Mise à jour : 2015
___ Les carnets de bord de Martine___

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Carnet de bord 2003

De Samos (Grèce) à Bodrum (Turquie)

Troisième partie

Le samedi 5 juillet 2003 île de Samos : Posidonio



La côte Est est décidément bien belle et propice au cabotage de crique en crique… Après Mourtia avec quelques barques de pêcheurs qui s’animent le matin et le soir pour la pose et la relève des filets et une eau turquoise si transparente, Posidonio, un petit village de pêcheurs avec quelques tavernes. La bière grecque est très légère et agréable.

Le dimanche 6 juillet 2003 de Posidonio à Pythagorio

« AB2+BC2=AC2 : Il y est certainement question du carré de l’hypoténuse »


L’anse de ce petit abri de pêcheurs s’est animée. Nous levons l’ancre pour rejoindre le port de Pythagorio appelé ainsi en l’honneur de Pythagore né sur cette île mais alors, pourquoi pas « Epicurio » ou Heraïo » puisque tous deux sont aussi natifs de Samos. C’est certainement la forme triangulaire du port qui l’a emporté. Ce soi disant mathématicien philosophe est en fait un petit malin. Il n’a laissé aucun écrit et seulement son célèbre théorème « emprunté » aux babyloniens qui l’ont énoncé 1000 ans auparavant.

Une petite place à côté d’un grand yacht nous attend. C’est la seule. Nous voici au cœur de la vie « Pythagorienne ». Mais, le fond manquant et tremblant pour notre safran, nous profitons du départ du voilier voisin pour donner un peu plus d’aisance à Logos…
Départ difficile. Les ancres des bateaux déjà à quai ayant été jetées de travers, nous avions mouillé sur son ancre… et sur celle de l’autre voisin. Un beau méli-mélo. Nous nous sommes retrouvés avec 3 ancres et chaînes emmêlées au milieu du port et pas mal de gens alarmés, debout sur l’étrave de leurs bateaux. Quelques manœuvres et tout est rentré dans l’ordre. (N.D.L.R. : Martine aurait eu du mal à tricoter ce point de chaîne).
Ne voulant pas risquer d’être embarqués par un autre voilier, c’est au mouillage, dans la rade d’entrée du port, que nous avons préféré ancrer Logos. Le site est agréable mais le vent souffle et tire sur nos ancres. Meltem, le retour après 11 jours d’absence !!! Ça tient, mais les voisins ont du souci et reprennent souvent leur mouillage. La nuit est ventée.

Le lundi 7 juillet 2003 Nouvelle Marina de Pythagorio

« Un petit verre de muscat !!! »

Ne pouvant laisser Logos seul au mouillage pendant nos visites, nous allons à la nouvelle marina en construction à 1 mille plus au Nord. Logos est bien amarré, s’écartant du quai sous le vent. Nous n’avions que l’embarras du choix, la marina, bien que gratuite, est quasi déserte, trop éloignée de la ville et dans un cadre encore peu flatteur pour cause de travaux. Les vélos sortent donc de leur housse… Depuis Malte, ils avaient oublié l’odeur du bitume… Le problème, c’est que sur le chantier et le chemin ralliant au village, il n’y pas de goudron. Que des cailloux !!! Toujours le même succès dans Pythagorio. C’est fou ce que nous sommes regardés et admirés… Pas pour nous, pour nos vélos… !

Quelques achats dont une belle poignée de calmars frais. Un régal au barbecue.

La location d’un beau scooter Gilera Dark Dream pour visiter Samos et, surtout, une douce soirée dans une auberge au bord de l’eau – « cousin du lièvre » (pour les marins superstitieux) au vin rosé de Samos. Cela change des slouvakis et sempiternelles salades grecques. Gourmandise : un petit verre de muscat de Samos avec un gâteau aux noix bien trempé. Une cuisine très fine.

Le mardi 8 juillet 2003 Samos en Scooter Gilera
« Préparation au Dakar »

Aujourd’hui, découverte de l’île de Samos sur le scooter. Notre look s’est encore amélioré depuis notre première expérience à Égine. Casques et lunettes nous donnent un peu de crédibilité, bien décidés à ne pas nous laisser impressionner par aucune voie : route, piste ou chemin. Un départ sage et culturel. Une belle route de montagne serpente parmi les oliviers et les ex-pins réduits à l’état de troncs semi calcinés à la suite d’un terrible incendie qui ravagea une grande partie de l’île en 2000 – image un peu poignante d’une armée défaite.

Un premier arrêt pour la visite d’un beau monastère dont l’église offre une très belle iconostase en bois finement sculpté. Quelques touristes (toujours en très petit nombre cette année) nous permettent de suivre une visite guidée très riche en renseignements.

Une jolie route sur les hauteurs nous permet d’avoir de très belles ouvertures sur la côte et puis c’est l’entraînement au Dakar qui commence, même les routes secondaires tiennent plus de la piste que d’une voie qualifiée de carrossable par la carte. Ornières, cailloux, virages en épingle, tout y passe… Pierre fait ce qu’il peut… et il peut beaucoup… Je résiste … tout en pensant à Hélène…

(N.D.L.R. : Martine anticipe les virages en tirant sur ma chemise à droite puis à gauche, comme si elle tenait des rênes !!!).

Mais la récompense est proportionnée à l’effort. Nous sommes redescendus vers une belle plage de galets pour notre repas. Baignade.

À l’Ouest de l’île, un minuscule port du bout du monde où se fabriquent de belles et traditionnelles coques de bateaux de pêche. La piste se termine dans un village perché, où la vie semble s’être arrêtée il y a longtemps. Le scooter est de plus en plus difficile à maîtriser. Normal, il s’appelle « Dark Dream. Il refuse les virages et décroche. Deux frayeurs récupérées à chaque fois d’un violent coup de pied au sol pour redresser la machine.

À notre retour à Pythagorio, nous totalisons 140 Km parcourus, épuisés mais des images plein les yeux.

Le mercredi 9 juillet 2003 SAMOS en scooter

« Quel bel homme !!! »

Nous quittons Pythogorio sur un nouveau Gilera, l’amortisseur de la roue avant de celui loué la veille était bloqué, ce qui explique son comportement irrationnel. Ses exploits sur piste nous expliquent sa faiblesse. Au programme, SAMOS, port principal au Nord et capitale de l’île. Les infrastructures modernes ont supplanté le vieux Vathi construit à flanc de colline et dont le dédale des ruelles ne permet pas la circulation de véhicules.

Samos est un port animé, commerçant, touristique mais ce qui retient surtout notre attention, c’est le musée archéologique infiniment riche en petites poteries, verreries, bois sculptés, statuettes de terre cuite, et en très beaux bronzes animaliers. Il s’enorgueillit surtout de posséder un des / ou peut-être le plus grand des Kouroï (pluriel de Kouros : Un bel éphèbe de 4,75m en marbre gris qui date du 6ème siècle avant Jésus Christ, période dite archaïque !!! Même une Koré (Kouros au féminin) devait se sentir toute petite dans ses bras… Et puis difficile de se serrer contre lui sur un scooter.

Nous voici partis à la découverte de la côte Nord. Le scooter est plus docile qu’hier, bien que sa direction un peu molle perturbe quelque peu la trajectoire idéale. Une longue route de corniche longent la mer dont les eaux turquoises inviteraient à la baignade si ce turbulent vent du Nord ne faisait pas des siennes. Un petit tour en montagne par de nombreuses épingles (Samos en est friande) pour découvrir Manolates au bout d’une belle route dans une forêt à la végétation originelle d’une grande variété (pour combien de temps encore), le long d’un torrent.

La traversée du 3ème port de l’île « Karlovasi » : port ouvert, autrefois industriel avec ses tanneries en ruine, nous conforte dans l’idée qu’à part les mouillages Est, peu de possibilités sont offertes aux voiliers à Samos.

Et puis Potami… On se retrouve de nouveau en montagne… Un torrent ombragé et fleuri de lauriers sauvages… une très vieille chapelle à l’entrée d’un sentier. Nous remontons à pied le torrent jusqu’à une étroite faille entre deux rochers, parcourue à la nage pour rejoindre une cascade. L’eau est fraîche, chaude pour les bretons. Samos prend des airs de Guadeloupe (connus de Laurence). Les cigales stridulants sont assourdissants (Non ! les masculins sont volontaires, ce sont les mâles qui draguent les silencieuses femelles) et les moustiques très piquantes !!! (Curieux genres de ces insectes !)

Retour sage par la route de corniche (N.D.L.R. : Martine a-t-elle vu que le compteur avait fait une escalade vers les 80 Km/h !!!), aidés par le vent maintenant dans le dos. La marina est toujours aussi déserte, les voileux préférant la rade du port. Nous y sentons Logos plus en sécurité pendant nos longues escapades diurnes.

Le jeudi 10 juillet 2003 Samos en Yamaha

« Tristan souffle une bougie de plus »

Décidés à faire une analyse comparative des possibilités des différents modèles de scooter mis en location, mais surtout à trouver celui qui nous conviendra le mieux : tenue de route, performances, confort. C’est sur un beau Yamaha « Why » presque neuf que nous allons vivre cette journée.

L’avitaillement substantiel (ne pas oublier le vin… de Samos) scootérisé au bateau par le chemin caillouteux nous rassure quant aux qualités tout terrain de Why. Puis découverte de sites encore inexplorés après les 260 Km déjà parcourus.

 

Première étape : le tunnel antique d’Efpalinos ; un tunnel souterrain creusé dans les pentes de la montagne d’un kilomètre de long pour mener l’eau de source captée jusqu’à l’ancienne ville grecque située en contre bas. Le plus vieil aqueduc au monde qu’il est impressionnant de parcourir dans une longue partie. Il a été creusé en 8 ans par seulement deux ouvriers munis de marteaux et burins, chacun à une extrémité. Angoisse du point de rencontre. Pas de visée laser à l’époque. On est loin des moyens techniques actuellement mis en place. Un vestige exceptionnel.

 

Non loin de là, au sommet de la colline, un petit monastère construit sur une grotte abritant en son fond une minuscule chapelle dédiée à la Vierge, tout près d’une source miraculeuse – un Lourdes Orthodoxe en tout petit… l’église Panagia Spiliari.

Pour ne pas paraître trop blasés, nous qui avons déjà fréquenté des sites archéologiques de grand renom et ne pas susciter la jalousie d’Héra … déjà fort célèbre… (mais, quand on connaît Zeus, on peut peut-être la comprendre), nous faisons un détour par Héraion, considéré comme l’une des merveilles du monde antique. Trop gâtés par nos visites de sites, celui-ci nous apparaît comme un tas de pierres d’où s’élève une colonne et des reproductions de Kouroï et de Kouraï. Quant à Héra, elle est au Louvre et le Grand Kouros à Samos. Pas de quoi dépenser 4 Euros chacun.
Et nous voilà repartis dans la montagne, traversant de nouveau la zone sinistrée par l’incendie, pour redescendre plus loin, vers la côte. Ce scooter est beaucoup plus maniable. Nous nous sentons en sécurité mais son moteur est moins alerte dans les montées et son siège arrière bien moins accueillant. Pas encore la révélation.

Au bout d’un chemin, une crique de bout du monde – plage de galets - où viennent s’éclater les vagues amplifiées aujourd’hui par le vent assez fort. Vœux téléphoniques d’heureux anniversaire à Tristan sur fond de ressac.

En fait, après 3 jours sur un scooter -350Km tout terrain - en attendant que la Grèce reçoive encore plus de subsides de la part de l’Europe et refasse de manière cohérente ses routes, pour quitter les sentiers battus de Samos et trouver des petits paradis isolés et des paysages rares, nous conseillons la location d’un 4x4!!! Si beaucoup de vacanciers viennent à Samos pour y trouver mer chaude et soleil, ils seront servis. Ils auront toujours, au Nord ou au Sud, une plage accueillante, isolée (du galet essentiellement), abritée du vent, qu’il faudra tout de même mériter (un peu d’aventure en vacances). Mais ce n’est pas une île où l’on « bronze idiot ». Les traces de civilisations anciennes sont palpables, les paysages sont très beaux et la végétation qui a échappé au massacre très riche.

Le vendredi 11 juillet 2003 de Samos à Patmos

« Du portant au près »

« Gusty » semble s’être encore endormi. Il est vrai qu’il a fait la fête jusque tard dans la nuit. Nous en profitons pour quitter notre quai et nous approcher d’un autre appontement où nous avons repéré un robinet d’eau destiné au chantier. Vite, le plein des réservoirs, une poussée vigoureuse sur la coque pour résister à Gusty qui, brutalement tombé du lit, cherche à nous écraser contre le quai. Il vient de se rendre compte que, pour partir, nous profitions de son sommeil. En route pour 27 milles. Dans le soleil du matin, un dernier regard aux maisons colorées du vieux Pythagorio et nous nous nous préparons à une navigation météorologiquement annoncée au portant.
Effectivement, Gégène se gonfle, Logos avance bien mais le vent se cherche un peu et, dans ses faiblesses, les vagues sèches maltraitent notre génois qui aimerait être tangonné.

Il est amusant de chercher à reconnaître depuis la mer ces lieux que nous avons parcourus en scooter. Peu à peu, Samos s’éloigne ; sur bâbord, nous pouvons apercevoir la silhouette d’Agatonision et, en arrière plan, la côte turque. Quelques variations de rythme mais l’allure est bonne. Le tangon semble nécessaire, ce qui est fait. C’est juste au moment où la manœuvre se termine que le vent tourne. Le génois refuse. Il faut enlever le tangon et renvoyer Gégène, bien tendu cette fois. Nous sommes « au près » qui nous mènera sans heurts ni embruns jusqu’à Patmos. Il y a vraiment très peu de plaisanciers sur la mer. Première approche à la jumelle avec la vision, dans la brume, d’une imposante forteresse dominant un îlot de maisons serrées sous ses pieds.

Un petit coup de survente en doublant le cap (30 Nœuds). Il est 14 heures lorsque nous jetons l’ancre dans une anse bien abritée. Au fond, une jolie petite plage bordée de roseaux, quelques maisons blanches à flanc de coteaux et de très beaux rochers découpés. Sur le chemin, quelques scooters. Ici aussi, c’est le véhicule de l’aventure.

La brume a cédé la place à un franc soleil et révèle, sur une crête, la forteresse - Monastère Saint Jean, protégeant, blottie à sa base, une ville toute blanche, Chora. Une nouvelle vision nous sera offerte la nuit et l’ensemble deviendra un dôme de lumière.

Farniente, quelques oursins et une longue soirée dans le grand calme qui entoure cette île sacrée, une île Sainte inscrite au « Patrimoine de l’Humanité ».

Le samedi 12 juillet Patmos Ormos Kombos

« De Gusty à Monsieur Meltem »

Réveil au chant du coq, souvenir d’enfance de vacances à la ferme. Toujours le grand calme. Gusty râle un peu mais passe au-dessus de notre mât pour blanchir la mer plus au large. Étrange, notre baro est plus optimiste que la météo et c’est lui qui provisoirement, aura raison.
Avant d’aller visiter ce site, lieu de nombreux pèlerinages, une journée de grand repos et de découverte « livresque » de Patmos et de Saint Jean l’Évangéliste, déjà rencontré à Éphèse. Une petite promenade en palmes le long de la côte rocheuse, très belle, pour y débusquer quelques oursins. Toujours très peu de poissons, la pêche à l’explosif a, ici aussi, désertifié la mer.

 

À côté de nous, un rocher évoque la Vierge… normal, personne n’ayant eu l’idée de la sculpter, la nature s’en est chargée … juste en face de Saint Jean.
Et, dans la soirée, et toute la nuit, Monsieur Meltem se déchaîne, même dans cet abri. Cette fois ci, il trouve assez de puissance pour descendre et bousculer le bateau. Les deux ancres semblent bien plantées dans le sable mais Logos effectue des embardées sérieuses sous les rafales. Pierre le stabilise en jetant une autre petite ancre à l’arrière. Nuit bruyante.

Le dimanche 13 juillet 2003 Ormos Kombos

« Monsieur Meltem, tu nous fatigues ! »

Force 8. Nous encourageons vivement nos ancres à faire leur travail et au sable d’accueil à bien les retenir.
Statistiques : Depuis que nous avons quitté Corinthe, nous pouvons totaliser 11 jours de Meltem, 11 jours de calme et, à ce jour 8 jours de Meltem (encore 3 jours à tenir ???).
Pour braver ce vent turbulent, nous restons dans le cockpit. Peut-être le mépris est-il une arme ?. Pierre écrit, je tricote… nous devisons.
La petite plage retirée du monde reste déserte… Un bien bel endroit… mais que ce vent qui descend les pentes en hurlant est fatiguant… Heureusement, nous nous réfugions dans la vision magique, nous pouvons dire mystique, de l’imposante masse du monastère protégeant le ville immaculée.

Le lundi 14 juillet 2003 de Kombos à Skala, port de Patmos

« Cocorico »


Pas de pétards pour notre fête Nationale, seul le coq qui pourtant n’est pas gaulois claironne à tous vents. En fait, Monsieur Meltem s’est calmé, nous permettant de prendre un appontement au seul port de Patmos : Skala, d’autant plus sereinement pour moi qu’un futur voisin se précipite pour prendre nos amarres. Voici donc Logos en compagnie d’ « EPIKUR » et cette fois-ci pour le 14 juillet, ce sont des oies qui nous accueillent. Nous voici à pied d’œuvre pour louer un scooter, juste en face de Logos.

Cette fois ci nous faisons confiance à un Peugeot Trekker pour découvrir Patmos. Nous commençons par Skala, petit port accueillant aux ruelles commerçantes…

Enfin plusieurs librairies dont l’une bien achalandée en livres français. Vite, un guide de Patmos, une vie de St Paul, ce voyageur infatigable et « Alexis Zorba » que je souhaitais lire depuis longtemps. Malgré l’heure tardive, il est difficile de ne pas céder à l’appel de « Saint Jean ». 4 kilomètres d’une montée en lacets (N.D.L.R. : Et toujours enlacés, surtout dans les virages). Nous voici ondoyant entre les maisons, dans les ruelles étroites de Chora. S’il n’y avait pas eu un escalier, je crois que Pierre nous aurait fait visiter le monastère en scooter !!! Infamie !!! En fait, c’est très pieusement que nous nous sommes approchés de ce lieu Saint, forteresse-monastère où se réfugiaient les habitants du port à l’approche des pirates pour se mettre sous la protection de Saint Jean et des hauts murs d’enceinte.

 

À l’intérieur, encore des ruelles, de minuscules chapelles, un très beau patio à l’entrée du lieu Saint. Une belle architecture, de très belles fresques et une très riche iconostase en bois doré. L’icône de Saint Jean est à l’honneur, non loin du tombeau de Saint Chistodule à qui nous devons ce bel édifice.

Le musée adjacent est riche de vieux livres moyenâgeux aux enluminures superbes et de très belles icônes (dont celle de St Pierre et St Paul réunis).Une fois de plus, nous pouvons prendre le temps d’admirer tant les touristes sont rares.

Quelle vue magnifique depuis Chora sur le golfe de Skala et sur le port. Paix, harmonie. Une terre d’exil qui peut sembler bien douce alors même que les Chrétiens dont la ferveur inquiétait Domitien, Empereur Romain étaient persécutés. Dessein de Dieu pour permettre à Saint Jean de poursuivre son œuvre, faiblesse de l’Empereur devant le renom de Saint Jean à Ephèse.

Le mardi 15 juillet 2003 Patmos

« Trekking à Patmos »

Notre « cheval » nous attend devant le bateau… en route pour Chora dans la lumière du matin.

Une première halte à la grotte de Saint Jean ou Grotte de l’Apocalypse, noircie par la fumée des cierges, refuge de Saint Jean l’Évangéliste (le Théologien) pendant son exil. C’est là qu’en proie à ses visions divines, il dicta à son disciple Prochoros « le texte de la Révélation », dernier chapitre de la Bible. Atmosphère propice au recueillement. Puis nous retrouvons, cette fois-ci à pied (N.D.L.R. : Quelle autorité !!!), Chora, ses ruelles, ses maisons, ses églises - « L’Île Sainte » en compterait en fait autant que de jours dans l’année.


Et puis nous voilà partis vers le Sud. Tout d’abord Groikos, une très belle anse découpée dont la plage de galets bordée de tamaris nous invite à la baignade et au pique nique. Si Aurélie et Paul voyaient ces troncs, ils auraient peur pour leur maison ! Et puis Stavros, autre anse propice au mouillage. Cette côte Sud est très belle, riante car abritée… Elle contraste avec l’austérité de la côte Nord très sauvage, battue par les flots. Nous retrouvons, par la route (plutôt le chemin…), notre premier mouillage… Étrange sentiment que d’être assis sur la plage de galets et de contempler le yacht ancré à la place que nous occupions.

80 Km parcourus pour faire le tour complet de l’île… Une seule route carrossable (bien mieux entretenue qu’à Samos), quelques chemins empierrés et encore beaucoup de voies impraticables, sans doute pour préserver cette île.

Le mercredi 16 juillet 2003 Skala Patmos

« Un pavillon, la croix en bas »



Une journée au port pour faire une pause avant de poursuivre notre route. Peu de mouvement autour de nous, « Gusty » fait encore des siennes, de travers. La garde frappée de l’avant maintient Logos en ligne. Visite amicale (c’est à souligner) des « Coast guards »… Notre pavillon de complaisance grec les gène. Il faut dire que malmené par Monsieur Meltem, il est en lambeaux… et donc peu glorieux… Mais non ! En fait, Pierre, en quittant la Turquie, l’a hissé avec empressement sans voir qu’il était à l’envers.

Ils nous ont vite pardonné ce qui pourrait être un affront lorsque Pierre a hissé un nouveau pavillon tout neuf et à l’endroit bien sûr !!!

Nous terminons cette journée sage par un bon dîner dans un resto isolé recommandé par le Routard à juste titre, peu cher et savoureux : beignets de poulpes et friture. Mais pourquoi nous ont-ils servi un blanc de Patmos, recommandé aussi par le guide, alors qu’il n’y a aucune vigne sur cette île !!!

Le jeudi 17 juillet 2003 de Skala Patmos à Lera (LIPSO)

« Une si jolie petite auberge »

Derniers achats, première brassière destinée à Mathis postée. Manon va pouvoir commencer à préparer le domaine fringues de son petit frère.

Quelques inquiétudes quant aux ancres voisines qui ont une fâcheuse tendance à venir flirter entre elles. Résultat, un sac de nœuds au départ. Non ! Par chance, cette fois-ci, c’est pour les deux voisins de tribord. Un yacht a mal visé. Nous sortons sans problème de notre appontement. Une dizaine de milles au près et une belle crique presque déserte.

Une élégante auberge au fond apparemment sans beaucoup de clients. Nous ne cèderons pas à la tentation… Il y a de l’Ouzo à bord… et heureusement car nous aurions amèrement regretté nos « sous ». La nuit tombée, cette auberge solitaire s’est transformée en discothèque… Une sono à faire danser toute la baie sur des rythmes Reggae qui n’engendrent pas le sommeil. Il nous a fallu attendre le départ du dernier client, vers 4 heures du matin, pour jouir du silence de ce petit paradis (N.D.L.R. : N’oublions pas de nous lever à 7heures 30 pour la sacro sainte météo radio, décodée par l’ordinateur !!!)

Le vendredi 18 juillet 2003 de Lera (Lipso) à Cukurkuk (Turquie)

« Logos joue avec les dauphins »

Une nuit agitée, à notre âge, c’est supportable ! Mais pas deux !!! Nous préférons lever l’ancre et profiter du vent favorable pour regagner les côtes turques… Logos file bien au près, escorté par deux couples de grands dauphins et leurs petits. Ils semblent nous montrer le chemin de la Turquie… et indiquer à Pierre qu’il y a un petit problème, vite réparé, sur l’enrouleur du génois.
Nouvel échange de pavillon, cette fois-ci avec un va et vient qui évite les impairs douteux. Un coup de bleu en bas, un coup de rouge en haut. C’est tellement tentant de louvoyer entre Turquie et Grèce tant les deux territoires sont proches. Mais gare à celui qui le fait ostensiblement, cela ne plait guère aux autorités grecques… ni aux turques mais ils semblent plus tolérants – toujours ces vieilles rancoeurs.

Le mouillage envisagé nous surprend un peu : une côte basse, rectiligne, rien en apparence de palpitant si ce n’est une eau transparente et peu profonde. Surprise lorsque, palmés et masqués, nous partons à la quête de nos oursins quotidiens : sous l’eau, de longues entailles dans la roche où sont effectivement nichés de très nombreux oursins, de vifs poissons et des débris d’amphores à vous faire perdre la tête : anses, cols, culs… difficile de résister à la tentation. Bateau échoué ? Peu probable. Plus vraisemblablement décharge publique romaine pour amphores usagées. Un beau moment.

Le samedi 19 juillet 2003 de Cukurkuk à Paradise Bay

« Si le Paradis existe, il n’est pas loin d’ici »

… Mais pour combien de temps encore !!!

Une belle provision d’oursins… On ne sait jamais et, sous génois, le vent nous pousse vers « Paradise Bay » Un nom bien prometteur et, d’après le guide, un bon abri du Meltem… Hé oui, il sévit aussi en Turquie… Le golfe est magnifique, pentes boisées qui tombent dans l’eau émeraude mais voilà ! Le Paradis n’est pas pour les plaisanciers mais pour les nombreuses installations de pisciculture, les « fish farm » (on s’étonnera de la suprématie de la langue anglaise !) qui ont investi toutes les criques abritées… y compris une partie de Paradise Bay. Un tour de golfe pour voir … encore des fish farm et des villages de vacances (tourist-farm ???)

Étranges ensembles immobiliers qui semblent déserts. Le Meltem souffle bien et, curieusement, il a oublié la pointe de Paradise Bay. C’est donc là, d’une manière peu orthodoxe (N.D.L.R. : mais nous sommes en pays musulman), que Logos va se retrouver ficelé, ligoté aux rochers d’une belle pinède par 4 bouts à terre. Logos est bien le seul bateau qui ose se protéger à l’extrémité d’une pointe au lieu de se nicher dans une crique. Mais si c’est ainsi qu’on peut s’abriter au Paradis !!! Un mouillage de rêve avec pour vision, la crique et les cabanes pleines de poésie de la fish farm. Quelques mouvements de barques au moteur diesel sans échappement servent à l’approvisionnement en granulés des poissons. Toujours un salut cordial, les ouvriers très corrects gardent bien leurs distances. À terre les mâles cigales racolent. La température de l’eau a enfin monté : 26°8… on est bien. Et si nous posions le filet ?

Le dimanche 20 juillet 2003 Paradise Bay

« Un loup-bar au menu »

Combien ce matin nous comprenons l’angoisse du pêcheur au moment de relever son filet !!! Un premier poisson, puis deux, puis trois (une dizaine en tout), un gros coquillage, un petit poulpe et de nombreux bulots.

Notre pitance est assurée et bien plus puisqu’un pêcheur vient nous proposer un beau bar… Non ce n’est pas du « barratin », c’est un vrai loup méditerranéen, sauvage, contre dix petits millions (pour ceux qui ont oublié la leçon, 10 millions = 6 euros). Marché conclu, nous allons faire notre cure de poissons. C’est bon pour notre silhouette et notre pauvre cerveau. Le coquillage, tapé et retapé par Pierre se révèle encore trop ferme mais le poulpe en brochette est excellent. Quel festin nous permet notre cher barbecue.

La promenade en palmes se révèle très riche – un véritable aquarium… On se voudrait poisson, à nager dans un environnement aussi exceptionnel. Tiens, une belle moule géante (appelée aussi nacre ou jambonneau…) et des oursins, des oursins. Pierre découvre deux coquillages inconnus, bien camouflés dans le sable. Il s’avère que ce sont d’authentiques huîtres perlières. Ainsi, même la Méditerranée peut se vanter de fournir des huîtres. Mais où sont les perles ? Décidément, les Méditerranéens savent se faire mousser !!! (N.D.L.R. : No comment, le méditerranéen se réserve !). Nouveau cimetière d’amphores près du bateau mais cette fois incrustées, calcifiées dans la roche… Ouf ! La réserve, sur le bateau allait encore être parfumée à l’amphore séchante.

Le lundi 21 juillet 2003 Paradise Bay

« Une perle à bord ne suffit pas !!! »

Beaucoup de sérénité dans cette baie au lever du soleil. Ancré comme l’est Logos, aucune maison n’est en vue, rien que ce cabanon flottant de la fish farm qui se révèle dans la brume du matin.

Pas de temps à perdre… lever le filet posé la veille. Instant magique où nous le récupérons lentement en comptant les poissons pris dans ses mailles… un peu comme à la fête foraine lorsqu’on tire un lot dans la rivière. Excellente pêche aujourd’hui : une vingtaine de poissons argentés et de nombreux bulots. Il va bientôt falloir que nous ouvrions un commerce « flottant ».

Et, ensuite, la rituelle expédition oursins en longeant la côte rocheuse. Que de plongées pour les cueillir ! Leur coquetterie les rend faciles à repérer parmi les « noirs » immangeables. Ils aiment à se parer de coquillages ou d’algues.

Mais aujourd’hui, notre regard est attiré par les huîtres perlières. Une boursouflure couverte d’algues sur le fond, une étroite fente verticale qui se referme à notre approche… peu d’indices en fait pour repérer ces huîtres qui se confondent avec l’environnement. Pas d’élégance extérieure, pas de fard…. Très style « Peau d’Âne » Une particularité, ces huîtres sont fixées à leur support par des filaments, comme des moules. Mais voilà, nous les avons repérées et les traquons, un peu comme des chasseurs. Trois douzaines iront rejoindre oursins et bulots dans le sac magique (style « retour au pays ») donné il y a longtemps par Geneviève. Ah ! s’il pouvait parler celui là…et compter surtout ! Que n’a-t-il pas permis de ramener à bord de Logos ! Tout à coup, un coquillage (vilain) à l’opercule orange me fait de l’œil – normal, c’est une Astrée avec son opercule superbe appelé Œil de Sainte Lucie, sensé guérir les yeux – Quelle collecte !!!

 

Et quelle surprise lorsque, au repas, plusieurs perles apparaissent, cachées dans le repli du « manteau » des huîtres. Elles sont certes assez petites mais parfaites. Ce n’était donc pas un mythe…
La chaleur qui s’accroît avec l’avancée de la journée nous fait graduellement réduire nos activités pour finir la soirée béats devant la magnifique voûte céleste… Toujours les grandes questions sans réponses… mais que cela est beau !

Le mardi 22 juillet 2003 Paradise bay

« Oursins et huîtres »

Nous bénéficions enfin d’une température de l’eau raisonnable… pas de choc thermique au plouf du matin et d’autres bains bienfaisants dans la journée pour supporter les 38°C.
Notre pêche est toujours aussi productive : poissons dans le filet dont un barracuda, ce poisson taillé en ogive pour se lancer derrière ses proies, 6 douzaines d’huîtres… un peu trop certes mais l’attrait des perles… 8 douzaines d’oursins… notre ration quotidienne.

Quelques voiliers de location « Sunsail » louvoient dans la baie. Seules les fish farm témoignent d’une réelle activité.

Le mercredi 23 juillet 2003 de Paradise Bay au fond du Fjord, Kazikli Limani

« Chez Ibrahim »

Logos semble être un peu bousculé par le vent qui a changé légèrement d’axe. Il est plus sage de le libérer et de chercher un ancrage plus favorable.
Des fish farm trop colonisatrices nous incitent à nous enfoncer dans la profonde baie. Pour une fois, nous mouillons non loin d’un village de vacances… sans vacanciers !!! Étranges ces cubes de béton alignés, organisés comme dans un cimetière, à flanc de coteaux… sans aucune vie !!! Un petit resto sympa nous attend le soir : « Chez Ibrahim ». Très bonne ambiance, Beureks (petits feuilletés au fromage) et daurade sauvage cuite au gril au menu. Le blanc turc est très acceptable.

 

Le jeudi 24 juillet 2003 de Kazikli Limani à Çam Limani

Les voyages formant la jeunesse, nous avons décidé … de changer d’anse… Quelques milles à parcourir au moteur pour cause de vent debout (cela aide Hélios, notre très efficace panneau solaire à recharger les batteries). Un cap à passer. Toujours de belles indentations, autrefois mouillages exquis car très abrités des vents, aujourd’hui abris d’installations de pisciculture. Il en naît tous les jours. Sans doute très lucratif mais très polluant. Que de vase autour et bien au large de ces « piscines » à poissons. Aucun commun des mortels ne sait réellement quels produits annexes sont contenus dans ces granulés, rejetés en abondance dans l’environnement après digestion. Nous recherchons un abri dans une crique sur la zone exposée au vent. Chance, elle existe, juste assez profonde pour abriter Logos. Au fond, sur la berge, des fish farm en construction. Gros mécano de tubes en PVC noir et jaune. Où iront-t-elles sévir ensuite ?

Quel mouillage paradisiaque tout de même ! Notre plateau de fruits de mer s’enrichit de jour en jour… Oursins, huîtres, bulots et maintenant grosses coques et vernis que nous débusquons dans le sable pendant notre promenade côtière en palmes. Il s’agit d’une véritable traque nécessaire à notre coup de blanc.
Une petite excursion à terre, histoire d’oublier un peu que, si le vent ne nous perturbe pas trop, il fait rentrer une houle qui agite bien Logos.
Nous espérons aussi faire quelques provisions de fraîcheurs, les élevages de légumes ne se faisant pas au fond des criques (à l’exception des Holothuries appelées concombre de mer et des anémones appelées à Marseille tomates de mer). C’est une toute simple station balnéaire… sans touristes étrangers autres que nous. Étrangement, on nous prend pour des allemands ou des hollandais. Blonde mais française !!! Nous repartons avec quelques produits de jardin : tomates, aubergines, pastèques… de vrais produits pleins de soleil.

Le vendredi 25 juillet 2003 Çam Limani

« Le cheval qui nageait dans la mer »


Ce matin, en prenant le petit déjeuner, nous avons dû frotter nos yeux… Alors que Logos se balançait gentiment dans la baie, un cheval venait vers nous, nageant sagement derrière une petite barque. Trois fois de suite il a fait le tour de la baie. Cela doit faire un drôle d’effet que de nager auprès de son cheval… moi qui rêve d’hippocampe, j’ai déjà l’hippo !!! Après les dauphins, le cheval, il ne nous manque que les tortues… à suivre. Une incursion en annexe hors de notre petite baie… la surface moutonne et remue. On est mieux « chez nous ». Visite quotidienne à nos aquariums marins, tous tellement différents.

Le soir, 27°C sur le pont, 27°C dans l’eau, nous ne résistons pas à une baignade nocturne, auréolés de plancton phosphorescent. Féérique !!!

Le samedi 26 juillet 2003 de Çam Limani à Azin Limani
« Déjà une petite jeune fille »


Quel bonheur que de voir sur l’écran, arrivée en cachette dans la nuit, notre Manon, debout comme une très grande fille et en vraie « Choupinette » auprès de son papa (Choupinette, fille de Chipette… Aurélie se souviendra…). Il nous semble l’entendre. Après un cheval en goguette, c’est le tour d’une « fish swiming pool» en fin de construction, tractée par un bateau de pêche jusqu’à sa destination, dans une anse voisine. Deux employés font même le voyage, debout sur le boudin flottant circulaire. Vous avez dit sécurité ?

Décidément, cette baie est pleine de surprises. Nouvelle remontée au moteur… quelques échancrures encore sauvages pour cause de vent et de houle entrants. Tout le reste n’est qu’investissement d’élevages. Les flancs des collines sont couverts de ces étranges cubes blancs, inhabités, souvent très éloignés des criques. Turquie, tu pourris tes côtes ! Quel héritage laisses-tu à ta si belle jeunesse ?

C’est vers un petit port authentique que nous nous dirigeons aujourd’hui avec un amer remarquable : les restes d’une tour byzantine dressée en pleine mer. Pierre surveille attentivement les fonds, moi le sondeur car l’ancien brise lame byzantin est encore bien présent, à peine submergé.Au dessus de la tour, une colline où sont éparpillées les ruines de l’antique Iassus, cité portuaire réputée pour sa criée au poisson et couronnée par les remparts d’un ancien fort construit par les chevaliers de Saint Jean.

Une belle promenade en perspective, à la fraîche. Quelques moutons s’y promènent déjà (de vrais ovins, pas des touristes). Fichtre, avec toute la laine qu’ils ont sur le dos !!!

Au fond de la baie, un petit village, un vrai. Le fin minaret d’une mosquée en atteste. Une belle bouée orange semble nous attendre entre deux bateaux français… avec nous, cela fera trois gardant l’entrée du port à côté de la tour byzantine… Un petit voilier et un superbe thonier de 1930 gréé aurique, bleu et jaune, venu de l’Île d’Yeu : la « Maria Gilberte ». En fait, nous apprendrons en papotant à terre avec l’équipage qu’il s’agit d’un bateau affrété par une association pour la réinsertion de jeunes délinquants… seulement deux adolescents à bord en ce moment (12 ans et 17 ans)… avec plein de belles choses dans les yeux : les côtes africaines, malgaches, égyptiennes… En soirée, promenade dans les ruines de Iassus, détruite en partie par les pirates.

Nous n’avions pas encore rencontré Artémis, la Diane Chasseresse, c’est chose faite, son temple est assez bien restauré. Dîner à la taverne : Raki - le pastis turc-, beureks, Köftés (boulettes de viande). Décidément, nous avons opté pour le régime turc.

Le dimanche 27 juillet 2003 d’Asin Limani à Torba

« Le jour du pain »

Promenade matinale dans le village où tout sent bon la Turquie profonde. Nous sommes loin de ce faux semblant saccageur pour touristes à juste titre boudeurs. De petites fermes constituent le village avec volailles, vaches et ânes. En pleine rue, une femme ouvre la porte de son four traditionnel et en sort un énorme pain en forme de galette bien levée. L’intérêt que nous lui manifestons l’incite à nous en faire goûter. Un régal que nous n’avions pas connu depuis longtemps, heureusement prolongé par le pain du boulanger dont la fournée semble être attendue.

Nous goûtons notre premier raisin local et quelques petites poires de plein champ. Sur le port, de minuscules échoppes de poissonniers, témoignage d’une antique tradition… provision de grosses crevettes et de rougets. Le vent arrière gonfle sagement le génois… bien sûr, fish farm dans l’abri envisagé. Le contraire aurait été surprenant !!! Mais qui peut bien manger tous ces poissons ?

Une halte midi à l’abri d’une toute petite île, à côté d’ « Amadeus », ce grand yacht que l’on retrouve dans les endroits solitaires et qui sait prendre de remarquables mouillages. Le vent s’est levé, la mer aussi. Le petit port de Torba, station balnéaire, nous accueillera pour la nuit. Pas derrière ses quais occupés par des bateaux locaux, « Gulets ou Kaïques» (très grands bateaux traditionnels de bois vernis fabriqués essentiellement à Bodrum et utilisés maintenant pour le tourisme), chalutiers…, mais dans la rade. C’est dimanche, un peu d’animation raisonnable. Soirée paisible.

Le lundi 28 juillet 2003 de Torba à Denir Limani

(N.D.L.R. : Vous progressez en turc, vous aviez déjà traduit : Limani = crique)

Un bien grand voyage… Deux criques plus loin, une véritable oasis… une belle maison au fond de l’anse dans une superbe palmeraie. D’un côté une végétation naturelle luxuriante descend jusqu’à la mer, de l’autre, une pente semi désertique et, en bas, une multitude de palmiers. Une bien belle étape où les Gulets aiment amener leurs passagers du jour… et repartir, nous laissant seuls le soir dans la crique.

Le mardi 29 juillet 2003 de Denir Limani en Baie de Bodrum

« Le réveil de Gusty »

Les prévisions météorologiques sont encourageantes et nous invitent à quitter notre « oasis » pour parcourir les 30 milles qui nous séparent de Bodrum, point de départ d’une visite terrestre.

Du près au portant … du génois au spi, seule Mémère, notre grand-voile reste dans sa housse. Beaucoup d’horreurs architecturales. Certaines zones sont complètement ravagées. Dommage, car l’imposante montagne pelée qui se dresse au dessus a beaucoup de majesté, de même que tout un cap désert, « zone protégée »… il en existe tout de même !!!

Pour profiter de notre promenade côtière journalière et ramasser nos oursins avant de nous retrouver dans la marina de Bodrum, nous jetons l’ancre avant le port. Quelques gulets et leurs marins d’un jour nous tiennent compagnie… jusqu’à 17 heures, moment où tout le monde rentre au port en dansant sur le pont. Gusty, se rendant compte qu’il était remplacé par un placide et régulier vent thermique s’est réveillé et tarde à se coucher, ses rafales rageuses s’espaçant néanmoins graduellement… jusqu’à 2 heures du matin !!!

À suivre