Mise à jour : 2015
___ Les carnets de bord de Martine___

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Carnet de bord 2002

Le ticket de départ



19 mars 2002 Saint Cyprien Plage
« C’est pour demain »

Nombreux sont ceux qui, avant de partir, ont pensé ou prononcé cette courte phrase avec un petit pincement au cœur, angoisse devant une aventure, l’appel d’un ailleurs et l’assurance d’un départ. Demain, nous partirons aussi tous les deux pour accomplir ce projet d’Amour commun et vivre tous les deux chaque minute de cette aventure partagée sur notre voilier.

Derniers préparatifs, derniers achats, quelques rangements, un dernier regard à notre nid terrestre qui va s’endormir pendant plusieurs mois après nous avoir permis de vivre avec beaucoup de bonheur nos premiers mois catalans. Le gros sac rouge de voyage se charge en vrac de ce que nous aurions pu oublier et nous refermons la porte en le confiant à Jean et Janine, nos chers voisins. Demain, nous leur ferons signe en quittant le port.

Nous ne pouvions partir sans un clin d’œil à cette île que nous aimons tant, la Martinique. Tendre dîner au « Charm Antillais » avec Ti Punch de rigueur, acras, boudin et blanc manger. Saveurs de là-bas, rêve de voyage, vivre notre aventure.

Nous sommes légèrement grisés lorsque après avoir laissé l’Audi au garage pour une longue période repos, elle toujours prête à nous emmener, nous enfourchons nos bicyclettes jusqu’au quai R, comme deux adolescents qui vont à leur rendez-vous.

Il se fait déjà tard et une longue étape nous attend demain qui marquera le début d’une longue route maritime tracée avec soin par Pierre pour nous mener à travers la Méditerranée. Une fois de plus nous apprécions la douce atmosphère donnée par le chauffage.

20 mars 2002 Saint Cyprien
« C’est parti »

6h15 Sonnerie. Déjà l’heure ? Non, ce n’est pas le réveil programmé pour 7 heures mais Jean et Janine qui s’informent de notre lever et de nos dispositions à partir. La nuit a été un peu écourtée mais cela nous permet de larguer les amarres plus tôt. Logos quitte son quai d’attache… Un dernier regard à Port Catalunya où une lumière s’est allumée et clignote au 2ème étage en signe d’au revoir. Le port est très calme.

Bout au vent. Prudence, 2 ris dans la grand-voile.

A l’approche du Cap Béart, le génois refuse de sortir, l’enrouleur est bloqué. Le vent monte à 35 nœuds. Recherche d’un abri derrière le cap. Tiens l’étouffoir électrique du moteur ne fonctionne pas. On l’arrête à la main. Malgré le vent, Pierre monte en haut du mat où deux drisses folâtres ont tendance à s’enrouler autour du génois. C’est réparé et nous repartons confiants vers le Cap Creus puis Minorque.

Traversée tranquille, un bon vent jusqu’à 10 heures du soir et le doux ronronnement du moteur.


21 22 mars de Saint Cyprien à Mahon (Minorque)

33 heures de navigation avec une passagère qui a su apprécier notre menu et qui nous a quittés près des côtes de Minorque.

Le départ a été un peu difficile avec une soudure à une prise de raccordement à l’ordinateur qui nous privait des relevés GPS sur les cartes de l'ordinateur (soudure sur la table à carte) et surtout des drisses qui ont eu la mauvaise idée de se piéger dans l'enrouleur en tête de mat. 30 nœuds de vent, un abri incertain et une petite ascension pour démêler les capricieuses.

Dès le Cap Creus passé, la météo est devenue beaucoup plus clémente. Martine a même tricoté pendant ses quarts.

Un petit ravitaillement en gasoil, une bonne nuit au mouillage et demain, nous partons vers l'est. Peut-être la Galite au large de Tabarka si les vents sont cléments. Pas de contact téléphonique possible là bas, il faudra attendre Tabarka.

Orange fait bien les choses. Le numéro de code nécessaire pour lire la messagerie ne fonctionne ni pour le téléphone de Martine, ni pour celui de Pierre. Et ça ne peut se modifier que de France. Autrement dit, il faut toujours essayer son téléphone à l'étranger avant d'y aller vraiment !!!???

Nous avons bien mérité d'un apéro.

22,23 mars 2002 FORCE 10 … sous génois

Nous dédions ce texte à Michel qui nous a appris à bien connaître et à avoir confiance en notre bateau et aux deux Frédéric de AZ VOILES de Saint Cyprien qui nous ont conseillés, il y a trois ans l’achat d’un génois Elvström.

Le matin du 22 mars, à 6 heures, les deux « passagers du vent » sont réveillés par l’idée du départ et de la grande traversée et envisagent de quitter leur mouillage de Mahon, à l’est de Minorque pour aller vers la Tunisie (260 milles à parcourir). Le Navtex (un instrument bien précieux qui affiche plein d’informations importantes et, en particulier les météos nationales) nous affiche un Bulletin Météo Spécial avec avis de coup de vent pour le Nord de la Méditerranée, prenant fin ce jour. Nous nous recouchons. À 9 heures, un nouveau bulletin, normal celui-ci, prévoit une météo plus clémente, Nord Ouest force 5/6. Le vent idéal pour nous pousser vers notre objectif.

Et c’est le départ. À 10 heures nous sortons avec un gentil vent de terre. Grand-voile hissée avec un ris par sécurité et génois bien déployé, tangonné et croisé avec la grand-voile. Le bateau avance bien. Le bonheur ne dure pas longtemps, Dès que nous quittons l’influence de l’île, le vent tombe. Une houle résiduelle très importante de ¾ arrière nous bouscule et le vent très faible ne soutient plus nos voiles. La grand-voile et le génois sont rentrés. Nous avançons ainsi, au moteur pendant une dizaine d’heures. En fin d’après midi, le vent se lève. Nous ne sortons que le génois. Pour ne pas être perturbés pendant la nuit, la grand voile reste dans sa housse. Le baromètre efface l’icône de soleil et le remplace par des nuages. Pas très bon signe. Le bateau avance bien, dans le silence et avec le bruit feutré d’un doux clapotis sur la coque. Les vagues sont grosses, sans raison apparente. Nous les regardons et nous imaginons sans peine que, on ne sait où, le vent a du être très puissant pour soulever une telle mer. Sans nous concerter, nous avons la même crainte. Si le vent reprend de la force, ces vagues deviendront vite très agressives. Vers 1 heure du matin, le baromètre chute brutalement, il change encore d’icône et passe à la pluie, ce qui est toujours très mauvais signe en Méditerranée. Le vent reste néanmoins stable 15 à 20 N. Si la mer n’était pas aussi instable, l’allure serait très tranquille. Il est raisonnable d’anticiper et de rentrer un peu de génois. Et, l’enrouleur refuse de tourner et de rentrer un peu de toile. Un petit stage à l’avant qui enfourne dans les vagues. Le problème n’est pas à ce niveau, c’est en haut. Une drisse le bloque. A deux, avec cette mer et ce vent, c’est pratiquement impossible d’affaler une telle voile sans risquer de la perdre. La manœuvre aurait permis de gréer le faux étai pour lancer la voile Solent, beaucoup mieux adaptée à ces situations. Pas d’inquiétude, le vent se stabilise et nous pousse de toujours de ¾ arrière. Vers 6 heures du matin, les choses commencent à s’envenimer. 25, 30, 35 Nœuds.

Le vent commence à siffler dans les haubans. La mer enfle démesurément. Il n’y plus d’horizon. Le pilote fait son travail jusqu’à ce que les batteries s’effondrent. Les efforts à fournir par le moteur du pilote réclament trop d’énergie. Le bateau n’est pas très bien équilibré, trop tiré par l’avant. L’arrière se laisse déporter par les vagues. Il faut mettre le moteur en route pour alimenter les batteries et compenser les écarts. Un comble que de mettre le moteur par ce vent. A 7 heures, la mer grossit encore. Ce n’est pas raisonnable de poursuivre sur La Galite (encore 160 milles à faire). Il n’y en a « que » 88 si nous optons pour la Sardaigne. Nous nous déroutons en sachant qu’il faudra tenir au moins 12 heures dans cet enfer bleu.

Nous sommes un peu plus de travers à la vague. Le pilote ne tiendra pas. Pierre prend la barre et le combat commence. Cap au 80°. Et dire que la théorie voudrait que nous affalions tout et que nous partions en fuite. Mais avec un génois bloqué et tout déployé, c’est une autre affaire. La seule chose qui puisse être tentée est de lâcher de l’écoute pour que l’appui soit minimal. Le bateau roule bord sur bord et prend vite des angles interdits. Lorsqu’il remonte vers 60°, il faseye dangereusement et lorsqu’il aborde les 150°, il empanne et passe sur l’autre bord. C’est quasi impossible d’effectuer la manœuvre spécifique, à savoir border l’écoute bâbord ; changer de cap et empanner de nouveau sur tribord. Il y a trop de toile déployée. Vague après vague, il faut essayer de maintenir un angle moyen de 80 à 90°. Quiconque a barré un jour en cherchant à conserver avec la plus grande précision un cap donné comprend combien la situation est difficile quand on imagine les écarts de cap que cette mer et l’excès de toile peuvent provoquer.

Nous sommes sans cesse déportés, frêle esquif ballotté sur les flots. Jusqu’à quelle violence irons-nous ? Jusqu’à quelle force pourrons nous résister ? C’est une attente interminable qui nous fait assister impuissants aux amours passionnés du Vent et de la Mer.

Amours éphémères sans cesse renouvelés

Étreintes fugitives au gré d’une rafale

Amante capricieuse

La mer se refuse pour mieux se donner

Amante fougueuse

La mer se démet pour mieux se soumettre

Logos, courageusement s’enfonce dans des murs d’eau, les éclate pour se retrouver menacé sur bâbord. Il est très ardent. Il faut s’arc-bouter sur la barre à roue. Par moment corriger la trajectoire à la seule force des bras est une entreprise démesurée. La solution de se jeter sur l’autre bord en tirant sur cette roue avec l’énergie de l’espoir provoque l’inquiétude d’une rupture de safran. Mais les commandes paraissent solides, elles résistent aux efforts contrariés des vagues et du barreur. Et quel soulagement lorsque le bateau reprend sa trajectoire, juste avant d’être attaqué par une autre lame. Sans qu’on puisse en profiter, le bateau repart dans un surf effréné et plonge au fond du gouffre bleu avant de repartir sur l’autre travers. Une seconde de trop et c’est trop tard, le cap des 150°est franchi. Le génois passe de l’autre côté. Grand coup d’accélérateur ! 3000 tours ! Une épaisse fumée bleue s’échappe du pot d’échappement. Le bateau s’est tellement couché que les cylindres se sont chargés d’huile. Mais le bateau redresse sa course. Le génois passe de l’autre côté dans un bruit énorme, le claquement d’une grenade. Il ne résistera pas longtemps à ce traitement. Et pourtant !!!

Heureusement, dans tout moment délicat, un événement impromptu soulage les angoisses. Un groupe de dauphins saute tout autour du bateau. Ils nous regardent un temps en se demandant peut-être ce que font ces deux fous sur une telle mer puis ils se mettent à l’avant. Ils nous précèdent ainsi pendant des milles.. Ils sortent de l’eau pour seulement prendre leur respiration, sans plus nous regarder. Nous sommes en difficulté et ils essayent de nous montrer la route. S’ils savaient le bien qu’ils nous font en nous portant ce message d’espoir.

Pendant ces durs moments, aucun de nous deux ne craque. Il faut soutenir l’autre et lui donner ses propres forces. À ce moment, les dauphins et le partenaire conjuguent leur énergie pour que tout aille bien pour l’autre. Mais personne ne peut se mettre à la place du matériel. Jusqu’à quand va-t-il résister. Quel événement plus puissant plus imprévisible va le faire craquer ? Les mains commencent à s’user sur le grip de la barre. Seulement trois heures que la lutte a commencé ! Combien en reste-t-il avant que nous puissions respirer, nous sentir rassurés ? Et puis, vite, après avoir échangé un mot, un regard, la principale obsession nous refixe sur cette fourchette cruciale : 60° / 150° avec toujours cet oeil qui ne quitte le compas que pour évaluer la difficulté présentée par la future lame qui enfle sur l’arrière avant de nous rejoindre à une folle vitesse. Le bateau monte, monte, se cabre, se couche, essaye de se mettre de travers et, heureusement contrarié, part en surf. La mer fume de plus en plus. L’anémomètre monte encore 35, 45 nœuds. Comme le vent nous pousse, il faut y ajouter la vitesse du bateau (8 nœuds au loch) soit près de 50 nœuds : plus de 90 Km/h). Le génois résiste. Un cargo arrive de tribord et croise notre route. Nous imaginons l’équipage aux hublots qui regarde Logos ballotté en essayant de se faufiler dans ces montagnes d’eau. Ils nous appellent peut-être à la VHF. Si ça doit casser, c’est maintenant… Et le cargo disparaît à l’horizon. 52 nœuds réels, un force 10 bien établi. Le moteur fait ce qu’il peut pour nous stabiliser mais c’est maintenant mission presque impossible. Il faut abattre un peu et nous éloigner du sud Sardaigne, de l’abri espéré. Peut-être que, même trop bas, sous la protection éloignée de l’île, le vent sera plus clément. Nous en sommes encore loin : 50, 60 milles. Et il n’est que midi. Nous renonçons à descendre faire le point. Les déferlantes nous entourent et c’est miracle si nous arrivons encore à les éviter ou à négocier avec elles jusqu’à ce moment où le bateau remonte trop vers 60° et ne peut plus redresser sa course à temps. Il monte de travers sur la plus haute vague et la survague, portée par sa lame, une muraille blanche ressemblant à celles qu’affectionnent les surfeurs, s’abat sur toute la longueur du bateau. Sous la puissance de l’élément, Logos se couche, Martine tombe à genoux, submergée par l’eau bouillonnante. Le cockpit est une baignoire. Il recueille toute cette redoutable épaisseur d’eau qui s’écoule sur le pont. Le bateau se redresse très vite mais l’eau semble mettre un temps infini pour s’écouler par les « vide-vite ». Et dire que j’aime jouer dans les grosses vagues de l’Atlantique !!! Nous n’avons même pas le temps de récupérer qu’il faut éviter la suivante et encore la suivante. Tant pis, nous abattons encore et nous essayons le pilote. Sous cet angle très défavorable pour notre direction, les louvoyages contrôlés par l’appareil nous permettent d’éviter les 150° de plus en plus dangereux.. Il nous permet un temps récupérer de nos émotions et d’aller constater l’ampleur des dégâts en bas. Le capot était bien fermé mais nous n’avions pas pu fermer l’ouverture de la descente afin d’y accéder facilement pour faire le point. Le sol est jonché d’affaires diverses. Il ne semble pas y avoir eu trop d’eau en bas. Mais on ne regarde jamais tout de suite ce qu’on craint. Le regard finit tout de même bien par tomber sur la table à carte et, il faut se rendre à l’évidence, la vague a rebondi sur une marche, a balayé la table et atteint l’électronique. L’écran du GPS est gris, éteint. Par chance, il veut bien se rallumer et indiquer de nouveau notre position. L’ordinateur est trempé. L’écran dégouline d’eau de mer. Nous avions bien emmitouflé le clavier de film alimentaire et d’adhésif. Pourtant il semble qu’il y ait eu des infiltrations. Séchage rapide, rangement du bien précieux, bien étalé sur une couchette et on verra plus tard. Il faut remonter, Martine est seule dans les éléments déchaînés.

Pour le moment, le bateau et son équipage résistent. Le vent ne faiblit pas et il faut redoubler d’attention. Nouvel empannage violent, nouveau coup d’accélérateur, même panache de fumée bleue et un nouveau claquement infernal du génois. Pas une couture ne lâche, pas une fibre ne se rompt. À l’estime, nous devons être trop bas mais pas question de sortir les cartes et l’ordinateur ne peut plus nous renseigner d’un rapide coup d’œil. Il faut attendre 14h pour que le vent redescende autour de 40 nœuds réels. Nous essayons d’en profiter pour remonter un peu.

Le bateau tient les 100°, en travers et l’inconfort reprend. Mais, progressivement le vent perd de sa violence :.35 Nœuds. Nous pouvons border un peu et remonter encore. Les vagues sont maintenant plein travers. Le bateau et l’équipage acceptent encore ces contraintes. Il est maintenant possible de sortir une carte papier et de faire un point traditionnel. Un regard inquiet vers l’ordinateur au séchage. Si une seule goutte a touché un élément, il sera bon pour le musée des ordinateurs noyés. Heureusement que le GPS ne donne plus de signe de faiblesse et s’est bien remis de son apnée. Nous sommes effectivement trop bas. Il faut remonter vers le nord, vers 50°. Il est 16 heures et il reste encore plus de 30 milles à parcourir. La mer est toujours aussi grosse mais avec beaucoup moins de déferlantes. L’attention ne doit pas baisser. 19heures. Le vent est tombé d’un coup. Il n’y a pas de temps à perdre, il faut rentrer le génois. Il refuse toujours de s’enrouler. Nous l’affalons dans les embardées du bateau. Il prend un peu l’eau, une vague le recouvre mais nous arrivons à vider la poche, le monter à bord et l’attacher sur le pont. Nous devrions distinguer la côte. Mais une brume nous empêche de la voir. Nous nous approchons tout de même et cherchons un abri. Ce n’est que vers 3 heures qu’à la lueur d’une petite lune, nous trouvons un mouillage correct pour la nuit.

Martine veut pomper l’eau des cales mais il est plus raisonnable de boire un verre de rouge et d’aller vite trouver un sommeil lourd mais très reposant. Plein de papiers sont trempés, y compris le double de la déclaration d’impôts. Une vraie éponge ! Mais comme c’est aussi son rôle !!! Comment un bateau peut-il passer en un instant de l’inconfort absolu à la plus tendre quiétude ? Là réside toute sa magie.

Au réveil, il faut faire l’inventaire des dégâts et de ce qui a tenu. L’ordinateur démarre normalement avec seulement une auréole humide sur un quart de l’écran. Le convertisseur qui permet d’obtenir du 220V à partir des batteries est noyé, l’imprimante n’a pas résisté et le téléphone de Martine, pourtant blotti dans la table à carte n’a pas apprécié une goutte d’eau de mer et réclame un SAV impossible. L’autoradio refuse aussi tout service.

Heureusement que la chaudière était bien protégée dans son coffre et que nous avions bouché l’orifice de son échappement. Elle continue de diffuser une douce chaleur. L’eau a glissé sur la protection du groupe électrogène sans l’atteindre. Nous nous en sortons bien.

Si nous racontons cette aventure, ce n’est pas pour alimenter une réunion de voileux autour d’un verre, c’est surtout pour remercier tous ceux qui, de près ou de loin ont contribué à ce que le moral de ses passagers, la structure du bateau et de son gréement aient pu résister à une Méditerranée souvent tendre, parfois fantasque et, ce jour là devenue furieuse.


Lundi 25 mars 2002 Isola Antico face à Isola San Pietro

Qu’il est doux de se réveiller doucement à 9heures avec une longue journée devant soi. Certes le programme est chargé, il y a encore tant à revoir. Mais après une telle nuit seulement interrompue par le silence du chauffage qui s’éteint, précédé d’(un long ronflement, le moral est au beau fixe et la volonté de faire face pour rendre notre voilier opérationnel (le génois est en vrac à l’avant, la télécommande du guindeau en panne, sans parler de l’étouffoir du moteur) nous donne beaucoup d’énergie.

Tout d’abord, tandis que Pierre cherche à remettre en état de marche tous les appareils qui ont dû subir les éclats de cette déferlante, grand programme de rangement et organisation des provisions frigo. C’est fou ce qu’on peut être confus quand on embarque. Tout se réorganise sous sacs congélateurs « Ziploc » et peu à peu les appareils reprennent vie.

11h Pas de vent. Pensons au génois. Pierre monte une première fois au mât pour vérifier les drisses et résoudre le problème. Une patte d’attache d’une poulie de drisse est tordue. La poulie est trop proche de la tête d’enrouleur. Nous pouvons maintenant d’endrailler le génois. Pierre endraille, je suis au winch pour hisser le génois. C’est bon pour la musculation !!!Déception, toujours pas d’enrouleur, la tête est grippée. Il faut affaler pour la graisser et recommencer. Ouf ! Le génois s’élève à nouveau et s’enroule enfin. Pierre sera monté 3 fois en haut du mat. Le paysage doit être beau de là haut… à moins qu’il n’aime les situations élevées.

13h30 Un repas au soleil bien mérité face à l’Isola San Pietro. Nous reprenons des forces. Une courte sieste et c’est reparti.

L’étouffoir réparé

La télécommande du guindeau ressoudée

Le presse étoupe vérifié

La cabine avant asséchée

Les niveaux complétés

La cabine d’Arthur ou atelier-remise organisée…

Même le gorille sort prendre l’air à coté du rosier et de la menthe.

18h50 Une calme soirée. Pierre envoie à Paul les informations concernant notre vie publique. Écritures.

Martine reine du Ziploc

Pierre roi du Cellofrais

Mardi 26 mars 2002 Isola San Pietro Carlo Forte (Sud Sardaigne)

Les ferries SOTOMAR venant de Sardaigne se succèdent. Nous nous glissons derrière l’un d’eux. En fait, nous sommes dans le port de commerce. Le petit port de plaisance est de l’autre côté de la digue. Un tout petit port pour de petites unités. Le plein milieu de la passe n’a que deux mètres de fond. Moment d’inquiétude.

Appontement aisé au poste AGIP. Nous allons pouvoir faire le plein de tous nos réservoirs (eau et gasoil) et déjeuner tranquillement. Courte promenade « en ville ». Ruelles pittoresques, maisons méditerranéennes où le linge pend aux fenêtres et une rumeur incessante ronronne comme une ruche. Il est 13h, les rues grouillent de monde débarqué par les ferries. Le vent s’est levé et souffle par courtes rafales nous plaquant au quai. À la faveur d’une accalmie, nous pouvons partir. Lente et prudente avance dans ce chenal jusqu’à l’île du Toro. Le génois, très docile est déployé. Logos surfe gentiment sur les vagues, comme par plaisir. Je reprends mon tricot un peu délaissé mais chaudement emmitouflée car il fait frais.