mise à jour : avril 2015

___ Prendre un mouillage à la turque___

 

Pour ceux qui ont découvert (ou vont découvrir) les difficultés de ce type de mouillage avec bout à terre.

 

 

Logos prend un mouillage « à la turque »


En Turquie, dans les criques, les eaux sont très profondes (20 à 30 mètres à proximité du bord et, très vite 100 mètres). Il est rarement possible de mouiller en libre. Il faut donc jeter l’ancre puis attacher le bateau au bord, par l'arrière, à l’aide d’une ou deux amarres.
C’est désespérant de voir comment s’y prennent les bateaux nouveaux venus en Turquie, propriétaires ou en location… (On se demande bien comment sont informés les locataires au moment de prise en main du bateau…).

Séquence gag : Le bateau s’approche du mouillage, le repère plus ou moins bien, se met en position de larguer l’ancre. Curieusement, l’homme croit conserver ses prérogatives de Grand Maître du bateau en gardant la barre et envoie son équipière préférée au guindeau (à mon avis, l’outil le plus dangereux du bateau et le moins féminin). Au moment voulu, madame appuie sur le bouton de descente de l’ancre pendant que le bateau recule… trop vite par rapport à la vitesse de descente du guindeau. L’ancre touche alors le fond dix mètres trop loin, beaucoup trop près du bord. Le capitaine laisse le bateau aux mains de sa belle, part à la nage (ou en annexe) avec le paquet de nouilles pour attacher le bout à terre. Le temps de démêler puis de tirer sur l’amarre et le bateau est déjà revenu sur l’ancre, s’éloignant du bord, bien en travers. Monsieur tire désespérément sur le cordage qui semble avoir rétréci, espérant ramener le bateau vers lui. Raté ! On recommence. Monsieur reste à terre et attache le bout à un rocher ou à un arbre (sans savoir que c’est interdit) et revient attendre dans l’eau, l’autre extrémité dans la main, que le bateau fasse marche arrière vers lui, ce qui n’est pas gagné. Au bout de quelques essais infructueux, le bout est enfin fixé au bateau et à terre. La chaîne pendouille à la verticale. Il faut tendre le mouillage mais alors, au lieu de reculer le plus près possible du bord, dans la zone des trois mètres, sans raccourcir la faible longueur du mouillage immergé, le capitaine préfère tirer sur le guindeau, rentrer un peu de chaîne, encore un peu de chaîne… toute la chaîne !!! Vexé, il change de crique, ce qui satisfait les voisins qui eux ont réussi leur mouillage et sont tranquilles le temps qu’un autre bateau aux instincts grégaires ne tentent l’aventure du voisinage… Et, ce jour là, il n’y avait pas de vent !!!


Amis voileux, nous avons, nous aussi, raté pas mal de mouillages et nous ne sommes pas à l’abri d’un nouvel échec mais nous commettons beaucoup moins d’erreurs en utilisant ces quelques règles simples apprises sur le tas et en continuant à observer ceux qui réussissent leur amarrage.

=> Choisir le mouillage en fonction du vent dominant. Facile à dire, si le mouillage est pris dans la matinée, il n’y a pas de vent !!! Essayez néanmoins d’anticiper en pensant aussi que, la nuit, l’angle du vent est légèrement décalé de 30° vers l’Est et qu’il peut souffler jusqu’à 2heures du matin. C’est pour cette raison que nous avons opté pour le mouillage sous tension, sans aucune amplitude de mouvement, afin de parer aux situations imprévisibles.

=> Repérer les fonds. C’est le capitaine qui est à l’avant et commande le déplacement du bateau jusqu’à l’endroit souhaité pour immobiliser le bateau (éviter les arrivées sous contre jour et soleil couchant).

=> Le barreur positionne le bateau pour le largage de l’ancre (la manœuvre en marche arrière est la plus utilisée, c’est celle que nous décrirons d’abord bien que nous nous préférions une variante diamétralement opposée…). Au moment voulu (après estimation de la position des ancres voisines…), largage de l’ancre (manuellement, l’ancre descend très vite vers l’objectif fixé et le bateau peut alors reculer rapidement). Attendre les 20 ou 30 mètres avant de bloquer la descente jusqu’à ce que la chaîne se tende pendant que le bateau se dirige vers le point d'amarrage. Quand on sent qu’elle a pris, dérouler progressivement la chaîne jusqu’à ce que le bateau arrive dans la zone de mouillage. Plus il y a de chaîne dans l’eau meilleure sera la tenue de l’ancre. Logos dispose de 80 mètres de chaîne de 10 et il n’est pas rare qu’il n’ait pas besoin de la presque totalité disponible. En aucun cas on pourra faire confiance à une chaîne dont l’angle avec la surface de l’eau est supérieur à 45°. Si on préfère utiliser la descente électrique de la chaîne, le bateau doit attendre que la moitié de la chaîne soit déroulée avant de commencer à reculer.

=> Maintenant, opération bout à terre : le bateau se dirige non pas vers l’endroit du mouillage mais vers la fixation du bout à terre TRIBORD puis RESTE EN MARCHE ARRIERE pendant toute la manœuvre d’amarrage. Le temps d’aller à terre pour attacher le bout et le pas de l’hélice aura ramené le bateau à la position souhaitée. Tension du bout à terre, fixation au taquet. Même manip pour le bout à terre BÂBORD. Ce n’est qu’à ce moment là qu’on peut mettre le bateau au point mort et qu’on reprend un peu de chaîne jusqu’à la tension maximum de celle-ci. Crocher un bout en matière élastique (Polyamide) préalablement fixé à un taquet du bateau sur un anneau de la chaîne pour soulager le guindeau.

=> Le bateau est maintenant bien tenu mais vous n’êtes pas à l’abri d’un coup de vent latéral. Si ce dernier bouscule le bateau et tend à le mettre de travers, vous pouvez placer à l'avant une garde latérale qui ira se fixer vers à la fixation du bout à terre ou, si c’est possible, plus à la perpendiculaire du bateau. Attention tout de même, le bateau aura alors tendance à tirer plus sur son ancre.

=> N'oubliez pas : c’est votre marche arrière à l’origine de la manœuvre qui vous aura donné confiance dans la tenue de l’ancre.


Variante utilisée souvent par Logos : le « Mouillage à la James (Bond) » comme l’a qualifié un voileux ami, Christophe, de Mach6 :
La prise de mouillage se fait en MARCHE AVANT. Allure beaucoup plus facile pour diriger le bateau vers l’objectif, beaucoup plus rassurante pour ma barreuse chérie et positionnement beaucoup plus précise pour évaluer la situation des ancres voisines. Le bateau continue à avancer pendant que celui qui est à la manœuvre de chaîne gère son largage et sa tension pour finalement immobiliser le bateau à l’endroit précis où sera la pointe du bateau pendant le mouillage. Il suffit ensuite de retourner sur place le bateau en utilisant le pas de l’hélice (arrière avant, arrière avant…) et de reculer jusqu’à ce que le bateau soit dans l’axe du bout à terre Tribord. Cette manœuvre est infiniment pratique dans les ports dénués de pendilles où l’ancre est nécessaire.


Matériel : Logos dispose d’une ancre CQR bidouillée, très performante (voir photos ci-dessous) et de deux bobines de cordage de 14mm (100m et 80m). Chaque bout à terre est fixé à une chaîne de 6 fermée en boucle qui permet d’entourer des rochers même immergés sans que les vagues ne puissent les défaire. La protection des fibres des bouts est aussi parfaite. Le poids de la chaîne n’est pas perturbant pour son transport par palmes et masque.

Pour une analyse précise et plus scientifique des mouillages en général, rendez-vous sur la page : mouillages et sommeil sans soucis !!!???

ancreancreancre


ATTENTION si vous disposez d’une ancre plate à deux crochets, leur tenue est sujette à caution sur une forte sollicitation dans des fonds meubles ou caillouteux. La marche arrière doit alors être mesurée.


Signé : Pierre au guindeau, Martine à la barre