Carnet de bord 2003
DE PREVEZA à CORINTHE
PREMIERE PARTIE
5 avril 2003 : de Roissy à Athènes par Euralair puis d’Athènes à Preveza en taxi
« Le retour vers Logos »
Décollage 5 avril, 5 heures du matin après avoir quitté tous ceux que nous aimons. Le vol se déroule sans encombre jusqu'au survol de la Grèce et, au moment de la longue descente d'au moins 30 minutes, le pilote essaye - sans résultat - de louvoyer entre les cumulonimbus. On se croirait à Eurodisney dans les attractions à émotions. La photo est prise juste avant de pénétrer dans ces nuages. L'ambiance dans l'avion est mitigée.
Le commandant fait l'impossible pour stabiliser son Airbus et à l'atterrissage, il a bien mérité une salve d'applaudissements de la part des passagers encore valides. Athènes Préveza en taxi (470 Km,, 230€) et à 17 heures, nous retrouvons notre Logos.
du 5 avril au 16 avril
« Le chantier est encore en sommeil »
Bricolages sur le bateau
Installation du panneau solaire
WC pour les turcs
Sondeur
Et autres menus travaux
Le 12 avril 2003
Les grecs n'en reviennent pas... nous non plus !!! Il fait froid, il neige à faible altitude et c'est un spectacle que de voir les montagnes qui dominent le chantier naval couvertes de neige. Déjà presque une semaine que nous vivons perchés, entourés d'une forêt de mâts tels les Robinsons suisses à enrichir Logos de nos dernières acquisitions et à remettre chaque chose à sa place, si ce n'était le souci de la santé du Papa de Pierre, nous pourrions dire que tout va bien; le chantier s'anime peu à peu... Les bateaux se réveillent après un long hivernage. La moyenne d'âge est plutôt élevée mais l'ambiance beaucoup plus encourageante que dans une maison de retraite!!!
Les bateaux eux ne se soucient pas de l'âge du capitaine... Nous attendons des nouvelles de Toulouse - intervention chirurgicale inquiétante sur mon papa (Pierre) - pour décider du moment de la mise à l'eau du bateau.
Le 15 avril 2003
Les nouvelles sont très mauvaises. L'intervention et les examens ont permis de détecter deux tumeurs. Il est sage de revenir l'embrasser même si on peut toujours espérer. Mais quelle « odyssée » que ce voyage ! Pour arriver avant le Week-end de Pâques la solution la plus rapide était de traverser l'Adriatique en Ferry puis de regagner Toulouse en train. Afin de dissuader ceux qui prônent à tous crins l'usage du Ferry pour atteindre la Grèce sans prendre l'avion, voici le détail de notre odyssée (... sans mal d'Homère).
Départ du chantier naval mercredi 16 avril 14h30 dans le bateau du chantier pour nous amener en ville. Logos se demande pourquoi il est de nouveau abandonné .Traversée de la ville à pied avec 40kg de bagages qui libèrent un peu les coffres de Logos.
Départ du bus 15h30. Bus omnibus s'arrêtant à la demande par le chemin des écoliers. 2h30 pour 100 Km mais une belle visite.
Départ du Ferry vers Ancone 20h. Le luxe. Un ferry de Superfast tout neuf, cabine à quatre pour nous tous seuls. Arrivée le lendemain matin à 10 h30, heure italienne au port après plus de 15 heures de traversée. Un taxi digne du N°1, 2 et 3 pour nous amener vitesse grand V à la gare : feux rouges grillés, bandes blanches ignorées et pédale d'accélérateur confondue avec pédale de frein. Un virtuose. Toujours est-il que, par chance, un Trans-Europe-Express nous a pris en charge un quart d'heure plus tard pour Milan. Seulement 10 minutes d'escale pour changer de train et monter dans un train bondé en direction de Nice. Je trouve une place assise à l'arrêt de Gènes trois heures plus tard. Pierre doit attendre San Remo pour pouvoir s'asseoir, 5 heures plus tard.
A 20 heures, Nice . 2 heures après, départ pour Marseille avec une escale familiale. de minuit à 11 heures du matin. Et, après un nouveau changement de train à Montpellier et 2 heures d'escale, le 18 avril à 16 heures 30, arrivée à Toulouse un peu éreintés. Mais qu'est-ce que 50 heures de voyage quand on rencontre une telle détresse humaine devant une maladie difficile et inéluctable. Pour combien de temps serons nous à Toulouse ???
15 mai 2003 : C'est fini pour mon papa. Que de souffrances!!! Le cancer n'est pas une maladie, c'est un être maléfique qui s'installe au sein d'un corps, lui prend toutes ses forces vives, l'oblige à puiser dans ses ultimes réserves et use aussi l'énergie de l'entourage, le laissant désemparé devant la lente agonie puis la disparition de l'être cher.
26 mai 2003
Nous regagnons le bateau à Preveza.
Notre voyage va pouvoir reprendre, Il le souhaitait tant.
Plus qu’une parenthèse douloureuse refermée, c’est une longue page tournée pour tous ceux qui ont connu cette maison familiale de St Géniès.
Augustin (non pas le Saint mais notre cher beau-frère) a écrit « Quand nous repensons à tous ces moments durs que nous avons vécus ensemble, seule nous reste la grande joie de notre fraternité! »
Un nouvel au revoir avant l’envol pour Preveza où Aline nous accueille avec sa chaleur amicale coutumière pour nous mener au chantier naval. Quelques mots échangés avec Pierrot avant leur départ, leur camionnette est chargée pour leur retour sur Valras, Océane mise à l’eau, prête à être convoyée. Image un peu triste que même notre repas du soir pris en compagnie de Jean-Claude, Monique et d’autres voileux ne parviendra pas à effacer.
Le 27 mai 2003 Preveza, Logos sur ber
« Un nid dans la bôme »
Logos se réveille lentement de son endormissement que des moineaux avaient cru définitif, nidifiant dans la bôme et dans la Grand-Voile.
Les petits ne pouvant être du voyage, c’est le bateau voisin qui en héritera sans savoir s’ils survivront…
La navette nous permet un avitaillement substantiel au village. Pierre s’affaire aux derniers bricolages ou agencements. Je range et commence à me replonger dans les guides.
28 mai 2003 Le départ
1ère navigation, 1ère crique, 1er mouillage forain, 1ère apnée, 1ers coups de soleil.
Nous dédions ces moments tant espérés à tous ceux qui ont tant souffert avec Lui et pour qui la vie reprend ses droits avec ses petites joies quotidiennes, ses moments de bonheur, mais aussi ses petites contrariétés que nous savons si bien relativiser maintenant.
10 h 30 le chariot de levage s’approche de Logos. Un long hivernage de 8 mois va prendre fin. Instants toujours émouvants que celui où la quille commence à s’enfoncer dans l’eau, comme si le bateau renaissait à la vie. Un repas pris, attaché à la bouée, une dernière vérification et nous décidons de commencer notre croisière. Lente remontée du chenal, les voiles sont hissées et bien gonflées. Logos file et redevient ce fringant coursier auquel nous confions nos rêves de découvertes pour nous mener juste à temps pour l’ouverture du pont tournant fermant le canal de Lefkas.
Une première escale familière que certains méditerranéens qualifieraient de bretonne par la température de l’eau mais les premiers frissons surmontés, qu’il fait bon se retrouver dans (Pierre dixit) ce doux liquide amniotique.
Le 29 mai 2003 Tourkovilia
Belle crique, vaste et calme animée par les clarines d’un troupeau. La route neuve qui la longe est encore très peu empruntée. L’hiver a été difficile pour les combinaisons et les ceintures de plombs, devenues un peu plus serrées. Nous retrouvons avec plaisir le doux contact des oursins et leur saveur si subtile.
Le 30 mai Oxia
Une belle navigation parmi les îles qui, si elles n’étaient pas boisées feraient pâlir d’envie les Kornati croates. Un vrai petit paradis pour voileux que ces petites îles qui ferment ce vaste plan d’eau en le transformant en un superbe lac de montagne. Si seulement l’homme n’était pas venu investir chaque petite anse avec des installations encombrantes de fermes avicoles. De vastes piscines flottantes où des milliers de petits poissons, Daurades, Loups, grandissent aux granulés alimentaires. Pour eux, pas de beaux creux de rochers où se faufiler, pas de courses folles après une proie ! Non ! Ici, c’est la piscine aux heures les plus chaudes de l’été ou le métro aux heures de pointe avec pour seul avenir une présentation calibrée sur l’étal du poissonnier.
C’est à Nissis Oxia que nous faisons étape dans une anse grandiose aux à-pics majestueux interdisant tout ancrage, sauf à une grosse bouée de la ferme marine qui occupe ces lieux. Merci aux ouvriers qui, non seulement nous en ont autorisé l’usage mais nous ont invités à visiter leurs installations.
Le 31 mai 2003 d’Oxia à Missolonghi
Une longue nuit bercée par les vagues qui se sont progressivement enflées et ont nécessité le coup d’œil vigilant du Capitaine, alerté par une forte ondée. Bien attachés à notre bouée, c’est plutôt l’inconfort qui nous incite à partir. Une première tentative en direction du Golfe de Patras mais, faire face pendant 18 milles à un vent debout qui ne cesse de forcir nous inquiète un peu. C’est pourquoi, sagement, nous allons trouver refuge dans l’anse en face de l’île d’Oxia, sur le continent. Un bon bain … 21° !!! notre salade composée quotidienne, juste le temps de voir le vent faiblir pour reprendre notre route vers Missolonghi. Vaste zone lagunaire de marais salants.
La faible profondeur nous oblige à suivre attentivement un long chenal entre une série de balises plus ou moins présentes de peur de nous échouer. Mais le spectacle au soleil déclinant est magique. Sur de longs cordons de sable, se dressent des maisons sur pilotis, colorées, avec de pittoresques appontements de bois où de vieilles barques effilées sont amarrées. Certains touristes se croient en Asie.
Pour nous, cette architecture évoque plutôt les Antilles, plus particulièrement les Saintes. Un monde hors du temps que Logos longe respectueusement.
Étrange contraste lorsque nous arrivons dans la rade de Missolonghi. Des scooters des mers, des Jet ski vrombissent en lançant des gerbes d’eau. Nous avons basculé dans un monde en pleine mutation et ce spectacle n’est pas sans nous rappeler l’attraction « Waterworld » d’Universal Studio à Hollywood. En fait, il s’agit d’une importante compétition et nous sommes aux premières loges, bien installés sur le pont de Logos.
Une douce nuit où Logos semble posé sur l’eau. Rien ne bouge.
Le 1er Juin 2003 de Missolonghi à Trizonia
Un départ tout aussi féerique de Missolonghi. Le soleil vient de se lever et éclaire ces pittoresques maisons de pêcheur où chacune est révélatrice de son propriétaire. Toujours l’œil en alerte pour longer la longue langue de sable. Un charme certain se dégage de ce paysage sans grandeur mais tellement prenant. Nous avons hissé la Grand-Voile mais c’est en fait le moteur qui nous fait remonter le golfe de Patras. Nous n’avons pour seule compagnie que de temps en temps un Ferry de Superfast qui longe la côte sud. La rive Nord nous appartient.
Nous admirons en passant l’habileté des architectes et des ingénieurs qui construisent ce pont grandiose près de Patras. Il remplacera les ferries actuels et reliera Andirion à Rion. Les Cost Guard veillent et nous imposent de passer sans voile dans un chenal bien précis… et peu balisé. Une fois de plus grande solitude dans le golfe de Corinthe. C’est grisant d’avoir une belle étendue à soi tout seul, nous qui imaginions ce golfe comme un important lieu de passage pour le canal de Corinthe.
Arrêt repas sous les repas de Navpaktos, un adorable petit port médiéval où les Turcs ont préparé leurs galères pour la bataille de Lepante (baptisée ainsi par les Vénitiens).
Le vent s’est levé, c’est Gégène qui, par vent arrière, nous propulse vers notre prochaine étape, l’île de Trizonia recommandée par d’autres marins. Les côtes nord et Sud sont maintenant bordées de hautes montagnes.
Arrivée un peu sportive dans le mouillage de Trizonia, une petite marina sympathique. N’ayant pas à poser pied à terre, nous mouillerons dans la rade.
Le 2 juin 2003 de Trizonia à Itea
Un départ en douceur de Trizonia. Pierre rêve de Spi, c’est le moment. Le vent est propice et le golfe très calme, seulement deux ou trois petites barques de pêcheurs au loin. Une remontée majestueuse vers Galaxidhi, le spi se gonfle et entraîne doucement Logos. Une bonne baignade et notre collation de midi au profit d’une accalmie.
Une visite à Galaxidhi, joli village dans une rade bien abritée mais dont les possibilités d’apponter nous semble hasardeuses.
C’est donc dans la « future » marina d’Itea que nous amarrerons Logos avec, en prévision, la visite de Delphes. Itea semble en complète mutation pour se tourner vers le tourisme et l’accueil des navigateurs de passage. Cela nous vaut ½ heure de paperasseries administratives à la toute débutante capitainerie. La petite ville est proprette, royaume des bougainvillées éclatantes de couleurs. Nous jouons les touristes sur le front de mer devant une bière grecque, la première depuis bien longtemps.
Le 3 juin 2003 Delphes
Première étape culturelle de notre périple.
Le car local nous monte à Delphes par une très belle route en lacets qui serpente au milieu des oliviers et des orangers, nous laissant apercevoir le petit port d’Itea, 700 mètres plus bas. Le cadre de ce site est grandiose et aurait pu à lui seul en justifier le choix… S’agit-il du lieu de rencontre de deux aigles lâchés chacun à une extrémité de la terre par Zeus pour en déterminer son centre ?
Est-ce la Nymphe Castalie, source pure qui a attiré en ces lieux Apollon, l’éternel amoureux ? On comprend aisément que ces hautes falaises ouvrant sur deux longs défilés puissent exercer un certain pouvoir.
Se promener dans le site archéologique génère plus qu’une curiosité intellectuelle…
Il se dégage une sorte d’émotion, point besoin de feuilles de laurier mâchées ou de vapeurs pour se sentir inspirés en empruntant la voie sacrée qui mène au temple d’Apollon.
Tout comme nos aînés, nous sommes montés tout en haut, jusqu’au stade (stade : unité de longueur de 600 pieds) où évoluaient les « gymnastes » (de gymnos : nu).
Seul, le musée a été un peu frustrant puisqu’il est en complète réfection en vue des Olympiades de 2004…
Malgré tout, les pièces les plus célèbres nous ont été montrées : la statue en bronze de l’Aurige, celle en marbre d’Antinoos, favori de l’empereur Hadrien, dont la beauté a sûrement fait rêver plus d’une jeune fille, surtout lorsqu’un prof de dessin ambitionne de vous le faire dessiner… (Souvenir personnel de mes cours de dessin de 6ème…
… Mais la pudeur d’un lycée de jeunes filles voulait que l’on ne nous donna que la tête à dessiner!!!)
Visite de l’aire de Marmaria où se dressent encore, pleines de poésie, trois colonnes d’un temple destiné à Athéna, et, bien sur, par cette chaleur… rafraîchissement à la source Castalie… On ne dira pas forcément « bonne à Pythie » mais elle est tout de même bonne à boire.
Trois heures hors du temps.
Un beau spectacle dans les rues de Delphes, de vieilles cylindrées (Jaguar, Porsche, Rolls…) s’y sont donné rendez-vous pour le Rallye de l’Odyssée… De merveilleuses dames bien bichonnées.
Une taverne recommandée par le Routard, « L’Omphalos » nous accueille sur un petit balcon dans la verdure… Il n’y en a que pour nous… Cela ne doit pas être pareil au mois d’Août, vu le nombre de tavernes.
Retour tout aussi pittoresque par le car pour Itea où nous attend sagement Logos.
Le 4 juin 2003 d’Itea à Ormos Sikia
Matinée consacrée à l’avitaillement en fraîcheurs et aux formalités de départ. On se croirait en Tunisie : questions pressantes… Où allez-vous ? Quelle est votre prochaine étape ? Comme si les vents permettaient de le dire avec certitude… et tampons et retampons sur d’encombrants documents… On s’en tamponne !!!
Nous quittons l’appontement pour retrouver les plaisirs d’une crique. Baignade, oursins et solitude. L’anse Sikias nous accueille… Un bout du monde plein de romantisme. Quelques maisons apparemment closes, un long ravin et le tintement des clochettes dans les buissons. Une barque de pêche est sagement ancrée.
La côte sableuse se révèle riche en oursins mais de si petite taille qu’ils ne nous ferons qu’un apéritif. Soirée animée par le rassemblement d’un troupeau de moutons aux sifflements harmonieusement modulés par le berger. Un vrai langage entre l’homme, les moutons et le chien.
Le 5 juin 2003 d’Ormos Sikia au port de Corinthe
Douceur du lever de soleil dont le troupeau en blanc et noir vient longer la grève.
Une baignade et, à 9 heures, nous levons l’ancre en direction de Corinthe. 30 Milles que nous parcourons au moteur tant le vent est fantasque dans le golfe de Corinthe et vient souvent en face, de l’Est. La côte est magnifique, échancrée de vastes baies. Pierre bricole et fait tremper ses rapalas, espérant appâter un impossible thon. J’avance mon ouvrage estival pour les filles tout en surveillant l’horizon qui tout à coup s’anime. Un groupe de dauphins se détourne de sa route et vient nous offrir un splendide ballet, bientôt renouvelé par un second groupe.
Vision émouvante que nous n’avions pas revue depuis la tempête de notre départ tant les dauphins se font rares en Méditerranée à l’exception d’un vieux solitaire croisé en Croatie.
L’arrivée dans le port de Corinthe se révèle un peu angoissante. Très peu d’eau, un haut fond et un port très petit pour les plaisanciers, encombré et peu accueillant. Il est 15 heures… et les places sont chères… Bien conseillé par un plaisancier de rencontre, Logos se retrouve amarré à un ponton flottant, gigoté par une contre houle rentrante.
Corinthe est une ville sans grand pittoresque, animée et commerçante mais, en ce qui concerne les loueurs de voiture, c’est plutôt insuffisant. Un premier loueur, assurément hors de prix est, heureusement incapable de nous proposer un véhicule avant lundi ; cela nous permet de trouver une agence de voyage qui nous propose une Clio chez Budget à un prix raisonnable. À nous les sites tant photographiés.
6 juin 2003
Nous avons préparé un agréable circuit d’environ 200 Km que reconnaîtront sans peine nos touristes aînés (jeunes et toujours jeunes qui nous ont précédés dans ces sites. Tout d’abord l’Ancienne Corinthe « La Cité entre les mers » autrefois si riche car commandant le passage commercial entre le continent et le Péloponnèse et étape entre la mer Égée et la mer Ionienne. 7 énormes colonnes monolithiques se dressent encore fièrement à l’emplacement d’un temple dédié à Apollon, et une source captée rappelle que le choix d’un site est souvent lié à la présence d’eau.
Bien sur, Pierre a voulu monter jusqu’à l’Acrocorinthe, là où se dressait un temple dédié à Aphrodite où prêtresses et danseuses se livraient à la prostitution sacrée…
(N.D.L.R. : Pure calomnie ! C’est Martine qui décide des sites qu’elle veut me montrer !!!)
Mais, en fait de temple, une grandiose forteresse très « Désert des Tartares » (N.D.L.R. Elle en fait encore tout un fromage !!!) surveillant toute la plaine côtière du Péloponnèse et des coquelicots éclatants sous le soleil. Sans doute la trace de Saint Paul qui s’est efforcé de remettre aussi les Corinthiens dans le droit chemin. Quel voyageur infatigable !!!
Spectacle bien différent à Mycènes. Pas de temple… mais les restes d’une importante forteresse préhistorique dans laquelle les remparts constitués d’énormes blocs écrasent, menaçents et rappellent, en pénétrant par la célèbre Porte des Lionnes, la sinistre tragédie qui unit dans la mort Agamemnon, Clytemnestre et Egisthe. Nous sommes loin de cette opérette pleine d’humour où nous avons pu admirer en gracieuses grecques Aurélie et Stéphanie.
Nauplie, dominée par une élégante citadelle nous offrira fraîcheur et trêve. Ici, pas de poids de l’Histoire mais un port accueillant aux ruelles ombragées par d’éclatantes bougainvillées. Sur le retour, une longue halte à Épidaure.
Dommage que notre mémoire soit un peu défaillante car, seuls dans ce théâtre (alors qu’il peut encore contenir jusqu’à 12000 spectateurs), nous aurions pu déclamer. Pierre s’est tout de même permis de me déclarer son amour puis, moins prosaïquement, de murmurer quelques pages du guide. J’ai pu l’entendre du plus haut des gradins. Il suffisait d’utiliser le nombre d’or (1,619) pour obtenir une acoustique aussi parfaite.
Asklepios ou Esculape, fils d’Apollon et Dieu de la Médecine, capable de guérir et ressusciter est aussi à l’honneur dans le sanctuaire voisin, en fait, un des premiers cabinets de consultation.
Il ne nous reste plus qu’à aller à Ithmia pour nous familiariser avec le Canal de Corinthe. Un pont qui s’enfonce dans l’eau pour laisser le passage à un bateau qui sort lentement du Canal et se dirige vers le Golfe Saronique… après 6 Km de navigation. Ce sera notre tour demain.
7 juin 2003 la remontée du Canal de Corinthe
8h 15 Le petit port de Corinthe s’anime… 4 voiliers se préparent à emprunter le Canal de Corinthe… Expérience, part de rêve. Rendez-vous a été pris pour 9 heures, alors le pont fermant l’extrémité côté Patras s’enfoncera et nous commencerons, les uns derrière les autres à glisser lentement entre les hautes parois (70 mètres par endroits) non sans penser aux ouvriers qui ont creusé ce canal il y a seulement 120 ans. Un gros cargo s’engouffre d’abord, tiré par un remorqueur.
Logos leur laisse prendre du champ avant de s’engager, suivi des trois autres bateaux. Assez impressionné et tout fier, surtout lorsque les flashs des touristes massés le long de la rambarde ont crépité lors de l’approche de son mât sous l’un des ponts surplombant le canal. Une heure de réel plaisir… Quelques formalités à la sortie. Le prix du plaisir par carte bleue et nous voilà dans la mer Égée.
Un îlot désert nous attend (Nissos Diaporioi… Non loin d’une ferme marine. Il semble qu’il faille compter avec et ne pas trop ambitionner les petites criques paisibles. Nous retrouvons oursins et baignades.