mise à jour : septembre 2019

spi

___ La Polynésie en Lagoon de location___


Un fidèle lecteur me fait parvenir ce mail qui pourrait intéresser certains navigateurs allant dans ces eaux paradisiaques. Je le livre dans son intégralité tant il peut être instructif.

Bonjour Pierre, te souviens-tu de moi ?, 

Me voilà de retour en métropole après quatre mois passés en Polynésie sur un Lagoon 380S à musarder entre les îles de la Société et les Tuamotu.
Bilan globalement très positif malgré quelques déconvenues dues à la météo très capricieuse de cette année, à un bateau de location qui n’était pas du tout entretenu par le loueur  et à des options prises avant le périple qui ne se sont pas avérées judicieuses, telles que l’achat de l’ensemble du matériel pour plonger en toute autonomie.
Cette année, la météo est (et continue à être !) capricieuse car nous avons subi depuis fin avril la poursuite d’une saison des pluies à la place d’une saison statistiquement sèche qui aurait dû commencer vers le 15/04 ! Très peu de jours sans grains ! Si je compte bien, nous n’avons eu que seulement 10 jours sans aucune pluie en 4 mois…Alors que cela aurait dû être l’inverse ! Et chacun sait que, sur un bateau, ouvrir-fermer les capots de pont, rentrer-sortir les coussins, verrouiller-déverrouiller les sabords peut devenir fastidieux quand l’exercice se répète souvent dans la journée et surtout pendant la nuit !
Le bateau loué, un catamaran Lagoon 380S, est certes une belle caravane avec de beaux et volumineux espaces intérieurs et extérieurs pour sa taille mais a –aussi- les performances d’une caravane ! 8 tonnes lège et quasi 10 tonnes en réalité avec les pleins d’eau, de gas-oil et autres équipages et  provisions font que le seuil des 8 nœuds, même aux belles allures et sous geenaker, n’est atteint que très-très  épisodiquement. On est bien plus souvent à 5 nœuds qu’à 7! Surtout quand le loueur  n’a jamais fait faire de carénage depuis 3 ans que le bateau est sorti neuf du chantier métropolitain ! On s’imagine l’état de la carène avec une eau à 28° et un soleil tropical qui développent une barbe épaisse - 5 cm par 15 jours… Nous grattions la coque à fond  à la spatule tous les 15 jours mais, sans antifouling adapté,  c’était peine perdue au bout de 3-4 jours !
Alors ne parlons pas des performances, surtout au près ! Un angle mort à la voile sous génois de 120° en route fond ! Nous avons fait plus de 350 heures au moteur en quatre mois, dont certes une part dans les lagons où il est difficile de naviguer à la voile sans de grandes contraintes de manœuvres, mais aussi en traversée, du fait soit de la vitesse faible due au sous-toilage volontaire d’origine,  soit à l’énorme angle mort!
Mais, c’est certain, c’est un bateau agréable au mouillage… Mais malheureusement que là !
Du moins voilà mon opinion !

 Je ne parlerai pas des nombreux emmerdements et pannes dûs au manque d’entretien car on pourrait me prendre pour un grincheux mais casser, par exemple, une drosse de barre 10 minutes après avoir constaté que le pilote automatique était HS, le tout ½ heure avant d‘embouquer la passe de Tiputa sur Rangiroa aux Tuamotu, renommée pour sa dangerosité, fait partie des moments que j’aurai volontiers évités…

Concernant les options prises par moi avant le départ et s’étant avérées peu adaptées, je ne citerai que celle, par exemple, d’avoir emmené à bord tout le gros matériel de plongée pour deux, y compris les bouteilles et le compresseur thermique.
C’est en effet une erreur, les conditions ne s’y prêtent pas tant du point de vue du matériel connexe (Ex : annexe et sa motorisation de 15 CV trop petites pour être à la fois sûres et rapides) que des caractéristiques bien spéciales des plongées en Polynésie : on s’immerge la plupart du temps dans des passes- seules vraies « top-zones » où l’on rencontre vraiment du gros- assez éloignées du bateau (couramment 2 à 5 milles, voire 10 !) où les courants sont violents et risquent de vous éjecter du lagon…Et où donc il serait fou de vouloir plonger en autonomie sans accompagnateur connaissant parfaitement le coin ! Et la « plongée-club » se paye entre 70 et 100 € par plongée…Ca calme quand on a pas un budget extensible !
Mais, à part ces quelques « petits » inconvénients, que de moments d’exception, que de paysages de rêve sur et sous l’eau (même en PMT !), que de petits coins idylliques où l’on est seuls au monde à contempler ce bout de paradis !
Je ne parlerai pas de la pêche qui nous a donné quelques beaux  moments d’émotion dont nous nous rappellerons : par exemple un thon de plus de 80 kgs et surtout un marlin noir de 250 kg ont été ramenés à bord à la sueur de nos fronts  et ont fait le bonheur des « locaux » à qui nous les avons offerts !
En conclusion, une expérience riche d’enseignements et beaucoup d’excellents souvenirs !

 Et ceci, je le dois en particulier à toi, Pierre, qui m’a conseillé sur bon nombre de sujets dont celui du logiciel et de la carto à utiliser en Polynésie!

 Ma petite expérience polynésienne sur ce chapitre :

- OpenCPN, logiciel gratuit et bien suffisant pour ce type de périple, a été mon compagnon de route de tous les instants avec la carto dispo sur ton site (CM93), doublée par des photos géoréférencées de Google Earth à échelle de 10 (pour les endroits peu importants) à 17 (pour les passes) copiés avant le départ via venturefarther.com avec abonnement. Ces photos sont bien pratiques et bien plus “justes” en position que certaines cartes ! Mon dossier de l’ensemble de la Polynésie (avec des endroits privilégiés) fait 1.25 Go pour 1150 photos. Je l’ai fait cet hiver!

- Les logiciels de routage sont certes très bien mais je ne suis pas sûr qu’ils soient vraiment indispensables là-bas. En effet, la météo océanique est d’une telle régularité et les mailles du filet sont tellement grandes qu’un bon fichier .grib est “self-explanatory”! Les options de route ne sont donc pas légion!

- Embark : à fuir car payant et j’ai toujours eu des problèmes dès que la liaison internet était mauvaise car ils veulent absolument privilégier le “up-dated” de leur carto (bien faite, il est vrai!) sur la fiabilité.

- Navionics : pas plus de commentaires que ceux que tu connais déjà !

Merci, un grand MERCI à toi sans qui je n’aurais pas pu profiter autant de l’endroit et du moment  dans cette si belle région du monde ! Amicalement.

Xavier-Dominique RAY