Dernière mise à jour 2014

___ Radio Ponton___
Cet après midi là, dans un joli mouillage de Croatie, écritures puis soirée folklorique dans un très joli cadre appelé « LA VERHANDA » ou le théâtre d’été. Une vieille tour participe à le beauté du site. Un groupe folklorique Canadien-Croate… en fait de jeunes Croates vivant au Canada et préservant leurs traditions. Une belle soirée qui se devait d’être très paisible sans la mauvaise surprise du retour au bateau. Vers minuit en effet, quelle ne fut pas notre surprise de voir Logos s’accoquiner avec une très grosse vedette allemande de 18m de long et je ne sais combien de haut qui avait mouillé, de nuit, juste à notre hauteur. Au grès des vents les bateaux se rapprochaient, se cognaient, s’écartaient. La vedette avait bien de gros pare battages d’un beau orange très lumineux mais ils étaient situés de telle manière qu’ils n’assuraient aucune protection. Personne à bord. Au hasard d’un rapprochement je détache un de ses pare battages pour l’attacher sur Logos à un endroit plus protecteur. Je place aussi l’annexe entre les deux bateaux et nous pouvons aller dormir.

2 heures du matin. Un énorme fracas nous jette hors de la couchette. C’est un bruit de chaîne d’ancre. Innocemment, nous pensons que la vedette a pris un autre mouillage derrière nous. Il n’en est rien. Le propriétaire de la vedette vient de relever son ancre et, dans la foulée, a arraché la nôtre, la première ancre empennelée. Il essaye désespérément de dégager l’imbroglio mais sans résultat. Les deux bateaux sont bord à bord mais nous faisons petite coquille de noix à côté de lui. À son bord un autre homme, une jeune fille de 12 à 13 ans et des dames.

Pas question pour eux de remettre leur annexe à l’eau pour aller vers les deux ancres pendantes et emmêlées pour essayer de résoudre le problème. Comme par hasard le vent de terre se lève et les bateaux sont entraînés vers l’îlot. Je descends dans notre annexe. Martine, sur le pont, réussit à m’éclairer, à tenir la vedette éloignée, à dire ses quatre vérités au capitaine et à l’équipage de cette vedette, à faire en sorte qu’au moins la petite fille vienne participer à la manœuvre en empêchant les bateaux de se heurter, et à m’apporter la drisse de spi munie d’une manille. Je réussis à crocheter notre ancre, à la faire fixer sur le balcon de la vedette et à faire descendre sa grosse ancre. Elle réussit enfin à descendre et à se désolidariser de la nôtre mais en s’appuyant sur l’annexe. Un Pchiitt angoissant et le boudin percé se vide rapidement de son air. C’est sur un seul boudin que je réussis à terminer la manœuvre. Il était temps, nous sommes très près de la côte et, de nuit, c’est encore plus impressionnant. Pendant que je finis ma manœuvre de remontée d’ancre et que Martine prend la barre pour éloigner le bateau de la côte, la vedette s’empresse de partir, sans s’enquérir des possibilités de participer à la réparation de l’annexe. Que se serait-il passé si nous étions rentrés après eux ? Où et comment aurions nous retrouvé notre bateau ? Heureusement, et pour qu’il y ait une justice, nous n’avons pas eu le temps (ni l’envie) de rendre le gros pare battage dont les couleurs jurent maintenant un peu sur notre joli voilier mais qui nous rend quelques sérieux services au moment des appontements. La seconde chance c’est que j’ai découvert un moyen rapide de boucher un trou, même très important, dans un bateau pneumatique. Les colles néoprène, même spécifiques, à deux composants, réclament du temps, un matériel de pressage et des moyens que nous ne pouvons mettre en œuvre sur un bateau. A priori, nous aurions dû être privés d’annexe pendant longtemps sans les extraordinaires propriétés de la colle Cyanolite qui permet une prise quasi immédiate de la pièce, sans aucune fuite d’air.

Mais le propriétaire de la vedette ignore que j’ai réussi à réparer notre annexe quasi immédiatement. Sa conscience en est-elle néanmoins vraiment troublée ? En quittant Hvar, nous avons repéré cette vedette devenue dissymétrique par l’absence d’une de ses taches orange sur un de ces flancs. En fin de matinée, nous l’avons vue, mouillée dans une petite crique, assez loin du port. Nous ne lui avons même pas apporté des croissants. Mais, qui sait, sans même le souhaiter, les routes se croisent et se recroisent entre les îles Croates.