mise à jour : juillet 2015

___ Changer le moteur de son bateau___

 

Changer le moteur de son moteur, les étapes indispensables :

Moteur d'origine à changer : PERKINS 4108

* Choix du moteur
* Installation du moteur
* Raccordement électrique
* Installer le moteur et aligner l’arbre d’hélice
* Raccordement de l’eau de mer
* Raccorder l'eau chaude
* Raccordement des câbles de commande
* Raccordement de l’échappement

* Réglage de l’hélice
* Refaire l’isolation phonique
* Déclaration obligatoire au Ministère

 

 

Vu la différence de prix, il ne faut pas hésiter. Un moteur reconditionné conserve toujours son bloc et sa culasse d’origine, c’est là que le bât blesse. La fonte est vieille et risque de poser des problèmes avec les nouvelles contraintes de serrage. De plus, on retrouvera les mêmes soucis inérant à ce type de moteur (fuites d’huile par exemple sur le Perkins 4108).

Il faut ensuite trouver, au meilleur prix, le moteur qui s’adapte le mieux et nécessitera un minimum de transformations (surélévation, changement d’arbre…)

L’adaptation sera efectuée, en principe, par un professionnel mais sait-on jamais. Pour notre cas, aucun mécanicien n’était libre pour cette opération (ou à un prix exorbitant) et j’ai dû tout faire par moi-même.

Quoi qu’il en soit, ce pense bête peut aussi servir de contrôles et doit-être complété par les idées et tours de main du professionnel.

 Notre choix : Moteur Craftsman CM4.42 (ou MIDIF 1750), base Mitsubishi. C'est celui dont les côtes se rapprochent le plus de celles du Perkins 4018. Il est à noter que le mini44 de chez Solé Diesel est identique (à la commande d’accélérateur près).

Distributeur : DB Innovation 26, Avenue de la Méditerranée 34110 Frontignan/FranceTel 04 67 78 61 66

Site : www.craftsman-marine.fr

Mail général : contact@craftsman-marine.frContact : Bertrand Cracium 04 67 74 65 19Mail : bertrand@midif.fr 

 

 

Penser à changer le presse étoupe (la bague hydrolube peut être envisagée aussi mais cela nécessite une intervention au niveau du safran pour sortir l’arbre d’hélice) avant de positionner le moteur. La modification sera plus facile à effectuer sans le moteur et autant redémarrer avec un presse étoupe neuf. Ne jeter pas l’ancienne bague hydrolube, elle servira à bien centrer l’arbre au moment de l’alignement en la mettant à la sortie de l’étambot (extérieur) pour bien centrer l’arbre.

La difficulté principale consiste à sortir le tourteau. Insérer un burin dans chacune des fentes et, à coups de marteau écarter les lèvres du tourteau jusqu’à ce qu’il se dégage. À l’aide d’une pince étau, enlever la goupille de sa rainure. Bien graisser l’arbre, charger de graisse le presse étoupe Volvo (pour notre choix) et le faire glisser jusqu’à son emplacement. Bien ajuster et serrer le collier.

Remettre la goupille après l’avoir dérouillée au papier de verre très fin.

Boulonner le tourteau sur l’arbre.

 

2.b Raccordement électrique

Il se fera en trois temps :

* Démarreur : Il est préférable de changer les câbles « positif » et « négatif » (50 carré) et les cosses qui pourraient être oxydées.

*Répartiteur : Le moteur est prévu initialement pour se raccorder directement à la batterie. Si vous possédez plusieurs parcs de batteries, un répartiteur est nécessaire. Si votre répartiteur est ancien, à diodes, vous n’êtes plus à ça près, équipez-vous d’un répartiteur dit « intelligent » qui régulera au mieux la charge des batteries, sans consommer d’énergie.

Cas du nouveau répartiteur

Débranchez le fil raccordé au B+ de l’alternateur et raccordez le à la sortie (positif) de la batterie moteur.

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2.c Installer le moteur et aligner l’arbre d’hélice

Pour positionner correctement le moteur, avant de refaire les trous de fixation sur les longerons, l’opération doit : 
 

 Positionnez le moteur

Utilisez les cales de réglage (pour un premier alignement, la cale peut être de 0,20mm)

Une fois l’alignement effectué, les deux tourteaux bien plaqués et après avoir vérifié que l’hélice n’a pas reculé, marquez l’emplacement des trous de fixation des silent-blocs.

Maintenant, soulevez le moteur, percez avec un diamètre un peu plus important (13 pour 10mm par exemple).

Une fois le moteur mis en place et les silent-blocs bien serrés, refaire l’alignement mais cette fois avec la cale de réglage de 0,05mm.

Un truc intéressant est de mettre une lampe électrique sous les tourteaux et se fier au rai de lumière qui passe entre les tourteaux lors de la rotation de l’arbre.

- Effectuer plusieurs fois la mesure en faisant tourner l'arbre de 90° avant chaque mesure.
- Ajuster, si nécessaire, avec les vis vérins avant du moteur (les plus éloignées des tourteaux).
Au bout de quelques réglages, le moteur sera aligné avec l’arbre qui est maintenu centré et indexé par les deux bagues. Il faut veiller à ce que la hauteur du plot droit soit égale à celle du plot gauche pour ne pas donner un air penché au moteur… c’est sans importance technique, mais c’est plus propre. 
 

Si le tourteau moteur est muni d'un flector (silent-bloc) la valeur 0.05mm peut aller jusqu'à 0.20 sans que cela vibre.

"Dans notre cas, l’équipe chargée de nous hisser le moteur n’a pas pu attendre la fin des réglages, a déposé le moteur et est partie. Toutes les manœuvres de levage ont été effectuées avec la bôme levée par la drisse de GV frappée sur l’arrière et assurée par la balancine. Attention au surpatage du gros winch à cause de l’angle d’attaque de la drisse.

2.d Raccordement de l’eau de mer

L’ancienne installation doit pouvoir être réutilisée mais il est préférable de changer les tuyaux et le filtre. Vérifier le bon fonctionnement de la vanne.

 

2.e Raccordement de l’eau chaude (penser à demander un kit de raccordement pour chauffe-eau au moment de la commande du moteur). La quantité de liquide de refroidissement préconisée doit être augmentée de la capacité du circuit du chauffe-eau.

 

2.f Raccordement des câbles de commande. Sur certains moteurs la came de commande  est à l’envers de votre ancien moteur, ce qui signifie que, au point mort, l’accélérateur pourrait être à fond et diminuer au fur et à mesure de l’accélération. Si c’est le cas, brancher alors le câble de commande à l’opposé de cette came d’accélérateur.

 

2.g Raccordement de l’échappement Le diamètre des raccords ne sont certainement pas identiques. Prévoir des adaptateurs au fil de la découverte des incompatibilités.

 

Il est possible que le « ratio » de l’inverseur soit différent et que le pas de l’hélice ne soit plus adapté.

Pour le savoir à l’avance, remplissez en ligne le questionnaire donné par France –Hélice :

www.francehelices.fr/remotorisation-fr  

Un commercial prendra contact avec vous pour donner les indications précises pour régler correctement votre Maxprop par exemple… ou essayer de vous vendre une autre hélice.

Il est aussi possible, lors d’un essai en mer et, après rodage suffisant du moteur, de mettre l’accélérateur à fond et de surveiller le compte tour. Si le régime moteur correspond au régime maxi préconisé par le constructeur (3000tours par exemple), l’hélice est adaptée. Si le régime est au-dessus, le pas est insuffisant et, si le régime est au-dessous, le pas est trop important. Dans ce cas, les modifications ne pourront se faire qu’en sortant de nouveau le bateau.

Dans notre cas, les réglages étaient identiques. OUF !!!

 

2.i Refaire l’isolation phonique

Le moteur source de bruit
Les moteurs marins sont, pour la majorité des modèles, dérivés de l’automobile. Pourtant, le bruit émis par le moteur d’un bateau est perçu de façon plus forte que celui entendu dans l’habitacle d’une voiture. La cause principale est due aux vibrations qui engendrent le bruit et à la difficulté de les éliminer sur un bateau. Les constructeurs mettent tout en œuvre pour minimiser cette propagation à la coque. Les principaux points retenus sont : l’insonorisation du compartiment moteur, les supports (silent-blocs) sur lesquels repose le moteur, la transmission mécanique avec l’hélice (accouplement souple, bague hydrolube, etc.).


Comprendre le bruit
Le bruit n’est rien d’autre qu’une forme de transmission d’énergie ayant pour moyen de propagation l’air. Sans air, le bruit ne saurait exister. Pour l’oreille, l’onde sonore (bruit) fait vibrer le tympan et est ressentie comme un son agréable ou comme un bruit indésirable qui peut à partir d’une certaine valeur devenir dangereux. Un bruit est défini par deux valeurs : l’amplitude (unité de mesure le décibel) et la fréquence (unité de mesure le hertz). L’oreille humaine (jeune) est sensible dans une gamme allant des sons graves de 20 Hz aux sons aigus de 20.000 Hz. La presbytie auditive est réelle, je l’ai rencontrée…


Pour comprendre le phénomène du bruit, il faut, au minimum, savoir ce que représente l’unité de mesure le décibel (dB). Le décibel exprime un rapport entre la pression que l’on peut mesurer et la pression minimum à laquelle l’oreille est sensible. À titre de comparaison, un marteau pilon a un niveau sonore de 130 dB (seuil de la douleur), un moteur diesel, 105 dB (bruit très pénible), une conversation à un mètre,70 dB (supportable) et un bureau tranquille, 40 dB (calme). En pratique, il faut savoir qu’un bruit de faible intensité ajouté à un bruit de forte intensité ne modifie pas ce dernier. En revanche, deux bruits de même intensité ajoutés l’un à l’autre augmentent de 3 dB le niveau de bruit global. En clair, lorsque le moteur tourne et qu’un autre équipement moins bruyant (pompes, groupe froid, etc.) se met en route, pour l’oreille seul le bruit du moteur est perçu. Un autre point important est la nature du bruit, un son aigu est ressenti par l’oreille humaine d’une façon plus intense qu’un son grave (40 dB à 1000 Hz équivalent à 49 dB à 300 Hz). En pratique, quand on sait que deux bruits, dans un rapport 100, n’ont qu’une différence de 20 dB, il faut retenir que gagner quelques dB sur le bruit a une importance primordiale sur le confort.
 

La bonne isolation du compartiment moteur
Pour éviter que le bruit ne s’échappe du compartiment moteur, il n’y a pas de secret, il doit être le plus hermétique possible et recouvert de matériaux (mousse insonorisante) capables d’absorber et de faire barrière aux sons et aux vibrations indésirables. En pratique, un moteur diesel a besoin pour fonctionner correctement d’une circulation d’air avec une admission d’air frais et d’une évacuation pour l’air vicié. Pour ce faire, les constructeurs utilisent des systèmes de chicanes généralement efficaces mais qui peuvent devenir inopérantes si, par la suite, le propriétaire du bateau fait des trous dans les cloisons du compartiment. Un trou de 5 cm peut faire perdre 10 décibels.

Les mousses d’insonorisation
Elles doivent répondre à trois critères : l’absorption pour minimiser la réverbération (écho) sur les parois du compartiment, l’isolation pour éviter la transmission et l’amortissement pour empêcher la résonance. Pendant des dizaines d’années, on a utilisé des mousses alvéolées dites coquilles d’œuf. En pratique, ce matériau alvéolé en polyuréthanne (mousse PU) sans charge est relativement efficace à partir de 2000 Hz, correct pour les fréquences supérieures à 4000 Hz mais peu efficace dans les fréquences basses (20 Hz à 2000 Hz) celles-là mêmes émises par les moteurs. Les recherches en acoustique ont permis de trouver de nouveaux matériaux permettant une meilleure barrière aux bruits. Parmi ceux-ci, nous trouvons : des mousses fibre de verre, des mousses PU, des mousses polyuréthannes agglomérées de masse volumique importante pouvant atteindre 120 kg/m3 recouvertes d’un film fin de polyuréthanne (25 microns) et sur certaines une masse lourde en PVC (2 à 5 kg/m2). Une masse volumétrique importante a pour effet d’être efficace sur les bruits à basses fréquences, le film de polyuréthanne 100% étanche a pour but de protéger la mousse des agents extérieurs (frottements, hydrocarbures et solvants) et de faciliter l’entretien ; quant à la masse lourde, elle est là pour éviter les vibrations et renforcer la capacité d’isolation phonique.

Si vous recherchez le confort, pas d’hésitation, prenez une mousse PVC avec masse 5 kg/m² et film PU d’une épaisseur de 30 mm ou 54 mm. 

Si vous cherchez à minimiser le bruit sans ajouter du poids (bateau de régate ou de course croisière), le minimum est de prendre une mousse plane avec film PU. 

Le top : http://www.svb-marine.fr/fr/panneaux-d-isolation-acoustique-pour-compartiments-moteur-495.html  

Pour résumer :
Si votre bateau est équipé de mousse alvéolée ou plane sans charge, le moyen le plus efficace est de remplacer cette dernière par une mousse polyuréthanne dense (120 kg/m3) équipée d’une masse antivibratoire au minimum de 2 kg/m2.

Les magasins de bricolage vendent des plaques d'isolation phoniques pour machines à laver qui sont constituées de vieux pneux agglomérés. Ce matériau, vu son poids devrait être un bon compromis poids isolation phonique.


Faites-le vous-même
Cette opération s’effectue en plusieurs phases. Tout d’abord, il faut ôter l’ancienne mousse, reboucher tous les trous susceptibles de laisser passer le bruit et prendre les mesures exactes des surfaces à recouvrir ; au besoin, faire des gabarits. Ensuite, il faut découper les plaques, procéder à l’encollage et mettre les plaques en place. Pour cela, il faut utiliser de la colle Néoprène de préférence en gel pour éviter les coulures. La mousse et le support doivent être encollés. Dans ce travail, la partie la plus contraignante est la préparation du support et les plus délicates sont le découpage de la mousse et son collage. 

Extrait de forums :

Chez C///////A , une matière textile GRIS ARGENT en rouleau vendu pour insonoriser les portes de garage , elle se colle normalement avec du double face à moquette, j'ai ajouté des agrafes par sécurité ( chaleur et vibration du moteur) , ce revêtement fait 1,5cm d'épais environ et est matelassé, le résultat acoustique est très intéressant (je n'ai pas fait de mesure au sonomètre) , mais on peut maintenant parler, s'entendre, et vivre dans le carré, moteur en marche , ce qui n'était pas le cas avant... tout ça pour moins de 60€
cette matière est M0 (non feu) et se nettoie (assez) facilement , elle est synthétique et ne prend pas l'humidité.

Voir aussi : http://www.alphaver.com/pdf/isolation_moteur_merfocom_fr.pdf

Un ami a installé des panneaux de laine de roche compressée, revêtus d’une feuille d’aluminium - produit "Firerock" (spécial hotte de cheminée) - dans le compartiment moteur de sa vedette :
http://www.rockwool.fr/produits+et+systèmes/u/1487/cheminee---insert/firerock

Classé A1 contre le feu.
Coté isolation phonique, ce serait un produit assez efficace.
Mais il est difficile de trouver des caractéristiques précises sur ce point.

Remarque perso : En vieillissant, la laine de roche va se charger de vapeurs de gasoil et d’huile.

3. Déclaration obligatoire au Ministère en charge des Transports et à votre asureur

On n’y pense pas forcément mais il vaut mieux être en règle.

• avec un acte de francisation : vous devez contacter les douanes, puis prendre contact avec le service immatriculation des navires de plaisance de la délégation à la mer et au littoral avec les documents suivants : 
 Une copie de votre pièce d’identité ou de votre passeport 
 Si le moteur a été acheté auprès d’un professionnel : facture au nom du propriétaire 
 Si le moteur a été acheté auprès d’un particulier : acte de vente du moteur + copie de la pièce d’identité du vendeur du moteur ; 
 Joindre une enveloppe affranchie à 50 g à votre nom et adresse (pour envoi par courrier).

Télécharger ici la fiche plaisancehttp://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/spipdgmt/pdf/fiche_plaisance__08_2006_cle556823.pdf

 

Prévenez aussi votre assureur pour qu’il prenne en compte la vétusté du moteur.

 

Merci à Jean-Michel (S/Y Marchoureve) pour ses conseils et annotations, lui qui est passé par ce problème il y a peu de temps.