Dernière mise à jour 2010

 

___ Radio Ponton___

VOYAGEURS INSOLITES SUR LOGOS

Il est 12h30. Logos vogue alertement depuis 5 heures du matin, propulsé par son moteur, « Pépère Perkins » et un léger courant favorable. Une longue étape de 81 milles à parcourir depuis Istanbul pour se rapprocher de l’autre extrémité de la Mer de Marmara, le pittoresque port de pêche d’Erdek, dernier arrêt avant d’entamer la descente du détroit des Dardanelles.

dauphins

De jeunes dauphins ont, quelques instants, distrait notre regard en batifolant autour du bateau avant d’être subitement rappelés par leur mère. Quelle obéissance ! Le vent souffle bien du Nord et pourrait nous pousser mais il est trop faible pour que nous puissions établir la toile. Seule la Grand Voile est tendue pour stabiliser le bateau et cela fait plus de 7 heures que Pépère ronronne lorsque, dans le ciel, un vol inhabituel de deux oiseaux retient notre attention. Plus lourd, plus puissant, plus vigoureux que celui d’oiseaux de mer, il se rapprocherait du battement d’aile de canards migrateurs mais les oiseaux sont plus petits. Ils croisent précisément notre trajectoire, en direction d’Istanbul. Quelques battements d’ailes plus loin, ils reviennent vers nous et tournent autour du bateau. Ce sont, en fait, deux pigeons que nous qualifions immédiatement de « voyageurs ». Spectacle étrange, au milieu de la mer, à 40 milles (75 kilomètres environ) de toute côte…

pigeon pigeon

Logos continue gentiment sa route lorsque l’un des deux pigeons, visiblement épuisé, cherche à se poser sur les barres de flèche du mât, malheureusement trop remuant au gré des vagues, se cogne contre la grand voile, tente de se réfugier sur la bôme, trop secouée elle aussi, et finit par se poser sur le pont, le bec entr’ouvert, immobile. Il est bagué. D’où vient-il ? Où allait-il ? Qu’est devenue sa compagne (ou compagnon), maintenant invisible dans le ciel ? Une petite écuelle d’eau poussée de loin vers lui à l’aide d’une gaffe pour ne pas trop l’inquiéter, une poignée de riz complet lancée à la volée et voilà notre passager qui semble prendre confiance, se détend, se met en boule et se restaure mais sans nous quitter des yeux.

Le vent s’est levé. Nous pouvons evoyer le génois. Va-t-il s’envoler, apeuré par les manœuvres ? Pas du tout. Il se pousse simplement et, une fois le bateau stabilisé, s’enhardit même à s’approcher de nous puis se perche confortablement sur le gros panier de pêcheur que nous utilisons pour ranger les cordages et qui trône en pied de mât. Un pigeon voyageur « voileux »… amusant ! Le vent faiblit un peu et nous choisissons de rentrer le génois et d’envoyer le spi pour profiter efficacement du souffle « grand largue » d’Éole. L’oiseau revient simplement vers l’arrière du bateau le temps de la manœuvre. Tout à coup, au bout de près de deux heures de ce manège, notre petit passager s’envole. Il a sans doute récupéré assez de force pour reprendre sa course.
Nous sommes plus préoccupés par les mouvements de notre grand spi rouge, noir et jaune et ses réglages lorsque, tout à coup, surprise… notre voyageur revient avec l’autre pigeon aux pointes d’ailes blanches, doublement bagué qui, timide, se contente de s’accrocher à la filière tandis que l’habitué retrouve le confortable bord du panier et sa gamelle de grains. Pourquoi le premier pigeon est-il allé chercher son compagnon (ou compagne) de route ? Où était-il (elle) alors que, pour nous, le ciel était vide ? Que lui a-t-il « dit » pour la convaincre d’interrompre son voyage ?

pigeon pigeon pierre pigeons spi


Nous voici avec deux passagers visiblement ravis de l’aubaine… mais pour combien de temps ?Deux passagers qui picorent, boivent, se promènent, se laissent attraper et cajoler sans aucune crainte. « Non Pierre ! Attention à la grippe aviaire ! ». Pas l’air d’être grippés ces deux là ! Seulement très fatigués par un méchant vent contraire, quelque part ailleurs !

Le spi est rentré au bout de trois belles heures, le génois renvoyé. Nous nous rapprochons de la côte. Les deux voyageurs quittent le panier et se placent à l’avant, tout près de l’ancre. Le vent se renforce, tournoie et, dans la baie d’Erdek, nous rentrons la toile avec nos deux figures de proue qui observent la mer… ou la côte. Allons nous devoir les adopter ?


 pigeons

Il est 19 heures. Après 14 heures de navigation, dont la moitié du temps en compagnie de nos passagers, nous approchons du port. Quelques mouettes animent le ciel et, soudain, des battements d’ailes vigoureux nous alertent. Nos deux passagers s’élèvent dans le ciel, tournoient plusieurs fois autour du bateau et reprennent leur direction initiale. D’où venaient-ils ? Où allaient-ils ? Combien de kilomètres avaient-ils déjà parcourus ? Combien leur en restait-il avant de retrouver leur pigeonnier ? Pourquoi avaient-ils attendu d’être proche de la côte pour reprendre leur route interrompue par une fatigue extrême ? Comment communiquent-t-ils entre eux ?

Pour nous, ce sera simplement une belle rencontre et deux beaux compagnons de navigation pour Logos.

 

pigeons

 

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Quatre grillons porte shkoumoune

Le 15 juillet 2010

Lorsque quatre grillons s'installent sur un bateau, les catastrophes s'enchainent. La première bien évidemment : Sommeil interdit et détection des intrus quasi impossible.

Quand aux autres ennuis ils sont certainement fortuits mais tout celà dans la même étape...

1. Panne importante de moteur redémarrage impossible

2. Arrêt des instruments de navigation

3. Court circuit électrique

4. Pétole malgré une météo favorable

5. 14 heures immobiles

6. Immobilisation nocturne dans un filet dérivant

Une fois les 4 intrus détruits par repérage optique après usage de bombe insecticide, tout est rentré dans l'ordre.

Pas de photos des intrus disponible