, Pierre ayant échangé quelques liras turques contre la rallonge électrique d’un bateau de pêche. C’est à pied, dans la poussière, que je me rendrai à la petite ville distante de presque 2km pour quelques achats. Heureusement que nos compagnons d’infortune, marins aguerris, ont le sourire.


Vendredi 25 avril 2008 : de Kas à Kekova « Uçegiz »
« Au mouillage »

Pétaule pour regagner la baie de Kekova, cela permet à Manifango de tester son moteur remis en marche avec l’aide de Tresigny et de Logos… sympa l’assistance entre marins…
Peu désireux de nous entasser à couple au ponton d’un restaurant, nous préférons bénéficier de la douceur d’un beau mouillage avec baignade, nous en aurons tellement peu ensuite pendant 3 mois.
Pierre expérimente son antenne Wifi au look boite de balles de tennis… Ça marche… À nous les connections au milieu de l’eau.
Nous nous épargnerons la dépense d’un diner au resto. Ceux qui connaissent Logos savent que bon vin et bonne chère y font bon ménage.


Samedi 26 avril 2008 : KEKOVA « Uçegiz »
« Sur les traces des Lyciens »

Une belle marche à pied de bon matin avec un petit groupe de vaillants marcheurs pour arpenter le « Lycian Trail » d’Ucegiz à Kale Koy. Difficile de ne pas évoquer la visite de nos petits Charentonnais en 2005 en ces lieux.
Nos bâtons de marche sont à l’honneur et frappent ces pierres ayant dessiné la voie lycienne il y a quelque 3000 ans jusqu’à une vaste plaine cultivée en fond de lac intérieur avant d’aborder la montée vers le château de Kale Koy. Personne ne se risquera à progresser jusqu’au château lui-même, ces dames toujours très coquettes préférant faire un peu de shopping sous l’œil attendri de leurs époux.

Les restaurants de Kale Koy ont dû sérieusement réduire leur ponton pour n’accueillir qu’un seul bateau de chaque côté, et ce, après la tempête de 2006 qui avait fracassé les prolongements des pontons. Sans doute mauvais pour le commerce. Nouvelle rencontre avec 2 bébés tortues… elles ont eu de la chance que je ne puisse pas les ramener en avion… je les aurais adoptées volontiers !!
Notre retour en barque nous offre une belle promenade tout près du tombeau lycien à demi immergé si célèbre puis de l’ilot qui ferme l’entrée de la deuxième baie.

 

M. Meltem que nous n’avions pas encore entendu cette année se fâche un peu et « Indaba » à l’ancre en bout de ponton commence à manifester des velléités d’évasion en l’absence de ses propriétaires… surprise de ces derniers à leur retour, ils retrouveront leur voilier se balançant sur les flots, situation beaucoup moins dangereuse.
Logos, lui, semble apprécier et navigue. Nous surveillons notre ancre.

 

Dimanche 27 avril 2008. KEKOVA « Ucegiz »
« Une longue journée sans mon marin »
Une grande promenade a été prévue pour ce dimanche avec départ matinal à 8h30. Mais, surprise au réveil, M. Meltem est très présent et s’annonce coléreux pour la journée ce qui sème la panique parmi les voiliers appontés. Tous les bateaux au mouillage pour ne pas risquer d’être endommagés par les pontons.
Les capitaines français décident de ne pas quitter leur navire pour surveiller et parer à tout problème. C’est donc sans mon marin qui m’a cependant gentiment débarquée à terre que je monte dans le mini-bus prévu pour l’excursion. Quelques capitaines anglo-saxons se sont joints à leurs épouses malgré les risques… peut-être comptaient-ils sur la vigilance des autres ?

9h30, direction HOYRAN, ancien site lycien préservé. À l’entrée, de belles maisons élégamment restaurées avec jardin paysager, piscine… sans doute un futur hôtel à la campagne. Derrière un guide, nous grimpons par un sentier pierreux et parfois peu visible vers le site d’HOYRAN qui offre de nombreux sarcophages éventrés, des tombes en forme de piliers, témoignage d’une présence lycienne. Le panorama sur la baie de Kekova est superbe… nous pouvons même distinguer nos voiliers au mouillage.
La descente à flanc de coteau vers la vallée parmi les cailloux, le maquis et les fleurs sauvages est parfois périlleuse, nous pensons avoir retrouvé nos quinze ans… les douleurs cela sera pour demain. Marie-France de Tresigny fait une belle provision de fenouil sauvage aux belles fleurs blanches et disparaît dans les blés en s’écriant « Ralliez-vous à mon panache »… Un beau tempérament qui nous rappelle étrangement notre petite tante chérie répondant au même prénom… !
Notre mini-bus nous attend de l’autre côté de vastes serres de concombres et tomates, nous épargnant ainsi une fastidieuse route jusqu’au carrefour où nous l’avions laissé… un peu comme une plongée dérivante…

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En route pour Demre, la ville de Saint Nicolas, peu élégamment déguisé en Père Noël, sans doute plus porteur d’un point de vue touristique que ce digne évêque dont l’église est le seul vrai site de cette petite ville ordinaire. Arrêt restauration devant une superbe « pide » (sorte de longue pizza servie sur une planche en bois), ou un « iskender », savant mélange de viande, sauce tomate, yaourt, avant de reprendre la route pour APOLLONIA, importante ville lycienne représentée dans la Confédération d’Aperlaï. Il n’en reste maintenant qu’une vaste nécropole dominée par les ruines d’une forteresse aux murs cyclopiens avec une imposante citerne pour recueillir l’eau, située au sommet d’une colline au dessus d’un vieux village paysan offrant de pittoresques greniers à foin.
le plan d’eau à Kekova est toujours très agité. C’est donc dans la barque du restaurateur Ibrahim que je regagne Logos et retrouve mon marin, fidèle au poste, prêt à partager le plaisir de la visualisation des photographies faites pendant l’excursion, juste à temps pour voir le ciel se fâcher et déverser un déluge de pluie sur la baie avant de décorer le firmament d’un féérique arc en ciel au dessus des voiliers.


Lundi 28 avril 2008. De KEKOVA à FINIKE
« Une navigation houleuse »

L’étape prévue est courte, seulement 18 Mn jusqu’à la marina qui doit nous accueillir, mais le temps menaçant nous fait préférer un départ matinal. Pas de rêverie après café, pas de Sudoku pour éveiller les neurones. Aux grandes manœuvres dès 8h ! Pas encore de vent mais une mer houleuse et très peu engageante au large ce qui nous fait préférer une navigation côtière. Les cirés sont sortis et rincés, pluie et arcs en ciel alternent. Pas vraiment de voile, malgré quelques tentatives.
C’est donc avec satisfaction que nous retrouvons la sécurité d’un appontement à la Marina Setur de Finike avant d’avoir eu à subir la trop grande nervosité du vent. Les Grands Pavois sont hissés en l’honneur de cette marina qui nous reçoit gracieusement avant notre départ pour Chypre.


Mardi 29 et Mercredi 30 avril 2008 : FINIKE
« Finalisation avant longue navigation »
Nous allons bientôt quitter cette côte turque où il nous est si facile d’obtenir assistance pour regagner Chypre Sud puis d’autres contrées tout aussi hasardeuses. Il convient donc de tout finaliser pour parer à d’éventuelles défaillances… Il y aura toujours, malgré tout, les impondérables. Le convertisseur commandé à Göcek et acheminé par Cargo (transport routier très efficace et rapide en Turquie) est réceptionné et installé ; le gaz fréon nécessaire à notre frigidaire laissé en dépôt chez Nokta par Tresigny est récupéré et injecté à la grande satisfaction du circuit réfrigérant… Ce n’est pas que nous en ressentions un grand besoin immédiat, mais à défaut de printemps, l’été va bien venir ! En ce moment, la température extérieure est hivernale et nous apprécions la douce chaleur de notre petit céramique. Pierre cherche même à rebrancher le chauffage à air pulsé pour la navigation de nuit qui nous attend vu la longueur de l’étape : 220Mn. Pour l’avitaillement, nous retrouvons avec plaisir les commerçants qui nous étaient familiers lors de notre passage en 2005.C’est la saison des fraises et des melons.

Un barbecue est prévu pour fêter notre départ avec remise solennelle du fanion du Rallye au Directeur de la Marina… Premier « Pot Luck » où chacun apporte un plat de sa confection et partage avec les autres convives. Ceux qui connaissent Pierre se douteront que c’est avec délectation qu’il replonge les mains dans la farine pour confectionner une grande pizza comme il en a le secret. C’est une belle soirée qui malgré la déception d’avoir du shunter Chypre Nord (manque de place parait-il) présage d’heureux moments partagés avec les autres équipages.
Certains équipages nous quittent, deux dans la journée et trois autres en début de nuit, ayant établi un plan de nav différent. Dociles, nous avons choisi de faire route avec le gros de la troupe en gardant contact à la VHF… il faut bien amortir cette belle radio toute neuve !


Jeudi 1er Mai et vendredi 2 mai 2008: de FINIKE(Turquie) à LARNACA(Chypre)
« Partira, partira pas »

Réveil 4h30 pour un départ prévu à 5 heures c'est-à-dire au petit jour. Le chant du muezzin vient déchirer la nuit. C’est du plus bel effet, avec le croissant de lune encore présent dans le ciel.
Malheureusement un « gale warning » (avis de tempête du Navtex) reçu par Bill, notre Rally-manager vient réduire nos ardeurs et les messages parait-il envoyés par les téméraires de la veille ne sont guère plus engageants : « c’est dur », « des creux de 4 mètres », nous incitent, après avoir applaudi la « Morris Dance » tradition du Ier Mai en Grande Bretagne effectuée par Kim de « Resolute », à regagner notre couchette en attendant des heures meilleures. Les 3 bateaux partis en début de nuit décident, à l’appel de Soleil Sans Fin, de rebrousser chemin (10 heures de nav pour rien !!!)
Nouveaux conciliabules au réveil. Nous avons effectué notre sortie et n’avons plus le droit de vagabonder sur le sol turc à moins de redemander et payer un nouveau permis de séjour.

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15h : le ciel est clair. Un groupe part, nous partons avec eux laissant sur le ponton d’autres équipages encore dubitatifs. Certes le vent souffle dans la baie : 2 ris dans la Grand Voile, un ris dans le Génois. Logos file 8N, 9N, vent bon plein, et remonte rapidement les cinq autres voiliers partis avant nous avant de se placer définitivement en première position… tel maître, tel bateau !!! Logos surfe sur les vagues avec son capitaine aux commandes, l’équipière ne dit rien… C’est déjà un bon point ! Première nuit puis une longue journée à guetter d’éventuels dauphins ou tortues de mer ! Nous longeons allégrement la côte ouest de l’île de Chypre. Le soir commence à tomber lorsque nous apprenons par radio que la marina de Larnaca ne pouvant soudainement accueillir que cinq voiliers sur les 15 prévus, seuls les 4 premiers et le voilier référant se rendront directement à l’étape prévue, les autres devant se répartir entre les deux autres ports de la côte sud.
Après les voiliers partis le jour précédent et sans doute déjà appontés, Logos est le premier de l’escadre, il continue donc sa course, voiles croisées jusqu’aux lumières de Larnaca pour finir au moteur, grand voile affalée avec le vent dans le nez. Nous apprendrons par la suite que le rappel des bateaux partis en début de nuit ne se justifiait pas, la tempête n’était pas prévue pour notre zone de navigation.
Il est 2 heures du matin lorsque nous pénétrons dans l’avant bassin de la marina, sourde à nos appels VHF… Nous avions oublié que nous n’étions plus en Turquie où l’accueil est assuré 24h sur 24. Un veilleur de nuit chypriote … ça dort ! Un haut mur extérieur semble pouvoir nous accepter et l’absence totale de vent nous permet d’assurer Logos et de prendre quelque repos, surpris de ne pas voir le voilier leader pointer le bout de son étrave… et pour cause, parait-il fatigués, ils ont préféré s’arrêter dans la marina précédente sans prévenir personne. Étrange comportement pour un responsable qui se doit de démêler au plus vite une situation imprévue et pénalisante pour tout le monde et qui est habituellement présent à l’excès sur la radio VHF.

Samedi 2 mai 2008 CHYPRE : LARNACA
« Quel accueil … ! »


8 heures, réveil un peu brutal, un « cabot » aboyeur nous intime l’ordre de nous rendre immédiatement au bureau des autorités pour présenter nos papiers et effectuer les formalités d’entrée… étrange, nous sommes à l’extérieur de la marina et dans l’impossibilité d’escalader le haut mur auquel nous sommes attachés… Je n’ai, parait-il, qu’à sauter… malgré mon grand âge… C’est tout à mon honneur, il ne me voit donc pas si décatie que cela !
Cause toujours mon bonhomme, sourd à ses menaces, nous avisons un quai où nous pouvons apponter Logos, accueillis par « Ride of a Life Time » et « Kunjani » deux des voiliers partis avant nous et bientôt rejoints par « Mac 6 » qui eux avaient choisis de rester au mouillage pour la nuit.
Nous allons donc pouvoir faire bloc et résister aux imprécations de l’employé ayant surement des rancœurs, peut-être pas envers les français, mais assurément envers les turcs. Comment, sous la bannière du rallye mentir sur notre point de départ !!!
Rancœur confirmée par le douanier qui taxe chaque bateau de 60€ sous prétexte que nous le déplaçons un week-end et le tirons du doux confort de son foyer. Argumentation, amabilité, rien n’y fait… nous sommes persuadés que ce cher monsieur et tout le staff douane de Chypre Sud ont bien fait d’en profiter car après appel fait auprès des autorités navales de la Haute Commission Chypriote à Londres par « Resolute », de telles pratiques (proches de l’arnaque) ne devraient plus être possible dans un avenir proche.
Quel accueil ! Tous les zygomatiques gelés, exception faite, il faut le dire du jeune policier et du manager de la marina que nous ne pourrons rencontrer que plus tard. Nous avions l’air de rescapés d’un naufrage sans nouvelles du chef qui ne devait arriver que dans l’après midi, frais et dispos. AMBIANCE !!! PAROLES RECONFORTANTES !!! TOUT VA S’ARRANGER !!!
Taxés et pas de place en marina, nos compagnons d’infortune éparpillés par paquets de cinq tout le long de la côte…. Tu parles d’un Rallye !!!
Heureusement que deux équipages libanais des voiliers « Nour » et « Sea Spray » nous annoncent un meilleur accueil à Jounieh !
Deux autres équipages épuisés nous rejoindront tard en soirée après avoir, eux aussi, effectué une trace directe depuis la côte turque.


Dimanche 4 mai 2008 : CHYPRE : LARNACA
« Bamboo est revenu ! »

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« Bamboo » un drôle de nom pour un sauveur au tempérament un peu plus conciliant que le cerbère de la veille. Tout à coup des appontements libres sont découverts dans la marina, miracle de Saint Lazare, Patron de Larnaca, crainte de débordements d’une situation qui s’envenimait d’heure en heure ?
Nous sommes donc, les uns après les autres, admis dans la marina, étrangement attachés à un haut pieu avec des amarres disponibles. En fait, dans notre secteur, trois voiliers dont Logos occupent la place d’un gros yacht ; donc un seul pieu pour trois… scabreux mais puisque nous partirons tous ensemble ! Nous ne sommes encore que 7 sur 15…

C’est avec plaisir que nous effectuons une petite promenade dominicale en ville, juste pour prendre l’ambiance et avoir un aperçu car tous les magasins sont fermés. Tout est très calme, le temps toujours frisquet et, peut-être, l’absence de touristes ne permet pas à cette importante station balnéaire de s’animer.

Lundi 5 mai 2008 CHYPRE : LARNACA
« Les Piéridès, une famille de mécènes »
En attendant le gros de l’escadre, nous commençons à nous approprier Larnaca en effectuant une visite au Centre du Tourisme, très riche en documents de toutes sortes en langue française et en cartes. Nous avions shunté Larnaca lors de notre dernier passage car trop tristement « touristique » à notre gout avec son front de mer, grande promenade et hauts hôtels. Il nous va falloir composer avec et apprendre à y trouver nos marques, domestiques, culturelles ou sportives.

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Après avoir admiré la richesse florale du square proche de la marina, bougainvillées, hibiscus et jacarandas rivalisant de couleurs flamboyantes, c’est vers une élégante demeure de bois, style suédois que nous dirigeons nos pas pour y découvrir le musée Piérides présentant une belle collection familiale accumulée depuis plusieurs générations. Que de trésors racontant l’histoire de Chypre de l’époque Néolithique au Moyen Age, préservés des revendeurs d’Antiquités par la même famille depuis 5 générations.
Poteries, statuettes, dont la représentation de la déesse frappée sur les pièces d’un et deux euros, verreries, sont présentées avec élégance et clarté et PHOTOGRAPHIABLES sans qu’un cerbère ne vous rappelle à l’ordre.

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Les voiliers dispersés le long de la côte sud de Chypre, sont attendus aujourd’hui. Nous sommes tous prêts à les accueillir dignement, encore dubitatif quant aux bonnes raisons invoquées par les autorités pour nous disperser ainsi. Les amarres sont lancées et fixées au quai à l’extérieur de la marina. Les équipages sont heureux de se retrouver, mais les nouveaux arrivants ne cachent pas leur inquiétude quant à leur appontement dans la marina, peu confiants en l’abri offert par ce quai en cas de vent fort. 
« Soleil sans Fin », comme d’habitude, se veut rassurant… Patience, diplomatie sont nécessaires certes, mais quel étrange accueil pour un Rallye où tout devait être organisé.


Mardi 6 mai 2008. CHYPRE : LARNACA
« À bicyclette sur le Lac Salé »


Un début de journée en chanson à bord de « Résolute », peut-être en l’honneur de notre Aurélie qui va souffler 34 bougies. Elizabeth, en chef de chœur, a décidé de former une chorale restreinte pour chanter ce qui doit être l’hymne du Levante Rally, dont le titre est évocateur : « Nous sommes nés sous les étoiles » (traduction car l’hymne se chante en anglais…). Un moment agréable et prometteur.

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Les équipages d’« Otium » et de « Mach 6 » nous ont gentiment invités à nous joindre à eux pour un circuit en bicyclette autour du « Lac Salé », grande étendue d’eau à l’extérieur de Larnaca.

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Un seul impératif, penser à rouler à gauche… reste de l’occupation anglaise. Sur la promenade qui borde la longue plage de sable colonisée par parasols et chaises longues (très ventée en cette saison), pas de problème, puis le petit port de pêche et nous voici au bord d’une vaste étendue couverte d’une épaisse croute de sel sur laquelle nous nous aventurons à pied, l’absence de pluies ayant asséché la surface du lac. Pas d’oiseaux migrateurs, pas les flamants roses annoncés, mais un étrange spectacle. Un chemin paysagé le long du lac, nous mène jusqu’à l’imposant aqueduc construit au 18eme siècle pour suppléer à un manque d’eau, 33 arches différentes et un bel ouvrage d’art. Nous aurions pu arrêter là notre circuit, mais la curiosité de voir de près une petite mosquée, isolée sur une rive du lac, loin de toute civilisation est plus forte. Plus de route, plus de sentier… un chemin caillouteux et le lac. Pierre, encouragé par son expérience sur le lac de Tibériade, mais cette fois-ci à bicyclette, choisit le lac partiellement asséché, voie la plus courte. Sagement, nous avons opté pour la rive… mais peut-on demander à Pierre d’être sage…

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Une jolie petite mosquée en pays Chrétien orthodoxe : Hala Sultan Tekke, nichée dans un jardin paysagé de cyprès et de palmiers nous accueille. Destiné à protéger la tombe d’Um Haram, femme proche de Mahomet, ce lieu sacré musulman, un des plus importants pèlerinages après la Mecque et Médine, dégage par sa simplicité, beaucoup de sérénité.
Nous avons été récompensés de nos efforts. Nous aviserons demain pour les douleurs après ce circuit de quelques 18km.
Premier Pot-Luck Chypriote devant Logos… une nouvelle pizza !

Mercredi 7 mai 2008 : CHYPRE : Larnaca.
« Visite guidée … insupportable »
Une visite guidée de la ville est offerte chaque mercredi par la Municipalité de Larnaca. Pourquoi ne pas en profiter… Insupportable ! Menée par une anglaise « chypriote » sans voix, animée par une forte haine contre les Chypriotes turcs du Nord de l’île. Malgré nos chapeaux d’aventuriers qui nous font rapidement remarquer, nous nous éclipsons. De toute façon nous aurions rapidement été odieux.

Direction le Musée Archéologique, situé dans le Larnaca résidentiel aux élégantes villas fleuries. Un bâtiment moderne, assez impersonnel en apparence, où nous pouvons admirer poteries, statuettes, ivoires ciselés et étranges ancres de pierre dont le maniement devait être une épreuve de force. Pierre admire une belle presse à raisin, rien d’étonnant en cette île où le vin aurait peut-être été créé. Photos interdites mais la présentation des pièces muséologiques, trop laide, n’appelle pas le déclic furtif.
À la marina, un hôte de marque voisine avec Logos, le Yacht « Cap de Quers » battant pavillon espagnol. 44 mètres, 35.OOO litres de gas oil, 5.000 litres d’eau… WHO ???


Jeudi 8 mai 2008 : CHYPRE : Larnaca
« Une journée pourrie »
Partis pour une longue promenade, un ciel menaçant nous fait rapidement rejoindre Logos pour n’en plus sortir de la journée, pris sous un déluge de pluie, grêle, avec éclairs et coups de tonnerre. Du grand spectacle. C’est le Lac Salé qui va être content. Pas besoin de laver Logos, le ciel s’en est chargé. Pas de papotages sur le ponton, chacun reste sagement à l’abri et bricole… Il y a toujours quelque chose à améliorer ou réparer. Bonne soirée avec le film d’animation « Team America », une amusante satire de l’état américain, qui nous ferait presque oublier que les acteurs sont des marionnettes.


Vendredi 9 mai 2008 : CHYPRE : Larnaca.
« Un circuit pieux »

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C’est à Larnaca, autrefois appelée Kitium, que Lazare, ami du Christ est venu chercher refuge après la mort de ce dernier. Une belle église-monastère, construite sous l’empereur byzantin Léon le Sage, là où fut retrouvé son sarcophage de marbre, rend hommage à celui qui, nommé évêque par Saint Barnabé et Saint Marc, est devenu le saint patron de Larnaca. Une crypte et une ancienne icône du début du 18e siècle honorent Saint Lazare.
Nous sommes dans le vieux quartier de Larnaca, objet de restaurations qui sauront mettre en valeur, monuments, anciens arsenaux et entrepôts abritant artisans et boutiques de souvenirs.
Quelques tours de pédaliers et nous voici devant une étrange église souterraine avec deux petites salles : l’église Faneromeni, autrefois tombe païenne phénicienne. Ses pouvoirs magiques dans le domaine des guérisons ,si l’on en juge par les nombreux ex-voto de cire et tous les petits morceaux de papier ou tissu témoignant d’un souhait, en font un lieu de pèlerinage.
Une grande église moderne jouxte cette minuscule chapelle, plus pratique pour les dévotions.

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Samedi 10 mai 2008 : CHYPRE : Larnaca.

« Un petit marché à la turc »


Le samedi matin, les petits producteurs de la région se regroupent sur une place du vieux Larnaca, une belle occasion pour nous de faire un avitaillement de fraîcheurs comme nous les aimons.
Beaucoup de pittoresque, de beaux produits frais : melons, tomates, avocats, cerises. Certains affichent des prix touristes… pas pour nous !
Une soirée diner dans un restaurant dit célèbre : « Black Turtle »… trois instrumentistes, quelques pas de danse… une bonne ambiance.

Dimanche 11 mai 2008 CHYPRE : Larnaca
« Festival des Fleurs : Anthestiria en l’honneur de Cers ! »

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« Cers » nos chers amis « tour du mondistes » ont un peu accéléré leur remontée d’Israël pour nous rencontrer et c’est avec une émotion non dissimulée que nous prenons leurs amarres, remplis d’admiration pour ce qui, pour nous, tient de l’exploit. Difficile d’imaginer tout ce que Monique et Jean-Claude ont dans les yeux. Pour l’instant, le bonheur de nous retrouver. Tous deux sont magnifiques et peuvent débuter joyeusement leur séjour chypriote après avoir satisfait sans bourse déliée (nos conseils sont plus fiables que ceux de « Soleil sans Fin ») aux formalités d’accueil.
Pour célébrer l’arrivée du printemps et le renouveau de la nature, les anciens grecs organisaient une fête perpétuée ici par les écoles et groupes de jeunes de Larnaca. De nombreux chars décorés d’œillets défilent sous nos yeux : poisson, hippocampe, avion, Mary Poppins, Eros, accompagnés par des groupes de danseurs ou musiciens déguisés. Une féerie d’œillets qui pourrait rappeler Nice et une belle ambiance  grâce au dévouement d’enseignants ou d’animateurs.
Et pour finir, un feu d’artifice que nous apercevons depuis « Tresigny » où tout le monde a été convié à un apéritif dinatoire. Un bon début pour nos Cyprianais.


Lundi 12 mai 2008. CHYPRE : LARNACA
« Avec Cers »
Familiers de la marina et de Larnaca, nous initions Monique et Jean-Claude et leur présentons les lieux importants. Monique peut faire provision de documents sur Chypre pour compléter son, sans aucun doute, imposante collection.

« Cers » a trouvé place dans la marina et il nous est facile d’y aller papoter devant un verre. Pierre et Jean-Claude parlent technique, Monique, pour m’encourager à créer, me montre son importante collection de perles…
Des nouvelles inquiétantes parviennent du Liban : aéroport fermé, centre de Beyrouth bouclé… encore une étape compromise. Pour l’instant nous ne songeons qu’à la misère des gens qui débarquent dans les gros bateaux moteurs, payant très cher leur passage Liban-Chypre, événement couvert par la presse locale.

Mardi 13 mai 2008 : CHYPRE : de Larnaca à Paphos.
« Chaque minute perdue est un verre de vin en moins »

Première excursion chypriote pour nous, à laquelle se joignent Monique et Jean-Claude. Certes nous connaissons déjà tous les lieux proposés, mais nous ne voulons pas avoir trop l’air de snober le groupe et la visite d’une cave viticole étant au programme, c’est pour nous une bonne occasion de compléter notre réserve.

Nous sommes heureux d’arpenter le site archéologique de Paphos avec nos amis et d’admirer ensemble ces mosaïques toujours aussi belles. Le petit port de Paphos offre toujours aussi peu d’appontements, un quai semble maintenant permettre un accès plus facile le long de la digue extérieure, mais notre plateforme si agréable a disparu… notre couple de goélands a du être bien triste…
Montée vers le nord en longeant la belle route côtière. Un petit restaurant nous attend avant la visite de la cave Vasilikon où une dégustation nous est offerte. Nous nous contenterons de deux bouteilles de blanc, notre fournisseur du voyage 2004 étant prévu pour la prochaine excursion.

 

Mercredi 14 Mai 2008. CHYPRE : Larnaca.
« Escale libanaise très compromise »
Une journée repos, à l’écoute des évènements au Liban. Du vécu en direct et pas vraiment de problème de communication, les libanais parlent parfaitement le français.
« Resolute » met à profit cette pause pour peaufiner la construction du mat de « Rascal » destiné à être gréé en voile latine. Il est si excité à l’idée de régater avec Christophe dont l’annexe est déjà prête à se transformer en « Optimist ».


Jeudi 15 mai 2008. CHYPRE : de Larnaca à Kikkos Monastery.

« 14 personnes, 219 bouteilles ! Tant de vin en si peu de temps »

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Une nouvelle journée d’excursion dans les monts des Trodoos où est niché le célèbre monastère de Kykkos, à 1150 mètres dans la vallée de la Marthasa. Après avoir quitté l’autoroute menant à Nicosie, l’ascension dans les Trodoos est superbe, la route serpente dans les forêts de pin en laissant apercevoir de coquets villages en terrasse et de nombreux monastères. À l’entrée du monastère, pas de cerbères imposant aux hommes en short le port d’un pantalon long (loué à l’extérieur par un colporteur, il y a 4 ans). Pierre peut, cette fois-ci, effectuer la visite que j’avais faite seule et photographier icones et mosaïques modernes. L’icône miraculeuse de la Vierge Marie, rescapée de trois incendies, bien cachée sous une protection d’argent et recouverte d’une draperie échappera à l’objectif, de même que le musée où tout appareil photo est prohibé ! (pas de photo, pas de visite).
Premier arrêt vignoble : Linos Winery, où nous retrouvons avec plaisir la maman de Georges, ce dernier étant en formation d’œnologie. Les cubis s’entassent à bord du van, tellement plus pratiques pour la vie à bord que les bouteilles.
Un très pittoresque restaurant a été sélectionné par l’agence de tourisme, un nid de verdure géré par la même famille depuis plusieurs générations où nous pouvons admirer d’anciens instruments agraires.
Paré verres et petits canapés pour la dégustation… du bon vin certes, mais une dégustation difficile au sortir d’un repas. De belles étiquettes, une production conséquente de 50 000 bouteilles par an et pour nous 3 bouteilles.
C’est à la Cave Nikolettino que nous achevons la journée. Nous pourrons jeûner le soir. Apparemment, tout le monde a bien résisté. Pas de « Tamalou » dans le groupe. Même l’arrêt imprévu à l’église anglicane où Saint-Paul a été flagellé que nous avons réclamé est bien accueilli.


Vendredi 16 mai 2008. CHYPRE : Larnaca
« La cave de Logos »
Introduire cubis et bouteilles, c’est bien, mais après il faut savoir gérer les rangements dans un petit espace… presqu’une matinée sera nécessaire pour la manutention et l’organisation.
Cela console un peu des nouvelles toujours alarmantes en ce qui concerne notre navigation jusqu’au Liban…, tout est invoqué : insécurité, impossibilité d’être accueillis en marina, refus des compagnies d’assurances de garantir un voilier se rendant dans un pays dit « en guerre ». Qu’adviendrait-il alors de notre circuit en Syrie prévu depuis le Liban, les conditions d’accueil de nos voiliers dans le port syrien de Lattakia ayant été jugées trop précaires par l’organisateur alors que cette escale était prévue au programme initial ?

L’ambiance commence à se gâter, mais « Soleil sans Fin » se montrant rassurant et affichant une volonté de bien faire, chacun se veut encore confiant et cherche dans le côté apparemment convivial de ces pot-luck où petits plats et boissons sont mis en commun, l’assurance que « tout sera pour le mieux dans le meilleur des mondes ». Quelques chansons accompagnées à la guitare par Elizabeth et les  problèmes et interrogations sont remises au lendemain…


Samedi 17 mai 2008. CHYPRE :Larnaca.
« Tout et rien »
Une de ces journées où on se laisse vivre en attendant une belle soirée à bord de « Cers »


Dimanche 18 mai 2008. CHYPRE : Larnaca
« Un marché bazar chinois »

Un grand marché nous a été annoncé à l’est de Larnaca. Pourquoi pas un but de promenade à bicyclette ? Nous découvrons le port avec ses raffineries, le boulevard périphérique… pour finir au milieu de nulle part, dans un terrain vague où se pressent piétons et voitures, espérant sans doute découvrir la bonne affaire dans ce bric à brac essentiellement vestimentaire, importé directement de Chine… 7 km aller, 7 km retour. Un bon exercice.
Christophe, pour tromper l’ennui, a toilé son annexe et s’exerce aux virements de bord. Il va falloir que Kim s’entraine sérieusement avec un tel adversaire. Il faut dire que cela va faire presque trois semaines que nous sommes à Larnaca… un peu longuet pour des marins !

Lundi 19 mai 2008. CHYPRE : de Larnaca à Nicosie.
« Lefkosia et Nicosia : toujours deux villes distinctes ! »

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Nous n’avions pas visité le côté chypriote grec de Nicosie. Un bus s’arrêtant juste devant la marina nous offre la possibilité d’une visite en compagnie de Jean-Claude et Monique. Cette fois-ci pas d’autoroute, mais une route nous permettant de découvrir les paysages de Chypre dans leur variété. Même les parties un peu désertiques ont un certain charme.
La banlieue sud de Nicosie semble assez cossue avec de nombreuses banques, compagnies, magasins de luxe. Nous sommes loin de la misère perçue dans Nicosie chyprio-turc en 2005. Nous débarquons dans la partie ancienne de la ville, fortifiée de hautes murailles vénitiennes

Notre premier objectif, le musée archéologique, ne sera pas atteint, pour cause de fermeture. Déception compensée par la visite du Musée George et Nefeli Giabra Pierides à l’intérieur d’un luxueux bâtiment moderne. Au rez-de-chaussée, une belle exposition de photographies, à l’étage, dans un cadre aéré de très belles pièces témoignages de l’histoire de Chypre, dont de très belles poteries mycéniennes, et de petits sujets de terre cuite appelés « Temple boys ».
Sur notre trajet, l’église de Faneromini, construite en 1872, spacieuse, très claire avec une belle iconostase et une riche croix d’argent. Une belle atmosphère, loin de l’ambiance souvent étouffante de nombreuses églises orthodoxes.

 

 

La zone piétonne nous conduit à l’ancien quartier du peuple ou « Laïki Geitonia » , aujourd’hui restauré tout en préservant l’ambiance du passé.
Le mur séparant les « deux » Nicosie a été aménagé pour permettre un passage plus aisé aux piétons riverains ou aux visiteurs, mais une carte d’identité étant nécessaire pour le passage, nous devrons faire marche arrière, Monique et Jean-Claude ayant laissé la leur à bord. Nous ne saurons donc pas si, en trois années, Nicosie a pu bénéficier du même essor que Lefkosia… !


Mardi 20 mai 2008 CHYPRE : Larnaca
« Pas de Liban, la Syrie en avion !!! »
Cela tourne au vaudeville, ou au cauchemar… Nous ne mènerons nos voiliers, ni en Syrie, ni au Liban, mais directement en Israël à Herzliya !!! Du plus mauvais comique, loin du programme alléchant pour lequel nous nous étions engagés avec de courtes navigations et de nombreuses escales et toujours de bonnes raisons qu’une partie d’entre nous s’efforce de croire… La réunion qui prépare ce voyage est houleuse, mais la tentation de visiter la Syrie l’emporte sur le doute et la rancœur. Seuls 4 équipages refuseront ce nouveau plan Syrie par mécontentement de devoir laisser leur voilier et refus d’accepter un budget en augmentation constante.
Le procédé nous gêne, mais nous savons que, pour nous, l’occasion de connaître la Syrie, déjà court-circuitée au précédent voyage pour absence de visa, ne se représentera peut-être pas.
Envol samedi 23 pour Damas... juste le temps de potasser un peu et de préparer les bagages.


Mercredi 21 et jeudi 22 mai 2008 : CHYPRE : Larnaca.
« Le moins on navigue, le plus on boit… » (Pensée hautement philosophique de Pierre tandis que je m’affaire !)
Nous préparons Logos à un abandon d’une semaine, pas un abandon total puisque Tresigny et Mach 6 seront là pour le surveiller. Marie-France s’occupera de nos plantes qui nous accompagnent depuis plus d’un mois.


« Cers » convaincu, s’apprête à rejoindre la Turquie pour hiverner à Marmaris. Nous nous retrouverons à Saint-Cyprien.