Mise à jour : 2005

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___ Gülets, caïques et autres bateaux ___

 

 

Un e-mail adressé par M. Jean-Marie Lucas, lecteur pertinent du site, nous donne l'idée de consacrer une page aux bateaux rencontrés. Mais, à tout initiateur, tout honneur: nous reproduisons in extenso son e-mail illustré de photos de bateaux que nous rencontrons. Merci à lui pour ces précisions.

 

Il y a pas mal d'années que je me passionne pour le "parlé" maritime.

Pour autant que je sache, le nom de "goélette" à été donné à ce type de bateau compte tenu de son élégance de forme; sans doute le fait que la grand'voile (aurique à l'époque) avec son large débord sur l'arrière participe à cet aspect effilé, renforcé par un beaupré souvent long. Ce nom a été, comme souvent (c'est le propre des langues vivantes), galvaudé; à tel point que ce qui singularisait les goélettes, à savoir: leur gréement, ne se retrouvait plus en Méditerranée sur précisément les caïques (mot apparemment d'origine arabe) où notamment on nomme ainsi des bateaux gréés ... en ketch (dont le nom lui vient du "quaiche" bien français, et anglicisé...). Il faut croire que ce qui a retenu l'attention des "marins linguiste approximatifs" ça a été plutôt et simplement la présence de deux mâts. Mais on a franchit d'autres "caps" puisque "gülets" désigne aussi bien des voiliers gréés en cotre, et en l'occurrence il ne reste plus qu'un seul mât...

Le caïque a plutôt ses origines dans les chébecs, ces si élégants lévriers de houle, dont l'histoire se confond avec la course (ou la piraterie...) en Méditerranée. Ces chébecs, fins voiliers très manoeuvrants et remontant très bien au vent, qui sont passés de la voile latine (ou arabe, mais là aussi il y a une évolution sensible et donc des différences notables), descendants de la galère si typiquement méditerranéenne, ont été gréés de façons tellement diverses (et notamment à phares carrés) et puis ont évolués vers ... le gréement de goélette évidemment! Esthétiquement (et cela trompe rarement en matière de voile... aussi) il est évident que la "ligne" de la goélette retrouve, rejoint, celle du chébec. Les mahonnais ont été réputés constructeurs de goélettes en Méditerranée.

Il y a eu pas mal d'essais, et même certains passablement invraisemblables, dont par exemple les polacres (par certains nommés: la goélette polonaise... !!) et les goélettes "hermaphrodites" comportant des mélanges de gréements pour le moins curieux, pour ne pas dire "contre nature", pas forcément du meilleur effet ni très efficace. L'histoire des gréements est évidemment indissociable de celle des bateaux, et aussi indissociable de celles des marins, et des sociétés maritimes; c'est sans doute cet aspect qui est le plus passionnants. C'est un héritage.

Saviez-vous que certains archéologues de marines pensent que les phéniciens utilisaient des "voiles d'eau", constituées en quelque sorte d'ancres "flottantes" lestées de telle sorte qu'immergées à certaines profondeurs ces poches de toile entraînaient les vaisseaux dans des directions qui n'étaient pas forcément celle du vent. Il faut bien entendu supposer que ces gens connaissaient parfaitement les courants... En même temps, ils évacuaient aussi bien le problème du fardage que celui du centre de gravité "trop" haut.

J.M. L.

Certains prétendent aussi que, en Turquie, les gülets étaient destinées à la pêche aux éponges. Maintenant, ces bateaux sont synonymes de "charters". Leur arrière à l'origine effilé a été tronqué pour augmenter la capacité de couchage. Les diverses options de gréement sont plus ou moins efficaces ou esthétiques mais, dans l'ensemble, la présence de ces bateaux dans le décor des mers turques est exceptionnelle. Nous en voulons pour preuve cette extraordinaire rencontre avec des Gülets sous voiles.