Mise à jour : 2015
___ Les carnets de bord de Martine___

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Carnet de bord 2003

De Bodrum à Göcek (Turquie)

Quatrième partie

Le mercredi 30 juillet 2003 Bodrum (en marina)

« Que d’amphores »

Une belle citadelle comme amer à tribord, une foultitude de mâts à bâbord, nous voici prêts à amarrer Logos pour une pause terrestre. Toujours ce même accueil empressé en marina… mais que Logos fait petit entre gros yachts, caïques et grands voiliers dont « Corinthian » - impressionnant avec ses 34 mètres et ses cinq barres de flèches qui renforcent son mât.
Bodrum : le royaume de ces magnifiques voiliers en bois appelés caïques ou gülets. Certains sont privés, d’autres sont destinés à la location ou aux excursions. Beaucoup n’utilisent que leur moteur, dommage car, « toilés », en mer, ils ont beaucoup d’allure. De « Halicarnasse », il ne reste que peu de choses : le théâtre antique à flanc de coteau déversant ses watts pour donner de la voix à la dernière chanteuse à la mode, surmonté d’une belle pub façon vieilles pierres pour un opérateur téléphonique turc et le tombeau de Mausole qui n’a plus de « Merveille » que son renom, réduit à l’état de vestige. Il faut dire que les Chevaliers de Saint Jean ne sont pas allés loin pour trouver les matériaux nécessaires à la construction de la forteresse Saint Pierre… On leur pardonnera car la promenade dans la forteresse est un réel plaisir, avec de très belles échappées sur la baie depuis le chemin de ronde. Très judicieusement, chaque tour recèle un petit musée. Des amphores, des verreries à en faire perdre la tête à Pierre…
Seule la Princesse Carienne nous échappera, car très fragile, elle n’admet que peu de visites. « Chochotte !!! » (N.D.L.R. : Pourquoi vouloir me montrer une princesse alors que j’en ai une à bord !).

Les ruelles et le port sont animés car Bodrum est une étape très touristique. Nous continuons notre dégustation de cuisine turque – assiette ottomane- baklava.

Le jeudi 31 juillet 2003 Bodrum

« Nous en sommes Médusés »

Après quelques difficultés pour trouver une voiture à un prix « raisonnable », c’est dans une Fiat Pallio (sans clim !) que nous allons faire notre cure de ruines. Une première étape à « Euromos ». Un nom ronflant (les turcs ne sont-t-ils candidats à l’Europe ?) mais un site si discret qu’il nous faut revenir sur nos pas pour emprunter le petit chemin caillouteux qui y mène et découvrir un très beau temple romain dressant fièrement 16 colonnes… le reste est encore à terre… et un gardien qui gratte avec beaucoup de soin un petit morceau de bronze trouvé sur place. Nous avons beau marcher, le regard scrutant le sol… rien ! Le site est sauvage, perdu au milieu de nulle part.

Puis la route nous fait longer un très grand lac aux rives escarpées et sauvages, autrefois golfe ouvert sur la mer, maintenant réserve protégée. Pas de baignade possible mais une courte halte à l’étal d’un producteur local : miel, figues sèches et « Nane Suyu » (N.D.L.R. : déception, ça ressemble à une eau de vie mais c’est un concentré mentholé sans alcool censé soigner les bronches mais qui parfume avec bonheur notre eau désaltérante). Toujours de très beaux paysages traversés jusqu’à « Didymes », concurrente directe de Delphes pour la qualité des oracles rendus… Dire que ce renom ne tenait qu’à un peu d’eau de source et quelques feuilles de laurier mâchouillées.

Un temple ÉNORME, « MÉDUSANT » nous attend. Pas jusqu’à en être transformés en pierre mais impressionnant tout de même : 109 mètres de haut, double colonnade ionique de 120 colonnes dont une vingtaine larges comme des chênes centenaires. Quatre siècles de travaux à la gloire d’Apollon, des millions de consultants et, aujourd’hui, des hôtes illustres qui gravissent allègrement les marches de l’escalier monumental… bien sûr, Pierre et Martine… mais aussi Bernard et Christine. Rien de surprenant mais l’information est digne de « Point de Vue et Images du Monde » si je précise qu’il s’agit de Bernard Kouchner et de Christine Ockrent. Amusant de se retrouver en tenue de vacances auprès de ces vedettes familières du petit écran et d’être témoins de leur curiosité et de leur enthousiasme, nous qui pensions qu’ils avaient déjà tout vu. Un incendie et un tremblement de terre en 1500 ont eu raison de ce colosse dont les vestiges coupent encore le souffle.

Et puis retour par ce lac admiré à l’aller, le lac Baffa, avec incursion vers sa rive sauvage jusqu’à un vieux village de montagne bâti sur l’antique site d’Héraclée, autrefois port au pied du Mont Latmos, la montagne sacrée. Un chaos grandiose de gros rochers de granite qui, si ce n’était la chaleur, vous inviterait à une longue marche à la recherche des tombes Cariennes, parsemées ça et là, des fresques rupestres dans des grottes et des restes de monastères byzantins. Un souvenir qui doit être impérissable et nous espérons bien effectuer cette marche : deux ou trois jours de Trekking avec Mustafa comme guide. En attendant, promenade dans les ruines. Les femmes du village sont réunies sous le préau de l’école pour essayer de vendre leurs travaux (dentelles, fichus, chapeaux crochetés,) aux rares touristes. Malheureusement pour elles, nous sommes les seuls et nous avons surtout soif. Une halte « Efes » (la bière nationale turque) au seul troquet. Des échanges sympathiques avec l’épouse du cabaretier. Ah ! Si nous pouvions mieux communiquer qu’avec les mains et les sourires ! Les photos des enfants la ravissent et c’est en nous embrassant comme de vieux amis que nous les quittons.

Une soirée sage pour remettre de l’ordre dans nos images.

Le vendredi 1er août 2003 Bodrum (île de Kéraada, l’Île Noire)

« 12 Kg de plus !!! »

Journée plongée sur « Isis », dans la baie de Bodrum, plus précisément à l’Île Noire.

Pendant toute la saison passée, notre équipement a dû rester dans un coffre du bateau car seule l’Espagne est aussi permissive en matière de plongée individuelle. Une petite révision s’impose. Nous n’emprunterons donc que les bouteilles au club.

Nous voici tous deux dans la catégorie des « expérimentés ». Bigre, une bien belle appellation pour moi, mais brevet oblige… Pierre a droit à 30 mètres, moi à 20. Nous sommes loin des 50 mètres effectués ensemble. La température de l’eau nécessite une combinaison mais les bouteilles sont en alu, donc très légères. Il nous faut donc augmenter notre charge de plombs (12 kg). Une matinée où chacun effectuera sa plongée avec une palanquée de niveau différent. Nous avons droit à un anglais comme moniteur. Pour Pierre, un policier à la retraite et, pour moi, un gentil petit blond de Birmingham que Pierre retrouvera avec plaisir pour effectuer la plongée de l’après midi avec moi (N.D.L.R. : Il est mignon le petit anglais mais tout de même !!!). Deux belles promenades sous l’eau le long d’un grand mur… couleurs, poissons, éponges, rencontre avec trois beaux mérous. Et, de ci de là des morceaux d’amphores… Regarder, pas toucher ! (N.D.L.R. : pas vu pas pris !!!). Une très belle journée qui nous a permis de renouer avec les profondeurs sous-marines et de nous mêler aux poissons.


Le samedi 2 août 2003 Bodrum

De « My Friend » à « Hello Cowboy ! »

Nous sentons un peu nos mollets pour cause de palmage. Un petit tour dans les ruelles commerçantes de Bodrum, un avitaillement substantiel en produits frais. Quelle merveille que ces fruits gorgés de sucre, cueillis mûrs … les figues ont enfin fait leur apparition ainsi que les petites pêches découvertes en Croatie, aplaties, informes mais succulentes. Pierre se taille un franc succès avec son chapeau. Le maître d’hôtel du restaurant fréquenté avant hier le hèle d’un tonitruant « Hello Cow boy ! » qui en dit long sur sa notoriété… il va falloir que j’harmonise mon look…

Et puis, à Bodrum, difficile de résister à l’appel de la cafetière du même nom, inaugurée bien sûr avec du café turc. Goûteux mais très subtil !

Une longue conversation avec Arthur, l’un de nos futurs mousses. Et, pour finir cette journée cool, un petit repas dans un petit restaurant de ruelle.

Le dimanche 3 août 2003 de Bodrum à Knidos

« Il faudra revenir dans 10 ans »

Nous avons choisi de ne pas nous attarder en baie de Bodrum, assez ventée, pour rejoindre la baie de Datça, plus au Sud, et profiter des deux péninsules avant Marmaris. Une fois de plus, (N.D.L.R. : mais qui s’en plaindrait ?) route sous génois. Certes, le près est un peu serré mais Logos se régale et file à 8 nœuds le long d’une très belle côte, enfin sauvage. Après avoir évité l’antique quai maintenant submergé, la baie de Knidos nous accueille tout comme elle a accueilli les Trièmes (galère à trois rangs de rameurs) il y a bien longtemps. Logos est très impressionné de mouiller dans un antique port grec.

L’abri est très fréquenté par les Gülets offrant à leurs touristes cette halte chargée d’histoire. De part et d’autre, les ruines de l’ancienne Cnide dite « Cité de marbre sur la mer ». Port fondé par les grecs au 7ème siècle av J.C., il fut un important centre de commerce avec les îles de la Méditerranée et l’Égypte.

De cette prospérité, il ne reste, dans un cadre magnifique, qu’un théâtre faisant face à Logos, le soubassement et l’autel du temple d’Apollon (un de plus !). Une fois acquitté un modeste droit de visite… une entière liberté pour flâner dans ce site (mais les mains dans les poches pour cause de surveillance importante par l’école de gendarmerie). Il semble commencer à sortir de terre et, peu à peu, reprendre forme. Une pelleteuse commence à déblayer… mais que de trésors doivent encore renfermer ces monticules de terre couverts de végétation, il faudra revenir dans 10 ans. Du haut de la colline, nous découvrons que ce port est en fait double, séparé par un isthme artificiel, l’un pour accueillir les bateaux de commerce, l’autre les navires de guerre.

Pour la nuit, la baie va appartenir aux voiliers de passage. Une très douce soirée.

Le lundi 4 août 2003 de Knidos à Echo Bay

« En route pour la croisière turquoise »

C’est à l’arrivée des premiers gülets que nous levons l’ancre pour rejoindre une baie étroite, encaissée, sauvage. La côte est grandiose avec de hautes montagnes, sans aucune habitation en vue. Dans la baie, pour deux raisons essentielles, nous nous rendons vite compte qu’il est préférable d’ancrer le bateau au milieu et de le faire reculer pour le plaquer contre la paroi en y attachant un bout à terre. Tout d’abord le vent qui dévale la montagne (vent catabatique) ne peut alors que s’attaquer au sommet du mât (mais Monsieur Meltem est tellement acrobate qu’il réussit tout de même à s’écraser avec vigueur sur le pont).

Par ailleurs, Logos a eu l’envie- vite réprimée - d’aller flirter avec la chaîne d’ancre d’un énorme gület ! Une eau claire mais désertifiée.

Le mardi 5 août 2003 d’Echo bay à Akcabuk et mercredi 6 août Akcabuk toujours

« De l’Égée à la Méditerranée »

Un rythme petite croisière pour nous mener trois criques plus loin, histoire de visiter… tout d’abord une vaste baie abritant un port et une large plage de sable fin – assez rare- et puis une baie verdoyante avec, cette fois au fond, une plage de galets.

Une côte rocheuse très accidentée qui nous fait espérer de beaux oursins… Hé bien non ! Rien qu’une belle promenade entre les gros cailloux et quelques morceaux d’amphores. Il ne nous a pas été possible d’offrir aujourd’hui à Laurence la photo d’un beau plat d’oursins en guise de gâteau d’anniversaire. Peu de voisinage… Quelques baigneurs sur la plage, un beau bateau turc appelé « Dédé » (en français Pépé) … Aucun gület.
Et puis cette grande solitude, le soleil qui se couche derrière la montagne, un ciel étoilé, une baignade aussi étoilée de plancton phosphorescent, une première partie de la nuit dans le cockpit, le ressac contre les rochers. Romantique. Et dire que nous sommes sous la menace d’un Meltem annoncé force 8 un petit peu plus loin, au large !!!

Le jeudi 7 août 2003 de Ackabuk à Datça

« Houle là là !!! »

La nuit a été agitée. Logos, avec délectation, a tangué avec la houle, preuve d’un franc mauvais temps plus loin. Nous en sommes tout chaloupés. Un petit déjeuner au calme au milieu de la baie, nous voilà partis pour Datça, petit port voisin. Un peu de voile… et nous pénétrons dans ce port essentiellement tourné vers tourisme.

La flottille Sunsail occupe tout l’appontement de bois. Nous sommes accueillis avec beaucoup d’amabilité au quai en dur.

Ouf ! Cela fait du bien d’être à plat. Gare au mal de terre lorsque nous allons débarquer. C’est avec plaisir que nous flânons dans ce port qui sent bon le vrai. Certaines tavernes présentent une carte originale avec de belles cigales de mer vivantes dans des bassines… mais à un prix touriste (60Euros le Kg). Nous snoberons ces petites merveilles au profit d’un petit estaminet turc. Pas de carte, on choisit ses plats dans les marmites… Très sympa ! Des boulettes sauce yaourt turc et un ragoût de bœuf avec un Raki ou Pastis Turc (une pleine carafe !).

Nous avons réussi à faire comprendre au patron que notre consommation était moindre. Puis un petit détour par la poste pour expédier notre courrier. En Turquie, point de boites aux lettres au coin des rues. Obligation d’aller à la poste et d’y pénétrer. Pas très pratique mais cette dernière est ouverte de 8h à 24h, comme beaucoup de commerces. Datça s’est animé, mais sans vulgarité, cela nous promet une nuit paisible.

Le vendredi 8 août 2003 de Datça à Gönlücek

« Poisson vole ! »

Comme une petite bourgade de province, Datça s’éveille doucement. Plusieurs gülets quittent l’appontement pour donner un peu de rêve aux touristes terrestres en les menant de crique en crique avec beaucoup de savoir faire. Avant de quitter l’appontement, toujours difficile de ne pas acheter ces grosses figues pleines de sucre à en éclater, vendues par de petits récoltants installés sur le trottoir avec leurs paniers : un Million le Kg (0,6 Euros)… une cure bon marché. Et puis, à un étal d’épices, un plein sac de baies roses poivrées fraîchement cueillies. Quel parfum !!!

Nous regagnons Logos par les chemins arrière, histoire de ne pas nous contenter de la façade pour touristes. Vraiment une très bonne ambiance dans ce port.

Le génois au près propulse Logos et ses passagers le long d’une très belle côte élevée. Les rochers rougeâtres se dressent dans le ciel bleu, paysage que nous n’avions pas encore rencontré.

Il est 14 heures lorsque nous ancrons Logos au milieu de la crique Est de Gönlücek. Au fond, une petite plage avec quelques pins. Une eau très claire, de beaux plateaux rocheux en bordure où se nichent de nombreux petits poissons mais point d’oursins. Une apnée réveille un grand poisson volant. Imaginez une petite boursouflure couleur sable qui, tout à coup, déploie de larges « ailes » transparentes frangées de bleu pour aller se poser un peu plus loin. Du jamais vu, même en plongée. Le site étant propice, nous décidons de poser notre filet.

Une nuit bercée par une légère houle qui semble encore indiquer qu’à l’extérieur cela doit être moins idyllique.

Le samedi 9 août 2003 de Gönlücek à Armak Buku

« De Nord Est à Nord Ouest »


Toujours cette curiosité au réveil… Le filet a-t-il œuvré ? Une remontée qui dépasse toutes les espérances… 2 barracudas et 38 autres petits poissons. 3 repas assurés… C’est Byzance ! Certes, il faut extraire nos infortunés visiteurs des mailles du filet mais, c’est un réel plaisir.

Difficile de se fixer le long de cette magnifique côte de la péninsule de Datça tant les belles criques se succèdent à quelques milles de distance. C’est d’abord dans la crique Nord Est que nous faisons une pause, histoire de rendre visite aux rochers côtiers… des fois que… Deux ou trois oursins égarés sont piégés histoire de ne pas en perdre le goût.

Premier plat avec notre pêche : un blaff avec des pommes de terre cuites dans le jus (un peu d’Antilles en Turquie). C’est le fumet recueilli qui servira à faire cuire le riz… 3 étoiles sur Logos… et une bonne sieste.

Nouveau décor pour notre soirée au Nord Ouest : une « oasis » du Sud tunisien au bord de la mer. De hautes montagnes de roches rougeâtres creusées de gorges menant à une plage bordée de palmiers… un petit ru d’eau douce rejoint la mer. Paysage grandiose qui fait rêver et nous invite à une longue promenade le long de la grève. Les bigorneaux ne nous attendaient pas et pourtant, nous les avons découverts !!! Il est difficile d’imaginer mouillage plus beau. À retenir !

Le petit bateau familial ancré près de la plage nous quitte, il sera remplacé par la barque d’un pêcheur très discret qui nous aurait bien proposé du poisson ! Une cigale, nous n’aurions pas dit non mais, pour ce qui est du poisson, nous y avions pourvu.

Le dimanche 10 août 2003 d’Armak Buku à Kuyulu Buku

« Oursins, Logos est là ! »

Grand calme, un petit coup de moteur et notre spectacle commence… et quel spectacle !!! Les pentes escarpées tombent droit dans la mer. Un petit détour par une sorte de canyon aux rives rougeâtres couvertes de pins. Plusieurs voiliers s’y sont nichés, comme posés sur l’eau. Une vaste baie nous attend. Logos ancré près d’une petite plage, très près, avec moins de 3 m d’eau sous la quille regarde les enfants s’ébattre en criant et pense à ses petits passagers futurs… « Facétieuse » l’annexe nous mène le long de magnifiques rochers pour une belle promenade sous l’eau où, enfin, de beaux oursins nous attendent. Quelques apnées le long d’un tombant… un vrai jardin où folâtrent de jolis poissons.

La plage s’est vidée. Pas un souffle ne vient rider la surface de l’eau. Peu à peu la lune monte lentement au-dessus des pins. Difficile de quitter le pont !

Le lundi 11 août 2003 de Kuyulu Buku à Tavsan Ada

« Monument Valley sans les Navahos ! »

Partis pour traverser la baie, nous jetons un coup d’œil à une crique dans laquelle trônait, la veille, un beau gület : la place est libre ! … super… et superbe – un mouillage au pied de « Monument Valley ». Vision surprenante et magique de ces roches rougeâtres aux formes étranges révélées par la lumière… une toute petite barque est blottie sous les pins… encore seulement trois mètres d’eau sous Logos et, de chaque côté, une très belle côte qui nous offrira de magnifiques oursins, cueillis comme des fruits murs dans un jardin. De temps en temps, un majestueux caïque pour nous permettre une belle photo.

Une promenade en annexe et une soirée romantique dans ce cadre plus que grandiose.

Le mardi 12 août 2003 de Tavsan Ada à Dirsek

« Bonjour Gusty ! »

Une longue promenade entre les hautes falaises de la côte et les îles par un chenal impressionnant de beauté pour parvenir à Dirsek, grande anse très fermée. Plusieurs bateaux sont déjà mouillés au fond. Nous choisirons d’attacher Logos près de l’entrée et de préserver ainsi notre intimité. Nous avions oublié Gusty. En nous rapprochant du cap, nous le retrouvons à souffler en rafale dans tous les sens, nous obligeant à barder Logos de ficelles.

Le mercredi 13 août 2003 de Dirsek(Turquie) à Symi (Grèce)

« Un petit tour chez les grecs ! »

Difficile de ne pas faire un crochet par Symi. Cette petite île grecque est enclavée entre deux péninsules turques. Un vent favorable nous mène facilement avec un léger détour par le Nord de l’île pour avoir l’air de venir de Kos. Échange de pavillon. Nous pénétrons entre de hautes falaises dans une très vaste baie qui au fond d’une étroite échancrure abrite le port de Symi, autrefois célèbre pour ses pêcheurs d’éponges.

Un petit port de carte postale mais dont il est difficile de rendre la grâce et le charme même en photo. Églises et maisons tapissent les flancs de la montagne aride avec beaucoup d’harmonie et de douceur. Le Ministère de Culture veille au respect d’un style décrit comme « néo classique d’inspiration italienne »… rien de très grec en fait : d’élégantes maisons à fronton, peintes de couleurs très tendres. Certaines attendent encore une la rénovation mais cela ne saurait tarder tant Symi semble prisé.

Peu de places pour apponter, une importante partie du quai étant réservée aux ferries apportant leur lot quotidien de touristes grecs ou turcs.

Cette fin de matinée nous est cependant favorable et Logos se retrouve ancré et amarré dans ce petit port d’opérette … seulement en apparence car, avec la houle soulevée par les ferries et, nous l’apprendrons plus tard, les problèmes d’ancres, il ne faut pas se contenter de fredonner « Je vous emmènerai sur mon joli bateau… » mais être vigilant.

À la « fraîche », une lente montée dans le village « Horio » : 500 marches environ., difficile à vivre à 80 ans … (N.D.L.R. : et aussi pour les livreurs de machines à laver). Puis redescente plus gaillarde sur Galos (partie basse et commerçante) : de nombreux restos, des boutiques de souvenirs.

Le restaurant recommandé par le Routard pour sa spécialité de GARIDAKIAS, petites crevettes roses pêchées à 40m avec un filet spécial et simplement grillées étant complet, nous retenons notre couvert pour le lendemain et nous contentons de Giros accompagné de frites.

Le jeudi 14 août 2003 Symi port

« Quel imbroglio d’ancres ! »

Hier soir, le port s’est tout à coup rempli, les nouveaux arrivants essayant de pousser - parfois sans précaution - les bateaux appontés pour se faire une place… Ce matin, le spectacle est au milieu du port lorsque deux ou trois bateaux aux chaînes et ancres enchevêtrées s’efforcent de retrouver leur liberté.

Toujours divertissant lorsqu’il s’agit des autres. L’habituel avitaillement, un peu de lèche-vitrine… une journée cool où on se contente de musarder. En soirée, le repas attendu au Tholos, petit restaurant sans prétention offrant une vue magnifique sur le port de Symi. Effectivement, de succulentes crevettes au goût très particulier que nous complèterons d’une friture nous y attendent.


Le vendredi 15 août 2003 de Symi à Bozuk Bükü (Turquie)

« Un service très orthodoxe !!! »

Dès le réveil, les églises de Symi, au moins quatre pour un si petit port, nous appellent pour rendre hommage à la Vierge. Dans chaque clocher un sonneur fait tinter les cloches sur un rythme soutenu mais sans ostentation. Nous choisissons la plus proche pour suivre un service orthodoxe : « Hagios Ioannis »… Une fois de plus Saint Jean et la Vierge seront réunis. Cette église est très lumineuse et aérée contrairement à de nombreuses églises orthodoxes trop chargées et intimistes. Un échange de psaumes entre le Pope et deux chanteurs dont une basse à la voix remarquable. Un service très simple avec, au moment de la quête, une distribution de cierges que chacun allume à la flamme de celui de son voisin. Seule la communion nous laisse un peu perplexes car il nous serait difficile de boire le vin du Calice distribué par le Pope à chaque fidèle avec la même petite cuillère. (N.D.L.R. : D’autant que le Pope souffrait de Parkinson !!!)

Une visite aimable aux Coast Guards, histoire d’avoir un tampon sur le « Permis de Naviguer ». On ne sait jamais avec les grecs !

Et puis nous levons l’ancre… sans lever celles des voisins, ce qui n’est pas le cas pour beaucoup d’autres infortunés. Un petit tour le long des côtes Est de Symi avant de traverser pour « l’autre côté ». De hautes falaises grises, un peu sinistres, encadrent une échancrure grandiose : « Thessalona ». Un mur haut d’environ 500 m ferme cette crique avec, au fond, une petite plage de galets très clairs. Une eau très limpide. Très belle étape repas et baignade mais trop angoissante pour la nuit, surtout si la mer décide de houler un peu.

Un vent capricieux pour traverser ! Tentative de spi, calme plat puis génois au près pour rejoindre le cap Karaburun en Turquie. Nous jetons l’ancre entre deux magnifiques caïques dans une vaste baie gardée par une forteresse antique offrant plusieurs petites criques accueillantes et de très discrets restaurants. Curieux spectacle que de voir, devant chaque restaurant, en équilibre sur un esquif, une personne agiter une bouée orange pour attirer vers son rustique ponton le voilier qui vient d’entrer dans la baie. Un style très « Pompom girls … ou boys ».

Le samedi 16 août 2003 Bozuk Bükü

« Quelle belle miche !!! »

Que cette vaste baie est belle dans la lumière du matin. Chaque bateau a trouvé son ancrage mais les appontements des petits restos sont restés pratiquement vides. Dure saison pour eux. Les barques autochtones sont à l’ouvrage, soit pour pêcher soit pour essayer de vendre aux touristes voileux leurs productions : miel, figues, artisanat… Nous nous laisserons encore tenter par les figues. Une visite à la forteresse « hellenistique »… assurément une vaste place forte aux épaisses murailles destinée à garder cette baie où s’abritait une antique cité, « Loryma », dont subsistent quelques ruines dispersées.

En passant près de l’un de ces petits restaurants, une bonne odeur de pain chaud qu’une « grand mère » est entrain de sortir du four effleure nos narines. Nous reviendrons au bateau avec une énorme miche et le projet de venir dîner ce soir tant cette famille turque semble méritante. Nous apprendrons du jeune « restaurateur » que, la saison terminée, il redevient berger et pêcheur. La saison des cigales de mer étant passée et les dernières, tenues en laisse devant l’appontement, étant hors de prix, nous nous contenterons d’un bon poisson (un perroquet) cuit sur braise accompagné de mezzes.

La nuit est tombée, retour romantique en annexe jusqu’à Logos à la lumière des étoiles.

Le dimanche 17 août 2003 de Bozuk Bükü à Gerbekse.

« Une Maison Tannières Byzantine »

La nuit a été un peu « berceuse », Logos ayant toujours cette fâcheuse tendance à se mettre en travers pour danser avec la houle. En route pour 16 milles, mi voile, mi « pépère le moteur » tant le vent peut varier selon le relief des côtes. Une ou deux échancrures, puis une longue falaise rectiligne, sans végétation, bien peu accueillante pour un petit voilier.

Au détour d’un cap, une longue langue de mer s’enfonce dans la côte jusqu’à une petite plage, en fait un isthme très bas qui nous paraît un bel abri. Quelques ruines s’y dressent encore : un ancien comptoir commerçant byzantin… peut-être un marchand de vin, la « Maison Tannières » turque des grands parents de Pierre si l’on en juge par le nombre de morceaux d’amphores incrustés dans les rochers au fond de l’eau.

Un comptoir byzantin appelle une église, il en reste la trace, merveilleusement bien située. De nombreux voiliers sont déjà ancrés, y compris plusieurs caïques, heureux d’avoir des passagers pour leur offrir leur souvenir d’un jour, une crique inaccessible par la terre. Un premier bout à terre à l’abri de la rive Ouest… incertain avec le vent qui s’est tout à coup levé. Prenant la place d’un caïque ramenant ses passagers à leur port d’attache, un 2ème ancrage rive Est sous la protection des ruines de l’église.

Une vieille grosse chaîne, corps mort délaissé d’un ancien pêcheur, permet de stabiliser le bateau dans ses déports. Nous ne sommes en effet qu’à cinq mètres des rochers. Pierre n’a pas trop de mal pour se mettre à l’eau et amarrer le bateau, elle est à 30°C. Dehors la température est montée à 39°9 C. Le vent devient turbulent : 28, 30 Nœuds. Chacun assure son amarrage. Logos est pris de travers mais semble bien sécurisé (N.D.L.R. : Devinette : Comment sait-on qu’un bateau est bien mouillé et bien sécurisé ?). Seules de splendides petites vaches noires ne semblent ni concernées par le vent ni par les ruines dont elles ont fait leur domaine. Mais que peuvent-elles bien manger ?

Et puis le calme revient et nous permet de passer une grande partie de la nuit sous les étoiles, couchés sur le pont.

Le lundi 18 août 2003 Gerbekse Cove

« Un aileron dans la baie ! »

(N.D.L.R. : Réponse à la devinette. On ne peut savoir si un bateau a été bien sécurisé … que le lendemain !!!)

 

Branle-bas de combat pendant le petit déjeuner : un aileron sillonne la baie. Un animal blessé ? Un voisin le prend en chasse debout sur son Zodiac, son harpon braqué vers la cible redoutable. Pierre le suit en annexe avec l’épuisette. Je scrute la surface de l’eau. Il s’agit bien d’un requin d’environ un mètre de long à la recherche de sa pitance. Charge du Zodiac et le 4ème tir de harpon le frôle. La Bête comprend qu’elle n’est pas aimée dans cette anse et s’en va vers des lieux plus hospitaliers. Pourtant, il faisait tout pour donner l’impression d’un inoffensif promeneur mais rien à voir avec le look du gentil mérou.

Pour ne pas être en travers du futur et inéluctable vent, nous cherchons un nouveau mouillage plus perpendiculaire à la plage. La chaleur encore raisonnable (il est 9h30) nous permet ensuite une petite grimpette dans les rochers jusqu’aux ruines de la Chapelle Byzantine… une belle fenêtre sur la baie. En bas une ancienne citerne de pierre et le comptoir dont les murs se dressent encore. La température s’élève. Elle est tempérée par une promenade en palmes le long de la côte.

Que d’amphores cassées scellées dans la roche, siècle après siècle, par des concrétions calcaires.

Le voisinage des pêcheurs nous permet un menu dorades et celles là pas d’origine « Fish farm ». Et le vent se déchaîne de nouveau : 35 nœuds dans cette zone pourtant mieux abritée que celle d’hier. Le bateau est sous la menace d’être plaqué vers la côte. Les deux petites ancres plantées en travers de la crique permettent de le dans le lit du vent. Braves petites !!! Résisteront-elles au vent qui, pour les mettre à l’épreuve, change de sens brutalement, repart en brutales rafales, soulève des embruns même dans ce petit havre, sans parler des sifflements qu’il déchaîne dans les haubans… Pour le savoir, attendons demain !!!


Le mardi 19 août 2003 de Gerbekse Cove à Marmaris Yacht Marina

« L’Université de nuit »

« Gusty », l’enfant capricieux a encore fait des siennes toute la nuit, refusant d’aller se coucher. Il est certainement passé sur une forge et nous apporte des rafales caniculaires. Ce matin, le voici encore tout excité.

Rendez-vous ayant été pris avec une importante marina de la baie de Marmaris pour juguler une fuite d’huile à la sortie de la boite de vitesse (l’inverseur) nous libérons rapidement Logos de ses très efficaces attaches. Il jubile. Après être resté stoïque sous les bourrasques de la nuit, le voilà parti pour un peu de navigation au près serré le long de la côte Ouest du golfe de Marmaris. Une dizaine de milles à parcourir. Toujours de très discrètes infrastructures touristiques. Nous sommes loin de l’invasion constatée entre Kusadasi et Bodrum.
À l’entrée dans la baie de Marmaris : vent debout. Il nous faut rentrer le génois et avoir recours au moteur pour gagner Yacht Marina, un vaste complexe situé à quelques kilomètres de Marmaris. Une marina en pleine mer, une marina à la campagne avec vue sur de superbes montagnes rouges. Les prix étant très compétitifs, c’est assurément là que Logos passera l’hiver en attendant sagement ses passagers. Pour le moment, il est rapidement pris en charge par le service technique. Les mécaniciens ne parlent ni français, ni anglais mais les gestes sont suffisamment éloquents. Deux français cependant parmi le personnel. Deux figures : Lady Emilia une maîtresse femme italo-franco-turque qui gère le service technique et à l’accastillage, Hervé, - un breton – multilingue… Bien sûr, ma curiosité n’a pu qu’être aiguisée : comment a-t-il pu apprendre autant de langues ? Et la réponse a été rapide : tout simplement grâce à l’ « Université de nuit » ! Traduction : « On peut apprendre sur l’oreiller avec une femme dans chaque pays !!! » (N.D.L.R. : C’est comme cela que je perfectionne mon anglais avec aussi, oh chance ! un rattrapage possible à l’IUFM de la sieste). Quant à Hervé qui maîtrise parfaitement les termes techniques, j’imagine mal les conversations d’apprentissage sur l’oreiller (Mademoiselle, comment dites vous taquet, aussière, boulon en turc ?) Le résultat est toutefois sidérant mais c’est un personnage hors du commun !

Un Raki au bar restaurant près de la piscine et une nuit chaude, chaude, chaude (N.D.L.R. : rien à voir avec un apprentissage des termes de voile en anglais, Martine ne fait allusion qu’aux degrés de chaleur !)



Le mercredi 20 août 2003 à Marmaris Yacht Marina

« Casquet Yok ! »



Ce sont les joints de sortie d’arbre (casquet) qui ont bien vieillis. Il faut les commander.

Nous avons le temps de prendre le Dolmus (dolmouche), petit car d’une dizaine de personnes, moyen de locomotion le plus prisé des turcs (1 250 000 TL par personne, soit à 0,7 Euros pour 20 minutes d’une très belle route qui se fraye une voie dans une belle pinède où quelques hôtels discrets ont réussi à se glisser.

Nous dominons un moment la baie de Marmaris avant de la longer. Elle est réellement grandiose. Nous débarquons dans le secteur agences, banques, face à « Transaç », grand magasin non loin du port. Une forteresse ottomane, élevée par Soliman le Magnifique domine la baie et, comme toujours, au pied de ce bastion protecteur, serpentent les ruelles de la vieille ville, petite cité si on la compare à son extension touristique qui occupe toute la longueur de la grande plage.

Longue flânerie dans le « Bazar »… rien à voir avec Tunis ou Izmir… de vastes galeries couvertes style Centre Commercial essentiellement destinées aux touristes. Rien de bien authentique mais une ambiance bon enfant et sympathique malgré l’importante récession de cette année. Nous avons appris que pour remplir leurs hôtels, certaines agences avaient dû brader voyages et séjours mais que les bénéficiaires en ont été seulement les gens d’Europe Centrale, ensuite dans l’impossibilité de dépenser le moindre Million en achats superflus.

Renseignement pris, il nous est aussi confirmé que le prix des vols, selon le moment, peut être multiplié par quatre, les plus avantageux étant à destination d’Amsterdam… Les français ne sont vraiment pas chanceux. À l’étude pour notre retour.


Le jeudi 21 août 2003 à Marmaris Yacht Marina

« Doktor mékanic »

En fin d’après midi, les pièces neuves étant arrivées, la boite de vitesse est remontée avec dextérité et toujours la même extrême gentillesse. Ce n’est que demain que nous aurons le droit de faire tourner le moteur pour les vérifications.

Le vendredi 22 août 2003à Marmaris Yacht Marina

« Un GPRS pour Logos »

Un beau « bimini » étant en projet pour Logos afin de protéger du soleil ses passagers 2004, la matinée est consacrée aux discussions techniques pour l’établissement du devis. Heureusement que la grande chef des services techniques Emilia est là pour servir aussi d’interprète.

Rendez-vous ayant été pris avec un spécialiste en téléphones mobiles pour l’achat d’un mobile dernière technologie à connexions ultrarapides … et moins chères (en jargon : un GPRS) nous voilà partis avec l’ordi dans le sac à dos de Pierre pour effectuer la configuration au magasin. Moi, j’ai emporté une biographie de Fanny Stevenson… moins ésotérique que le langage que vont utiliser Pierre et le technicien. Nous allons pouvoir nous connecter avec moins de limites et alimenter le site pour quelques Millions seulement !!!

Dès le soir, quelle joie ! Des photos des petits, rejetées parce que trop volumineuses pour l’ancienne connexion, apparaissent sur l’écran. Soirée animée, la marina ayant organisé une « barbecue party » au bord de la piscine à laquelle nous nous rendons. Pierre arbore le Tee shirt offert par la Marina et moi leur superbe casquette tandis que, dans les haubans de Logos, flottent les couleurs de la marina. Jacky avait déjà créé « les polos de la Siat », à quand les pavillons pour bateaux de croisière ???

Une table partagée avec d’aimables suisses de Zurich qui se sont efforcés de soutenir la conversation en français pour le plus grand plaisir de Pierre.

Le samedi 23 août 2003 à Marmaris Yacht Marina

« En route pour la 2ème étoile de plongée »

Nous voici embarqués dès 8h30 dans le Dolmus qui va nous mener à Marmaris. Un vaste bateau nous y attend, avec tout l’équipement.

Beaucoup de baptêmes et seulement un petit groupe d’ « expérimentés ». Pas de qui faire des folies pour Pierre qui est le plus « titré » avec ses deux étoiles. Enfin ! Il se console en pensant que nous plongeons ensemble. (N.D.L.R. : Je n’ai rien dit moi !!!). La plongée du matin est décevante. Une lente promenade entre posidonies moribondes et sable. Pas de couleurs, très peu de poissons et un contrôle permanent de nos gestes… vider une bouteille sans ivresse… c’est frustrant ! Même la soi-disant épave n’a pas réussi à nous émouvoir. Il s’agit en fait de la carcasse décomposée d’un chalutier que même les poissons ont fui.

Pierre, pour mettre un peu de piquant à cette immersion imagine qu’il peut commencer à m’entraîner pour les épreuves de la 2ème étoile… Il ne doute de rien !

En remontant, il râle auprès du patron qui se disculpe en prétendant qu’il faut d’abord observer les plongeurs dans un endroit facile. Ils auraient pu en trouver un qui soit attrayant !

Effet des remarques ? Programme différent l’après midi ! La 2ème plongée fut un enchantement. 55 minutes à nager parmi des centaines de poissons le long de rochers très colorés, avec de belles éponges orange. Bien nichés dans deux grottes attenantes : Loulou le Mérou et Germaine la Murène, sans doute très familiers des plongeurs, engloutissent avec délices quelques restes de notre repas. Un spectacle assez rare. Deux fois 55 minutes sous la surface de l’eau ont cependant eu raison de notre belle énergie et l’heure de l’extinction des feux est la bienvenue.



Le dimanche 24 août à Marmaris Yacht Marina

« GPRS quand tu nous tiens »

Pierre se familiarise avec notre nouveau joujou. Difficile lorsque la notice est seulement écrite en turc et que le paramétrage n’est pas parfait. De petits riens nous occupent jusqu’à notre visite au service des passeports de Marmaris pour tenter d’échapper à une sortie du territoire et obtenir un nouveau visa de 90 jours. Revenez demain à 10heures ! Nous en profitons pour nous promener dans la marina Netzel, liée au port de Marmaris. Un beau complexe … mais nous préférons notre marina en pleine mer et le Dolmus.

Le lundi 25 août 2003 à Marmaris Yacht Marina

« Quand faut y aller, faut y aller »

Une demi journée de palabres pour rien. Quand on est retraités, cela paraît insupportable de perdre son temps… un temps précieux pour faire mille choses, ou tout simplement ne rien faire (N.D.L.R. : mais n’est ce pas faire quelque chose que de ne rien faire ?) Difficile de faire comprendre que nous n’avons nulle envie de faire un saut en Grèce, simplement pour une sortie de territoire - suivie d’une entrée - pour gagner 90 jours de présence en Turquie. Le bateau, lui, a droit à un an.
Deux visites aux autorités portuaires (très accueillantes avec thé et amabilités), retour à la marina et nouvelles parlottes avec son représentant administratif. Aucun résultat quelques soient les arguments avancés… la loi, c’est la loi… c’est 40 Euros par personne pour un aller et retour pour Rhodes. En fait, cette obligation rapporte 14 Euros de taxes de sortie aux turcs et le reste est réparti entre l’agence et la société de transport. Demain, nous prendrons le catamaran express pour passer 5 heures et demi à Rhodes.

Après midi bricolage à bord. On trouve toujours de quoi s’occuper.

Le mardi 26 août 2003 Rhodes

« Rien de Colossal »

Nous voici pour une fois mêlés à la cohorte des touristes pour embarquer sur le « Marmaris Express », un vaste catamaran qui, chaque jour, emporte jusqu’à Rhodes un flot de curieux. Un coup de tampon pour notre sortie du territoire turc… espérons qu’ils nous accepterons ce soir…

Une heure de retard à l’embarquement, une heure de navigation meublée par un vieux documentaire sur Rhodes : Rhodes, l’île du soleil, choisie par le Dieu Hélios lors de la répartition par Zeus de différents sites. Les habitants lui ont offert sa représentation en la personne du Colosse, statue haute de 30 mètres, une des sept merveilles. Elle s’est effondrée à cause d’un séisme 66 ans après. Les Chevaliers de l’Ordre de Saint Jean venus porter la Chrétienté en Orient ont fortifié cette ville en lui donnant son cachet. Mais, comme toujours, la fiction vidéo dépasse la réalité… Certes, de beaux remparts et, derrière, la vieille ville avec des rues pavées de galets, bordées par les « auberges » à façades gothiques servant de résidence aux chevaliers, mais, surtout, un immense « souk » à touristes dont les devantures masquent totalement l’architecture. Le charme est rompu, la respiration historique est trop cachée pour qu’on puisse imaginer qu’un chevalier va apparaître dans ce bazar d’un goût douteux. Heureusement, quelques ruelles sont épargnées mais elles non plus n’offrent pas ces petites touches qui révèlent une vie passée. Tout nous semble impersonnel et sans âme. Une ville pour un jour ! Il faut avouer que nous avons été si gâtés à Malte, ville aussi marquée profondément par la chevalerie, que nous sommes devenus exigeants.

Seul, l’Hôpital des Chevaliers, transformé en musée archéologique retient notre attention et nous permet d’admirer, outre son architecture, l’ « Aphrodite de Rhodes », très belle petite statue de marbre, un buste d’Hélios, de très émouvantes stèles funéraires et un très grand nombre de poteries.

Au plus haut de la cité, une ancienne forteresse byzantine : le Palais des Grands Maîtres et des Chevaliers, reconstruit sous l’occupation par Mussolini. Rien de très excitant. Un étage froid, monumental et impersonnel que la beauté des mosaïques incluses dans le marbre gris du sol ne parvient pas à animer. le rez-de-chaussée abrite une exposition sur « l’Ancienne Rhodes depuis 2400 ans ». Pas très didactique a dit le prof de Bio qui a des idées précises sur la Muséologie depuis son passage au Muséum d’Histoire Naturelle. Elle met néanmoins en valeur l’importance des tombes recelant de très nombreux objets. C’est par les rites de la mort que la vie de ces gens peut nous être racontée.

Embarquement rapide… et un tampon d’entrée sur notre passeport. Nous sommes en règle pour poursuivre notre route.

Le mercredi 27 août 2003 de Marmaris vers le golfe Köycegiz

« Un guindeau métamorphosé »

Un regard à la marina que nous retrouverons fin septembre pour y laisser Logos avant la remontée de cette magnifique baie de Marmaris sillonnée par tant de fiers deux mâts turcs. Une vingtaine de milles au moteur par manque de vent dont quelques uns sous vigilante surveillance : frégate, hélicoptère, le golfe qui jouxte celui de Marmaris est une zone militaire interdite. C’est dans le golfe suivant que nous trouverons notre niche pour la nuit.

Un mouillage remarquable dans une crique sans nom. Inauguration du guideau relooké. La chaîne ne déraille plus grâce à la pièce pensée et réalisée de main de maître par Aslam, le tourneur de la marina. Elle permet de jeter rapidement et en toute sécurité une grande quantité de chaîne dans des mouillages profonds pour pouvoir reculer et attacher le bateau à la côte. Pierre est soulagé. Combien de fois a-t-il dû prendre le risque de sauter dans le puits d’ancre pour bloquer cette chaîne folle qui, après avoir quitté sa poulie, s’échappait comme une furie de la baille de nage.

Une visite s’impose dans un site où seuls des bateaux à fonds plats peuvent circuler. Rendez vous est pris avec l’un d’eux pour demain matin.

Le jeudi 28 août 2003 du mouillage vers Dalyan et le lac de Köycegiz

« Les crabes bleus du marais »

8 heures 15… Notre petite barque perso menée par Sabahattin vient nous prendre pour une longue promenade. Logos est bien sage, soigneusement ancré et ligoté. Nous pouvons suivre notre guide d’un jour dans ce cadre exceptionnel modelé par la mer et la rivière Dalyan. Nous franchissons une longue langue de sable qui a peu à peu fermé l’estuaire de la rivière et où viennent se réfugier les tortues invisibles le jour. Un monde mystérieux nous est alors offert. Un véritable labyrinthe de canaux naturels vert émeraude qui serpente dans des champs de roseaux où seuls quelques familiers peuvent se frayer un chemin. Ça et là, une petite barque de pêcheurs … de crabes bleus… de vraies merveilles de la nature, tant pour leur couleur que pour la saveur de leur chair. Un premier arrêt à Kaunos : antique cité carienne, port jadis actif qui dû son déclin à l’ensablement progressif de l’estuaire. Le site est maintenant le royaume des chèvres. Un théâtre de plus à mettre à notre actif, des thermes, une église. Une très agréable promenade dans un site où il reste beaucoup d’éléments à mettre à jour. Y revenir dans 20 ans tant les moyens mis en œuvre sont artisanaux et limités.

Et puis, tout à coup, au détour d’un canal, cette vision étonnante de cinq tombeaux rupestres d’époque lycienne (VIIIème siècle avant JC, peuples de la mer) sur le flanc d’une haute et abrupte falaise. De véritables temples sculptés dans la roche. Comment ? Avec quels moyens ? L’observation de la falaise révèle d’autres tombeaux (paraît-il royaux) et de multiples niches. Étrange nécropole perchée pour que les oiseaux puissent plus facilement véhiculer l’âme des défunts. Nous ne sommes pas tentés par le bain de boue sulfureuse… grand attrait des touristes. Nous n’avons pas envie d’échanger nos pustules et choisissons de continuer à serpenter parmi les roseaux pour aller nous plonger dans les eaux douces du lac Köycegiz… Un monde paisible, loin de toute animation, protégé par de hautes montagnes.

Au retour, une courte pause à Dalyan, petite station touristique sans grand attrait, si ce n’est celui d’offrir aux terriens cette belle promenade dans ce marais magique. À faire assurément très tôt le matin pour surprendre un monde peuplé d’oiseaux. Nous nous contenterons d’acheter huit beaux crabes bleus… bien vigoureux. À manier avec des gants épais tant leurs pinces sont rapides et acérées. Un dîner « royal » à bord de Logos !

Le vendredi 29 août 2003 de Köycegiz à Kizilbuyruk (traduction littérale : queue écarlate !!!)

« En manque d’oursins »

Notre crique a eu bien du succès hier soir, sans doute, pour certains, dernière étape avant de remonter sur Marmaris et restituer le voilier loué. Nous partons pour 25 milles avant de rejoindre le Golfe de Fethiye si renommé pour la beauté de ses criques.

25 milles au moteur… pour la première fois depuis le mois de juin, c’est un petit vent du Sud qui nous défend toute voile…

Toujours ce spectacle grandiose de ces superbes deux mâts qui vont et viennent. Un excellent moyen de profiter de la beauté des côtes Sud de la Turquie (Méditerranéennes et non plus Égéennes) et de ses criques avec le maximum de confort pour les non marins. Leurs capitaines sont de vrais professionnels et gèrent le rythme de la journée et le choix des mouillages avec une grande maîtrise. Passé le dernier cap, une très belle crique nous attend. Quelques voiliers sont déjà en place mais sans gêner notre option de mouillage.

Une belle plage ombrée d’oliviers sauvages et de pins. Seule la faune côtière sous-marine est plutôt décevante. Pénurie d’oursins et de bigorneaux.


Le samedi 30 août 2003 de à Kizilbuyruk à Kücük Kuyruk

« Si beaux en ce miroir »

Nous sommes seuls au réveil, enfin presque puisque quelques chèvres vagabondes sont sur le rivage. Un grand moment dans le calme du matin que ce premier bain dans l’eau transparente d’une crique déserte… on hésite presque à troubler cette quiétude. Un mille parcouru et, deux criques plus loin, un autre décor de hautes falaises couvertes de maquis et de grands pins qui poussent la coquetterie jusqu’à venir se mirer dans l’eau et, au fond, une belle plage de galets. À défaut d’oursins, nous nous contenterons de bigorneaux.

Du 31 août au 5 septembre Dans le golfe de Fethyie, la rade de Gotcek

« Le Paradis existe-t-il ? »

 

Six jours dans une vaste rade fermée par plusieurs îles et îlots avec de nombreuses baies, chacune différente et offrant une multiplicité de jolies criques permettant à chaque bateau de se nicher dans son petit paradis. Les pentes sont toutes très verdoyantes. Certaines témoignent encore d’un lointain passé par les tombeaux rupestres lyciens que l’on peut apercevoir, d’autres prennent des allures de marais terminées par de hauts roseaux. Six jours de vie de « retraité »… Du bon pain frais, du poisson (de beaux loups) nous sont même proposés à bord pour améliorer notre ordinaire. Même la presse vient à vous par barque (à condition de savoir lire le turc). Nous avons retrouvé quelques oursins que nous devons compléter de bigorneaux. La fin de la saison doit déjà se faire sentir car, en dépit de la forte chaleur et de la température de l’eau, il n’y a pas affluence et c’est sans gêne que nous voisinons avec ces superbes gülets promenant, de crique en crique, de très petits groupes de passagers.


Vendredi 5 septembre 2003 Götçek

« Sauve qui vente !!! »

Monsieur Meltem s’est déchaîné hier soir jusque tard dans la nuit. De violentes rafales traversaient la baie mais sans vraiment atteindre Logos que Pierre avait solidement fixé dans une des petites échancrures. Et ce fut un spectacle que de voir, en pleine nuit, de grands bateaux apparemment expérimentés venir jeter l’ancre non loin de nous, assurément surpris par la soudaine montée du vent… pourtant annoncée depuis quatre jours par le bulletin météo en provenance de Hambourg et décodé par l’ordinateur. Alors que tous ces noctambules dormaient encore et que le vent reprenait son souffle, tôt ce matin, nous avons rejoint le petit port de Göçek et amarré Logos dans l’une des jolies marinas.

Bien nous en a pris : il est 16 heures et Monsieur Meltem, totalement réveillé et toujours dans une colère mémorable, mugit déjà. Les places promettent d’être difficiles à prendre en soirée. Un magnifique voilier « Corinthian » déjà rencontré à Bodrum nous fait l’honneur de ses 34 mètres et apponte juste en face de Logos. Nous paraissons tout petits mais il est amusant de partager le même vent et le même ponton avec un « Grand ».
Un premier tour à Göçek, petite station essentiellement consacrée au yachting proche de l’aéroport de Dalaman et située au fond de l’un des plus beaux golfes de Turquie … et d’ailleurs.

Elle s’intègre parfaitement au paysage de hautes montagnes verdoyantes environnantes et apparaît comme une étape fort agréable. Grâce à nos gentils voisins et amis de Saint Cyprien, Jean et Janine, notre courrier nous attend à la poste ainsi qu’un nouveau drapeau français, le notre étant en piteux état après les agressions de Monsieur Meltem et du soleil.

Notre curiosité étant émoussée par tout ce que nous avons découvert, il nous est difficile d’imaginer que, plus loin, il y a encore des splendeurs à découvrir. Pourtant !!!


À suivre pour le dernier épisode 2003