Mise à jour : 2015

___ Les carnets de bord de Martine___

Année 2007

1ère partie

Marmaris, Rhodes, Karpathos, Crète

 

Du 4 au 13 Mai 2007YACHT MARINE, Marmaris, Turquie
«  Notre saison 2007 se prépare »


C’est à Roissy que commence notre saison avec l’enregistrement de nos bagages et leur pesée.
Cela peut faire sourire mais seulement 40 kilos autorisés lorsque vous regagnez un voilier hiverné, avec complément d’outillage pour remplacement ou amélioration, c’est vite atteint et, à 10 euros au moins le kilo excédentaire (certains ont dû régler jusqu’à 18 euros par kilo en plus !!!), cela angoisse un peu, d’autant que nous sommes aussi bien chargés du côté des bagages cabine.
Mais Marie était là… heureuse voyageuse sans bagage… - hé oui ! Cela existe ! - qui nous a gentiment offert ses 20 kilos, nous évitant ainsi toute taxation supplémentaire… Un grand merci et la promesse d’une rencontre lorsque nous passerons à Bodrum en voilier.
C’est au petit jour que nous avons pu retrouver Logos, bien soigné et même embelli par l’équipe Nokta, le vieux vaigrage de la cabine avant a été remplacé par un beau revêtement de lattes de bois, le plancher du carré, complètement repris, n’a jamais été aussi beau et une petite collation nous attend à bord, nous permettant d’attendre un avitaillement au petit supermarché après quelques heures de sommeil.

Dernières mises au point, raccordement des durites de refroidissement du moteur, révisions avant la mise à l’eau prévue dès le lendemain pour nous éviter ces escalades sportives et le manque de confort de la vie aérienne sur ber. Grande agitation sur le vaste terre-plein, les lifts se succèdent sans interruption tant le nombre de bateaux à mettre à l’eau est grand.

Le lendemain, nous sommes prêts, mais ce n’est qu’à 23 heures, à la lumière des projecteurs, que Logos et ses passagers retrouvent le doux contact de l’eau. Le moteur tourne, pas de fuites intempestives. Direction le ponton OSCAR… nouveau ponton gagné sur la baie et l’impression d’être déjà au mouillage, avec 18 mètres sous la quille !!! (Ne rien faire tomber à l’eau). Dans notre voisinage, d’immenses voiliers qui l’on aimerait bien croiser toilés, et de nombreux yachts… il est des moments où on se sent tout petit.
Pierre s’active aux derniers préparatifs ; je range, il dérange à chaque sortie d’outils… Il en est de même sur tous les voiliers voisins et ces dames ont un discret regard « entendu ». Toutes sont stoïques, même Évelyne qui se trouve confrontée à une important fuite de gas-oil dans le bateau, ou Marie-France dont les planchers baignent dans l’eau !!!

Ces Messieurs sont très heureux de se retrouver pour échanger conseils, tuyaux. Presque tous sont au rendez-vous : Phrynée, Bégonia, Freedom, Manifango, Melody III, Trésigny… même Lucky Jo, toujours en partance pour ailleurs… Peut-être le Brésil. Et Noa qui vient présenter sa petite sœur Maya, voilier qu’Ilan vient d’équiper d’une voile révolutionnaire qui fera peut-être paraître nos gréements actuels totalement désuets à nos petits enfants, mais facilitera beaucoup leur navigation.
Quelques apéros et repas très sympathiques, des projets de route très différents pour chacun : les Cyclades, Istanbul, de proches baies pour tout simplement profiter de l’air du temps… On parle de l’île de Crète, destination rarement envisagée, car réputée très ventée.

Toujours les mêmes attentions des responsables de la Marina. Cette année la rose rouge distribuée pour la fête des Mères internationale (3 semaines de décalage avec nous) est remplacée par un œillet rouge… Dommage, comme les grandes artistes… (et Mimy), je n’aime pas les œillets, sauf ceux de poète… Généreuse, je l’offre… à une voisine ravie !!!

Peu avant notre départ, « Facétieuse », notre annexe qui résistait aux réparations de Pierre et s’entêtait à se transformer en piscine est abandonnée sur le tarmac, à disposition… et remplacée par « Second Hand », un Plastimo blanc et bleu qui se révèlera beaucoup plus docile.
Le frigidaire est rempli, la route vers la Crète est préparée via Rhodes et Karpathos. Il est temps de larguer les amarres et de commencer notre vie de nomades maritimes.

14 mai 2007 : de Marmaris à Rhodes
« Premières manœuvres. »
8h15, salués par l’équipage de « Jason » du Pouliguen, nous effectuons nos premières vraies manœuvres, anxieux de retrouver nos automatismes.
Grand calme dans les airs et sur l’eau. C’est donc au moteur que nous allons parcourir les 20MN qui nous séparent du port de Rhodes, en ne croisant que le ferry Rhodes-Marmaris et deux voiliers. Nous sommes encore loin du va et vient des bateaux de la haute saison. Moment de solitude en mer qui se savoure.

Même le port de Rhodes que l’on n’aborde jamais sans une petite angoisse est accueillant. C’est au son des «  Enfants du Pirée » joué maladroitement à l’accordéon par un  jeune garçon en quête de pièces de monnaie que nous trouvons place au vieux ponton de bois, appontement sans confort, totalement délabré, mais au cœur de la vieille ville et loin des « embrouilles » du plongeur professionnel qui emmêle les ancres…
La vieille cité est toujours aussi pittoresque, témoignage séculaire de la présence des Chevaliers de l’Ordre de Saint Jean… dont les constructions ont été plus chanceuses que le célèbre « Colosse », remplacé sur deux cerfs gardant l’entrée du port.
Notre situation nous permet pour la première fois une visite nocturne, jusque dans les douves désertes… un peu flippant !

15 mai 2007 : Île de Rhodes –du Port à la baie de Lindos.
« Premier bain. »
De nombreux voileux nous ont vanté les charmes de la baie de Lindos, distante de 24 MN. Elle mérite donc une escale sur notre route.
Une côte tristounette où se dressent de nombreux hôtels, type Costa Brava , et puis, peu à peu, le relief s’accentue, les masses rocheuses s’élèvent, la côte sauvage prend le pas sur l’anarchie touristique.

Un cap plus avancé, une citadelle ocre dressée au dessus d’un village dont les maisons blanches semblent avoir cherché sa protection, et c’est l’entrée dans un magnifique lagoon, gardé par deux ilots. « Fancy Dancers » et « Smile », deux voiliers rencontrés à Yacht Marine sont déjà ancrés, les « Day-Trippers » ayant pris possession du petit quai. Premier mouillage 2007 pour Logos, premier bain pour ses passagers qui ne peuvent résister à cette eau émeraude, malgré la crainte des premiers frissons… seulement 22°C et frissons vite oubliés.
Après-midi contemplative devant la beauté de ce village niché au pied de cette majestueuse citadelle, en attendant la fraîcheur du soir et le départ des touristes, pour entreprendre à notre tour l’ascension vers la forteresse des Chevaliers de St. Jean sans avoir recours aux ânes qui, pour 7 euros, hissent les touristes sans efforts jusqu’à l’entrée.
De là-haut, la vue est grandiose, nous pouvons même apercevoir la baie où Saint Paul (difficile de ne pas suivre les traces de ce grand navigateur) accosta après un naufrage, une sorte de petit lac fermé dont il a dû apprécier le calme.

Dans l’enceinte de la forteresse se dresse l’Acropole d’un ancien sanctuaire en l’honneur d’Athéna Linda, objet d’importants travaux de restauration financés par la Communauté Européenne.
C’est par les ruelles de la vieille ville, au pavage de galets noirs et blancs, que nous regagnons la côte - sans oublier la visite à la petite église de la Panaghia (Vierge) ornée de belles fresques et d’un sol lui aussi de galets … du encore jamais vu. Un coup d’œil aux inévitables échoppes pour touristes… artisanat local venu directement de Chine ! Dommage de gâcher ainsi de belles façades.
Grande angoisse au retour au bateau, les coffres se remplissent d’eau … Premièrement : goûter : elle est SALÉE !!! Deuxièmement : pomper tout en réfléchissant pour découvrir enfin, rassurés, qu’il s’agit de la pompe à eau de mer qui a rendu l’âme. La fermeture de la vanne nous permettra de passer une soirée romantique à contempler le château éclairé.Les grands travaux peuvent attendre le lendemain.

16 mai 2007 : ÎLE DE RHODES « LINDOS »
« Premiers oursins. »


Pas de coq pour nous réveiller, mais un concert un peu confus de sons de cloches, bêlements de chèvres, braiement des ânes sans doute pressés de prendre du service. Pas très harmonieux, mais très agréable.
Une pompe neuve, de la famille des « ça peut… toujours servir » est rapidement mise en place. Tout est oublié, les coffres ont même bénéficié d’un petit nettoyage !!!
Il est temps de nous mettre en quête de nos premiers oursins, shorties de rigueur car la température de l’eau ne permet pas une immersion prolongée. Pierre étrenne le superbe shortie très coloré que Jean Perrin lui a offert…TOP !
L’aquarium qui s’offre à nous est magnifique ; de ces bassins où on voudrait faire découvrir le monde sous marin à nos petits enfants : rochers, algues, poissons et de beaux oursins bien cachés qui n’attendaient que nous !  Toujours aussi bons.
Après la sieste, les flancs de Logos s’ornent d’une belle bande bleue latérale, achetée au Crouesty.
Fenêtre météo oblige pour une suite de parcours un peu plus hasardeuse, il nous faudra revenir une autre fois pour continuer notre dégustation.

 

Karpathos et la Crète

17 mai 2007 : De « LINDOS » à « PIGADHIA », île de KARPATHOS.
« L’île où les arbres poussent à l’horizontal ! »

 
L’âne a devancé la sonnerie du téléphone, braiement accompagné du Teuf Teuf du moteur de la barque voisine. Qu’ils sont matinaux ! il n’est pas encore cinq heures et le jour tarde à se lever.
5h30 nous appareillons pour 58 milles.

Au loin, les feux d’un voilier qui semble venir directement de Turquie et prendre la même direction que nous. Nous nous suivrons pendant quelques milles, avant de nous retrouver seuls en direction de Karpathos, rivale de la Crète dans le domaine du vent. Même les arbres ne peuvent lui résister et poussent à l’horizontal.
Pour l’instant le génois nous porte favorablement, avec une accélération à la pointe de l’île de Rhodes et dans le chenal. L’arête de l’île de Karpathos se profile à l’horizon, longue épine dorsale orientée Nord-Sud, un peu sinistre sous ce ciel devenu gris, mais promesse d’un refuge éventuel avant la poursuite de notre route.

 Tout à coup, à l’abri de l’île, le vent tombe, et l’entrée dans le petit port de Pigadhia se fait sereinement, de même que l’appontement, facilité par l’assistance de pêcheurs. Il est 15h30.
Nous pouvons tranquillement songer à l’exploration terrestre de cette île, encore en retrait des circuits touristiques, une de ces îles qui se méritent et conservent encore leur authenticité et leurs traditions.

 Pighadia est un port animé et très accueillant.
Un 4x4 Suzuki Jimmy Sport est réservé pour le lendemain. Pas question de retenir un véhicule ordinaire si nous voulons explorer le nord de l’île, encore relié au centre par une piste (pas pour longtemps !!!)

18 mai 2007 : KARPATHOS « Pigadhia »
« 4 x 4 = 18km »

Cette longue île apparemment austère se révèle rapidement très belle, avec ses villages accrochés dans un paysage rocailleux, assez tourmenté, de maquis, d’oliviers sauvages et de conifères dont la pousse est fortement influencée par le sens du vent. La côte, très découpée, offre des eaux turquoise… aux bons marcheurs, tandis que les bateaux ont préféré se réfugier sur la terre ferme et orner les jardins.

 Et puis, c’est la grande expérience : 18 km de piste chaotique pour parvenir au Nord de l’île, du jamais vu, une vitesse réglementaire de 30 km/h que mon pilote respecte… même sans radars ! Une impression de Kabylie pour Pierre. Cette expérience à la Indiana Jones ne sera bientôt plus permise aux touristes en mal de sensation, tant le réseau routier de Karpathos se transforme et laisse présager une rénovation complète de l’île pour y accueillir de nombreux touristes et, ce, grâce aux investissements des anciens émigrants en Australie ou aux États-Unis. Dommage !

 Pour nous, aujourd’hui, c’est encore la découverte de villages hors du temps, comme endormis où les dames âgées, en costume traditionnel, vous accueillent pour vous proposer les herbes aromatiques récoltées dans la montagne ou quelques colifichets. La redescente par la route côtière Est laisse entrevoir de très belles criques qui restent et resterons malheureusement inexplorées… vent oblige.
129 Km en 4x4 entre mer et montagne, de très belles images parfumées des senteurs du maquis.

Le voilier aperçu au large de Lindos nous a rejoint, passagers équipés comme pour doubler le Cap Horn… un arrêt au Sud de Rhodes leur a valu de naviguer avec 50 Nœuds de vent… et nous apprendrons plus tard que le port de Rhodes et notre baie paradisiaque de Lindos ont été transformés en enfer en quelques minutes, un catamaran y a même coulé… Comme quoi, parfois, il vaut mieux ne pas s’attarder. Échanges de météo avec l’équipage de War Baby, voilier finlandais, confirmation par le coast-guard… Pour une fois que nous leur rendons visite de notre propre chef… : du vent certes musclé, de secteur Sud Est, mais favorable. Il convient d’embarquer pour la Crête demain aux aurores…


 

19 mai 2007 : de KARPATHOS « Pigadhia » à KRITI « Sitia »
« Quand la mer turbule !!! »

5h30. En synchronisation parfaite, alors que nous ne nous étions pas concertés, Logos et War Baby quittent leur appontement pour une navigation de 67 milles. Le vent semble favorable et il faut à tout prix éviter une possible renverse qui rendrait notre progression impossible dans le terrible et réputé canal de Karpathos. La houle est déjà très formée, mais les voiles hissées stabilisent rapidement Logos, fier coursier qui taille sa route : 6,5, 7 Noeuds, avec accélération un peu alarmante au cap… 9N et prise de ris (merci pour celle qui doit alors réaliser la manœuvre de bout au vent… !). Deux routes envisageables, l’une par le Nord de la petite île de Kasos, sécurisante en cas de vent de secteur Sud, l’autre un peu plus courte, par le Sud. Le vent semblant vouloir être bien orienté, nous choisirons cette dernière pour profiter d’un vent d’Est bien portant… mais nécessitant de tangonner le génois… Il est 8 heures. Logos a repris sa vitesse de « croisière » !
L’île de Kasos apparaît comme une masse imposante de hautes falaises tombant à pic dans la mer. Pas un abri de ce côté. Rien qu’un petit port au Nord où il est, parait-il, agréable de faire escale… exception faite des vents de secteur Est, Ouest et Nord !!!

 

 10h 20, la Grand Voile est ferlée, le vent arrière gonfle le génois, mais la mer est tellement turbulente avec ses vagues croisées que Pierre choisit de tenir la barre pour le confort du bateau et le MIEN…

 Logos file, mais les milles semblent un peu plus longs. Ainsi, pendant 5 heures, mon skipper ne déméritera pas, mais c’est avec soulagement qu’il doublera le cap Est de la Crète, parfaitement sinistre sous les nuages et riche en brisants. Nous devons composer maintenant avec 27N de vent dans le nez.
16 heures, nous entrons dans le port de Sitia dont le quai plaisance est occupé par des locaux.

 C’est donc au quai des chalutiers, accueillis par des pêcheurs, que nous appontons Logos, bien protégé et ficelé au cas où… Nous sommes réellement dans l’oeil de la mini dépression qui nous a propulsés jusqu’ici. Ouf ! Pause après 10h30 de navigation.
Ce n’est qu’une heure et demie plus tard que War Baby nous rejoindra, ayant opté pour la route Nord. Une petite touche de fierté face à un équipage de pros… !
Le port de Sitia, aux maisons ocre et blanches, étagées à flanc de colline a un petit look Afrique du Nord. Seule la silhouette de l’ancienne forteresse vénitienne et le dôme de l’église byzantine nous rappelle que nous sommes en territoire Crèto-Grec !

20 mai 2007 : CRÈTE « Sitia »
« Sitia m’était compté… »
Combien une calme et longue nuit est appréciée après une navigation un peu longue et tendue.
Même les appels répétés du Pope pour réunir ses ouailles pour le service du dimanche, n’ont pas réussi à nous sortir de notre douce torpeur.
Surprise, War Baby a déjà appareillé… Rendez-vous ? Recherche d’une marina confortable ? Besoin d’avaler des milles ?

 

 Nous voici les seuls plaisanciers touristes, un chalutier à la proue, un remorqueur à la poupe. Nos pêcheurs sont déjà affairés à ravauder leurs filets sans souci de la pause dominicale… En Crète, comme en Grèce, il vaut mieux être commerçant : fermeture le samedi après-midi, le dimanche, le lundi et le mercredi après-midi…

 Sitia s’est éveillée sous un magnifique ciel bleu et le soleil. Une ville harmonieuse, à l’élégant front de mer bordé de beaux palmiers et de discrets restaurants, sans frontons accroche clients flashy, comme à Saint-Cyprien. Sans doute, ici, les consommateurs préfèrent-ils encore une bonne cuisine crétoise aux sandwicheries et ice-creams venus tout droit des États-Unis. Pour combien de temps encore ?
Après une matinée passée à bricoler à bord, une promenade à la fraîche dans les rues nous permet de retenir une voiture pour le lendemain. La majorité des commerces sont fermés car les boutiques de souvenirs sont rares mais nous apprécions déjà cette ville qui sent le crétois et non le cosmopolite, une ville qui semble encore se préserver pour garder son authenticité.
Les vastes cafés du front de mer se sont animés, mais toujours avec discrétion… bruits de conversations, musique discrète…

 

21 mai 2007 : CRÈTE « Sitia » Circuit Est.
« La Crète en cinémascope… »
Équipés de cartes, guides et appareils photos, nous voici partis sur les traces d’Anne-Marie et Jean-Pierre, nos distingués prédécesseurs… grâce auxquels de nombreux noms de sites nous sont déjà familiers.

 Premier arrêt, le monastère de MONI TOPLOU, monastère fortifié, dont les hautes murailles devaient arrêter l’envahisseur, mais totalement inopérantes devant les assauts des Chevaliers de Malte ou ceux des Ottomans.

 Pour nous, aujourd’hui, un élégant ensemble d’influence italienne par son patio à arcades, sa loggia et le campanile qui surmonte l’église, deux icônes anciennes d’une rare facture, le tout dans un jardin arboré. N.D.L.R. : No photography !!!

 

Un vieux moulin à olives rappelle que, de tout temps, la fabrication de l’huile d’olive a été une des richesses de la partie Est de la Crète, en concurrence avec la vigne.

  

Plus loin, en bordure de mer, la palmeraie de VAI, unique palmeraie naturelle d’Europe prend des airs d’oasis, et nous rappelle certaines plages de Martinique…

 

Pourquoi n’avons-nous pas emporté nos maillots de bain ? Baignade assurée, sans souci de la température de l’eau… tant c’est BEAU. Parc national, aucune infrastructure touristique, à part un petit resto de plage, ne vient gâcher ce paysage et nombreux sont ceux qui y passer la journée… évasion garantie… et bananes cueillies mûres, un rare régal !
  Pour nous, un programme touristique qui doit nous mener au sud de l’île, en passant par le site minoen de ZAKROS. Bientôt, vignes et oliveraies disparaissent au profit de rocailles et maquis. Une route « cinémascope » entre mer et montagne et la découverte, dans un cadre magnifique, de l’ancien palais minoen - 8000m2 - comprenant appartements royaux, lieux de culte, ateliers… une des plus importantes cités, relais entre le Levant et l’Égypte, anéantie par le raz de marée provoqué par l’explosion de Santorin. Il ne présente aujourd’hui que les ruines de murs dont la signification est plus probante en vue aérienne qu’en visite ordinaire.


Nous avons décidé de faire route vers le Sud ; 8 km de piste ne nous font pas peur dans un paysage aussi magique. Les dernières oliveraies disparaissent, la piste serpente dans une zone semi désertique pour surplomber d’impressionnantes gorges aux roches sculptées… encore des images d’Afrique du Nord… puis la découverte d’un petit bout du monde, épargné par la civilisation : XEROKAMBOS, quelques maison et une très belle côte.
Sur le chemin du retour vers Sitia, une halte dans les ruines romantiques d’un petit village vénitien, placé sous la protection de St Georges. Un témoignage de l’installation au 13e siècle de familles nobles en Crète et de leur cohabitation avec les Ottomans.
« Prima », avec à bord Irena et Sepp, est appontée derrière « Logos ». Nos routes sont inverses, ils quittent la côte crétoise pour monter sur Rhodes, nous l’abordons : échange d’informations toujours utiles

22 et 23 mai 2007 : CRÈTE « Sitia »
« Aux sources du vin… »

Un peu de farniente s’impose après le long périple d’hier qui nous a permis d’emplir nos yeux de très belles images. Pas de hâte, il faut laisser le temps à notre courrier de parvenir à l’étape suivante, une marina à Hagios Nikolaos, où nous ne souhaitons pas séjourner trop longtemps, son tarif ayant plus que doublé depuis sa reprise à la commune par une société privée.

C’est avec beaucoup de plaisir que nous flânons dans Sitia, ville paisible qui semble encore se refuser à être touristique pour garder son authenticité. Pas de syndicat d’initiative, un musée archéologique si discret que nous sommes passés trois fois devant sans le voir.
  Nous y serons d’ailleurs les seuls visiteurs et pourrons à loisir admirer d’étranges « baignoires » de terre cuite, en fait des sarcophages, de belles figurines, vases et tablettes provenant du site de Zakros et surtout une superbe statue ivoire et or trouvée à Palekastro (que le musée d’Héraklion n’a pas soustrait).
Une très belle presse à vin minoenne évoque la très ancienne tradition viticole de cette région, célèbre pour ses cépages connus depuis 4000 ans !!! (En concurrence avec Chypre qui prétend aussi avoir inventé le vin !).

 La montée à flanc de colline de ruelles en escaliers vers la forteresse vénitienne nous offre une très belle vue sur le port. Pas de visite car cette vénérable vieille dame ne s’éveillera qu’en juillet et août pour quelques animations culturelles. Les escargots du jardin attenant, eux aussi encore endormis, n’auront pas cette chance puisqu’ils finiront en kémia à bord avec un verre d’Ouzo !!!

 Avec nos chapeaux australiens Barmah, les commerçants commencent à nous reconnaître : la marchande de T.shirts, la boulangère, le vendeur de café et délicates confitures (pardon Hélène de cette infidélité…). Même les pêcheurs nous ont adoptés et l’un de nos repas est largement assuré par une pêche excédentaire. Le maître du port aurait bien aimé en profiter. Iassas ! Pelicanos !

24 mai 2007 : CRÈTE - de Sitia à Lassithi
« Danse macabre de vieilles dames de 650 ans »

En route pour une nouvelle journée d’exploration vers le plateau de Lassithi, plateau à 900 mètres d’altitude, entouré de hautes montagnes dont le célèbre Mont Dikri où Zeus aurait été élevé… !!! Une Hyundai Accent automatique nous attend pour une virée de quelques 300 Kms.

 Tout d’abord, escale technique à la Coopérative viticole en sortie de ville… dégustation de blanc et rouge… pas de possibilité de bag in box, mais quelques bouteilles achetées pour renouveler la cave de Logos … avis aux amateurs !

Une route, bordée de lauriers blancs et roses et de genêts, nous permet de longer le très beau golfe de Mirabello, respecté par un investissement hôtelier très discret (à recommander) en direction d’Hagios Nikolaos. Pas de visite aujourd’hui de ce haut lieu touristique, nous y passerons en bateau. Nous bifurquons à gauche vers Lassithi par le chemin des écoliers pour admirer au passage une petite église byzantine « Panagia Kéra » aux murs et plafond recouverts de très belles fresques, certaines en restauration… un petit air des émouvantes églises de Cappadoce. « No photography ! » une cerbère veille… ce n’est pas connaître Pierre…
Krissa, petit village signalé comme très pittoresque nous déçoit un peu… un artisanat attrape touristes, un amas de ces « souvenirs » qu’on retrouve, à l’identique, partout. Certes ces femmes vêtues de noir sur le pas de leur échoppe inspirent un peu de compassion… il faut bien survivre… survivre oui, mais ne pas perdre son âme !

 

Nous avions un peu « survolé » les deux sites minoens de Zakros et Gournia, n’y voyant qu’un quadrillage de murets de pierres, c’est Lato, ancienne cité dorienne bâtie à flanc de colline, entre deux éperons rocheux, qui aura droit à une visite plus approfondie. Pour ceux qui connaissent… un petit Thermessos (Turquie) de l’époque archaïque, avec acropole, citernes, lavoir... de belles ruines dans un cadre sauvage.

 

Une vaste route avec signalisation et panneau « construction européenne » nous invite à monter directement vers le plateau de Lassithi… belle aubaine… plein gaz … et oh surprise, 2 Km plus loin, le flanc de la montagne se dresse devant nous… un projet avorté pour trop grande difficulté ? Un projet en attente ? Combien ont du faire demi-tour comme nous en cherchant en vain l’information «  sans issue ».

Montée sur l’ancienne route vers Le Plateau… les yeux grands ouverts à la recherche des célèbres petites éoliennes, jolies demoiselles à ombrelles présentées sur les cartes postales.

 Enfin en voici UNE, bien toilée, déplacée pour servir d’enseigne à un restaurant dominant le plateau. C’est l’heure de la pause café après notre pique-nique un peu frugal, une tarte aux pommes maison et un vrai café grec sont les bienvenus face au vaste panorama sur Lassithi. Mais où sont ces Élégantes qui font tourner leur ombrelle au vent pour faire monter l’eau et irriguer ainsi toute une région dite agricole ? Notre vue défaillante nous tromperait-elle ?

Eh bien pas du tout ! c’est une armée en déroute que nous découvrons en empruntant la route qui serpente autour du plateau. Beaucoup sont à terre, toutes rouillées, d’autres dressent encore leurs membres décharnés en une sinistre danse macabre, espérant peut-être attirer la compassion de quelque restaurateur ou marchand de souvenirs. Installées par les Vénitiens pour irriguer une zone marécageuse et faire de ce plateau un grenier pour la population crétoise, ces vénérables dames auront mis 650 ans pour mourir. Aujourd’hui les pompes électriques ont supplanté ces jolies éoliennes… gâchis d’énergie, gâchis d’eau pour une zone qui semble de plus en plus désertée par les jeunes agriculteurs, gâchis historique et peut-être déception des touristes à la recherche de belles images Il faudra que les tour-opérateurs comptent sur l’assistance de Zeus et la visite de Sa grotte pour remplir leurs cars.
Mais, le long d’un chemin creux, ELLES ! Enfin ! Merci aux écologistes qui nous ont tout de même donné le beau spectacle de quelques éoliennes encore vivantes, offrant leurs ailes à la caresse du vent et permis de belles photographies.

 Si près de Zeus et de la célèbre grotte de Dikti où Rhéa le cacha pour qu’il échappe à l’appétit infanticide de son père Cronos, le nourrissant du lait de la chèvre Amalthée… Un petit détour s’impose. Alpagué par un soi-disant gardien de parking… en fait la voie publique… crise d’autorité devant notre refus de payer… nous préférons partir à la découverte des villages de ce plateau, qui, tout comme les personnes âgées rencontrées, continue à survivre en songeant aux temps où ce plateau était terre de rebelles et refuge des révoltés.

De retour au port, « Prima » a été reculé pour cause de travaux et sécurité. Des ouvriers ont entrepris de couler de gros blocs de béton sans doute pour l’agencement du port commercial et semblent maintenant s’activer après une longue période d’endormissement. Pour nous, à part le sable dont ils ont recouvert le quai… tout va bien.

25 mai 2007 : CRÈTE « Sitia »
« Frayeur ! »

« Prima » nous quitte pour Kasos, puis Rhodes, bien équipés car le temps un peu grisaille ne laisse pas présager une croisière bleue. Il est temps pour eux de remonter avant que le vent ne soit contraire.
Pour nous, encore une journée de relâche avec avitaillement prévu pour notre éventuel départ demain. C’est donc sans hâte que nous nous attardons au petit déjeuner, jouissant encore de la vue sur le port et de l’animation des chalutiers. Seul un contremaître a rejoint le chantier et s’affaire sur le dernier coffrage…

 

Tout à coup un fracas épouvantable nous fait sursauter… il vient de laisser échapper dans la mer, à 3 mètres de Logos, juste à l’endroit où se trouvait « Prima », un lourd pan de coffrage. Frissons ! À 10 minutes près !!! Providence !!! Nous n’avons jamais vu un plongeur venir aussi vite pour que le pan soit de nouveau hissé sur la terre ferme !! Irena et Sepp sauront-ils jamais que leur croisière aurait pu se terminer à Sitia.

 

Le frigidaire est plein, nos petits achats à expédier sont faits … nous quitterons Sitia demain pour un très beau mouillage à l’Ouest d’Hagios Nikolaos qui nous permettra de patienter encore quelques jours pour notre courrier.

26 mai 2007 : CRÈTE – de Sitia à Spinalonga
« Où est le petit crachin breton ? »

8h30, nous voici partis pour 23 MN sous un ciel gris. Au passage dans la baie, les pêcheurs plus matinaux que nous nous saluent… nous commencions à faire partie de leurs intimes malgré la barrière de la langue. Moteur pour recharger un peu les batteries et échapper à ce gros nuage noir qui nous menace. Peine perdue… il crève et déverse une pluie battante qui nous oblige à sortir les cirés pour continuer notre progression … Qui ose parler du crachin breton ??? Nos jeans sont trempés, nos chaussures aussi, mais une petite éclaircie à l’ouest nous encourage.

Un petit NW au pré entre 15 et 20 N nous permet d’aérer G.V et Génois et de parvenir sans trop d’inconfort à notre but, le mouillage de Spinalonga, protégé par un cap réputé venté… réputation non usurpée, il est surmonté d’une quinzaine de gigantesques éoliennes !!!

De crainte d’un renforcement du vent à son approche, c’est au moteur que nous contournons l’îlot qui garde l’entrée du lagoon, îlot surmonté par les murailles d’une ancienne forteresse vénitienne (pas difficile, chez nous les fortifications sont Vauban, en Corse les tours sont génoises… Ici, tout est vénitien !!!). Le soleil revenu, l’entrée de Logos est fixée sur la « pellicule » des touristes visitant cet ancien fort transformé ensuite en léproserie.
Impressionnant ce vaste lac très peu profond (entre 3 et 7 mètres de profondeur) pratiquement vide… (Imaginons ce que cela donnerait en France !). Seule la pente continentale est investie par quelques maisons et hôtels.
Une baie rocailleuse et déserte n’attend que nous. Pas besoin de prendre un bout à terre, ni de finasser, ancre en plein milieu, 30 mètres de chaîne et farniente, en attendant la baignade. Eau à 23°C.

27 mai 2007 : CRÈTE « Spinalonga »
« Une nouvelle hampe »

 

Journée mer, baignade, collecte d’oursins si riche qu’elle nous permettra de vivre deux jours sur notre provision et visite de la plage déserte à la recherche de quelque rareté ou bois flotté pour les futures créations persos ou familiales. Nous souhaitions une hampe plus grande pour y fixer un drapeau français plus grand (il faut bien rivaliser avec les britanniques et être fier de nos couleurs)… un superbe manche à balai nous attendait sur cette plage, prêt à être adapté.
Entre les lettres blanches « LOGOS » bien visibles de loin sur l’easy-bag (protège G.V.) et notre drapeau, il est difficile maintenant de ne pas nous repérer. Collecte d’un beau bouquet de thym pour les assaisonnements.
Une belle journée.

 

28 mai 2007 : CRÈTE « Spinalonga »
« Tonnerre de Zeus ! »
Le ciel est un peu gris ce matin. Qu’importe, nous avons notre provision d’oursins !
Une rapide trempette, juste pour dire que nous sommes propres et une matinée «  bricoles ».

13 heures, sans aucun signe annonciateur, nos oursins bien ouverts pour le déjeuner valsent, les verres de blanc crétois aussi. Logos qui se balançait gentiment s’incline comme anéanti par la claque qu’il vient de prendre, met un temps qui nous a paru infini pour trouver le lit du vent, se redresse et vaillamment se met face à cette furie qui pendant ½ heure va souffler, souffler… jusqu’à près de 50 N… pas tellement le temps de noter… Sauve qui peut pour tout ce qui peut être rentré, 40 mètres de chaîne supplémentaire pour aider notre ancre spéciale, moteur au cas où… et puis attente. La pluie succède au vent qui diminue son ardeur… Ouf ! et ainsi, jusqu’au soir, les averses vont se succéder… Zeus se fâche sur les sommets voisins, éclairs, coups de tonnerre, le ciel est en feu et, ce, bien avant le coucher de soleil !!!
D’aucun se consolerait en pensant qu’au moins le pont est lavé… surprise ! Logos est recouvert d’une épaisse couche de sable ROUGE provenant de nous ne savons quel désert. Une vraie dune !!!
Quand je pense que, pour beaucoup, la Crète évoque soleil et belles plages.

29 mai 2007 : CRÈTE « Spinalonga »
« Encore lui ! »
Une nuit calme et tout est « presque » oublié… seulement le souvenir d’un moment d’extrême tension et d’un spectacle céleste impressionnant. Au programme : visite du Lagoon, fermé à l’Est par une longue bande de sable reliant l’île au continent avec route et vieux pont, sans doute site des anciennes salines qui faisaient la renommée du port d’Elounda et devraient être réhabilitées. 4 vieux moulins semblent postés là en sentinelles.

Pas d’appontement possible dans le port d’Elounda, les locaux et les day-trippers, beaucoup plus lucratifs que d’éventuels voyageurs, sont rois. « Logos » est ancré dans la baie et « Second Hand » se niche dans le minuscule port intérieur entre deux pointus pour nous mener à terre. Malgré le tourisme grandissant, Elounda conserve encore une ambiance bon enfant, surtout dans la vieille ville nichée sur un promontoire. Quelques achats sur fond de langue française… c’est fou ce que l’on entend parler français en Crète (les agences crétoises ont dû nous faire des prix) et retour sur Logos pour rêvasser en observant les va et vient des bateaux pour touristes, les jeux de plage et les deux voiliers qui sont maintenant ancrés non loin de nous… instinct grégaire dirait Pierre, besoin de se rassurer ?

Une belle soirée à contempler Elounda.

Vers minuit, bruits de chaîne d’ancre qui rague au fond pour se tendre, sifflement dans les haubans, c’est encore Zeus qui se fâche, colère contre Europe, contre Minos ? L’abri semble bon puisque, contrairement à un voilier britannique ancré trop près du cap, nous n’avons eu à subir que quelques 20 N de vent, contre les 40 N auxquels il a dû faire face (pour la petite histoire, sa maman, âgée de 80 ans était venu le rejoindre d’Angleterre pour quelques jours… Elle a parait-il avoué que la navigation commençait à être trop difficile à son âge !!!).

 

30 mai 2007 : CRÈTE - de Spinalonga à Hagios Nikolaos.
« Vous avezt dit S Tropez ???»

 
Tout sommeille encore lorsque nous longeons la côte continentale, contemplant avec plaisir ce petit paradis qui, dans quelques années, ne présentera que constructions plus ou moins harmonieuses au profit du tourisme. Tout est calme ce matin. Tout le loisir d’admirer la côte et d’y repérer une belle niche occupée aujourd’hui par un autre voyageur… peut-être y dormirons nous lors de notre remontée ?
Le vent est plein arrière, flemme de tangonner pour une si courte distance… : moteur jusqu’à l’arrivée dans la marina d’Hagios Nikolaos située à l’est de la ville et accueil par Stavros, suivis immédiatement par « Sun of Légende », l’infortuné voilier britannique de Spinalonga et petit frère de Logos qui, construit sur le même moule que les Sun Légende 41 pour une compagnie de charter grecque, avait été baptisé à l’origine OUZO 17… Vite, visite au bureau de poste (il y a urgence car, ici comme en Grèce, ils ferment à 14 heures)… Notre courrier est là, merci Jean.

Un peu de nettoyage, un petit tour de ville, pas de grand enthousiasme, trop de touristes et en plus des français partout ! Un petit air de Saint Martin de Ré (d’autres évoquent St Tropez ?), mais tellement vidé de toute vie depuis que le petit port a été interdit aux bateaux, pêche et plaisance… Seuls les P.C ont encore grâce aux yeux de la municipalité. Heureusement qu’il y a ce petit lac, d’une surprenante profondeur de 64 mètres, bordé d’un côté d’une haute falaise, de l’autre de nombreux restaurants, havre de fraîcheur et de paix.

 

31 mai 2007 : CRÈTE « Hagios Nikolaos »
« Les paquets ? C’est en banlieue… »

Le tuyau du livreur de gasoil est trop court. Grandes manœuvres et déplacement du bateau… j’apprécie, surtout lorsque le vent se met à souffler à l’instant précis où nous nous déhalons… voisins sympas sur le pont pour nous aider.
Nos petits paquets sont prêts à être expédiés. Nous voici donc partis pour la poste de la ville où notre courrier nous attendait… mais voilà ! Pierre était allé au courrier tout seul et tout heureux de recevoir sa belle enveloppe, n’avait pas lu l’information portée au dessus de chaque guichet : « All services, except parcels ». D’ailleurs savait-il ce que parcel voulait dire ? N.D.L.R. : Avec ma formation latine, comment puis-je imaginer qu’un tel mot veuille dire colis ? Même les préposées ne savaient pas exactement où nous devions nous rendre… à croire que les Crétois ne font pas d’expéditions !!! Résultat, deux bons kilomètres à pied, dix demandes d’informations toutes plus floues les unes que les autres… un plan inutilisable… pour un peu nous arrivions trop tard !!!

Après-midi bricolage pour Pierre, lavage pour moi facilité par les machines de la Marina… et papotages avec d’autres voileuses à la laverie.

 

1 juin 2007 : CRÈTE - d’Haghios Nikolaos à Spinalonga
« Logos speed boat !!! »

Nous avons prévu de nous approcher au maximum du cap fatidique (ne le sont-ils pas un peu tous ?) pour le passer le lendemain au petit jour.
Une nouvelle fois, nous longeons cette belle côte, tout d’abord au moteur, puis à la voile, en rivalisant avec un catamaran pendant un bout de chemin… devinez qui a gagné. Leur skipper beau joueur nous a salué.

La crique envisagée par Pierre est libre, mais trop profonde et nécessiterait un bout à terre. Pas cette fois-ci, dommage ! elle était superbe.
Une nouvelle soirée et nuit dans Spinalonga, partageant notre baie avec deux autres voiliers (attention au réveil à 5 heures du matin !!).

 

2 juin 2007 : CRÈTE - de Spinalonga à Héraklion
« De Rhabd  -  el - Khandak à Hercule »

5h30, le moteur ronronne déjà, le ciel est clair mais la lune tarde à se coucher, donnant un aspect féerique à ce site qui peu à peu rosit aux premiers rayons du soleil. Débauche de lumière d’un vaste ensemble hôtelier, opposée à l’éclairage encore un peu lugubre de la citadelle. Et devant nous ce cap majestueux qui porte fièrement ces ailes tournantes gigantesques.
Quelques pêcheurs sont déjà à l’ouvrage, présence humaine toujours rassurante.
Une très belle journée s’annonce, pas un souffle de vent et l’impression de regarder un beau documentaire tandis que nous longeons la côte très sauvage, très escarpée. Nous ne retrouverons la civilisation que dans le golfe d’Hersonissou, lieu de villégiature. L’île de Dhia se dresse à notre tribord, avec ses hautes falaises qui n’offrent aucun abri.
Aucun mouvement sur la mer, seul le vrombissement des avions nous annonce qu’Héraklion est proche. Nous assistons, en longeant l’aéroport, à un ballet incessant d’avions charters de toutes couleurs plus ou moins bien réussies. Pourquoi les avions de vacances sont-ils aussi déguisés ???

Une longue digue à bâbord, un avant port commercial et, tout au fond, ce petit port vénitien où nous essayons de trouver place… Plusieurs voiliers étant sortis à notre arrivée, nous n’osons risquer de prendre un appontement personnel pour être délogés en soirée.
Escortés par les petits Optimistes de l’école de voile (un clin d’œil à Arthur !) nous appontons dans le port extérieur au quai des Coast-Guards, un quai si élevé que notre échelle était dressée toute droite… frissons à la montée, frissons à la descente car, en plus, il faut composer avec la houle du plan d’eau, générée par ferries et remorqueurs… plaisirs variés de la vie nautique ! Sans compter les nombreux avions qui survolent le port…
Heureusement, nous sommes à pied d’œuvre pour la visite, gare routière à bâbord, vieille ville à tribord.

Un peu de repos et nous voici partis en bus pour Knossos, distant de 5 kms. Un petit aperçu de la campagne environnante.
Déception à l’entrée du site lorsque nous voulons acheter un billet combiné site et musée archéologique… musée fermé pour deux ans, avec peut-être quelques expositions temporaires à partir du mois de juillet !!!

Belle image pour les touristes qui, par avions ou ferries débarquent à Héraklion pour voir ce haut lieu minoen. Grande déception pour nous, car à part la curiosité et ensuite la possibilité d’exprimer notre jugement personnel, rien de grandiose à Knossos, et surtout rien qui puisse générer une quelconque émotion comme c’est le cas de certains sites. Arthur Evans vous invite à la visite de « son » Knossos. Discutable ou non, reconstitutions de béton, couleurs et copies de fresques nous aident à mieux visualiser ce que pouvait être ce palais cité de Minos. Mais attention : « Don’t touch ! » « Don’t sit »… des cerbères veillent.
Quand à la légende, le Minotaure, Thésée, Ariane et le labyrinthe… c’est une autre histoire !
Un coup d’œil aux copies pour touristes pour nos jeunes futurs archéologues Arthur et Edmond… du plus que cheap inintéressant !



Retour par la vieille ville. Pas de tentation de dépenses, nous sommes samedi après midi. Heureusement que cathédrale et église Ste Catherine (maintenant musée pour icônes) sont ouvertes (No photography !!!).

Encore une fois, grande influence vénitienne dans les façades des maisons, les fontaines, mais aussi présence ottomane dans les minarets, les maisons de bois style, yalis d’Istanbul, trompeuse harmonieuse cohabitation, lorsqu’on connaît les persécutions qu’a dû supporter la population crétoise sous la domination ottomane.

Retour périlleux sur Logos… promis je ne le quitte plus !

 

3 juin 2007 : CRÈTE - d’Héraklion à Rethymnon
« Une hélice dans le sac… »
Un déhalage rapide au petit jour, il est 5h30 et le soleil se lève sur les grues du port commercial. Une belle journée s’annonce et les voiles vont sans doute rester ferlées.
Un léger ralentissement brutal dans le moteur inquiète cependant Pierre qui, dès la sortie du port, malgré l’horaire matinal, se jette à l’eau pour aller vérifier l’hélice… un sac de plastique entrave ses mouvements, occasionnant des vibrations inquiétantes dans l’arbre de transmission. C’est bon, nous pouvons continuer pour 36 milles, tout au moteur, jusqu’à Rethymnon, port gardé par une citadelle.

Pas d’accès au vieux port vénitien. À l’exception d’un bateau pirate pour touristes, toutes les embarcations ont été déplacées vers le secteur marina. Deux grands pontons, équipés de postes eau, électricité tout neufs viennent d’être installés. Deux voiliers sont déjà amarrés dans le secteur plus abrité. C’est donc tout naturellement vers eux que nous nous dirigeons et avons le plaisir d’être accueillis. Pierre se débat avec les pendilles trop courtes et les amarres trop grosses,
Logos est sanglé de crainte d’un coup de vent. Nous voici installés dans un cadre très sympathique, regroupant plaisanciers locaux, pêcheurs et voyageurs, ce qui crée une animation naturelle et nous vaudra une fois de plus un repas de poissons offert !
Nous voici proches de 2 Halberg Rassy dont un 53 pieds américain… nous irons jusqu’à 3… de quoi faire rêver Yves de Bégonia…
Un grand barnum est dressé entre nous et la plage : fête ? foire ?
Nous aviserons demain.

4 juin 2007 : CRÈTE - «  Rethymnon »
« Foire de Paris à Rethymnon »

Angoisse à posteriori : tentative de marche arrière pour retendre les amarres… pas de démarreur… sueur froide et si cela nous était arrivé la veille… Encore un bon ange qui n’a pas conseillé à Pierre d’arrêter le moteur pour rendre visite à l’hélice… supputations … test du réseau électrique extérieur, pour découvrir qu’il s’agit d’un branchement dans le moteur dont une cosse s’est désolidarisée !!! Ouf !

 

Partis pour visiter Rethymnon, c’est d’abord vers le barnum que se dirigent nos pas, accueillis par des machines agricoles (cela nous change des voiliers)… du mobilier, des oliviers, de l’artisanat, un producteur de miel et de vin… Devinez avec quoi nous ressortirons !… Un peu de vin, du raki artisanal et du miel !!
Une agréable visite à la ville par un front de mer dédié aux touristes : nombreux restaurants et boutiques de vacances jusqu’au port vénitien, qui n’est pas sans me rappeler Saint-Cyprien. Là les promeneurs n’ont même pas le droit de longer le quai, priorité aux chaises des clients en mal d’évasion. Si tu paies, tu as le droit d’être au bord de l’eau, sinon il faut te faufiler entre les tables.

Dans les ruelles intérieures, style vénitien et ottoman s’unissent harmonieusement donnant une couleur orientale à cette ville qui semble avoir oublié sa mise à sac par Barberousse. La Loggia vénitienne autrefois transformée en mosquée est maintenant un lieu d’exposition, l’ancienne église Santa Maria devenue la Mosquée Nérantzes, aujourd’hui une salle de concert. Les rues très commerçantes sont accueillantes.
Une impression de petite ville de province qui ne vit pas seulement des touristes de passage.

5 juin 2007 : CRÈTE – Rethymnon- les routes crétoises
« No photography! »

En voiture Toyota Yaris nous voici partis pour 194 km en direction de la côte sud pour un premier contact avec la mer de Lybie. Premier arrêt, le cimetière minoen d’Arméni… fermé car nous sommes lundi (si encore tous les sites se mettaient d’accord pour fermer le même jour). Nous pouvons apercevoir de longues tranchées creusées dans la pente d’un tertre… forme de sépulture encore jamais rencontrée.

Puis belle route parmi une végétation luxuriante de feuillus, colorée par lauriers et genêts, nous montons vers Spili, bourg de montagne adossé à une haute falaise. Ici l’eau coule à flot, même par les gueules d’une vingtaine de lions. Un beau monastère tout neuf en garde l’entrée et invite le voyageur à une courte visite ; calme, fraîcheur et beau panorama avec, en plus le sourire du jeune pope horticulteur !

Une élégante boutique sent bon le « naturel ». Nous y ferons provision de savon et crème… à l’huile d’olive.

Puis notre route s’enfonce dans un étroit canyon, la gorge de Kourtaliotiko. Du grandiose, un panorama exceptionnel que des parkings point de vue nous permettent d’apprécier. De hautes falaises dénudées et tout à coup, au loin, la mer de Libye et les îles Paximadia. Nous descendons vers la côte par une route très sinueuse, jusqu’au monastère de Préveli, réputé pour le panorama qu’il offre. De nombreux cars de touristes sur le parking, 2.5 euros l’entrée… et un esclandre lorsque Pierre se risque à photographier une icône représentant une Vierge… violence d’un cerbère, menaces … tandis qu’un pope continue à empocher les euros. Une réaction pas du tout à la mesure de « la faute », ni de la sainteté du lieu !!! Dites le avec un sourire !
Les ruines de l’ancien monastère, plus modestement bâti dans un vallon en contrebas dégagent beaucoup plus de sérénité.
Pause café auprès d’un vieux pont de pierres qui n’est pas sans nous rappeler Brousse. Des oies s’ébattent près d’un petit étang… avec une ÎLE au milieu (clin d’œil à Alain).
La mer de Libye s’étend devant nos yeux, DÉSERTE… pas un bateau… quel gâchis, une si vaste étendue et une côte très pittoresque mais avec si peu d’abris.
Plakia : petit port avec un seul quai.

Frangokastello : belle plage gardée par une vaste forteresse vénitienne, lieu de résistance à l’assaut turque avant d’être soumise. Un joueur de mandoline s’est judicieusement placé dans la cour intérieure ; objectif atteint, les touristes charmés sont généreux…

Hora Sfakion : petit port bout du monde (la route côtière s’arrête là) animé par le va et vient des touristes qui empruntent le ferry pour se rendre au port de Loutro ou effectuer l’excursion « Gorges de Samaria ».
Un nouveau canyon coupé dans les montagnes blanches « Lefka Ori » nous élève en direction de la côte Nord. Encore du grand spectacle pour la passagère et son chauffeur avec conduite un peu plus tendue pour ce dernier.

 

Pause bucolique auprès du petit lac de Kournas, le seul lac naturel d’eau douce de Crète. Une grande sérénité dans la lumière du soir. Retour buissonnier par l’ancienne route : maquis et palmiers,  moutons à long poil et chèvres.
Logos voisine avec UNE (SHE in english) élégante « Halberg Rassy » !!! Amadea d’Auray… la conversation s’engage : même parcours depuis Marmaris, des amis voileux communs…

 

6 juin 2007 : CRETE- Rethymnon – autres routes crétoises
« Pluie d’ici !!!»

Un vent d’ouest un peu nerveux ce matin nous fait vérifier les amarres avant de partir à nouveau vers le Sud Est pour un long circuit de 230km.

Des oliveraies à perte de vue en quittant Rethymnon (nous comprenons mieux le régime crétois avec une telle production d’olives). Notre premier arrêt nous permet d’admirer un vieux village qui semble renaître : anciennes maisons vénitiennes, chapelle, lavoir. Une belle harmonie.

En serpentant, notre route s’enfonce lentement dans une vaste vallée où coule une rivière, image champêtre… mais pour plus bien longtemps encore ! Un barrage dont la construction vient d’être achevée a déjà pris possession des fermes dont les habitants ont été expulsés, anéantissement au profit de l’énergie d’une vie de labeur. Étrange impression en empruntant cette route qui aura bientôt disparu dans les eaux profondes d’un lac ! Presque une sorte de malaise peut- être accru par le ciel gris et les gros nuages qui nous accompagnent depuis ce matin.
Avant d’aller visiter les deux villes rivales de Knossos, un arrêt restauration au village de Zaros. Ne pas se hâter, il pleut des hallebardes et nos impers sont les bienvenus.
Entrée gratuite à Gortyne (journée cadeau aux touristes), la capitale de la Crète à l’époque romaine, l’un des rares sites qui témoignent encore de la présence romaine en Crète pendant 4 siècles. Fief de l’apôtre Tite, disciple de saint Paul, la basilique qui lui est dédiée se dresse imposante à côté des ruines d’un petit Odéon. C’est parait-il ici que Zeus et Europe vécurent des jours heureux… à l’ombre d’un platane.



Entrée gratuite à Phaestos, important site minoen, domaine de Rhadamanthe, frère de Minos.

   

Vaste palais cité construit sur une butte dominant une riche plaine, Phaestos, encore dans son « jus », propose une belle promenade parmi les ruines de bâtiments mises à jour (sans cerbère !) Le gag : une petite consolidation en ciment, façon Knossos, se désagrège déjà.

 

Un petit détour par Matala, site côtier qui nous a été vanté. Une route bordée d’une multitude de serres où poussent tomates, courgettes… approvisionnement des marchés des grandes villes. À l’arrivée, un ancien port et une belle plage bordée d’une haute falaise creusées de nombreuses grottes artificielles, anciennes sépultures romaines qui nous rappellent un peu les catacombes de Sicile. Beaucoup de touristes gravissent cette falaise… sans doute pour mieux mériter le bon bain que leur offre la plage. Sagement nous nous contenterons de la partie basse.
Ces grottes ont parait-il servi de campement aux beatniks qui se rendaient à Katmandou ??? (Il est maintenant interdit d’y séjourner).

Agia Gallini, petit port voisin, nous confortera dans l’idée que la côte de la Mer de Libye offre bien peu d’abris au navigateur téméraire et qu’il fallait être saint Paul pour s’y aventurer !

La remontée se fera par la route de Spili, déjà empruntée certes, mais plus confortable pour le chauffeur.

Un petit village, Vorri, nous propose un intéressant musée ethnologique ; un bon moyen d’aller à la rencontre de la Crète telle qu’elle devait être il y a une cinquantaine d’années, une Crète qui vivait au rythme des saisons et des travaux des champs. Le pick up a maintenant presque remplacé l’âne, mais l’antique café est toujours là pour accueillir les hommes, tandis que les femmes font du crochet, ou brodent devant leur maison.

 

Difficile de ne pas faire un détour par ce joli petit village de Fotinos, en pensant à notre ami Georges. Retraite paisible garantie ! Pour nous la promesse d’un ti-punch à l’arrivée grâce au citron vert cueilli.

7 juin : CRETE- Rethymnon- La Canée (Chania)
« Une vieille dame détrônée »

Nous sommes si bien à Rethymnon qu’il ne nous semble pas indispensable d’aller mouiller au port de Chania (La Canée), capitale de l’État Crétois jusqu’à son rattachement à la Grèce en 1971. Nous empruntons la « nouvelle route » (comme ils disent ici), un axe Est-ouest qui se voudrait voie rapide, mais ne présente aucune des infrastructures adéquates… Chacun se range sagement sur la bande d’arrêt d’urgence pour laisser passer les conducteurs un peu plus rapides (devinez qui ?). De beaux aperçus sur la baie de Souda et la péninsule d’Akrotiri, entre les lauriers et genêts, avant de traverser une zone industrielle qui nous parait un peu longue.

La Canée : Où est donc ce beau port vénitien des cartes postales ? Patience, il faut attendre la vieille ville et son marché couvert avant de pénétrer dans les ruelles qui mènent vers le port. Parking gratuit soit disant difficile. Chance ? C’est à l’ombre des arsenaux que nous pourrons tranquillement laisser notre véhicule, juste devant « la » marina. Plan d’eau un peu agité, entrée dans le port peu engageante du fait d’un brise lame au ¾ immergé, agitation de la ville… nous resterons définitivement à Rethymnon.

Chania, digne de sa réputation est une ville pleine de charme et de vie, où « vénitien » et « ottoman » cohabitent avec harmonie… dans les constructions (pour le reste c’est une histoire vieille de plus de 200 ans). Du vénitien partout : le port avec sa citadelle et ses arsenaux, les fontaines, les maisons, les églises mais avec une touche ottomane… le phare a pris des allures de minaret, campanile et minaret se dressent au-dessus de la même église, façades vénitiennes voisinent avec maisons de bois ottomanes . Sur le quai, l’imposante mosquée des Janissaires a été transformée en lieu pour expositions.
Une ambiance carte postale pour touristes, mais avec élégance.

La visite de l’ancienne forteresse nous offre une très belle vue sur le port et l’exercice nécessaire pour apprécier un bon repas dans le cadre splendide d’un restaurant… difficile de choisir tant les restaurants sont nombreux, mais celui-ci, installé dans une ancienne savonnerie dont la toiture avait brûlé il y a une dizaine d’années… un restaurant « open-roof » avait une élégance en plus. Un bon repas, un très beau cadre, une addition raisonnable… nous y retournerons avec Dominique et Marc.

Le musée archéologique situé dans l’ancienne basilique San Francesco est digne de Chania pour la beauté du cadre et la qualité des objets exposés : statuettes, sarcophages, vases, mosaïques évoquant Dionysos et Ariane.
Flânerie dans les ruelles très animées avant le retour sur Rethymnon.

8 juin 2007 : CRÈTE - Rethymnon
« It’s a long way !!! C’est pour demain ! »

 
Jeudi, jour de marché hebdomadaire. Une bonne nouvelle, il a été déplacé et a envahi une partie de l’esplanade du port. Beaucoup de produits frais, à des prix presque français (à l’exception des oranges, fruits à 4 ou 5 euros le kilo, le double de la Turquie) et tout un secteur fripes venues directement de Chine. Un bon avitaillement qui nous permet de ne pas satisfaire à la mode « Lidl », le seul groupe de grande distribution qui semble envahir la Crète.
Montée à la citadelle de Rethymnon, une belle restauration - financement Communauté Européenne… mais était-ce vraiment nécessaire ? Pas de musée archéologique… il ferme à 15 heures !
Lourd programme demain : les Gorges de Samaria, un Must crétois, les plus longues gorges d’Europe dans les Montagnes Blanches. Deux façons d’aborder ces gorges : « long way »en effectuant la visite du nord au sud, avec marche de 18 Km, « short way » en partant du sud pour rejoindre l’entrée des gorges après une montée d’environ 4Km. Pas d’hésitation : « Long way ». Départ à 5h30 en autocar demain matin… Il convient donc de se mettre en condition.

9 juin 2007 : CRETE «  les Gorges de Samaria »
« Tamalou ?»
5h30 : Nous sommes prêts pour la grande aventure, accueillis à bord de l’autocar par Pia, sympathique guide et Tanathis, un jeune chauffeur. Un ou deux arrêts pour compléter notre car et nous voici partis en direction d’Omalos, petit bourg de montagne, à l’entrée du Parc National des Gorges. Pierre a aujourd’hui tout loisir d’admirer le paysage offert par ces « Montagnes Blanches » que nous longeons, avec un sommet de 2450 mètres. Bien sûr les dernières neiges ont fondu, mais le panorama est superbe. Pia nous donne quelques explications et instructions quant au déroulement de notre visite.

Premier arrêt, petit déjeuner à Omalos, situé sur un plateau élevé et tout le temps d’observer nos co-excursionnistes : les « pro » avec chaussures de trekking, et cannes de marche et les touristes en tennis, les mains dans les poches. Pas de fantaisistes en « tong » (quoi que… Dominique et Marc en ont rencontré une, 2 jours auparavant !!!)
Encore deux kilomètres en car et nous voici admis dans le Parc National avec rendez-vous 18 Km plus bas avant 15 heures pour prendre un ferry, le petit port d’arrivée n’étant pas relié par la route. Jusqu’ici tout va bien, Pia nous annonce qu’elle partira bien après nous pour ramasser les retardataires. Il ne nous reste plus qu’à descendre les plus de 1100 mètres de dénivellation. Comme des fourmis nous commençons tous à descendre prestement le sentier caillouteux aménagé, admirant le paysage et la végétation luxuriante… Certains se la jouent et d’une foulée alerte dépassent les lambins, pour être eux-mêmes freinés dans leur élan par les ânes qui véhiculent le matériel nécessaire à l’exploitation du site et à la sécurité des marcheurs. Peu à peu les groupes s’espacent et il nous est même arrivé de nous retrouver seuls alors que 250 personnes s’étaient engagées en même temps que nous. Pauses photos, pauses rafraîchissement aux nombreuses sources qui jalonnent le parcours, un fruit sec et c’est reparti. Surtout ne pas refroidir les muscles, ni laisser le temps aux pieds d’exprimer leur souffrance. Descendre, descendre jusqu’au lit du torrent qu’il conviendra de suivre jusqu’à la sortie des gorges. Pas un mètre de plan, des rochers, des cailloux glissants, des rochers… Une recherche d’équilibre permanente, tout en admirant le paysage grandiose. Que c’est beau ! Que c’est beau ! Mais ouille mon genou !!!… Pour le moral des marcheurs, des bornes jalonnent le chemin de kilomètre en kilomètre… certains nous paraissent bien longs (de 20 à 35 minutes pour en parcourir un seul.)

 

Plusieurs gués à passer, une pause dans le vieux village en ruine de Samaria, lieu de vie et de refuge pour les résistants et complètement déserté par les bûcherons expulsés à la création du Parc National. Un coup d’œil aux « Krikri » apprivoisées, faune spécifique de ces montagnes, proche du chamois, mais que nous aurions eu beaucoup de mal à entrevoir à l’état sauvage.

Nous n’avons parcouru que 7 Km et il en reste 5 pour parvenir au cœur du sujet, les «  Portes de Fer », pour certains guides «  Portes de l’Enfer ». Fer, Enfer, même combat, C’EST COSTAUD… 3 Km dans le lit du torrent, 2,5 Km de large, 300 mètres de falaises au dessus de la tête et, régulièrement, des panneaux « Walk fast ! Great Danger ! Falling Rocks ! » (Comme si tu avais envie de faire de la villégiature). Mais encore faut-il être capable d’allonger les foulées, tellement préoccupé de l’endroit où tu vas pouvoir poser ton pied. La gorge s’élargit, le lit du torrent continue à nous mener à notre destination. Nous sommes dans les temps et pouvons parcourir plus tranquillement, mais non sans souffrance, les derniers kilomètres. Pia nous rejoint peu avant les ruines de l’ancien village d’Hagia Rouméli, détruit par une sorte de raz de marée et reconstruit en petit port sur la mer de Libye. Papotages en anglais, qui font paraître le temps moins long…
Nous admirons sa foulée énergique… entraînement au moins deux fois par semaine !!
Grande satisfaction à l’arrivée, exploit réussi et jouissance donnée par le spectacle des autres, tout aussi cassés, quelque soit leur âge.
 

Une belle expérience dans un cadre grandiose… peut-être pas à renouveler à Notre Âge !!!
Le ferry nous mène au port où nous attend notre autocar. Tout le loisir d’admirer cette belle côte que nous ne longerons pas avec Logos… aucune envie de rivaliser avec saint-Paul.
Un retour très silencieux en autocar, bercés par les informations données par Pia sur les lieux traversés. Surtout ne pas chercher à retirer ses chaussures !!!
Amusement lorsque, le lendemain, nous rencontrerons Dominique et Marc encore tout perclus de l’avant-veille (surtout Dominique !!!).
Excursion à conseiller aux bons marcheurs… en fin de séjour, bien chaussés, armés d’une canne crétoise avec une cure d’Arnica 5ème CH avant et après !!!

 

10, 11, 12, 13 mai : CRÈTE « Rethymnon »

« Convalescence ! »

Assurément, si Dominique et Marc n’étaient pas venus nous débaucher pour nous conduire à Chania, nous n’aurions pas encore enfilé de chaussures…
Merci à eux de cette belle journée passée ensemble, si loin de la Picardie, à échanger impressions et expériences.

 

Notre séjour en Crète se termine. Prévision d’une longue remontée de 140 milles sur Athènes pour aller peut-être saluer les Météores ???
Nous quitterons cette belle île, heureux d’avoir eu le courage de venir la découvrir, non pour le plaisir de la navigation comme en Turquie, mais pour la connaître autrement que par les circuits touristiques, pour approcher ses habitants réservés mais très accueillants.
Nous garderons le souvenir de très beaux paysages de montagne, de canyons grandioses, de petits villages où la vie semble s’être arrêtée en 1950, d’une végétation souvent luxuriante mêlant oliviers, feuillus et lauriers.

 

 

 

 

 

 

 


La Crète semble être devenue une destination très prisée. Certes la manne touristique n’est pas à négliger, mais nous espérons qu’elle n’en perdra pas son authenticité.

À suivre si Poséidon est avec nous…