Mise à jour : 2015
___ Les carnets de bord de Martine___

spi


Carnet de bord 2002

VENISE

 

Kaleïdoscope sur Venise







Venise

du 30 juillet au 5 août 2002



Une escale romantique pour amoureux.

Une redécouverte à deux d’une cité fascinante.

Pour cela, il fallait, avec beaucoup d’appréhensions, remonter toute l’Adriatique ... et entrer dans Venise en voilier.



17 heures : après 12 heures de navigation, nous empruntons lentement le chenal de la lagune et découvrons le spectacle grandiose de cette cité aux couleurs brique, ocre, si chaudes en cette fin d’après midi. Comment, après avoir jeté un long regard à la Piazzetta de St Marco et à l’île San Giorgio, résister à l’appel du Grand Canal que Logos remonte fièrement en s’approchant du premier pont dont le tirant d’air n’a assurément pas été prévu pour un haut mat. C’est à la « Dogana del Mare » que nous amarrerons Logos à d’imposants pali (gros pieux de bois), aidés dans la manœuvre par le personnel d’un superbe yacht de Cape Town « Huntress ».

Nous avons, dans cette croisière, connu des appontements assez grandioses : Valetta sur Malte, Syracuse en Sicile, des mouillages enchanteurs : la Galite en Tunisie, les Kornati et le lac intérieur de la rivière Kraka à Sibénik en Croatie. Mais nous ne pouvions imaginer un amarrage comme celui là, en plein cœur de cette cité magique bâtie sur l’eau et tirant toute sa vie de cette mer avec laquelle elle s’est unie pour se protéger, prospérer puis s’endormir.


Dès le matin, dans la brume, un bien étrange ballet nautique se déroule sous nos yeux à peine entrouverts. La cité s’anime et tous les corps de métier passent devant nos yeux : livreurs, maçons, pompiers, facteurs, transports en commun venant du grand port de commerce. C’est le moment aussi où les cloches s’en donnent à cœur joie : La Salute, San Giorgio Maggiore, et surtout celle du Campanile de la Place San Marco qui devront se taire de 10 heures à 19 heures, heures de visite des touristes qui depuis son sommet peuvent admirer Venise à leurs pieds.


Alors nous laissons Logos bien amarré pour partir à l’aventure en annexe dans ces si nombreux canaux (environ 150) au charme incontestable quelqu’en soit leur style, tous empreints d’une exquise mélancolie avec ces demeures autrefois fastueuses qui semblent encore se mirer dans l’eau et attendre un réveil proche qui ne saurait tarder si nous en jugeons par le nombre de chantiers de rénovation rencontrés.

Quelle impression fantastique que de parcourir tous ces canaux les yeux grands ouverts, de glisser sous les ponts parfois si bas qu’il faut, même en annexe, se baisser, parfois seuls, parfois en compagnie d’une ou plusieurs gondoles glissant silencieusement sur cette eau endormie. Si ce n’était la silhouette du gondolier maniant avec dextérité sa longue rame dans cette élégante dame de nage ou la mélodie jouée à l’accordéon pour remplacer le trop célèbre « O sole mio » jugé trop pompier par les autorités, ces longues embarcations de bois vernis noir - uniformité voulue pour combattre les excès de luxe passé, avec, à leur poupe, ce décor de métal blanc où chaque barre figure un quartier de Venise - pourraient sembler intemporelles.

Malgré le caractère plus qu’insolite de notre embarcation qui fait gentiment sourire beaucoup de touristes, nous ne rencontrons que respect, tolérance et assistance de la part de tous les bateliers même lorsque par maladresse nous entravons la circulation. Il est vrai que peu d’embarcations de ce genre se sont risquées dans ce labyrinthe hors du temps et sur ce Grand Canal, décrit comme la plus belle rue du monde avec tous ces Palais dont les façades colorées jouent avec la lumière à toutes les heures du jour.

La promenade pédestre, une fois l’annexe amarrée au pied du Rialto, si moins originale n’offre pas moins de charme : des ruelles bordées d’échoppes souvent très colorées où masques de tout style semblent regarder avec une certaine indifférence les passants, un petit pont en dos d’âne permettant de traverser un « Rio » pour déboucher sur une petite place provinciale. Une promenade paisible que chacun peut faire à son rythme sans crainte d’être agressé par un quelconque véhicule.

Et puis, tout à coup, l’arrivée sur la « Piazza San Marco », vaste esplanade fermée par la Basilique, le Palais des Doges et l’aile Napoléon …. oui il a sévi aussi à Venise, abolissant une constitution vieille de 10 siècles, annexant cette cité de tout temps indépendante à l’Autriche, emportant quelques précieux souvenirs de son passage à Paris en bon touriste dont les célèbres « Cavalli » partis de Constantinople et aujourd’hui restitués à la Basilique.

La Piazzetta prolonge avec bonheur cette place en ouvrant la ville sur la lagune avec une large perspective sur l’île San Giorgio où se dresse la grandiose « Maggiore ».

Richesse des ors des mosaïques ornant les voûtes de la Basilique, élégance de l’architecture des extérieurs du palais des Doges recouvert d’un marbre saumon exceptionnel. Splendeur de ses vastes salles où chaque tableau est l’œuvre d’un Grand Maître vénitien : Véronèse, Titien, Tintoret…


Du haut du campanile « La Sérénissime » est étendue à nos pieds. Vue superbe sur la ville qui cache ses canaux et d’où émergent les multiples clochers dont les carillons semblent se répondre.

Après avoir, en annexe, soupiré de tendresse sous le Pont des Soupirs, nous avons, à l’intérieur de cet impressionnant couloir, entendu les vrais soupirs d’angoisse des condamnés menés en prison depuis le Palais des Doges.

Une visite à Venise serait incomplète sans une longue pause musicale dans l’un des deux plus célèbres grands cafés. Nous avons choisi le Quadri, plus récent que le Florian, et une approche culinaire dans des « Trattoria » où sont servis : spaghetti à la sépia, sardine à l’oignon confit, foie à la vénitienne, escalope au Marsala, sans oublier le délicieux Mascarpone ou les succulentes « gelati ».

Le 5 août, 6 heures : Logos quitte son mouillage. Le soleil se lève sur Venise. Sa grand-voile déployée, il ne peut pas résister, rebrousse chemin et fait un dernier tour vers le grand canal. C’est sous cette lumière naissante que les peintures des plus grands maîtres renaissent dans nos esprits.


5 jours féeriques, un voyage hors du temps, une escale hors du commun.